Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 30 décembre 2021
Sur les pourparlers russo-américains concernant les garanties de sécurité
Le 10 janvier 2022 à Genève sont prévus des pourparlers entre la Russie et les Etats-Unis au niveau de délégations réunissant plusieurs institutions de chaque pays sous la direction du Vice-Ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov côté russe et Wendy Sherman, Première Secrétaire d'Etat adjointe, côté américain. Cette date est fixée. Elle n'a pas d'alternative à l'heure qu'il est.
A l'ordre du jour figure la discussion des deux projets de documents fondamentaux transmis par la Russie au Etats-Unis le 15 décembre: le Traité entre la Fédération de Russie et les Etats-Unis sur les garanties de sécurité, et l'Accord sur les mesures pour garantir la sécurité de la Fédération de Russie et des pays membres de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (Otan).
Au cours des négociations, nous demanderons aux États-Unis des garanties juridiques fermes concernant la sécurité de la Fédération de Russie. Plus précisément: l'assurance que l'Otan ne progressera pas vers l'Est et qu'aucun système d'armement menaçant la Russie ne seront pas déployés près de nos frontières.
Sur les propos de Josep Borrell, Haut Représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité
Hier, nous avons été bombardés par de "rafales" en lien avec les déclarations de Josep Borrell concernant les initiatives russes en matière de garanties de sécurité. Nous avons vu son interview. Les propositions récentes de la Russie ont fait l'objet de nombreux commentaires au sein de l'UE ces derniers temps. Le plus intéressant est que chaque fois, nous entendons des déclarations différentes à ce sujet. En d'autres termes, il n'y a pas de ligne unique, cohérente, consensuelle ou développée par nos partenaires occidentaux au sein de l'UE, de l'Otan et d'autres structures. C'est une polyphonie absolue. C'est selon qui est bon à quoi, selon qui veut le faire. Puis chacun fait des déclarations selon ses capacités. Nos partenaires nous disent qu'ils discuteront de nos initiatives soit au niveau du Conseil Otan-Russie, soit à l'OSCE.
Je voudrais insister sur le point principal. Le thème de la sécurité européenne n'est pas nouveau. Nous avons proposé à plusieurs reprises, depuis le début des années 1990, de garantir son indivisibilité et d'empêcher les situations dans lesquelles la sécurité de certains États serait défendue au détriment de celle des autres. C'est exclusivement sur notre insistance que ces principes fondamentaux ont été inclus dans les documents fondateurs du Conseil Otan-Russie et de l'OSCE, qui ont été signés au plus haut niveau.
On trouve des dispositions similaires dans d'autres documents conjoints entre la Russie et l'UE. Par exemple, dans la feuille de route pour un espace commun de sécurité extérieure adoptée en 2005, l'UE et la Russie se sont engagées à "apporter une contribution efficace à une grande Europe sans lignes de démarcation". À cette fin, ils ont convenu d'accorder "une attention particulière à la garantie de la stabilité internationale, y compris dans les régions adjacentes aux frontières de la Russie et de l'Union européenne". Vous savez, Qui avait-il de si sensationnel dans nos propositions auxquelles l'establishment politique occidental pense à voix haute aujourd'hui, prétendant qu'il entend tout cela pour la première fois, qu'il y a une sorte d'impossibilité dans la mise en œuvre, alors que les principes de base figuraient déjà dans des documents communs et qu'ils devaient être mis en œuvre depuis le début, parce que ces textes sont écrits pour devenir une réalité, se traduire dans la pratique.
Sur cette toile fond, il est naturel de se demander ce que l'UE a fait au cours des dernières années pour contribuer à la mise en œuvre de ces paramètres clés pour la sécurité européenne. Après tout, il est impossible d'être aussi déconnecté, de ne pas voir et d'ignorer le manque de logique de ses propres actions, les divergences entre les paroles et les actes. La transformation de notre région de "voisinage commun" en une sorte d'arène de commerce et de liens économiques mutuellement bénéfiques entre la Russie et l'UE a-t-elle eu lieu? Cette dernière a-t-elle veillé à ce que ses politiques d'élargissement soient compatibles avec le maintien du niveau élevé des relations entre les pays candidats et la Russie? A-t-elle établi un dialogue avec les organes directeurs de l'intégration économique eurasiatique? Le Comité Russie-UE sur les affaires étrangères et la politique de sécurité a-t-il été créé, comme nous l'avions suggéré? Ceux qui, en Occident, s'efforcent aujourd'hui, parfois de manière inappropriée, d'analyser les propositions "sensationnelles" de la Russie pourraient bien se servir de ce questionnaire et tenter de formuler des réponses concrètes. Il ne s'agit plus de calculs statistiques mais d'une analyse des mesures pratiques prises dans cette direction.
Malheureusement, ils ne pourront répondre par l'affirmative à aucune de ces questions. Qu'ils essaient, quand même. D'après ce que nous comprenons, il est plus probable que ce sera tout le contraire. L'UE, de ses propres mains, a grandement contribué à l'escalade des tensions en Europe. Voyons de quoi il en retourne. En 2009, elle a inventé le format du Partenariat oriental, qui vise à contrer les initiatives d'intégration de la Russie et à se façonner une sphère d'influence dans l'espace post-soviétique. Elle a promu avec insistance, malgré nos préoccupations et les doutes des autorités de Kiev à l'époque, le projet d'accord d'association avec l'Ukraine. Je vous rappelle qu'il a été le véritable déclencheur des protestations qui, en février 2014, ont dégénéré (avec la bénédiction de ce même Occident, et principalement des représentants de l'Union européenne et des États-Unis) en coup d'État anticonstitutionnel qui s'est déroulé avec le consentement et le soutien tacite et parfois actif des partenaires occidentaux. Sans aucune condamnation - ni même tentative de condamnation. Elle a unilatéralement démantelé l'architecture multiforme de coopération et de dialogue avec la Russie qui avait été développée au fil des ans et a soumis notre pays à des restrictions unilatérales illégitimes. Vous vous souvenez tous que nous les avons commentés à de nombreuses reprises. Tout cela a également été fait de manière unilatérale par Bruxelles. Toutes les négociations ont été sabotées. Elles étaient pourtant fructueuses, et les parties poursuivaient activement des objectifs économiques. En plus de tout cela, Bruxelles a notamment lié les États membres de l'UE par des exigences de solidarité inconditionnelle sur une base antirusse, et a également placé les pays des Balkans occidentaux et du Partenariat oriental devant un choix géopolitique absolument artificiel, "soit avec la Russie, soit avec l'UE". Sans aucune analyse ni tentative de se projeter vers l'avenir, de se demander: qu'adviendra-t-il des pays, des économies et des peuples si ce choix doit se faire au détriment de processus d'intégration qui ne se contredisent pas, mais se complètent? Sous un accompagnement d'accusations infondées, il a inscrit notre pays dans ses paramètres doctrinaux comme un "défi stratégique" et quasiment la principale source de certaines menaces "hybrides" pour la sécurité de l'Union européenne. Voilà, en bref, les mesures concrètes prises par Bruxelles dans cette direction.
Je tiens à le souligner une fois de plus: si l'UE de Bruxelles l'avait vraiment voulu, elle aurait pu faire beaucoup plus pour empêcher la situation en Europe d'évoluer vers un scénario inacceptable pour la Russie. Non seulement pour la Russie, mais aussi pour le développement de notre interaction dans son ensemble sur l'axe Russie-UE. Rien de tout cela n'a été fait.
Dans ce contexte, la prétention de Josep Borrell à une hypothétique "contribution de l'UE à la discussion sur les garanties de sécurité en Europe" semble très étrange. Le chef de la diplomatie européenne a peut-être simplement oublié que pour les 21 États membres de l'UE qui sont membres de l'Otan, c'est l'Alliance qui reste "le fondement de leur défense collective et le forum de sa mise en œuvre". Je vous rappelle d'où vient cette citation directe. Du traité de base de l'Union européenne (article 42.7). Dans les deux déclarations conjointes avec l'Alliance signées depuis 2016, l'UE a même accepté d'utiliser ses capacités de défense "dans l'intérêt de l'Otan". Bruxelles de l’UE a volontairement cédé au Bruxelles de l’OTAN la "part du lion" de sa souveraineté militaire. Et non seulement à l'Otan (je veux dire, ce sacrifice de sa propre souveraineté), mais ils ont également fait un tel "cadeau" aux États-Unis. A cet égard, les inquiétudes du chef de la diplomatie européenne concernant la non-participation de l'UE à la discussion sur les garanties de sécurité en Europe ne sont pas entièrement compréhensibles. Vous vous êtes portés volontaires, aucun d'entre vous n'a dit avoir été forcé de le faire. Vous avez volontairement accepté une perte de souveraineté au profit d'une décision prise soit par les États-Unis seuls, soit sous le parapluie de l'Otan, mais tout de même par les États-Unis.
La remarque de Josep Borrell selon laquelle le "gagnant" a le privilège d'imposer à l'autre partie des conditions écrites non négociables est remarquable, en un sens. Comme si l'Union européenne elle-même n'avait jamais essayé d'imposer ses "approches" à la Russie à partir d'une position condescendante, semblable à un ultimatum. Il suffit de rappeler un épisode de l'époque précédente de notre interaction, quand Bruxelles avait tenté avec insistance de donner à la Russie le statut de "copilote" dans toutes ses opérations de réponse aux crises. En mai 2011, l'UE a remis un projet d'accord-cadre. Nos contre-propositions visant à le mettre sur un pied d'égalité ont tout simplement été rejetées. L'Union européenne n'a pas bougé d'un iota de ses positions intransigeantes et irréalistes. Je ne parle même pas des nombreuses déclarations à caractère d'ultimatum (des milliers de déclarations ont été faites qui, globalement, ressemblent effectivement à des ultimatums). Ce qu'ils nous proposaient été une position fixée, approuvée, convenue par un seul côté et c'était tout. Non seulement cela, mais leur projet contenait également des exigences pour notre pays, sur la manière dont nous devions nous comporter, bien que nous n'ayons jamais fait partie des mécanismes d'intégration susceptibles de nous imposer de telles exigences.
Par exemple, les fameux "cinq principes" de Federica Mogherini, qui contenaient une série de conditions sine qua non pour la normalisation des relations avec la Russie. En premier lieu, la Russie était tenue d'assurer la mise en œuvre des Accords de Minsk sur le règlement dans le Donbass, ces mêmes accords qui ont été sabotés année après année par le régime de Kiev avec la totale complicité de l'Union européenne. La manière dont Bruxelles a mené la conversation au fil des ans a été extrêmement étrange, et dans de nombreux cas tout simplement inacceptable. Il ne fait aucun sens de formuler des prétentions contre nous maintenant, et personne n'en a le droit. Que dire des déclarations à la chaîne publiées par le service diplomatique dirigé par J.Borrell, qui contiennent des demandes aux autorités russes avec les phrases caractéristiques telles que "la Russie doit" (Russia must) et "on attend de la Russie qu'elle..." (expect Russia to). Comme si nous étions membres de l'Union européenne ou de l'Otan, ou de tout autre format. Qu'est-ce que c'est que cette discussion? Il s'avère maintenant que nous n'avions pas le droit et que, d'une manière générale, ce n'était pas une bonne idée de présenter un projet pour une discussion conjointe avec les partenaires occidentaux.
Notre attention a été attirée par la requête exprimée dans l'interview du chef de la diplomatie européenne de discuter de "toutes les violations depuis l'Acte final d'Helsinki de 1975". Nous croyons savoir que l'Union européenne est prête à discuter en profondeur de la manière dont, en 1999, l'Alliance du Traité de l'Atlantique Nord, "statutairement défensive" (avec laquelle l'UE a l'intention de renforcer encore son partenariat), a détruit le sol serbe pendant 78 jours avec des bombes à fragmentation et des munitions à uranium appauvri, en violation de toutes les normes du droit international, ce qui a entraîné la mort de 2.500 personnes, dont 89 enfants. Aucun représentant de Bruxelles n'a défilé solennellement avec des portraits de ces enfants. Voulez-vous en discuter? Allez-y, faites-le. Nous sommes régulièrement revenus à ce thème, y compris dans notre position publique. Sans parler des processus de négociation.
Nous demandons à l'Union européenne de ne pas se livrer à ce genre de "gymnastique" rhétorique mais de travailler au renforcement de la sécurité en Europe, c'est-à-dire de remplir ses obligations directes. Tout d'abord, en encourageant les autorités de Kiev à mettre en œuvre le "Paquet de mesures" de Minsk.
En ce qui concerne la discussion de nos propositions de projets d'instruments juridiques internationaux sur les garanties de sécurité (un traité bilatéral avec les États-Unis et un accord avec les États membres de l'Otan), celle-ci aura lieu dans le cadre du dialogue russo-américain à haut niveau à Genève le 10 janvier 2022 (j'ai commencé la conférence de presse sur ce point). puis à la réunion du Conseil Otan-Russie le 12 janvier 2022 à Bruxelles. Le 13 janvier 2022 à Vienne, lors de la réunion du Conseil permanent de l'OSCE, où le nouveau Président en exercice polonais, le Ministre des Affaires étrangères de la Pologne Zbigniew Rau, présentera ses priorités, la partie russe donnera une évaluation détaillée de la situation intolérable actuelle dans le domaine de la sécurité militaire en Europe. La marche à suivre dépendra de la volonté des États-Unis et de l'Otan d'avoir une conversation de fond sur nos préoccupations légitimes.
Sur les principaux résultats de la politique étrangère en 2021
Je voudrais attirer l'attention sur un document que nous avons publié. Il s'agit des principaux résultats de la politique étrangère en 2021.
Une analyse a été préparée par le Ministère des Affaires étrangères de notre pays et elle a été publiée il y a quelques jours sur le site de notre ministère et sur nos réseaux sociaux. J'invite tous ceux qui travaillent sur ce sujet à prendre connaissance de ce document.
Sur le non-respect du cessez-le-feu par les forces armées ukrainiennes dans le Donbass
Il y a une semaine, le 22 décembre, à l'issue de la dernière réunion du Groupe de contact de l'année, le commandant de l'armée ukrainienne Valeri Zasloujny et le Ministre ukrainien de la Défense Alexeï Reznikov ont promis de respecter les mesures de renforcement du cessez-le-feu convenues entre Kiev, Donetsk et Lougansk le 22 juillet 2020.
Nous avons publié un commentaire à part à ce sujet. Nous avons noté une amélioration de la situation sur la ligne de contact. Si, avant cela, la Mission spéciale d'observation de l'OSCE en Ukraine constatait chaque jour des centaines de violations du cessez-le-feu, dans les dernières 24 heures après la réunion mentionnée du Groupe de contact, leur nombre était bien moindre. Cela inspirait un certain optimisme.
Cependant, cette situation s'est avérée instable. Depuis la soirée du jeudi 23 décembre, ces chiffres tragiques sont repartis à la hausse, malheureusement. Après une brève trêve pendant le week-end, le nombre de tirs a dépassé la moyenne journalière non seulement du mois dernier, mais également de l'année dernière.
Dans ce contexte, Kiev cherche hypocritement à se faire passer pour un initiateur et un combattant pour la trêve dans le Donbass. Nous soulignons que c'est Donetsk et Lougansk, encore en 2019, qui avaient proposé plusieurs fois à Kiev de s'entendre sur de nouvelles mesures qui permettraient de cesser les tirs.
À cet égard, nous voudrions rappeler la chronologie réelle de la mise en œuvre des mesures de renforcement du cessez-le-feu par les parties.
2020 |
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7 avril |
La question a été évoquée lors d'un entretien téléphonique entre les conseillers des dirigeants des pays du Format Normandie, |
3 juillet |
Le projet de mesures a été examiné lors d'une rencontre en présentiel entre les conseillers des dirigeants des pays du Format Normandie à Berlin, |
22 juillet |
Les mesures ont été validées et signées (à distance) lors d'une visioconférence du Groupe de contact avec la participation de Dmitri Kozak et d'Andreï Iermak, et fixées dans la lettre de la représentante spéciale de l'OSCE Heidi Grau adressée au Président en exercice de l'OSCE Edi Rama, |
26 juillet |
ont été évoquées lors d'un entretien téléphonique entre Vladimir Poutine et Vladimir Zelenski, |
26 juillet |
Donetsk et Lougansk ont publié les textes des ordres à toutes les unités militaires de cesser le feu à partir du 27 juillet 2020, |
27 juillet |
Ces ordres sont entrés en vigueur à 00h01, heure de Kiev, |
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Au lieu d'un texte de l'ordre, le Ministère ukrainien de la Défense a publié sur son site l'information sur son édition et un texte déformé des mesures |
2021 |
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27 mars |
Le Ministère ukrainien de la Défense a publié une nouvelle fois des informations sur cet ordre avec un texte déformé des mesures, et l'a présenté comme une preuve de leur mise en œuvre, |
8 avril |
Après nos exigences insistantes, le Ministère ukrainien de la Défense a publié le texte authentique des mesures telles qu'elles étaient exposées dans la lettre de la représentante spéciale de l'OSCE Heidi Grau, le texte de l'ordre du Ministère ukrainien de la Défense sur le cessez-le-feu n'était toujours pas publié, |
28 septembre |
Le commandant de l'armée ukrainienne Valeri Zasloujny a déclaré que les commandants sur le terrain avaient le droit de prendre eux-mêmes la décision d'ouvrir le feu en fonction de la situation sans se concerter avec le haut commandement, et d'utiliser toutes les armes disponibles, ce qui équivalait à renoncer aux mesures, |
5 octobre |
Le commandant de l'opération des forces interarmées Alexandre Pavliouk a fait une déclaration similaire, |
22 décembre |
Le Ministère de la Défense et le commandant de l'armée ukrainienne ont publié une déclaration commune à l'issue d'une réunion du Groupe de contact, confirmant la position de respecter "rigoureusement et successivement" le cessez-le-feu prévu par les mesures. |
Nous voudrions souligner une nouvelle fois que seul le respect rigoureux par Kiev, Donetsk et Lougansk des mesures de renforcement du cessez-le-feu permettrait de parvenir au cessez-le-feu tant attendu dans le Sud-Est de l'Ukraine et contribuerait à la mise en œuvre de tous les termes des Accords de Minsk.
Sur la démonstration d'un portrait de Stepan Bandera sur le bâtiment d'une administration régionale
Nous ne cessons de nous étonner du soutien étatique à la renaissance du national-socialisme, à la réincarnation du nazisme, du néonazisme, et du fascisme sous sa forme la plus abominable en Ukraine.
L'administration régionale de Ternopol a affiché sur son bâtiment une immense affiche avec la photo du criminel de guerre Stepan Bandera avec une ligne de l'hymne officieux des néonazis ukrainiens: "Bandera est notre père, l'Ukraine est notre mère!". La filiation est consternante - l'affiche est exécutée dans des tons rouges, noirs et blancs, en reproduisant entièrement le style visuel du Troisième Reich. Je souligne encore une fois que tout cela est fait au niveau officiel.
Sachant que l'attitude des habitants de cette ville envers Stepan Bandera est bien connue.
Il est évident que les autorités nationales et locales ont reçu un certain ordre pour imposer de tels héros à la leur population. C'est fait en grande partie contre la volonté des Ukrainiens qui connaissent l'histoire, même si elle est réécrite sous leurs yeux, qu'on leur impose d'autres valeurs et interprétations des événements historiques.
De notre côté, nous continuerons de rappeler à Kiev, mais aussi à ses superviseurs occidentaux, l'inadmissibilité des tentatives de réhabiliter des idéologies de haine nationales-socialistes et de glorifier le nazisme, notamment comme ils le font, en faisant l'éloge des criminels nazis du passé pour les transformer en héros de notre époque.
Sur la situation relative à la liberté d'expression en Ukraine
Le 28 décembre, le Président ukrainien a promulgué la décision du Conseil national de sécurité et de défense sur l'adoption de sanctions d'une durée de cinq ans contre les compagnies médiatiques créées sur la base des chaînes 112 Ukraine, NewsOne, et Zik, précédemment fermées par les autorités. Il s'agit de Piershiy Nezalojny ("Première Indépendante") et Ukrlive.
Les mesures restrictives comprennent le blocage des actifs, la restriction des opérations commerciales, la suspension des obligations économiques et financières et la révocation des licences.
Cette nouvelle série de sanctions s'inscrit dans la continuité de la politique de censure totale menée par Kiev, qui consiste à nettoyer complètement l'espace informationnel du pays de tout média jugé indésirable et à réduire au silence toutes les voix dissidentes et exprimant leur désaccord avec ce qui se passe en Ukraine.
Par le passé, quand de telles choses se produisaient, les journalistes et les médias ukrainiens ne faisaient pas entendre une "voix" aussi unanime sur le caractère inacceptable de ces actions. Il y avait une division claire de qui était pour qui. Aujourd'hui, ce thème a fédéré le journalisme ukrainien, indépendamment des opinions sur d'autres événements politiques. Ce sujet est vraiment devenu un élément fédérateur. Je fais référence à ce qui se passe actuellement dans l'espace informationnel de l'Ukraine. Il s'agit d'un véritable nettoyage de l'espace informationnel, dur, qui n'implique aucun recours à une quelconque branche du pouvoir -judiciaire, exécutive, législative. Tout cela est simplement rayé. La moindre tentative de contester légalement ces décisions ou d'exprimer son attitude à leur égard - pas même la désobéissance - est punie par des mesures financières, des intimidations et l'utilisation d'outils juridiques de persécution.
Je voudrais rappeler qu'au début de cette année, le 2 février, sur ordre du président Vladimir Zelenski, les chaînes de télévision 112 Ukraine, NewsOne et Zik avaient vu leur temps d'antenne rogné pour avoir osé diffuser des points de vue alternatifs aux points de vue officiels. En avril, les autorités de Kiev sont allées plus loin. Elles ont réussi à empêcher la diffusion de ces chaînes de télévision sur internet, sur des plateformes d'hébergement de vidéos. En raison de ces actions, des millions de citoyens ukrainiens ont vu leur droit d'accès à l'information restreint. Le plus intéressant est que les géants américains de l'informatique les ont soutenus dans cette démarche, ils n'y ont vu aucun problème. On bloque? On bloque.
Nous y voyons une violation flagrante et cynique des principes fondamentaux de la garantie de la liberté d'expression. Un mépris total de la Convention européenne des droits de l'homme.
Le 29 décembre de cette année, les journalistes des chaînes de télévision illégalement fermées ont réitéré leur lettre ouverte à la communauté internationale, notamment aux politiciens européens, aux fonctionnaires et aux organisations multilatérales de défense des droits de l'homme, leur demandant d'influer sur la situation concernant la liberté d'expression et la tentative des autorités d'imposer une censure en Ukraine. Le premier appel de ce type a été rendu public le 14 septembre de cette année, mais il n'y a pas eu de réponse appropriée de ceux à qui il était destiné. Dans une nouvelle lettre, les journalistes soulignent l'utilisation abusive du Conseil national de sécurité et de défense en tant qu'instrument de censure et déclarent directement que "les autorités ukrainiennes considèrent les médias déloyaux comme leur principal ennemi".
Je ne sais pas de quoi la communauté occidentale, l'OSCE, ont encore besoin. Le fait est que toute tentative de reconnaissance de cette situation rendrait évidente notre position absolument juste et l'analyse que nous avions formulée il y a 5-6 ans sur ce qui se passait dans le domaine de l'information en Ukraine, et où tout cela risquait de mener - analyse qui s'est confirmée.
Si, même après cela, les représentants respectés de l'Onu, de l'OSCE et du Conseil de l'Europe pour les droits de l'homme et la liberté des médias "ferment les yeux" sur tout ce scandale, en prétendant que cela ne les concerne pas, qu'ils mènent un "travail diplomatique silencieux" avec Kiev, on ne pourra plus avoir confiance en leur impartialité et en leur professionnalisme. Tout cela sera mis à mal. Nous pouvons affirmer que la "diplomatie silencieuse" de l'OSCE a échoué sur ce front. Cela ne fonctionne pas et donne au régime de Kiev un faux sentiment de permissivité. Cette diplomatie est apparemment si "silencieuse" qu'elle n'est entendue nulle part. Je suis sûr qu'on ne l'entend même pas à Vienne. L'absence persistante de réaction adéquate de la part des organismes internationaux de défense des droits de l'homme face à l'attaque sans ménagement de Kiev contre la liberté d'expression et le pluralisme d'opinion les transforme en complices tacites de ces agressions.
Bien sûr, il y a eu des cas, des tendances mondiales évidentes, mais il y a encore quelques années personne n'était encore allé jusqu'où se permet d'aller aujourd'hui l'Ukraine en matière de restriction de la liberté d'expression. Pas à cette échelle. On a pu voir cela dans le contexte du conflit intérieur ukrainien, par rapport aux médias qui représentaient le point de vue des résidents du Donbass. Mais il n'était encore rien arrivé aux médias qui sympathisaient avec eux, ou ne concordaient pas totalement avec le point de vue du régime de Kiev concernant le Sud-Est de l'Ukraine. Aujourd'hui se déroule un véritable étouffement de tout point de vue alternatif. Pourquoi? Parce que l'OSCE se tait et ne planche pas sur ce dossier. Où sont les représentants de l'OSCE pour la liberté des médias? La "diplomatie silencieuse" ne fonctionne pas. C'en est une confirmation concrète.
Sur la déclaration commune des ministères des Affaires étrangères de 12 pays de l'UE, du Royaume-Uni, de la Norvège et du Canada concernant le déploiement d'unités d'une société militaire privée au Mali
Nous avons remarqué la déclaration collective de plusieurs pays européens et du Canada concernant le déploiement présumé du groupe Wagner au Mali. Je suggère instamment aux auteurs de cet appel à prendre connaissance du communiqué du gouvernement de la période de transition du Mali du 24 décembre 2021. Il exprime des regrets par rapport à la déclaration mentionnée, nie officiellement les allégations qu'elle contient, exige de fournir des preuves des faits avancés par de prétendues sources indépendantes.
Comme le soulignent les autorités maliennes, la démarche des Européens et du Canada a été faite au moment où Bamako doit faire beaucoup d'efforts pour régler plusieurs graves problèmes auxquels le pays fait face. En effet, dans le contexte de la préparation pour des élections générales prévues, les Maliens sont forcés de mener une lutte sans compromis contre de nombreux groupes terroristes qui ont réussi à intensifier significativement leur activité alors que les partenaires européens de ce pays, avant tout la France, ont commencé à limiter leur aide en matière de lutte antiterroriste. Les représentants du Mali ont commenté plusieurs fois et en détail la situation. La récente fermeture de trois bases françaises de l'opération Barkhane au nord du pays a engendré une menace réelle de perte par les autorités en place du contrôle d'une partie du territoire. Et les autorités maliennes ne le cachaient pas. La déclaration des Européens n'en parle pas, pour une raison qu'on ignore.
Nous sommes convaincus que dans les conditions actuelles, la communauté internationale, dont les pays de l'UE, doit aider efficacement le gouvernement malien dans le règlement des problèmes actuels, au lieu d'en inventer qui n'existent pas ou, pire encore, d'empêcher le règlement des situations de crise dans ce pays. Nous partageons le message exprimé dans le communiqué du gouvernement malien concernant la disposition à poursuivre le dialogue et la coopération avec tous les partenaires dans le respect de la souveraineté pour parvenir à une stabilité durable uniquement dans l'intérêt du peuple malien. Nous pensons que les autorités maliennes ont parfaitement le droit de chercher des partenaires fiables pour garantir l'intégrité territoriale de leur pays, et les tentatives de faire pression pour influencer leur choix sont une manifestation classique de l'ingérence dans les affaires intérieures d'un État souverain.
Dans son communiqué le gouvernement malien souligne que l'État entretient avec son partenaire interétatique, la Fédération de Russie, une coopération uniquement au niveau interétatique, notamment dans le travail pour renforcer les capacités opérationnelles des forces armées nationales et des forces de l'ordre. De notre côté, nous avons l'intention de continuer d'apporter aux Maliens la contribution militaire et militaro-technique nécessaire au niveau étatique afin de renforcer leur propre potentiel de lutte contre le terrorisme.
Cela donne l'impression qu'en commentant notre interaction et coopération avec le Mali les signataires de ce message collectif n'ont pas lu nos explications à ce sujet. Elles ont été nombreuses. Tout comme ils n'ont pas vu les déclarations publiques du gouvernement malien. C'est comme si tout cela ne les intéressait pas et ils ne comprenaient pas la situation réelle et les fondements politiques de nos actions.
Nous avons noté l'appel des Européens envers la Russie à mener une politique responsable et constructive dans la région. C'est étonnant d'entendre de tels commentaires de la part des pays de l'Occident collectif dont les efforts à une époque ont conduit à la destruction de la structure étatique, de la sécurité et de la stabilité dans plusieurs pays de la région, notamment en Libye. Il est question de centaines de milliers de victimes. L'infrastructure civile, économique et militaire a été détruite. Ces mêmes pays ont contribué à travers la destruction de la structure étatique en Libye à la déstabilisation de la situation au Mali et au Sahel. C'est tout simplement étonnant d'entendre de telles affirmations de la part de ces pays. Il serait plus approprié de confier aux États africains eux-mêmes à exprimer leurs idées concernant la politique russe en Afrique. C'est pourquoi les anciennes métropoles, qui cherchent à tout prix à préserver les vestiges de leur influence d'antan sur le continent, feraient mieux de lire les explications officielles.
En ce qui concerne le Mali, nous voudrions souligner que la vision russe du règlement des phénomènes de crise dans ce pays coïncide entièrement avec les partenaires maliens. Si cela ne plaît pas à certains États occidentaux, ils devraient probablement revoir leurs approches conceptuelles qui s'appuient sur des postulats obsolètes de réflexion coloniale. Au lieu de chercher à évincer la Russie sous faux prétexte des zones de son "influence traditionnelle" en Afrique, l'Occident devrait songer à l'union des efforts dans la lutte contre le mal terroriste au Mali et dans la région du Sahara-Sahel dans l'ensemble. Est-ce que quelqu'un s'y oppose? Pas nous. Les pays africains ne s'y opposent pas non plus, seulement à la violation des principes fondamentaux à la base des relations internationales: l'ingérence dans les affaires intérieures, le non-respect de la souveraineté, de l'intégrité territoriale, contre tout cela, alors que l'union des efforts est toujours saluée. Et ces propositions russes ont été exprimées plusieurs fois mais sont restées sans réponse.
En un mot, tout se déroule comme toujours dans les meilleures traditions des partenaires occidentaux: ils promeuvent leurs propres objectifs égoïstes, n'hésitent pas à adopter des positions d'"infaillibles" et d'exclusifs, tout en négligeant avec arrogance les intérêts légitimes des autres. Cela entraîne des résultats appropriés, desquels on s'étonne ensuite. La situation sur le terrain est ignorée, on refuse de reconnaître sa propre responsabilité pour la dégradation de la situation en matière de sécurité et le droit légitime des autorités maliennes à prendre des décisions souveraines. Tout en utilisant sans gêne les instruments de pression et de chantage. Nous connaissons bien cet inventaire qui est en dehors du droit international.
Sur le refus de l'Estonie de délivrer un visa à un journaliste de RIA Novosti
Le 29 décembre 2021, nous avons appris le refus de l'Estonie de délivrer un visa au journaliste de RIA Novosti Anatoli Samokhvalov pour couvrir les championnats d'Europe de patinage artistique 2022. L'Ambassade d'Estonie a argumenté la décision de sa capitale ainsi: "Un ou plusieurs États membres de l'espace Schengen estiment que vous (il est question du correspondant de RIA Novosti) créez une menace pour l'ordre public et la sécurité intérieure."
Anatoli Samokhvalov a reçu une invitation officielle aux championnats de la part du secrétaire général de l'Union estonienne de patinage Gunnar Kuura le 20 décembre 2021. Il n'était visiblement pas au courant des problèmes de sécurité dans son pays.
Cette histoire est décourageante de par son absurdité, c'est une nouvelle manifestation de la pratique vicieuse des autorités estoniennes visant à cacher par de prétendues menaces pour leur sécurité les infractions systémiques par Tallinn du droit au libre accès à l'information. Tout cela est une transgression du Code d'éthique de l'Union internationale de patinage de 2020. Ce document oblige à garantir la protection à tous les participants aux activités de l'Union contre tout abus et discrimination, notamment selon les convictions politiques. De quelle menace peut-il être question si le journaliste a reçu une invitation pour couvrir un événement sportif?
Depuis des années Anatoli Samokhvalov couvre uniquement les événements sportifs, il s'est rendu plusieurs fois dans les pays de l'UE à ces fins. En particulier, en mars 2020, le journaliste travaillait à Tallinn pendant les championnats du monde juniors de patinage. Comment un correspondant sportif, qui n'a rien à voir avec la couverture de sujets politiques, a-t-il pu devenir une menace à la sécurité de l'Estonie - c'est la question qu'on voudrait poser à cet État. Il n'y a pas de logique. Nous trouvons cette décision absolument non objective, partiale et dictée par la russophobie réflective qui s'est profondément enracinée dans les structures gouvernementales de l'État voisin. Nous appelons les structures internationales compétentes, avant tout l'Association internationale de la presse sportive, à s'exprimer sur les actions de Tallinn et à contribuer au règlement de cette situation très déconcertante.
Sur les 80 ans de la signature de la Déclaration des Nations unies
Le 1er janvier 1942, notre pays parmi les représentants de 26 États a signé la Déclaration des Nations unies, qui a fixé sur le papier la création de la Coalition antihitlérienne et a posé les bases de l'Onu.
Les idées d'instauration d'une structure internationale universelle qui deviendrait une pierre angulaire du nouveau système mondial ont été formulées pour la première fois par l'URSS, la Chine, les États-Unis et le Royaume-Uni dans la Déclaration des quatre États sur la sécurité générale. Elle a été adoptée à la Conférence de Moscou de 1943. Tout cela a connu une évolution et des annexes lors des conférences des alliés de Téhéran, de Dumbarton Oaks et de Yalta.
L'ordre mondial de l'après-guerre a été formé à l'issue de la Conférence de San Francisco où les représentants de 50 États ont signé le 26 juin 1945 la Charte de l'Onu. Elle reflétait les principes fondamentaux du droit international, y compris l'égalité souveraine des États, la non-ingérence dans leurs affaires intérieures et le règlement des litiges par des moyens politiques et diplomatiques.
Depuis plus de 75 ans, l'Onu est une plateforme sans alternative pour élaborer des solutions efficaces visant à garantir la stabilité et la sécurité mondiales, le développement socioéconomique durable, la protection des droits de l'homme.
En même temps, nous assistons à des tentatives de plus en plus fréquentes de revoir les normes universelles qui se trouvent dans le document constitutif de l'Onu. Les initiatives pour défendre ses objectifs et principes acquièrent une actualité particulière sur ce fond. En juillet 2021, avec la participation de la Russie, a été formellement lancé le Groupe des amis pour la défense de la Charte appelé à utiliser toutes les opportunités pour contribuer au renforcement du rôle de coordination central de l'Onu dans les affaires mondiales.
Nous sommes immuablement prêts au dialogue interétatique équitable avec tous les pays et associations régionales sur une base solide du droit international. Je rappelle que cette année, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a proposé à l'Assemblée générale des Nations unies un hashtag qui a fait le tour du monde dans toutes les langues, dans les langues officielles de l'Organisation des Nations unies #NosRèglesCharteONU.
Sur l'anniversaire de la fin de la défense du Caucase et du début de la contre-offensive des forces soviétiques pendant la Grande Guerre patriotique
La bataille du Caucase est l'un des épisodes les plus longs et sanglants de la Grande Guerre patriotique. Elle a duré 442 jours et a contribué en grande partie au renversement fondamental au profit de l'URSS. Les batailles dans le Caucase sont entrées dans l'histoire de l'art de guerre comme un ensemble d'opérations défensives et offensives qui ont été menées avec succès sur un vaste territoire dans des conditions difficiles.
Les activités militaires ont duré dans le Caucase du Nord du 25 juillet 1942 au 9 octobre 1943 et se sont déroulées en deux étapes. Une offensive massive des forces allemandes du groupe d'armées A a commencé en juillet 1942 avec la participation d'unités slovaques et roumaines. Stavropol, Armavir, Maïkop, Krasnodar et Mozdok ont été prises, l'ennemi contrôlait la majeure partie de Novorossiïsk. Des batailles extrêmement difficiles se sont déroulées dans le centre de la chaîne du Caucase.
La prise du Caucase, où était produit 90% du pétrole soviétique, occupait une place significative dans les plans stratégiques du commandement politico-militaire allemand. Adolf Hitler comprenait la limite des ressources énergétiques et de matières premières du Troisième Reich, et pendant une réunion à Poltava en juin 1942 a déclaré: "Si nous n'arrivons pas à prendre le pétrole de Maïkop et de Grozny, alors nous devrons cesser la guerre!" De plus, Adolf Hitler tenait compte de l'importance du Kouban et du Caucase en tant que source de nourriture (blé) et de la présence de réserves de matières premières stratégiques.
Le commandement hitlérien a tenté plusieurs fois de mener une puissante frappe contre Touapse et Grozny. Mais fin décembre 1942 déjà, l'ennemi a été arrêté près de Mozdok et d'Ordjonikidze, dans le sud-est de Novorossiïsk et dans la grande chaîne du Caucase.
L'ennemi a subi une grande défaite grâce aux opérations défensives des troupes soviétiques dans le Caucase et le commandement soviétique a commencé à prendre l'initiative sur cet axe stratégique. Bien que les troupes ennemies aient réussi à occuper une grande partie du Caucase du Nord, elles n'ont pas réussi à résister aux forces soviétiques, à s'emparer des sources pétrolières des régions de Grozny et de Bakou et d'autres sources de matières premières stratégiques. De plus, les plans du commandement hitlérien ont échoué, l'objectif étant d'impliquer la Turquie dans la guerre contre l'URSS par une percée en Transcaucasie, de s'unir avec ses forces agissant en Afrique du Nord et de poursuivre l'agression en direction du Moyen-Orient. Dans cette situation difficile, le commandement soviétique a conservé certaines bases navales appuyant les actions de la flotte et a également créé les conditions pour passer à l'offensive. Les plans du commandement fasciste allemand de capturer le Caucase ont été sapés par les efforts de l'Armée soviétique avec une aide active de toute la population soviétique, y compris les peuples du Caucase.
Le 1er janvier 1943, le groupe Nord des forces du front de Transcaucasie a commencé à libérer le Caucase. La manœuvre déterminée de l'Armée rouge a permis de libérer Mozdok, Piatigorsk et Stavropol. Début février, l'ennemi a été entièrement repoussé du piémont du Caucase en aval du Kouban.
Le 10 septembre 1943, l'opération de Novorossiïsk a commencé par un débarquement. En même temps, les unités de la 18e armée sont passées à l'offensive, et les forces de la 56e armée trois jours plus tard. Le 16 septembre, les guerriers soviétiques ont libéré Novorossiïsk, après quoi la 56e armée a continué de poursuivre l'ennemi et, le 9 octobre 1943, en repoussant les hitlériens du nord de la péninsule de Taman, a atteint le détroit de Kertch en chassant définitivement les envahisseurs de la région.
En hommage à la défaite des forces fascistes dans le Caucase le 1er mai 1944, le Présidium du Soviet suprême de l'URSS a instauré la médaille pour la défense du Caucase, qui a été remise à plus de 870.000 personnes.
En 2020, la Douma d'État de l'Assemblée fédérale de la Fédération de Russie a adopté une loi sur une nouvelle journée de gloire militaire "9 octobre, Journée de la défaite des troupes fascistes allemandes par les forces soviétiques dans la bataille pour le Caucase (1943)".
Sur la livraison gratuite au Vietnam du vaccin Spoutnik Light
En application des ententes au sommet conclues pendant la visite en Fédération de Russie du Président vietnamien Nguyen Xuan Phuc (29 novembre-2 décembre 2021), une cérémonie solennelle de remise gratuite au Vietnam de 100.000 doses du vaccin russe Spoutnik Light s'est tenue à Hanoï au Ministère vietnamien de la Santé le 29 décembre 2021. L'Ambassadeur de Russie au Vietnam, des représentants d'institutions et d'établissements vietnamiens ainsi que des journalistes ont participé à cet événement.
Le Vietnam a remercié notre gouvernement pour son aide dans la lutte contre la pandémie de coronavirus, a réaffirmé la volonté de renforcer la coopération en matière de santé dans l'esprit d'amitié traditionnelle et de partenariat stratégique global entre nos deux pays.
Sur la participation du Ministère russe des Affaires étrangères à l'activité panrusse Sapin des vœux
Le Ministère russe des Affaires étrangères participe activement à l'activité panrusse Sapin des vœux. Nous participons aux différents projets caritatifs en tant que structure et institution, nos organisations subordonnées et diplomates personnellement participent à un grand nombre de tels projets.
Le Sapin des vœux est réalisé dans le cadre du projet Rêve avec moi à l'occasion des fêtes de fin d'année. Nous savons que les gens font beaucoup de miracles eux-mêmes pour offrir un conte de fées et des miracles aux autres. Cette activité a pour but d'aider le plus grand nombre d'enfants handicapés, d'orphelins, d'enfants sans tutelle parentale, d'enfants qui vivent dans des familles à revenus inférieurs au minimum vital, à croire effectivement au miracle et qu'il s'accomplisse.
Comme l'an dernier, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a exaucé cette année le rêve d'un enfant qui avait envoyé son vœu via le site de ce projet. Cette fois, c'était un garçon prénommé Stanislav de Saint-Pétersbourg. Son rêve était de rencontrer le réalisateur mondialement connu Nikita Mikhalkov. Sergueï Lavrov a communiqué en visioconférence avec Stanislav, a souhaité bonnes fêtes de fin d'année à lui et à sa famille, l'a invité à Moscou pour visiter le Ministère. Deuxièmement, il a tout fait pour qu'une conversation entre le garçon et Nikita Mikhalkov ait lieu. Tout cela a eu lieu hier. La vidéo qui montre comment tout cela s'est déroulé est accessible sur les pages du Ministère des Affaires étrangères sur les réseaux sociaux. Il y a beaucoup de détails intéressants. Je trouve que c'est un grand bonheur d'avoir la possibilité de transformer réellement en conte de fées la vie difficile de personnes concrètes. Nous essayons d'utiliser toutes les opportunités de ce genre.
Cette activité est organisée depuis plus de 10 ans par des organisations et des associations relevant de notre Ministère. Nous avons une maison pour enfants Centre Tchitcherine de soutien de la famille et d'aide aux enfants du village de Karaoul de la région de Tambov. Cette année, tous les cadets de cet établissement ont reçu des cadeaux. Ils ont demandé à Ded Moroz, et ce dernier nous l'a délégué. Des cadeaux y ont été envoyés grâce aux efforts communs.
Réponses aux questions:
Question: Le tribunal de Minsk a condamné le Russe Egor Doudnikov à 11 ans de prison. Que pouvez-vous dire concernant la décision du tribunal, son déroulement à huis clos et le refus de laisser le consul russe assister à l'annonce du verdict?
Réponse: Egor Doudnikov a été interpellé par les forces de l'ordre biélorusses le 4 mai 2021. Le 27 décembre 2021, le tribunal de Minsk l'a reconnu coupable des crimes prévus par l'alinéa 3 de l'article 130 du Code pénal biélorusse (incitation à la haine sociale par un groupe de personnes - jusqu'à 12 ans de prison) et par l'alinéa 3 de l'article 361 du Code pénal biélorusse (incitation aux actions visant à porter atteinte à la sécurité nationale de la Biélorussie commises via le réseau Internet - jusqu'à 7 ans de prison). Le Russe a été condamné à 11 ans de prison. Il n'est pas d'accord avec le verdict et compte faire appel auprès de la Cour suprême biélorusse.
Étant donné que les actes d'Egor Doudnikov, selon les forces de l'ordre biélorusses, visaient notamment à porter atteinte à la sécurité nationale de la Biélorussie, tout le procès se déroulait à huis clos, conformément à la législation de cet État. Seuls les participants à ce procès pouvaient assister aux audiences. Les responsables consulaires n'en font pas partie.
L'Ambassade de Russie en Biélorussie suit la situation autour du citoyen russe, se trouve en contact permanent avec l'avocat d'Egor Doudnikov et ses proches. En cas de violation de ses droits procéduraux, l'Ambassade prendrait les mesures nécessaires dans la limite de ses compétences.
Question: Le Ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmitri Kouleba a déclaré que Kiev travaillait sur la levée des restrictions sur l'achat d'armements via l'Otan. Que pouvez-vous dire sur cette déclaration?
Réponse: Ce n'est pas sa première déclaration. Elles s'inscrivent dans la politique annoncée et confirment nos craintes que le gouvernement ukrainien n'a pas l'intention de suivre la voie du règlement pacifique du conflit ukrainien intérieur et compte utiliser la force contre la population civile du Donbass, qui a refusé d'accepter le régime nationaliste, le "sabbat" anticonstitutionnel qui y régnait et les résultats du coup d'État à Kiev.
Les pays de l'Otan participent activement à l'aménagement militaire du territoire de l'Ukraine, la gonflent en armements, y envoient leurs spécialistes militaires. Ils le font en dépit de toutes les ententes, notamment des Accords de Minsk, qui font partie d'une résolution de l'Onu obligatoire à remplir pour tous les États. Rien que Washington, depuis 2014, selon les déclarations de hauts représentants du Pentagone, a dépensé plus de 2,5 milliards de dollars pour les besoins des forces armées ukrainiennes. Je n'exclus pas que le mécanisme de dépenses soit similaire à celui en Afghanistan. Nous nous souvenons des rapports publiés sur la corruption. Nous assistons aux livraisons d'armes sur le plan pratique, à l'envoi d'instructeurs qui aident le régime de Kiev à éliminer sa propre population. Le budget pour l'année prochaine prévoit encore 300 millions de dollars. La Turquie vend des drones, la France vend des hélicoptères et compte envoyer des vedettes militaires et d'autres armements. Le Royaume-Uni apporte une grande contribution à la militarisation de l'Ukraine.
Il ne faut pas oublier ce thème. Il faut demander aux pays membres de l'Otan: comprennent-ils qu'avec leurs armes et leur aide le régime de Kiev tirera sur la propre population civile de l'Ukraine? Il est possible de demander aux représentants de l'Ukraine sur quelle coopération avec l'Otan ils comptent? Celle qui suivrait la ligne d'élimination de la population de l'Ukraine? Rien d'autre ne leur est proposé pour l'instant.
Question: La Biélorussie parle de la nécessité de mener une enquête internationale sur les faits évoqués par le militaire polonais Emil Czeczko, qui a demandé l'asile en Biélorussie, notamment sa participation personnelle aux meurtres de réfugiés sur le territoire polonais. La Russie soutient-elle la nécessité d'une enquête internationale? D'après vous, sur quelles plateformes internationales pourrait-elle se dérouler? Comment pouvez-vous commenter dans l'ensemble les faits mentionnés par le militaire polonais?
Réponse: Il ne saurait en être autrement. Les déclarations d'Emil Czeczko concernant l'implication de militaires polonais dans des meurtres de réfugiés sont graves et nécessitent une enquête internationale minutieuse. Quelles peuvent être les options? C'est étrange qu'au lieu de fournir des réponses argumentées aux accusations avancées, la partie polonaise tente de discréditer la personne d'Emil Czeczko et de détourner l'attention du fond du problème. C'est particulièrement préoccupation au vu de l'état d'urgence décrété par Varsovie qui empêche l'accès à la zone frontalière aux journalistes et aux organisations humanitaires et compte tenu des nombreuses négligences démonstratives de ses engagements en matière de droits des réfugiés.
Des cas de traitements violents de migrants par des gardes-frontières et militaires polonais sont documentés aussi bien par des structures compétentes de l'Onu et du Conseil de l'UE que par l'agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes Frontex. Ce n'est pas un scoop. C'est simplement l'apparition d'un individu qui a raconté comment cela se passe de l'intérieur. Une folie totale y a lieu du côté des militaires polonais. Les soldats et les forces de l'ordre ne se comportent pas ainsi envers la population civile, qui plus est qui se trouve dans une situation humanitaire horrible. C'est contraire au règlement. J'ignore comment qualifier les gens qui font ce genre de choses du côté polonais. Du matériel spécial, des chiens, du gaz lacrymogène (en réalité, on ignore quels produits chimiques sont utilisés), des canons à eau, des grenades assourdissantes et des pétards sont utilisés contre les réfugiés. Il y a des femmes et des enfants - des gens! Chaque fois nous sommes obligés d'en parler en attirant l'attention sur les catégories de la population les plus vulnérables. Tout cela ne peut pas être utilisé contre les gens. Pourquoi devons-nous aller jusqu'à attirer l'attention sur la présence d'enfants? Et s'il s'agit seulement d'adultes, l'usage de telles mesures serait-il normal? Les personnes pénétrant sur le territoire polonais sont battues et expulsées de force.
Nous partageons la disposition de Minsk à faire mener une enquête internationale sur l'incident survenu le 16 novembre 2021 avec la dispersion par les forces de l'ordre polonaises de produits toxiques, entraînant des brûlures chimiques et des lésions pulmonaires chez 132 réfugiés, dont 23 enfants. On voudrait que nos partenaires occidentaux montrent où il est écrit que c'est permis. Dans les documents de l'UE, de l'Otan, dans des interprétations supplémentaires? Adoptent-ils souvent des "interprétations" au niveau national ou régional en signant des accords internationaux? Peut-être que c'est formulé quelque part ou il est convenu "sous la table" d'interpréter des documents des droits de l'homme? Où est-il écrit que c'est permis? Si ce n'est pas permis, alors il ne faut pas rester silencieux, mais condamner et traduire en justice. Sachant que l'UE et les organisations internationales compétentes de nouveau gardent haut et fort le silence. Ils font semblant que rien de particulier ne s'est produit.
En cas d'initiation par les collègues biélorusses d'une enquête sur les faits scandaleux rapportés par Emil Czeczko, nous leur apporterons tout le soutien nécessaire, notamment dans le cadre de nos engagements mutuels dans le cadre du Programme d'actions convenues en matière de politique étrangère des États membres du Traité sur l'État de l'Union.
Question: Le référendum sur l'adoption d'amendements à la Constitution se déroulera en Biélorussie en février. Y a-t-il une interaction avec la Russie? Prévoit-on d'y envoyer des observateurs?
Réponse: L'organisation du référendum est une affaire purement intérieure de la Biélorussie. En cas de réception d'une invitation de la Biélorussie, nous accepterions d'envoyer des observateurs.
Question: Que pouvez-vous dire sur la première réunion des représentants publics de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie, qui a eu lieu à Moscou les 23 et 24 décembre 2021, après la fin du conflit armé au Haut-Karabakh? Que pensez-vous des résultats?
Réponse: Nous pensons que la rencontre des représentants publics de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie a atteint ses objectifs - la reprise d'une communication bienveillante entre les représentants des élites scientifiques et artistiques des pays voisins, la création d'un fond positif pour la normalisation des relations entre Bakou et Erevan.
Les participants étaient unanimes dans la vision du rôle de l'intelligentsia dans la réduction du "degré de méfiance" entre les peuples azerbaïdjanais et arménien. La disposition au dialogue constructif a été affichée notamment pendant la discussion de thèmes humanitaires sensibles: le retour de prisonniers de guerre arméniens par l'Azerbaïdjan et la remise des cartes des champs de mines par l'Arménie.
Nous continuerons de soutenir cette initiative. Cet agenda unificateur est très d'actualité. Il contribue à déboucher sur des accords objectifs et crée une atmosphère pour avancer dans d'autres secteurs. À terme, nous espérons organiser régulièrement de tels contacts, notamment en Azerbaïdjan et en Arménie.
Question: Que pouvez-vous dire sur les signaux venant des États-Unis et de l'Otan concernant les projets de propositions russes du 17 décembre 2021? Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov disait que la rencontre dans le cadre du Conseil Otan-Russie devait être menée par les militaires. A-t-on donné une réponse?
Réponse: Je l'ai déjà commenté aujourd'hui. Nous nous préparons aux négociations. Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov en a parlé en détail dans une interview à Vladimir Soloviov. Ce thème est entièrement développé à l'étape actuelle.
La commission interministérielle inclut des représentants des ministères de la Défense, car elle évoque des questions substantielles de stabilité et de sécurité stratégiques.
Question: Selon l'agence de presse TASS, aux négociations de Vienne tout le monde cherche à rétablir le Plan d'action global commun (PAGC) sous sa forme initiale. C'est ainsi qu'il a été convenu de mener le travail à venir. Quelle est la position de la Russie?
Réponse: Nous avons parlé plusieurs fois de la position de la Russie. La vérité absolue est qu'il est toujours plus difficile de détruire que de reconstruire. C'est pourquoi nous appelions les partenaires américains à changer d'avis lorsqu'ils avaient décidé de se retirer unilatéralement de l'accord en transgressant les méthodes et formes de retrait qu'ils avaient eux-mêmes élaborées. Je pense que les collègues actuels de Washington ont déjà regretté plus d'une fois la décision fatale de l'administration précédente de rompre l'accord nucléaire avec l'Iran. Nous savons où mène la politique de la pression maximale. Les résultats sont toujours bien connus d'avance. Nous espérons sincèrement et souhaitons aux partenaires américains de ne pas refaire de telles erreurs à terme dans d'autres domaines.
La question principale aujourd'hui est de savoir comment remettre la mise en œuvre du PAGC sur des rails stables conformément aux paramètres et conditions convenus en 2015 et fixés dans la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies. Il est clair que la voie qui mène vers l'objectif fixé passe par la rectification par la partie américaine de toutes ses infractions commises et des démarches de Téhéran pour débloquer ses engagements volontaires suspendus pour limiter le programme nucléaire iranien. C'est dans ce sens que le travail est mené aujourd'hui. Je souligne qu'il ne s'agit pas de la signature d'un nouvel accord pour substituer les ententes de 2015. Il faut rétablir méthodiquement, littéralement morceau par morceau l'équilibre des intérêts perdu à cause des actions des États-Unis et sur lequel le PAGC était initialement construit.
Nous notons la disposition mutuelle des participants aux négociations de Vienne à parvenir à un résultat le plus vite possible. Nous ne voyons pas de raisons d'affirmer que l'Iran "freine" le processus. Ce n'est pas dans son intérêt parce que tant que le PAGC "patine", les sanctions américaines illégales restent en vigueur.
En même temps, Washington doit tangiblement appuyer ses multiples promesses de revenir dans le PAGC. Il est évident que la position de transgresseur de la résolution 2231 est de plus en plus inconfortable pour les Américains. De notre côté, nous faisons tout pour les aider à remédier à la situation: des efforts diplomatiques, un travail concret, l'interaction avec les parties.
Nous espérons que les efforts de négociation actifs à Vienne se poursuivront malgré l'opposition des antagonistes à l'accord nucléaire. Nous partons du principe que le PAGC ne possède pas d'alternative. Nous sommes convaincus que sa mise en œuvre à part entière se reflétera positivement sur le climat politique au Moyen-Orient et dans la zone du golfe Persique, y contribuera à la baisse de la tension, renforcera la confiance entre les pays de la région. Cela réglerait les questions difficiles survenues dans le secteur humanitaire à cause du retrait des États-Unis de l'accord.
Question: Que pense la Russie de la déclaration de Nikol Pachinian selon laquelle les Azerbaïdjanais du Karabakh doivent revenir dans la petite patrie et qu'Erevan ne contestera pas leurs droits de vivre au Karabakh?
Réponse: La réponse à votre question se trouve dans la Déclaration du Président azerbaïdjanais, du Premier ministre arménien et du Président de la Fédération de Russie du 9 novembre 2020. Le paragraphe 7 de ce document stipule: "Les déplacés internes et les réfugiés reviennent sur le territoire du Haut-Karabakh et dans les régions limitrophes sous le contrôle du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés."
Question: Que pense le Ministère des Affaires étrangères de la récente déclaration de la Ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, selon laquelle le Nord Stream 2 revêt un rôle géostratégique et ne peut pas être considéré comme un projet commercial, ce qui est contraire à la position exprimée plus tôt par le Chancelier allemand Olaf Scholz? De telles contradictions au sein du gouvernement allemand soulèvent-elles des doutes quant à son aptitude à l'entente? Cette question sera-t-elle évoquée pendant la future visite d'Annalena Baerbock en Russie?
Réponse: Je ne trouve pas utile de commenter chaque déclaration isolément, de les séparer pour savoir si elles sont faites officiellement ou par le représentant d'une force politique. En l'occurrence, nous n'avons pas de raisons de douter de l'aptitude à l'entente du gouvernement allemand. Pendant une récente conférence de presse, nous avons dit qu'en cas d'apparition de divergences fondamentales au sein du gouvernement allemand, nous nous appuierions sur la législation allemande.
Nous avons toujours souligné que pour la Russie, la construction du Nord Stream 2 était initialement et restait un projet purement économique réalisé par la compagnie Gazprom afin d'alimenter en énergie l'Europe, en tirer profit sur une base légale, faire participer tous les pays intéressés à la coopération sur une base bénéfique. La Ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock donne également au Nord Stream 2 une signification stratégique. Nous en prenons note.
En ce qui concerne une visite éventuelle d'Annalena Baerbock à Moscou, elle n'a pas encore été définitivement convenue à ce jour. Conformément à l'invitation faite par le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors de son entretien téléphonique avec la cheffe de la diplomatie allemande le 14 décembre 2021, nous travaillons sur la date de sa venue à Moscou. Le travail est en cours. Nous vous tiendrons informés.
Question: Le 28 décembre 2021 à Kaboul s'est tenue une manifestation en soutien aux droits des femmes. Des talibans ont ouvert le feu sur les manifestants. Deux femmes auraient été blessées. Malheureusement, ce n'est pas la première fois qu'une telle chose se produit en Afghanistan ces derniers mois. Est-ce que Moscou exprime des préoccupations par rapport à de tels incidents et à la violence envers la population civile lors de ses contacts avec les talibans? Quelle est la position de la Russie à ce sujet?
Réponse: Je ne démarquerais pas un incident à part, comme vous l'avez fait dans votre question, parce que les incidents entraînant des victimes parmi les civils en Afghanistan sont nombreux. Il est incorrect de parler seulement d'un aspect de ce problème sans parler des incidents avec d'autres représentants de la population civile.
Les incidents en Afghanistan entraînant des victimes suscitent forcément des regrets chez nous. L'usage de la violence contre la population civile ne peut être admissible dans aucun pays civilisé.
Lors des contacts avec les nouvelles autorités afghanes, nous attirons l'attention sur la nécessité pour Kaboul de respecter les droits de l'homme fondamentaux, y compris le droit des filles à l'éducation et des femmes à travailler. Nous en parlons dans l'ensemble, sans exclure de notre dialogue les autres questions problématiques.
Il convient de souligner les efforts entrepris par les autorités afghanes en la matière: les cours pour les filles ont repris dans environ un tiers des provinces du pays. Les portes des établissements supérieurs s'ouvrent également peu à peu à elles. L'atermoiement dans ce secteur s'explique par l'indisposition de l'infrastructure du pays à cause d'un manque de fonds pour assurer une éducation séparée selon les normes islamiques.
Une nouvelle fois, nous appelons la communauté internationale, en particulier les pays occidentaux responsables de la situation humanitaire actuelle affligeante en Afghanistan, à prendre des mesures urgentes pour débloquer les actifs nationaux afghans (près de 9,5 milliards de dollars) qui sont vitaux pour normaliser la situation socioéconomique dans le pays.
C'est intéressant. Dans leurs déclarations, les représentants occidentaux sont préoccupés par tout: la situation des filles et des femmes. Ils appellent constamment, exigent quelque chose, insistent sur quelque chose, comparent la base du droit international à la législation nationale afghane.
Il ne fait aucun doute que les problèmes sont nombreux. Mais on doute aussi de la sincérité d'une telle rhétorique de l'Occident. Ils comprennent parfaitement la situation financière actuelle en Afghanistan, savent que les fonds sont bloqués. Ils sont conscients qu'en débloquant ces fonds l'argent pourrait être utilisé notamment pour régler ces problèmes. Le règlement de nombreux problèmes humanitaires (ce qui nécessite des finances) permettrait en grande partie d'améliorer la situation des femmes et des filles en Afghanistan, qui préoccupe tant l'Occident. En évoquant l'existence de problèmes, les Occidentaux oublient immédiatement pourquoi ces problèmes ne sont pas réglés aujourd'hui ou s'aggravent. Ils ne veulent pas mentionner qui en assume une responsabilité globale. Ils recommencent en disant comment il faut vivre et ce qu'il faut faire, sans même mentionner ce qu'ils pourraient eux-mêmes faire en ce sens.
Question: La Présidente moldave Maia Sandu a déclaré précédemment qu'elle ne se rendrait pas au sommet informel des dirigeants de la CEI à Saint-Pétersbourg, car elle n'avait pas reçu d'invitation officielle. Le Ministère russe des Affaires étrangères peut-il le confirmer? Quelle est la raison de cette décision? Que pense le Ministère des Affaires étrangères du niveau actuel des relations avec la Moldavie?
Réponse: Les sommets, les réunions au sommet sont commentées par l'Administration du Président de la Fédération de Russie.
Je peux parler du niveau actuel d'interaction avec la Moldavie. Une certaine interruption a été observée en raison des processus électoraux dans ce pays. La Russie reprend progressivement le dialogue politique avec Chisinau. Les contacts bilatéraux deviennent réguliers et durables.
En août dernier, le chef adjoint de l'Administration du Président de la Russie Dmitri Kozak s'est rendu à Chisinau. Les vice-premiers ministres moldaves Vladislav Kulminski et Andrei Spînu sont venus à Moscou en octobre. La Présidente du Conseil de la Fédération Valentina Matvienko a rencontré à Athènes le président du Parlement moldave Igor Grosu.
La Déclaration commune à l'occasion des 20 ans de l'Accord bilatéral d'amitié et de coopération de 2001 et le Plan de consultations interministérielles pour 2022-2023 ont été signés le 17 novembre dernier, lors de la visite en Russie du vice-Premier ministre et Ministre moldave des Affaires étrangères et de l'Intégration européenne Nicu Popescu. Le travail est actuellement mené pour préparer la 17e réunion de la Commission intergouvernementale bilatérale pour la coopération économique.
Nous saluons la disposition du gouvernement moldave à une coopération constructive et pragmatique avec la Russie visant à régler les questions actuelles, les aspects problématiques. Toutefois, nous espérons que les déclarations en question de la partie moldave seront appuyées par des démarches pratiques. De notre côté, nous sommes prêts à poursuivre cette interaction basée sur les principes du pragmatisme et de la prise en compte des intérêts réciproques.
Nous suggérons également de lire l'interview du vice-Ministre russe des Affaires étrangères Andreï Roudenko sur le thème mentionné, accordée à l'agence Sputnik le 27 décembre.
Question: Le Ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a récemment déclaré qu'Ankara était prêt à apporter une contribution positive au règlement de la situation dans les relations entre la Russie et l'Otan. Comment Moscou se représente-t-il le rôle de médiation de la Turquie dans ce contexte?
Réponse: Si je comprends bien, il est question des propos tenus par Mevlüt Cavusoglu en conférence de presse le 27 décembre dernier.
Je rappelle que la Turquie est membre de l'Otan. Les décisions y sont prises par consensus. C'est pourquoi le terme de "médiation" ne convient pas en l'occurrence. Le soutien aux récentes propositions de la Russie sur les garanties de sécurité pourrait constituer une contribution réelle à l'amélioration des relations entre la Russie et l'Otan - en particulier le projet d'accord sur les mesures de garantie de la sécurité de la Fédération de Russie et des États membres de l'Otan. Cela témoignerait également du rôle significatif de la Turquie dans ce contexte, de son rôle au sein de l'Otan, des possibilités de l'art diplomatique. Je rappelle que les décisions dans l'Otan sont prises par consensus.
Nous sommes disposés à maintenir le contact avec les partenaires turcs afin de créer l'atmosphère politique et diplomatique nécessaire et de promouvoir le dialogue sur la sécurité dans l'espace euro-atlantique.
Question: Le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a annoncé l'intention de ces derniers de nommer un ambassadeur d'Afghanistan à Moscou. Il compte, par ailleurs, sur la reconnaissance du gouvernement constitué par les talibans. À quel stade se trouvent les négociations en ce moment et que pense Moscou de tels projets des talibans?
Réponse: Nous n'avons reçu aucune notification de la part des autorités afghanes concernant une décision d'envoyer leur ambassadeur en Fédération de Russie.
Nous soulignons qu'il n'est actuellement question d'aucune négociation sur la reconnaissance officielle du gouvernement provisoire de l'Afghanistan. Les talibans connaissent bien la position de la Russie sur les conditions nécessaires pour cela: la création d'un gouvernement véritablement inclusif sur le plan ethnique et politique, l'adoption de mesures effectives pour lutter contre le terrorisme et le trafic de stupéfiants, ainsi que le respect des principes fondamentaux des droits de l'homme.
Question: Le Président ukrainien Vladimir Zelenski a approuvé la stratégie en matière de sécurité de l'information de l'État, dans laquelle la politique de l'information de la Russie est qualifiée de menace, et ce non seulement pour Kiev mais également pour d'autres pays démocratiques. Où les collègues ukrainiens voient-ils une menace? Que pouvez-vous dire d'une telle déclaration des autorités ukrainiennes?
Réponse: Il semble que Vladimir Zelenski est lui-même devenu une menace aussi bien pour Kiev que pour d'autres États européens, notamment dans le contexte du maintien des bases et des principes démocratiques. Nous avons cité beaucoup d'exemples aujourd'hui. Je ne voudrais pas me répéter.
Tout ce qui est signé par le bureau du président et diffusé par le régime de Kiev menace directement la structure étatique de l'Ukraine. Ce ne sont pas des mots détachés de la réalité. C'est un fait. La division de la population ukrainienne a déjà atteint une ampleur catastrophique. Le non-règlement des problèmes devient chronique. Ils s'aggravent dans tous les secteurs de la vie. Il ne s'agit pas d'une colère "politique" de l'électorat, de la société ou des élites de ce pays. C'est une menace à la sécurité nationale de l'État. Qui est à la tête de ces processus? Quelle sécurité de l'information? Ils ont trouvé une source de préoccupation. Cherchaient-ils la raison principale de leurs échecs? La voilà.
Le plus important est que les superviseurs occidentaux et européens le sachent. En effet, l'Ukraine est un pays européen. De nombreux problèmes du continent européen sont liés à l'Ukraine. Cela devient menaçant pour notre espace commun. Ils doivent le savoir puisqu'ils ont décidé de protéger et de soutenir la jeune "démocratie" ukrainienne.
Question: Le Ministère russe des Affaires étrangères a déclaré précédemment que Moscou proposait de signer un accord de régulation interétatique de la gestion d'internet. Quel est ce projet? Y a-t-il des détails à l'heure actuelle?
Réponse: Les principales approches de la Russie se résument toujours à mettre le cap sur l'internationalisation de la gestion de l'internet, la participation équitable des États à ce processus et la préservation de leur droit souverain à réguler le segment national d'internet.
Nous pensons qu'internet doit rester ouvert, non fragmenté et global, doté d'un mécanisme juste et véritablement international de gestion capable d'assurer la certitude, la confiance et des possibilités générales égales pour tous les utilisateurs. Nous partons du principe qu'aucun État ou groupe de pays ne peut à lui seul déterminer les principes, les règles et les normes de fonctionnement du réseau mondial. C'est l'approche russe fondamentale. Elle n'a pas été élaborée cette année, bien avant cela. Nous promouvons ces approches dans ce secteur. En 2017 déjà, la Russie avait soumis de telles initiatives en suggérant l'adoption d'un concept de convention de l'Onu sur l'institutionnalisation de la régulation du fonctionnement sûr et du développement du réseau internet avec une participation équitable de la communauté internationale à la gestion du réseau mondial.
Ce sont ces approches et postulats qui ont été exprimés par le vice-Ministre russe des Affaires étrangères Oleg Syromolotov dans son interview à l'agence Rossiya Segodnya le 29 décembre.
Question: Le Ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a déclaré qu'une réunion entre des représentants spéciaux de l'Arménie et de la Turquie se préparait à Moscou. Il n'y a pas de dates concrètes. Je voudrais vous demander s'il y avait des informations plus détaillées? Dans quel format se tiendra cette réunion? Est-ce que la Russie joue le rôle d'organisateur, de médiateur ou fournit seulement une possibilité technique pour ce contact? Et qu'attend-on de cette initiative?
Réponse: Nous commentons nos approches concernant la normalisation des relations entre l'Arménie et la Turquie et l'éventuel rôle de la Russie pratiquement à chaque conférence de presse. Nous accordons beaucoup d'attention à ce thème.
Nous partons du principe que la normalisation des relations entre Erevan et Ankara contribuerait à l'amélioration de la situation générale dans la région et à la création d'une atmosphère de confiance et de bon voisinage.
Je rappelle que nous ne faisons pas que commenter ce thème. Dans une perspective historique, la Russie a beaucoup œuvré à l'amélioration des relations entre l'Arménie et la Turquie. La nomination de représentants spéciaux par les parties à ces fins est une démarche logique et raisonnable faisant suite à une telle aspiration mutuelle. La Russie s'est dite prête à plusieurs reprises à entreprendre des efforts de médiation, à jouer un rôle dans cette normalisation, elle a réaffirmé la possibilité d'un tel contact. Nous vous tiendrons informés ultérieurement, quand de nouvelles informations apparaîtront.
Question: Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a tenu récemment un discours très important pour les compatriotes, long et au sens très profond, pendant une réunion de la Commission de coopération internationale et de soutien aux expatriés du parti Russie unie.
Il a été dit que début 2022 déjà serait prête une nouvelle mouture de la Conception de la politique étrangère de la Fédération de Russie. Il est évident que le développement de la Russie et l'opposition de l'Occident à cela créent de nouvelles réalités et exigent une nouvelle réaction à celles-ci.
Les nouveaux problèmes et questions auxquels sont confrontés les compatriotes à cause d'une forte aggravation de la confrontation dans le monde seront-ils pris en compte? Travaille-t-on actuellement sur ces questions?
Réponse: Nous suivons en permanence les questions relatives au respect des droits et des intérêts légitimes des compatriotes russes à l'étranger dans le cadre du suivi étatique dans ce domaine et dans le travail quotidien avec des représentants de l'étranger russe. Il y a des programmes sur cet axe. C'est prévu dans la Conception de la politique étrangère de la Fédération de Russie et dans d'autres documents doctrinaux. C'est une routine des diplomates des établissements diplomatiques russes à l'étranger et de l'appareil central du Ministère russe des Affaires étrangères. Nous accordons une attention centrale à la consolidation de la communauté, à la préservation de l'identité culturelle et linguistique russe, des liens avec la Russie, au règlement des problèmes quotidiens concrets de nos compatriotes aussi bien dans la vie de la diaspora qu'au quotidien.
Nous contribuons à la garantie d'un accès aux sources d'information, éducatives et autres, nous encourageons le retour volontaire dans la Patrie. L'éventail de ce que nous faisons dans cette direction est immense.
En ce qui concerne la prise en compte de ces questions au niveau conceptuel, nous voudrions rappeler qu'en 2020 le soutien des compatriotes a été fixé pour la première fois dans la Constitution par un amendement lors du référendum national (alinéa 3, article 69). Bien évidemment, nous tenons compte de ce domaine de notre travail lors de la préparation de la nouvelle mouture de la Conception de la politique étrangère, comme l'a déclaré le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov dans son discours pendant la réunion de la Commission du parti Russie unie.
Le travail est mené sur tous les fronts.
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Pour terminer notre conférence de presse, je voudrais vous souhaiter de bonnes fêtes et une bonne année. Je vous souhaite de tout cœur prospérité, santé, forces spirituelles et physiques pour surmonter les problèmes et les difficultés qui surviennent, malheureusement, dans notre vie.
Je peux vous assurer que le Ministère russe des Affaires étrangères, en tant qu'institution de niveau fédéral et véritable famille de spécialistes en politique étrangère et dans les relations internationales, assure la défense des intérêts de la Patrie et, comme le dit notre Ministre Sergueï Lavrov, continuera de se baser sur ce principe à terme. Nous ferons tout pour défendre les intérêts nationaux de la Russie.
Bonnes fêtes! Tout le meilleur à vous et à vos proches! Nous nous reverrons en 2022.