Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 9 avril 2020
Sur la situation des citoyens russes qui souhaitent revenir en Russie dans les conditions de la pandémie de coronavirus
L'emploi du temps du Ministère russe des Affaires étrangères est aujourd'hui complètement concentré et focalisé sur la situation des citoyens russes qui se trouvent à l'étranger. Le travail se déroule sur deux axes:
1. La contribution au rapatriement;
2. L'aide matérielle, logistique et autre à ceux qui restent à l'étranger.
En général, je réponds aux questions à la fin, mais en l'occurrence toutes les traditions sont chamboulées. J'ai réuni les principales questions que nous recevons concernant la situation des citoyens qui se trouvent à l'étranger et ont besoin d'une aide en cette période difficile pour le monde entier.
1. Quelles mesures sont prises par le Ministère des Affaires étrangères?
2. Combien de citoyens russes attendent de revenir de l'étranger?
3. Quels problèmes surviennent dans la contribution au rapatriement?
4. Pourquoi l'aide au rapatriement des citoyens est-elle sélective?
5. Dans quels délais est-il prévu de mener à bien toute cette procédure?
6. Faut-il payer les billets d'avion pour revenir en Russie où chaque cas est-il individuel?
7. Où reste-t-il le plus grand nombre de nos citoyens?
8. Comment, du point de vue de la situation épidémiologique, vaut-il mieux agir pour ceux qui ont la possibilité de ne pas rentrer en Russie: faut-il rester en quarantaine à l'étranger ou revenir?
9. Quel est le mécanisme de notification et d'aide financière aux citoyens?
10. Pourquoi les numéros des ambassades/consulats ne répondent pas et l'information officielle diverge?
Ce sont les principales questions auxquelles je voudrais donner maintenant une réponse développée.
Concernant la situation dans le monde dans le contexte de la propagation du coronavirus, depuis une semaine la prolifération de cette pandémie a conservé une dynamique élevée. La pandémie touche déjà 180 pays. Le nombre de décès à l'étranger augmente également.
Je vais maintenant répondre aux questions énoncées.
Lundi 6 avril, la Fédération de Russie a rétabli les vols visant à contribuer au rapatriement de ses citoyens, comme cela avait été annoncé plus tôt par Tatiana Golikova, directrice du Centre opérationnel pour la prévention de l'entrée et de la prolifération du nouveau coronavirus sur le territoire de la Fédération de Russie.
Je voudrais rappeler qu'afin de recueillir les informations sur les citoyens russes qui désirent revenir, ainsi que les informations sur l'état de santé des citoyens qui se trouvent à l'étranger, il fallait déposer une requête via le site des Services publics (Gosuslugi). Ces informations sont récoltées et traitées conformément à la législation en vigueur de notre pays sur les données personnelles, leur traitement est pris en charge par le Ministère russe des Communications, ainsi que par les organismes publics compétents impliqués dans cette procédure en conformité avec la législation.
Étant donné que l'une des questions était de savoir à quoi était due la différence entre les informations, nous appelons tous nos citoyens à se référer aux informations reçues via le site des Services publics. Il y a de nombreuses publications dans les médias et sur différents sites. Je voudrais souligner une nouvelle fois que la source principale des informations sur les vols prévus, les actions à entreprendre si le vol est confirmé et qu'une personne est enregistrée pour ce vol, est le site des Services publics.
Concernant les citoyens qui avaient l'intention de revenir en Russie mais n'ont pas pu le faire à cause de l'annulation des vols, ils bénéficient d'une aide financière pendant leur séjour à l'étranger jusqu'au retour en Russie ou au rétablissement de la communication aérienne régulière, sur la base des informations qu'ils nous ont fournies. Je voudrais corriger les journalistes: ce soutien financier ne vient pas du Ministère russe des Affaires étrangères mais du gouvernement de la Fédération de Russie. On dit souvent que ce sont les fonds du Ministère russe des Affaires étrangères, mais ce sont des fonds alloués par le gouvernement. Dans un premier lieu les fonds alloués serviront au logement temporaire de nos citoyens sur le territoire de pays étrangers car tous ne peuvent pas se le permettre aujourd'hui. Certaines personnes ont effectivement besoin d'une aide d'urgence.
Selon les dernières informations en date, environ 25.500 citoyens ont déposé de telles requêtes, dont plus de 24.000 ont déjà été traitées. Près de 4.000 personnes ont commencé à bénéficier d'allocations et les recevront chaque jour jusqu'à leur retour en Russie ou jusqu'à la reprise des vols réguliers. Aujourd'hui, la Commission qui travaille au Ministère russe des Affaires étrangères examinera encore un grand nombre de requêtes d'aide matérielle. Nous partons du principe que d'ici demain seront traitées jusqu'à 2.000 demandes. Je voudrais rappeler qu'à ces fins le gouvernement russe a alloué au Ministère russe des Affaires étrangères la somme nécessaire - par un décret consultable sur le site du gouvernement de la Fédération de Russie. Les versements sur les comptes des citoyens d'après les informations de carte bancaire renseignées sur le site des Services publics commenceront dans un délai de 48 heures après la requête. Ce délai est dû au travail de la Commission du Ministère russe des Affaires étrangères pour traiter les demandes des citoyens.
Conformément au décret du gouvernement de la Fédération de Russie n°433 du 3 avril, à ce soutien peuvent également prétendre les citoyens qui possédaient des billets retour pour la période du 16 mars au 31 mai. Cette aide s'élève à 2.400 roubles par jour par personne, et à 1.600 roubles par jour par enfant de moins de 14 ans. Ceux qui ne possédaient pas de billet d'avion pour cette période peuvent bénéficier d'une aide conformément au décret du gouvernement sur l'aide aux citoyens qui se sont retrouvés à l'étranger sans argent.
Je voudrais attirer l'attention sur les principes publiés précédemment sur le site du Ministère russe des Transports, sur la base desquels agit le Groupe de travail de Rosaviatsia qui coordonne le travail pour le transport aérien des citoyens russes depuis l'étranger en Fédération de Russie.
A l'heure actuelle, aux vols retour peuvent prétendre les Russes qui ont quitté la Russie après le 1er janvier 2020. Il y a eu des vols pour lesquels des citoyens russes s'étaient enregistrés sur le site des Services publics, qu'ils comptaient prendre mais n'ont pas pris. C'était dû en grande partie au fait que leur date d'entrée sur le territoire étranger était antérieure au 1er janvier 2020. Par conséquent, les requêtes des citoyens qui se trouvent depuis longtemps dans leur pays de séjour (en séjour permanent ou en ayant la citoyenneté du pays d'accueil) seront examinées, mais une attention prioritaire est accordée à ceux qui sont partis à l'étranger après le 1er janvier 2020.
Toutes les personnes parties après le 1er janvier 2020 doivent être obligatoirement enregistrées sur le site des Services publics. Je dois le dire une fois de plus pour attirer l'attention sur ce point. Les listes des vols de rapatriement sont établies à partir de ces informations.
De nombreux médias et citoyens avaient et ont encore des questions: pourquoi, au début, les listes étaient établies par les ambassades, le Ministère russe des Affaires étrangères, et ensuite, comme l'a écrit une revue, "les pouvoirs ont été attribués au Ministère des Communications". C'est une interprétation journalistique arbitraire. Il ne s'agit pas de pouvoirs mais d'un changement d'algorithme pour contribuer au rapatriement. C'est la raison de l'enregistrement des citoyens sur le site des Services publics non seulement pour l'obtention d'une aide matérielle, mais également pour la logistique du rapatriement.
Dans la prise de décisions et surtout dans l'organisation des vols retour, l'attention principale sera focalisée sur la situation épidémiologique dans notre pays. Le travail avec les régions est en cours. L'organisation des vols de rapatriement se déroule selon le principe de la prise en compte, en priorité, des capacités de la région ou de la ville de destination. Par conséquent, l'organisation des vols se déroule selon ce principe. Il faut savoir que les citoyens russes ne sont pas seulement des gens qui se trouvent à l'étranger, mais également des gens qui se trouvent dans notre pays. Il faut tenir compte des intérêts de tous. A cet égard, au vu de la situation épidémiologique dans le pays, l'algorithme de travail a été modifié. C'était exigé par le changement de la situation. Ce travail est mené à présent via le site des Services publics.
Ce n'est pas un système figé, c'est un système qu'il faut adapter compte tenu de l'évolution de la situation avec un grand nombre d'inconnues à l'heure actuelle:
1. La situation dans le pays où les citoyens se sont retrouvés, l'existence de l'état d'urgence, les mesures de quarantaine, les restrictions de circulation à l'intérieur du pays, les problèmes de transport jusqu'au point de rassemblement.
2. L'établissement des listes pour les vols compte tenu de la destination des avions. Partent-ils dans une région ou une ville concrète? Y a-t-il des citoyens qui prétendent à un rapatriement par ce vol, à la possibilité de séjourner dans cette ville ou région?
C'est véritablement un travail d'équipe, auquel participent plusieurs ministères et départements russes, ainsi que les directeurs des compagnies aériennes. Notamment le Ministère russe des Transports, Rosaviatsia, le Ministère des Affaires étrangères, Rospotrebnadzor et, je le répète, les représentants des compagnies aériennes. Ce travail est coordonné par le centre pratiquement 24h/24 avec la participation de nos ambassades. C'est seulement en comprenant la situation dans le pays de séjour, compte tenu de la présence de cas humanitaires, de l'évolution de la situation dans ces pays, que ce travail apportera le meilleur des résultats.
Nous avons tenu compte des lacunes et des gros problèmes survenus en deux jours avec plusieurs vols. Ce travail sera encore plus coordonné.
L'algorithme élaboré à l'heure actuelle permettra d'assurer les conditions nécessaires visant à empêcher la prolifération du virus dans notre pays, tout en assurant les intérêts des citoyens qui se trouvent aussi bien à l'étranger que dans notre pays.
Les Russes qui reviennent dans le pays doivent partir du principe que le vol n'est pas gratuit. Cela a déjà été annoncé. C'est l'une des questions les plus populaires: comment se fera le paiement, la compensation? Cela a été dit plusieurs fois à l'issue de la réunion du Groupe de travail. Toute l'information est disponible sur le site du Ministère des Transports et de Rosaviatsia. Des informations supplémentaires sont également disponibles sur le site des Services publics. Je voudrais avant tout attirer votre attention sur les communiqués de presse publiés à l'issue des deux ou trois dernières réunions du Groupe de travail.
Je répète ce qui a déjà été dit. S'ils détiennent des billets non utilisés de compagnies aériennes étrangères (la crise logistique mondiale ayant entraîné l'impossibilité de quitter le territoire russe a été provoquée en premier lieu par la crise des transporteurs étrangers mondiaux) les citoyens russes devaient être prêts à payer 200 euros par personne depuis un aéroport européen et 400 euros pour les vols lointains. Des réductions sont prévues pour les enfants. Les passagers régleront leurs problèmes d'indemnisation pour les vols non assurés à titre individuel, notamment en saisissant un tribunal.
Les passagers détenant un billet non utilisé d'un transporteur russe seront acceptés à bord gratuitement sur présentation de ce billet. Par la suite, les compagnies russes prendront en charge les compensations entre elles.
Le calendrier des vols retour est établi dans le cadre du quota fixé: 500 personnes par jour sont accueillies à Moscou et 200 personnes peuvent arriver dans les aéroports régionaux. Ces décisions sont déjà consultables sur les sites des autorités russes compétentes.
L'une des questions les plus pertinentes parmi celles que j'ai mentionnées, et à laquelle je voudrais répondre, concerne le remplissage des vols. J'ai déjà dit que la logistique ou l'algorithme de constitution des vols était assez complexe - il existe des limites temporelles (la date du départ à l'étranger), la question de savoir où se trouve l'individu et la destination du vol. Sachant que la motivation principale lors de l'élaboration de cet algorithme était la nécessité de prendre toutes les mesures pour éviter la pénétration d'une nouvelle vague de virus sur le territoire de notre pays.
Il existe des exemples problématiques, mais aussi des exemples plus que réussis pour la constitution des vols. Je voudrais citer l'un d'eux: le vol Bangkok-Moscou qui est arrivé ce 7 avril entièrement rempli - 402 sièges, alors qu'en réalité les passagers étaient plus nombreux - 418 compte tenu des petits enfants qui ont voyagé dans les bras de leurs parents. C'est l'un des exemples réussis et remarquables. C'est sur ces exemples que nous nous orienterons par la suite.
Par "nous" je sous-entends que nous travaillons en équipe sous l'égide du gouvernement, du centre, en coordination étroite avec nos collègues des institutions mentionnées.
Je voudrais souligner que ces mesures ont été prises conformément aux consignes et aux conclusions appropriés. Cela a été fait pour qu'elles soient les plus transparentes et accessibles. Cela a été fait pour que les citoyens voient le travail mené et sur quelles décisions s'appuient les mesures prises, pour les médias qui suivent attentivement ce travail.
C'est difficile pour tout le monde. Difficile pour ceux qui sont coincés sur des îles qui étaient il y a peu de temps un paradis, mais c'est également difficile pour ceux qui pensent constamment à comment les rapatrier. Mais ce n'est rien par rapport aux difficultés des médecins, des infirmières, du personnel qui travaillent actuellement dans les hôpitaux, dans les établissements médicaux pour aider ceux qui sont tombés malades. C'est vraiment très difficile pour eux. Et nous devons tous faire preuve de patience. Je ne dis pas que cette patience doit être infinie. Je vous assure que tout est fait pour régler ce problème extrêmement difficile auquel le monde n'a encore jamais été confronté. C'est un défi, et nous y répondons.
D'un côté, ce sont probablement de belles paroles, mais c'est en même temps un travail concret, laborieux et permanent de plusieurs institutions et d'un très grand nombre de gens.
Je voudrais également parler de nos ambassades et répondre à la question de savoir pourquoi elles sont souvent injoignables. Parce qu'il s'agit de dizaines de milliers d'appels par jour. C'est l'une des réponses. Mais cela ne signifie pas que les ambassades ne peuvent pas effectuer ce travail.
Je voudrais aussi appeler tous les compatriotes arrivant sur le territoire russe à adopter une approche responsable de leur santé et de la santé d'autrui, à respecter à leur retour le régime de confinement ou de quarantaine, si nécessaire, de 14 jours. Notez qu'en l'occurrence il faut se référer aux dispositions adoptées dans les régions concernées.
Une autre question nous a été posée: comment, du point de vue de la situation épidémiologique, doivent agir ceux qui n'ont pas encore la possibilité de revenir en Russie: leur faut-il rester en quarantaine à l'étranger ou revenir? Il faut prendre cette décision en fonction des facteurs que vous êtes les seuls à connaître en vous trouvant à l'étranger. Il n'y a pas de formule unique. Mais il faut savoir qu'indéniablement tout déplacement représente un risque supplémentaire compte tenu du grand nombre de personnes infectées à l'étranger. Ce n'est pas un appel. C'est une matière à réflexion pour tout un chacun. S'il est possible de prendre soin de sa santé maintenant, à l'étranger, alors on peut profiter de cette option. Encore une fois je répète que tout déplacement, toute présence dans la rue représente un risque supplémentaire, comme le disent les représentants des établissements médicaux, les personnes en charge de ce problème. Chacun doit répondre à cette question lui-même en tenant compte de tous ces facteurs.
Il y a une bonne nouvelle. Aujourd'hui, il y a quelques heures, un autre avion transportant plus de 120 Russes a décollé de Rome. Ils seront accueillis à Moscou et dans la région de Moscou. C'est le résultat d'un travail conjoint, une fois encore. Merci beaucoup aux régions qui ont tout fait pour que l'arrivée des citoyens qui sont restés à l'étranger pendant deux semaines en quarantaine soit la plus confortable possible. Ce travail a effectivement pris toute la nuit. On peut dire que les gens étaient complètement épuisés, étant donné que ces vols accomplis par un transporteur étranger ont été reportés cinq fois.
Sur les insinuations des États-Unis concernant une "désinformation russe"
Nous ne cessons de nous étonner du cynisme avec lequel les pays occidentaux instrumentalisent le thème du coronavirus dans leur bataille médiatique.
C'est avec confusion et surprise que nous constatons les tentatives de certains médias et hauts représentants américains d'accuser notre pays de mener une prétendue "campagne médiatique" contre les États-Unis en lien avec la pandémie infectieuse. Nous avons spécialement exigé du Département d’État d'appuyer ces allégations par des preuves, étant donné qu'elles ont été faites notamment par des représentants officiels. Nous n'avons pas reçu la moindre explication sensée à ces affirmations, sans parler de preuves. Il s'avère que les Américains eux-mêmes propagent un fake.
Nous remarquons la popularisation active, dans le segment américain de l'internet, de différentes théories du complot ou encore insinuant que le virus serait artificiel. Bien évidemment, la culpabilité est rejetée sur la Russie et d'autres pays. Sachant que l'on cherche à inculquer cette conclusion dans les consciences et à la répandre comme dans le cadre d'une attaque médiatique. Nous avons la confirmation que les structures étatiques américaines sont clairement les coordinateurs de cette campagne.
Tandis que le monde entier combat la pandémie qui a déjà touché près d'1,5 million de personnes, dont presque 400.000 Américains, les accusations visant la Russie ne sont pas seulement infondées: elles sont impudentes. Certes, de nombreux américains sont effrayés, ils écrivent diverses choses sur internet, mais il est inadmissible de spéculer et de jouer sur la peur des gens à des fins politiques. C'est dangereux.
Notre pays participe activement aux efforts collectifs pour faire face à la pandémie et combattre ses conséquences. Nous comprenons qu'il ne sera possible de relever ce défi sans précédent pour l'humanité dans l'histoire contemporaine qu'ensemble. Ce n'est plus à prouver aujourd'hui. Nous faisons beaucoup de choses en Russie même, nous essayons d'apporter une aide conséquente à d'autres États - y compris aux États-Unis.
Nous considérons les nouvelles tentatives d'accuser la Russie, d'attribuer des accusations mythologiques, comme un prolongement déplacé de la russophobie "professée" par certaines forces politiques de Washington. Elles sont préoccupées par une chose complètement différente aujourd'hui, en ce moment difficile pour le monde entier, et ce n'est pas ce qui est nécessaire aux États-Unis à l'heure où l'on constate un très grand nombre d'infectés et de morts dans le pays. Nous exprimons notre solidarité au peuple américain en cette période difficile et nous appelons les hommes politiques américains responsables à s'exprimer objectivement, à donner leur avis sur ces insinuations.
Sur la déclaration du Secrétaire d’État américain Mike Pompeo concernant les plans de Washington de réduire la contribution financière des États-Unis à l'Organisation mondiale de la santé
Nous avons noté la déclaration du Secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo concernant les plans de Washington de réduire la contribution financière des États-Unis à l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le Président américain Donald Trump s'était précédemment exprimé à ce sujet.
Nous jugeons cette position non constructive, et de telles déclarations inopportunes et contreproductives au regard de l'ampleur grandissante de la pandémie de Covid-19. On notera que la déclaration finale du sommet du G20 en ligne, ainsi que la récente résolution du l'Assemblée générale des Nations unies adoptée par consensus sur la solidarité dans la lutte contre le coronavirus, reconnaissent le rôle de coordination central de l'OMS dans la lutte contre la prolifération du Covid-19. Les États-Unis avaient préalablement soutenu ces documents, c'est pourquoi un changement de position aussi brutal est surprenant. Pourquoi avez-vous soutenu ce qui avait été adopté quelques jours plus tôt pour ensuite commencer à accuser l'OMS de pratiquement tous les péchés?
Nous soutenons l'appel du Directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus à éviter la politisation de la situation autour de la pandémie. Nous sommes convaincus que le Covid-19 est un défi pour toute la communauté internationale, et qu'une lutte renforcée contre la pandémie n'est possible que de concert, avec la participation de tous les pays.
A cet égard, je voudrais rappeler que la Russie a décidé d'allouer une somme conséquente en soutien aux efforts de l'OMS pour combattre le coronavirus. Des décisions supplémentaires pourraient être prises par la suite. Nous appelons tous les pays qui le peuvent à suivre notre exemple.
Sur l'appel du Secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres à marquer une pause humanitaire dans le contexte de la propagation du coronavirus
Le 23 mars, le Secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres a appelé les belligérants des conflits armés régionaux à cesser immédiatement les activités militaires, à instaurer un cessez-le-feu et à marquer une pause humanitaire dans le contexte de la propagation rapide du coronavirus à travers le monde. Le Ministère russe des Affaires étrangères a soutenu cet appel en publiant une déclaration à ce sujet.
Dans les deux semaines qui ont suivi, au vu de l'aggravation de la situation épidémiologique mondiale, les belligérants de nombreux pays ont écouté l'appel du Secrétaire général. Nous avons remarqué une baisse de l'intensité des affrontements et de la violence au Cameroun, en Colombie, en Birmanie, au Soudan, au Soudan du Sud et aux Philippines.
La situation en Syrie se stabilise. Les accords russo-turcs sur Idleb continuent d'être mis en œuvre.
On constate un certain progrès vers la normalisation en Afghanistan où, en dépit d'un niveau de violence élevé, la coopération entre Kaboul et les talibans sur un accord de paix s'est intensifiée.
Dans le même temps, dans de nombreux pays, les activités militaires intenses ne cessent pas. Et dans certains cas la pandémie devient même un prétexte pour de nouvelles actions agressives et belliqueuses.
En particulier, les militaires ukrainiens poursuivent les bombardements massifs du territoire des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, ce qui entraîne des victimes parmi les civils.
Des conséquences négatives, et très imprévisibles compte tenu des circonstances actuelles, pourraient découler de la décision de Washington de lancer une nouvelle opération militaire pour bloquer les livraisons de drogue en Amérique latine, qui s'accompagne d'un renforcement de l'activité militaire autour du Venezuela.
Malheureusement, l'intensité des activités militaires au Yémen ne diminue pas non plus. En mars a eu lieu un échange de frappes aériennes entre les forces de la "coalition arabique" et les Houthis.
Ces derniers jours, nous constatons avec inquiétude une escalade de la confrontation intérieure en Libye, notamment dans le contexte du renforcement de l'activité militaire des forces loyales au Gouvernement d'entente nationale.
Nous espérons que l'appel d'Antonio Guterres sera entendu par tous les belligérants. Dans le cas contraire, la communauté internationale risque d'être confrontée à une catastrophe humanitaire d'ampleur mondiale. Par contre, les efforts antiterroristes doivent se poursuivre en toute circonstance.
Sur la situation actuelle en Syrie
Dans l'ensemble, nous jugeons que la situation sur le terrain est stable. La menace principale pour le pays, tout comme pour le monde entier, est liée aujourd'hui à la prolifération du coronavirus. Sachant que nous sommes particulièrement préoccupés par la situation sur les territoires non contrôlés par Damas: Idleb, Al-Tanf et le Nord-Est.
Dans la zone de désescalade d'Idleb, le travail se poursuit pour appliquer le Protocole additionnel russo-turc du 5 mars 2020. Le cessez-le-feu instauré est respecté dans l'ensemble, mais les terroristes continuent d'essayer de saper nos efforts. En particulier, ils empêchent par tous les moyens les patrouilles russo-turques conjointes dans le "corridor de sécurité" le long de l'autoroute M-4. Cela prouve une fois de plus que les terroristes reconnus comme tels par le Conseil de sécurité des Nations unies "mènent le bal" à Idleb. Ils sont disposés à poursuivre l'effusion de sang et la violence, par conséquent toute tentative de les blanchir, de les laisser en dehors de la lutte légitime contre le terrorisme sous prétexte du cessez-le-feu est inadmissible.
La situation la plus complexe et potentiellement dangereuse en matière de prolifération du coronavirus est constatée à l'Est de l'Euphrate et dans la zone autour d'Al-Tanf. Je rappelle que ce sont ces régions de la Syrie qui sont illégalement occupées par les États-Unis et leurs alliés. L'accès humanitaire à ces régions est bloqué. Selon l'Onu, s'y trouve encore une forte concentration de mines et d'obus non explosés, tandis que seulement deux hôpitaux et quatre centres de première aide médicale et sanitaire fonctionnent. Pourtant, sur ces territoires se trouvent les foyers les plus problématiques de contamination massive potentielle: des prisons surchargées avec plus de 10.000 terroristes de Daech détenus, et les camps de déplacés internes - rien qu'à Al-Hol vivent encore près de 67.000 personnes.
Au Sud, à l'intérieur de la "zone de sécurité" de 55 km arbitrairement instaurée par les États-Unis autour d'Al-Tanf, se situe un autre camp de déplacés internes, tristement célèbre: celui de Roukban. Entre mars et juillet 2019, les autorités syriennes, soutenues par les militaires russes, ont évacué et logé plus de 19.000 réfugiés. Cependant, en août 2019, l'opération pour la suppression du camp a été bloquée quand les collaborateurs de l'Onu y participant n'ont pas réussi à obtenir des garanties de sécurité pour évacuer les gens de la part des groupes armés illégaux patronnés par les Américains. Au final, près de 12.000 personnes sont devenues des otages de Roukban. Les terroristes les utilisent pour faire du chantage à la communauté internationale avec des exigences d'envoyer une aide humanitaire qu'ils s'accaparent par la suite.
Les raisons de la situation de détresse dans ces régions de la Syrie sont évidentes: la large présence de terroristes reconnus comme tels par le Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi que la présence illégale des États-Unis et de leurs alliés. C'est eux qui sont entièrement responsables de ce qui se passe sur les territoires sous leur contrôle.
Dans ces conditions difficiles, il est important d'unir les efforts afin d'empêcher et de neutraliser cette menace commune pour nous tous. Nous soutenons l'appel du Secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres, de Michelle Bachelet, Haute-Commissaire de l'Onu aux droits de l'homme, et d'autres responsables de l'Onu à lever et à assouplir les sanctions unilatérales, notamment contre la Syrie. A cet égard, nous appelons toutes les organisations internationales compétentes et les institutions financières, notamment la Banque mondiale, à renoncer à la pratique néfaste de politisation du dossier humanitaire et à aider les pays vulnérables comme la Syrie en pleine pandémie de coronavirus, à apporter à sa population tout le soutien nécessaire sans discrimination ni conditions préalables.
Sur la publication du rapport du groupe d'enquête et d'identification de l'OSCE ("dossier chimique syrien")
Le groupe d'enquête et d'identification "attributif", créé au sein de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OSCE) suite à une manipulation politique et juridique intentionnelle des pays occidentaux, a émis ce 8 avril son premier rapport, une sorte "d'essai", sur les trois incidents chimiques supposés dans la commune syrienne d'Al-Lataminah les 24, 25 et 30 mars 2017. La conclusion principale de ce document, qui a été manifestement rédigé sous la pression politique des pays occidentaux, se résume à la thèse suivante: "Il y a des raisons de croire" que dans les trois cas l'arme chimique a été utilisée par l'aviation gouvernementale syrienne, et que les ordres ont été directement donnés par le commandement de l'armée de l'air syrienne. Il est vraiment barbare de trouver une telle formulation dans le document d'une organisation internationale qui a travaillé pendant plusieurs années. Que faisiez-vous à l'OSCE si vous dites, après quelques années de travail, que "vous avez des raisons de croire"? Il ne peut y avoir d'indétermination puisque vous publiez un rapport. Or si vous affirmez quelque chose, il faut apporter des preuves.
Il était difficile de s'attendre à autre chose d'une structure imposée par un cercle restreint de pays intéressés à ce que l'OSCE soit purement technique par sa nature et sa vocation. Ils ont réussi à faire créer le groupe d'enquête et d'identification contrairement aux termes fondamentaux de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC) et les normes universelles du droit international. Les "pouvoirs" de ce groupe, comme nous l'avons remarqué à plusieurs reprises, constituent une ingérence dans les prérogatives exclusives du Conseil de sécurité des Nations unies fixées par la Charte de l'Onu.
Les experts recrutés pour travailler dans le groupe d'enquête et d'identification, essentiellement des représentants de pays occidentaux, ont effectué un travail fastidieux, d'après ce que l'on a entendu pendant la "présentation" du rapport du Secrétariat technique de l'OIAC. Ils ont rédigé un document de 80 pages basé sur les "publications" très douteuses que nous connaissons bien de la mission spéciale de l'OSCE pour enquêter sur les incidents chimiques en Syrie. On perçoit également une "trace" de l'ancien Mécanisme conjoint d'enquête OSCE-Onu qui s'est complètement discrédité par son engagement anti-Assad.
Les auteurs du rapport, et avec eux la direction du Secrétariat technique de l'OSCE, sont devenus complices de la violation systémique des principes fondamentaux et des procédures objectives et impartiales nécessaires qui imposent une visite obligatoire des experts directement sur les lieux des incidents supposés. Quand les experts travaillent sur place, recueillent les preuves, leurs rapports ne contiennent pas de phrases comme "il y a des raisons de croire": ils ont des preuves. Et quand les experts ne partent pas sur les lieux de l'incident supposé, alors ils ont des "raisons de croire". En fait, c'est tout le problème. Dans les informations présentées par le groupe d'enquête et d'identification dominent des données transmises par des groupes armés antigouvernementaux et des ONG pseudo-humanitaires qui leur sont affiliées, comme les Casques blancs.
Nous notons également que le rapport contient des liens renvoyant à de prétendues informations de services secrets - probablement de ces mêmes pays obsédés par le renversement du pouvoir à Damas. S'il s'agit d'une organisation internationale, comment peut-on citer les informations de prétendus services secrets? Chaque État en dispose. S'il est question du recours aux informations des services secrets de structures internationales, il faudrait indiquer à quels pays ils appartiennent - cela expliquerait bien des choses. Sinon ce n'est rien d'autre que de la désinformation. Un exemple: l'association des deux épisodes d'Al-Lataminah impliquant un prétendu usage de bombes aériennes contenant du sarin aux activités de l'aviation syrienne dans cette région - des bombardiers tactiques Su-22 - depuis la base aérienne de Chaïrat, qui avait été bombardée plus tôt par les Américains - ce qui avait constitué un acte d'agression illégal. Ils ont motivé cette opération violant la Charte de l'Onu par l'usage de l'aviation syrienne dans la commune de Khan-Cheikhoun à proximité le 4 avril 2017. Nous avons souligné plusieurs fois que le transport d'une munition aérienne ordinaire, attribué au vol perpendiculaire à Khan-Cheikhoun du Su-22 à quelques kilomètres de l'autre côté de la ville, était techniquement impossible. La balistique, les lois de la physiques, doivent également être prises en compte, on ne peut pas les "annuler". Même si vous préparez un document sérieux, il doit s'appuyer sur la science et non sur les intérêts purement politiques. D'ailleurs, à un moment donné cela a été à contrecœur reconnu par les militaires américains, qui ont publié leurs propres données de contrôle objectif.
Les experts russes examineront minutieusement ce rapport "d'essai" du groupe d'enquête et d'identification pour donner un avis factuel et global complémentaire. Nous ne doutons pas que les nombreux experts internationaux indépendants feront de même, qui ont déjà prouvé à plusieurs reprises la nature douteuse des accusations incessantes des autorités syriennes d'usage des produits chimiques et des substances toxiques militaires. Le scandale lié à la falsification du rapport par le Secrétariat technique de l'OSCE à l'issue de l'enquête sur l'incident résonnant dans la ville syrienne de Douma du 7 avril 2018, qui était en réalité une nouvelle mise en scène provocante des Casques blancs, a montré, aussi bien que le rapport du groupe d'enquête et d'identification, que leur arsenal n'était constitué que de mensonge et de falsifications. En tête sont placés les intérêts politiques qui dominent sur la légalité, le droit international et les instructions claires, basées sur les lois, données aux experts habilités par les organisations internationales concernées. Cela est confirmé par la réaction d'approbation immédiate à ce rapport à Washington et dans d'autres capitales occidentales, où les conclusions antirusses de l'enquête sont "programmées" à l'avance, comme le montre la réalité.
Sur la décision de la "coalition arabe" de cesser le feu au Yémen
Tard dans la soirée du 8 avril, le commandement de la "coalition arabe" menée par l'Arabie saoudite, qui soutient le Président yéménite Abdrabbo Mansour Hadi, a annoncé qu'elle allait suspendre unilatéralement toutes les opérations militaires aujourd'hui, jeudi 9 avril, à partir de midi. Le cessez-le-feu au Yémen sera maintenu pendant deux semaines et pourra être prolongé.
Dans sa déclaration, le porte-parole de la "coalition" Turki Al-Maliki a souligné que cette décision avait été prise en réponse au récent appel du Secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres à un cessez-le-feu humanitaire au Yémen pour permettre de prendre les mesures nécessaires afin de combattre la prolifération du nouveau coronavirus dans le pays.
Le commandement de la "coalition" a également précisé que cette décision visait également à soutenir l'initiative de l'Envoyé spécial du Secrétaire général de l'Onu pour le Yémen, Martin Griffiths, qui a proposé d'organiser sous l'égide de l'Onu des contacts entre les représentants de Mansour Hadi, du mouvement houthi Ansar Allah et de la "coalition arabe" sur la garantie du cessez-le-feu et l'initiation au Yémen d'un processus de paix à part entière.
Moscou salue cette décision de la "coalition arabe". Nous espérons que tous les protagonistes de la crise yéménite réagiront positivement aux efforts de l'Onu pour la désescalade au plus vite du conflit et le lancement de négociations inclusives. Nous partons du principe que dans le cadre de ce dialogue, ses participants pourront enfin entamer une discussion constructive sur les questions prioritaires pour stopper le conflit armé qui perdure et instaurer la paix au Yémen.
Sur la situation actuelle en Afghanistan
La situation en Afghanistan reste très instable en dépit de l'accord signé entre les États-Unis et les talibans à Doha le 29 février sur le retrait des forces étrangères du pays et la mise en place des conditions pour initier le processus de paix. Le conflit entre les belligérants ne cesse pas, et continue de faire des morts parmi les civils.
La crise politique qui perdure à Kaboul suscite une inquiétude particulière, empêchant la constitution à ce jour d'un gouvernement inclusif afghan qui serait accepté par le peuple afghan et reconnu par la communauté internationale. Faute d'accord entre les autorités afghanes et les talibans sur un échange de prisonniers, l'ouverture des négociations de paix interafghanes a pris du retard. C'est sur ces négociations, qui doivent tenir compte des intérêts de toutes les couches de la société afghane, que reposent les principaux espoirs d'un règlement global du problème afghan.
Nous appelons une nouvelle fois toutes les forces politiques afghanes intéressées à tout faire pour régler les différends politiques intérieurs et supprimer les obstacles sur la voie qui mène au dialogue de paix.
Sur la situation au Venezuela et autour
Revenons à la situation au Venezuela. Le pays et son gouvernement légitime combattent la pandémie de coronavirus, comme le fait le monde entier actuellement. Une quarantaine a été décrétée en temps voulu. En dépit des sanctions inhumaines et sévères des États-Unis, on constate au Venezuela un taux relativement bas de maladie et de mortalité par rapport à d'autres pays d'Amérique latine, comme en témoignent les statistiques de l'Organisation panaméricaine de la santé.
Le Venezuela n'est pas resté seul face à ce défi. Cuba et la Chine lui apportent une aide. La Russie a envoyé cette semaine une nouvelle cargaison d'équipements pour diagnostiquer la maladie.
Malheureusement, nous constatons que tout le monde n'est pas prêt à suivre les principes de solidarité et d'humanisme. Pendant la dernière conférence de presse, nous avons donné un avis détaillé sur les actions et les déclarations de l'administration américaine visant à durcir la pression, y compris militaire, sur Caracas.
Durant cette semaine, malgré les conditions sanitaires épidémiologiques provoquées par les restrictions objectives, nous avons expliqué la position russe aux partenaires en Europe, en Amérique latine et en Asie, et nombre d'entre eux ont réagi positivement.
Je pense que nous sommes d'accord sur l'essentiel:
Premièrement, le règlement des problèmes du Venezuela doit être pacifique et "vénézuélien", résulter d'un dialogue entre les différentes forces politiques à l'intérieur du pays et non être imposé de l'extérieur.
C'est l'approche juste pour l'évaluation de la situation en principe. C'est d'autant plus juste au vu de la pandémie de coronavirus.
De ce fait, nous considérons que l'initiative de "démocratisation" du Venezuela avancée par le Département d’État américain a été manifestement préparée "à une autre époque". Et en l'analysant dans l'ensemble, avec d'autres démarches engagées par Washington ces derniers jours - la poursuite des autorités vénézuéliennes pour des accusations absurdes de tous les péchés possibles et imaginables, le début des manœuvres de la marine américaine à proximité des côtes vénézuéliennes, etc. - il ressort que les idées exprimées par les autorités américaines ne ressemblent pas à un progrès vers la recherche d'une entente nationale, mais à un ultimatum fixé aux autorités légales d'un État souverain indépendant. Ayant pris connaissance du contenu de l'initiative de Washington, nous ne pensons pas qu'elle mérite une réponse sérieuse.
Deuxièmement. Malgré cela nous voyons qu'il existe aujourd'hui une opportunité unique d'instaurer au Venezuela un véritable dialogue national. Le pays a un ordre du jour unificateur: la lutte contre la propagation du virus Covid-19. Il est important d'abandonner les ambitions politiques qui divisent et d'unir les efforts pour lutter contre cette menace réellement globale. D'ailleurs, la recette est aujourd'hui universelle.
Nous lançons cet appel à tous les Vénézuéliens responsables. Nous soutenons la position adoptée à ce sujet par le Président Nicolas Maduro et les représentants de l'opposition qui, même en désaccord avec la politique du gouvernement, placent au-dessus de tout les intérêts de sécurité et de santé de la population.
Troisièmement, nous appelons les acteurs extérieurs, en Amérique latine et en dehors, à soutenir ce processus, à s'écarter des dogmes idéologiques et des stéréotypes, à placer en priorité la solidarité et la coopération. Nous adressons le même appel aux structures internationales respectées et aux organisations qui contribuent à apporter une aide.
Autre remarque. Nous avons récemment entendu dire à Washington que les autorités américaines étaient prêtes à parler du Venezuela avec nous également. Je voudrais dire aux diplomates américains en regardant directement la caméra: nous n'esquivons pas de tels contacts. Mais cela ne signifie pas que nous sommes prêts à changer notre politique de principe et notre avis sur la situation, notamment sur l'impact néfaste que les sanctions unilatérales américaines, que nous qualifions d'absolument inhumaines, ont sur la situation socioéconomique au Venezuela.
Sur le document de la mission de surveillance des droits de l'homme des Nations unies en Ukraine concernant l'enquête au sujet des événements sur le Maïdan de Kiev en 2013-2014
Notre attention a été retenue par la note publiée par la Mission de surveillance des droits de l'homme des Nations Unies en Ukraine intitulée "La responsabilité pour les meurtres et les morts violentes durant les manifestations sur le Maïdan". Son bref résumé a été rendu public le 12 mars 2020 lors de la présentation du nouveau rapport de la Mission sur la situation des droits de l'homme dans ce pays pour la période allant du 16 novembre 2019 au 15 février 2020.
En particulier, la Mission de surveillance de l'Onu a conclu que la résolution des affaires pénales sur les événements de Maïdan était empêchée par plusieurs problèmes chroniques du système policier ukrainien ("imperfection de la procédure d'enquête", "manque de ressources pour les expertises légales", etc.). Il est indiqué également que certains figurants des affaires pénales parmi les hauts responsables du ministère de l'Intérieur ukrainien restaient non seulement à leur poste, mais faisaient également pression sur leurs subordonnés. On force ces derniers à renoncer à leur déposition pour établir ce qui s'est réellement passé pendant ces jours tragiques - or tout le monde veut le savoir. Il est souligné notamment que la loi adoptée le 21 février 2014 par le parlement ukrainien sur l'inadmissibilité de poursuivre et de punir les participants aux "manifestations pacifiques" complique sérieusement la traduction en justice des coupables des meurtres de policiers ukrainiens.
La Mission de surveillance de l'Onu a suggéré aux autorités ukrainiennes de mener une enquête indépendante et objective sur tous les meurtres sans exception, à autoriser la révision de sentences émises "par défaut" en cas d'interpellation d'accusés, à annuler la loi sur "l'amnistie", ainsi qu'à garantir la venue au tribunal des accusés relâchés.
Je voudrais rappeler pourquoi c'est important, et d'actualité. A première vue, les événements datent de 2013-2014. Mais ce sont eux qui ont servi à motiver tout ce qui se passait à l'époque non seulement en Ukraine mais également en Europe dans l'ensemble, le conflit intérieur sur le territoire ukrainien, qui, malheureusement, a dégénéré pour passer dans une phase chaude active. L'opinion publique se formait également en fonction de la présentation des événements dans les médias. Ne serait-il pas temps de déterminer enfin ce qui s'est passé en réalité? Plus nous nous éloignons de ces événements, plus il devient difficile de déterminer la vérité. C'est pourtant fondamental.
Aucune réaction claire de Kiev à ce document de la mission de l'Onu n'a suivi. La Direction d'enquête sur les crimes commis pendant les manifestations de 2013-2014, créée par le Bureau d'enquête général de l'Ukraine, s'est limitée à un bref communiqué de presse mentionnant sèchement "avoir pris connaissance" des recommandations de la Mission de surveillance de l'Onu.
Cela prouve une fois de plus que Kiev ne brûle pas d'envie de faire la lumière sur la prétendue "révolution de la dignité", ses coulisses, et continuera de tout faire pour que la vérité ne soit jamais révélée, mais l'on voudrait que cette démarche échoue. Tout cela est fait alors qu'il y a un an déjà ceux qui se battaient pour le pouvoir promettaient aux électeurs une enquête objective sur les événements qui ont entraîné des conséquences gravissimes pour le pays.
Certes, tout le monde a d'autres priorités aujourd'hui, nous en avons bien conscience, mais ce thème ne peut pas être abandonné. Il ne faut pas oublier que l'histoire doit connaître les faits, ils doivent être inscrits dans l'histoire.
Sur le démantèlement de la statue du maréchal Ivan Konev à Prague
Je me dois de parler d'un sujet qui a bouleversé la société russe. Les autorités municipales du quartier Prague-6 ont commis une action d'une barbarie sans précédent en démantelant le monument érigé en 1980, à l'initiative des habitants de Prague, en hommage au maréchal de l'Union soviétique Ivan Konev sous le commandement duquel les forces du 1er Front ukrainien ont libéré en mai 1945 la capitale tchèque de l'occupation nazie. Cet acte de vandalisme politique est d'autant plus scandaleux qu'il a été commis à la veille du 75e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale qui, sur le théâtre européen des opérations, s'est terminée grâce aux actions de l'Armée rouge à Prague.
Nous sommes consternés par l'impuissance des autorités centrales, tout simplement incapables de rappeler à l'ordre les responsables municipaux et de stopper cette profanation transgressant les engagements internationaux du pays.
Le crime commis à Prague pourrait devenir un élément irritant à long terme dans nos relations bilatérales et ne restera certainement pas sans réponse. Je voudrais dire que quand je prononce le mot "crime", c'est une appréciation politique. Mais je ne doute pas que cet acte sera perçu de la même manière du point de vue juridique. En ce qui concerne la réaction, nous l'avons exprimée à l'Ambassadeur de République tchèque à Moscou en appelant Prague à respecter les termes de l'Accord d'amitié et de coopération de 1993 concernant la sauvegarde des monuments militaires, et à empêcher les provocations.
Sur l'acte de vandalisme contre la fosse commune renfermant les dépouilles de guerriers soviétiques au parc municipal de Dobritch, en Bulgarie
Un nouvel acte de vandalisme a été commis contre la fosse commune où reposent des guerriers soviétiques dans le parc municipal de Dobritch. Notre Ambassade en Bulgarie a exprimé son indignation suite à cette profanation. Il ne s'agit pas simplement d'un mémorial, mais d'une fosse commune de guerriers soviétiques dans un parc municipal. Cette profanation de la mémoire des guerriers qui ont donné leur vie pour libérer l'Europe et le monde de la peste fasciste est complètement odieuse.
Quand nous parlons, et que nous relions notre avis à des dates anniversaires, ce n'est pas juste. Peu importe en principe de quelle année il est question: d'un anniversaire ou d'un jubilé. On ne peut pas profaner la tombe de personnes qui ont volontairement donné leur vie pour que l'humanité puisse avoir un avenir.
Nous espérons que les autorités municipales prendront les mesures nécessaires pour remettre les monuments en état, empêcher que de tels actes se reproduisent, identifier les coupables de ce crime, et les traduire en justice.
Sur le reportage de la chaîne CNN concernant la prétendue ingérence de la Russie dans les élections américaines via des organisations situées au Ghana
Voici une autre nouvelle fantastique. Je comprends que les temps sont durs, mais je voudrais vous parler d'un nouveau chef-d'œuvre des investigations de CNN concernant la prétendue ingérence de la Russie dans les processus électoraux américains. Vous savez bien que nous n'avions rien de mieux à faire. Il est à présent question d'une utilisation présumée, par des structures russes sérieuses, d'ONG enregistrées dans un autre pays. Cette fois il s'agit du Ghana où auraient pu travailler des trolls bien camouflés dont l'objectif aurait été de semer la discorde parmi les électeurs afro-américains aux États-Unis. Voilà brièvement résumé le sujet du reportage de CNN.
Évidemment, c'est loin d'être le premier - ni le dernier - pseudo-reportage débordant de mythes et dépourvu de bon sens, mais c'est l'un des plus "magnifiques". Ce n'est pas non plus un hasard. C'est de la désinformation provocatrice. Comme le montre la pratique, elle est ciblée et bien payée par ses commanditaires. Il n'est pas difficile d'identifier ces derniers. C'est la réalité d'aujourd'hui, il faut le savoir.
La position russe concernant la prétendue ingérence de Moscou dans les élections américaines passées, actuelles ou futures, a été clairement exprimée par le Président de la Fédération de Russie et le Ministre des Affaires étrangères de notre pays. Difficile d'ajouter quoi que ce soit. Il est stupéfiant de constater à quel point ces investigations sont d'actualité lorsqu'il s'agit de l'une des plus grandes chaînes américaines, alors que le monde entier, États-Unis y compris, fait tout pour combattre la pandémie de coronavirus. Pour quelle raison les problèmes réels et globaux sont-ils mis en confrontations avec les menaces éphémères, pourquoi mélanger ces thèmes? On l'ignore. Pour détourner l'attention du public des problèmes réels? Trouvez des sujets plus optimistes! Des questions plus globales peuvent également être posées. Je vais suggérer à CNN quelques thèmes. Par exemple, vous pourriez préparer un bon reportage sur le fonctionnement des valeurs démocratiques et libérales aux États-Unis dans les conditions actuelles de lutte contre le coronavirus. Cela pourrait être un excellent reportage. Vous pouvez me contacter si vous avez besoin d'informations, chers collègues.
Réponses aux questions:
Question: Le journal italien La Stampa a publié un article concernant l'inutilité de l'aide russe. Que pouvez-vous dire à ce sujet?
Réponse: Nous avons déjà dit tout ce que nous pensions concernant ces publications de La Stampa. Nous souhaitons aux Italiens de la santé, de la prospérité, de surmonter cette période très difficile, que s'ouvre une époque encore meilleure qu'avant quand nous viendrons en Italie et que les Italiens viendront en Russie. Nous vous aimons effectivement, chers Italiens. Nous connaissons votre culture, nous aimons votre cuisine. Ne prêtez pas attention à toutes ces provocations. Sachez qu'en Russie vous êtes aimés et c'est la raison pour laquelle, et aucune autre, nous vous avons envoyé cette aide à un moment difficile pour nous tous. C'est tout ce que je voulais dire concernant le journal La Stampa. J'espère qu'il m'entendra.
Question: Il a été rapporté que les Américains tentaient d'imposer de force en Europe leurs compagnies fabriquant des produits médicaux pouvant être utilisés pour combattre le coronavirus. Que pouvez-vous dire à ce sujet?
Réponse: Nous pouvons dire que c'est effectivement le cas. Les représentants américains n'hésitent pas à faire pression sur leurs partenaires européens quand il est question des intérêts commerciaux des compagnies américaines - que ce soit le commerce d'hydrocarbures, de technologies, d'armements ou de médicaments. Actuellement, par exemple, cette pression politique est exercée sur la Lituanie dans le but de forcer Vilnius à acheter les tests et les moyens de protection contre le coronavirus fabriqués par la compagnie américaine Thermo Fisher Scientific Inc., et ce alors que cette compagnie n'a pas rempli son contrat conclu plus tôt avec la Lituanie cette année. Cette approche ne nous surprend plus. Je pense qu'elle ne devrait pas non plus vous surprendre. Le cynisme est devenu la norme. Washington est même prêt à profiter de la tragédie à laquelle sont confrontés aujourd'hui de nombreux pays (j'ai cité plusieurs faits aujourd'hui) en bafouant non seulement les principes de base de la coopération internationale, mais également les sentiments de solidarité avec ses alliés cadets du bloc euro-atlantique.
Question: Le Secrétaire d’État américain Mike Pompeo a averti les autorités afghanes qu'en cas de refus de conclure un accord avec les talibans, Washington pourrait retirer les troupes américaines du pays. Que pouvez-vous dire à ce sujet?
Réponse: Voici ce que nous pouvons dire à ce sujet: certains médias ont rapporté que Washington avait menacé les autorités afghanes de retirer complètement ses troupes si elles maintenaient les obstacles à l'ouverture des négociations de paix interafghanes. Il s'agit manifestement du refus de Kaboul de respecter les conditions de l'accord américano-taliban conclu à Doha le 29 février 2020, qui stipule qu'avant le début des négociations 5.000 talibans et 1.000 militaires afghans emprisonnés devront être relâchés. A l'heure actuelle, nous ne pouvons pas confirmer ou démentir cette information, mais cela témoigne une fois de plus de la nécessité de supprimer au plus vite tous les obstacles, j'en ai déjà parlé, pour lancer un processus de paix inclusif. Et la Russie a déjà appelé plusieurs fois toutes les forces politiques afghanes à le faire. Nous réitérons cet appel.
Question: Les États-Unis acceptent l'aide humanitaire venant de Russie et de Chine, mais font en même temps tout pour qu'elle ne parvienne pas à Cuba. Comme cela s'est déjà produit. Une cargaison humanitaire n'a pas été acheminée dans le pays car la compagnie de transport affrétée a été menacée de sanctions américaines. En un an, les États-Unis ont décrété plus de 300 restrictions contre Cuba. Qu'en pensez-vous?
Réponse: Une nouvelle fois, force est de constater que certains pays, en cette période difficile de lutte de l'humanité contre la pandémie de coronavirus, font preuve d'un égoïsme qui leur est propre, d'une absence totale d'humanisme, et d'un déni des valeurs humaines universelles, au lieu de renforcer la solidarité et la coopération internationales.
Tandis que Cuba tend une main d'aide en envoyant ses médecins en Italie, au Venezuela, au Nicaragua, au Salvador, dans les pays des Caraïbes, elle-même se voit refuser l'envoi d'équipements médicaux indispensables. Cela dépasse l'entendement. A cause de l'embargo américain adopté il y a presque 60 ans, La Havane ne peut pas recevoir la cargaison humanitaire de 2 millions de masques médicaux, 400.000 tests rapides et 104 appareils de ventilation artificielle des poumons préparée par le philanthrope chinois et le fondateur d'Alibaba Group Jack Ma (Ma Yun) pour 24 pays d'Amérique latine et des Caraïbes, dont Cuba. Cette grande aide a été préparée par un homme d'affaires concret, qui était prêt à la transmettre. Mais la politique est intervenue. La compagnie de transport américaine affrétée a refusé de décharger le fret humanitaire prévu pour l'île. Cela témoigne une fois de plus de la nature criminelle du système de sanctions unilatérales en général et de ces sanctions américaines en particulier, qui impactent la vie et la santé de millions de gens, les privant du droit à une aide dans ces conditions si difficiles dans leur pays.
Je voudrais noter également que tout cela se produit alors que la communauté internationale et l'Organisation mondiale de la santé (OMS), mentionnée plusieurs fois aujourd'hui, appellent à soutenir les pays touchés par la pandémie et à renoncer aux guerres commerciales et aux sanctions unilatérales adoptées en contournant le Conseil de sécurité des Nations unies, afin de garantir un accès immédiat de la population à la nourriture et aux médicaments. Malheureusement, tous les pays ne sont pas prêts à l'entendre.
Je me souviens de l'ex-président américain Barack Obama, qui s'est rendu à Cuba avec des hommes d'affaires et disait qu'il fallait être ami avec Cuba. Où est le lobbyisme aujourd'hui? Nous savons que les démocrates sont très bons en Amérique en termes de lobbyisme international. Pourquoi ne pas utiliser son amour pour Cuba et la volonté de faire passer ces relations au niveau supérieur dans cette situation concrète? Imposer via les organes législatifs (or nous savons comment les Américains imposent les différentes lois quand c'est nécessaire) la levée des sanctions unilatérales en ce moment concret. Je comprends qu'il soit plus pratique de se battre contre de prétendus "trolls" russes. De les énumérer sans cesse et d'allouer de l'argent pour cela. Mais il existe une tâche concrète pour les lobbyistes américains. Réglez-la, sauvez les gens dans la région dont vous vous occupez tant. Ou ce n'est pas écrit dans la "doctrine Monroe"?
Une fois de plus, nous les appelons à corréler leurs propres notions géopolitiques aux besoins réels des millions de gens.
Question: Une question concernant les élections du 31 mars dans le Haut-Karabakh.
Le 31 mars, une "élection présidentielle" s'est tenue dans la région autoproclamée du Haut-Karabakh. Elle s'est déroulée à une période où le monde entier se bat contre la pandémie de coronavirus. Le second tour de "l'élection" est prévu ce 14 avril. Que peut dire le Ministère russe des Affaires étrangères concernant le déroulement de cette "élection"?
Réponse: Nous faisons remarquer qu'au sujet de l'élection du 31 mars dans le Haut-Karabakh a été publiée une déclaration des coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE pour le Haut-Karabakh, dont font partie des représentants de la Russie, des États-Unis et de la France. Vous pouvez la consulter sur le site officiel de l'OSCE (www.osce.org).
Nous partons du principe que les élections sont nécessaires pour garantir une activité normale de la population. En même temps, la Fédération de Russie ne reconnaît pas le Haut-Karabakh en tant qu’État indépendant. Son statut doit être déterminé par les négociations politiques, et c'est précisément ce que fait le Groupe de Minsk de l'OSCE (sur l'ensemble des problèmes).
En même temps, nous ne pensons pas que le déroulement du processus de paix dépende de l'événement mentionné.
C'est ainsi que je voudrais le commenter. Je souligne que ce n'est pas une initiative, c'est une réponse à la question posée.
Question: Pouvez-vous commenter l'information apparue dans la presse selon laquelle l'administration du Président américain Donald Trump aurait l'intention d'inscrire sur la liste des organisations terroristes l'organisation nationaliste Mouvement impérial russe implantée en Russie? Les autorités américaines ont l'intention de reconnaître que l'organisation et ses trois leaders présumés prônent la supériorité de la race blanche.
Réponse: Nous avons pris connaissance de la déclaration du Département d’État américain, qui a visiblement été préparée en prenant le temps puisqu'il n'y a pas d'autres problèmes à l'ordre du jour. Il s'agirait d'inscrire cette structure et ses dirigeants sur la liste américaine des organisations terroristes. Étant donné que Washington n'a apporté aucune argumentation claire et détaillée de sa décision, cela a donné l'impression qu'elle était destinée avant tout à un effet propagandiste extérieur et avait peu à voir avec la tâche réelle de la lutte conjointe contre le terrorisme international. En témoigne la réticence des autorités américaines à utiliser en l'occurrence les mécanismes en place de dialogue antiterroriste bilatéral et de coopération entre les renseignements.
Compte tenu de la russophobie de l'establishment de Washington (du moins d'un certain segment), il ne faut pas s'étonner qu'une structure russe peu connue ait obtenu le statut de "premier groupe terroriste étranger de partisans d'idées d'une suprématie de la race blanche" frappé par des restrictions américaines.
Je voudrais conseiller aux autorités américaines de prêter attention sur la situation dans leur propre pays concernant cette thématique. Le slogan "le monde attendra" est particulièrement d'actualité. Les militants internationaux des droits de l'homme tirent la sonnette d'alarme depuis des années concernant la propagation des idées néonazies aux États-Unis, où il n'existe aucune interdiction législative dans ce domaine. Ils y constatent une montée en puissance du racisme, de la xénophobie, de l'intolérance ethnique et religieuse. Mais les autorités refusent de le voir. Chaque année, avec Kiev, Washington vote contre le projet de résolution de l'Assemblée générale des Nations unies sur la lutte contre la glorification du nazisme initié et élaboré par la Russie, largement soutenu et reconnu aujourd'hui dans le monde entier.
Le Ku Klux Klan et plus de mille organisations de haine agissent ouvertement aux États-Unis, sachant que leur nombre a augmenté d'un tiers depuis 2014. Le nombre de meurtres et de crimes violents haineux augmente. Les statistiques détaillées et vraiment choquantes des ONG des droits de l'homme et du Conseil des droits de l'homme de l'Onu sont citées dans la rubrique américaine du Rapport du Ministère russe des Affaires étrangères du 7 avril 2020 sur la situation des droits de l'homme dans les différents pays.
De notre côté, nous appelons depuis des années les collègues américains à un vrai dialogue constructif de partenariat afin d'empêcher toute manifestation d'extrémisme et de xénophobie. Nous sommes également disposés à la coopération la plus efficace possible dans la lutte contre le terrorisme international. Cependant, nous avions depuis longtemps des interrogations concernant les motivations des États-Unis quand ils inscrivent certaines organisations sur leurs "listes noires". Vous le savez, Washington a longtemps refusé d'y inscrire le groupe Daech. Je trouve qu'il méritait qu'on y prête attention. Mais Washington espérait que cette structure serve pour combattre les autorités légales de la Syrie. Il possède une expérience en ce sens, notamment sur l'exemple de l'Afghanistan, pour la création, la "domestication", puis l'exploitation de groupes terroristes. Mais les erreurs du passé ne sont pas un dogme, et Washington ne les analyse pas parce que les organisations "domestiquées" portent atteinte à leurs créateurs lorsqu'il s'agit de structures terroristes extrémistes.
Nous pensons que dans la lutte contre le terrorisme il n'y a pas de place pour les doubles standards, or, malheureusement, la politique américaine en est imprégnée.
Merci pour cette question, le Financial Times. Vous pouvez en poser d'autres.
Question: Quand sont prévues, en 2020, les inspections bilatérales dans le cadre du Traité START, ainsi que la réunion de la commission consultative bilatérale? Peut-on envisager le report de ces activités au vu de l'épidémie de coronavirus?
Réponse: Ce sujet a déjà été commenté par le vice-Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov.
En particulier, il a déclaré: "La décision de suspendre temporairement les inspections dans le cadre du START, ainsi que la décision de reporter la réunion de la commission consultative bilatérale prévue pour la seconde moitié de mars, a été prise sur accord des parties. Cet accord a été dûment conclu, il est de nature politique. Après la normalisation de la situation l'action institutionnelle normale sera rétablie.
En ce qui concerne la commission consultative bilatérale, sa réunion plénière est prévue cet automne. Ce sera la dernière réunion si le traité n'est pas prolongé.
Nous profitons de l'occasion pour rappeler à l'administration américaine la nécessité de se pencher enfin sur la prolongation du START.