Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 24 décembre 2021
Sur le festival "Célébrons le Nouvel an et Noël avec le monde entier"
Les fêtes du Nouvel an et de Noël sont les plus attendues et appréciées. Le sapin est le symbole principal des festivités. La décoration du sapin est une bonne vieille tradition dans notre pays et dans beaucoup d'autres.
Cette année comme l'an dernier, à l'initiative du partenaire fiable et de longue date du Ministère qu’est le Mouvement social régional de Rostov "Synergie des talents", un Sapin de paix et d'amitié a été installé au Ministère russe des Affaires étrangères. Il se trouve ici à l’occasion de la conférence de presse. Puis nous l'installerons dans l’une des salles centrales du Ministère. Quel est son secret, sa particularité? Tous les jouets de Noël qui ornent le sapin ont été faits par des enfants. Chaque enfant a lui-même inventé et conçu ce jouet. Plus précisément, il est question d’enfants de compatriotes qui vivent en dehors de notre pays. Tout cela est fait dans le cadre du projet "Célébrons le Nouvel an et Noël avec le monde entier". Ces jouets sont superbes (il y a des symboles de pays, de cultures nationales: ce sont les pays où vivent les enfants qui ont imaginé comment décorer ce sapin de Noël). Merci beaucoup au projet et à tous les enfants, à tous nos compatriotes qui participent à cette initiative. Bien que symbolique, elle est très importante. Effectivement elle nous unit tous, même dans cette période assez difficile. Tout cela a été fait avec âme, cœur et amour.
Merci beaucoup à la "Synergie des talents!" Je pense que cela vous plaît aussi.
Sur la première réunion de la Commission pour la coopération internationale et le soutien aux expatriés auprès du Conseil général du parti Russie unie
La première réunion de la Commission pour la coopération internationale et le soutien aux expatriés auprès du Conseil général du parti Russie unie se tiendra mardi 28 décembre dans le bâtiment de la Commission électorale centrale du parti Russie unie sous la présidence de Sergueï Lavrov.
Les participants à la réunion évoqueront les axes principaux du travail de la Commission pour l'année prochaine. Le gouvernement a déterminé comme priorité le perfectionnement de la politique migratoire et de la législation russe en matière de citoyenneté, de protection des droits et des intérêts des expatriés, ainsi que la promotion de la langue et de la culture russes.
Sur la 17e réunion internationale sur la Syrie au format d'Astana
Les 21 et 22 décembre à Noursoultan s'est déroulée la 17e réunion internationale sur la Syrie au format d'Astana. Hormis les délégations du gouvernement syrien et de l'opposition syrienne, à ce forum important ont participé de hauts représentants de la Russie, de l'Iran, de la Turquie - qui sont les pays garants d'Astana - ainsi que des délégations de Jordanie, d'Irak, du Liban, de l'Onu et du Comité international de la Croix-Rouge en tant qu'observateurs.
Le format d'Astana reste le seul mécanisme efficace de contribution internationale au processus de paix syrien. Les décisions prises dans le cadre de ce format permettent depuis plusieurs années de garantir un cessez-le-feu durable en Syrie. Le Comité constitutionnel intersyrien a été fondé avec le soutien des pays garants en application des ententes du Congrès du dialogue national syrien à Sotchi, dont l’objectif consiste à élaborer une réforme constitutionnelle en Syrie conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies. Un groupe de travail pour libérer les détenus et les otages, transférer les dépouilles et rechercher les disparus a été créé au sein du format d'Astana. Une nouvelle opération pour la libération des détenus, que nous avons annoncée précédemment, a eu lieu à la veille de la réunion internationale actuelle sur la Syrie au format d'Astana.
À l'issue de la 17e réunion internationale sur la Syrie au format d'Astana a été adoptée une Déclaration commune des représentants de la Russie, de l'Iran et de la Turquie qui a permis d’exposer en détail les approches des pays garants et le contenu des ententes convenues entre eux pour surmonter la crise en Syrie et autour. Son texte a été publié sur le site du Ministère russe des Affaires étrangères. Je suggère à tout le monde d'en prendre connaissance attentivement.
Sur la situation en Afghanistan
La situation humanitaire difficile en Afghanistan, qui plus est avec l'arrivée de l'hiver et du froid, est l'un des problèmes d'actualité qui préoccupe la communauté internationale. En même temps, la saison froide est corrélée avec une baisse de l'activité des groupes terroristes dans ce pays.
L'importance de la coordination des efforts internationaux pour normaliser la situation humanitaire en Afghanistan a été soulignée pendant la session extraordinaire du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Organisation de la coopération islamique le 19 décembre à Islamabad. Le résultat principal de la réunion a été la décision d'instaurer un fonds fiduciaire de soutien socioéconomique à l'Afghanistan. Par ailleurs, nous avons remarqué qu'aucun des pays membres n'avait pris d'engagements financiers concrets. Nous pensons que ce sont les États-Unis et les pays de la coalition occidentale qui doivent assumer la part principale de responsabilité, pas simplement théorique mais financière, pour le rétablissement post-conflit et humanitaire de l'Afghanistan. Je rappelle que c'est leur présence pendant 20 ans qui a entraîné les résultats que le monde entier constate aujourd'hui.
Le 18 décembre, une troisième cargaison d'aide humanitaire russe de 36 tonnes de nourriture et des médicaments a été livrée à Kaboul. Des vols de rapatriement spéciaux du Ministère russe de la Défense ont transporté à Moscou près de 200 passagers, dont des citoyens de notre pays et des étudiants afghans qui font leurs études dans des universités russes.
Sur la situation en Ukraine
Rubrique traditionnelle de la conférence de presse: l'Ukraine. J'aurais voulu commencer par quelque chose de rassurant mais, malheureusement, la situation dans ce pays continue de se dégrader.
Cela concerne la situation sur la ligne de contact entre les parties. Je veux parler du conflit dans le Donbass. Au cours des deux dernières semaines, la Mission spéciale d'observation de l'OSCE a relevé près de 7.000 violations du cessez-le-feu, soit 5 fois de plus qu'en décembre 2020. Cela signifie qu'environ toutes les trois minutes dans la région se produit un tir, une explosion, que la vie d'autrui est mise en danger. Voilà en ce qui concerne l'aggravation de la situation. Les partenaires et journalistes occidentaux qui suivent l'évolution de la situation ne comprennent-ils pas où "c'est "chaud" en réalité et qui est derrière tout cela.
Au lieu de mettre un terme à la guerre civile qui dure depuis plus de sept ans, Kiev semble se préparer à un règlement par la force du "problème du Donbass", comme ils disent. Le 17 décembre, au parlement ukrainien, le Premier ministre ukrainien Denis Chmygal a annoncé une hausse du budget militaire du pays l'an prochain: il atteindra 12 milliards de dollars. De quel pays parlons-nous? D'un pays pionnier en matière d'élaborations techniques appelées à garantir l'activité antiterroriste dans le monde entier, ou dans celui de la conception spatiale? Peut-être qu'il est question de créer une station orbitale? Non, il s'agit de 12 milliards de dollars pour faire la guerre contre ses propres citoyens, ceux dont on parle si souvent et à qui on pense seulement en signant des budgets militaires. Le budget militaire de l'Ukraine a augmenté de 20%. Quelle paix? Nos partenaires occidentaux qui supervisent le régime de Kiev ne comprennent-ils pas à quoi servira cet argent ou ne remarquent-ils pas son augmentation? Le Ministre de la Défense Alexeï Reznikov a appelé les pays occidentaux à mettre à disposition de Kiev, outre des armements défensifs, des armements offensifs. Apparemment, pour "clore" définitivement le problème du Donbass.
Il est très regrettable que les pays de l'Otan soutiennent totalement les autorités ukrainiennes actuelles dans cette folie absolue, cette "croisade" contre leur propre population. Ils leur fournissent non seulement certains types d'armes et de matériel, mais envoient également leurs propres spécialistes militaires.
L'ampleur de la présence militaire étrangère en Ukraine grandit d'année en année. Est-ce que personne ne le remarque et ne le voit? Où sont les grands articles du New York Times, du Washington Post, où sont les discours des experts américains, des analystes de CNN, de Fox News, qui diraient ce qui se passe en réalité dans ce pays et quelle est réellement la situation du "règlement du problème du Donbass". Nous avons déjà dit que près de 10.000 instructeurs se trouvaient actuellement en Ukraine, dont 4.000 des États-Unis. Si seulement la situation s'y améliorait. Peut-être que cela transgresserait les Accords de Minsk, mais la pratique sur le terrain, la situation témoignerait de l'efficacité de la présence de ces gens au profit du processus de paix. Mais c'est exactement l'inverse. Plus il y a d'instructeurs, plus grandit le budget militaire, plus on y livre des armements, plus souvent nous entendons des explosions, et pas seulement sur la ligne de contact: elles se produisent également dans les zones d’implantation de l’infrastructure civile. C'est un tableau parfaitement clair. Au lieu de cela, une hystérie se déploie autour de notre pays. Comme si notre pays planifiait, inventait ou élaborait quelque chose. Les propos selon lesquels des militaires étrangers participeraient aux "activités pour garantir la défense et la sécurité nationale et pour contenir une agression militaire russe" sont un mensonge. Ces instructeurs instiguent et dirigent directement les événements qui se déroulent sous nos yeux dans le Donbass. Depuis récemment, ces instructeurs qui ont eu le droit d'obtenir la citoyenneté ukrainienne selon une procédure simplifiée. C'est une abomination doublée de moquerie. Pour empêcher les gens qui vivent depuis toujours dans le Donbass d'avoir législativement le droit de parler leur propre langue, tout en changeant les lois chaque jour, on accorde aux gens qui n'ont jamais vécu ici et n'y sont certainement pas venus à des fins pacifiques le droit d'obtenir cette citoyenneté facilement et sans conditions. Et personne ne demandera quelle langue parleront ces instructeurs militaires. Ils parleront la langue qu'ils voudront. On créera également des médias dans leur langue, tout sera fait pour leur confort. Quelle est cette atrocité? Une norme pour l'obtention simplifiée de la citoyenneté ukrainienne par ces instructeurs militaires est prévue par des amendements à la loi sur la citoyenneté entrés en vigueur le 21 décembre 2021.
Quel est l'objectif des autorités ukrainiennes? Ils tentent non seulement de légaliser le personnel militaire étranger dans le pays, mais aussi de contourner l'exigence du paquet de mesures de Minsk concernant le retrait des formations armées, des équipements militaires et des mercenaires étrangers du territoire ukrainien. Il s'avère que quand on leur pointera directement le fait que des instructeurs militaires d'autres pays se trouvent sur leur territoire, apparemment on nous répondra: de quels instructeurs militaires parlez-vous, ils ont la nationalité ukrainienne. Tout cela est le fait de personnes qui suscitent des doutes non seulement sur leur capacité à négocier, mais aussi sur leur adéquation. Dans ce contexte, les déclarations des dirigeants et des représentants du régime de Kiev concernant la volonté de désescalade sonnent faux, tout simplement.
Il n'y a toujours pas de progrès dans la résolution des aspects politiques du règlement. Les récentes initiatives ukrainiennes promues par les médias concernant "10 pas" pour débloquer le processus de paix reprennent essentiellement les dispositions déjà contenues dans les Accords de Minsk, dont Kiev continue de saboter la mise en œuvre par tous les moyens possibles avec une persistance qui mériterait d’être appliquée autrement. Il ne s'agit pas de "10 pas" en avant, mais de 100 pas en arrière.
L'Ukraine s'est activement engagée dans une campagne d'information inspirée par les États-Unis pour susciter l'hystérie au sujet d'une prétendue "invasion par les troupes russes". Nous voyons tout cela également. Dans un premier temps, les représentants ukrainiens eux-mêmes ont déclaré qu’aucune menace n’émanait de de la Russie et qu'il n'y avait pas de préparatifs, qu’ils n’avaient rien enregistré de tel. Puis la conception a brusquement changé, la commande a pris une autre tournure.
Kiev a décidé d'aller au-delà des simples spéculations et de renforcer le tout par des actions concrètes. Dans la capitale ukrainienne et dans d'autres villes, les abris anti-bombes ont été vérifiés et les sirènes d'alerte aérienne ont été testées. Apparemment, ils pensent que ceux qui, en Ukraine, ne sont pas encore morts de la guerre civile doivent mourir de peur. Ils ont commencé à creuser des fossés et des tranchées à la frontière avec la Russie, dans la région de Soumy, dans les "zones les plus menaçantes". Ils s’étaient déjà enveloppés de fil barbelé à l'instigation des anciens dirigeants ukrainiens. Restait à creuser des "tranchées". Je ne sais pas ce qu'ils ont décidé d'enterrer là. Peut-être les restes de leur conscience.
Tout cela est fait pour détourner l'attention du public des promesses non tenues de mettre fin à la guerre dans le Donbass, de la situation critique du pays sur tous les fronts, de la détérioration de la situation socio-économique, de l'augmentation des tarifs, de l'atteinte à la liberté d'expression et de la violation des droits des citoyens russophones. Cette liste est pratiquement sans fin.
Une fois encore, nous appelons les curateurs occidentaux de l'Ukraine, y compris les institutions internationales qui tentent d'ignorer tout ce qui se passe et se déroule là-bas, à cesser de détourner le regard ou de fermer les yeux sur les actions du régime de Kiev et à engager au moins des efforts minimaux pour l'encourager à mettre en œuvre les Accords de Minsk, sans lesquels il ne peut y avoir de paix durable non seulement dans le Donbass, mais aussi à l'échelle paneuropéenne. La situation dans le Donbass est une honte pour l'Europe contemporaine et pour ceux qui ont modelé à la main cette situation pendant des années, et qui aujourd'hui se dédouanent de tout engagement, toute garantie et toute responsabilité.
Sur l'adoption par le parlement ukrainien (Rada) d'une résolution sur la célébration des commémorations et des dates-anniversaires
Pour reprendre une expression bien connue : "Dis-moi qui est ton héros et je te dirai qui tu es". Voyons qui sont les héros actuels de l'Ukraine.
Le parlement ukrainien a récemment adopté la résolution n°6406 "Sur la célébration des commémorations et des dates-anniversaires en 2022-2023". Voyons un peu de quoi il retourne. Ce document a été publié dans la base de données électronique du parlement ukrainien. Les héros qu’il désignent méritent d'être célébrés et honorés dans tout le pays, selon les députés ukrainiens.
Ainsi, en 2022-2023, Kiev fêtera notamment:
- Le 80e anniversaire de la création de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), collaborationniste, ayant coopéré avec les nazis;
- Le 130e anniversaire de la naissance de Iouri Polyanski, bourgmestre de Lvov occupée par les nazis, collaborateur nazi et partisan de Stepan Bandera;
- Le 100e anniversaire de la naissance de Fedor Vorobets, collaborateur fasciste, militant et bourreau de l'UPA (son implication dans l'exécution d'enfants d'origine juive en Ukraine soviétique pendant l'occupation nazie a été documentée);
- Le 110e anniversaire de la naissance de Iaroslav Stetsko, le plus proche collaborateur de Bandera;
- Le 130e anniversaire de la naissance de Porfiri Silenko-Kravets, Hauptsturmführer, membre de la division SS "Galicia";
- Le 130e anniversaire de la naissance du collaborateur ukrainien Amet Ozenbachly.
La Rada suprême recommande au gouvernement ukrainien de créer un comité d'organisation pour célébrer ces " commémorations et anniversaires" afin de mettre en place des activités pertinentes, notamment des cours dans les établissements d'enseignement, des émissions thématiques à la télévision et à la radio, etc.
Comment, après ça, peut-on ne pas comprendre et continuer à demander: "Que font-ils dans le Donbass? Que veulent-ils?". Voilà justement ce qu'ils ne veulent pas, ce qu’ils ne peuvent pas accepte, avec quoi ils ne peuvent pas vivre. Des citoyens qui placent la mémoire de leurs ancêtres au-dessus du confort de leur propre vie, et parfois aussi de celle de leurs enfants. Alors que certains célèbrent l'anniversaire des collaborateurs et réfléchissent à la meilleure façon de les "honorer", dans le Donbass les habitants se battent pour défendre la mémoire historique.
Ils ont trouvé des personnalités "marquantes" en Ukraine, comme s’il n’y en avait pas d'autres. Ils ont apparemment tous été effacés. Bien sûr, si vous démolissez les monuments à la mémoire de Joukov, vous devez trouver quelqu'un d'autre en tant que "héros" de cette époque. C'est ce qu'ils ont fait. Avec les vrais criminels, collaborateurs des envahisseurs et punisseurs fascistes qui ont anéanti des millions de personnes en Ukraine même. Ils n’auraient pas été meilleurs s’ils avaient commis leurs crimes en dehors de leur territoire.
Rappelons également (pour compléter le tableau) que Kiev vote traditionnellement "contre" le projet de résolution russe de l'Assemblée générale des Nations unies sur la lutte contre la glorification du nazisme. Non pas parce qu'il est russe, mais parce qu'il indique clairement qu’il nefaut pas glorifier ou s’engager dans la glorification de tout ce qui est lié à Adolf Hitler, à la xénophobie, au nazisme et aux pratiques qui y sont associées. Je rappelle que seulement deux pays ne soutiennent pas notre initiative: l’Ukraine et les Etats-Unis. Maintenant, rappelons comment les Etats-Unis envoient des armes en Ukraine, qui est désormais considéré comme un héros dans ce pays, et l’on comprend pourquoi ils votent contre cette résolution. Parfois ils prennent avec eux un ou deux autres pays "pour la compagnie", afin qu'ils ne se sentent pas trop embarrassés de se dresser ensemble contre le monde civilisé, et en principe contre le monde entier. Mais d’habitude, ils votent "contre" à deux. Dans le même temps, Washington, dans la pure tradition jésuite, fait référence au fait qu’ils ne peuvent pas soutenir cette résolution de l’Assemblée générale car elle serait prétendument susceptible d’enfreindre la liberté d’expression. Bien sûr, il est tout à fait normal qu’ils bloquent des profils sur les réseaux sociaux, qu’ils suppriment des comptes, qu’ils emprisonnent des manifestants, qu’ils "donnent" cinq ans de prison à ceux qui ont simplement exprimé leur point de vue. Rien de grave. Mais voter en faveur de la résolution est impossible car elle serait susceptible de porter atteinte à la liberté d’expression, par exemple de ceux qui font le salut nazi. La position de l’Ukraine se base sur des choses bien plus graves, c’est sûr. Quand on nous dit "mais non, que dites-vous, quels fascistes en Ukraine? Il n’y en a pas ". On a envie de dire que si, il y en a.
La politique de Kiev consistant à falsifier et réécrire l'histoire, à blanchir le fascisme, a de fait transformé le pays en un foyer de néonazisme. Ces "éléments" y affluent du monde entier. Cela va même jusqu'à ce que des instructeurs de l'armée des États-Unis, du Royaume-uni, du Canada et d'autres pays de l'Otan leur enseignent ouvertement le métier de militaire. Tout cela est fait sous les auspices de la lutte contre une menace russe mythique.
En réalité, l'Ukraine est simplement devenue une "forge" de combattants à la base de laquelle repose l'idéologie néonazie.
Au XXe siècle, l'exemple tragique et terrible de l'Allemagne a montré combien de telles tendances étaient dangereuses, combien il était dangereux de les ignorer et de les encourager. Nous appelons la communauté internationale à ne pas permettre la répétition des erreurs du vingtième siècle. Nous sommes convaincus que les structures spécialisées des organisations internationales réagiront à la culture actuelle du nazisme en Ukraine et lui donneront l'évaluation appropriée.
Passons maintenant aux véritables héros de notre pays, et de l'Ukraine en particulier.
Sur l'anniversaire de la bataille du Dniepr au cours de la Grande Guerre patriotique
La bataille du Dniepr, qui avait commencé en août 1943, a pris fin le 23 décembre de la même année. Elle a résulté de quatre offensives stratégiques de l'armée soviétique au cours de la Grande Guerre patriotique: du Donbass, de Tchernigov et de Poltava, de Nijni-Dniepr, et de Kiev. Cette bataille avait pour objectif de libérer les régions situées sur la rive gauche du Dniepr et dans le Donbass des occupants nazis, la traversée du Dniepr et la prise de sites et de territoires stratégiques.
De longues opérations défensives et offensives ont permis de libérer de l'ennemi pratiquement toutes les régions ukrainiennes mentionnées. Les troupes soviétiques ont écrasé les forces principales de l'adversaire en libérant plus de 38.000 localités, dont 160 villes.
En novembre, les événements centraux de l'opération se sont orientés vers Kiev, jouant un rôle primordial dans les combats sur la rive gauche du Dniepr. Les forces du Premier front ukrainien (il s'agissait de la première brigade d'infanterie spéciale tchécoslovaque, commandée par Ludvík Svoboda, devenu plus tard dirigeant de la Tchécoslovaquie) ont libéré Kiev, capitale ukrainienne, le 6 novembre 1943.
Le 8 novembre 1943, suite à la libération de Kiev, les dirigeants militaires soviétiques ont créé l'ordre de la Victoire destiné aux commandants militaires les plus émérites. Les deux premières médailles ont naturellement été décernées aux maréchaux Gueorgui Joukov et Alexandre Vasilevski, qui avaient coordonné les actions des forces dans la bataille du Dniepr. Ukrainiens, réveillez-vous! On démolit dans votre pays des statues de Joukov, son libérateur. Ces monuments et plaques commémoratives sont remplacés par ceux glorifiant des collaborateurs. Que faites-vous?
Pratiquement aucune unité sur ce front n’a compté dans ses rangs au moins un Héros de l'Union soviétique. 2.438 soldats, officiers et généraux ont reçu le titre de Héros de l'URSS. Il s'agit de la remise de décorations la plus massive de toute la guerre, unique en son genre. C'étaient de véritables héros de l’Ukraine, pas imaginés ou factices. Beaucoup d'unités ont reçu des titres honoraires: 65 de Kiev, 13 de Jitomir, 6 de Fastov, 6 de Korosten, 4 de Vassilkov et une d’Orvoutch.
Cette offensive a fait partie des trois batailles principales de 1943. Si la bataille de Stalingrad s'est soldée par une défaite majeure des troupes hitlériennes, celle de Koursk les a privées de l'espoir de changer le cours de la guerre, et celle du Dniepr a montré que la Wehrmacht était incapable de mettre fin à l'offensive de l'Armée rouge même en s'appuyant sur des positions défensives naturelles. La percée de la ligne Panther-Wotan a privé la Wehrmacht de sa dernière opportunité de transformer les combats en guerre d'usure sur le territoire soviétique.
La bataille du Dniepr est entrée dans l'histoire de la Grande Guerre patriotique comme une épopée héroïque, a joué un rôle-clé dans la libération complète de l'Ukraine soviétique et a constitué un pas important vers la Grande Victoire.
Les véritables héros sont là. Nous nous souvenons d'eux, les honorons et ne les oublierons jamais. Nous préserverons la mémoire historique de ces personnes non seulement pour la perpétuer sur notre territoire, mais aussi pour la transférer plus tard aux Ukrainiens, actuellement dirigés par des esclaves incapables de réfléchir.
Sur la résolution de l'Assemblée générale de l'Onu "Lutte contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d'autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l'intolérance qui y est associée"
Ce texte soulève des questions importantes concernant la progression des manifestations très dangereuses de néonazisme et de discrimination raciale, la propagation de l'idéologie de haine et de la théorie de suprématie raciale, ainsi que la préservation de la mémoire historique et de la vérité sur les raisons et le bilan de la Seconde Guerre mondiale. La résolution condamne les tentatives de justifier et de glorifier les participants au mouvement nazi, notamment les anciens membres de la SS (y compris des unités de la Waffen-SS, dont les actions ont été reconnues comme criminelles par le tribunal de Nuremberg), aussi bien que les campagnes de lutte contre les monuments aux combattants de l'Armée rouge et aux guerriers antifascistes.
L'initiative russe reçoit toujours un large soutien des pays membres des Nations unies, ce qui confirme l'importance des problèmes soulevés.
La plupart des pays membres de la Communauté des États indépendants (CEI) soutiennent cette initiative russe majeure. L'Azerbaïdjan, l'Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l'Ouzbékistan font annuellement partie des coauteurs de la résolution. En même temps, nous ne pouvons pas ignorer le changement de position de la Moldavie qui s'est abstenue lors du dernier vote sur la résolution. C'est regrettable, pour ne pas dire plus.
L'unité susmentionnée s'explique notamment par le fait que tous les peuples de l'Union soviétique ont ressenti le poids de la guerre. Ils ont également apporté une contribution énorme à la Victoire sur le nazisme, devenue le patrimoine conjoint des républiques soviétiques, tout comme des Nations unies qui avaient combattu la "peste brune". Il s'agit de notre victoire commune, dont nous pouvons, et même devons, être fiers. Nous soulignons toujours notre contribution conjointe.
Nous voudrions également mentionner la déclaration conjointe des États membres de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) en soutien à cette résolution. Elle a été présentée le 12 novembre dernier lors d'une réunion plénière de la Troisième commission de l'Assemblée générale de l'Onu. La déclaration a été lue par un représentant de l'Arménie, qui assure actuellement la présidence de l'OTSC.
Nous sommes ravis que cette résolution, tout comme beaucoup d'autres initiatives russes visant à combattre la falsification de l'histoire, reçoivent le soutien de la plupart de nos partenaires au sein de la CEI. Un autre exemple important de l'unité de nos approches s’est concrétisé dans la réunion solennelle spéciale de la 75e session de l'Assemblée générale de l'Onu, consacrée à toutes les victimes de la Seconde Guerre mondiale. Elle s'est déroulée le 1er décembre 2020 à l'initiative de l'Azerbaïdjan, de l'Arménie, de la Biélorussie, du Kazakhstan, du Kirghizstan, du Tadjikistan, du Turkménistan et de l'Ouzbékistan, de concert la Chine.
Nous menons au sein de la CEI un travail actif visant à combattre la falsification de l'histoire. La proximité de nos approches de ces questions permet d'inclure régulièrement les formulations appropriées dans des documents communs reflétant les positions de la CEI, que l'État président distribue à l'Onu et à d'autres organisations internationales.
Ainsi, la Communauté a adopté le 1er juin 2021 une "Adresse des chefs des États membres de la CEI aux peuples des États membres de la Communauté et à l'opinion publique internationale à l'occasion des 80 ans du début de la Grande Guerre patriotique de 1941-1945" (ce texte a été signé par tous les pays membres à l'exception de la Moldavie et de l'Ukraine). Il souligne notamment le caractère inacceptable de toutes les tentatives de nier les décisions du tribunal de Nuremberg, qui n'ont pas de date d'expiration, et celles consistant à réhabiliter les criminels nazis et leurs collaborateurs.
La "Déclaration des chefs d’États à l'occasion des 30 ans de la Communauté", adoptée le 15 octobre dernier, comprend une clause sur la préservation de la mémoire de la Victoire de la Grande Guerre patriotique de 1941-1945 en tant qu'objectif-clé, la condamnation des tentatives de falsifier l'histoire - ce qui va à l'encontre du verdict du tribunal de Nuremberg - de revoir le bilan de la Seconde Guerre mondiale et de glorifier le nazisme. L'expulsion et l'extermination de la population civile soviétique par les nazis et leurs complices sont qualifiées dans la déclaration de génocide des peuples de l'Union soviétique.
En ce qui concerne les autres formats de coopération dans l'espace postsoviétique, l'OTSC assure régulièrement le travail conjoint des pays membres visant la lutte conjointe contre la falsification de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, la glorification du nazisme et la propagande du néonazisme, ainsi que pour la protection de la mémoire historique du bilan de la guerre. Les pays membres adoptent traditionnellement des déclarations conjointes à ce sujet, qui ensuite sont publiées sur des sites officiels. Les ministres des Affaires étrangères de l'organisation ont signé en mai dernier la déclaration "Sur les 75 ans du jugement du tribunal militaire international de Nuremberg", tandis que le format "OTSC+" a adopté à Vienne la déclaration conjointe des représentants permanents de l'Azerbaïdjan, de l'Arménie, de la Biélorussie, de la Bosnie-Herzégovine, du Kazakhstan, du Kirghizstan, de la Russie, de la Serbie, du Tadjikistan, du Turkménistan et de l'Ouzbékistan auprès de l'OSCE à l'occasion des 76 ans de la Victoire de la Seconde Guerre mondiale. Cette pratique établie depuis quelques années d'adopter des déclarations à l'occasion du 9 mai, au niveau des représentants permanents des pays membres de l'OTSC auprès de l'OSCE, attire l'attention de nouveaux membres, élargit le cercle de nos partisans. Les pays membres de l’OTSC rédigent également de manière régulière une déclaration en soutien à la résolution contre la glorification du nazisme si le texte est adopté par la Troisième commission de l'Assemblée générale de l'Onu.
En ce qui concerne le travail pratique en matière de préservation de la vérité historique, le Conseil des ministres des Affaires étrangères de la CEI a adopté le 14 septembre 2021 la Clause sur l'Association (commission) internationale des historiens et des archivistes des pays membres de la CEI, élaborée à l'initiative de la Russie. Ce texte a été signé par tous les pays de la Communauté à l'exception de l'Azerbaïdjan, de la Moldavie et de l'Ukraine. La commission est actuellement en cours de formation et devrait inclure des représentants des instituts nationaux d’histoire, des archives publiques et de la faculté d'histoire de l'université principale de chaque pays participant. L'organisation dirigeante du projet est l'Institut d'histoire universelle de l'Académie des sciences de Russie. Nous espérons que nos partenaires azéris se décideront à participer d’une manière ou d’une autre à ce travail commun majeur.
Sur les réclamations commerciales américaines envers la Russie
Nous avons récemment entendu une déclaration fantastique de nos partenaires américains. La représentante des États-Unis au commerce Katherine Tai, alors qu’elle présentait un nouveau rapport consacré au respect des règles de l'OMC par notre pays, a déclaré qu’il était "évident que la Russie continuait de s'éloigner des principes fondamentaux de l'OMC, tels que les pratiques non discriminatoires, un commerce plus ouvert, la prévisibilité, la transparence et la concurrence loyale". Nous sommes habitués à des accusations infondées de la part des États-Unis à notre égard, mais cela a dépassé toutes nos attentes. Selon l'Américaine, la transgression des normes et des règles de l'OMC place les entrepreneurs américains dans des conditions économiquement moins avantageuses et les prive de la possibilité d'une concurrence honnête. Tout cela est dit par la représentante du pays qui a submergé le monde de sanctions unilatérales, qui établit des listes rouges, refuse de délivrer des visas non seulement aux opérateurs économiques, mais également aux sportifs, aux participants aux échanges et aux programmes culturels. Katherine Tai a souligné que son bureau continuerait de "travailler" avec les partenaires et d’utiliser les instruments de l'OMC pour "demander des comptes à la Russie pour son comportement au sein du système commercial multilatéral". Savez-vous quels sont les reproches envers notre pays? "La Russie pratique des préférences pour les produits et services de sa propre production". Comment osons-nous, alors que nous faisons l'objet de sanctions? "Dans le secteur agricole, la Russie maintient des restrictions aux importations sans fondement scientifique et refuse de reconnaître les garanties d'autres pays vis-à-vis des capacités d'exportation". Les États-Unis ne sont-ils pas au courant de leurs sanctions et des sanctions adoptées par Bruxelles sous la pression des États-Unis? C'est une question rhétorique. Un autre reproche est un chef-d'œuvre: "La Russie applique un programme de substitution aux importations dans le secteur informatique". C'est vous qui nous menacez de cesser de nous vendre des téléphones. Je trouve que les collègues devraient enfin se décider. Nous blâmer pour la substitution aux importations quand depuis plusieurs années nous entendons que "nous allons avoir des problèmes", que le SWIFT sera débranché et d'autres choses, c'est au-delà de l'absurdité.
Chaque fois, à l’approche du Nouvel an, Washington reproduit avec une constance enviable et des changements minimes son éventail de reproches envers notre pays dans le secteur commercial, tout en adoptant de plus en plus de sanctions unilatérales et en faisant de plus en plus de déclarations menaçantes, notamment dans le secteur économique et financier. Nous jugeons inutile d'analyser cela en détail. Très récemment, les Américains ont eu la possibilité d'évoquer de manière constructive toutes les questions concernant la partie russe dans le cadre du deuxième examen de la politique commerciale de la Russie dans le cadre de l'OMC. Les partenaires américains en ont profité. Ils nous ont envoyé près de deux cents requêtes écrites. Et nous avons envoyé des réponses détaillées à toutes leurs préoccupations.
Notre pays prône un système commercial ouvert, transparent, inclusif et multilatéral et soutient l'OMC qui demeure la base de la régulation du commerce mondial. Aujourd’hui, l'Organisation traverse une période difficile. Les raisons sont nombreuses, mais elles sont toutes "d'origine humaine". Il est question de la nécessité de relancer au plus vite l'Organe d'appel de l'OMC, dont le travail est bloqué par les États-Unis depuis fin 2019. Oui, cela arrive. La paralysie du système à deux niveaux de l'OMC pour régler les litiges complique la contestation par d'autres pays de plusieurs mesures commerciales. Voilà en ce qui concerne le non-protectionnisme, l'ouverture dans les affaires commerciales, la transparence, etc. Plusieurs membres de l'OMC voudraient les contester sur les bases élaborées au sein de cette Organisation. Mais c'est impossible parce que les États-Unis ont bloqué le mécanisme d'appel.
Nous appelons une nouvelle fois Washington à cesser les tentatives de déstabiliser la "structure porteuse" du commerce mondial (cela concerne non seulement le commerce mondial, mais également les relations internationales), à revenir à un dialogue constructif et équitable au sein de l'OMC, ce qui est particulièrement important dans les conditions actuelles de nombreux défis mondiaux.
Sur le non-respect par les États-Unis de leurs engagements en tant que pays hôte de l'Onu
Je voudrais revenir à une autre violation scandaleuse du droit international par les États-Unis. Il s'agit de leurs engagements à garantir un fonctionnement normal du siège de l'Onu à New York.
Cela fait plusieurs années que les États-Unis cherchent à créer de sérieux obstacles au travail de plusieurs délégations à l'Onu. Abusant de leur statut d'État hôte de l'Onu et transgressant ses engagements juridiques internationaux dans le cadre de l'Accord sur les établissements centraux de l'Onu de 1947, les États-Unis refusent et retardent systématiquement la délivrance de visas ou tardent à prolonger les visas des représentants de pays et des collaborateurs du Secrétariat uniquement en fonction de leur citoyenneté. Des diplomates et des collaborateurs du Secrétariat - et il ne s'agit pas seulement de citoyens russes - font face à ce jour à une restriction de circulation dans le pays par ladite zone de 25 milles autour du centre de New York.
Il y a cinq ans (le 29 décembre 2016), le Département d'Etat américain a bloqué l'accès aux locaux officiels de la Représentation permanente de la Russie auprès de l'Onu, située près de New York. Ces locaux ont été acquis en 1953. Ils sont la propriété de la Fédération de Russie. Nous tenions tous nos engagements en tant que propriétaires. Pendant tout ce temps, depuis 1953, il n'y a eu aucun reproche ni remarque. L'État hôte reconnaissait le statut diplomatique de ces locaux. À présent, la propriété russe dans l'État de New York utilisée pour représenter les intérêts de notre pays à l'Onu est de facto saisie par les Américains.
Depuis 2017, ces problèmes sont analysés par le Comité spécial de l'Onu pour les relations avec le pays hôte, et directement par l'Assemblée générale. Ces résolutions appellent de plus en plus instamment d'année en année le Secrétaire général de l'Onu à saisir le tribunal d'arbitrage contre les États-Unis, comme prévu par la section 21 de l'Accord sur les établissements centraux, et à travers ce mécanisme traduire en justice les États-Unis pour la violation de ses engagements envers les États membres et l'Organisation même en la personne de son Secrétariat. Une nouvelle résolution de l'Assemblée générale du même type a été approuvée en décembre 2021. C'est Secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres qui doit initier ce procès. Il possède tous les pouvoirs pour cela.
En réponse, nous entendons des déclarations sur le fait que le Secrétaire général est préoccupé par la situation et interagit de manière informelle avec le pays hôte à la recherche d'une solution mutuellement acceptable. Cependant, il n'y a toujours pas d'actions réelles. Les États-Unis ne s'empressent pas de respecter leurs engagements dans le cadre de l'Accord de 1947 ainsi que les décisions de l'Assemblée générale. Nous l'avons déjà compris.
À cet égard, Antonio Guterres doit, en tant que garant de l'Accord de 1947, engager immédiatement des démarches pratiques pour lancer officiellement une procédure d'arbitrage contre les États-Unis.
Nous nous souvenons que très récemment, les États-Unis ont clairement exprimé leur position sur les sites bénéficiant d’une immunité diplomatique. Nous voyons qu'en l'occurrence ils sont attachés au droit international. Ici ils y renoncent, mais là, dans un secteur concret, ils le respectent. Il est donc temps d'agir.
Sur les résultats de la première session substantielle du Groupe de travail de l'Onu à composition non limitée sur la sécurité internationale de l'information
La première session substantielle du Groupe de travail de l'Onu à composition non limitée sur la sécurité internationale de l'information s'est déroulée du 13 au 17 décembre 2021. Ce mécanisme ouvert, universel, comme on dit aujourd'hui transparent et démocratique, a été créé pour la première fois à l'initiative de la Russie en 2018. En 2020, notre pays a insisté sur la poursuite de pourparlers globaux sur la sécurité internationale de l'information dans ce format précis.
La discussion dans le cadre de la première session du Groupe de travail à composition non limitée a été dans l'ensemble substantielle et constructive, et s’est déroulée autour des éléments du mandat du Groupe - mandat confirmé dans le texte de la résolution russo-américaine commune de l'Assemblée générale des Nations unies du 6 décembre (annoncée pendant la conférence de presse du 9 décembre).
En même temps, force est de constater que même en signant ce document et en étant ses coauteurs, nos collègues occidentaux ne peuvent pas se résigner au retour à des négociations spécialisées au sein d’un mécanisme commun sous l'égide de l'Onu.
Certains États ont tenté de mener les négociations dans une impasse. Ce rôle absolument étrange et regrettable a été assumé par la délégation britannique. Elle a tenté de saboter une discussion substantielle sous prétexte de la nécessité de déterminer immédiatement les paramètres de la participation d'entités non gouvernementales au Groupe de travail de l'Onu à composition non limitée, alors que le mandat du Groupe ne prévoit pas une telle formulation.
Un tel langage, fait d'ultimatums et de menaces, n'a évidemment pas fonctionné. La position russe concernant la nécessité de se concentrer pendant la session sur les thèmes prioritaires figurant à l'ordre du jour et non des éléments secondaires a été largement soutenue. Nous avons souligné que le travail du Groupe devait tenir compte des avis d'un large éventail de parties intéressées, sachant que les États doivent jouer un rôle central - ils assument la responsabilité des résultats de son activité.
Il faut empêcher de tels écarts à terme. Cinq ans de travail laborieux nous attendent. Il est primordial d'accorder à l'activité du Groupe de travail le caractère le plus pragmatique et pratique possible pour que son activité débouche sur des normes appliquées, des recommandations et des programmes d'aide.
Début 2022, il est prévu d'organiser la première session substantielle du Comité spécial de l'Onu créé à l'initiative de la Russie pour élaborer la première convention mondiale sur la lutte contre l'usage des TIC à des fins criminelles (New York, 17-28 janvier 2022). Nous comptons sur une coopération productive avec tous les États membres de l'Onu dans cette direction.
Pour conclure, je voudrais encore une fois remarquer avec regret que les Américains continuent de mener une "guerre de visa". Ils refusent d'accorder des visas aux dirigeants et aux membres des délégations interministérielles russes afin qu’ils puissent participer aux activités officielles de l'Onu, notamment aux sessions mentionnées du Groupe de travail de l'Onu à composition non limitée et du Comité spécial. D'ailleurs, nous ne sommes pas les seuls. Il ne faut pas croire que c'est dirigé seulement contre notre pays. Des collègues d'autres pays se retrouvent dans la même situation.
Nous jugeons qu’une telle situation est complètement inadmissible et inacceptable. Nous appelons les États-Unis et la direction du Secrétariat à tout faire pour éviter de tels précédents à terme, et à remplir leurs engagements directs en tant qu'État qui accueille l'Onu sur son territoire.
Sur la 9e session de la Conférence des États parties à la Convention de l'Onu contre la corruption
Du 13 au 17 décembre 2021, une délégation interministérielle russe conduite par le vice-Ministre russe des Affaires étrangères Oleg Syromolotov a participé en visioconférence à la 9e session de la Conférence des États parties à la Convention de l'Onu contre la corruption - le plus grand forum anticorruption international.
L'ordre du jour de l'événement incluait toutes les questions principales relatives à la lutte contre la corruption, à la prévention, à la criminalisation, à la coopération internationale, à la contribution technique et au recouvrement des actifs. Une attention particulière a été accordée aux possibilités de mise en œuvre des termes de la déclaration politique contre la corruption adoptée pendant la session de l'Assemblée générale des Nations unies en juin. La délégation russe a informé la Conférence de la fin du deuxième cycle d'examen de la Convention pour la prévention de la corruption et le recouvrement des actifs à l'égard de notre pays. Il a été souligné que des mesures avaient été développés avec la participation des institutions intéressées afin d'appliquer les recommandations de la Russie.
Huit résolutions sur différents thèmes ont été adoptées à l'issue de la session, dont la résolution sur le renforcement de l'éducation et de l'enseignement anticorruption initiée par notre pays. Ce document englobe les principaux aspects de l'enseignement des disciplines anticorruption à tous les niveaux de l'éducation, l'intégration de technologies de pointe dans le processus d'enseignement, le développement d'une éducation professionnelle supplémentaire, l'organisation d'activités éducatives complexes visant à créer au sein de la société une culture de rejet de la corruption, le soutien aux recherches thématiques afin d'élaborer une politique anticorruption plus efficace.
Les représentants russes ont également participé à l'événement de haut niveau pour lancer le Rapport global sur la corruption dans le sport, organisé en marge de la Conférence par l'Office des Nations unies contre les drogues et le crime (ONUDC). C'est une étude analytique complexe consacrée aux différents phénomènes de corruption sportive allant de la manipulation des épreuves sportives aux paris illégaux, ainsi que des instruments juridiques internationaux applicables dans ce domaine, tout cela a été élaboré par l'ONUDC avec la participation d'un groupe d'experts internationaux faisant suite à la résolution de la Conférence initiée par la Russie en 2019 sur la protection du sport contre la corruption avec les fonds de la cotisation russe volontaire versée à l'Office.
En prévision de la session, un séminaire a été organisé pour les enseignants de disciplines anticorruption dans les plus grandes universités de cinq pays à l'initiative du Groupe de travail anticorruption des Brics. Cette activité a été organisée par l'ONUDC avec un soutien financier de la Russie en application des termes du document prometteur sur le développement de la coopération entre les pays des Brics dans l'enseignement anticorruption. Il a été adopté à l'issue de la présidence russe des Brics en 2020.
Sur l'organisation d'une réunion du Conseil économique, financier, industriel et commercial franco-russe (CEFIC)
La 26e réunion du Conseil économique, financier, industriel et commercial franco-russe (CEFIC) s'est tenue le 21 décembre 2021. Elle s'est déroulée sous la présidence du Ministre russe du Développement économique Maxime Rechetnikov et du Ministre français de l'Économie, des Finances et de la Relance Bruno Le Maire. L'activité a été organisée à Paris (la précédente réunion avait eu lieu à Moscou le 10 décembre 2019).
Les parties ont échangé leurs avis sur la coopération commerciale et économique et ont dressé le bilan de l'activité de ce mécanisme bilatéral primordial pour la période écoulée. Elles ont évoqué les résultats du travail de onze groupes spécialisés du CEFIC, notamment pour la construction aéronautique, l'énergie, l'agriculture, l'espace, la coopération dans le domaine de la protection de la propriété intellectuelle et la lutte contre la contrefaçon, ainsi que la coopération dans l'usage pacifique de l'énergie nucléaire. Il a été constaté que même dans les conditions épidémiologiques difficiles et dans une conjoncture parfois défavorable en politique étrangère, la coopération dans le cadre du CEFIC a été efficace et sans faille, les rencontres entre les experts se sont déroulées en présentiel dans la mesure du possible, mais aussi à distance. Un protocole final a été signé à l'issue de la 26e réunion.
Il a été décidé d'organiser la 27e session du Conseil économique, financier, industriel et commercial franco-russe au second semestre 2022.
Sur l'aide de la Russie aux pays de la CEI pour le développement de logements durables et de villes "intelligentes"
Le comité exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l'Europe (CEE-ONU) a approuvé le projet "Améliorer la capacité des pays d'Europe orientale, du Caucase et d'Asie centrale à élaborer et à mettre en œuvre des politiques et des stratégies en faveur du logement durable et des villes intelligentes durables", qui sera financé par une contribution volontaire de la Russie à la CEE-ONU.
Le projet s’étalera sur deux ans, avec un budget de 210.000 dollars. L'objectif principal est de créer à Erevan un Centre des meilleures pratiques en matière de logement durable et de villes intelligentes durables pour les pays de la CEI.
Il est prévu que le Centre se concentre sur les défis que représentent les logements abordables et économes en énergie et les infrastructures urbaines durables, en se fondant notamment sur les principes de la Charte de Genève des Nations unies pour le logement durable.
A l’heure actuelle, de tels centres fonctionnent en Albanie, au Royaume-Uni, en Norvège et en Estonie. Ils aident les pays membres de la CEE-ONU à élaborer et à mettre en œuvre des stratégies nationales en matière de logement, d'urbanisme et d'utilisation des sols. Ils proposent des séminaires de formation, et s’accumule le potentiel d’expertise et des exemples de bonnes pratiques qui peuvent être partagées par tous les pays de la région.
Le centre en Arménie organisera des événements en russe, ce qui permettra aux experts des pays de la CEI de participer activement aux efforts internationaux en matière de logement durable et de développement de l’infrastructure urbaine.
Réponses aux questions:
Question: N'est-il pas temps pour la Russie de faire répondre de leurs actes des fonctionnaires américains précis pour le traitement arbitraire des citoyens russes qu'ils enlèvent et jugent illégalement sur le territoire américain? Peut-être en les extradant des pays où nous avons de tels accords pour les punir conformément à la loi?
Réponse: Je rappelle qu’Oleg Nikitine, directeur général de KS Engineering, a été arrêté en septembre 2019 sur des accusations de complot en vue de commettre des fraudes et des opérations de blanchiment d’argent.
Selon le Bureau du Procureur américain, lui et un employé de sa société, Anton Tcheremoukhine, auraient conspiré avec deux ressortissants italiens et tenté, par leur intermédiaire, d'acheter une turbine américaine d'une valeur de 17,3 millions de dollars afin de la faire entrer clandestinement en Russie.
L'accusation a requis contre Oleg Nikitine jusqu'à cinq ans de prison, ainsi qu'une amende et la confiscation des biens. Le 30 mars de cette année, le ressortissant russe a plaidé coupable de violations du contrôle des exportations et, le 22 septembre, le tribunal du district Sud de l'Etat de Géorgie l'a condamné à 28 mois de prison (ce qui correspond à la durée de sa détention provisoire) et à son expulsion vers la Russie.
L'expulsion a été reportée à plusieurs reprises (comme on nous l'a expliqué) en raison de la recrudescence de l’épidémie de Covid-19 ainsi que de l'annulation partielle par Aeroflot des vols sur la ligne New York-Moscou. Il n'a pas été possible d'acheter un billet aux frais du Consulat général de Russie à New York ou de particuliers, cette option n'étant pas prévue dans la décision de justice.
L'ambassade de Russie à Washington a envoyé des notes au département d'État américain pour demander que des mesures concrètes soient prises en vue du retour immédiat du ressortissant russe. Le 21 décembre, Oleg Nikitine est rentré dans son pays à bord d'un vol Aeroflot.
De telles histoires ont déjà été commentées à de nombreuses reprises. Le problème de la détention de Russes dans des pays tiers est bien plus vaste que la question des sanctions fantaisistes. Ce sujet est extrêmement aigu et d'actualité. Il s'agit de l'enlèvement de personnes à la demande des autorités américaines, de leur détention sous prétexte de violation de certaines normes et dispositions légales, et de l'inculpation de personnes qui, en principe, n'ont rien violé mais représentent une "menace" aux yeux des États-Unis.
Nous commentons tous les cas. Derrière chaque histoire se cachent des mois et des années de travail minutieux de nos diplomates, tant dans le pays hôte qu’au niveau de l’Appareil central du Ministère russe des Affaires étrangères. Plusieurs dizaines de cas de ce type ont été enregistrés ces dernières années. Ils sont différents, mais beaucoup d’éléments les relient.
Dès que nous recevons des informations sur l'arrestation de nos citoyens, les agences diplomatiques russes commencent immédiatement à travailler de manière active avec les forces de l'ordre locales. Nous soulignons l'illégalité et le caractère injustifiable des actions des Américains et insistons pour que les affaires soient traitées conformément à la législation du pays hôte, en impliquant, si nécessaire, le Comité d'enquête de Russie, le Procureur général de Russie et le Ministère de l’Intérieur de Russie. Nous recommandons que les détenus soient transférés sur le territoire russe pour une enquête impartiale et objective.
Nos diplomates aux États-Unis fournissent aux Russes arrêtés une assistance consulaire et juridique complète afin de garantir le respect inconditionnel de leurs droits et intérêts légitimes et leur retour dans leur pays dès que possible. Ces cas sont placés sous la surveillance spéciale de l'Ambassade et sont constamment évoqués lors des négociations avec le Département d'État et le Département de la justice des États-Unis. Ce travail est mené dans un contexte de réduction de notre capacité consulaire en raison des actions américaines: les consulats généraux sont fermés et il est géographiquement difficile d'effectuer un travail normal. On compte beaucoup de nos compatriotes dans ce pays; malheureusement, il n'y a aucune possibilité de les recevoir sur place en raison de la fermeture des consulats généraux. Le potentiel du personnel consulaire de Washington est exploité. Tout cela crée de sérieuses difficultés supplémentaires pour notre travail.
Le personnel est en contact permanent avec les détenus, leurs proches et leurs avocats, ainsi qu'avec l'administration pénitentiaire. Le cas d’Oleg Nikitine s'inscrit dans ce cadre. La plus grande attention est accordée aux conditions de détention, à la fourniture en temps voulu de soins médicaux qualifiés, à l'accès au téléphone et au courrier électronique, et à l'organisation des visites. Cette situation est aggravée par la pandémie et la "bacchanale" que les États-Unis ont créée autour de la "délivrance" (en fait, la non-délivrance) de visas.
Dans nos contacts avec les Américains, nous soulignons toujours le caractère inacceptable de la pratique consistant à arrêter des Russes dans des pays tiers et exigeons l'arrêt immédiat de cette "chasse" criminelle.
Nous soulignons que le Traité d'entraide judiciaire en matière pénale entre la Fédération de Russie et les Etats-Unis du 17 juin 1999, toujours en vigueur, offre toutes les possibilités d'établir une coopération entre les autorités compétentes de nos pays et de résoudre des situations similaires dans le cadre légal. Nous avons proposé à plusieurs reprises de coopérer dans la lutte contre la cybercriminalité. Cependant, pendant de nombreuses années, nos partenaires américains se sont abstenus de discuter de propositions détaillées sur ce sujet. Il y a aujourd’hui un mouvement dans cette direction, mais il doit être plus ample.
Compte tenu des circonstances susmentionnées, le Ministère a exhorté à plusieurs reprises nos concitoyens à peser soigneusement tous les risques possibles lorsqu'ils planifient des voyages à l'étranger, en particulier s'il y a des raisons de croire qu'ils font l'objet de plaintes de la part des services d’application de la loi et des services spéciaux américains. Un avertissement en ce sens a été publié sur le site du Ministère russe des Affaires étrangères.
Question: Comment pourriez-vous commenter l’initiative du Secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, de réunir un Conseil Russie-Otan au niveau des ambassadeurs des pays membres?
Réponse: Je peux confirmer que nous avons reçu une telle proposition. Elle est actuellement étudiée sur le plan pratique.
Nous réaffirmons notre volonté d'engager un dialogue direct avec l'Otan concernant un projet d’accord sur les garanties de sécurité de la Russie excluant une nouvelle expansion de l'Alliance vers l'Est et le déploiement d’armements offensifs à proximité immédiate des frontières de la Russie.
Comme vous le savez, en raison des actions inamicales et ciblées contre la Mission russe auprès de l'Otan, son activité normale a été rendue impossible et a été suspendue. Tous les diplomates russes et le personnel du Bureau du Représentant militaire en chef sont rentrés au pays. Le format, les modalités et le calendrier d'une éventuelle réunion dans le cadre du Conseil Otan-Russie devront être décidés à la lumière de toutes ces circonstances. Mais nous sommes ouverts au dialogue.
Question: Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du Président des Etats-Unis, a déclaré qu'il restait peu de temps pour rétablir l'"accord nucléaire" avec l'Iran et qu'une telle possibilité pourrait ne plus exister dans quelques semaines. Il a déclaré que les États-Unis envisageaient déjà des alternatives au rétablissement du JCPOA. Comment Moscou évalue-t-il ces déclarations et le fait que les États-Unis ont fixé une date limite pour le rétablissement du JCPOA? Moscou sait-il de quelles alternatives il s'agit? Les collègues américains ont-ils discuté de ces idées avec les diplomates russes?
Réponse: Le Ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a parlé en détail de l'état d’avancement du processus de négociations visant à rétablir le JCPOA hier dans une interview accordée à la chaîne de télévision RT. Le texte de l'interview est disponible sur le site du Ministère russe des Affaires étrangères.
Quant aux alternatives possibles au rétablissement du JCPOA, la partie russe part du principe qu'il n'y a pas d'alternative au Plan d’action.
Notre position a été formée immédiatement, faisait partie des fondations, lors de l'élaboration du plan. Nous avons réalisé que nous avions fait tout ce que nous pouvions pour que ce document fonctionne et soit opérationnel. Les États-Unis ont commencé unilatéralement à le "casser", à s'en retirer, sans activer le mécanisme mais à leur guise, parce qu'ils étaient censés être "exceptionnels" et "s'excluaient" de son application. Nous partons du fait que le plan n’a pas d’alternative. Quand Washington a de nouveau changé d'avis en faveur de l'accord, nous avons maintenu la même position. Nous participons de manière constructive à ces négociations en tant que partenaire, avec pour objectif de rétablir l'accord nucléaire le plus rapidement possible.
Les paramètres du JCPOA ont été convenus lors de la conclusion des accords en 2015 et inscrits dans la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies. Il s'agit d'une valeur immuable pour la Russie. Nous comprenons que chacun doit s’investir. Il est contraignant. Le JCPOA n'a pas perdu de son actualité. Nous pensons que tous les États membres du Conseil de sécurité des Nations unies (y compris les États-Unis), qui ont adopté cette résolution, sont tenus de s'y conformer.
Question: Comment le Ministère russe des Affaires étrangères évalue-t-il l’année 2021 du point de vue du règlement de la situation entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan? Quelles sont les attentes sur ce dossier en 2022?
Réponse: Il ne faut pas essayer de "façonner" les attentes ou les évaluations sur la base d’une date. Même si c'est la nouvelle année et que tout le monde fait le point. À partir du moment où vous passez un accord, chaque jour est le théâtre d’un travail énorme, de victoires et de défaites, de réussites et d’échecs. Nous les commentons tous les jours. Nous avons une conférence de presse une fois par semaine. Les dirigeants du pays, le Ministère russe des Affaires étrangères, les experts, les représentants de différents organes abordent régulièrement ce sujet de manière exhaustive dans des interviews, lors de conférences de presse. Pas pour attirer plus d’attention ou d’intérêt sur les travaux, mais pour être les premiers à informer les peuples, principalement de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie, pour lever les questions qui se posent pour des raisons objectives et en raison d'un grand nombre de désinformations, pour mettre en avant les étapes réussies et pour nous inspirer nous et toutes les personnes concernées à des réalisations futures. Cette composante émotionnelle est importante: il s'agit de montrer ce qui fonctionne, afin d'inciter les gens à aller de l'avant malgré les difficultés. Je n'essaierai pas de résumer les résultats globaux. Ils l’ont été quotidiennement, des plans pour l’avenir étaient tracés. Le lendemain, ils étaient commentés, en disant ce qui avait fonctionné ou non.
Nous en avons parlé à l'occasion de l'anniversaire de la cessation des hostilités: le 9 novembre de cette année a été publiée une déclaration du Ministère russe des Affaires étrangères à ce sujet. Elle souligne que les accords fixés dans la déclaration des dirigeants des trois pays du 9 novembre 2020 sont mis en œuvre dans l’ensemble. Bakou et Erevan restent attachés à la poursuite de sa réalisation et au strict respect de toutes ses dispositions.
Les chefs d'État russe, azerbaïdjanais et arménien ont fait des déclarations très détaillées sur le travail accompli au cours de l'année lors du sommet de Sotchi susmentionné, le 26 novembre dernier, tant en conférence de presse que dans la déclaration commune adoptée à l'issue de la réunion.
Question: Quelles sont vos attentes personnelles?
Réponse: Les attentes sont toujours liées à la qualité du travail. On peut faire toutes sortes de déclarations, mais elles doivent reposer sur un travail. Les experts, diplomates, représentants de différents organes interagissent chaque jour, sur la base des directives des dirigeants et des documents adoptés conjointement.
Mes vœux personnels à l'Arménie et à l'Azerbaïdjan, ainsi qu'à tous ceux qui travaillent (y compris du côté russe), y compris directement "sur le terrain" pour préserver la situation de nouvelles complications, sont la paix, la patience, le succès, la chance dans cette mission difficile de débloquer l'un des conflits les plus difficiles, les plus longs et les plus sanglants, et l'espoir que tout s'arrangera, dans la mesure où tout le monde fera le maximum d’efforts.
Question: L'Azerbaïdjan a traditionnellement soutenu la résolution initiée par la Russie à l'Assemblée générale des Nations unies condamnant la glorification du nazisme. Que pouvez-vous dire de l'unité des pays de la CEI sur cette question et de la lutte des États de la Communauté dans cette direction?
Réponse: J’ai longuement parlé de ce sujet dans la première partie de la conférence de presse. Le souvenir de la lutte commune de nos peuples au sein d'un État commun contre l'idéologie misanthrope du nazisme et du fascisme est la pierre angulaire de notre histoire commune. Tous les États membres de la CEI, à une exception près - et vous savez très bien de qui il s’agit - sont unis sur ce point.
En 2020, les pays de la Communauté ont organisé conjointement un grand nombre d'événements politiques et commémoratifs dans le cadre de l'année, célébrée au sein de la CEI, du 75e anniversaire de la victoire dans la Grande Guerre patriotique de 1941-1945. Parmi les événements les plus importants, les plus marquants, je citerai le défilé du 24 juin 2020 sur la Place Rouge, dans le cadre duquel les armées de tous nos pays ont défilé devant les chefs d’Etat qui avaient pu venir à Moscou malgré la pandémie (Ilham Aliyev était là, mais pas les autorités de Kiev qui, on le comprend, n’avaient pas été invitées), ainsi que la remise d'une même médaille commémorative aux anciens combattants, ce qui, comme lors de l'année de la Grande Victoire, les a réunis.
Nous développons également notre coopération au sein de formats multilatéraux. L'Azerbaïdjan fait toujours partie des coauteurs de la résolution présentée par notre pays à l'Assemblée générale des Nations unies sur la lutte contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d'autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l'intolérance qui y est associée. Il s'agit d'une bonne confirmation pratique que les approches de la Russie et de l'Azerbaïdjan en matière de préservation de la vérité historique et de lutte contre la falsification de l'histoire, en particulier sur le bilan de la Grande Guerre patriotique et de la Seconde Guerre mondiale, sont proches ou coïncident.
Question: Le Ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a déclaré dimanche que la prochaine réunion au format "3+3" aurait lieu à Ankara. La Russie s'y prépare-t-elle, connaît-on les thèmes de la deuxième réunion et la Russie est-elle prête à entrer en contact avec la Géorgie dans ce format si un représentant géorgien venait tout de même à Ankara?
Réponse: Nous avons vu la déclaration du Ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu. Je voudrais noter qu'Ankara n'est pas le seul à avoir exprimé sa disposition à organiser sur sa plateforme la prochaine réunion de la plateforme consultative régionale "3+3". Cela témoigne d'un intérêt élevé de tous ses participants à poursuivre un travail commun et à établir une interaction pratique.
La mise au point du lieu de la rencontre et de son contenu substantiel se déroule au niveau des ministères des Affaires étrangères avec le consensus de tous les acteurs. Nous partons du principe qu'il est avant tout important de se concentrer sur les questions d'intérêt commun: le développement des liens commerciaux, économiques, de transport et socioculturels, la lutte contre les risques et les défis communs. Tous ces secteurs contribuent au renforcement de la confiance et de la stabilité dans la région.
En ce qui concerne la participation de la Géorgie: pendant la première réunion de la plateforme le 10 décembre, tous les pays, dont la Russie, se sont prononcés à l'unanimité pour la participation de la Géorgie au format "3+3" et se sont mis d'accord sur le fait que la porte reste toujours ouverte pour la Géorgie.
Question: Prévoit-on, à la réunion des chefs d'État de la CEI à Saint-Pétersbourg le 28 décembre, d'évoquer le processus de paix dans le Caucase du Sud, étant donné que les dirigeants de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie seront présents? Envisage-t-on la participation à la discussion d'autres dirigeants de la CEI?
Réponse: Le porte-parole du Président russe, Dmitri Peskov, a déjà annoncé cette rencontre. L'Administration du Président de la Russie pourrait vous donner un "tableau" plus large.
Je rappelle que les rencontres informelles entre les dirigeants de la CEI, qui se déroulent généralement en fin d'année, sont déjà devenues une bonne tradition. Le format de l'activité ne prévoit pas un ordre du jour fixe, tout se déroule sous la forme d’une discussion libre. On s'attend à ce que les dirigeants des pays de la Communauté fassent le bilan du travail de l'organisation cette année, et déterminent les principaux objectifs pour l’avenir. En général, une attention particulière est accordée à la coopération multidimensionnelle dans le cadre de la CEI, à la vérification des positions sur les principaux thèmes régionaux et internationaux.
Tous les thèmes peuvent être évoqués pendant la réunion. Pour plus de détails, veuillez vous adresser à l'Administration du Président de la Fédération de Russie.
Question: Le 21 décembre, l'opposition abkhaze a organisé une manifestation à Soukhoum en tentant de s'emparer du bâtiment gouvernemental. Les manifestants ont accusé le Président abkhaz, entre autres, de "tentative de partager la souveraineté" avec la Russie, et le prétexte, selon la déclaration officielle de Soukhoum, en était les propos du Président sur la nécessité d'allouer un terrain pour une base militaire russe. Le Ministère russe des Affaires étrangères tente-t-il d'aider les autorités abkhazes à régler la situation?
Réponse: Nous suivons attentivement l'évolution de la situation politique intérieure en Abkhazie. La gravité de la situation à Soukhoum diminue progressivement depuis le 21 décembre.
Nos pays construisent et renforcent progressivement des relations interétatiques multidimensionnelles. Sachant que les principes d'équité, de respect réciproque de la souveraineté et de non-ingérence dans les affaires intérieures, appliqués depuis la reconnaissance de l'indépendance de la République d'Abkhazie par la Fédération de Russie, restent inchangés.
La coopération bilatérale en matière de défense et de sécurité, de protection des frontières, assure de manière sûre la paix et la stabilité dans la région, ce qui est souhaité par nos deux pays. Une coordination étroite du travail en politique étrangère permet de promouvoir efficacement les intérêts d'une Abkhazie indépendante sur la scène internationale, notamment sur la plateforme importante des Discussions de Genève sur la sécurité et la stabilité en Transcaucasie.
Nous faisons remarquer que l'Accord entre la Fédération de Russie et la République d'Abkhazie sur une base militaire russe unifiée sur le territoire de la République d'Abkhazie du 17 février 2010 (entré en vigueur le 20 janvier 2012) a été publié en accès libre. Cet accord a été ratifié par le Parlement abkhaz. Tout le monde peut se familiariser avec son contenu et l'énumération des lieux de déploiement des bases militaires russes.
Question: Ramzan Kadyrov, Président de la République de Tchétchénie, a demandé au Ministère russe des Affaires étrangères de prendre des mesures suite à l’inauguration en Turquie d’un parc portant le nom du leader séparatiste Djokhar Doudaïev. Quelles pourraient être ces mesures et sont-elles nécessaires à l’heure actuelle, étant donné les relations de partenariat entre la Russie et la Turquie?
Réponse: Nous avons déjà commenté ce thème. Nous avons exprimé notre rejet absolu de toute forme, pratique ou forme de glorification ou d'apologie des extrémistes, des combattants, des collaborateurs et des terroristes. C'est la position officielle de la Russie. Elle ne change pas, ne nécessite pas de réaffirmation. Il s'agit d'un principe de base de notre politique intérieure et extérieure. Je suis surprise que l'on puisse se poser des questions à ce sujet. Ici, rien ne dépend du volume ou de l'émotivité de la voix. Telle est notre position de base, qui est ancrée dans tous les fondements doctrinaux de la politique étrangère et intérieure russe.
Ce n’est pas la première tentative de perpétuer la mémoire d’un homme sur la conscience duquel repose la mort de milliers de citoyens russes. Il s’agit de citoyens russes de différentes ethnies et religions.
De telles tentatives sont intolérables et nécessitent d’être débattues par toute la communauté internationale. Nous devons être unis sur ces questions.
Elles entrent en contradiction directe avec l'esprit des relations russo-turques de coopération mutuellement bénéfique, à la préservation et au renforcement desquelles nos chefs d’État accordent tant d’attention.
Nous considérons que nos signaux concernant l'inadmissibilité de ce type de mesures qui sapent la confiance mutuelle seront pris au sérieux par la partie turque. Le blanchiment et la glorification des chefs des combattants, tout comme des extrémistes et des terroristes eux-mêmes, à des fins conjoncturelles sont inacceptables et inadmissibles. C'est la position de principe de la Russie.
Question: Le Wall Street Journal a publié une interview du secrétaire d'État américain Antony Blinken, dans laquelle il affirme que les États-Unis veulent conserver une position de leader, même si cela allait à l'encontre des intérêts américains. Il a ajouté que Washington agirait également à l'étranger, et a déclaré, en expliquant cette idée, que dans le cas contraire il y aurait un vide "qui serait comblé par le chaos et la loi de la jungle". Comment pourriez-vous commenter ces déclarations d’Antony Blinken?
Réponse: J’ai lu cette déclaration d’une manière un peu différente. La traduction que vous citez n’est certainement pas toute à fait exacte. Il a dit: "Si nous (les États-Unis) ne sommes pas impliqués, si nous ne jouons pas un rôle de leader, alors l’un des deux scénarios se présentera: soit quelqu'un d'autre prendra notre place et n'agira probablement pas dans l'intérêt et en accord avec les valeurs du peuple américain; soit - ce qui est probablement tout aussi mauvais - il n'y aura pas de leader du tout et alors un vide sera créé, qui sera très probablement rempli par le chaos, la loi de la jungle, ou quelque chose d'autre."
Ces derniers temps, les Etats-Unis ont développé tellement de concepts qu’ils commencent à se contredire en permanence. Mais une chose n’a pas changé: leur désir d’être éternellement les leaders et leur phobie sans fin (et cette déclaration le montre clairement) de perdre ce leadership.
A la base de beaucoup d’actions des Américains, il y a la peur de perdre leur propre exclusivité, leur propre rôle de leader (même cela n'a rien à voir avec un véritable leadership), leur vision d’eux-mêmes comme une sorte de "propriétaire" sans limite de tout ce qui les entoure. Le plus dangereux n'est pas qu'ils aient une telle attitude, mais plutôt qu’elle est basée sur la peur de tout perdre. Cela montre qu'ils ne comprennent pas qu'ils ne possèdent pas ces qualités à ce stade, que le monde se construit désormais sur des approches conceptuelles très différentes. Quand l’élite politique a peur de quelque chose et qu’elle manifeste cette peur, elle a déjà perdu.
Question: Comment pourriez-vous commenter les déclarations de représentants finlandais et suédois selon lesquelles ils ne devraient pas être "mis à l'écart" lorsqu'il s'agit de la sécurité collective de l'ensemble du continent européen, et pas seulement de l'accord Otan-Russie?
Ces États sont assez étroitement intégrés au système de défense de l'Europe occidentale, par exemple dans le cadre du Partenariat pour la paix. Leur neutralité serait-elle une garantie de sécurité vis-à-vis de la Russie en cas de guerre majeure en Europe?
Réponse: C'est une manière intéressante de poser la question. Vous avez dit que les représentants de la Finlande et de la Suède avaient déclaré que leurs pays ne devaient pas être "mis à l'écart" quand il s’agit de la sécurité collective de l'ensemble du continent européen. La Russie peut-elle être "mise à l'écart" des discussions sur la sécurité européenne? Voilà la question que nous posons au monde. Pourquoi avez-vous décidé qu'un pays en particulier pouvait être "mis à l'écart" alors que vous discutez de la sécurité du continent sur lequel ce pays est situé, ayant signé les engagements correspondants dans le cadre d’une structure internationale (ici, je me réfère aux documents de l'OSCE). Qu'est-ce qui vous fait penser que le sort du monde peut être décidé sans ceux qui ont sauvé le monde et ont été les garants de la stabilité et de la sécurité pendant de nombreuses années avec leurs partenaires? Qu'est-ce qui vous fait penser que quelqu'un peut être laissé "mis à l'écart"? Qu'est-ce qui fait penser à tout le monde que les initiatives de la Russie, dans lesquelles elle a déclaré et réaffirmé son engagement en faveur de l'indivisibilité de la sécurité, peuvent être oubliées, non retenues, réécrites encore et encore, faisant de notre pays dans l'espace public une sorte de pseudo-agresseur? C'est l'essence même de notre question, de notre position.
La sécurité doit être évoquée ensemble et construite collectivement pour de nombreuses raisons. L'une d'entre elles est que les défis sont partagés. Quand on nous dit que nous sommes les ennemis les uns des autres, ce n’est pas le cas. Il n'y a pas de telle approche du côté russe. Les défis sont, en effet, communs. Ils devraient nous unir. De nombreux opposants disent que c'est la Russie qui constitue un défi pour un certain nombre de pays, l'Otan en particulier, et qu’ils devraient s’unir contre nous. Ces dernières années, il est devenu à la mode de s'"unir" contre la Chine. On a visiblement décidé de ne pas laisser la Russie "en solitaire". Mais cette vision n’est pas juste. Nous partageons des défis et des menaces communs: l'extrémisme, le terrorisme, le trafic de drogue, la criminalité organisée, la corruption, les enlèvements, les pandémies, les maladies inconnues (comme il s'avère) que l'humanité n'a pas encore appris à traiter totalement, un grand nombre de catastrophes naturelles qui nous prennent sans cesse par surprise. Ce sont des menaces potentielles. Les experts les connaissent. Combien de choses restent inexplorées dans notre monde, qui nécessitent une réponse collective! Pourquoi tout le monde a-t-il décidé qu'il était normal que quelqu'un "pousse les autres par-dessus bord" et que d'autres aient des places privilégiées? Non. La Russie a payé un lourd tribut pour cette stabilité et cette sécurité, y compris pendant la Seconde Guerre mondiale. Nous avons le droit de discuter de l'avenir de la planète et directement de notre continent européen sur un pied d'égalité. Je suis d'accord pour dire que la sécurité ne peut être divisée entre "la nôtre" et "celle des autres". Tout le monde devrait être globalement impliqué dans ce processus. Il ne faut pas s'en souvenir quand la situation est déjà explosive. Il faut toujours s'en souvenir dans les discussions collectives. Après tout, la Finlande et la Suède sont unies par d'autres structures et alliances régionales au sein desquelles elles peuvent faire entendre leur voix en faveur de l'indivisibilité de la sécurité, et elles auraient pu le faire plus tôt. Quelqu'un l'a fait. Malheureusement, une telle voix globale et puissante ne s’élève pas. La domination et ces cris interminables prendront fin un jour quand, collectivement, les pays européens pourront dire qu'ils discuteront d'abord et avant tout de la sécurité du continent européen entre eux et non avec l'aide et la participation de ceux qui ne sont pas sur ce continent. Avec tout le respect dû aux mérites et capacités historiques de ces derniers, cette affaire est celle de pays qui se trouvent sur le continent européen.
Ce principe est ancré à l'OSCE, dont la Russie, la Finlande, la Suède et l'Islande sont membres. Elle implique que personne n'a le droit de construire sa propre sécurité au détriment de celle des autres. C'est l'approche que la Fédération de Russie a toujours préconisée. Pour une certaine raison, ces citations du Président de la Fédération de Russie, du Ministre russe des Affaires étrangères, du Ministre russe de la Défense ne font jamais les gros titres des revues et journaux occidentaux, contrairement à d’autres déclarations. D'autres thèses sont attribuées à la Russie, mais on ne prête pas attention à celles-là.
Nous sommes convaincus que les propositions de la Russie visant à fournir des garanties juridiques internationales claires en matière de sécurité sont appelées à désamorcer les tensions et à réduire la menace militaire dans l'ensemble de l'espace européen - de l'Atlantique au Pacifique.
La politique traditionnelle de non-participation de la Finlande et de la Suède à des alliances militaires est considérée par la Russie comme un facteur important de garantie de la stabilité en Europe du Nord. Il a toujours été souligné que le choix de la stratégie de défense et de sécurité nationale était une affaire intérieure et souveraine de chaque État. Naturellement, pas au détriment de la sécurité d'autres pays. En même temps, on ne peut pas ne pas voir le travail intentionnel de l'Otan "d’aspiration" dans l'orbite de ses intérêts, et la politique conjoncturelle de ces pays qui prennent une part de plus en plus active aux exercices militaires à grande échelle de l'Alliance, y compris en mettant leur territoire à disposition pour ces manœuvres, dont les scénarios prévoient de pratiquer des frappes nucléaires sur un ennemi "similaire". Ils ne peuvent pas ne pas comprendre ce que représente une frappe nucléaire contre un pays voisin. Il faudrait être naïf. Peut-être faut-il rappeler la catastrophe de Fukushima (qui n’a pas découlé d’opérations militaires ou d’une frappe nucléaire) et les conséquences qu’elle a eues pour la région? Peut-être serait-il judicieux de s’appuyer sur cette expérience quand ils mènent des exercices consistant à utiliser l’arme nucléaire contre des territoires voisins, de simplement se demander ce qu’il adviendra d’eux? Ou alors ont-ils des territoires en réserve sur d’autres continents? Ou des vaisseaux spatiaux qui les emmèneront sur d’autres planètes?
On s’interroge, forcément. Il est tout à fait évident que le rattachement de la Finlande et de la Suède à l'Otan, qui est avant tout une structure militaire et ne met pas au premier plan un programme de défense, mais s'engage plutôt dans des activités agressives - nous l'avons vu avec l'Irak, la Libye, l'Afghanistan, etc. - aurait de graves implications politico-militaires qui nécessiteraient une réponse adéquate de la part de la Russie. Nous n'avons jamais caché, mais au contraire avons toujours souligné, que nous étions pour les efforts collectifs, le processus de négociation et l'indivisibilité de la sécurité.
Question: Bruxelles, et concrètement Josep Borrell, voudrait se joindre à l'examen des propositions russes sur la stabilité stratégique. Si nous le comprenons bien, Sergueï Riabkov ne s'y oppose pas. Quelle est la position du Ministère russe des Affaires étrangères sur les relations entre la Russie et l'UE, quelles sont les principales prétentions russes par vis-à-vis de l'Union européenne?
Réponse: Votre formulation implique que certains responsables du Ministère seraient contre ce travail. Cela n'existe pas chez nous. Nous élaborons collectivement nos approches de la mise en œuvre et de la formation de notre politique étrangère. Notre position est étatique. La situation dans d'autres pays pourrait être différente. Toutes les institutions et tous les responsables d'un État peuvent disposer de leurs positions personnelles, il n'y a pas une seule voix. Ce "chœur" est donc incapable de chanter ensemble. Quant à nous, nous n'avons pas ce problème.
En outre, nous sommes prêts à parler à ceux qui sont en mesure de contribuer réellement à la formulation de garanties juridiques à long terme de la sécurité aux frontières occidentales de la Russie. Il est dans l'intérêt de l'UE de favoriser la prévention de la dégradation future de la situation politique et militaire en Europe, de créer des prémisses à l'élimination des lignes de partage sur le continent, l'octroi de ressources au travail conjoint au nom du renforcement d’un espace euro-atlantique et eurasiatique, uni et indivisible. Cela exige que les États-Unis et leurs alliés offrent des garanties de non-élargissement de l'Otan et de non-déploiement d'armes menaçant la Russie à proximité de ses frontières.
Constatons-nous la même disposition de la part de l'UE en ce qui concerne ce complexe de mesures? Voyons-nous une volonté de Bruxelles de coopérer avec la Russie sur la base de l'égalité et de la prise en considération de nos intérêts légitimes dans ce domaine? Non, pas pour l'instant. J'espère cependant que l'élément principal de cette réponse réside dans "pas pour l'instant" au lieu de "non". Mais nous constatons actuellement un élargissement progressif des restrictions illégitimes de l'UE contre la Russie et ses alliés les plus proches. Les structures européennes promeuvent une nouvelle formule de coopération avec la Russie sur la base d'une triade de principes phantasmagorique: la riposte, l'endiguement et la coopération sélective. Il est évidemment impossible de construire des relations stables et prévisibles sur une telle base peu respectueuse.
Il suffit de constater les déclaration manifestement antirusses et étrangères à toute pratique diplomatique, que Josep Borrell se permet dans ses colonnes (il n'y a pas de garantie qu'il rédige lui-même ces textes), dans ses déclarations etc. Il existe parfois une dissonance visible entre ses textes, ses opinions et ses propos oraux. Je ne peux pas l'expliquer. Beaucoup de ses propos sont inacceptables pour un individu de son niveau et de son expérience.
Question: À propos du déploiement éventuel d'armes nucléaires en Biélorussie. Est-ce que les forces conventionnelles russes pourraient s'y installer dans ce cas? Quelle est la probabilité de ce scénario?
Réponse: Il faut adresser cette question au Ministère de la Défense pour des raisons évidentes. Tout le monde doit bien comprendre les origines de ce sujet, qui résident dans la poursuite des actions hostiles de l'Otan. Les dirigeants russes ont annoncé une réponse appropriée, y compris militaire et technique, en cas de persistance de telles actions hostiles et inamicales.
Question: Qu'en est-il de la résolution des questions relatives au transit via Kaliningrad? Que font la Lituanie et la Lettonie?
Réponse: La Lettonie ne participe pas au schéma de transit de Kaliningrad. Le transit de frets et de passagers vers ou depuis la région de Kaliningrad s'effectue à travers la Lituanie.
D’une manière générale, ce transit fonctionne sans interruption depuis deux décennies conformément à la Déclaration commune de la Fédération de Russie et de l'Union européenne du 11 novembre 2002 et à l'Accord intergouvernemental russo-lituanien sur les modalités de l'octroi simplifié de documents de passage ferroviaire du 20 juin 2003.
Vilnius a adopté plusieurs restrictions au transit ferroviaire de voyageurs (ainsi, un train ne peut pas actuellement transporter plus de 250 personnes) en raison de la pandémie. Nous espérons qu'au fur et à mesure de l'amélioration de la situation épidémiologique, toutes les restrictions seront levées et que le transit sera rétabli intégralement.
En même temps, nous avons déjà annoncé le 16 décembre notre préoccupation concernant une restriction possible par la Lituanie du transport de marchandises depuis la Biélorussie, ce qui pourrait affecter le transit de marchandises via Kaliningrad. Nous espérons qu'il sera possible de l'éviter. Il existe déjà beaucoup de problèmes dans le monde. Nous espérons un respect absolu par la Lituanie de ses engagements internationaux.
Notre position est très simple: aucune initiative de Vilnius ne doit empêcher ni compliquer le transit de citoyens ou de marchandises russes entre la région de Kaliningrad et le reste de la Fédération de Russie.
Question: Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a annoncé à l'issue de son entretien à Bruxelles qu'il s'était entendu avec le Président Ilham Aliev sur la reprise de la communication ferroviaire. Et que la voie de chemin de fer fonctionnera conformément aux règles frontalières et douanières internationales de manière réciproque, sous la souveraineté et la juridiction des pays. Sachant qu'Ilham Aliev a déclaré à Bruxelles que les règles de passage dans les corridors de Zanguezour et de Latchin devaient coïncider, sinon l'Azerbaïdjan mettrait également en place des postes douaniers dans le corridor de Latchin. Compte tenu de tout cela, comment se déroulera le déblocage des communications, notamment des routes? L'Arménie exercera-t-elle un contrôle douanier sur les routes entre l'Azerbaïdjan et la République autonome de Nakhitchevan? Et que pense Moscou des menaces de Bakou de mettre en place des postes douaniers dans le corridor de Latchin, ce qui n'est prévu par aucune des déclarations trilatérales du 9 novembre 2020, du 11 janvier et du 26 novembre 2021?
Réponse: Les ententes sur la communication ferroviaire à l'issue des rencontres à Bruxelles font suite aux accords trilatéraux du 26 novembre entre les dirigeants de la Russie, de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie. Leur discussion substantielle se poursuit au niveau du Groupe trilatéral de travail sous la coprésidence des vice-premiers ministres.
Je rappelle que dans le cadre de ce mécanisme sont analysées toutes les questions relatives au déblocage des liens de transport et économiques dans le Caucase du Sud, notamment la reprise de la communication ferroviaire et routière dans la région. Selon l'entente des chefs d'État à Sotchi, nous avançons vers le lancement au plus vite des projets de transport concrets.
Les coprésidents du Groupe de travail trilatéral tiendront informés les médias des résultats de leur travail.
En ce qui concerne les déclarations faites, elles doivent toujours viser l'objectif dont nous parlons. Elles doivent viser ce résultat et la création de l'atmosphère appropriée.
On ne peut pas dire que nous ne constatons pas de problèmes. Non seulement nous les constatons, mais nous y travaillons. Il faut créer l'atmosphère appropriée, ne pas faire une fixation et ne pas mettre en avant seulement ce qui existe sous forme de problème. Nous voyons, constatons et comprenons tout cela, nous travaillons beaucoup avec les parties, nous parlons séparément, collectivement, etc. Dans le milieu de l'information nous devons montrer qu'il existe également des moments positifs, au lieu de poser constamment des questions problématiques en tant que fondamentaux et tout le reste en fonction des difficultés.
Question: Après les négociations trilatérales à Bruxelles, le Président du Conseil européen Charles Michel a annoncé que l'UE allouerait des experts (groupe de consultants) pour apporter un soutien en termes de démarcation et de délimitation des frontières entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Une aide technique sera accordée aux deux pays. Il a été dit plus tôt que la Russie apporterait une aide consultative dans la démarcation et la limitation de la frontière à partir des cartes conservées à l'état-major russe. Que pense Moscou de la participation d'experts de l'UE à ce processus?
Réponse: Nous nous basons sur les accords du 26 novembre 2021 et avançons vers la création de la Commission pour la délimitation de la frontière nationale entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie suivie par la démarcation avec une contribution consultative de la Fédération de Russie à la demande des parties.
Nous saluons les efforts internationaux visant à normaliser les relations bilatérales. Sachant que le plus important est de tenir compte des réalités régionales, de l'entente de Bakou et d'Erevan, ainsi que de la valeur ajoutée de cela.
De notre côté, nous continuons d'apporter à l'Azerbaïdjan et à l'Arménie tout le soutien nécessaire, y compris consultatif.
Question: Il a été annoncé hier qu’une rencontre entre les dirigeants de la Russie et des États-Unis pourrait avoir lieu début janvier 2022. Est-ce que cela signifie qu'elle pourrait avoir lieu pendant les jours de fête, et avec mes collègues nous devons être vigilants et ne pas nous reposer?
Réponse: Je trouve que vous et vos collègues devez vous reposer parce qu'il ne peut y avoir de travail productif sans repos. La vie apporte déjà différents problèmes pendant les fêtes et pendant le week-end. Il faut profiter de chaque opportunité pour se reposer.
En ce qui concerne les pourparlers entre les chefs d'État, les rencontres et les entretiens au sommet, ils sont commentés par l'Administration du Président. Une grande conférence de presse du Président de notre pays s'est tenue hier. Beaucoup de choses ont été dites sur les projets. Il faut partir de cela. Vous pouvez poser des questions supplémentaires au service de presse du Président.
Je crois qu'il sera possible de se reposer.