Déclaration de S.V.Lavrov, Ministre des affaires étrangères de la Russie, à la conférence de presse pour les médias russes et étrangers à propos de la situation en Ossétie du Sud
S.V.Lavrov: Aujourd'hui, le Président D.A.Medvédev a fait la déclaration à propos des événements, qui se passent en Ossétie du Sud. La situation s'y aggrave toutes les heures. La partie géorgienne, comme vous pouvez voir sur les écrans des télés, utilise les armes lourdes, le matériel lourd et a, en fait, déclenché l'agression contre le peuple sud-ossète. Elle mène un feu fourni sur les quartiers résidentiels tant de Tskhinvali que des autres localités, y compris en-dehors de la zone du conflit sud-ossète. Le convoi russe avec l'aide humanitaire a été bombardé. Sont venues les informations sur les purges ethniques dans les villages de l'Ossétie du Sud. La population est prise de panique, le nombre des réfugiés augmente, ils cherchent à sauver leurs vies, les vies de leurs enfants, parents et proches. Une catastrophe humanitaire approche. La partie géorgienne a ignoré l'appel de la résolution de l'Assemblée Générale de l'ONU de respecter «la trêve olympique» pendant l'Olympiade de Pékin.
Tout cela est confirmé par nos nombreuses et faites depuis longtemps mises en garde de la communauté internationale sur le besoin de faire enfin attention et cesser le laxisme à l'égard des achats en masse des armes offensives, ce que la partie géorgienne avait fait pendant les dernières années. Maintenant nous voyons, que l'administration géorgienne a trouvé l'utilisation de ces armes et de ces commandos, qui avaient été formés avec l'aide des moniteurs étrangers. Nous sommes révoltés par le fait, qu'en souffrent les citoyens russes, y compris les pacificateurs russes, qui, au risque de leur vie, ont toutes ces années maintenu une paix approximative, mais paix quand même, dans la zone du conflit sud-ossète. Et le fait, que les pacificateurs géorgiens, qui font partie de la force de pacification mixte, aient ouvert le feu sur leurs collègues russes du contingent conjoint, est, je pense, explicite.
Peut-être que tous ont maintenant compris, pourquoi la partie géorgienne avait si obstinément, depuis plusieurs mois, rejeté notre proposition insistante de signer un document légalement contraignant sur le non-usage de la force pour régler le conflit sud-ossète, tout comme, d'ailleurs, elle avait rejeté et continue de rejeter la signature du document analogue en ce qui concerne le conflit abkhaze. Récemment – avant le déclenchement des hostilités en Ossétie du Sud, le Président de la Géorgie M.Saakachvili avait dit, qu'exiger de lui de signer un document pareil n'avait pas de sens, puisque la Géorgie n'use pas la force contre son propre peuple. Mais maintenant, on voit que si. Et tout cela met grandement en cause la consistance de la Géorgie en tant qu'état et membre responsable de la communauté internationale.
Civils, femmes, vieillards, enfants continuent de mourir en Ossétie du Sud. Nombre d'entre eux sont citoyens de la Russie. Le Président de la Fédération de Russie a aujourd'hui souligné sans équivoque, que la Russie n'admettra pas la mort impunie de ses compatriotes, et que la vie et la dignité de nos citoyens, où qu'ils se trouvent, seront défendues en conformité avec la Constitution de la Fédération de Russie, en conformité avec les lois de la Russie. Le Président de la Géorgie déclare des écrans de la télé sa résolution de poursuivre ce qu'il avait commencé. Cela ne se fait pas que sur le fond du drapeau géorgien, mais sur le fond de celui de l'Union Européenne. Je pense, que nos collègues européens, nos collègues américains, qui ces dernières semaines sont restés en contact actif avec nous et, si nous comprenons bien, ont fait des pas pour éviter le passage de cette situation en phase chaude, comprennent ce qui se passe. J'espère beaucoup, qu'ils en tireront des conclusions correctes. Nous avons entendu dire, que le ministre du Gouvernement géorgien monsieur Yakobachvili avait dit, que la Russie devait intervenir comme un vrai pacificateur. Je vous assure, que c'est ce que nous sommes en train de faire.
Je voudrais aussi vous informer, qu'aujourd'hui, le Président de la Russie a chargé le Gouvernement de prendre des mesures d'urgence pour accorder l'aide humanitaire aux réfugiés et aux autres civils, qui se sont retrouvés en péril. Et nous essaierons de leur accorder toute sorte d'assistance.
Répondant à la question du représentant des médias à propos de la déclaration des autorités géorgiennes concernant les soi-disant avions russes, abattus en Ossétie du Sud :
S.V.Lavrov: Je ne veux pas commenter les déclarations décrivant la situation, faites par l'administration géorgienne. L'administration géorgienne ne jouit d'aucune confiance concernant les pour ainsi dire faits, qu'elle cite. A la place des autorités géorgiennes, au lieu de compter les chars et avions d'autrui, je ferais mieux de compter leurs propres chars, qui étaient entrés dans Tskhinvali, et leurs propres avions, qui bombardent les hôpitaux, les maisons d'habitation et les localités, y compris Djava, où femmes et enfants, qui avaient fui Tskhinvali, ont essayé de trouver leur salut.
Le 8 août 2008