Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 17 juin 2020
Point de situation sur le coronavirus
La semaine dernière, le nombre total de personnes contaminées par le Covid-19 dans le monde a franchi la barre des 8 millions de personnes. Malgré un certain fléchissement du nombre de nouveaux cas de contamination et une tendance à la baisse des cas mortels, on ne constate toujours pas de signes rassurants d'un tournant dans la situation épidémiologique globale. Des statistiques alarmantes proviennent des régions latino-américaine et asiatique. Dans plusieurs cas, on parle sérieusement du début d'une seconde vague de la pandémie.
Les pays de la zone euro, poursuivant les assouplissements épidémiologiques, ont annoncé à partir du 15 juin le début de la levée des restrictions aux déplacements à l'intérieur de l'espace Schengen tout en annonçant l'ouverture des frontières extérieures à partir du 1er juillet. Je voudrais souligner une nouvelle fois que pour l'instant, il s'agit d'intentions. Compte tenu des démarches des partenaires européens pour rétablir la liberté de circulation, nous espérons que nos voisins continueront de veiller avec la même acuité à l'efficacité du travail pour lutter contre le nouveau coronavirus. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) continue de mettre en garde contre tout empressement dans l'affaiblissement des mesures de quarantaine.
Sur la situation concernant le rapatriement des citoyens russes
Le rapatriement des citoyens russes est tout autant d'actualité. En une semaine, du 10 au 17 juin, plus de 5.000 personnes ont été rapatriées par des vols de compagnies russes et étrangères de New York, de Phuket, de Dubaï, de Bangkok, du Cap, de Casablanca, de Paris, de Bichkek, d'Och, de Bali, de Tachkent, de Tokyo, de Goa, de Hô Chi Minh, de Séoul, d'Erevan, d'Antalya et de New Delhi.
Je voudrais souligner que depuis le début du travail de cet algorithme de retour, plus de 33.000 personnes ont été rapatriées par des compagnies aériennes russes et plus de 4.500 par des compagnies étrangères. Le nombre total de citoyens rapatriés depuis début avril approche des 38.000 personnes. Je répète ce que j'ai dit plusieurs fois: il s'agit des personnes qui ont demandé à être rapatriées début avril. Nous parlons à présent des gens qui ont décidé de revenir en mai-juin. Ces individus attendaient la reprise de la communication aérienne régulière car ils disposaient de billets pour des dates ultérieures. Ce n'est donc pas un rapatriement tardif, mais la poursuite de l'aide apportée aux citoyens qui ont besoin de revenir en Russie, ou aux citoyens russes qui restent encore à l'étranger.
Mardi 16 juin, après une escale à Tioumen, a atterri à Moscou un vol de la compagnie Utair, très complexe de par sa logistique et son organisation: il a traversé six pays d'Afrique pour y embarquer 154 passagers. Parmi eux figuraient aussi bien des collaborateurs de différents services de la compagnie aérienne en mission de longue durée en Afrique que des citoyens ordinaires qui ont été pris au dépourvu par la pandémie loin de leur Patrie et ont profité de cette opportunité. Nous remercions particulièrement la direction de la compagnie Utair qui a rapidement pris la décision responsable d'accepter notre proposition d'effectuer un atterrissage supplémentaire dans la capitale éthiopienne d'Addis-Abeba, d'où ont été rapatriés 38 citoyens russes, et évidemment à l'équipage renforcé de l'avion effectuant ce vol difficile. Cela a été rendu possible grâce à la coordination permanente entre la compagnie aérienne et les collaborateurs des établissements diplomatiques russes dans les pays mentionnés, les représentants des autorités locales et les collègues des institutions impliquées dans l'algorithme.
Après la conférence de presse précédente, nous avons reçu de nombreuses questions demandant des précisions sur la situation en Amérique latine. Je peux confirmer que nous avons effectivement "déchargé" la majeure partie des pays. Mais nous n'oublions pas les Russes qui restent en Amérique centrale et en Équateur, où il n'y a pas eu de vols de rapatriement, et nous comptons leur apporter des informations positives prochainement. Nous planchons sur tout cela.
La semaine dernière, nous avons publié sur nos réseaux d'information des renseignements détaillés pour les citoyens se trouvant dans les pays où auparavant, avant la pandémie, il n'y avait pas de communication aérienne directe avec la Russie. Grâce à la réalisation efficace de l'algorithme de rapatriement en vigueur, nous avons réussi à mettre en place et à tester de nouveaux moyens logistiques tels que la jonction entre les vols réguliers de compagnies étrangères et les vols de rapatriement russes à partir de grands hubs de transport en Europe et en Asie. A présent, nos compatriotes se trouvant dans des pays éloignés disposent de plus d'opportunités pour revenir chez eux, c'est-à-dire qu'ils peuvent non seulement profiter des occasions isolées, mais aussi choisir entre les aéroports de plusieurs pays et des dates plus convenables. Les informations sur la possibilité de transit seront constamment mises à jour sur les sites des représentations diplomatiques russes. Si besoin, les citoyens russes peuvent transmettre les informations nécessaires et s'enregistrer sur un vol de rapatriement sur le site Gosuslugi (Services publics). Nos collègues des ambassades et des consulats apporteront toute leur aide en fonction du nombre de places disponibles sur les vols de rapatriement pour que les Russes puissent faire une escale sans obstacle dans les sites de transit. Des informations plus détaillées à ce sujet sont publiées sur nos sites et seront mises à jour sur les pages des représentations diplomatiques à l'étranger en fonction du calendrier des vols de rapatriement.
Plus de 150 personnes ont déjà profité de cet algorithme et ont réussi à revenir d'Australie, de Nouvelle-Zélande, du Canada, de Singapour, des Philippines, d'Irlande, ainsi que de Chine, y compris de Taïwan.
Avec les collègues du Ministère des Communications, de Rosaviatsia et du Ministère des Transports, nous travaillons également à la logistique intérieure permettant aux passagers de regagner leurs régions en transitant par Moscou. C'est ainsi que cet algorithme fonctionne actuellement. C'est pour l'instant le hub central, mais nous espérons utiliser les capacités d'autres grands centres régionaux.
Sur les activités organisées par les établissements diplomatiques russes à l'étranger à l'occasion de la date-anniversaire marquant les 79 ans du début de la Grande Guerre patriotique de 1941-1945
Passons à l'agenda international plus ou moins lié aux conditions de vie en période de pandémie. La levée progressive des restrictions liées à la propagation du coronavirus Covid-19 ne permet pas encore de rétablir le travail des représentations diplomatiques russes à part entière. Cela concerne principalement les activités organisées à l'occasion de la date-anniversaire marquant les 79 ans du début de la Grande Guerre patriotique de 1941-1945. De ce point de vue, nous avons revu les formats de nombreuses actions planifiées consacrées à cette date funeste.
Bien sûr, le 22 juin, dans la plupart des pays, les diplomates russes (avec une participation active de nos compatriotes) déposeront des fleurs devant les sites commémoratifs érigés en hommage de celles et ceux qui sont tombés pendant la Grande Guerre patriotique. Les activités funèbres se dérouleront en respectant les mesures de quarantaine.
Nos représentations diplomatiques mettent l'accent sur le travail sur internet et dans l'espace médiatique. Il s'agit d'expositions photo thématiques et d'expositions spéciales, dont des rétrospectives des chroniques photo et vidéo des années de guerre, des diffusions de films et de documentaires russes, d'émissions sur la Grande Guerre patriotique.
Au vu des tentatives permanentes de certains pays de réécrire l'histoire de la Seconde Guerre mondiale au profit de la conjoncture politique, nous continuons de défendre activement, notamment sur internet, la vérité historique et la mémoire sacrée de l'exploit héroïque des peuples de l'Union soviétique, la contribution décisive de notre pays à la Victoire contre le fascisme.
Lors de ce jour de mémoire et de deuil, nous organiserons avec nos établissements diplomatiques une série d'actions en ligne, nous avons prévu la publication d'articles et de notes historiques en langues étrangères. Nous avons prévu diverses expositions photo virtuelles. Nous continuons les initiatives populaires auprès du public étranger et des compatriotes #VisagesdelaVictoire, #ChandelledelaMémoire, #LettresdelaVictoire. Il est réjouissant que malgré le flux de désinformation depuis des années concernant la Seconde Guerre mondiale dans la presse occidentale, nos publications suscitent un vif intérêt auprès d'un large public, notamment auprès des jeunes d'autres pays.
Ainsi, dans le cadre de l'action #ChansonsdelaVictoire des jeunes talents du monde entier interprètent avec enthousiasme des chansons des années de guerre, notamment le Jour de la Victoire.
Nous accordons une attention particulière à nos chers vétérans qui vivent à l'étranger. Leur bien-être est toujours une priorité pour nous, les Ambassadeurs et les Consuls généraux, les chefs des établissements diplomatiques supervisent personnellement cette question. Compte tenu de la situation compliquée dans le monde entier à cause de la pandémie de coronavirus, il est primordial aujourd'hui de prendre soin de nos héros.
Sur la visioconférence des ministres des Affaires étrangères de la Russie, de l'Inde et de la Chine
Nous avons déjà annoncé le calendrier du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov pour la semaine à venir. Les visites en Serbie et au Belarus commenceront demain. Mais une autre activité est également à l'étude.
Le 23 juin, dans le cadre de la présidence russe du groupe des RIC (Russie, Inde, Chine) il est prévu d'organiser une visioconférence des ministres des Affaires étrangères des trois pays. Un échange d'avis objectif et détaillé est prévu sur les tendances dans la politique mondiale, l'économie, les finances et d'autres secteurs à cause de la pandémie de Covid-19, ainsi que les possibilités d'interaction entre les trois pays pour surmonter les crises mentionnées.
Les pays des RIC ont tous les trois conscience de la nécessité de chercher des solutions à celle-ci et aux menaces similaires sur une base collective avec un rôle central de l'Onu. Ils jugent inadmissibles les tentatives de profiter de la crise actuelle pour obtenir des avantages immédiats unilatéraux au détriment de la sécurité et des intérêts à long terme d'autres pays.
Cette conférence est assez symbolique dans la mesure où elle se tiendra à la veille du défilé de la Victoire à Moscou. Avec des militaires russes sur la place Rouge défileront également des contingents d'Inde et de Chine.
Je voudrais attirer votre attention sur le fait que cette activité est en cours d'élaboration actuellement.
Sur la situation au Venezuela et autour
La situation au Venezuela se caractérise simultanément par deux tendances principales. La première, alarmante, est la conséquence de la ligne de Washington visant de plus en plus à étouffer par les sanctions l'économie et le secteur social du pays, ce qui est aggravé par la situation épidémiologique. L'autre, assez rassurante selon nous, est liée aux lueurs d'un début du dialogue humanitaire inter-vénézuélien, aux perspectives du processus de paix et des élections législatives.
Nous réaffirmons notre soutien au document sur la coopération pour lutter contre l'épidémie signé le 1er juin par le gouvernement de Nicolas Maduro et les représentants de l'opposition à l'Assemblée nationale avec la participation de l'Organisation panaméricaine de la santé. Il est important d'élaborer l'inventaire pratique de sa réalisation, ce qui nécessite de nouveaux contacts entre les parties qui ont conclu l'accord. Il faut que les fonds vénézuéliens sur les comptes bloqués par les sanctions américaines soient utilisés pour le bien commun: pour acheter des produits médicaux pour lutter contre le coronavirus, de la nourriture, ainsi que pour relancer l'économie nationale touchée aussi bien par la pandémie que par les restrictions occidentales.
Cela est d'autant plus important qu'aujourd'hui un grand nombre de citoyens vénézuéliens revient aujourd'hui des pays voisins - la Colombie, le Brésil, le Pérou - où la situation du Covid-19 est très compliquée (plus de 80% de cas de contaminations par le nouveau coronavirus concernent cette catégorie de citoyens). Il est important d'empêcher une nouvelle vague de contamination. Hormis la priorité absolue qu'est la santé des citoyens, il s'agit de la dynamique politique dans ce pays.
Rappelons que les pays occidentaux et l'opposition intérieure qu'ils soutiennent soulignent constamment l'importance de mettre au point le calendrier du processus électoral au Venezuela. Récemment (le 12 juin) un grand pas a été fait en ce sens avec la nouvelle constitution du Conseil électoral national. Toutefois, cela ne s'est pas déroulé tel que le prévoyaient les radicaux, qui ont provoqué à l'Assemblée nationale qu'ils contrôlent l'impossibilité d'obtenir la majorité nécessaire. C'est pourquoi la Cour suprême a dû intervenir en agissant dans le cadre de ses pouvoirs constitutionnels et en s'appuyant sur les précédents quand elle avait nommé soit toute la direction du Conseil électoral national (en 2003 et en 2014) soit certains de ses membres (en 2005 et en 2016). Sachant qu'à chaque fois cela était dû à l'atermoiement excessif de ce processus par le parlement.
La procédure choisie de nomination de la nouvelle direction du Conseil a provoqué une critique attendue des opposants, notamment à Washington. A ce sujet, nous voudrions noter ce qui suit.
La dynamique des événements autour du Venezuela, dont les décisions politiques officielles, contrairement à toutes les normes démocratiques de la communication internationale, ont fait l'objet d'une obstruction ou d'une ingérence directe extérieure de la part de critiques internationaux du pouvoir actuel, a montré l'absence de perspective totale de cette voie. La pression brutale et les restrictions illégales ne font qu'aggraver les problèmes du pays, empêchent de rétablir la confiance entre les Vénézuéliens, mènent la situation dans une impasse. Les radicaux et leurs patrons extérieurs agissant selon le principe "pire c'est, mieux c'est" sont de plus en plus détachés de la réalité.
Il faut renouveler la vision de la situation. Nous appelons les acteurs internationaux influents à le faire. Cette approche se forme déjà, selon nous. Son fond est que le règlement des problèmes du Venezuela doit être pacifique, par les Vénézuéliens eux-mêmes en négociant. L'influence extérieure ne doit pas désunir les forces vénézuéliennes intérieures, mais au contraire encourager la confiance entre eux, notamment pour réaliser les processus électoraux démocratiques.
C'est notre position dans les contacts extérieurs intensifs sur le dossier vénézuélien. Nous avons l'intention de maintenir cette approche.
Sur les fuites médiatiques concernant le rapport du Secrétaire général de l'Onu sur la mise en œuvre de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies
Certaines agences de presse, avant tout de l'hémisphère occidental et surtout américaines, ont récemment fait sensation en publiant des fuites du nouveau rapport semestriel du Secrétaire général de l'Onu consacré à la mise en œuvre de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies. Je voudrais rappeler que cette résolution a approuvé, en 2015, le Plan d'action global commun sur le nucléaire iranien.
Ces fuites se sont produites avant que les États membres de l'Onu n'aient pu prendre connaissance du rapport. Les organisateurs de cette campagne médiatique étaient manifestement pressés, l'objectif était de faire en sorte que personne ne soit tenté de lire le document avec attention et de se faire son propre avis sur son contenu. Les médias mobilisés ont donné à la communauté internationale des indications pour savoir comment lire le rapport du Secrétaire général, et ont mis en avant les points importants. Toutes les autres informations jugées "inutiles" n'étaient pas mentionnées dans ces fuites. Il n'est donc pas étonnant qu'avec une telle lecture l'Iran se retrouve responsable de toute la situation et de toutes les difficultés dans la mise en œuvre de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies, alors que ce sont les États-Unis qui ont rompu l'accord nucléaire de manière unilatérale et continuent à ce jour de causer des obstacles à la mise en œuvre des décisions du Conseil de sécurité des Nations unies par d'autres pays.
Conformément à la pratique établie et aux procédures en vigueur, la Russie présentera son analyse détaillée du rapport du Secrétaire général de l'Onu susmentionné pendant les débats au Conseil de sécurité des Nations unies le 30 juin. Visiblement cette discussion ne sera pas simple. S'il y a une chose que nous n'allons certainement pas contester, c'est que ce rapport, malheureusement, ne peut être qualifié ni d'équilibré ni de juste. Nous comprenons que les auteurs ont passé une grande partie du cycle en confinement, et ont perdu le contact vivant avec les pays membres de l'Onu et la situation réelle sur place. D'où la partialité du rapport, le manque d'objectivité, les accusations infondées contre l'Iran, la volonté d'ajuster les appréciations, ce qui est inadmissible lorsqu'il s'agit d'une question aussi sensible.
La communauté internationale a été assaillie d'affirmations selon lesquelles l'Onu aurait prouvé l'implication de l'Iran dans les attaques de missiles contre des sites pétroliers en Arabie saoudite en 2019, ainsi que la violation par l'Iran de plusieurs termes de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies, notamment les restrictions sur la fourniture d'armes et de matériel militaire. Je ne vais pas m'attarder sur le récit du rapport. Mais je trouve indispensable de préciser qu'en réalité personne n'a présenté aux membres du Conseil de sécurité des Nations unies de preuves tangibles d'infractions iraniennes. Le rapport indique que des représentants du Secrétariat sont partis en mission à l'invitation des pays intéressés pour examiner des "artefacts" mis à leur disposition. Ils n'avaient aucun mandat pour effectuer de tels examens. La résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies ne dote pas le Secrétariat de l'Onu de fonctions vérificatives ou attributives. Le Secrétariat ne dispose pas de l'expertise nécessaire. Néanmoins, à partir d'observations personnelles, ces inspecteurs autoproclamés ont commencé à affirmer que ce qu'ils avaient vu leur rappelait ce que les autorités iraniennes avaient présenté par le passé aux salons d'armements. Parmi les "preuves irréfutables" se trouvent des inscriptions en farsi. Cela rappelle tous les cas antérieurs quand des conclusions étaient tirées à partir de conversations dans certaines langues pour pointer l'implication présumée des pays où ses langues étaient utilisées dans des crimes. Les experts infortunés qui ont décidé de jouer le rôle d'enquêteur, qui leur est étranger, n'ont pas soupçonné que toutes les conceptions habiles viennent de ceux qui cherchent à tout prix à prouver la culpabilité de l'Iran, et tous les moyens sont bons pour cela à leurs yeux.
Il est particulièrement préoccupant qu'une partie des preuves contre l'Iran s'appuie sur les résultats d'interceptions de navires par la marine américaine et australienne dans les eaux internationales. Bien évidemment, le rapport ne mentionne pas que cette activité qui ressemble à la piraterie sort elle-même du cadre des normes reconnues de la coopération interétatique et du droit international, tout comme le fait que les fameux "intercepteurs" ont mené leurs actions provocantes sans aucun contrôle objectif, ce qui prive de valeur tout ce qu'ils ont pu découvrir.
Il est regrettable que les auteurs du rapport n'aient pas eu le temps ou la volonté d'élucider la situation liée au prétendu lancement en janvier dernier du mécanisme de règlement des litiges dans le cadre du Plan d'action. Il faut savoir que malgré les affirmations infondées des partisans de cette version, tout s'est limité à une requête de trois pays européens adressée au Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, à l'information concernant l'intention de recourir à ce mécanisme. Cependant, il n'a pas été lancé à cause de nombreuses lacunes procédurales découvertes. Sans remédier à ces lacunes, et ce par consensus, il est impossible de lancer le mécanisme de règlement des litiges. Au final, la Commission conjointe du Plan d'action ne s'est même pas réunie pour étudier la requête européenne. Cette situation a été abordée en détail dans un commentaire du Ministère russe des Affaires étrangères du 24 janvier.
Cela ne signifie pas que les problèmes et les défis liés à la mise en œuvre de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies disparaîtront d'eux-mêmes. Le règlement des différends nécessite la consolidation des efforts et un ordre du jour positif au lieu de la pression et de la confrontation. C'est exactement ainsi que doit fonctionner le Conseil de sécurité des Nations unies, et l'Onu dans l'ensemble. Un débat tendu se déroule depuis deux ans au sein de la Commission conjointe du Plan d'action. La Russie cherche activement à protéger le Plan d'action contre les attaques agressives des États-Unis. La récente décision des autorités américaines d'annuler toutes leurs dérogations de sanctions visant les projets nucléaires du Plan d'action, qui constituent le fond de l'accord, montre clairement qui détruit les accords et sape la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies et comment. Nous en avons parlé franchement à plusieurs reprises avec les partenaires.
La possibilité de faire revenir la réalisation du Plan d'action dans le cadre initialement convenu et d'atteindre les grands objectifs fixés n'est pas encore perdue, selon nous. Mais il ne sera possible de préserver le Plan d'action et de garantir la mise en œuvre à part entière de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies que sur une base collective. Pour cela, il faut que toutes les parties impliquées respectent leurs engagements, avec le soutien déterminé du reste de la communauté internationale. Nous espérons que le Secrétariat et la direction de l'Onu y contribueront, en se distançant de toute aspiration visant à saper les décisions de consensus du Conseil de sécurité des Nations unies. Les actions des opposants au Plan d'action méritent, selon nous, la plus ferme condamnation.
Sur l'octroi à l'Ukraine du statut de partenaire "nouvelles opportunités" de l'Otan
Ce 12 juin, l'Ukraine a obtenu le statut de partenaire "nouvelles opportunités" de l'Otan. D'après les documents de l'Alliance, cela implique un plus large accès aux programmes et aux exercices de l'Alliance pour la compatibilité opérationnelle, la formation des effectifs selon les normes otaniennes, les consultations politiques et l'échange d'informations. Hormis l'Ukraine, la Géorgie, la Jordanie, la Finlande, la Suède et l'Australie disposent du même statut.
Cette décision vient reconnaître les "solides contributions" de Kiev aux missions de l'Otan, notamment en Afghanistan et au Kosovo. Vous savez bien qu'il aurait été impossible d'y faire régner la prospérité sans la contribution de l'Ukraine. En même temps, ils cherchent à persuader le public que cette "promotion" change peu de choses dans le système actuel de partenariat Otan-Ukraine et "ne préjuge en rien" de la décision concernant l'adhésion de Kiev à l'Alliance.
Quoi que dise l'Otan au sujet de cette décision, le contexte politique est flagrant. Étant donné que Kiev sabote ouvertement la mise en œuvre des Accords de Minsk et poursuit la guerre dans le Donbass, ce n'est rien d'autre qu'un encouragement intentionnel de cette ligne destructive des autorités ukrainiennes. En attribuant de nouveaux bonus de partenariat au "parti de la guerre" de Kiev, les pays de l'Otan montrent en réalité qu'ils ne sont pas intéressés à régler le conflit en Ukraine. Si c'était le cas, il serait difficile de continuer d'effrayer le public en agitant le spectre de la menace russe fictive, et de renforcer militairement le flanc Est de l'Alliance.
Sur la situation du citoyen russe Konstantin Iarochenko
Nous continuons de suivre attentivement le sort du pilote civil russe Konstantin Iarochenko, qui purge une peine dans une prison américaine. Son état actuel est particulièrement préoccupant au vu de la situation épidémiologique défavorable aux États-Unis.
Vous le savez, Konstantin Iarochenko a été arrêté en mai 2010 au Liberia par des agents de la Drug Enforcement Administration américaine, et il a été torturé. Après quoi il a été illégalement extradé aux États-Unis et condamné à 20 ans de prison pour une accusation entièrement basée sur la déposition d'agents américains.
La santé du Russe a été sérieusement affectée notamment à cause des tortures subies pendant les interrogatoires au Liberia, où on lui a cassé les dents et endommagé les organes internes. Malgré cela, l'administration de l'établissement pénitentiaire où il est détenu se montre démonstrativement indifférente à ses demandes d'aide médicale. En particulier, elle ne lui donne même pas d'antidouleurs pour sa forte douleur aux dents.
Cette approche est complètement inadmissible. Nous exigeons des autorités américaines qu'elles fournissent à notre compatriote les soins nécessaires. D'autant que dans le contexte pénitentiaire, il existe un risque accru pour Konstantin Iarochenko d'être contaminé par le coronavirus.
Washington doit faire preuve d'humanisme et libérer immédiatement le Russe et d'autres citoyens de notre pays injustement condamnés ou interpellés pour leur permettre de rentrer chez eux.
Sur les amendements à la loi lettone sur les médias numériques
Le 11 juin, le Parlement letton a adopté en dernière lecture les amendements à la loi sur les médias numériques instaurant des quotas linguistiques à la télévision. A partir du 1er juillet 2021, 80% des émissions télévisuelles devront être diffusées dans les langues de l'UE et de l'Espace économique européen. 20% sont impartis aux autres langues, dont le russe. Ce chiffre ne correspond pas du tout aux statistiques de la popularité des chaînes russes, préférées par une grande partie de la population du pays.
Les initiateurs des amendements proposés en mars 2020 sont des députés lettons conservateurs qui ne cachaient pas que leur principal objectif consistait à réduire la part du russe à la télévision lettone. Autrement dit, le but initial ne correspondait pas aux engagements internationaux de cet État. Les réformateurs qualifient leur campagne contre la langue russe de "lutte contre la propagande russe", et ils n'étaient pas du tout confus par la large résonance négative de cette initiative au sein de la société lettone. La communauté russophone et professionnelle de la télévision a fermement condamné et a exprimé son opposition aux changements qui restreignent considérablement l'accès légitime des citoyens du pays aux sources d'information dans une langue qu'ils connaissent.
Hormis les restrictions linguistiques, ces amendements interdisent la diffusion des chaînes frappées depuis trois ans par les sanctions du Conseil national des médias numériques à la télévision de base, la plus accessible et donc la plus populaire. Cela affectera avant tout la chaîne Rossiya RTR, qui avait déjà été temporairement bloquée en Lettonie à cause de sa position rédactionnelle. Dans l'ensemble, cet épisode ne permet pas de qualifier cette situation autrement que comme une approche politisée des députés lettons.
Formellement, il reste techniquement possible d'accéder aux chaînes russes en Lettonie, mais via des abonnements supplémentaires plus chers.
Nous attirons une fois de plus l'attention des partenaires européens sur l'incompatibilité de cette pratique avec les normes démocratiques et les engagements internationaux de Riga de garantir un accès libre à l'information et sa libre diffusion.
Nous appelons les organisations internationales compétentes et les structures des droits de l'homme à réagir. De notre côté, nous leur transmettrons évidemment toutes les informations.
Sur le blocage massif et la suppression de pages Twitter prétendument liées à la Russie
Nous avons remarqué une nouvelle vague de suppressions et de blocages de comptes Twitter affichant des positions indésirables aux yeux de l'administration du réseau social. Cette fois ont été touchés les comptes "politiquement engagés" de Russie (plus de mille), ainsi que de Chine et de Turquie.
Parmi les pages bloquées se trouve le projet russe "Politique actuelle" sous le prétexte fallacieux qu'il s'agirait de propagande politique. Il est difficile de comprendre ce que cela sous-entend exactement. Que se permettent, alors, les partis politiques américains? Apparemment, la direction du réseau social estime que tous les médias et blogs spécialisés dans la politique n'ont pas le droit de s'exprimer sur les thèmes politiques? Nous vous avons bien compris? Ou simplement cette page avait un avis qui ne correspondait pas à la ligne générale de Twitter? Dans ce cas annoncez la ligne générale de Twitter. Nous voudrions la connaître officiellement.
Des mesures similaires de blocage ont été engagées contre la page officielle du concours "Leaders de Russie". Encore une fois sans explications. Je voudrais rappeler que ce projet vise à identifier, à soutenir et à promouvoir les responsables prometteurs ayant de grandes qualités de leader et d'administrateur. L'apparition de leaders jeunes et prometteurs en Russie ne plaît pas à Twitter?
Dans l'ensemble, ces actions combinant les déclarations résonnantes et l'absence de preuves ne surprennent plus. La direction de Twitter fait une nouvelle fois preuve d'opacité dans ses critères d'appréciation et d'une approche très sélective dans l'identification des "transgresseurs". C'est également ce que disent de plus en plus les États-Unis. Nous avons affaire à une censure politisée. Sachant que la procédure de verdict virtuel n'implique aucun procès ni possibilité, pour les utilisateurs, de défendre leurs droits. Ils ne justifient même pas la raison du blocage dans chaque cas concret: au lieu de cela, on entend un slogan et des formulations infondées.
Il est très révélateur et symptomatique qu'en "protégeant la démocratie", les plateformes enregistrées aux États-Unis utilisent des méthodes non démocratiques et totalitaires. L'administration de Twitter se prend en même temps pour le juge, les jurés et l'huissier de justice.
Dans le même temps, elle ignore toutes les infractions commises par ceux qui promeuvent un agenda antirusse et publient des désinformations. Il suffit de rappeler la récente histoire des publications synchronisées et pratiquement identiques, dans le New York Times et le Financial Times, de fakes concernant la prétendue "diminution par le gouvernement russe des informations sur le nombre de morts du nouveau coronavirus". Cette désinformation a été rapidement démentie avec des statistiques objectives fournies par les structures compétentes de notre pays. Ce qui n'a pas empêché les réseaux antirusses et les blogueurs engagés coordonnant leurs actions de relayer cette information, notamment sur Twitter, et les médias qui ont publié ces informations n'ont même pas été blâmés ou avertis par les administrateurs des réseaux sociaux. Autre exemple: fin 2019, Twitter a bloqué la page du projet "Bonnes nouvelles" qui publiait simplement des articles positifs sur l'économie, la science et la culture russes. Il n'y avait aucune politique. Manifestement, aux yeux des responsables américains du réseau social et de leurs superviseurs, toute mention positive sur la Russie serait a priori hors la loi.
Nous appelons tout de même les réseaux sociaux américains à revoir leurs approches et à cesser de jouer le rôle de censeur du public national et étranger.
Sur un article paru dans le journal israélien Israel Hayom
Malheureusement, la méthode de désinformation est devenue depuis longtemps un trait caractéristique de notre époque. Il s'est simplement aggravé aujourd’hui. C'est encore plus décevant quand de telles informations visent des responsables officiels et des dirigeants car leurs déclarations servent de référence, sont citées, donnent le vecteur et le ton, déterminent la politique nationale et étrangère. C'est le cas de la publication, le 15 juin dans le journal israélien Israel Hayom, d'un article contenant des affirmations absurdes selon lesquelles en 2016 le Président russe Vladimir Poutine aurait promis au Premier ministre Benjamin Netanyahu d'utiliser son droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies en cas de vote sur une résolution soutenant la proclamation de l’État palestinien dans les frontières de 1948.
C'est une version complètement fantaisiste, développée tout au long de l'article. L'idée d'une telle résolution aurait été avancée par le président américain Barack Obama, qui y a renoncé seulement en apprenant la promesse du dirigeant russe au Premier ministre israélien de bloquer ce document au Conseil de sécurité des Nations unies. Le correspondant de ce journal ne connaît manifestement pas les réalités du Moyen-Orient. Cela paraît complètement incroyable, notamment la proposition d'un dirigeant américain, même de Barack Obama, de revenir aux frontières de 1948 à 1967 sur lesquelles s'appuie la solution à deux États du conflit israélo-palestinien soutenue par la Russie et la grande majorité de pays. Apparemment l'auteur ignore que notre pays, bien avant les événements décrits, en 1988, a reconnu l’État palestinien dans ces frontières, y compris Jérusalem-Est. D'où une autre question: pourquoi l'auteur de ce fake aberrant parle ou propose au public une version où les Américains, le président américain Barack Obama, aurait décidé de venir au Conseil de sécurité des Nations unies avec la question concernant la reconnaissance de l’État palestinien? Pourquoi le faire alors que c'est possible au niveau national, comme l'a fait la Fédération de Russie? C'est incompréhensible.
Pour conclure, je voudrais réaffirmer la position fondamentale de la Russie en soutien au règlement global et durable du conflit israélo-palestinien via des négociations directes entre les belligérants sous l'égide de l'Onu en s'appuyant sur le droit international: les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et de l'Assemblée générale des Nations unies, l'Initiative de paix arabe et les Principes de Madrid.
Sur le 75e anniversaire des relations diplomatiques entre la Russie et l’Équateur
Le 16 juin marquait le 75e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques russo-équatoriennes. A cette occasion, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le Ministre équatorien des Affaires étrangères José Valencia ont échangé des télégrammes de félicitations.
Dans son message, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a noté les solides traditions de coopération avec l’Équateur, et les grands progrès accomplis dans le développement du dialogue politique, des relations commerciales, économiques et sociales. Il a souligné la disposition russe à élargir la coopération multidimensionnelle pour la prospérité des peuples des deux pays.
De son côté, le chef de la diplomatie équatorienne s'est prononcé pour le renforcement successif des liens d'amitié traditionnellement étroits entre nos deux pays, et l'approfondissement de la coopération mutuellement avantageuse dans les domaines stratégiques.
Dans le cadre des activités anniversaires, le site du Ministère russe des Affaires étrangères a publié une exposition virtuelle de documents et de photos sur l'histoire des relations diplomatiques russo-équatoriennes préparée sur la base des Archives de la politique étrangère de Russie.
Réponses aux questions:
Question: Des médias ont rapporté que l'OTSC était préoccupée par les menaces éventuelles émanant de pays d'Asie centrale suite au retrait des forces américaines d'Afghanistan. Que pouvez-vous dire à ce sujet?
Réponse: L'OTSC est prête à tout scénario d'évolution de la situation militaro-politique en Afghanistan. Les États membres entreprennent des efforts communs pour renforcer les frontières au sud de la zone de la responsabilité de l'OTSC, y compris par la pratique d'exercices avec les contingents des Forces collectives de l'OTSC dans les régions frontalières du Tadjikistan avec l'Afghanistan.
Dans le cadre de l'OTSC sont mises en œuvre les Mesures visant à réduire la tension à la frontière tadjiko-afghane approuvées en novembre 2019 par les chefs d’État. Des mesures sont élaborées pour renforcer le suivi des déplacements des combattants et surveiller les axes les plus dangereux. De notre côté, nous renforçons le potentiel de la base militaire russe au Tadjikistan. Nous trouvons ces mesures importantes pour le renforcement de la sécurité des frontières Sud de l'OTSC.
Nous ne pensons pas que le retrait des forces américaines d'Afghanistan risque d'entraîner une hausse des menaces pour les pays d'Asie centrale. La présence des contingents des États-Unis et de l'Otan est plutôt un élément irritant pour l'opposition armée et un obstacle à la stabilisation de la situation dans le pays. A cet égard, nous espérons que la réalisation de l'accord américano-taliban signé le 29 février 2020 à Doha conduira au retrait total des forces étrangères et à la réconciliation nationale interafghane.
Nous partons du principe que la normalisation de la situation dans le pays permettra aux autorités afghanes de combattre plus efficacement les menaces que représentent le terrorisme et le narcocrime sur le territoire de la République islamique.
Question: Pouvez-vous commenter la situation à la frontière indo-chinoise?
Réponse: Nous suivons attentivement l'évolution de la situation sur la ligne de contrôle factuel entre la Chine et l'Inde. Nous espérons que ces deux États, en tant que membres responsables de la communauté internationale, pourront trouver des solutions mutuellement acceptables pour faire retomber la tension au plus vite en utilisant les mécanismes établis de dialogue bilatéral conformément à l'entente sur l'inadmissibilité de la violence.
Question: Que pouvez-vous dire de la déclaration faite par le Secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg dans une interview au quotidien allemand Die Welt selon laquelle des troupes russes se trouveraient près des frontières de l'Otan et dans d'autres régions?
Réponse: Bien évidemment, nous avons remarqué cette déclaration de Jens Stoltenberg. En particulier, il a dit que la Russie était "active en Arctique", que le pays renforcerait sa "présence en Méditerranée" et se trouverait "avec ses forces directement aux frontières extérieures de l'Otan". C'est pourquoi, selon sa logique, les pays de l'Alliance "doivent continuer d'investir dans la contention et la défense". Avec la contention, ils ne cessent de s'élargir.
Évidemment, cette déclaration renverse la logique, les faits, le bon sens, les notions de décence et de respect envers les gens qui ont appris à utiliser internet. Tout est mis sens dessus dessous et témoigne de l'absence de mémoire historique au sein de l'Otan, de la perte d'orientation dans l'espace.
Messieurs, ce n'est pas la Russie qui se rapproche de nos frontières, mais l'Alliance qui s'élargit continuellement et avance vers nos frontières malgré l'accord de 1990 sur la non-expansion vers l'Est (l'Otan semble l'avoir également "oublié") et souvent même si les populations des pays futurs membres ne soutiennent pas l'adhésion à l'Alliance (nous l'avons également constaté).
Des navires russes sont présents en Méditerranée depuis des siècles. Peut-être que l'Alliance et Jens Stoltenberg l'ignorent également. L'Otan n'existait pas encore alors que les navires russes y étaient présents à différentes fins: le commerce, l'aide à nos partenaires, la garantie de la sécurité nationale du pays - ce qui est dans notre droit. Depuis 2015, la Russie participe à l'opération antiterroriste en Syrie et ce, je souligne, contrairement aux pays de l'Otan, à l'invitation du gouvernement de ce pays souverain en assurant notamment la fourniture de fret, la couverture du groupe d'aviation, des opérations de sauvetage.
En ce qui concerne l'Arctique, l'activité de la Russie dans cette région est plus que logique étant donné que plus d'un cinquième de notre pays se situe au nord du Cercle polaire. Elle se déroule en parfaite conformité avec les normes du droit international, y compris la Convention des nations unies sur le droit de la mer.
De cette manière, l'Otan (bien évidemment, nous avons préparé des formulations diplomatiques) cherche de nouveau à justifier son existence et à augmenter le financement par les pays membres en utilisant des faits complètement déformés concernant une prétendue menace russe. Mais honnêtement, cela donne l'impression qu'à l'Otan tout ce texte a été écrit par des gens qui ne comprennent pas du tout dans quel monde ils vivent.
Question: Klaus Ernst, chef de comité au Bundestag, a proposé de décréter des sanctions contre les sénateurs américains qui ont avancé l'initiative de nouvelles restrictions contre le Nord Stream 2. Il a appelé les pays de l'UE à se demander si l'Europe n'était pas devenue de facto un satellite des États-Unis, et à donner une réponse unanime. A quel point Berlin a-t-il réfléchi à temps à prendre des mesures déterminées contre les méthodes de pression utilisées par Washington? A quelle réaction faut-il s'attendre de la part de l'UE? Comment l'éventuelle résistance de l'Europe aux États-Unis pourrait-elle se refléter sur l'interaction avec la Russie?
Réponse: La pression agressive exercée par Washington sur ses alliés européens, avant tout sur l'Allemagne, afin de saper la construction du Nord Stream 2, est un cas sans précédent pour les relations transatlantiques. Les sanctions évoquées au Congrès américain sont appelées à frapper directement l'économie allemande. La réaction à celles-ci, que ce soit au niveau national ou paneuropéen, est indéniablement une décision souveraine de Berlin et des pays de l'UE.
Nous comptons sur le soutien du projet par le gouvernement allemand. Nous partons du principe que tous ses acteurs pourront remplir entièrement leurs engagements contractuels, et que tous les pays intéressés par le nouveau gazoduc feront preuve de la volonté politique nécessaire pour réaliser ce projet stratégique pour la sécurité énergétique de l'Europe. Quoi qu'il en soit, cette situation est un sérieux défi pour l'UE aussi bien du point de vue de la politique étrangère que de la sécurité de son marché pour les investissements étrangers.
Question: Le bureau moscovite de la chaîne japonaise NHK exprime ses respects et demande de commenter les plans des autorités japonaises de renoncer à l'installation de l'ABM américain sur leur territoire. En particulier, je voudrais connaître la position du Ministère russe des Affaires étrangères compte tenu de cette décision, que pense la Russie de cette décision?
Réponse: Nous avons remarqué les déclarations de plusieurs représentants japonais officiels concernant l'intention, comme cela a été dit, de "suspendre" la réalisation des plans de déploiement de systèmes antiaériens Aegis Ashore terrestres sur le territoire du pays. Sachant que nous tenons également compte des déclarations faites par le Ministre japonais des Affaires étrangères Toshimitsu Motegi au parlement et aux journalistes et indiquant que la ligne du Japon visant à renforcer la coopération militaro-politique avec les États-Unis n'avait pas changé. Nous suivrons l'évolution de ce sujet avant tout pour savoir si les déclarations actuelles seront suivies de démarches concrètes des autorités japonaises dans le domaine antimissile ayant une projection directe sur la situation en matière de sécurité dans la région Asie-Pacifique.
Question: Étant donné que le monde lève progressivement les restrictions liées à la pandémie de coronavirus, le Ministère russe des Affaires étrangères possède-t-il des informations sur la reprise du dialogue concernant le processus de paix dans le Haut-Karabakh avec la médiation des coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE. Peut-on s'attendre à sa reprise après l'ouverture des frontières, et à ce que les coprésidents visitent la région?
Réponse: Les coprésidents sont en contact permanent avec les ministres des Affaires étrangères de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie. Le mois dernier, ils ont organisé une visioconférence conjointe pour évoquer le processus de paix dans le Haut-Karabakh. La prochaine réunion en personne est prévue d'ici la fin du mois.
Au fur et à mesure de l'ouverture des frontières et de la levée des restrictions pour les communications internationales décrétées à cause du coronavirus, les réunions devraient redevenir physiques.
Question: Ma première question est plutôt théorique. Depuis la propagation du Covid-19, la diplomatie virtuelle devient de plus en plus utile grâce à l'internet, aux dispositifs intellectuels et aux ordinateurs: quel est l'impact des conférences en ligne organisées au Ministère russe des Affaires étrangères sur les changements dans la politique étrangère du pays?
Réponse: Il faut le prendre comme un outil utile supplémentaire aussi bien dans les circonstances extraordinaires (comme aujourd'hui) que dans le cadre du calendrier de plus en plus dense des contacts internationaux.
Mais ces contacts peuvent difficilement remplacer la communication personnelle directe, les négociations. Du moins, il n'y a pas de plans de renoncer aux formes traditionnelles de diplomatie. Mais la question a remarqué à juste titre qu'effectivement ces dernières années nous avons tout fait pour profiter des acquis dans l'espace de l'information et le milieu cybernétique, et être préparés à la communication virtuelle à distance, comme nous le faisons actuellement avec succès.
Question: L'usine métallurgique pakistanaise construite dans les années 1970 avec l'aide de l'URSS est en crise, le gouvernement a décidé de licencier tous les ouvriers et de la privatiser.
Le Ministre russe du Commerce a des propositions pour le Pakistan. Pouvez-vous parler de l'envergure de la coopération de la Russie pour mettre à jour et améliorer la productivité de l'usine métallurgique pakistanaise dans le cadre de la coopération bilatérale entre la Russie et le Pakistan?
Réponse: L'usine métallurgique de Karachi construite avec l'aide de spécialistes soviétiques a longtemps été la plus grande entreprise industrielle du Pakistan, ainsi qu'un symbole des relations d'amitié entre les deux pays. A ce que l'on sache, ces dernières années l'usine de Karachi a pratiquement cessé son travail pour différentes raisons.
Les partenaires pakistanais savent que plusieurs compagnies russes sont prêtes à étudier la possibilité de participer au projet de modernisation de l'usine. Cependant, cela ne sera possible qu'après la décision d'Islamabad concernant le sort de l'entreprise, notamment au sujet de sa privatisation potentielle.
Question: Les médias rapportent la saisie, par des séparatistes au Yémen, d'un convoi transportant 64 milliards de rials en billets de banque qui auraient été imprimés en Russie pour la Banque centrale du Yémen.
Pouvez-vous confirmer cette information? Est-ce vrai? Cet argent a-t-il été imprimé en Russie? Pouvez-vous évoquer les conditions d'impression d'argent par la Russie pour le gouvernement yéménite?
Réponse: Vous le savez, il n'y a actuellement pas de représentations diplomatiques et consulaires russes sur le territoire de ce pays. Après l'évacuation de l'Ambassade de Russie de Sanaa en décembre 2017, notre Ambassadeur se trouve temporairement à Riyad, tout comme le Président yéménite Abdrabbo Mansour Hadi et la grande majorité de son gouvernement.
A en juger par les informations rapportées, cet incident a effectivement eu lieu dans la capitale du Sud yéménite, Aden. Nous pouvons également réaffirmer que conformément au contrat signé avec les autorités yéménites officielles en 2017, la société Goznak imprime de nouveaux billets de banque pour ce pays. Il s'agit uniquement d'un contrat commercial rempli par la compagnie russe mentionnée avec grand professionnalisme et dans les délais impartis.
Question: Le fameux ambassadeur américain à Athènes Geoffrey Pyatt critique systématiquement la Russie en affirmant que la Russie et Vladimir Poutine sont les seuls à qui profite un éventuel conflit entre la Grèce et la Turquie. Très récemment, il a déclaré que la Russie utilisait les ressources énergétiques comme une arme dans ses relations avec l'Europe. Que pensez-vous de cette affirmation?
Réponse: Contrairement à certains autres pays, la Russie n'est pas adepte de la politique "diviser pour mieux régner", elle ne fait pas dépendre les relations bilatérales de la qualité des relations du partenaire avec d'autres pays. Ce n'est pas dans nos principes de provoquer et d'entretenir des conflits qui "se consument", d'en attiser de nouveaux. Nous souhaitons un système stable et compréhensible de relations internationales dont les acteurs ne gaspillent pas leurs forces pour les conflits, où toute leur activité se concentre sur les tâches communes: la lutte contre les défis globaux, dont le terrorisme international, le crime organisé, le trafic de stupéfiants, le changement climatique, et à présent la pandémie.
Nous prônons le règlement de tous les différends par les négociations dans le cadre du droit international, nous appelons les États impliqués à faire preuve de bon sens et à contribuer au bon voisinage. C'est la quintessence de la politique étrangère russe dans tous les domaines, et pas seulement vis-à-vis de la Grèce et de la Turquie amicales, de leurs relations.
Deux conseils. Premièrement, se rappeler de l'histoire des relations bilatérales. C'est toujours une bonne source d'informations pour l'analyse. Deuxièmement, se rappeler de l'histoire des relations entre les États-Unis et d'autres pays. Geoffrey Pyatt accuse la Russie d'utiliser les ressources stratégiques à titre d'arme. C'est faux. Je rappelle que les États-Unis utilisent de vraies armes comme des armes contre des civils dans de nombreux pays souverains.