Extrait de la conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 20 juillet 2023
Sur la crise ukrainienne
Avant-hier, le 18 juillet, à l'issue de la quatorzième réunion du Groupe de contact pour le soutien à la défense de l'Ukraine au format Ramstein, les États-Unis ont annoncé un nouveau paquet d'aide militaire à l'Ukraine d'un montant de 1,3 milliard de dollars. Le régime de Kiev recevra des systèmes de défense aérienne, des drones kamikazes, des dispositifs de lutte contre les drones, une quantité importante de munitions et d'autres types d'armements.
Le même jour, le président du Comité conjoint des chefs d'état-major des forces armées des États-Unis, Mark Milley, a été franc lors d'une conférence de presse au Pentagone. Il a déclaré que les parrains occidentaux avaient soigneusement planifié la contre-offensive des forces armées ukrainiennes.
Il serait conseillé à l'administration américaine de coordonner les déclarations de ses représentants. Nous entendons régulièrement la Maison Blanche dire qu'ils ne sont pas impliqués dans ce que fait Kiev sur les champs de bataille, non seulement en ce qui concerne les forces armées, mais aussi la population civile. Cependant, Mark Milley a un point de vue différent. Selon lui, les États-Unis ont préparé 17 brigades de plus de 63.000 soldats. Cependant, ces forces n'étaient pas suffisantes pour le régime de Kiev pour rapporter, de préférence au sommet de l'Otan, de "nouvelles victoires", qu'il a promises à ses maîtres en demandant de plus en plus d'aide. La situation actuelle sur le théâtre des opérations militaires ne les satisfait clairement pas. Désormais, on exige du régime de Vladimir Zelenski de justifier les fonds qui lui ont été alloués et de continuer à tout prix sa contre-offensive suicidaire. Mark Milley déclare ouvertement qu'elle n'est pas terminée et sera, je cite, "lente, difficile et sanglante".
D'après vous, quel devrait être le régime à Kiev qui sera complètement docile envers ses commanditaires, qui transformeront sa vie en une existence lente, difficile et sanglante?
Le 18 juillet dernier, le ministre britannique de la Défense Ben Wallace a reconnu que l'Ukraine était devenue pour l'Occident un "laboratoire de guerre" du XXIe siècle. Il semble que Londres considère les citoyens de ce pays comme des "souris de laboratoire" ou des "cobayes" et les traitent comme des "matières consommables", exigeant des actions plus décisives sur le champ de bataille.
Cependant, le régime de Kiev, mis en place par l'Occident, répond de la même manière qu'il répond habituellement à ses propres slogans nazis. Ils affirment être prêts à mettre à disposition leur territoire pour des essais d'armes occidentales (et pas seulement nouvelles). Nous avons à plusieurs reprises cité des représentants du régime de Kiev qui appellent à tester de nouvelles armes. Non pas sur un champ de tir, mais sur tout le territoire de l'Ukraine. Et qui plus est, sur les Ukrainiens eux-mêmes.
Tout cela montre que les Anglo-Saxons jouent un rôle de catalyseur de la crise ukrainienne et favorisent son escalade. La mort de civils et les lourdes pertes des forces armées ukrainiennes ne peuvent pas les arrêter. Il est facile pour les généraux américains et britanniques de faire la guerre en sacrifiant un autre peuple. En somme, le sort de l'Ukraine leur est profondément indifférent. Ils n'ont qu'une chose en tête: la "défaite stratégique" de la Russie.
Dans la nuit du 16 au 17 juillet, le pont de Crimée a été victime d'une autre attaque terroriste par deux drones ukrainiens. Des civils sont morts - Alexeï et Natalia Koulik, alors que leur fille Angelina, 14 ans, a été gravement blessée.
Je vais parler de la réaction de la communauté internationale et du régime de Kiev. Imaginez, Kiev a admis avec fierté son implication dans cette attaque. Avez-vous vu comment a réagi la société malade du nazisme? Après la tragédie de la famille Kulik, ils ont proposé à la fille blessée, qui a vu ses parents mourir de ses propres yeux, qui a été ensevelie sous les débris de la voiture et les corps de sa mère et de son père, de venir au camp pour enfants Azovets. Ils ont commencé à se moquer ouvertement d'Angelina, à l'inviter à "venir chez eux" et ont même promis de lui trouver des parents "normaux", selon eux - des nazis ukrainiens.
Nous ne sommes plus surpris ou choqués par cela. Nous en parlons depuis des années, des décennies. Nous appelons la communauté internationale à regarder ceux que l'Occident a "nourris", armés et idéologiquement préparés pour répéter le sort d'organisations déjà interdites en Russie (telles que Daech, Al-Qaïda et d'autres).
La réaction à ce meurtre brutal de la part de ce prétendu établissement pour enfants est une histoire à part. Ce n'est pas un secret que l'Ukraine a mis en place un système d'éducation des mineurs dans l'esprit de la "Jeunesse hitlérienne", y compris des camps fascistes pour les bataillons nationaux où les enfants sont formés à utiliser des armes, à haïr les gens d'autres nationalités, à propager l'exceptionnalité de la nation ukrainienne et à leur apprendre à se réjouir du meurtre de Russes, y compris des civils. Il suffit de tuer les Russes, qui qu'ils soient. C'est une autre facette de l'essence nazie du régime de Kiev.
Notez la réaction de la communauté internationale. Après tout, personne n'a remarqué ni l'attaque, ni les civils tués, ni la fille qui a vécu un enfer sur terre. Ils traversaient simplement le pont. Je rappelle que l'Occident prend généralement des histoires bien moins graves que celle-ci, tant en termes d'horreur que de tragédie, et en fait de véritables campagnes d'information. Mais seulement si ces images servent leurs idéologies. Si quelque chose commence à ne pas correspondre à leur vision du monde, le sort des enfants ne les intéresse pas. Ils ne s'y intéressent que lorsqu'ils peuvent, une fois de plus, s'en prendre à la Russie - inventer un mythe, une fausse histoire, un prétexte pour en parler et condamner. Alors qu'ils pourraient simplement exprimer leur sympathie et dire qu'il ne faut pas agir ainsi, parce que des civils meurent et que des enfants souffrent. L'Occident n'a aucun sentiment ni émotion. De la froideur et même du dégoût, parce que ce ne sont pas les bons enfants, ils n'appartiennent pas aux "exceptionnels", au "beau jardin", aux "cygnes blancs" auxquels ils s'identifient. C'est une catastrophe pour l'humanité, quand un grand nombre de personnes (politiciens, activistes sociaux, journalistes) se comportent ainsi, au moment même où il est nécessaire de faire preuve de compassion.
Le 16 juillet 2023, le porte-parole de l'armée de l'air des forces ukrainiennes, Iouri Ignat, a déclaré que Kiev déployait délibérément des systèmes de défense aérienne à proximité de ses quartiers résidentiels. Nous avons entendu les mêmes déclarations en marge du sommet de l'Otan, lorsque des représentants ukrainiens, apparemment pour montrer comment ils servent l'Occident, parlaient de ça. Voici une autre déclaration. Selon Iouri Ignat, loin des quartiers résidentiels, ces systèmes dans leur état actuel ne peuvent pas fonctionner. En fait, il a confirmé que des combattants ukrainiens se cachaient délibérément derrière des civils en utilisant les pratiques et les méthodes de groupes terroristes.
Je voudrais dire quelques mots sur l'attitude du régime de Kiev envers la péninsule de Crimée. Kiev se forge des chimères de "rendre la Crimée à l'Ukraine" et continue à faire des projets pour son "développement ultérieur" (comme ils l'appellent). Pour accroître l'attractivité économique de la péninsule, il est proposé d'y cultiver des stupéfiants à une échelle telle qu'ils puissent être exportés vers d'autres pays à l'échelle industrielle.
À propos du développement économique et du profit. La Crimée représente un potentiel touristique et balnéaire fantastique. Après tout, nous avons vu de nos propres yeux l'état de la Crimée en 2014. Pourquoi alors les "dirigeants" de Kiev n'ont-ils pas jugé nécessaire de profiter de ce qui est la nature de la Crimée - sa nature, sa géographie, son climat? Pour quelle raison rien n'a été fait: les aéroports, les nouvelles routes, les infrastructures touristiques n'ont pas été construits? Et pourquoi tout cela n'était pas développé? Parce qu'il s'agissait d'un "génocide rampant": faire quelque chose, en quelque sorte, pour empêcher le développement des territoires où vit la population russophone, qui s'associe à l'histoire, à la culture et au patrimoine de la Russie. Tout a été fait pour faire souffrir ce territoire. Quand ils ont vu comment, à partir de 2014, après la manifestation de la volonté des Criméens, l'île a vraiment commencé à vivre, à respirer, une méchanceté inhumaine a fait surface. Comment ça, les gens reçoivent la possibilité de réaliser tout ce qu'ils ont (terrains, potentiel de villégiature)?
Dans le même temps, le régime de Vladimir Zelenski a toujours l'intention de "nettoyer" la Crimée des personnes étrangères à l'Ukraine, principalement des Russes. On veut les soumettre à une répression massive et à la déportation. Les chiffres sont donnés d'un million à 800.000 personnes. Les Ukrainiens "autochtones" seront inclus dans les "listes noires". Il s’agit en premier lieu des Criméens qui "collaboraient avec les autorités russes".
L’arbitraire, des représailles et des champs de marijuana - un tel avenir est préparé pour la Crimée par les néonazis ukrainiens et leurs inspirateurs idéologiques occidentaux. Pensez-vous que ce sont des contes de fées? Tout ce dont nous avons parlé, y compris la légalisation des stupéfiants, est déjà une réalité en Ukraine. Et il y a trois-quatre-cinq-six-sept-huit ans, lorsque nous avons non seulement prévu cela, mais l'avons analysé, prédit où allait l'"européanisation" de l'Ukraine. Ils se sont moqués de nous et ont dit que tout cela n'était que de la propagande, du mensonge. Est-ce un mensonge? Après tout, tout s'est réalisé. Heureusement, la péninsule est sous la protection des forces armées russes. Je voudrais vous rappeler qu'avant la réunification avec la Russie en 2014, une atmosphère d'ignorance absolue et de refus de développer tout ce qui existait là-bas régnait en Crimée de la part du régime de Kiev. Il semble être son propre territoire du point de vue des autorités officielles de Kiev. Mais vous n'avez pas besoin de le développer. Ensuite, cette logique a été exprimée par l'ancien président ukrainien Piotr Porochenko uniquement à l'égard des habitants du Donbass. Il a dit qu'ils souffriraient tous et vivraient dans des caves, et que les habitants qui prêteraient serment d'allégeance aux autorités de Kiev, nommées par l'Occident, prospéreraient. Il en va de même pour le territoire de la Crimée. Au fil des ans, une percée colossale a été réalisée - des autoroutes ont été construites sur le territoire de la péninsule, les hôtels et les sanatoriums ont été réparés, un nouvel aéroport a été construit à Simferopol, un pont unique de Crimée a été construit, qui, du point de vue du régime de Kiev, n'aurait jamais dû être construit. Ils disaient que c'était "des fantaisies de Moscou". C'est la Russie qui a fait tout cela pour le développement de l'économie et du tourisme.
L'Ukraine ne peut que détruire. Pas le pays Ukraine, qui est lui-même détruit, mais le régime de Kiev. Cela a été prouvé une fois de plus le 17 juillet 2023 lors des attaques contre le pont de Crimée - une infrastructure purement pacifique. Et quelques jours plus tard, le 19 juillet, selon la déclaration du chef de la Direction principale du renseignement du ministère ukrainien de la Défense, Kirill Boudanov, la Direction principale du renseignement et les forces armées ukrainiennes ont provoqué un incendie dans le district de Kirov en Crimée, à cause duquel un tronçon de l'autoroute Tavrida a été bloqué.
On ne traite pas comme ça "les siens". Décidez-vous, que pensez-vous de la Crimée? Comme un territoire qui appartient à qui? Il était le vôtre en quelque sorte? Mais on ne traite pas "les siens" comme ça. Ou comme un territoire de génocide rampant? À mon avis, le second. Il est évident. Les méthodes terroristes sont devenues monnaie courante pour le régime de Kiev, et les terroristes les plus odieux de l'histoire pourraient en "envier" l'ampleur.
Un autre sujet lié aux horreurs qui se produisent sous le régime. Kiev continue de se moquer des prêtres de l'Église orthodoxe ukrainienne. Le vicaire de la laure des Grottes de Kiev le métropolite Paul, malgré une grave maladie, a été placé la semaine dernière dans un centre de détention provisoire. En fait, de telles actions équivalent à l'utilisation de la torture.
Une caution exorbitante a été fixée, en vertu de laquelle le prêtre pourrait être libéré pendant l'enquête - 33 millions de hryvnias, ce qui correspond à près de 80 millions de roubles. C'est un montant pour des oligarques mondiaux. De plus, les autorités n'ont même pas donné aux personnes qui sympathisent avec l'évêque la possibilité de l'aider. Le compte pour recueillir des dons pour la caution a été bloqué.
Il existe une comparaison illustre. Elle est pertinente et il faut s'en rappeler. La caution d'un criminel de la région de Transcarpatie, accusé d'avoir vendu de jeunes enfants "pour des organes", s'élevait à... Combien pensez-vous? 1 million de hryvnia. C'est 33 fois moins que la caution d'un ecclésiastique. Pouvez-vous imaginer? Un pédophile ou une personne qui est pire qu'un pédophile qui vendait des enfants "pour des organes", bien que tout soit terrible ici, ils étaient prêts à le libérer sous caution de 1 million de hryvnias. Que pensez-vous qu'il lui est arrivé? La caution a été facilement déposée, et l'accusé d'un crime grave se promène depuis longtemps en liberté, à la recherche de nouvelles victimes. Et le métropolite Paul - pour 33 millions de hryvnias. Ces 33 millions sont 30 pièces d'argent. Étonnamment, mais c'est le cas. Une autre confirmation de la nature satanique du régime de Kiev. Une analogie avec l'histoire biblique se présente, lorsque le Christ a été crucifié et que le meurtrier Barabbas a été libéré. C'est ainsi que l'histoire se répète.
La situation d'accusation et d'intimidation du hiérarque de l'Église orthodoxe ukrainienne est une autre preuve de violations à grande échelle des droits de l'homme et de la liberté de religion, selon les termes juridiques internationaux généralement acceptés. D'une manière simple et humaine, il s’agit de l'arbitraire absolu, de l'anarchie et, bien sûr, du satanisme. Où est l'Occident, qui publie chaque année des rapports accusateurs contre ceux qui persécutent les représentants de divers mouvements religieux? Il semblerait que voici votre chance de faire une déclaration. Il n'y a rien sur ce point. Ils ne voient pas, ils n'entendent pas, ils ne remarquent pas.
Nous n'excluons pas que la persécution du clergé orthodoxe fasse partie de la campagne de Kiev visant à piller et à transférer les valeurs et reliques culturelles ukrainiennes vers l'Occident. Beaucoup d'entre elles sont conservées dans des églises et des monastères de l'Église orthodoxe ukrainienne, y compris à l'intérieur des murs de la laure des Grottes de Kiev. Le métropolite Paul était un obstacle à la mise en œuvre de tels plans.
Permettez-moi de vous rappeler qu’il s’agit de 16 pièces de musée uniques du Musée national d'art de Kiev Bogdan et Varvara Khanenko ont déjà été emmenés en France. Nous en avons parlé. Les médias français ont annoncé des expositions d'œuvres d'art de sept autres musées ukrainiens. Pensez-vous qu'ils seront renvoyés en Ukraine ? Bien sûr que non. Selon le directeur adjoint du musée Khanenko Elena Jivkova, "l'objectif de l'Ukraine est de transférer autant d'expositions que possible aux musées de Pologne, d'Allemagne, de Lituanie et de France". Rien d'étonnant. Après tout, ce "gouvernement" de Vladimir Zelenski et tous ceux qu'ils ont "nommés" aux postes administratifs ont été amenés par l'Occident. Un tel prix, une telle commande. Ils la mettent en œuvre. La terre, la terre noire ukrainienne y a déjà été emportée. Maintenant c’est au tour de l'art et des reliques chrétiennes.
La semaine dernière, les forces armées ukrainiennes ont continué de frapper des sites pacifiques des localités des nouvelles régions de Russie, démontrant une fois de plus que le régime traitait longtemps leurs habitants non pas comme leurs compatriotes, mais comme leurs pires ennemis, et cherchait littéralement à débarrasser le territoire de leur présence.
Les 14 et 15 juillet 2023, des quartiers résidentiels de la ville d'Ougledar, dans la région de Kherson, ont été frappés à plusieurs reprises, notamment avec des munitions incendiaires. En conséquence, quatre habitations et des véhicules civils ont été détruits. Des preuves vidéo sont apparues dans les médias. Le 14 juillet 2023, des combattants ukrainiens ont tiré sur une voiture avec des civils près de la ville de Ougledar. Après le crime qu'ils ont commis, ils ont essayé de cacher ses traces en poussant la voiture avec les morts hors de la route. Où est tout le monde? Où est le secrétariat de l'ONU, qui suivait de si "près" la trajectoire de vol du missile nord-coréen? Qui prétendument, selon le Secrétariat lui-même, est tombé dans la zone économique spéciale de notre pays. Nous publions officiellement ces données. C'est une bonne raison pour cette enquête du Secrétariat de l'ONU.
Les forces armées ukrainiennes ont lancé une frappe d'artillerie sur le quartier Kouïbychevski de Donetsk, qui a déclenché un incendie dans un immeuble. Il y a des enfants parmi les victimes. Après les frappes des combattants ukrainiens du district Tchervonogvardeïski de Makeïevka, une femme est décédée des suites de ses blessures.
Ce ne sont que quelques faits de la liste des crimes commis par les forces armées ukrainiennes au cours des derniers jours. Le Comité d'enquête de Russie enquête sur tous les faits de bombardement par des nationalistes ukrainiens de la population civile. Les criminels seront punis.
Les faits ci-dessus et tout ce qui reste en dehors de l'attention publique confirment l'importance des objectifs de l'opération militaire spéciale pour démilitariser et dénazifier l'Ukraine et éliminer les menaces à la sécurité de la Russie et de ses citoyens émanant de son territoire. Il est maintenant clair qu'il s'agit d'une menace pour la sécurité du continent européen et du monde dans son ensemble. N'oubliez pas qu'ils tirent aussi sur des sites nucléaires.
Extrait des réponses aux questions :
Question:L'autre jour, une nouvelle initiative a été annoncée au sein de l'UE en vue de créer un fonds spécial (qui s'ajouterait à la Facilité européenne pour la paix déjà existante) destiné à fournir aux forces armées ukrainiennes un volume de financement de 20 milliards d'euros au cours des quatre prochaines années. Que pensez-vous de cette initiative ?
Réponse: Les médias nous ont appris que ces discussions étaient en cours au sein de l'UE. Le sujet sera abordé lors de la prochaine réunion du Conseil de l'Union européenne au niveau des ministres des affaires étrangères. Si cette décision insensée est prise, cela signifiera de nouveaux investissements massifs pour prolonger les combats en Ukraine. D'un autre côté, ils affirment que c'est leur objectif. L'UE et ses pays ont déjà dépensé 15 milliards d'euros en livraisons d'armes. En augmentant ce montant, ils pourraient "acquitter" la dette nationale des États-Unis. Tout le monde se féliciterait même s’ils sortaient les États-Unis du gouffre de la dette. Mais aujourd'hui, cet argent est dépensé en équipements militaires, avec l'aide desquels les forces armées de l’Ukraine tuent des civils et détruisent des infrastructures civiles tous les jours. L'UE a acheminé les fonds nécessaires à la fois par des canaux bilatéraux et par le biais de la Facilité européenne pour la paix, qu'il serait plus juste d'appeler "facilité pour la guerre".Bien entendu, cette politique des dirigeants actuels de l'UE n'a rien à voir avec le souci de la sécurité et de la stabilité en Europe, et ne le peut d'ailleurs pas. Il s'agit d'un cynisme flagrant. Nous faisons face à une terrible réalité qui est absolument détachée de la morale – les "stratèges" européens, qui ont perdu la tête à cause de leurs ambitions militaristes, comme le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, essaient de forcer les citoyens des pays de l'UE à payer de leur poche quatre années supplémentaires d'effusion de sang. L'UE n'envisage même pas de canaliser des fonds appropriés vers les pays en développement qui en ont besoin. Bien qu'elle parle de sécurité alimentaire en particulier. Quoi de plus simple ? Si vous voulez sauver le monde des pénuries alimentaires, fournir des produits agricoles à ceux qui en ont besoin – prenez cet argent, achetez de la nourriture, payez le transport et l'assurance et livrez-la.
Tout cela confirme que l'Ukraine et sa population n'intéressent l'UE qu'en tant que terrain d'essai pour une guerre hybride avec la Russie. Les ambitions géopolitiques hégémoniques relèvent du néo-impérialisme, de sorte que les bénéfices de cette aventure et des livraisons d'armes sont également tirés par des entreprises privées. Tout cela est déclaré comme de "nouvelles valeurs" et l'UE en est apparemment la gardienne. Les conséquences environnementales de ces actions ne sont pas mesurables. Bien que l'environnement, tout comme la sécurité alimentaire, soit l'un des sujets qui tourmentent l'UE. Toutefois c’est plus compliqué qu’inviter Greta Thunberg à des conférences ; dans ce cas il faudrait prendre un stylo et une feuille de papier et déterminer la partie de ce budget de 15 milliards qui a été dépensée pour détruire le système de la région et estimer le coût de sa reconstruction. De même, ils n'analysent pas ce qu'il adviendra des armes qui entrent aujourd'hui massivement sur le marché noir de l'armement. Ce sont des armes illégales, parce que de nombreuses livraisons n'atteignent même pas le régime de Kiev, et encore moins les champs de bataille. Elles se retrouvent simplement entre les mains de revendeurs et tombent ensuite entre les mains de terroristes et d'extrémistes. Cela entraînera une augmentation de la menace terroriste et extrémiste sur le continent. L'UE s'éloigne complètement des principes sur lesquels elle a été construite en tant que projet d'intégration européenne. Tout a été bafoué : les entreprises sont contrôlées, la liberté d'expression a été supprimée, la corruption est à son comble. Tout ce qui est présenté comme des valeurs n'est pas respecté, et les antivaleurs sont mises sur un piédestal. Tout cela se transforme en une sorte de "flop".
Il n'est pas difficile de prédire que les États d'Europe de l'Est, notamment la Pologne et les États baltes, qui sont particulièrement intéressés par les subventions de l'UE, tenteront également de tirer profit du conflit en surfacturant les armes obsolètes et mises au rebut, fournies à l'Ukraine. Nous sommes bien conscients de l'existence de ces combines "démocratiques" douteuses dans les pays de l'UE. Nous en avons parlé à de nombreuses reprises. De même que de la volonté d'utiliser les hostilités en Ukraine pour maximiser les profits des entreprises militaro-industrielles. Et nous ne sommes pas les seuls. Les médias occidentaux eux-mêmes en parlent.
Les nouvelles livraisons d'armes lourdes et de longue portée, d'armes à sous-munitions et d'obus à l'uranium appauvri seront un facteur important pour prouver l'implication de l'UE et de ses États membres dans le conflit.
Il y a peu, j'ai accordé un entretien à un média étranger à la veille du sommet de l'Otan. La question posée avec insistance était la suivante : l'Otan et les pays du bloc sont-ils parties au conflit ? Comment la Russie qualifie-t-elle cela ? Comment voulez-vous que nous réagissions sachant que l'argent, les armes, les instructeurs, les renseignements, le soutien politique ne sont pas seulement fournis, mais planifiés des années à l'avance ? Cela ne peut être qualifié que de participation directe. Les politologues ou les juristes devraient peut-être préciser : quelle est la différence entre une participation indirecte et une participation directe ? Dans ce cas, nous confirmons une fois de plus, faits à l’appui : ces actions qualifient l'ensemble des activités de l'Occident et, en particulier, de l'Union européenne, de guerre hybride contre notre pays.
Surtout si les armes et l'équipement militaire transférés par les manipulateurs occidentaux au régime de Kiev doivent être utilisés contre des civils, des infrastructures civiles et le territoire de la Fédération de Russie. L'un des principes fondamentaux de l'utilisation d'armes contre les civils a été absolument bafoué par l'Union européenne. Il ne fait aucun doute que les bombardements du pont de Crimée ont lieu précisément grâce à l'assistance et aux fournitures en provenance des pays occidentaux. Il ne s'agit pas seulement de bombardements, mais aussi d'autres actes de sabotage, d'attaques terroristes et d'actes d'extrémisme.
La Russie mettra tout en œuvre pour garantir de manière fiable son intégrité territoriale et la sécurité de ses citoyens et pour veiller à ce que toutes les personnes impliquées dans des crimes de guerre et des attaques terroristes contre notre pays et ses citoyens soient traduites en justice.
On nous demande souvent si nous disposons de données précises indiquant que tel drone ou telle partie d'un obus ont été fournis par les pays de l'Otan et de l'UE. Nous disposons de ces données. En outre, nous avons rendu publics les numéros de série, les données factuelles, les photographies. Le noyau du problème est pourtant différent : le renseignement et le ciblage sont effectués par les pays occidentaux par le biais de leurs satellites, de leurs équipements de reconnaissance et de leurs "instructeurs". En réalité, ce sont eux qui dirigent le régime de Kiev, y étant "en service commandé" pour le compte des pays occidentaux. Qu'est-ce qu'il y a à dire ? Les pays occidentaux sont directement responsables de toutes les activités criminelles du régime de Kiev.
Question: Le président turc Recep Tayyip Erdogan a récemment déclaré que la Russie quitterait le Haut-Karabakh en 2025 et que cela était stipulé par des accords trilatéraux entre Moscou, Erevan et Bakou. Que pensez-vous de cette déclaration ?
Réponse: Je voudrais rappeler qu'Ankara n'est pas partie à la déclaration des dirigeants de la Russie, de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan du 9 novembre 2020. C'est sur la base de ce document que le contingent russe de maintien de la paix a été déployé dans la zone de conflit du Haut-Karabakh et ce document définit clairement les conditions du séjour du contingent dans la région et les paramètres de son éventuelle prolongation pour la prochaine période de cinq ans.
Les forces de maintien de la paix russes continuent de jouer un rôle stabilisateur important dans le Haut-Karabakh. Leur principale fonction est de maintenir le cessez-le-feu et l’arrêt des hostilités. Compte tenu de la situation toujours tendue dans la région, leurs activités sont encore plus demandées aujourd'hui. Le maintien de la paix dans le Caucase du Sud est dans l'intérêt de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie, ainsi que des acteurs régionaux, y compris la Turquie. À cet égard, nous notons l'interaction bien coordonnée avec nos partenaires turcs dans le cadre du Centre conjoint russo-turc dans le district d'Aghdam.
Question: Pourriez-vous commenter le refus de la Cour européenne des droits de l'homme d'examiner la requête de la Russie contre l'Ukraine, déposée le 22 juillet 2021, en faisant référence au fait que les autorités russes n'ont pas répondu aux nombreuses demandes de la Cour ?
Réponse: Il s'agit d'un nouveau "chef-d'œuvre" de la Cour européenne des droits de l'homme. Il y a une expression : cela ne vaut pas le papier sur lequel c'est écrit. Je ne peux pas qualifier de document cet "ouvrage" qui devrait être considéré comme un recueil d'aphorismes démontrant le plus haut degré du "deux poids deux mesures", qui est devenu la norme pour le Conseil de l'Europe. Cela confirme une fois de plus que la décision de notre pays de se retirer de cette organisation a été bonne.
Permettez-moi de vous rappeler de quoi nous parlons. En 2021, la Russie a soumis à la Cour une masse colossale de preuves de violations des droits de l'homme par le régime de Kiev : discrimination à l'encontre de la population russophone d'Ukraine, atrocités systématiques contre les habitants du Donbass, persécution des journalistes et des médias "pro-russes" (c'est ainsi qu'on les appelait en Ukraine), absence d'enquêtes sur la tragédie d'Odessa et les tueries sur le Maïdan, absence de fermeture de l'espace aérien ukrainien qui a conduit au crash du vol MH-17, blocus de la Crimée en termes de son approvisionnement en eau et autres violations flagrantes par le régime de Kiev.
Dès 2021, il est apparu clairement que la CEDH souhaitait "balayer" toute cette requête gênante "sous le tapis" et faire comme si elle n'avait rien vu ni entendu. Elle a rejeté à deux reprises les demandes de la Russie visant à imposer des mesures provisoires qui auraient encouragé le régime de Kiev à respecter la Convention européenne des droits de l'homme. Afin de retarder le processus, la Cour a refusé de joindre notre requête aux affaires qu'elle examinait déjà, bien qu'elle l'ait fait un an plus tard pour une autre chicane ukrainienne.
Aujourd'hui, la CEDH n'a même plus besoin de dissimuler son indulgence indéniable à l'égard de Kiev. La Cour a refusé d'examiner les violations flagrantes des droits de l'homme commises par les autorités du Maïdan parce qu'elle n'avait pas reçu de réponse de la Russie à ses lettres ! Cela ne l'empêche d'ailleurs pas de rendre mécaniquement des centaines de jugements contre notre pays. C'est absurde. C'est du Gogol avec son Inspecteur général. Il ne serait pas inutile de donner suite à la requête russe, car l'article 37 de la Convention européenne des droits de l'homme oblige même la Cour à examiner une affaire si "le respect des droits de l'homme l'exige". Dans le cas de l'Ukraine, selon la CEDH, ce n'est apparemment pas le cas, car tout le monde peut déposer des requêtes individuelles contre le régime de Kiev.
Il s'agit là d'un formalisme inconcevable poussé jusqu'à l'absurde. Si les habitants du Donbass et tous ceux dont la Russie a pris la défense avaient eu la possibilité d'obtenir justice devant les tribunaux ukrainiens ou à Strasbourg, il n'y aurait pas eu de requête russe avec de nombreux volumes d'annexes. Où sont les fameuses normes élevées du Conseil de l’Europe ?
Par ailleurs, je voudrais demander à la Cour pourquoi elle persiste à écrire ses lettres sans mettre au courant le destinataire, par le biais d'un certain portail électronique, qui n'est plus utilisé par la Russie et qui est purement facultatif pour les États. Il est maintenant clair qu'elle ignore toujours nos nombreuses notes indiquant que le seul moyen de communication avec Moscou reste la voie diplomatique – par l'intermédiaire de notre ambassade à Paris. Je tiens à réaffirmer une fois de plus que notre position sur cette question reste inchangée.
Question: L'UE voudrait entendre les Nations Unies au sujet des éventuelles conditions posées par la Russie à la reprise de l'accord sur les céréales pour prendre ensuite des décisions, y compris sur sa politique de sanctions antirusses, a déclaré une source européenne de haut rang à des journalistes à Bruxelles. Comment la Russie évalue-t-elle les actions de l'UE ? Quelle est la probabilité que Bruxelles accepte les conditions posées par Moscou ? Si cette probabilité est faible, quel pourrait être le principal facteur ou obstacle qui freine l'UE ?
Réponse: Il s'agit de l’impasse dans laquelle l'UE s'est enfermée et dont nous avons beaucoup parlé. Vous formulez la question en vous référant à la position de l'Union européenne : "L'UE voudrait entendre de la part des Nations Unies la position de la Russie sur la reprise de l'accord sur les céréales". Il est absurde de recourir à des médiateurs, étant donné qu'ils ont eux-mêmes bloqué leurs contacts avec la partie russe. C'est à cela que conduit la politique imposée à l'Union européenne par les États-Unis. En l'absence d'une opportunité de poursuivre une voie souveraine, l'UE s'est en effet apparemment effondrée. Elle récolte aujourd'hui ces "fruits". Elle a besoin que quelqu'un la mette au courant. Pensez-y. L'Union européenne, bien qu'elle comprenne des dizaines de pays ayant leur ambassade à Moscou, un grand nombre de diplomates, de bureaucrates et de fonctionnaires et un haut représentant spécial de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a besoin d'une médiation pour connaître la position de la Russie.
Que font les diplomates de l'UE accrédités à Moscou ? Que faites-vous si étant donné que vous n’êtes pas capables de communiquer à Bruxelles la position de la Russie sur les accords d'Istanbul ? Que fait la Délégation de l'UE ? Que font-ils tous ?
Il y a une autre preuve de cette impasse idéologique. Ils ont essayé en vain de convaincre la communauté internationale (et peut-être se convaincre eux-mêmes) que les mesures restrictives imposées par l'UE au complexe agro-industriel russe n'ont pas d'effet dévastateur sur la situation dans le domaine de la sécurité alimentaire mondiale.
Or, quelque chose commence à les inquiéter. Ils ont pourtant mis en œuvre toute une panoplie de sanctions : interdiction d'exporter vers la Russie un large éventail de machines et de composants agricoles, embargo sur la fourniture de certains types d'engrais nationaux, sanctions personnelles à l'encontre des propriétaires/directeurs des principaux producteurs et exportateurs d'engrais nationaux – Uralchem, EuroChem, PhosAgro, Acron, blocus économique de la Crimée et de Sébastopol, y compris de leurs infrastructures portuaires, déconnexion des banques russes, y compris de la Rosselkhozbank, qui sert les exportations agricoles russes, du réseau SWIFT, d'innombrables restrictions sur les services financiers, de courtage, d'assurance et de transport pour les entreprises russes, et des restrictions sur le mouvement des navires marchands russes. Et ce n'est là qu'une partie de la très longue liste imposée par l'Union européenne à notre pays.
Il y a plus d'un an, nous avons créé une section thématique régulièrement mise à jour sur le site web du ministère russe des Affaires étrangères, intitulée "Déboulonner les mythes de l'Union européenne", dans laquelle nous utilisons des faits réels, jusqu'à une analyse article par article du cadre juridique et réglementaire pertinent de l'Union européenne, pour dénoncer les actions délibérées de l'UE qui sapent les efforts internationaux visant à fournir de la nourriture et des engrais aux pays dans le besoin. Les exemptions individuelles aux régimes de sanctions antirusses, qui sont si activement mises en avant par les dirigeants de l'UE, sont principalement de nature consultative et ne fonctionnent pas dans la pratique. Cela n'est pas seulement dû à des procédures bureaucratiques extrêmement alambiquées, qui sont entièrement à la merci des États membres de l'UE, mais aussi au fait que les entreprises de l'UE et les milieux d'affaires des pays tiers sont délibérément intimidés par Bruxelles, qui va jusqu'à les menacer de poursuites pénales. Telle est la nature de leur démocratie. L'institution d'un émissaire spécial de l'UE a même été introduite afin de parcourir le monde et essayer de forcer les gouvernements d'un certain nombre d'États souverains à se conformer aux restrictions illégitimes de l'UE. Ils se montrent ensuite surpris d'apprendre que l'ensemble des mesures qu'ils ont prises à l'encontre de la Russie concerne la situation mondiale dans son ensemble.
Une véritable amélioration de la situation n'est possible que si les règlements de l'UE en matière de sanctions sont modifiés. Les "clarifications" juridiquement non contraignantes qui tiennent tellement à cœur à la Commission européenne ne font que "brasser de l'air". Elles n’ont aucune valeur. L’UE peut les garder pour elle.
L'élément clé du problème est que tout changement doit être approuvé par tous les États membres de l'UE. La russophobie ayant atteint des sommets dans certaines capitales européennes, cette option peut difficilement être considérée comme réaliste. Nous avons évoqué à plusieurs reprises la façon dont la minorité de l'UE (la minorité pro-américaine, à savoir les États baltes et la Pologne) dicte simplement à la majorité de l'UE ce qu'elle doit faire et comment elle doit le faire. Nous constatons qu'ils sont prêts à exiger n'importe quel sacrifice des peuples des pays de l'UE et quant aux pays en développement, c’est le cadet de leurs soucis. Pour eux, ce n'est rien. L'essentiel est de ne montrer aucun signe de faiblesse envers notre pays. Or, si les dirigeants de l'UE ont besoin de s'assurer de l'autorité de l'ONU comme levier de pression possible sur leurs propres apologistes des sanctions de l'UE qui sèment la terreur, nous ne pouvons que nous féliciter de tout contact entre Bruxelles et les représentants de l'organisation mondiale.
En tout état de cause, la Russie, en collaboration avec des partenaires fiables, continuera à déployer des efforts actifs et indépendants pour garantir la sécurité alimentaire mondiale.
Question: Le projet des États-Unis de fournir à l'Ukraine des armes à sous-munitions a suscité une condamnation et une controverse généralisées. Les Nations Unies, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Espagne et le Canada s'y sont opposés. Comment la Russie évalue-t-elle le fait que Washington passe outre l'avis de la communauté internationale, y compris de ses alliés, et insiste pour apporter un soutien militaire de ce type à Kiev ?
Réponse: Nous utilisons la même formulation que celle développée par les États-Unis pour les pays qui utilisent des armes à sous-munitions. Les Américains considèrent ces pays comme des "criminels de guerre". Je ne vois pas l'intérêt de le contester.
Pourquoi restent-ils sourds à l'opinion internationale ? Parce qu'ils sont "exceptionnels". Probablement simplement sourds. Peut-être les deux. A mon avis, parce que les enjeux sont trop importants. Pour eux, la situation autour de l'Ukraine est d'une importance fondamentale pour montrer leurs "capacités de puissance". Etant donné que les enjeux d'une "guerre éclair", d'un étranglement économique et d'une intervention dans les affaires intérieures visant à faire basculer la situation ne se sont pas concrétisés (et ils ne voient aucune perspective que ces enjeux se concrétisent), les Etats-Unis se tournent vers des actions nerveuses, neurasthéniques, contraires à leurs propres engagements et à la politique qu'ils ont menée au cours des années précédentes. Juste pour continuer sporadiquement, hystériquement, à nous mettre la pression sur tous les fronts. Bref, ils sont en train de creuser leur propre tombe.
Question: Vous ne pouvez pas confirmer que cette situation est spécifiquement liée au jugement de la Cour pénale internationale, dont tout le monde discute en ce moment?
Réponse: Je viens de répondre à cette question. Cette décision a été prise. Cette "formule" a été appliquée à de nombreuses reprises et continue de l'être. Je n'ai pas de données supplémentaires qui pourraient vous intéresser à ce sujet.
Je suis convaincu qu'il n'est pas nécessaire de chercher des "écueils", des intrigues ou autres. Je me rends compte qu'il y a beaucoup de "nourriture". Et qu'à un moment donné, cela tourne à l'hystérie dans les médias. Il faut savoir revenir à la réalité. La Russie participe à de nombreuses plateformes internationales. Nous ne sommes pas les seuls à le faire, beaucoup d'autres pays le font aussi. Nous les traitons avec compréhension et respect. Il me semble que nous pouvons attendre la même chose d'eux
Question: Selon des sources de renseignement ukrainiennes, la Russie remettra certains de ses prisonniers de l’opération militaire spéciale à la Hongrie le mois prochain. Si c'est vrai, pourquoi ? À l'avenir, si des militaires hongrois de souche (conscrits) des forces armées de l’Ukraine se rendent, peuvent-ils s'attendre au même traitement?
Réponse: Je ne ferai pas de commentaires sur les "fuites" organisées par les services spéciaux ukrainiens, car il est inutile de le faire. Nous comprenons que cela fait partie du sabotage de l'information.
Quant aux militaires ukrainiens qui sont en captivité, ils sont traités humainement en Russie. Vous pouvez vous renseigner à ce sujet auprès de nos sources officielles, notamment consulter les documents de la commissaire aux droits de l'homme de la Fédération de Russie, Mme Moskalkova. Elle publie et fournit régulièrement des commentaires factuels sur cette question. Les militaires ukrainiens eux-mêmes, qui sont en captivité, en parlent également. Ils bénéficient de soins médicaux, d'une alimentation normale et d'un hébergement.
Une nuance importante concernant la façon dont les citoyens hongrois ou les Hongrois de souche qui ont la citoyenneté ukrainienne ou d'autres pays sont capturés. Je tiens à souligner que notre attitude à l'égard des prisonniers ne dépend pas de leur ethnie. Je ne sais pas quelles traditions existent dans tel ou tel pays, mais notre pays et notre société sont pluriethniques. Tous les domaines de la vie, à commencer par la culture, la science et l'éducation, reposent sur les principes de la multiethnicité. Nous professons les mêmes principes lorsqu'il s'agit d'un sujet aussi complexe que la captivité. Je peux vous assurer que l'attitude envers les prisonniers de guerre n'est pas basée sur leur ethnie, la coupe de leurs yeux, la forme de leur nez et de leurs oreilles, ou la taille de leur crâne. Dans un contexte historique, d'autres pays se sont comportés de la sorte. Aujourd'hui, cela se produit non seulement à l'égard des prisonniers, mais aussi à l'égard d'autres personnes. L'Occident fournit des soins et des services médicaux. Vous savez très bien que de nombreux États sont organisés selon des lignes ethniques. Ce n'est pas le cas chez nous.
Je voudrais noter que le nombre de ceux qui ne veulent pas se battre aux côtés de l'armée ukrainienne et préfèrent déposer les armes augmente chaque jour. La façon dont la mobilisation se déroule en Ukraine en est la preuve. Il ne s'agit même pas d'une mobilisation, mais d'un Moyen-Âge sauvage. Les gens sont traînés dans les rues, forcés de monter dans des voitures, ligotés et menottés afin qu'ils n'aillent pas simplement se battre et défendre leur patrie, mais qu'ils aillent à l'abattoir pour y être tués.
Question: Je voudrais poser une question sur les Hongrois de Transcarpatie et sur leurs liens avec l'Ukraine. Comme les Russes, les Hongrois ont souffert des politiques chauvines du régime de Kiev. Qu'en pensez-vous ?
Réponse: Il y a une mobilisation forcée en Ukraine. Les gens sont battus et kidnappés contre leur gré et emmenés sur les lignes de front comme "chair à canon" sans entraînement normal au combat. Les régions occidentales du pays, y compris la Transcarpatie, ne font pas exception à la règle. Le nationalisme est en plein essor en Ukraine. La Hongrie en est parfaitement consciente, notamment grâce aux évaluations publiques des représentants hongrois.
Question: Pour autant que je sache, le groupe Rheinmetall et Kiev sont prêts à construire une usine en Transcarpatie à côté d'un village ethnique hongrois. Ne pensez-vous pas qu'il s'agit d'une sorte de provocation ou d'un acte visant à forcer le gouvernement hongrois à renoncer à sa neutralité si la Transcarpatie devient une cible des troupes russes ?
Réponse: Oui, il y a eu des informations selon lesquelles le groupe Rheinmetall prévoit de construire une usine en Transcarpatie à côté d'une localité ethnique hongroise.
Si ces informations sont confirmées et que ces plans sont confirmés dans les faits, nous pourrions alors parler d'une provocation mondiale. Il s'agit d'une nouvelle preuve de la militarisation de l'Ukraine par l'Occident et de l'injection d'armes dans ce pays, ce qui conduira à une nouvelle escalade du conflit. Cette usine, si elle est construite, deviendra, avec toutes les autres installations du complexe de défense ukrainien, une cible militaire légitime pour les forces armées de la Fédération de Russie. Si ces plans sont réels, il s'agit d'une provocation à laquelle le régime de Kiev et ses protecteurs occidentaux aiment tant recourir.
Question: La situation humanitaire dans la République d'Artsakh reste grave, la république est au bord de la famine. Nous voyons que l'Azerbaïdjan ignore tous les appels du ministère russe des Affaires étrangères à débloquer le corridor de Lachin. La Russie dispose-t-elle d'autres méthodes pour débloquer le corridor que les appels, dont Bakou ne tient pas compte ? En particulier, est-il possible d'approvisionner la république à l’aide des avions et des hélicoptères ?
Réponse : En ce qui concerne la méthodologie, nous travaillons avec toutes les parties et pas seulement en public. Quant à l'acheminement de l'aide humanitaire, nous comprenons que les pays et les structures internationales travaillent actuellement sur différentes options pour résoudre ce problème.
Question: Pourquoi la Russie doit-elle être en guerre contre l'Ukraine et ne peut-elle pas menacer directement les États-Unis pour que ceux-ci se posent des questions avant de fournir de nouvelles armes ?
Réponse: La Russie n'est pas en guerre contre l'Ukraine. La Russie repousse une agression hybride de la part de l'Occident. L'Ukraine est devenue sa "monnaie d'échange" : un otage, une victime et un instrument. Il est nécessaire de séparer clairement ces éléments. C'est comme cette histoire de manipulation. Tout semble évident. Il y a la Russie et l'Ukraine, et il y a un conflit. Pour les non-initiés, qui ne connaissent ni l'histoire moderne ni l'histoire mondiale, cela peut ressembler à ce que j’ai décrit. Malheureusement, c'est ainsi que la situation est présentée dans les médias occidentaux et promue dans des régions reculées du monde, peu concernées par les événements. En réalité, ce n'est pas le cas.
Pendant toutes ces décennies, la Russie n'a eu d'autre désir que de coopérer. Nous avons reconnu la souveraineté de l'Ukraine, construit une véritable relation de respect à son égard en tant qu'État souverain, échangé des ambassades, conclu des accords internationaux, envoyé des ambassadeurs au niveau politique. Tout cela témoignait d'une relation spéciale, mais aussi du respect de la souveraineté. De plus, au cours des décennies qui ont précédé le coup d'État de 2014, qui a déclenché la dynamique destructrice de l'effondrement de l'État ukrainien, la Russie n'a jamais revendiqué ni soulevé la question de l'appartenance de la Crimée. Elle n'a fait qu'aider ses compatriotes. Sur la base de relations bilatérales, elle a développé des liens humanitaires et économiques. Les accords sur le stationnement de la flotte de la mer Noire ont été exclusivement juridiques. Ils étaient favorables avant tout à l'Ukraine, qui recevait d'énormes fonds à cet effet. Il n'y avait aucune intention d'aggraver les questions problématiques et de les amener à des situations de conflit.
Mais l'Occident est apparu. Juste après le début de la voie souveraine de l'Ukraine. Il avait déjà été là auparavant, mais de manière illégale. Il a ensuite commencé à "légaliser" son statut. Les organes de l'État ukrainien ont été "truffés" de membres de services spéciaux, en premier lieu de ceux des États-Unis et des pays de l'Otan. Des étrangers, des personnes directement affiliées à des pays étrangers, disposant de passeports et de permis de séjour, bénéficiant de subventions et poursuivant des intérêts occidentaux, ont commencé à occuper des places dans les structures gouvernementales. En conséquence, la destruction de l'État ukrainien a commencé, le plaçant sous le contrôle de l'Occident. Des personnalités et un gouvernement fantoches ont ensuite été mis en place. Sous la dictée des États-Unis, les liens que nous avions eu avec l'Ukraine, tant au sein de l'URSS qu'avant et après, ont commencé à être détruits.
Ensuite, ce pays a commencé à se transformer en terrain d'essai de l'Otan, se préparant à devenir une autre base de l'Otan avec un objectif agressif évident contre notre pays. Tous les efforts, opportunités et propositions politiques et diplomatiques ont été déployés pour résoudre cette question absolument absurde. En effet, nous avions reçu l'assurance que l'Otan ne s'étendrait pas vers l'est. Cette question aurait été résolue par des méthodes politiques et diplomatiques. Toutes les propositions ont été faites de notre côté, mais elles ont été rejetées par l'Occident. En conséquence, les coups d'État et l'effondrement de l'État ont eu lieu dans le contexte d'un nationalisme croissant, qui n'est pas apparu il y a dix ans, mais qui avait été planté et entretenu depuis longtemps par l'Occident. Tout cela a conduit au début des affrontements directs entre l'Otan et la Russie.
Permettez-moi de vous rappeler qu'à l'été 2021, au cours d'exercices, un destroyer britannique a tenté de franchir la frontière russe en mer Noire. À l'automne 2021, un dangereux rapprochement entre les avions de l'Otan et l'aviation civile de la Russie et d'autres pays a été enregistré dans notre espace aérien. Pouvons-nous donc parler d’un conflit russo-ukrainien lorsque nous évoquons les actions de l'alliance dirigée par les États-Unis, la Grande-Bretagne et leurs satellites tels que les États baltes et la Pologne pour déclencher un conflit sur le territoire de l'Ukraine dirigé contre notre pays ? À cela s'ajoutent les sanctions économiques imposées à la Russie bien avant 2022, visant à "étrangler" économiquement notre pays, à le "rendre" dépendant des pays occidentaux. Le secteur de l'énergie était l'un des principaux "points d'attraction" de l'Occident vers l'Ukraine afin de contrôler le transit du gaz russe vers l'Europe. Un projet économique tout à fait normal, dont l'Ukraine a tiré d'importants revenus, qui était purement pacifique et orienté vers la coopération de l'ensemble du continent européen, a constitué une "épine dans le pied" des États-Unis. Ils l'ont constamment utilisé comme un point douloureux, ont agité cette histoire afin de contrôler l'approvisionnement en gaz russe de l'Europe, d'influencer les prix et de créer une zone de tension et d'instabilité contre nature autour des questions énergétiques sur le continent européen, afin de remplacer le gaz russe par le gaz américain et de contrôler complètement toute la situation. Je n'ai pas pu m'empêcher de réagir à cela, en entendant votre phrase.
Quant à votre question, je m'explique. L'agresseur n'est pas la Russie, mais les États-Unis. Et nous repoussons cette agression. Tout ce qui est nécessaire pour cela est en train d'être fait.
Question: Pourquoi ? Ils le font parce qu'il n'y a pas de menace pour les Etats-Unis eux-mêmes, n'est-ce pas ? La Russie devrait peut-être...
Réponse: Non. Les États-Unis sont menacés. Vous pourriez être surpris. Nous parlions justement de la Serbie. Les Américains considèrent l'existence même de l'État serbe et de la nation serbe comme une menace pour eux-mêmes. Ils ont une perception différente de la menace.
Ils considèrent comme une menace une Russie forte, multiethnique et multiconfessionnelle, dont les ressources sont utilisées dans l'intérêt du peuple de notre pays, et non dans l'intérêt de leur grand capital. Ils considèrent leur propre économie comme une menace. La dette nationale américaine est de 32 000 milliards de dollars. Ils sont prêts à tout pour créer des foyers d'instabilité dans le monde, pour se maintenir à flot avec une dette qu'ils ne pourront jamais couvrir. C’est une autre mentalité, autre logique.
Ils ont déjà un nombre colossal de menaces dans leur pays. Les Américains ont besoin d'une expansion agressive dans divers domaines, de l'économie aux affrontements directs aux frontières extérieures, simplement pour se défendre de leurs propres menaces. Ils sont incapables de reconnaître la crise "totale" chez eux : de l'économie à la vie sociale et politique. Après tout, les Américains sont "exceptionnels", ils sont en charge du monde, comme ils le croient eux-mêmes. Ils dominent tout le monde. C'est là toute la différence.
L'opposition américaine crie que le passage aux monnaies nationales est une menace directe pour les États-Unis. Réfléchissez-y ! Les pays sont prêts à se payer mutuellement leurs propres produits dans leurs propres monnaies. Il s'agirait là d'une menace existentielle pour les États-Unis. Car ce sont eux qui contrôlent la circulation des dollars. Sur quelle base le département du Trésor américain et les agences de renseignement américaines contrôlent-ils le passage de toutes les transactions monétaires en dollars ? Ils n'ont aucune base pour cela. C'est illégal à tous points de vue. Mais ils le font. Par conséquent, lorsque des pays commencent à "sortir" du "cadre" créé par l'Amérique, les Etats-Unis ne le perçoivent même pas comme un excès d’indépendance, mais comme une menace pour eux-mêmes.