Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, Moscou, 16 mars 2017
Sur l'entretien du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec
Léonard She Okitundu, Vice-premier ministre et Ministre des Affaires
étrangères et de l'Intégration régionale de la République démocratique du Congo
Léonard She Okitundu, Vice-premier ministre et Ministre des Affaires étrangères et de l'Intégration régionale de la République démocratique du Congo, est attendu à Moscou du 22 au 24 mars.
Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'entretiendra avec son homologue mercredi 22 mars. Pendant cette rencontre, les deux chefs de diplomatie évoqueront les perspectives de développement des relations russo-congolaises avec un accent sur la promotion d'une coopération efficace dans le domaine politique, commercial, économique ou encore social.
Les deux interlocuteurs échangeront également leurs points de vue sur les questions d'actualité de l'agenda régional et international, notamment la lutte contre le terrorisme international et le déblocage des situations de crise sur le continent africain.
Sur la conférence du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov
pour les officiers supérieurs de l'Académie de l’État-major
Jeudi 23 mars à l'Académie militaire de l’État-major des forces armées russes, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov rencontrera les auditeurs du cycle "L'armée et la société" – les officiers supérieurs et généraux, les représentants des ministères russes ainsi que les officiers étrangers.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov tiendra un discours sur le thème "Le rôle de la Russie dans la politique mondiale", il partagera également sa vision de la situation internationale, évoquera les approches russes des questions centrales de l'agenda international et les axes de travail prioritaires de la diplomatie russe, puis répondra évidemment aux questions des auditeurs.
Je voudrais rappeler que le cycle "L'armée et la société" a été lancé le 12 janvier. Il a pour objectif d'améliorer les compétences du commandement des forces armées russes et de perfectionner l'interaction entre l'armée et la société.
Sur le 3e anniversaire de la réunification de la Crimée avec la Russie
En ce mois de mars nous célébrons le 3e anniversaire d'un événement marquant dans l'histoire contemporaine russe, poétiquement appelé "Printemps criméen".
Par la proclamation d'indépendance de la République de Crimée en mars 2014 et l'adhésion de la péninsule à la Fédération de Russie, les Criméens ont réalisé leur droit légitime à l'autodétermination dans une situation où un coup d’État avec l'usage de la force s'était produit en Ukraine sur fond de déchaînement des forces nationalistes radicales qui n'hésitaient pas à terroriser et à intimider aussi bien les opposants politiques que la population de régions entières du pays.
Dans ces conditions, le 17 mars 2014, le Conseil suprême de la République de Crimée, s'appuyant sur les résultats du référendum criméen du 16 mars, a décidé de proclamer la péninsule État souverain indépendant sous le nom de République de Crimée. Le 18 mars, la République de Crimée a signé un accord international pour rejoindre la Fédération de Russie. Au final, deux nouveaux sujets – la République de Crimée et la ville fédérale de Sébastopol - ont choisi de se placer sous l'autorité de Moscou.
La suite des événements a prouvé la légitimité de la décision prise il y a trois ans par les habitants de la péninsule d'adhérer à la Russie. La légitimité et le bien-fondé de la réalisation de leur droit à disposer d'eux-mêmes sont particulièrement flagrants aujourd'hui au regard du combat honteux et sanguinaire du régime de Kiev contre son propre peuple. On s'imagine facilement quelles auraient été les conséquences, sur le sol criméen, d'un scénario politique tel qu'il se déroule dernières années dans le sud-est du pays si la péninsule était restée au sein de l'Ukraine. Il est d'autant plus facile de le faire quand on voit les résultats déplorables de la présence de la Crimée dans le cadre de l’État ukrainien pendant plus de vingt ans.
Garantir à la Crimée un développement social et économique durable reste une priorité inconditionnelle aujourd'hui. Un travail de grande ampleur a été réalisé en trois ans pour l'établissement et l'intégration structurelle de la région à la Russie. La construction active de nouveaux sites d'infrastructure et la rénovation d'anciens sites est en cours, des travaux sont menés pour construire un pont sur le détroit de Kertch, la construction de l'autoroute de Tauride, qui reliera le pont de Kertch et Sébastopol en traversant la péninsule d'est à l'ouest, a commencé. Les investisseurs en Crimée bénéficient d'opportunités significatives grâce à la Zone économique libre qui offre un régime préférentiel dans le domaine des relations territoriales, de la construction et des conditions particulières d'entrepreneuriat.
On constante une tendance à la croissance économique, y compris grâce au développement des domaines de l'énergie et des loisirs et à la hausse de la construction de logements. On assiste à une hausse de la production industrielle et un taux de chômage bas – plus bas que la moyenne nationale russe. Ce sont des indicateurs importants de développement économique et social. Dans le cas de la Crimée, ce sont les emplois et les salaires décents pour les habitants de la péninsule, la fabrication de nouveaux produits par des entreprises concrètes.
Tous ces changements se produisent sur fond de sanctions des pays occidentaux contre la péninsule, de provocations incessantes de l'Ukraine, ainsi que des tentatives de blocage de l'approvisionnement en eau et en électricité ou encore d'interruption de la communication aérienne, maritime, ferroviaire et postale par Kiev.
On ne peut pas affirmer aujourd'hui que la situation dans la péninsule est presque idéale. Cependant, en dépit des difficultés objectives, les autorités locales et fédérales ont déjà beaucoup fait pour garantir une vie décente aux Criméens et un développement à part entière de la péninsule au sein de la Fédération de Russie. Dans le même temps, beaucoup reste à faire.
La Crimée conserve entièrement son image multiethnique. Les Russes, les Ukrainiens, les Tatars criméens et les représentants d'autres ethnies qui vivent depuis la nuit des temps sur la péninsule construisent aujourd'hui ensemble leur avenir dans la paix et l'entente. Depuis 2014, le russe, l'ukrainien et le tatar-criméen sont des langues nationales sur le territoire de la République de Crimée.
Ces trois dernières années, la Russie s'occupe de la prise en compte et de la réalisation des intérêts socioéconomiques, culturels et religieux de toutes les nations et ethnies qui vivent en Crimée – les Arméniens, les Grecs, les Tatars criméens, les Italiens, les Allemands, et évidemment les Russes et les Ukrainiens. Les efforts entrepris par les autorités pour renforcer la stabilité interethnique sont flagrants pour tout observateur, à condition qu'il soit impartial. Grâce à cette politique, d'après les sondages, plus de 90% des Criméens déclarent qu'ils ne ressentent pas dans leur vie quotidienne de sérieux différends interethniques.
La pratique des trois dernières années a clairement montré qu'en dépit de toutes les difficultés et contradictions vis-à-vis de la Crimée, les représentants du milieu parlementaire, d'affaires et sociopolitique de l'étranger dans le domaine de la culture, du sport et des médias gardaient un intérêt pour développer les relations avec la péninsule. En particulier, l'an dernier, la Crimée a été visitée par plus de 100 délégations d'invités étrangers (on en avait compté 73 en 2015), et plus de 70 activités internationales ont été organisées.
Conservant son identité et disposant d'un immense potentiel de développement, la Crimée attire l'attention non seulement par sa merveilleuse nature et ses sites de patrimoine culturel et historique de niveau mondial, mais avant tout par l'hospitalité de ses habitants ouverts au dialogue et à la coopération.
Tout le monde peut se faire un avis impartial en visitant la Crimée et Sébastopol. Vous pouvez voir vous-mêmes la situation réelle dans ces régions de la Fédération de Russie.
Je rappelle que l'an dernier, le Ministère des Affaires étrangères a formé un pool de journalistes qui ont fait part de leur volonté de partir en Crimée pour visiter les sites d'infrastructure spéciaux. Nous sommes disposés à poursuivre ce travail. S'il y avait des demandes, nous y répondrions avec plaisir. La Crimée ouvrira à nouveaux ses portes aux représentants de médias étrangers.
Sur l'évolution de la situation en Syrie
Nous constatons avec satisfaction que le cessez-le-feu établi en Syrie - dont la Russie, l'Iran et la Turquie sont garants - a permis de réduire significativement le niveau de violence dans ce pays. Les violations de la trêve sont limitées. Le cessez-le-feu a permis de concentrer les efforts de l'armée syrienne sur la lutte contre Daech. Le succès de l'offensive de l'armée syrienne a permis de libérer de vastes régions de l'est de la province d'Alep jusqu'à l'Euphrate. La station de purification d'eau d'Al-Khafsa, qui alimente en eau la capitale de cette province et ses environs, a été reprise aux terroristes et a pu reprendre son travail.
Les forces gouvernementales syriennes, soutenues par l'aviation russe, ont défait les terroristes de Daech près de Palmyre et ont chassé les terroristes de cette ville qui fait partie du patrimoine culturel mondial. Comme vous le savez, les djihadistes de Daech ont sérieusement endommagé les monuments historiques qui font partie du complexe architectural de cette ancienne ville. Le véritable préjudice reste encore à évaluer. Il est réjouissant de voir que différentes organisations internationales ont déjà fait part de leur disposition à participer à la future restauration de Palmyre et de ses sites historiques. A l'heure actuelle, le déminage est une question primordiale.
Les rebelles des groupes armés illégaux dans la région de Damas, y compris les terroristes de Daech et du Front al-Nosra, continuent de bombarder les quartiers civils de la capitale syrienne. Les radicaux ont bombardé les quartiers al-Chougour, Ibn Assakir, Bab Touma, Adavi et d'autres zones. Les 10 et 12 mars, plusieurs obus ont explosé à proximité immédiate de l'Ambassade de Russie à Damas.
Nous avons déjà parlé de l'attentat sanglant commis à Damas le 11 mars. Il a été revendiqué par le groupe Hayat Tahrir al-Cham qui n'est rien d'autre que le Front al-Nosra qui change constamment d'"étiquette", sachant que son essence al-quaïdienne reste inchangée. L'attentat a fait plus de 70 morts et près de 120 blessés. Mais il existe un autre aspect de cette tragédie: nos partenaires occidentaux du Conseil de sécurité des Nations unies, soi-disant disposés à lutter contre le terrorisme - c'est en tout cas ce qu'ils déclarent régulièrement - agissent en dehors de la logique et du bon sens. Sous différents prétextes, ils évitent d'évoquer les attentats en Syrie. Cela pousse à songer à la sincérité de leurs intentions de combattre le terrorisme en Syrie et témoigne clairement de leur attitude envers ce pays et son peuple.
Je ne peux pas ne pas mentionner le nouvel attentat commis hier, le 15 mars, dans la capitale syrienne. Un communiqué a été publié à ce sujet sur le site officiel du Ministère russe des Affaires étrangères. Je voudrais souligner une nouvelle fois que ces attaques ignobles contre des civils, clairement provocatrices et visant à maintenir l'atmosphère de peur dans la société, ne doivent pas saper les efforts déployés pour normaliser le processus de paix syrien.
La 3e Réunion internationale de haut niveau sur la Syrie s'est tenue à Astana les 14 et 15 mars avec la participation des délégations des trois pays garants du cessez-le-feu - la Russie, la Turquie et l'Iran - ainsi que de la Jordanie, des USA, de l'Onu et du gouvernement syrien. Les participants ont évoqué le renforcement du cessez-le-feu, la création d'une commission constitutionnelle, d'un groupe de travail pour échanger les prisonniers détenus par les belligérants, et la nécessité de déterminer l'emplacement des groupes terroristes et de l'opposition modérée.
Nous regrettons les spéculations de la délégation de l'opposition armée syrienne autour de sa venue à Astana, qui a fait preuve d'irrespect envers les organisateurs du forum et d'autres participants à cette activité qui se sont réunis dans la capitale du Kazakhstan.
Les arguments invoqués par ses représentants sont inadmissibles et pas du tout convaincants. Après tout, les négociations sont précisément organisées pour régler les problèmes existants, ce dont nous avons parlé à plusieurs reprises. Le refus de négocier ne signifie qu'une chose: le refus de régler les problèmes auxquels s'attelle toute la communauté internationale depuis des années.
Ceux qui poussaient l'opposition armée syrienne au boycott du forum voulaient probablement porter atteinte au processus d'Astana et au processus de Genève. Nous sommes satisfaits de voir qu'ils n'ont pas réussi. Nous constatons un travail coordonné efficace mené en ce sens par les partenaires du format d'Astana qui se maintient et continue de fonctionner avec succès en apportant une aide réelle aux parties syriennes pour cesser l'effusion de sang et entamer la recherche de solutions politiques en s'appuyant sur la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Sur le "mécanisme" d'aide à l'enquête sur les crimes commis en Syrie
Selon nos informations, une réunion à huis clos s'est déroulée le 9 mars à La Haye au sujet du "mécanisme d'aide à l'enquête sur les faits et les poursuites judiciaires des responsables des plus graves crimes contre le droit international commis en Syrie depuis mars 2011". Cette rencontre a été organisée par les Pays-Bas avec le soutien du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme. Différentes ONG occidentales et pro-occidentales qui "se nourrissent" grâce à la crise syrienne étaient largement représentées, tout comme les États connus pour leur position anti-Damas. La Russie, tout comme la Syrie, n'étaient pas invitées.
Ce mécanisme a été formé sur la base de la résolution 71/248 de l'Assemblée générale des Nations unies du 21 décembre 2016, adoptée dans le contexte de la campagne de propagande lancée fin 2016 pour discréditer l'opération de libération d'Alep, deuxième plus grande ville syrienne. La Russie, la Syrie et 13 autres pays ont voté contre, 52 États se sont abstenus.
Nous considérons ce "mécanisme" comme juridiquement inconsistant. La décision de créer cette structure de la nature d'un parquet sort du cadre des compétences de l'Assemblée générale des Nations unies et contredit la Charte de l'Onu. Les poursuites judiciaires, les enquêtes pénales ou la contribution aux enquêtes pénales ne font pas partie des fonctions de l'Assemblée générale. De plus, la décision a été prise sans l'accord de la Syrie et contrairement à sa volonté. Le Secrétariat de l'Onu et le Secrétaire général personnellement doivent tenir compte de ces circonstances en élaborant leur ligne par rapport à ce "mécanisme".
Les partisans actifs de cette structure sont uniquement ceux qui soutiennent activement l'opposition syrienne, y compris armée, dont les rangs comptent de nombreux extrémistes. Ils sont également les principaux sponsors du "mécanisme" financé grâce aux dons. Il ne fait aucun doute que les initiateurs de cette idée, qui sont obsédés par le remplacement du régime de Damas, ont lancé le recueil de preuves précisément contre ce dernier. On a certainement déjà préparé de gros dossiers compromettants de nos Casques blancs "favoris" et d'autres pseudo-activistes. En ce qui concerne les crimes de Daech et d'autres groupes armés illégaux, leur "taux" sera à coup sûr symbolique.
Quoi qu'il en soit, la mise en avant artificielle de la "lutte contre l'impunité" à cette étape délicate précise, quand le processus de négociations à Genève et à Astana se met à peine en place, pourrait constituer un sérieux obstacle au processus de paix. Les questions de réconciliation nationale avec un rôle primordial des Syriens eux-mêmes doivent couronner le processus de paix. Rappelons que c'est également stipulé par les décisions prises par le Conseil de sécurité des Nations unies.
Sur les nouvelles révélations des "Casques blancs"
Nous n'avons aucun doute que l'histoire autour des Casques blancs qui sévissent en Syrie, qui a connu une apothéose quand ils ont reçu un "prix Nobel alternatif" et que le film qui leur était dédié a reçu un Oscar, fait partie d'une grande campagne de communication. Nous avons soulevé ce sujet à plusieurs reprises pendant nos conférences de presse en remettant en question l'aspect noble de l'activité des Casques blancs. En particulier, nous avons émis des doutes, voire des démentis, sur la véracité des articles et des vidéos diffusés.
Nous voudrions attirer une nouvelle fois l'attention sur les conclusions des militants des droits de l'homme suédois, indépendants, qui ont analysé une vidéo publiée par cette organisation. Le magazine mensuel Indikter du Front européen pour les droits de l'homme a publié un article qui montre le niveau du cynisme et d'absence de cœur de ces réalisateurs-metteurs en scène très "talentueux". En examinant les images où les enfants bénéficiaient d'une aide d'urgence avec des médecins qualifiés, les auteurs de l'article ont conclu que les manipulations réalisées pour sauver les vies non seulement ne correspondaient pas aux normes médicales et étaient mises en scène, mais étaient également dangereuses. Le plus inhumain, écrivent les auteurs, est que sur ces images on voit un enfant tué avec préméditation sous le feu du projecteur. Un enfant d'un an tout au plus, dont les yeux sont entrouverts, qui ne bouge pas mais est en vie. A cet instant on lui fait une piqûre au niveau du cœur. Selon les spécialistes médicaux qualifiés, si l'enfant n'est pas encore mort, une telle injection a de grandes chances de le tuer.
Certains politiciens occidentaux et de la région du conflit ont proposé plusieurs fois "les larmes aux yeux" d'utiliser ces vidéos comme des preuves irréfutables des crimes du régime syrien. Il est parfaitement clair qu'aujourd'hui nous n'entendrons pas leur réaction au démenti du mensuel suédois Indikter, comme ce fut le cas concernant les victimes civiles consécutives aux tentatives maladroites et ratées de la coalition occidentale de prendre Mossoul. Ce sont les maillons d'une même chaîne d'accompagnement propagandiste de la politique ratée de nos collègues étrangers au Moyen-Orient.
Sur l'évolution de la situation en Libye
Les informations partielles et essentiellement contradictoires que nous recevons de différentes sources sur la reprise début mars des affrontements dans la région du "croissant pétrolier" le long de la côte méditerranéenne de la Libye, où se concentre l'infrastructure pétrolière principale du pays, ne permettent pas d'obtenir une image objective de la situation. Plusieurs journalistes étrangers nous ont demandé de fournir une appréciation à la situation précisément dans cette zone. Cette requête nous est parvenue hier, et aujourd'hui nous avons préparé un commentaire à ce sujet.
On sait qu'en septembre 2016 ces régions, contrôlées auparavant par la Garde de protection des sites pétroliers formellement subordonnée à Tripoli, ont été prises par l'Armée libyenne nationale sous le commandement du maréchal Khalifa Haftar. Par la suite ces sites (gisements, terminaux pétroliers, raffineries et dépôts) ont été placés sous l'administration de la Corporation nationale pétrolière libyenne. Le pays a relancé les exportations pétrolières et les revenus engrangés ont commencé à arriver dans les caisses de la Banque centrale libyenne à Tripoli. Ils devaient servir à répondre aux besoins du pays, notamment à régler les problèmes socio-économiques qui se sont aggravés ces dernières années.
En mars ces régions, y compris les principaux ports pétroliers d'Es Sidr et de Ras Lanuf, ont été prises par les djihadistes des Brigades de défense de Benghazi et placées à nouveau sous contrôle de la Garde de protection des sites pétroliers. Désormais, l'armée de Khalifa Haftar s'efforce de reprendre le contrôle de ces zones ou l'a déjà fait.
Dans le chaos politique général qui règne sur le pays, il est très difficile de comprendre qui a tort ou raison, quelles forces libyennes ou peut-être étrangères sont derrière tout cela et quels sont leurs objectifs.
Une chose est sûre: ces événements ne peuvent pas contribuer à la stabilisation de la situation dans le pays, qui vit probablement la plus grave crise de son histoire. C'est pourquoi nous appelons tous les belligérants libyens à faire preuve de bon sens et à s'abstenir d'utiliser la force pour régler des litiges afin d'éviter une escalade dangereuse du conflit civil qui risque de faire effondrer définitivement ce pays autrefois florissant.
D'ailleurs, les associations tant préoccupées par les crimes du "régime syrien" et qui se réunissent aux Pays-Bas et ailleurs ne veulent-elles pas se poser la même question vis-à-vis de a Libye? Ce pays a été détruit en toute conscience alors qu'il n'était pas rongé par le terrorisme international, que personne n'y combattait des extrémistes. On a simplement détruit un pays en tant qu’État. Il faudra encore comprendre et calculer le nombre de personnes tuées, blessées, qui ont souffert, qui ont été mutilées physiquement, mais aussi moralement. Ainsi qu'évaluer le nombre de générations de Libyens qui grandiront en portant la marque de ce qui se passe actuellement dans le pays. Combien de générations verront leur destin mutilé par des décisions simples, irréfléchies et sanguinaires?
Sur l'usage de produits toxiques par Daech à Mossoul
Nous sommes sérieusement préoccupés par les informations rapportées par le Comité international de la Croix-Rouge et l'Organisation mondiale de la Santé sur l'usage par Daech de produits toxiques dans la ville irakienne de Mossoul, après quoi 12 personnes ont été hospitalisées - essentiellement des femmes et des enfants "avec des signes cliniques d'exposition aux agents chimiques".
Dans le même temps nous sommes surpris par la déclaration, selon nous trop hâtive, du représentant permanent de l'Irak auprès de l'Onu selon qui les autorités du pays ne disposeraient pas de preuves de l'usage d'arme chimique par les terroristes.
Néanmoins, nous saluons l'intention du gouvernement irakien, conformément à ses engagements dans le cadre de l'article VII de la Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l'emploi des armes chimiques et sur leur destruction (CIAC), de s'adresser à l'Organisation pour l'interdiction de l'arme chimique (OIAC) pour demander sa contribution à l'enquête nationale sur l'usage de cette arme de destruction massive pendant les opérations militaires à Mossoul. C'est d'autant plus pertinent quand on sait que le laboratoire chimique de l'université de Mossoul a été longtemps contrôlé par les terroristes de Daech - comme nous l'avons dit à plusieurs reprises.
Nous considérons les nouveaux crimes de Daech comme la preuve du fait que l'usage de l'arme chimique par les terroristes, y compris contre la population civile, est devenu systématique. La possession de produits chimiques industriels comme le chlore, mais également de produits toxiques militaires (ypérite et sarin) par les extrémistes de Daech, du Front al-Nosra, mais aussi par d'autres organisations extrémistes et groupes armés d'opposition affiliés ne fait aucun doute selon nous. Nous en avons également parlé plusieurs fois.
Cela fait plus de deux ans que nous parlons, sur différentes plateformes internationales et avant tout au Conseil de sécurité des Nations unies, de la menace croissante du terrorisme chimique et de la nécessité d'une réaction urgente et adéquate de la communauté internationale. Mais nos collègues occidentaux taisent la gravité du problème et ignorent nos appels. Combien d'attentats chimiques doivent encore être commis pour qu'ils montrent enfin leur disposition à lutter contre ces défis? Nous espérons que ce n'est pas une question rhétorique, mais très pratique.
Malheureusement, nos pires craintes que le terrorisme chimique puisse se répandre dans tout le Moyen-Orient et au-delà commencent à se réaliser.
Bien évidemment nous soutenons l'intention de l'OIAC d'apporter toute sa contribution à Bagdad pour établir les circonstances de ce crime.
Nous continuerons de suivre de près la situation. Il faut que les responsables de tels crimes soient identifiés, qu'on prouve leur culpabilité et qu'ils soient traduits en justice.
Sur la situation humanitaire à Mossoul (Irak), au Soudan du Sud, en Somalie et au Nigeria
Vendredi 10 mars, le Secrétaire général adjoint de l'Onu aux affaires humanitaires Stephen O'Brien a animé plusieurs briefings au Conseil de sécurité des Nations unies pour évoquer la situation humanitaire difficile dans plusieurs pays d'Afrique et du Moyen-Orient.
En particulier, les agences humanitaires de l'Onu notent une situation humanitaire déplorable dans l'ouest de Mossoul où se poursuit l'opération militaire pour éliminer les terroristes de Daech. La ville se trouve de facto en état de siège. Près de 300 000 personnes ont déjà quitté leur lieu de résidence à cause des activités militaires depuis octobre 2016. Selon les informations de l'Onu, environ 224 000 personnes vivent actuellement dans des camps provisoires situés majoritairement dans l'est de la ville. Il existe un grave problème d'approvisionnement en eau, en nourriture et en produits de première nécessité.
Ce n'est que récemment que les organisations humanitaires ont obtenu un accès aux quartiers libérés de cette partie de la ville. Selon différentes estimations, plus de 750 000 personnes qui se trouvent encore dans l'ouest de Mossoul ont besoin d'un aide humanitaire et d'une protection.
Comme le soulignent les organisations humanitaires, l'exode de la population civile (environ 4 000 personnes par jour) de l'ouest de la ville est spontané, aucun couloir de sécurité n'a été mis en place. La population doit fuir par ses propres moyens entre les attaques et les activités militaires intensives. En fait, Daech utilise la population civile comme bouclier humain et refuse le contact avec les organisations humanitaires. C'est pourquoi il n'y a tout simplement pas d'informations exactes sur le nombre de victimes.
L'usage non sélectif des armes dans les quartiers densément peuplés entraîne forcément de nombreuses victimes. Il y a également des informations sur l'usage de l'arme chimique par les terroristes de Daech - dont je viens de parler.
Dans ce contexte, nous sommes confus et indignés par le passage sous silence de ce qui se passe à Mossoul, notamment la catastrophe humanitaire grandissante, par les médias occidentaux et de nombreuses ONG très actives. Vous vous souvenez qu'ils ne lésinaient pas sur les expressions pour donner leur appréciation de l'opération antiterroriste dans l'est d'Alep, où le nombre d'habitants évacués était bien moindre par rapport à Mossoul. C'est un exemple supplémentaire du fait que le deux poids deux mesures remplit l'espace médiatique occidental!
De plus, il a été rapporté début mars qu'une frappe aérienne incorrecte des forces de la coalition contre la gare ferroviaire de l'ouest de Mossoul en février avait fait 33 morts et 8 blessés parmi les civils.
Nous sommes sérieusement préoccupés par la rapide dégradation de la situation humanitaire dans plusieurs pays d'Afrique. La situation la plus difficile est constatée à l'est du continent et dans la Corne de l'Afrique. Cela est dû aussi bien aux conséquences de la forte sécheresse qui a frappé la région qu'aux conflits intérieurs incessants, notamment au Soudan du Sud et en Somalie.
Selon les estimations de l'Onu, suite au conflit militaro-politique qui se poursuit au Soudan du Sud depuis décembre 2013 près de 7,5 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire et de protection, 4,7 millions de personnes sont sous-alimentées, dont près d'un million sont au seuil de la famine. Le pays compte près de 1,9 million de déplacés internes et plus de 1,5 millions de personnes ont fui en Ouganda, au Kenya, en Éthiopie et au Soudan. Des conditions sanitaires et épidémiologiques difficiles sont constatées dans de nombreuses régions du pays, notamment avec la propagation de l'épidémie de choléra. Le nombre de déplacés internes s'élève à 3,4 millions de personnes.
En 2016 une aide humanitaire a été apportée à plus de 5,1 millions de personnes. La contribution de la communauté internationale est rendue difficile par les attaques contre le personnel humanitaire et le pillage des entrepôts humanitaires. Stephen O'Brien a qualifié la famine d'"artificielle" et a appelé les autorités du pays à passer des paroles aux actes.
Malheureusement, la situation en Somalie continue également de se dégrader. A l'heure actuelle, plus de la moitié de la population a besoin d'aide – soit 6,2 millions de personnes. 2,9 millions sont au seuil de la famine. Plus de 1,1 million de personnes vivent dans des conditions horribles. Le pays compte près de 1 million de déplacés internes et 1,5 millions de Somaliens se sont réfugiés dans les pays voisins, notamment en Éthiopie et au Kenya. On a constaté des cas d'attaques d'Al-Shabbaab contre le personnel humanitaire: 165 attaques avec 14 assassinats ont eu lieu en un an. Le blocage par les militaires de la livraison de marchandises dans les régions du sud et du centre du pays provoque une hausse des prix constante. La sécheresse sans précédent aggrave la situation.
Nous sommes préoccupés par la situation humanitaire difficile au Nigeria où continue de sévir le groupe terroriste Boko Haram. Selon les estimations des experts de l'Onu, le nord-est du pays compte près de 2,5 millions de déplacés internes.
La Russie apporte sa contribution au règlement des problèmes humanitaires de l'Afrique en finançant des programmes internationaux d'aide dans le cadre du FMI, de la Banque mondiale, de l'OMS, de l'Unicef, de l'Organisation internationale de protection civile (OIPC) et du Programme alimentaire mondial (PAM). Entre 2011 et 2015, le montant total de l'aide humanitaire russe dans le cadre du PAM rien que pour la Somalie et les réfugiés somaliens dans les pays voisins s'est élevé à 15 millions de dollars.
En 2014-2015, une aide alimentaire a été apportée via le PAM à la Somalie, au Kenya, à la Guinée, au Sierra Leone et au Liberia pour un montant total de 10 millions de dollars.
En 2016 le gouvernement russe a décidé d'effectuer un versement supplémentaire au Fonds du PAM pour le financement de l'aide humanitaire alimentaire, y compris aux pays d'Afrique: au Zimbabwe et à l’Éthiopie (1,5 million de dollars chacun), ainsi qu'à Madagascar et à la Somalie (1 million de dollars chacun). Les fonds alloués serviront à acheter en Russie de la nourriture et à payer sa livraison par des organisations russes.
Il est évident qu'il est impossible de surmonter les graves crises humanitaires dans ces pays sans unir les efforts de toute la communauté internationale. Pour cela, il est important que les appréciations de toutes les situations humanitaires dans le monde par les organisations de l'Onu ne soient pas politisées et ne se transforment pas en instrument au service d'une certaine commande politique. Nous constatons cette situation dans de nombreuses régions et dans le cadre de nombreuses crises.
Quels devraient être les titres des principaux médias internationaux dans le contexte de la situation à Mossoul
Les médias internationaux évitent de parler des événements dans la ville irakienne de Mossoul. Pourquoi "évitent"? Car s'ils couvrent la situation dans cette ville, qu'ils réalisent des reportages, on voit que c'est le jour et la nuit quand on se rappelle comment ils avaient couvert la situation à Alep. Les premières pages et les unes des magazines, les titres, les photos centrales et les émissions à une heure de grande écoute n'étaient alors consacrés qu'à une seule chose: la situation humanitaire à Alep. Bien évidemment, les coupables n'étaient pas les terroristes mais des pays concrets, essentiellement notre pays. Alors que la situation à Mossoul intéresse bien moins, tandis que l'ampleur des problèmes humanitaires, des souffrances de la population civile et la violence sont démesurées. Les articles que nous lisons font presque entièrement l'impasse sur les souffrances de la population civile locale et sur les causes de cette tragédie. La couverture unilatérale et étouffée de l'opération militaire pour la prise de Mossoul contraste avec ce que nous avions constaté pendant la libération d'Alep des terroristes et des djihadistes par l'armée gouvernementale syrienne.
Je ne pense pas que la situation à Mossoul soit déformée d'une manière ou d'une autre par les correspondants sur place, mais la présentation à l'antenne et dans la presse est soumise à une certaine influence. Bien sûr, on y perçoit clairement la "main de la commande politique". De véritables reportages nous parlent de la situation mais ils sont plutôt l'exception que la règle. En principe, en ce sens le mainstream est flagrant. L'information est considérablement retouchée. On ne présente pas les conséquences de la vaste opération militaire pendant laquelle il était pratiquement impossible d'éviter des victimes parmi les civils.
Pour nous faire entendre par les médias étrangers, peut-être pour qu'ils comprennent à quel point ils sont absurdes et discréditent leur statut de média mondial, nous avons adopté une démarche très originale: nous avons écrit les titres qu'auraient pu écrire les principaux médias internationaux dans le contexte de l'opération à Mossoul avec l'intitulé "Leurs titres ressembleraient à ça s'ils étaient réellement objectifs". Vous pourrez consulter cette sélection sur les pages officielles du Ministère russe des Affaires étrangères sur les réseaux sociaux immédiatement après la conférence de presse. Ce n'est pas une tentative de troller mais plutôt de se faire entendre par les médias, les rédacteurs et évidemment les correspondants qui, intentionnellement ou non, n'accordent pas une attention appropriée à Mossoul, déformant ainsi la couverture de la situation.
Sur la requête de l'Afghanistan adressée à la Russie de restaurer des sites sur le territoire afghan
Les appels de l'Ambassade d'Afghanistan à Moscou à participer à la restauration de plus de cent sites d'infrastructure construits en Afghanistan avec la contribution soviétique ne peuvent qu'être salués.
Nous pensons que les efforts conjoints appropriés pourraient faire passer les relations bilatérales au niveau supérieur.
Dans le même temps, nous voudrions attirer l'attention de nos partenaires afghans sur le fait que les déclarations doivent être appuyées par des démarches concrètes pour faire passer la coopération dans la sphère pratique. Pour le moment, les opérateurs économiques russes rencontrent des difficultés quand ils tentent de participer à la réalisation de projets de restauration en Afghanistan.
A titre d'exemple nous pouvons citer la situation autour de l'usine de bâtiment de Kaboul et le contrat pour sa restauration signé par le Ministère afghan du Développement urbain avec la compagnie russe RousIndoustriaStroï. Après plusieurs années d'absence de progrès, notre compagnie a été contrainte de rompre le contrat avec l'institution afghane.
Il serait possible de s'adresser aux instances afghanes compétentes pour demander de réunir les conditions favorables pour les investisseurs russes. Cela contribuerait à la réalisation de projets de restauration de plus de 140 sites d'infrastructure qui ont été construits avec la participation de l'ex-Union soviétique, et apporterait ainsi une contribution significative au développement de l'économie afghane.
Sur l'éventuelle création de "forces armées du Kosovo"
L'intention des autorités de Pristina de procéder à la transformation des Forces de sécurité du Kosovo en "forces armées" à part entière va à contre-courant de la position de Belgrade et des Serbes du Kosovo, et représente selon nous une démarche irresponsable et très dangereuse pour la stabilité dans les Balkans et du continent européen dans l'ensemble. L'idée de créer des "forces armées du Kosovo" est contraire au document fondamental qu'est la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui prévoit une présence militaire dans la région uniquement avec un mandat du Conseil de sécurité des Nations unies, à savoir la Force pour le Kosovo (KFOR) qui se compose essentiellement de contingents des pays de l'Otan.
Les protecteurs mêmes de la "structure étatique" kosovare, conscients du problème juridique et politique que pose cette volonté de Pristina, appellent les autorités albanaises du Kosovo à s'abstenir d'actions unilatérales dans ce sens et à tenir compte de l'avis des Serbes qui vivent dans la région.
En matière de sécurité, la priorité doit être de redresser la situation au Kosovo même. Ce territoire est devenu une enclave criminelle et un repaire pour les bandits et les terroristes (appelons les choses par leur nom), au lieu de l'État prospère que nous promettait toute la communauté occidentale. Il convient d'accorder une attention prioritaire à la tâche de lutter contre la propagation du radicalisme islamique au Kosovo. Il est préoccupant que ce territoire soit utilisé pour recruter des individus qui participent à des activités militaires au Moyen-Orient du côté des extrémistes, ainsi que pour préparer des attentats dans différents pays. Même les experts occidentaux reconnaissent que le Kosovo fait partie du top-3 des pays d'Europe en nombre de personnes par habitant qui combattent dans les rangs de l’État islamique, avec 340 personnes sur 1,8 million de Kosovars. On note déjà une tendance du retour de ces djihadistes sur le continent européen, ce qui devrait faire réfléchir les "sponsors" de l'idée d'"indépendance kosovare" qui sont à l'origine de toute cette histoire. Ce problème figure également dans le rapport du Secrétaire général de l'Onu présenté pendant la dernière réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur le Kosovo le 27 février.
Sur la demande du Kosovo d'adhérer à l'Organisation mondiale des Douanes
Nous avons pris note de la réception, par le Ministère des Affaires étrangères de la Belgique en tant que dépositaire de la Convention portant création d'un conseil de coopération douanière, d'une requête du Kosovo d'adhérer à cette Convention - ce qui sous-entendrait son adhésion à l'Organisation mondiale des Douanes (MOD).
Nous partons du fait que la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies du 10 juin 1999, qui maintient le territoire au sein de la Serbie, est l'unique base juridique internationale encadrant le règlement du problème du Kosovo. En 2012, dans le cadre du dialogue de haut niveau entre Belgrade et Pristina avec la médiation de l'Union européenne et en s'appuyant sur la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies du 9 septembre 2010, a été convenu uniquement un format de statut neutre de participation des délégations kosovares aux organisations régionales (balkaniques) impliquant une référence à la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies et à la décision consultative de la Cour internationale sur la déclaration d'indépendance du Kosovo. Dans les autres cas, le droit de représenter le Kosovo au sein des structures multilatérales n'appartient qu'à la Mission de l'Onu agissant sur son territoire. L'adhésion du Kosovo à la MOD sans tenir compte de l'avis de la Serbie représenterait une violation des accords conclus sous l'égide de l'Onu se basant sur l'acte de l'Onu, ce qui remettrait en question la réputation de Bruxelles sur la scène internationale.
Conformément aux règles de la MOD, seul un État peut y adhérer. La Fédération de Russie, comme de nombreux autres pays, ne reconnaît le Kosovo en tant qu’État et, par conséquent, ne voit pas de raisons d'accepter les documents ratifiés par le dépositaire sur l'adhésion de cette entité à la Convention.
Nous considérons les agissements de la Belgique comme politiquement motivés et enfreignant, entre autres, la Convention de Vienne sur le droit des traités de 1969 qui détermine le statut international et impartial du dépositaire.
Non seulement les actes juridiques internationaux mais également la position de nombreux membres de la MOD qui se sont prononcés contre l'adhésion du Kosovo à l'Organisation lors de l'examen d'une requête identique de Pristina en 2012 ont été ignorés.
Bien sûr, nous y réagirons.
Sur la décision des autorités kosovares de s'octroyer l'immobilier serbe
La décision du "gouvernement" du Kosovo de nationaliser l'immobilier enregistré au nom de l'ex-République fédérative socialiste de Yougoslavie et de la Serbie en faisant valoir qu'il est son successeur est un acte d'usurpation de la propriété complètement contraire aux normes juridiques et aux fondements civilisationnels européens. C'est clairement le signe d'une aspiration de plus en plus grossière des autorités albanaises du Kosovo de réunir les conditions pour pousser les Serbes hors du Kosovo. De telles démarches illégitimes sapent la réconciliation interethnique. Couplée à l'initiative de créer des forces armées du Kosovo à part entière en violant la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies et aux déclarations de politiciens albanais du Kosovo sur l'inutilité de poursuivre le dialogue avec Belgrade, cette démarche semble être appelée avant tout à détourner l'attention des nombreux problèmes internes au Kosovo, notamment l'absence d'un réel ordre public, la profonde crise politique et socioéconomique qui met clairement en évidence la nature artificielle et l'inconsistance fonctionnelle de la "structure étatique" kosovare.
Sur la décision du gouvernement macédonien d'instaurer un régime d'entrée simplifié pour les citoyens russes
Actuellement, les relations entre la Russie et la Macédoine sont régies par l'accord russo-macédonien sur les voyages réciproques des citoyens du 19 juin 2008 (ci-après – Accord), qui instaure une entrée sans visa pour les détenteurs d'un passeport international avec, pour les citoyens russes, l'original de l'invitation conformément à la législation macédonienne (pour des séjours privés et de service jusqu'à 90 jours) ou les documents touristiques (à des fins touristiques jusqu'à 30 jours).
Le gouvernement macédonien a décidé d'accorder aux citoyens russes, du 16 mars 2017 au 15 mars 2018, le droit d'entrée sans visa dans le pays sans aucune condition supplémentaire, y compris celles prévues par l'Accord en vigueur.
Pendant cette période, les citoyens russes désirant se rendre en Macédoine pour une durée n'excédant pas 90 jours tous les six mois ne devront pas présenter de visa, de voucher touristique, d'invitation ou de lettre de garantie à la frontière macédonienne. Il leur suffira d'avoir un passeport international en vigueur et une assurance médicale.
Dans le même temps, cette décision n'annule pas la nécessité d'obtenir des visas appropriés pour les citoyens russes, y compris les représentants des agences touristiques qui ont l'intention d'exercer une activité professionnelle ou d'entrepreneuriat sur le territoire de la Macédoine. Nous demandons aux opérateurs touristiques de diffuser cette information.
Sur les condoléances reçues suite au décès de Vitali Tchourkine et la réunion de l'Assemblée générale des Nations unies
Après le décès de Vitali Tchourkine, le Ministère russe des Affaires étrangères a reçu à ce jour plus de 800 condoléances. Je ne parle pas des messages privés des citoyens russes et étrangers. Il est question des réactions officielles. Nous avons reçu des lettres et des notes de condoléance de pratiquement toutes les capitales du monde et d'autres villes, des monarques au pouvoir, des présidents et des premiers ministres de 20 pays, de 50 ministres des Affaires étrangères, de 32 ambassadeurs de pays étrangers, de 13 dirigeants d'organisations internationales, de 80 dirigeants et responsables des institutions publiques et des autonomies locales russes, des responsables de missions diplomatiques russes, de la part d'associations et des représentants des milieux d'affaires russes et étrangers. Parmi eux, beaucoup connaissaient Vitali Tchourkine personnellement, le côtoyaient dans le travail ou dans d'autres situations. Nous avons reçu des centaines de lettres de personnes ordinaires qui le voyaient à la télévision, suivaient ses interventions et qui ont vécu son départ comme une douleur personnelle.
Hormis les mots de compassion adressés à la famille, la reconnaissance des mérites inestimables de Vitali Tchourkine en tant que diplomate russe éminent qui a travaillé à l'avant de la politique étrangère mondiale, de nombreux citoyens ont soumis de nombreuses suggestions pour immortaliser sa mémoire en donnant son nom à une rue, à une place ou à des prix et des récompenses. Je voudrais assurer à tous ceux qui nous ont écrit de telles lettres que, premièrement, elles seront transmises à la famille de Vitali Tchourkine et, deuxièmement, que toutes ces questions seront examinées avec la participation des institutions compétentes et de la famille de Vitali Tchourkine.
L'Assemblée générale des Nations unies a décidé de rendre hommage au professionnalisme de Vitali Tchourkine et d'organiser le 21 mars une réunion qui lui sera consacrée. Elle sera ouverte par le Président de l'Assemblée générale des Nations unies Peter Thomson. Des mots de condoléance seront prononcés par le Secrétaire général de l'Onu et par les représentants de tous les groupes régionaux.
Sur ce fond, on s'étonne des messages reçus par le Ministère russe des Affaires étrangères des médias de premier plan concernant les causes de la mort de Vitali Tchourkine, ainsi que des demandes de confirmer ou de réfuter les différentes versions de son décès. Les versions qui nous sont parvenues de la part, je le répète, de médias de premier plan sont complètement inventées, sont de la boue et n'ont rien à voir avec la réalité. Comme vous le savez, et nous l'avons annoncé immédiatement, la mort de Vitali Tchourkine a été subite et naturelle. Tout le reste concerne les informations personnelles or conformément à la législation russe, à l'instar de nombreux autres pays, les informations personnelles peuvent être transmises qu'à la famille. Il est étrange que les journalistes de médias internationaux qui estiment être des experts en la matière l'ignorent ou l'interprètent arbitrairement. Cela doit être clair et connu par ceux qui se considèrent comme des journalistes. J'appelle tout le monde à faire preuve de respect envers les sentiments de ceux qui vivent une grande tragédie – la perte d'un proche. Il est inadmissible de spéculer sur de tels sujets.
Sur la situation du citoyen russe Evgueni Pavlov
Le citoyen russe Evgueni Pavlov a été arrêté le 7 mars par la police suédoise et placé en garde à vue à la prison centrale de Stockholm.
D'après son avocat, il est accusé de fraude. Cependant, aucune accusation officielle n'a été encore avancée. Les audiences se tiendront prochainement.
Selon un communiqué des autorités suédoises, depuis le début de sa détention le citoyen russe n'a pas demandé à rencontrer de représentants du service consulaire.
L'Ambassade de Russie en Suède a demandé aux autorités suédoises d'accorder un accès consulaire au citoyen russe pour établir toutes les circonstances de l'affaire afin de défendre ses droits et intérêts légaux.
Je comprends très bien l'intérêt et l'attention de la presse, notamment russe, pour ce genre de situations. On nous téléphone constamment pour demander ce qui est entrepris. Je peux vous assurer que toute situation impliquant un citoyen russe dans n'importe quel pays du monde constitue immédiatement, pour nous, une obligation d'agir. Nos missions diplomatiques – les ambassades et les consulats généraux – contactent immédiatement les autorités compétentes du pays d'accueil, envoient des requêtes et, si c'est nécessaire et possible, apportent aux citoyens russes toute l'aide et la contribution dont ils ont besoin. Je le répète: différentes situations peuvent survenir. Parfois les citoyens russes renoncent à une telle aide quand nous ne voyons pas de coopération et de contribution obligatoire, en l'occurrence, de la part des autorités du pays d'accueil. Je peux vous assurer que dans chaque cas concret les missions diplomatiques russes font tout le nécessaire.
Sur la situation du citoyen russe Mark Vartanian
Nous continuons de suivre attentivement l'évolution de la situation du citoyen russe Mark Vartanian, extradé le 9 décembre 2016 de Norvège vers les USA car il est accusé d'avoir développé et diffusé un logiciel malveillant pour voler des informations bancaires et de l'argent.
Le personnel de l'Ambassade de Russie aux USA rend régulièrement visite à Mark Vartanian, actuellement détenu à Lovejoy (État de Géorgie). Il n'a émis aucune plainte quant à ses conditions de détention et à son état de santé.
Selon son avocat, en accord avec l'accusé des consultations sont en cours avec le Parquet pour conclure un accord pré-judiciaire.
Sur la parution de l'annuaire Messager diplomatique de 2016
L'annuaire Messager diplomatique de 2016 préparé par le Département de l'information et de la presse a été publié.
Il compile les discours, les interviews et les articles du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov classés par rubrique sur les questions centrales de la politique étrangère russe en 2016. Nous reproduisons cette expérience pour la deuxième année consécutive. Le recueil est disponible en russe et en anglais. Comme auparavant, l'annuaire a été rédigé en s'appuyant sur les publications et les photos du Ministère russe des Affaires étrangères.
Son tirage est standard: 200 exemplaires. Le livre est accompagné d'une version numérique sur CD-Rom. La version numérique de l'annuaire sera publiée sur le site du Ministère dans la rubrique "Service de presse".
Sur le rapport du Centre des communications stratégiques de l'Otan concernant l'émission KVN
Je ne peux pas faire l'impasse sur le rapport des analystes de l'Otan dans lequel on lit que le jeu télévisé russe KVN, "Club des amusants et des ingénieux", est un "instrument de la communication politique stratégique" de la Russie. D'une part, bien sûr, c'est ridicule. D'autre part, cela met en évidence l'idéologie de l'Alliance dans le règlement de ses tâches.
De quoi parlons-nous? Quel terrorisme chimique? Quelle prolifération illégale d'armes de destruction massive parmi les extrémistes et les terroristes? Nous avons trouvé la menace: l'émission KVN. Voilà le sujet auquel les analystes de l'Otan accordent du temps. Je n'aurais jamais cru que c'était possible, mais c'est la nouvelle réalité dans laquelle nous nous trouvons.
Les histoires traditionnelles sur les "Russes agressifs", sur nos sous-marins et sur notre armée absolument imprévisible de millions de soldats, y compris de hackers, trouvent visiblement de moins en moins leur public en Occident. C'est pourquoi il faut diversifier les approches. La solution trouvée est très insolite. Désormais la nouvelle menace, le nouveau défi pour la paix, est l'humour – c'est la nouvelle arme secrète dans l'arsenal des Russes perfides et fourbes. Comment encore forcer les contribuables à mettre la main à la poche, ou pousser ceux qui ne participent pas au Budget de l'Otan à trouver de l'argent? Il faut inventer des menaces de plus en plus sophistiquées qui émanent de notre territoire. En parlant de budgets, j'ai une question: combien coûte cette analyse? Peut-être que la prochaine fois nous pourrions aider. Nous avons aussi l'émission Smekhopanorama (Revue du rire), qu'Evgueni Petrossian présente régulièrement. Nous pouvons aider, envoyer des vidéos, traduire certaines choses. Pourquoi pas? Bien sûr, tout cela est ridicule.
A cet égard je voudrais citer la déclaration du Ministre letton des Affaires étrangères Edgars Rinkevics en 2014. Il notait à l'époque qu'il voudrait que les activités culturelles (vous saviez que des activités culturelles se déroulaient sur le territoire letton) ne se mélangent pas avec la politique et ce qui ne concernait pas la culture. Si le Ministre des Affaires étrangères de la Lettonie, membre de l'Otan, a déclaré il y a trois ans qu'il ne fallait pas mélanger les activités culturelles avec la politique et qu'il ne doutait pas que des activités comme KVN et le concours de chanson "Nouvelle vague" n'étaient pas une menace, d'où est venue à l'Otan l'idée selon laquelle KVN serait une menace médiatique? Si un pays membre de l'Otan déclare qu'il ne faut pas confondre la politique et la culture (l'art, le divertissement, le show-business, la pop-culture), mais que l'Alliance déclare que c'est une menace, qui croire? Qui ment?
Réponses à la presse:
Question: La représentante des USA à l'Onu Nikki Haley a déclaré que les hackers russes avaient participé au piratage du site Yahoo, et qu'actuellement la Russie était un grand danger pour les USA. Que pouvez-vous dire à ce sujet?
Réponse: La Russie est un grand danger? Je peux dire que l'Ambassadrice des États-Unis à l'Onu Nikki Haley a déclaré que les représentants des USA ne devaient pas faire confiance à la Russie.
Que puis-je dire? Quand les gens ne font pas confiance, c'est un complexe. Le sentiment d'inconfiance peut être surmonté en essayant. On peut rester dans la méfiance éternelle et vivre avec des phobies éternelles, mais je le répète: c'est le signe de complexes. On peut suivre la voie de la coopération et de la vérification réciproque. Cette voie est prescrite dans le droit international, dans les accords bilatéraux et dans les déclarations. Personne, en Russie, n'y a renoncé. Quel est le problème? Coopérez, discutez, et vous vous débarrasserez de votre complexe. Je pense que c'est ainsi que travaillent les psychanalystes.
Il y a un autre aspect: quelle est la cause de la méfiance envers la Russie? Quand avons-nous trahi ou trompé quelqu'un? Oui, nous ne permettons pas qu'on nous dupe. Historiquement, nous n'acceptons pas d'être asservis ni conquis. C'est sûr. Mais tromper?
Question: Cette dernière semaine, la question du processus de paix du Haut Karabagh était au centre de l'attention dans plusieurs pays, et ce au plus haut niveau. Cette question a notamment été évoquée pendant les entretiens du Président russe Vladimir Poutine avec son homologue arménien Serge Sargsian, ainsi que par le Président turc Recep Erdogan en France. Cette question a également été soulevée en Azerbaïdjan où s'est déroulée la réunion du Président du pays avec les coprésidents du Groupe de Minsk. De quoi cela témoigne-t-il?
Réponse: De quoi témoigne le fait que cette question a été évoquée? Je pense que cela ne témoigne que d'une chose: qu'elle a été évoquée et que des efforts internationaux actifs sont entrepris pour régler ce problème. Ce thème a été soulevé à différents niveaux et dans différents pays à l'issue des négociations, pendant de nombreuses conférences de presse et lors d'interviews. Rien n'est caché, tous les contacts sont ouverts et les médias reçoivent des informations en abondance.
Question: Pendant une récente conférence de presse, vous avez assez chaleureusement parlé de l'Ambassadeur d'Azerbaïdjan en Russie Polad Bulbuloghlou. L'Azerbaïdjan a récemment avancé sa candidature au poste de Directeur général de l'Unesco. Que peut dire Moscou à ce sujet? Soutenez-vous sa candidature?
Réponse: C'est une décision souveraine de l'Azerbaïdjan. Je vous informerai à ce sujet un peu plus tard.
Question: A l'approche du 3e anniversaire du Printemps criméen on a appris que la Turquie avait suspendu la communication maritime avec la Crimée. Elle a cessé de recevoir et d'envoyer des ferrys et d'autres navires. Certains experts ont qualifié cette décision de flagrante démarche antirusse car ce faisant, la Turquie a adhéré au blocus de la Crimée par les pays qu'on connaît. Comment cela pourrait-il affecter le processus de normalisation des relations russo-turques?
Réponse: Ce processus de normalisation implique de discuter et de pouvoir parler de toutes les questions complexes. C'est une question complexe. Nous l'évoquons avec nos collègues turcs. Cela montre que nous allons dans la bonne direction. Nous pouvons et devons évoquer les questions problématiques.
Question: Est-ce que cela signifie que la suspension de la communication entre la Turquie et la Crimée sera inscrite à l'agenda russo-turc?
Réponse: Nous avons actuellement noué un contact stable avec nos collègues turcs via différents canaux. Nous évoquons cette question et d'autres questions difficiles qui se posent avec eux en régime normal.
Question: Que pouvez-vous dire des accusations avancées hier par le Ministère américain de la Justice à l'égard de citoyens russes concernant des cybercrimes, ainsi que des tentatives d'utiliser cette affaire comme une sorte de preuve d'un lien prétendu entre les services russes et les hackers?
Réponse: Il est possible que ce soit une tentative de détourner simplement l'attention du public mondial des dernières révélations de WikiLeaks, sachant que les capitales européennes font tout pour qu'elles ne se retrouvent pas dans leurs médias et ne soient pas du tout propagées. On y parle en effet directement de ces pays et on révèle des faits très révélateurs, notamment sur les crimes cybernétiques. Il est possible que ce que nous voyons aujourd'hui soit simplement une tentative de détourner l'attention du public mondial des problèmes globaux et graves à travers les médias. Bien sûr, il n'est pas exclu que ces accusations s'inscrivent dans la continuité du thème des fameux hackers russes dans la lutte politique intérieure aux USA.
Question: Les officiers dont parlent les médias américains aujourd'hui sont des agents du FSB. Est-ce que cela sous-entend que la Russie est impliquée? Ou faut-il simplement comprendre que le FSB ne contrôle pas ses agents?
Réponse: Je pense que tout ce qui touche à cette question est très étrange parce que rien n'est transparent. C'est même très flou. On parle ici d'événements qui remontent à 2014. Malgré le grand nombre de réunions et d'entretiens téléphoniques avec nos collègues américains depuis, nous n'avons jamais entendu rien de tel. Nous n'avons pas non plus reçu la requête de coopérer sur ce sujet concret.
Grâce à votre chaîne entre autres, malheureusement, on a l'impression que la Russie est un centre de formation de hackers. En Russie, les hackers sont hors la loi. Nous les combattons. Pour nous c'est un sujet illégal. De telles pratiques sont interdites par la loi ruse. Nous demandons constamment et régulièrement - y compris lors des contacts avec la partie américaine - de nous informer des soupçons des Américains en la matière. Malheureusement, il n'y a aucune coopération ni collaboration. Tout cela est très suspect, étant donné que le thème des "hackers russes" a été la locomotive de la course électorale aux USA et des démêlés post-électoraux. Je le répète: nous soupçonnons que ces nouvelles informations ne soient qu'un prolongement de tout cela et s'inscrivent dans le cadre de la lutte politique intérieure aux USA.
Question: Comme on le sait, les représentants de l'opposition syrienne n'ont pas assisté à la troisième réunion d'Astana sur la Syrie. Dans ce contexte, comment abordez-vous les prochaines négociations à Astana?
Réponse: Je viens d'en parler, je peux répéter ce que j'ai dit dans la première partie de notre conférence de presse.
Question: Est-il possible qu'une pression ait été exercée?
Réponse: J'en ai parlé également. Il est évident pour nous que certains acteurs extérieurs ont activement travaillé avec les représentants des groupes qui ne sont pas venus. Nous n'avons aucun doute là-dessus. Malheureusement, c'est le cas. Ce qui nous attriste et nous affecte le plus est qu'il ne s'agit pas de la situation sur le terrain où des activités militaires sont en cours et qu'il est très difficile de distinguer qui, des combattants, représente l'opposition armée et qui sont les terroristes. Il s'agit du processus de paix qui a été clairement approuvé par l'Onu, a reçu un soutien mondial et s'inscrit clairement dans le cadre de tous les documents juridiques internationaux adoptés. On ne peut pas avoir une attitude négative envers le processus en cours. Il n'existe aucune raison de l'empêcher mais une influence est exercée, évidemment. J'en ai parlé aujourd'hui. Cela suscite d'ailleurs de sérieuses questions quant au rôle de différents acteurs étrangers dans ce processus. D'après nous, il est grandement temps d'arrêter de vouloir détruire le processus de paix syrien.
Honnêtement, nous partions du fait que les acteurs derrière certains représentants de l'opposition syrienne feraient preuve de davantage de sagesse.
Question: Étant donné que les sanctions contre la Russie sont maintenues, peut-on diriger des mesures de rétorsion contre des pays plus riches? Peut-il y avoir des assouplissements pour les pays plus pauvres et pour leur population?
Réponse: Je ne suis pas certaine que les habitants qui ne sont pas impliqués dans la politique étrangère savent qu'en Union européenne ces questions sont évoquées collectivement et que les décisions sont prises par consensus, c'est-à-dire quand elles sont soutenues par tous les pays. Qu'il s'agisse d'un pays pauvre ou riche il faut un consensus, une cohésion à part entière des membres de l'UE pour prendre une décision, notamment sur les sanctions antirusses. En partant de là, nous tirons les conclusions appropriées. Si, par exemple, la population bulgare demandait à son gouvernement pourquoi il soutient les sanctions antirusses, les choses pourraient alors peut-être bouger. Cette question ne s'adresse pas à nous. Nous n'avons pas adopté ces sanctions. Personne ne nous a demandé notre avis. Nous n'en parlons pas avec nos partenaires ni avec qui que ce soit. C'était une décision de l'UE prise par consensus avec la participation de différents pays. Beaucoup de choses dépendent de la position de chaque pays.
Question: Actuellement la situation autour de la Corée du Sud continue de se détériorer: on organise des exercices militaires conjoints avec les USA et le déploiement du système THAAD se déroule selon le plan. La Corée du Nord réagit très brusquement à ces agissements. Quelle est la position de la Russie en ce moment?
Rex Tillerson se trouve actuellement en visite en Asie. Il s'est rendu hier au Japon et a déclaré pendant une conférence de presse que ces 20 dernières années, l'approche du problème nord-coréen avait été incorrecte et qu'une nouvelle vision était nécessaire au vu de la menace croissante. La Russie, en tant que membre des négociations à Six, pense-t-elle qu'il faille lancer de nouveaux mécanismes et chercher de nouvelles approches ou préconise-t-elle de relancer les anciens?
Réponse: Si je dis que cela fait de nombreuses années que nous affirmons que l'approche du problème nord-coréen par Washington est incorrecte, je crains que Rex Tillerson soit accusé de quelque chose aux USA. La situation dans cette région ne fait que s'aggraver, se tendre, ce qui témoigne que l'approche, notamment de Washington, n'était pas profonde. Nous en parlions très franchement avec différents représentants américains, notamment des diplomates de différents niveaux: les secrétaires d’État, les représentants spéciaux dans le domaine, dans les structures internationales. On pourrait également lire les déclarations de nos représentants à l'Onu qui parlaient de l'approche de la Russie. Je vous invite à analyser notre position en rétrospective – pas sur un an ou deux mais sur dix ans, par exemple. C'est une approche cohérente et complexe témoignant de notre compréhension de la manière d'agir dans cette région. Nous prônons l'intensification des efforts internationaux sur la base du droit international dans le cadre des accords en vigueur afin de faire baisser les tensions. Je répète que nous avons fait part de cette position non seulement à nos partenaires américains, mais également à tous les pays intéressés. Elle est ouverte et logique.
En ce qui concerne la première question, il me semble que j'y ai déjà partiellement répondu. Nous sommes opposés à la hausse de l'instabilité et de la tension dans la région. Une fois de plus, cela s'inscrit dans notre position traditionnelle, cohérente, et exprimée très clairement. Elle concerne les éléments de stabilité, les relations entre les pays dans les différentes régions du monde et la manière dont ces questions doivent être réglées sur la base du droit international dans le cadre des accords bilatéraux.
Question: Les USA ont annoncé leur intention de quitter le Conseil des droits de l'homme (CDH) en raison, d'après le Secrétaire d’État américain Rex Tillerson, "des violations régulières des droits de l'homme en Chine, en Arabie saoudite et en Égypte". D'après vous, comment cela pourrait-il se refléter sur les autres membres du CDH et sur cette structure en général?
Réponse: Il est difficile de commenter de simples extraits. Pour bien apprécier et comprendre quelle direction prend la politique étrangère des USA, il faudrait que nous connaissions ses nouveaux principes de base, la nouvelle vision qui la guide (si elle était mise à jour). Aujourd'hui nous n'apercevons que des éléments isolés. En Russie, par exemple, nous avons un texte: le Concept de la politique étrangère, qui présente à tous nos priorités, les questions les plus importantes à nos yeux, les relations avec certains pays et régions que nous trouvons prioritaires pour différentes raisons historiques et autres. On voudrait voir une approche entière, globale et peut-être mise à jour de Washington en matière de politique étrangère qui montrerait comment ce grand pays va construire sa politique internationale. Il nous serait alors plus facile de donner une appréciation à telle ou telle initiative américaine. Pour l'instant je ne peux pas en dire plus, car il est très difficile de répondre à une réplique à part.
Il est difficile de dire pour l'instant si cette question de la sortie des USA du CDH est une décision prise ou s'il s'agit davantage d'une intention associée à différentes raisons, si d'autres démarches suivront en cas de règlement de ces causes ou si une nouvelle approche sera élaborée. Nous serons en contact avec nos collègues américains, y compris pour éclaircir ce sujet.
Question: Plusieurs pays du Moyen-Orient demandent ces derniers temps de l'aide à la Russie. Récemment, le parlement libyen a demandé à Moscou s'il pouvait contribuer à former ses militaires. Que pensez-vous de cette collaboration éventuelle?
Réponse: Cette question ne doit pas être adressée seulement au Ministère russe des Affaires étrangères car ces problématiques font l'objet des pourparlers interministériels. Comme vous le savez, actuellement nous coopérons avec différentes forces politiques en Libye pour contribuer au règlement de la situation dans ce pays. En cas de requêtes concrètes, elles seront évidemment examinées. Je le répète, de telles questions nécessitent des consultations interministérielles dans notre pays.
Question: Il a été soudainement annoncé que la Chancelière allemande Angela Merkel avait l'intention de se rendre en Russie, alors qu'il était impossible de la faire venir auparavant. Pouvez-vous dire ce qui explique les raisons d'une visite aussi inattendue?
Réponse: J'ai vu que cette question avait déjà été commentée par l'Administration présidentielle. Compte tenu de la subordination et de la séparation des fonctions, je ne voudrais pas entrer dans les détails.
J'ai également vu des publications à ce sujet parlant effectivement de la soudaineté de cette visite en association à d'autres événements. Je pense qu'il serait juste de s'adresser directement à la partie allemande pour éclaircir cette question. Demander quand et dans quel format cette visite a été convenue et notamment quand a été prise la décision d'organiser cette visite par l'Allemagne. Cela serait utile est intéressant compte tenu de l'attention portée par la presse à cet événement à venir.
Question: Les premières négociations officielles sur l'activité économique conjointe dans les Kouriles du Sud sont prévues pour le 18 mars au niveau des vice-ministres des Affaires étrangères de la Russie et du Japon. Il a été également annoncé plus tôt qu'une visite du Premier ministre japonais Shinzo Abe en Russie était prévue fin avril. Il a été indiqué que les ministères étaient en train de se mettre d'accord sur la date. Y a-t-il des informations sur la date de cette visite et sur la ville où elle se tiendra?
Réponse: Je répète que les informations relatives aux sommets en Russie ou à la participation du Président russe aux activités à l'étranger sont commentées par l'Administration du Président russe. Nous avons une séparation claire des fonctions sur la question, c'est pourquoi il convient de s'adresser au service de presse du Président russe.
Question: Une question de la télévision estonienne.
Réponse: Vous, vous devez regarder KVN, non?
Question: Honnêtement, non, j'en ai la nausée. Mais cela n'a rien à voir avec la politique, uniquement une question de goût.
Réponse: Voilà où la menace s'est manifestée.
Question: Vous avez évoqué en détail le processus d'Astana, qui a été ignoré par l'opposition syrienne. Mais il est clair qu'elle se rendra non plus à Genève.
Réponse: Vous êtes bien catégorique concernant sa venue à Genève. Il faut poser cette question au Représentant spécial du Secrétaire général de l'Onu pour la Syrie Staffan de Mistura. Il s'occupe de l'organisation de ces réunions et pourra tout vous dire au sujet de ceux qui ont été invités, qui a confirmé sa participation et qui a ignoré cet appel. Je ne pense pas que vous en sachiez plus que lui à ce sujet.
Question: Selon vous, les succès évidents et concrets de l'armée de Bachar al-Assad sur le terrain avec les efforts de la Turquie, de la Russie et de l'Iran augmentent-ils les chances de parvenir à une entente mutuelle à Genève? Cette répartition des forces peut-elle motiver l'opposition à adopter une position plus constructive?
Réponse: Je vous invite à suivre le déroulement des négociations. Les réunions d'Astana ont montré que l'opposition était très motivée. Elle y est venue et a travaillé activement. Le fait est que, malheureusement, des démotivateurs sont déjà apparus qui derrière le dos des personnes participant aux négociations ont commencé à les dissuader et à faire pression pour qu'elles ne viennent pas à Astana. La motivation de leur participation aux négociations était claire et évidente. La présence à Astana était absolument volontaire. Bien sûr, les résultats des premières réunions ont montré leur efficacité et la possibilité d'avancer.Malheureusement, ceux qui ne prônent pas du tout un règlement pacifique de la crise syrienne dans le cadre du droit international ne l'ont pas apprécié.