Allocution et réponses à la presse du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse conjointe à l'issue de son entretien avec le Ministre éthiopien des Affaires étrangères Workneh Gebeyehu, Addis-Abeba, 9 mars 2018
Mesdames et messieurs,
Avant tout, je voudrais de nouveau remercier mon homologue et ami le Ministre éthiopien des Affaires étrangères Workneh Gebeyehu, ainsi que tous nos amis éthiopiens, pour leur hospitalité traditionnelle.
Nos entretiens se déroulent dans le contexte de la célébration du 120e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre nos deux pays. Plusieurs activités consacrées à cette date anniversaire sont organisées en Russie et en Éthiopie, notamment des conférences scientifiques, des expositions et bien d'autres.
Nous avons accordé une attention particulière à la nécessité d'accroître les échanges dans le cadre de notre coopération commerciale, économique et d'investissement. Nous sommes convenus d'intensifier le travail de la Commission intergouvernementale russo-éthiopienne pour la coopération économique, scientifique et technique et le commerce afin de réaliser des projets communs dans différents secteurs, y compris énergétique - notamment nucléaire et hydro-énergétique - ainsi que dans le domaine des recherches géologiques, la communication aérienne et bien d'autres. Nous profiterons également des bonnes opportunités de coopération dans le domaine des hautes technologies, de la science et de l'éducation.
Plusieurs milliers de citoyens éthiopiens ont suivi leurs études dans notre pays. Aujourd'hui, nous avons réaffirmé notre soutien à l'activité de l'Association des diplômés des universités russes et soviétiques qui a été créée en Éthiopie et est une composante très importante de la société africaine.
Nous avons évoqué l'organisation cette année des cours d'amélioration des compétences à l'Académie diplomatique auprès du du Ministère russe des Affaires étrangères pour deux diplomates éthiopiens.
Nous avons également évoqué notre coopération dans le domaine de la coopération militaro-technique. Dans tous les domaines mentionnés se préparent des accords intergouvernementaux supplémentaires et des mémorandums qui renforceront la base juridique internationale des contacts dans ces domaines.
Concernant les problèmes internationaux, nous avons confirmé que nos positions coïncidaient sur les principales questions d'actualité. Nous sommes notamment attachés à la nécessité de respecter à part entière le droit international avec un rôle central de l'Onu et aux tâches de démocratiser les relations internationales.
La Russie et l’Éthiopie prônent le respect de la diversité culturelle et civilisationnelle du monde contemporain, du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et à régler les conflits de manière exclusivement pacifique à travers un dialogue inclusif sans ingérence extérieure. En s'appuyant sur ces principes, nous coordonnons étroitement nos actions sur la scène internationale, y compris à l'Onu, notamment en sachant qu'en 2017-2018 l’Éthiopie est un membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.
Nous avons abordé aujourd'hui le règlement de plusieurs conflits en Afrique, avec une attention particulière pour la Corne de l'Afrique et la situation au Soudan du Sud. Nous avons réaffirmé la nécessité de s'appuyer sur les Africains eux-mêmes dans la recherche d'approches pour régler les différentes situations de crise. En travaillant avec nos amis africains au Conseil de sécurité des Nations unies, avec l'Union africaine et d'autres organisations sous-régionales, la Russie soutiendra activement leurs efforts pour régler tous ces problèmes en apportant un soutien politique à l'analyse des résolutions appropriées, en participant à la formation de casques bleus et en fournissant les équipements nécessaires aux contingents.
Je pense que ces pourparlers ont été très utiles et ont contribué à faire avancer notre coopération dans plusieurs domaines très importants.
Question (traduite de l'anglais): Pouvez-vous donner la date de lancement du projet sur les technologies nucléaires?
Sergueï Lavrov: Les négociations sont en cours sur la création en Éthiopie du Centre des technologies nucléaires sur la base du réacteur de recherche russe qui existe déjà dans le pays. Le travail avance bien, il n'y a aucune raison de parler de retard. Il sera davantage accéléré à la fin de la préparation des accords intergouvernementaux qui doivent être signés pour la réalisation de ce projet.
Question (traduite de l'anglais): Ma question concerne le projet nucléaire. Qu'apportera-t-il à l’Éthiopie? Quel est son sens?
Sergueï Lavrov: Le Centre de technologies nucléaires sera chargé de mener des travaux de recherche, notamment pour développer les capacités de l’Éthiopie dans des domaines pacifiques comme la médecine radiologique. Comme je l'ai dit, le réacteur de recherche russe fonctionne déjà depuis longtemps dans le pays. C'est ce réacteur de recherche qui sera la base du Centre des technologies nucléaires en cours de création.
Question: Des sénateurs américains ont appelé le Secrétaire d’État américain Rex Tillerson à relancer le dialogue sur la stabilité stratégique suite à la déclaration du Président russe Vladimir Poutine sur les nouveaux armements. Perçoit-on une disposition à relancer le dialogue, à mettre à jour le START 3?
Sergueï Lavrov: Nous avons toujours été favorables à la poursuite et au développement du dialogue sur la stabilité stratégique entre la Russie et les USA. Après que pratiquement tous les canaux de coopération ont été gelés à cause de la position antirusse des USA sous l'administration Obama, c'est nous qui avons initié la reprise des discussions à ce sujet. Bien évidemment, ce dialogue doit évoluer sur la base du respect réciproque, de l'équilibre des intérêts et n'être soumis à aucune condition préalable.
En ce qui concerne le traité START 3 dont vous avez parlé, tous les mécanismes de coopération pour mettre en œuvre ce document se trouvent dans ce traité en soi. Ils sont utilisés dans le contexte de l'activité de la Commission qui a été créée pour surveiller sa mise en œuvre.