Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, Moscou, 3 novembre 2016
Sur la participation du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov aux "Rencontres de Potsdam"
Mardi 8 novembre, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov participera aux "Rencontres de Potsdam" organisées par le Fonds de soutien à la diplomatie publique Gortchakov et le Forum germano-russe sur le thème de "L'Europe de Lisbonne à Vladivostok: une voie sans alternative vers la stabilité européenne".
Depuis leur création en 1999, les "Rencontres de Potsdam" sont devenues un rendez-vous incontournable renforçant l'interaction publique germano-russe et ont trouvé une place digne dans le segment des formats de dialogue bilatéraux, réunissant traditionnellement des représentants politiques, publics et économiques de premier plan des deux pays. Les participants évoquent les questions et les problèmes d'actualité, faisant ainsi de ces rencontres une sorte de baromètre des sentiments publics en Russie et en Allemagne. Ces réunions offrent une réaction opérationnelle aux changements non seulement entre les deux pays, mais également sur la scène internationale.
Cette nouvelle réunion ne fera pas exception, qui sera consacrée à la mise en place d'un espace économique, social, militaire et politique de Lisbonne à Vladivostok. Nous espérons que cette conférence nous permettra d'avancer sur ces questions.
Sur la visite en Russie du Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Bénin Aurélien Agbenonci
Le Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Bénin Aurélien Agbenonci est attendu en Russie du 9 au 11 novembre.
Le 10 novembre, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'entretiendra avec son homologue béninois pour évoquer l'état et les perspectives de la coopération russo-béninoise dans le domaine politique, commercial, économique et d'autres. Les ministres vérifieront les approches des deux États de l'agenda régional et international.
Sur le bilan de la présidence russe du Conseil de sécurité des Nations unies
La présidence russe du Conseil de sécurité des Nations unies s'est achevée le 31 octobre. L'agenda du Conseil fut très chargé pendant cette période.
Aujourd'hui, il est absolument nécessaire de promouvoir des approches collectives permettant de surmonter efficacement les risques et défis actuels et d'accroître continuellement la coopération de l'Onu avec les organisations régionales et sous-régionales. Dans cette optique, la délégation russe a organisé des débats sur "la coopération de l'Onu avec les organisations régionales et sous-régionales pour le maintien de la paix et de la sécurité: OTSC, OCS, CEI". Les discussions ont révélé un important potentiel de développement de la coopération de ces organisations avec l'Onu dans différents secteurs, y compris la lutte contre les risques et les défis du terrorisme, du trafic de drogues, de la radicalisation, ainsi que la contribution au maintien de la paix et de la sécurité.
Les tensions perdurant au Moyen-Orient, plusieurs réunions ont été consacrées à la situation dans cette région et notamment à la nécessité de combattre la menace à la paix et à la stabilité internationale que représente l'organisation terroriste Daech.
Une attention particulière a été accordée au thème syrien. Le Conseil a organisé deux briefings de l'Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies pour la Syrie Staffan de Mistura, qui a proposé un plan pour libérer Alep des terroristes du Front al-Nosra. A l'initiative de la France, le 8 octobre le Conseil de sécurité des Nations unies a organisé un vote sur un projet de résolution sur la Syrie qui se concentrait sur la fin des actions de l'aviation à Alep. En fait, le texte de la résolution déformait grossièrement la situation sur le terrain et ignorait les accords russo-américains du 9 septembre. Ce projet ne mentionnait pas non plus le plan de Staffan de Mistura. De facto on mettait sur le même plan les obligations des forces gouvernementales et des terroristes du Front al-Nosra, sous-entendant que le cessez-le-feu devait également s'appliquer à ces derniers - ce qui est contraire à la résolution 2268 adoptée plus tôt par le Conseil de sécurité des Nations unies.
La délégation russe a voté contre ce document en suggérant d'adopter notre projet alternatif, plus réaliste, appelant à la séparation de l'opposition modérée des terroristes. Comme vous le savez, ce document n'a pas bénéficié du soutien nécessaire à cause de la réticence des délégations occidentales et de leurs alliés.
Le Conseil a accordé une attention particulière à la situation humanitaire en Syrie. Une critique a été émise quant au travail des agents de l'Onu, qui agissaient malheureusement sous la dictée des djihadistes retranchés à Alep. Les agents de l'Onu n'ont pas non plus réussi à organiser l'évacuation médicale de la ville.
Le débat sur le dossier "chimique" a été marqué par la publication du 4e rapport du Mécanisme d'enquête conjoint OIAC-Onu sur l'utilisation des armes chimiques en Syrie, dont le contenu ne peut pas être qualifié de convaincant du point de vue factuel et de la méthodologie. Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une résolution pour une brève prolongation technique du mandat actuel du Mécanisme d'enquête conjoint jusqu'au 18 novembre.
Durant la dernière semaine de la présidence russe, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté des communiqués de presse condamnant les bombardements de l'Ambassade de Russie à Damas (cette déclaration avait été proposée par notre délégation au début du mois, mais avait été bloquée comme vous vous en souvenez) et appelant à enquêter sur les attaques contre les écoles à Idleb et dans l'Ouest d'Alep.
Le 31 octobre, le Conseil de sécurité des Nations unies a évoqué la situation au Yémen. L'Envoyé spécial du Secrétaire général de l'Onu Ismail Ould Cheikh Ahmed a présenté une feuille de route pour le processus de paix. La situation humanitaire catastrophique dans ce pays a également été soulevée.
Le Conseil a adopté la résolution 2312 condamnant le déplacement illégal des migrants de Libye et la traite d'êtres humains comme un facteur empêchant la stabilisation dans ce pays, et a appelé les pays membres de l'Onu à coopérer avec le gouvernement libyen pour surmonter ce phénomène.
En octobre, le Conseil de sécurité des Nations unies a accordé une attention particulière à la situation à Darfour et au Soudan du Sud, ainsi qu'à d'autres crises en Afrique (Mali, Sahara occidental, Centrafrique, Congo, Guinée-Bissau et Burundi).
Des débats ont eu lieu sur la situation en Haïti. La résolution 2313 a été adoptée pour prolonger le mandat de la mission de l'Onu pour la stabilisation en Haïti jusqu'en avril 2017.
Dans son communiqué de presse, le Conseil de sécurité a fermement condamné les tentatives nord-coréennes de lancer un missile balistique, bafouant plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.
Une réunion ouverte du Conseil intitulée "Femmes, paix et sécurité" a été consacrée à la protection des femmes et à l'accroissement de leur rôle pour empêcher et régler les conflits armés et contribuer au rétablissement post-conflit. Plus de 80 délégations ont participé à cette réunion qui a confirmé l'intérêt de la communauté internationale pour ce sujet.
Le Conseil de sécurité a terminé l'étude de l'élection d'un nouveau Secrétaire général de l'Onu pendant la présidence russe, et le 6 octobre déjà il a décidé à l'unanimité de suggérer à l'Assemblée générale des Nations unies la candidature sans alternative d'Antonio Guterres (Portugal). Nous avons suivi attentivement le déroulement de ce processus électoral.
Pendant sa présidence au Conseil de sécurité des Nations unies, la Russie avait pour objectif de confirmer le rôle de cette institution comme un outil efficace pour régler les conflits et coordonner les efforts de la communauté internationale pour parer les défis globaux de notre époque.
Sur l'évolution de la situation en Syrie
Les organisations terroristes Daech, Jabhat Fatah al-Sham (anciennement Front al-Nosra) et les groupes extrémistes apparentés ont profité de la trêve humanitaire instaurée du 20 au 23 octobre afin de faciliter la situation de la population civile bloquée à Alep pour se regrouper et réapprovisionner leurs arsenaux, puis ont tenté de percer la défense des forces gouvernementales syriennes en lançant une vaste offensive contre l'Ouest d'Alep du 28 au 30 octobre. Au prix d'affrontements violents, les terroristes ont été stoppés, repoussés, et ont subi d'importantes pertes matérielles et humaines. Même dans ces conditions, l'aviation russe n'a pas attaqué l'Est d'Alep: les frappes aériennes sont suspendues depuis le 18 octobre pour permettre aux USA de remplir leurs engagements de séparer les opposants "modérés" des terroristes - ce qui n'a toujours pas été fait.
Compte tenu de l'inaction flagrante des Américains, les militaires russes se sont adressés directement aux leaders des groupes armés d'Alep via les canaux ouverts pour les appeler à quitter la ville et éviter des victimes inutiles. Six couloirs humanitaires pour les civils et deux pour les terroristes restent en place.
Selon différentes estimations, près de 7 000 djihadistes restent bloqués dans l'Est d'Alep et continuent de bombarder aléatoirement les quartiers civils de l'Ouest de la ville, assassinant des innocents.
Ainsi, le 27 octobre, les terroristes ont bombardé une école du quartier Khai al-Andaluz, tuant six enfants de 2 à 12 ans. Parmi les victimes: deux frères et une sœur d'une même famille.
Le 30 octobre, des munitions artisanales contenant des produits toxiques ont servi à attaquer les quartiers de Khamdaniya et Dahiyat al-Assad à l'Ouest de la ville. Au moins 35 personnes ont été intoxiquées et 2 sont mortes.
Le 1er novembre, les extrémistes ont ouvert le feu contre l'hôtel Chakhba Khalyat où se trouvent les bureaux de plusieurs organisations internationales. Le bâtiment de l'hôtel a été endommagé. Heureusement, on ne déplore aucune victime parmi les civils ou les employés de l'Onu.
Les terroristes interdisent de quitter Alep aux individus âgés entre 14 et 55 ans. Quant aux enfants et aux personnes âgées, ils exigent près de 300 dollars pour les laisser sortir. Les terroristes comptent visiblement dépenser l'argent recueilli pour le réarmement et l'organisation de nouveaux attentats.
Nous avons relevé les propos du porte-parole du Secrétaire général de l'Onu Stéphane Dujarric, qui a accusé l'opposition armée syrienne d'avoir violé les normes du droit humanitaire international à Alep. Il souligne que le grand nombre de victimes civiles est dû, entre autres, au fait que les groupes armés d'opposition bafouent les bases fondamentales du droit humanitaire international qui interdit les attaques non sélectives et fixe la nécessité de respecter les principes de précaution et de proportionnalité.
Les militaires russes et leurs homologues syriens ont trouvé la possibilité d'instaurer à Alep une nouvelle trêve humanitaire (comme vous le savez grâce aux communiqués réguliers du Ministère russe de la Défense). Le cessez-le-feu sera en vigueur de 9h00 à 19h00 le 4 novembre.
Force est de constater le fonctionnement à plein régime de la machine de propagande, basée sur une hypocrisie non voilée et le deux poids deux mesures (même s'il est déjà difficile de parler de deux poids deux mesures), pour créer par tous les moyens une image agressive, hostile et complètement fausse des actions de la Russie en Syrie, notamment dans l'opération antiterroriste à Alep, tout en défendant les terroristes qui tuent des civils, détruisent et pillent la ville. On affirme que les terroristes d'Alep "se distinguent sérieusement" des terroristes de Mossoul en Irak (de telles déclarations ont été faites par des représentants officiels de plusieurs pays occidentaux), et c'est pourquoi il serait prétendument nécessaire de tuer les terroristes à Mossoul mais pas à Alep.
Il est très dangereux de flirter avec les terroristes.
Dans le même temps, la situation à Alep est effectivement différente de celle constatée à Mossoul, mais pas du point de vue des terroristes. En réalité, elle diffère si l'on se penche sur le respect réel des normes du droit international pour protéger la population civile dans les zones de conflits armés. Le Ministère russe de la Défense a désigné au moins quatre différences du genre. Cela fait plus de deux semaines que l'aviation russe et syrienne ne vole pas, alors que Mossoul est bombardée tous les jours par l'aviation américaine. Six couloirs humanitaires ont été mis en place à Alep pour les civils. Rien de tel n'a été fait à Mossoul. Deux couloirs spéciaux restent ouverts à Alep pour permettre aux terroristes de quitter la ville avec leurs armes et leur matériel pour partir vers d'autres régions syriennes. A Mossoul, on se bat jusqu'à l'éradication totale de tous les djihadistes dans la ville. Enfin, des représentants de l'Onu, du Croissant-Rouge, d'autres organisations internationales et des journalistes travaillent à Alep alors qu'à Mossoul il n'y a ni présence humanitaire ni couverture médiatique.
En ce qui concerne la couverture médiatique, il est à noter le niveau sans précédent de l'information fournie par nos collègues du Ministère russe de la Défense. Tout ce qui se passe à Alep, y compris les actions de l'aviation russe, est rapporté ouvertement, de manière claire et compréhensible. Vous recevez des vidéos et des photos, des commentaires sont faits pratiquement tous les jours - on ne donne pas simplement des réponses aux questions des journalistes mais on explique toutes les opérations de l'aviation russe, les actions antiterroristes dans ce pays, on cite des données factuelles.
Sur la "Liste des crimes de guerre des USA et de leurs alliés en Syrie" ("Livre blanc")
Lors de la dernière conférence de presse, j'ai parlé brièvement et présenté certaines photos de la "Liste des crimes de guerre des États-Unis et de leurs alliés en Syrie" - connue également comme le "Livre blanc" sur la Syrie. Cette liste a été distribuée par la Russie au Conseil de sécurité des Nations unies. Il en ressort que les agissements des USA ont fait de nombreuses victimes civiles et ont entraîné la destruction de plusieurs sites d'infrastructure civile.
Le Département d’État américain a annoncé qu'il était au courant de l'existence du Livre blanc mais qu'il ne ferait aucun commentaire. C'est très étrange: le Département d’État suit de très près les publications montées de toutes pièces par ledit "Observatoire syrien des droits de l'homme" (qui vient on ne sait d'où, mais les professionnels savent), dont les articles sont analysés, commentés et cités comme des faits incontestables. De la même manière, le Département utilise les publications des "Casques blancs" et d'autres ONG douteuses. Pourtant, il refuse de commenter notre recueil de preuves documentées, préparé et transmis en tant que document officiel au Conseil de sécurité des Nations unies. On ignore pourquoi.
Le Livre blanc sur la Syrie est disponible en russe et en anglais accessible par une bannière sur la page principale du site officiel du Ministère russe des Affaires étrangères. Nous appelons les médias américains à en prendre connaissance. Vous aurez peut-être alors des questions plus concrètes à poser à Washington. Cette réaction en chaîne pourrait peut-être inciter le Département d’État à commenter ce livre. Les médias auront peut-être des questions et le Département d’État comprendra alors qu'il est nécessaire de répondre. Nous avons fait ce que nous avons pu, mais il est impossible de nier l'évidence. Nous avons sélectionné les données pour les diffuser officiellement, la Russie en endosse la responsabilité. Je le dis pour souligner une nouvelle fois que les USA donnent des commentaires sur tout ce qui se passe dans l'espace public, mais que leurs sources sont douteuses. Ils ne les vérifient pas. Ces sources ne sont pas fiables. Or elles sont toujours citées par le Département d’État.
Sur l'évolution de la situation autour de Mossoul
La situation autour de la ville irakienne de Mossoul reste très compliquée. Les unités avancées de l'armée irakienne, en coordination avec les rebelles kurdes (Peshmerga), sont entrées dans la partie Est de la ville située sur la rive gauche du Tigre après deux semaines de combat. Elles ont réussi à reprendre à Daech le bâtiment de la télévision locale. Leur progression est empêchée par une défense dense et échelonnée de l’État islamique avec une participation active des tireurs d'élite.
Les affrontements aux abords de Mossoul continuent sur d'autres axes. Plus de cent communes des environs ont été libérées des terroristes. Le nombre de terroristes éliminés diverge en fonction des sources. Le nombre de morts parmi les militaires et les rebelles irakiens est également en hausse. On ne dispose pas d'informations exactes. Dans le même temps, l'usage par les terroristes de Daech de véhicules blindés piégés conduits par des kamikazes reste une épine dans le pied des forces gouvernementales.
Dans ce contexte, nous assistons avec inquiétude à la dégradation continue de la situation humanitaire.
Le flux des habitants qui fuient la ville et ses environs est en hausse. Depuis le début de l'offensive, près de 20 000 personnes ont quitté la zone des affrontements selon les estimations de l'Organisation internationale pour la migration. Mais les chiffres réels sont probablement bien plus élevés. Hormis les répressions des terroristes (vous avez probablement tous vu les annonces d'exécutions de masse, nous avons constaté plus de 500 massacres) les habitants de Mossoul sont également contraints de fuir la ville à cause des bombardements non sélectifs accrus de l'aviation de la coalition anti-Daech menée par Washington. Malheureusement, ils touchent de plus en plus souvent les quartiers civils et les établissements publics.
A cet égard, nous appelons une nouvelle fois les USA et leur alliés à agir avec responsabilité en évitant l'usage disproportionné de la force, comme ce fut le cas à de nombreuses reprises par le passé, y compris en Irak. Les considérations préélectorales et l'empressement flagrant de Washington ne doivent pas nuire à la vie des civils irakiens.
Sur l'industrie de la drogue en Afghanistan
Nous avons pris note du dernier rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) consacré au problème de la production d'opium en Afghanistan. Nous constatons que la situation dans le pays s'est dégradée par rapport à l'année dernière.
Nous sommes particulièrement inquiets du quadruplement des superficies de culture de drogue dans les provinces du Nord de l'Afghanistan frontalières de nos partenaires d'Asie centrale, sachant que traditionnellement la principale production d'opium est concentrée dans le Sud et l'Ouest du pays.
Le dernier rapport de l'ONUDC a une nouvelle fois mis en évidence l'incapacité des autorités afghanes - avec la complaisance des forces de la coalition internationale présentes dans le pays - à lutter contre la production et le trafic de drogue. En témoigne notamment la réduction de 91% du nombre de plantations de drogue détruites (355 ha contre 3 700 ha l'an dernier). Comme on le sait, le problème du trafic d'opium d'origine afghane est qualifié par l'Onu de "menace à la paix et la stabilité internationales". Dans ce contexte, il convient de rappeler qu'hormis son danger et sa nuisance directs, la production de drogues fournit un sérieux soutien financier au terrorisme: 35 à 40% des fonds assignés à des fins extrémistes viennent du trafic de drogue qui, comme nous le voyons, est totalement hors de contrôle. La situation ne fait que se dégrader.
Nous espérons que les autorités afghanes, avec le soutien des contingents militaires étrangers présents dans ce pays et des sponsors internationaux, entreprendront les démarches nécessaires pour intensifier la lutte contre le trafic de drogue.
La Russie apporte déjà une importante contribution dans ce domaine. En particulier, elle a alloué cette année 300 000 dollars au soutien du Programme régional de l'ONUDC pour l'Afghanistan et les pays voisins, et encore 300 000 dollars à titre de première tranche pour le projet Zone alimentaire du Badakhchan réalisé sous l'égide de cette organisation.
Nous poursuivons également la mise en œuvre de projets de formation des policiers afghans dans les universités russes, notamment des brigades antidrogue, financés par notre budget fédéral.
Le projet pour la contribution à la formation de cadres pour la lutte antidrogue d'Afghanistan, du Pakistan et des pays d'Asie centrale, réalisé jusqu'en avril 2014 sous l'égide du Conseil Otan-Russie et suspendu à l'initiative de l'Alliance, est également mis en œuvre actuellement avec un rôle de coordination de l'ONUDC.
Nous sommes prêts à poursuivre notre coopération avec l'Afghanistan et d'autres partenaires internationaux pour lutter efficacement contre la menace du trafic de drogues.
Sur les plans de la Cour internationale d'ouvrir une enquête sur les éventuels crimes
de guerre des États-Unis en Afghanistan
Nous avons relevé l'information parue dans différents médias concernant l'intention de la Cour pénale internationale d'ouvrir une enquête intégrale sur les éventuels crimes de guerre commis par des militaires américains en Afghanistan.
L'opération antiterroriste des USA et de l'Otan en Afghanistan, qui dure depuis 15 ans déjà, ne manque pas d'exemples. Il suffit de rappeler les plus marquants d'entre eux. Ainsi, le bombardement d'une cérémonie de mariage dans la province du Kandahar en novembre 2008 a fait près de 100 morts parmi les civils, essentiellement des femmes et des enfants, et les frappes de l'aviation américaine dans la province du Herat la même année ont emporté la vie d'une centaine de civils. Il ne faut pas oublier non plus la tragédie d'octobre 2015, quand une frappe aérienne contre un hôpital de l'organisation internationale Médecins sans frontières à Kunduz avait fait plus de 20 morts parmi le personnel médical et les patients, et près de 40 blessés.
Nous voudrions souligner que dans aucun des cas une enquête n'a été ouverte, et que personne n'a endossé la responsabilité de ces attaques mortelles. J'ai entendu récemment les commentaires de nos collègues américains, du personnel du Département d’État, disant que contrairement à la Fédération de Russie les Américains reconnaissaient toujours leurs erreurs. Et après? Il est important de reconnaître ses erreurs pour ne pas les commettre, mais aussi d'analyser, de trouver les coupables et de faire en sorte que les gens ne se sentent pas impunis, pour éviter que se répande une situation où les coupables ne répondent jamais de leurs actes. Les deux premiers points ne fonctionnent pas. Des erreurs sont commises encore et encore. Personne n'en assume la responsabilité – ni individuelle, ni personnelle, ni au niveau de l’État. Personne n'exige de fermeté envers les individus dont les actions ou les décisions ont causé de nombreuses pertes parmi les civils. Mais l’État doit assumer la responsabilité de ses actes. Si vous ne voulez pas sanctionner vos hommes, alors vous devez assumer cette responsabilité en tant qu’État. La communauté internationale doit comprendre où avancent dans ce sens les USA et leurs alliés.
Je voudrais ajouter que les proches des défunts et les victimes des actions des USA et de leurs alliés n'ont obtenu aucune aide dans la plupart des cas. Nous savons parfaitement qu'en l'occurrence tout a son importance - une aide sous la forme d'une contribution, l'aspect matériel, le facteur moral - quand personne n'assume la responsabilité pour les crimes commis contre des civils.
Cela rappelle l'épisode de la récente décision de la Cour fédérale suprême d'Allemagne qui a refusé de verser une indemnité aux proches des victimes de la frappe aérienne de l'Otan contre Kunduz en septembre 2009; qui avait été ordonnée par le colonel allemand Georg Klein qui commande aujourd'hui le contingent militaire de l'Alliance. L'attaque avait fait près de 100 morts, pour la plupart des civils.
De notre côté nous saluons l'initiative de la Cour pénale internationale et pensons qu'un examen objectif des actions violentes et criminelles commises en Afghanistan par des militaires étrangers, y compris américains, permettra d'éviter les morts civiles dans le pays au cours des opérations.
Un an après le crash de l'avion russe en Égypte le 31 octobre 2015
Nous avons reçu beaucoup de demandes de commentaires sur le crash de l'avion russe A321 en Égypte il y a un an.
Le 31 octobre 2015 s'est produite la plus terrible tragédie de l'histoire de l'aviation civile de notre pays. Un attentat dans le Sinaï a provoqué le crash de l'avion de la compagnie Kogalymavia. Aucun des 224 passagers, dont 25 enfants, n'a survécu.
Le 8 novembre 2015 a été signé le Décret 553 du Président de la Fédération de Russie interdisant temporairement les vols civils entre la Russie et l’Égypte.
Pour mettre en application ce Décret, le Ministère russe des Transports, en collaboration avec le Ministère russe des Affaires étrangères et d'autres institutions compétentes, a entamé un travail méthodique et intense avec l’Égypte pour renforcer la sécurité aérienne. Un plan conjoint de mesures complexes a été adopté pour accroître significativement le niveau de sécurité dans les aéroports du Caire, de Hurghada et de Charm el-Cheikh, ainsi que pour réunir les conditions afin d'empêcher que la tragédie du 31 octobre 2015 se reproduise. Une grande partie de ce plan a déjà été mise en œuvre.
En parallèle, les deux parties élaborent un projet de protocole intergouvernemental spécial dont la signature permettra aux spécialistes russes de participer plus activement au travail concret dans les aéroports égyptiens pour assurer la sécurité des citoyens de notre pays.
Dans le même temps, les autorités russes et égyptiennes mènent une enquête pénale sur le crash de l'avion russe. Il est primordial de déterminer toutes les circonstances de cette tragédie, d'identifier les responsables qui doivent être traduits en justice.
Le succès du travail sur les questions évoquées permettra de réunir les conditions nécessaires pour relancer la communication aérienne régulière entre nos pays et pour le séjour sûr des citoyens russes dans les stations balnéaires égyptiennes.
Sur la décision de créer un sanctuaire marin en mer de Ross
Pendant la 35e réunion la Commission pour la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR, Hobart, Australie, 17-28 octobre 2016), il a décidé de créer une aire marine protégée (AMP) en mer de Ross. Cette décision entrera en vigueur le 1er décembre 2017.
Cette mesure, qui va dans le sens des engagements juridiques internationaux pour la création d'AMP dans différentes régions de l'océan mondial, est importante pour garantir la protection appropriée de l'environnement en Antarctique et la préservation globale de ses bioressources marines vivantes. Dans le même temps pour la Russie, en tant qu’État qui pêche traditionnellement dans cette région, il était important de défendre nos droits et intérêts légitimes en la matière. C'est pourquoi nous avons posé plusieurs questions concernant les conditions de la mise en place de cette AMP, son régime, ses paramètres géographiques, temporels, etc.
Selon nous, la décision finale de la 35e réunion de la CCAMLR reflète un équilibre qui convient à toutes les parties, pour la protection de l'environnement et l'exploitation durable des bioressources marines de l'Antarctique sur la base des meilleures données scientifiques disponibles. D'après nous, les éléments clés de la décision sont le régime juridique particulier de la Zone de recherche spéciale (une zone de l'AMP où une pêche limitée est autorisée) et sa durée réduite jusqu'à 30 ans, l'ouverture à la pêche des régions en dehors de l'AMP où des quotas de pêche zéro étaient maintenus pendant une longue période et la mise en place des conditions pour organiser des recherches scientifiques marines internationales conjointes dans les limites de l'AMP.
La décision finale de créer une AMP en mer de Ross a pu être prise au cours de la présidence russe de la CCAMLR.
Sur l'ouverture de deux chaînes du Ministère russe des Affaires étrangères sur le service de messagerie Telegram
Nous vous présentons les chaînes d'information du Ministère russe des Affaires étrangères sur l'application de messagerie Telegram. Nous les avons lancées il y a quelques jours et des messages vous y attendent. Pour le confort des utilisateurs qui s'intéressent activement à l'activité de la Russie en politique étrangère, nous ouvrons deux chaînes: une en russe et l'autre en anglais. Le moment de parution des informations en russe et en anglais différera légèrement – les traductions nécessiteront un certain temps. Ces chaînes ont été créées pour tous, pour les journalistes, pour les utilisateurs ordinaires qui veulent avoir toutes les nouvelles dans "une même poche" et qui utilisent différents appareils.
En souscrivant, vous pourrez recevoir rapidement les informations de première main: les informations sur les visites du Ministre, les communiqués du Ministère des Affaires étrangères sur les questions d'actualité internationale et sur les relations bilatérales avec différents pays. Tout cela sera accompagné de photos et de vidéos.
A titre de bonus surprise pour les amateurs de tous les moyens modernes de communication avec les chaînes d'information sur Telegram, nous lançons également un ensemble de stickers.
Vous pouvez désormais rester en contact avec nous sur Telegram aux adresses @MID_Russia et @MFARussia.
Nous sommes prêts à entendre vos commentaires à ce sujet et à optimiser ce canal de communication. C'est précisément notre mission – rendre la politique étrangère russe claire et accessible non seulement aux experts politologues et aux journalistes internationaux, mais également au grand public.
Question: Le Président syrien Bachar al-Assad a déclaré au journal serbe Politica que la Russie combattait très sérieusement le terrorisme et était disposée à poursuivre cette lutte, tandis que les États-Unis étaient prêts à utiliser les terroristes pour atteindre leurs objectifs. Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a répété cette semaine que les USA et leurs alliés ne pouvaient pas ou ne voulaient pas séparer les opposants modérés du Front al-Nosra. Aujourd'hui il convient manifestement de dire qu'ils ne veulent vraiment pas le faire. Que pouvez-vous dire à ce sujet d'une manière plus large?
Réponse: Il faut lire les nouvelles – même aujourd'hui j'ai vu des déclarations très agressives diffusées sur les chaînes occidentales se référant aux bandes de certaines forces "modérées" ou "non modérées" qui refusent de profiter de la trêve humanitaire et de quitter Alep. Je ne peux pas affirmer que ces informations sont véridiques à 100% car nous les avons lues dans les communiqués des agences de presse occidentales et ne les avons pas entendues directement de la part de ces bandes. Mais cela démontre ce que nous disions: la principale tâche de ceux qui se sont retranchés à Alep n'est pas de s'occuper des habitants.
Tout cela balaie les déclarations aussi bien de ces groupes que de ceux qui les soutiennent selon lesquelles il faut cesser les bombardements de l'aviation russe et syrienne pour évacuer les blessés. Aucun blessé n'est évacué. On assiste à des actes de cruauté aussi bien sur le plan physique que moral et éthique, quand on exige de l'argent des gens qui tentent de quitter cet endroit où l'affrontement perdure depuis aussi longtemps. C'est un niveau inhumain qui n'a rien à voir avec la conscience humaine. Tout cela prouve ce que nous disions: les extrémistes n'ont qu'un but – la guerre jusqu'à la victoire.
Ils n'ont pas besoin d'une Syrie démocratique car un État démocratique construit sur les valeurs universelles ne peut pas se baser sur la mort d'autant de civils ou sur leur détention en otage. Or c'est précisément ce qui se produit. De quel avenir démocratique de la Syrie peut-on parler dans ces circonstances?
Dans le cadre du GISS et des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, le monde occidental s'est engagé pour l'avenir de la Syrie en tant qu’État démocratique. Mais qui, du point de vue des pays occidentaux, y construira la démocratie? Ces assassins qui malmènent les gens et les empêchent de quitter les quartiers dangereux et qui déclarent qu'ils sont déterminés à aller jusqu'à la victoire et à la destruction totale en osant dire qu'ils entendent par cette "destruction totale" la destruction totale de l'institution de l’État, de la structure étatique syrienne? C'est ces gens qui construiront un État démocratique?
Nous voyons l'exemple de l'Irak et d'autres pays. On peut voir comment un "État démocratique" a été construit sur l'exemple de Mossoul. Ce n'est plus du deux poids deux mesures, mais l'application d'une ligne très claire. On ne le cache plus derrière l'hypocrisie: c'est une attaque de front, une volonté de préserver les bandes qui doivent réaliser ce qui a été dit plus tôt – changer le régime. Malheureusement, il y a de moins en moins de doutes à ce sujet.
Question: Que pouvez-vous dire des propos de l'ex-Secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen qui a déclaré sur Sky News que le monde avait besoin aujourd'hui d'un leadership global résolu des USA et qu'ils devaient devenir une sorte de gendarme mondial pour remettre partout l'ordre et rétablir le droit international.
Réponse: Je voudrais noter qu'il n'est pas question d'un politologue ou d'un marginal mais d'un individu qui a dirigé l'Otan pendant plusieurs années. C'est un exemple très marquant. Malheureusement, pour le monde occidental, ce genre de choses commence à faire surface de plus en plus souvent. C'est précisément le type de personnes qu'on choisit pour diriger des institutions et des organisations internationales contrôlées par les États-Unis. Ce sont ces gens qu'on promeut au sein des élites politiques européennes. De nombreuses personnes ayant cette mentalité occupent des postes à grande responsabilité liés à la sécurité et à la stabilité dans l'Atlantique Nord. Un homme qui pense que l'ordre mondial doit impérativement reposer sur des bases démocratiques ne parlera jamais de la nécessité de créer une sorte de gendarme à l'échelle globale. C'est impossible.
Souvenez-vous ce que disait le monde, y compris nos collègues européens, il y a 10-20 ans: il était question de bases juridiques, de coopération et d'égalité. Car l'égalité et la fraternité restent les principales valeurs de nombreux pays occidentaux, non seulement au sein de l'État mais également à travers le monde. Et voici qu'un individu qui a été responsable pendant plusieurs années de la formation d'une atmosphère de confiance, de sécurité et de stabilité en Euro-Atlantique dévoile ce qu'il avait visiblement en tête pendant toutes ces années: inventer un système de gendarmerie mondiale et placer à sa tête un État qui contrôlerait le reste du monde.
Il est précisément question de contrôle, de la nécessité de la présence d'un Big Brother surveillant tout le monde. Cela n'a rien à voir avec le règlement des problèmes internationaux dont pourrait s'occuper tel ou tel pays. Le niveau actuel des risques et des défis auxquels le monde est confronté a clairement prouvé qu'il était impossible d'y arriver tout seul, de régler des crises sans coopération. Nous ne parlons plus du terrorisme, mais au moins d'un phénomène comme le programme nucléaire iranien. Si ce "gendarme du monde" en la personne des USA avait reçu le droit de régler cette situation en solitaire, les conséquences auraient été bien différentes. Il y aurait probablement encore eu une guerre. Dieu merci, à cette époque l'idée de créer un "gendarme du monde" pour accorder ce rôle aux USA n'a pas été exprimée, c'est pourquoi la situation a été réglée de manière collective avec un rôle très sérieux de l'UE et avec une participation active de la Russie, des Six médiateurs. Différents pays ont partagé leur vision de la situation. Et c'est seulement ainsi que nous avons réussi à régler le problème. Tout ce qui a été convenu n'a pas encore été mis en œuvre mais au moins la voie pacifique a été choisie et la communauté internationale s'y est déjà engagée. L'objectif est clair et évident: la crise doit être réglée de manière à ce que chaque partie obtienne ce qu'elle souhaite, à ce que les intérêts de tous soient respectés et que le règlement soit durable. Voici l'un des exemples.
Nous venons de parler de l'Afghanistan. Il y avait un mini-modèle, non pas à l'échelle du monde mais sur un exemple concret nous avons vu que les Américains s'étaient effectivement attribué le rôle de gendarme qui s'auto-déléguait le règlement de la situation dans ce pays en matière de lutte contre le terrorisme avec un mandat approprié du Conseil de sécurité des Nations unies. J'ai déjà cité les chiffres concernant la production de drogues dans ce pays. Nous savons tous, et c'est prouvé, que la drogue est un compagnon fidèle du terrorisme international. Le trafic de drogue finance le terrorisme international. En grande partie, les drogues sont un moyen de recruter des hommes - quand ils deviennent dépendants avant de devenir kamikazes. La production de drogues a décuplé non seulement en superficie mais également en quantité. Personne ne contrôle la situation sur le terrain. Le terrorisme s'est renforcé dans ce pays. Ce n'était pas le cas auparavant.
Voici un autre exemple, ou plutôt un contre-exemple. Que s'est-il passé en Afghanistan où les USA ont joué un tel rôle? Quelles sont les conséquences? Les Européens ou les Américains ne se trouvent pas à proximité immédiate de l'Afghanistan, mais qu'en est-il de nous ou des républiques d'Asie centrale qui sont directement affectées par les événements dans ce pays? C'est une douleur éternelle et un problème éternel, car on n'en voit pas la fin.
Question: Le journal italien La Stampa a publié un article affirmant que le Kremlin influençait le déroulement du référendum constitutionnel en Italie, notamment à travers la chaîne Russia Today et l'agence Sputnik. Que pouvez-vous dire au sujet de telles publications?
Réponse: Là-bas aussi?
C'est visiblement un sort: vous êtes assis à la même place que la journaliste italienne il y a quelques semaines. Elle avait posé une question sur l'attitude de la Fédération de Russie envers le référendum organisé en Italie. Je lui avais répondu (ceux qui sont ici aujourd'hui s'en souviennent, vous pouvez lire le relevé de la conférence de presse et regarder la vidéo) que c'était une affaire intérieure de l'Italie. Elle parlait de stabilité et de sécurité, elle demandait si nous ne pensions pas que de tels référendums menaient vers la déstabilisation. J'ai répété plusieurs fois que l'organisation de telles activités pour connaître la volonté de sa population était une affaire intérieure de l'Italie. Il est étonnant que La Stampa ait tout vu sauf la déclaration du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie. Après tout, nous communiquons ici avec vous ouvertement et non à huis clos. Le monde entier nous entend. La Stampa aurait parfaitement pu trouver cette citation pour l'utiliser au moins pour faire contrepoids à son information. Je répète que la position officielle de Moscou à ce sujet a été clairement exprimée par le Ministère russe des Affaires étrangères.
Question: La Présidente du Parlement syrien Hadiya Abbas a déclaré dans une interview que la Syrie reconnaissait la Crimée comme partie intégrante de la Russie. Que pouvez-vous dire à ce sujet?
Il y a un mois, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a reçu les ambassadeurs du monde islamique. Comment évoluent les relations de la Russie avec le monde islamique?
Réponse: En ce qui concerne la Crimée, je pense que c'est simplement une constatation de l'évidence: la péninsule est un territoire russe. Non seulement les lois appropriées ont été adoptées, mais elle vit également à part entière au sein de la Fédération de Russie, partageant les joies et les difficultés communes de notre pays. Ce n'est pas simplement une partie de notre territoire, c'est une partie de notre société, de notre peuple. Ce n'est pas à remettre en question. Nous sommes un seul peuple. C'était l'expression de la volonté de la Crimée et des Criméens qui essayaient de dire, de faire entendre leurs problèmes aux autorités depuis des années. Plusieurs fois on a tenté d'organiser un référendum pour répondre à ces attentes. C'est pourquoi je pense que c'est simplement une constatation de l'évidence.
De nombreux collègues, y compris ceux qui nous critiquent sans cesse et font des déclarations consternantes, dans les couloirs et durant les négociations reconnaissent clairement et nous disent que cette question est close de facto. Mais nous savons parfaitement que dans l'espace public ils continueront de pédaler ce thème sur tous les plans.
Quant aux relations de la Russie avec le monde islamique, elles évoluent dans tous les domaines – en politique, dans l'économie, au niveau des liens sociaux et dans différents formats dans le cadre de négociations bilatérales, de la participation aux organisations internationales et aux associations d’États musulmans. Dans certaines d'entre elles nous sommes observateurs, dans d'autres nous participons activement. Bien évidemment, nous coopérons sur différentes plateformes humanitaires. Nous avons des régions actives qui collaborent de manière fructueuse. Nous donnons régulièrement notre appréciation de cette coopération. Je trouve que vous avez posé une très bonne question – je pense que je devrais parler davantage de la coopération de nos régions notamment avec ces pays.
Question: J'ai entendu dire plusieurs fois que la Russie pensait que les USA voulaient créer une autonomie pour les Kurdes syriens à Raqqa (Syrie) après sa libération de Daech. C'est ce que pense aussi le député russe Alexandre Babakov. D'après vous, les USA y songent-ils?
Réponse: La Russie pense avant tout que l'avenir de la Syrie est celui d'un État intègre et démocratique. L'intégrité territoriale de ce pays fait partie des priorités et des prémisses dont s'occupent actuellement la Russie qui combat le terrorisme dans la région. En ce qui concerne l'avenir du pays, son orientation politique, les réformes politiques, les nouveautés ou la préservation de l'ancienne structure: c'est aux Syriens d'en décider, c'est au gouvernement et à l'opposition au sens large - c'est-à-dire celle qui est présente dans le pays et celle qui a dû partir. Mais il ne faut certainement pas décider tout cela à la place de la Syrie, c'est aux Syriens d'en décider. La communauté internationale doit s'occuper extérieurement de la mise en place des conditions pour un dialogue normal dans le pays impliquant la lutte contre le terrorisme et évidemment la cessation de l'approvisionnement colossal des bandes armées. C'est aux Syriens de décider comment la Syrie doit vivre et comment organiser la vie dans leur pays.
Quant aux discussions, la Russie est un pays où tout le monde a le droit de parler. Il existe une position officielle qui doit être consolidée, vérifiée et s'appuyer sur les faits. Mais au sein de la société il existe différents points de vue, des avis personnels ou de représentants politiques. Je pense que vous devriez vous référer à la position officielle.
En ce qui concerne les opinions exprimées, je le répète: la Russie est un pays où on peut exprimer tout point de vue dans le cadre de la loi.
Question: La Russie vient de terminer sa présidence du Conseil de sécurité des Nations unies. Pourquoi la mise au point d'une résolution concernant l'essai nucléaire en Corée du Nord demande autant de temps? Quelles questions freinent le processus?
Réponse: L'élaboration de la résolution prend autant de temps car elle ne doit pas être un simple bout de papier: elle doit fonctionner, permettre d'empêcher de telles actions - et pas faire empirer la situation. Elle ne doit pas entraîner une détérioration de la vie des habitants de la Corée du Nord qui n'ont rien à voir avec ce problème et, qui plus est, ne prennent aucune décision. Certaines décisions pourraient sérieusement leur compliquer la vie. Voilà quelques arguments parmi de nombreux autres. C'est pourquoi la résolution doit être effective et refléter l'objectif principal - que personne ne conteste. Cet objectif est fixé et expliqué dans des résolutions antérieures du Conseil de sécurité des Nations unies.
Question: Aux États-Unis, y compris dans les services de défense, on dit souvent que le candidat à la présidence américaine Donald Trump adopte des positions prorusses et "a des relations" dans notre pays. Que pouvez-vous dire à ce sujet?
Réponse: Ces déclarations sont anecdotiques et paradoxales. C'est une histoire clairement liée à la campagne présidentielle. Elle a été soutenue au Royaume-Uni par les déclarations du directeur du MI5 Andrew Parker, selon qui la Russie "utilise tous les moyens pour promouvoir sa politique agressive".
En ce qui concerne les hommes politiques et leurs déclarations antirusses dans le cadre de leur campagne, je voudrais rappeler l'histoire préélectorale des USA de ces dernières décennies. On constate une tendance très intéressante: ceux qui blâmaient le plus la Russie pendant leur campagne cherchaient immédiatement après l'élection à "construire des ponts" et développer la coopération. Alors que ceux qui avaient un discours tolérant ou neutre vis-à-vis de la Russie changeaient radicalement leur politique après la présidentielle. C'est la tendance. Malheureusement, durant leur mandat les nouveaux présidents ne faisaient que détériorer et aggraver les relations bilatérales. Vous pouvez vous amuser à faire le constat vous-mêmes.
Question: L'Assemblée générale des Nations unies a adopté un projet de résolution sur la cybersécurité, cette fois par un vote. Pourquoi ce procédé?
Réponse: Le projet de résolution "Progrès de l'informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale" a été soumis au vote à l'initiative de l'Ukraine. On avait prévu un vote par consensus – ces dernières années le projet était adopté sans vote avec l'approbation générale. Cette année l'Ukraine a décidé - comment le dire de manière diplomatique - de se distinguer et a tout de même soumis le document au vote. C'est évidemment regrettable car cela témoigne du niveau de travail actuellement mené à Kiev. Au final, quand l'Ukraine a imposé la décision de soumettre le projet de résolution au vote le document a été soutenu par 177 pays. Personne n'a voté contre, un seul pays s'est abstenu. Et devinez lequel… l'Ukraine, qui avait insisté sur le vote. Nos collègues, qui étaient présents lors de l'annonce des résultats dans la salle, ont raconté qu'ils n'avaient pas attendu un tel rire depuis longtemps. Je rappelle qu'il est question du Premier comité de l'Assemblée générale des Nations unies.
D'où cette étrange histoire. Bien sûr, à l'issue du vote le projet de résolution sera soumis au Secrétaire général de l'Onu pour approbation pendant la 71e session de l'Assemblée générale des Nations unies en novembre-décembre.
Cette année, 80 États étaient coauteurs de ce projet - leur liste a été publiée. La réduction du nombre de coauteurs de 84 à 80 par rapport à l'année dernière est due au refus des USA de travailler de manière constructive. Il est question précisément des États-Unis et de certains États qu'ils ont influencés dans le contexte actuel de détérioration des relations russo-américaines. Bien sûr, pour des raisons politiques, les USA ne pouvaient pas être coauteurs de ce projet soutenu par une majorité absolue.
Le site du Ministère russe des Affaires étrangères a publié un communiqué à ce sujet. Ce projet de résolution fixe au Groupe d'experts gouvernementaux de l'Onu pour la sécurité informatique internationale, qui a commencé son travail en août 2016, la priorité d''élaborer des normes, des principes et des règles de conduite responsable des États dans l'espace informatique pour garantir la sécurité internationale.
C'est intéressant. Nous sommes constamment accusés d'attaques cybernétiques mais quand il est vraiment question d'adopter un document approprié à ce sujet, les USA se dérobent. Je pense qu'ils étaient derrière cette décision de l'Ukraine, et Kiev a été présenté sous une lumière comique, comme je l'ai déjà dit.
Question: L'Arabie saoudite a été admise au Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'Onu, alors que la Russie a perdu sa place. Que pouvez-vous dire à ce sujet?
Réponse: Le Représentant permanent de la Russie à l'Onu Vitali Tchourkine a déjà fait une déclaration sur ce dossier. Il a tout dit et honnêtement, je n'ai rien à ajouter. Nous comprenons que dans ce qui se passe actuellement, malheureusement, il y a un vrai remue-ménage antirusse. Au sein de ce Conseil, les pays sont élus et non nommés. Certaines années nous étions élus, d'autres non. Comme l'a dit Vitali Tchourkine, cela veut dire que nous serons élus l'année prochaine. En ce qui concerne l'Arabie saoudite, je le répète, il est question d'élections. Bien sûr, des questions se posent mais vous devriez les poser plus concrètement sur les droits de l'homme et les adresser directement à l'Arabie saoudite, pas à nous.
Question: La chef de la compagnie ukrainienne Tchernomoneftegaz Svetlana Nejnova a exprimé son mécontentement concernant l'extraction par la Russie de 2 milliards de mètres cubes de gaz sur le plateau de la mer Noire. Que pouvez-vous dire à ce sujet?
Réponse: C'est aux personnes compétentes en la matière de commenter cette situation. Je ne suis pas spécialiste dans ce domaine et il vaut donc mieux que les experts donnent leur avis. Je pense qu'il ne faut pas politiser ce genre de choses - c'est aux experts de s'en occuper. Il ne faut pas les élever au niveau politique, au niveau de la rhétorique politique. Je pense que les spécialistes qui s'occupent directement de cette question sont capables d'expliquer de manière compétente la position et les actions russes.
Question: Quelle est votre vision de l'état des relations russo-grecques dans le secteur énergétique après la visite du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à Athènes hier?
Réponse: Nous ne pouvons que nous réjouir de ce que nous avons vu hier à Athènes. Sergueï Lavrov a reçu un accueil très chaleureux, qui n'était pas mis en scène. J'ai eu l'impression que toute la ville d'Athènes participait d'une manière ou d'une autre aux activités de la délégation russe. Nous les remercions pour cela, l'atmosphère était très chaleureuse. Les autorités de ce pays avaient probablement une approche plus pragmatique, tournée davantage vers les discussions concrètes sur les questions problématiques et les perspectives de coopération. Nous avons ressenti une grande vague de chaleur et d'amour de la part des personnes liées aux relations bilatérales à des degrés différents. Nous l'avons clairement ressenti.
La question énergétique a été abordée, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a fait une déclaration à ce sujet pendant la conférence de presse.
Question: Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange a confirmé à chaîne Russia Today que la Russie n'était pas à l'origine des "fuites" autour de l'élection américaine. Mais le porte-parole de la Maison blanche Eric Schultz a déclaré que l'influence de Moscou sur la présidentielle américaine était sans précédent et que la Russie avait déjà exercé une telle pression plusieurs fois à travers le monde. D'après vous, de quoi parlait-il? Que pouvez-vous dire à ce sujet?
Réponse: Autrement dit, Barack Obama est notre homme aussi? Je n'ai plus aucun commentaire.
Question: La police finlandaise a rendu compte à son parlement que des citoyens russes achetaient des biens immobiliers pour "y loger en situation de crise des militaires sans signes distinctifs comme ce fut le cas en Crimée". Que pouvez-vous dire à ce sujet?
Réponse: J'ignore comment il est possible de vivre dans un tel sentiment de peur permanente. Je pense qu'on n'est pas très loin de la paranoïa. Ceux qui s'occupent de cette russophobie ne se rendent pas compte qu'ils auront des problèmes s'ils effraient constamment leur propre population: à un certain moment les phobies peuvent tourner à la folie.