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Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, Moscou, 4 octobre 2018

1851-04-10-2018

 

Sur les pourparlers du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec le Ministre italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Enzo Moavero Milanesi

 

Le 8 octobre, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s’entretiendra avec le Ministre italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Enzo Moavero Milanesi.

Les deux chefs de diplomatie se pencheront sur l’état et les perspectives des relations russo-italiennes dans les domaines politique, économique, financier, culturel et social.

Les ministres débattront également des sujets-clés de l’actualité internationale, notamment de la situation en Syrie et en Libye, du conflit ukrainien et de la coopération dans le cadre de l’OSCE compte tenu de la présidence italienne de l’Organisation en 2018.

 

Sur les pourparlers du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec le Ministre slovaque des Affaires étrangères et européennes Miroslav Lajčák

 

Le 9 octobre, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s’entretiendra avec le Ministre slovaque des Affaires étrangères et européennes Miroslav Lajčák, présent à Moscou pour une visite de travail.

Ils débattront d’un large éventail de questions relatives aux relations russo-slovaques et à l’actualité internationale en mettant l’accent sur les problèmes de l’OSCE dans le contexte de la future présidence slovaque de l’Organisation en 2019.

En marge de sa visite, le Ministre slovaque des Affaires étrangères et européennes Miroslav Lajčák prononcera un discours à l’Institut d’État des relations internationales de Moscou auprès du Ministère russe des Affaires étrangères. 

 

Sur la visite de travail de la Ministre andorrane des Affaires étrangères Maria Ubach 

 

La Ministre andorrane des Affaires étrangères Maria Ubach se rendra en Russie pour une visite de travail du 9 au 10 octobre. Le 10 octobre, elle participera à une rencontre de travail avec le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Il s’agit de la première visite en Russie de la Ministre andorrane des Affaires étrangères Maria Ubach. Son prédécesseur Juli Minoves Triquell s’était rendu à Moscou en 2007.

Les relations diplomatiques entre la Russie et Andorre ont été établies en 1995. Les autorités andorranes tentent de développer des relations stables, respectueuses et, si possible, de confiance avec tous les acteurs internationaux, notamment avec la Russie. En 2014, Andorre n’a pas soutenu les sanctions antirusses. Nos ministères des Affaires étrangères maintiennent des contacts réguliers et le soutien réciproque des candidatures lors des élections au sein des organisations internationales est une pratique établie depuis longtemps. Les relations russo-andorranes constituent un bon exemple de construction de relations mutuellement avantageuses dans l'Europe contemporaine, indépendamment des turbulences politiques, des différences d’approches des problèmes plus ou moins importants, du niveau économique et des formes de gouvernement.   

Les pourparlers du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et de la Ministre andorrane des Affaires étrangères Maria Ubach devraient favoriser le renforcement de la coopération entre les deux pays sur la scène internationale et l’élargissement de leur partenariat dans le domaine de l’économie, de la culture et du tourisme.

Dans le cadre de cette visite, les deux ministres présenteront une publication russo-andorrane, le livre Andorre et le poète, consacré au court séjour dans ce pays de Maximilian Volochine, artiste, poète et critique littéraire russe éminent en 1901. Il s’agit d’un projet culturel conjoint, mis en œuvre avec le soutien financier de l’Agence fédérale de la presse et des médias et du Gouvernement andorran.  

 

Sur la situation autour de Maria Boutina

 

Nous suivons de très près la situation autour de la citoyenne russe Maria Boutina arrêtée aux USA sur de fausses accusations. Elle est injustement maintenue en détention depuis deux mois et demi et est, de facto, une prisonnière politique.

Les collaborateurs consulaires de l'Ambassade de Russie à Washington rendent régulièrement visite à Maria Boutina à la prison d'Alexandria, dans l’État de Virginie, où elle est détenue actuellement. Grâce aux efforts de nos diplomates, les conditions de détention de Maria se sont nettement améliorées – fin septembre, après un long isolement, elle a enfin été transférée vers le régime de détention général. A présent elle peut quitter sa cellule, communiquer avec d'autres détenus et téléphoner. Une rencontre avec un prêtre orthodoxe a été organisée avec la contribution de l'Ambassade.

En collaboration avec les avocats se poursuit l'élaboration de la ligne de défense de Maria Boutina pour la prochaine audience. Elle a l'intention de clamer haut et fort son innocence.

De notre côté, nous continuerons de lutter pour le respect des droits légitimes de Maria Boutina, nous exigerons des autorités américaines de faire cesser l'arbitraire et de la libérer sans plus attendre.

 

Sur la situation autour de Kirill Vychinski

 

Ce 2 octobre, il a été annoncé que l'examen de la plainte de la défense pour prolonger l'arrestation du directeur du site RIA Novosti Ukraine Kirill Vychinski à la cour d'appel de la région de Kherson a été reporté pour une durée indéterminée à cause de la suppression de toutes les cours d'appel de l'Ukraine. A présent, il n'y a aucune information sur le début du travail du nouveau tribunal qui examinera les appels. Suite à cette situation, l'examen de l'appel contre l'arrestation du journaliste pourrait avoir lieu après l'expiration du délai de détention de Kirill Vychinski, c'est-à-dire après le 4 novembre. Dans ce domaine, la situation actuelle en Ukraine ressemble à un véritable chaos. C'est pourquoi nous allons suivre l'évolution de la situation. Nous voudrions souligner par ailleurs que si tout évoluait selon ce scénario, les droits d'appel seraient violés.

Une nouvelle fois, nous soulignons que l'arrestation du journaliste sur une accusation fabriquée de haute trahison est une grossière violation des engagements internationaux de l'Ukraine en matière de liberté des médias. Nous exigeons immédiatement la libération de Kirill Vychinski sans aucune condition. Nous jugeons insuffisante la réaction à cette situation des structures internationales compétentes et des ONG. Nous les appelons à renforcer la pression sur les autorités ukrainiennes en la matière. C'est effectivement un cas scandaleux dans l'histoire de l'interaction entre le journalisme et le pouvoir.

 

Sur l'évolution de la situation autour de Mikhaïl Botchkarev

 

Nous continuons de veiller de près au sort de Mikhaïl Botchkarev, collaborateur de l'Appareil du Conseil de la Fédération de l'Assemblée fédérale de la Fédération de Russie, arrêté le 21 septembre en Norvège. Il reste détenu à Oslo. Sa détention provisoire expire le 6 octobre.

La présidente du Conseil de la Fédération de l'Assemblée fédérale de la Fédération de Russie Valentina Matvienko a envoyé un message au Président du Parlement norvégien Tone Wilhelmsen Trøen pour exiger la libération immédiate de Mikhaïl Botchkarev.

Les diplomates russes à Oslo sont en contact permanent avec Mikhaïl Botchkarev qui, en coopération avec son avocat, reçoit toute l'aide possible pour défendre ses droits et intérêts. Le 1er octobre, les représentants du département consulaire de l'Ambassade l'ont rencontré de nouveau.

Nous exigeons des autorités norvégiennes qu'elles lèvent toutes les accusations fictives contre Mikhaïl Botchkarev et le libèrent au plus vite.

Tout cela indique que la situation relative à l'arrestation de Mikhaïl Botchkarev  et son accusation d'espionnage a été organisée par les autorités norvégiennes comme une action de chantage pour la libération du citoyen norvégien Frode Berg pris en flagrant délit en Russie. Ce dernier fait actuellement l'objet d'une enquête.

 

Sur la possibilité d’un échange de détenus avec les États-Unis

 

Je voudrais attirer l’attention sur les publications de nombreux médias qui évoquent l'échange éventuel d’Oleg Sentsov, condamné en Russie pour avoir préparé un attentat, contre des citoyens russes détenus aux États-Unis.

Nous avons été surpris par ces informations. Il n’existe aucune entente à ce sujet. Ce sont des désinformations.

En même temps, comme nous l’avons déjà indiqué à plusieurs reprises, nous demandons que Washington libère immédiatement et sans aucune condition Maria Boutina, arrêtée sur des accusations montées de toutes pièces. Je veux souligner encore une fois que nous considérons son interpellation et toute la situation autour de sa personne comme une persécution, une pression politique, un chantage. Elle est, sans aucun doute, une prisonnière politique.

Nous avons exigé et exigerons encore le rapatriement de Viktor Bout et de Konstantin Iarochenko, interpellés à l’étranger par les services secrets américains, transférés de force aux USA et condamnés à des peines de prison énormes (25 et 20 ans respectivement). Nous ne renoncerons pas à nos efforts visant à libérer les citoyens russes victimes de l’arbitraire américain. 

 

Sur l’évolution de la situation en Syrie

 

En ce qui concerne l’évolution de la situation en Syrie, la mise en œuvre du mémorandum russo-turc sur la stabilisation de la situation dans la zone de désescalade d’Idleb signé le 17 septembre dernier à Sotchi revêt une importance particulière.

Selon nos informations, certaines structures de l’opposition armée d’Idleb ont annoncé leur soutien aux accords de création d’une zone démilitarisée. La coopération entre les militaires russes et turcs a permis d’assurer le fonctionnement du corridor humanitaire d’Abou Doukhour à l’est de la ville d’Idleb, qui permet aux civils de se rendre sur le territoire contrôlé par le Gouvernement syrien. Les personnes qui quittent l’enclave terroriste reçoivent toute l’aide nécessaire.

En même temps, les combattants radicaux, notamment les membres du Front al-Nosra et d’autres groupes terroristes internationaux liés à Al-Qaïda, ont peur de se retrouver isolés à cause de la mise en œuvre des ententes russo-turques et lancent des provocations, aggravent les tensions le long des frontières de la zone de désescalade d’Idleb, et appellent à poursuivre la résistance aux troupes gouvernementales. Ainsi, les terroristes tentent d’empêcher la réconciliation des groupes d’opposition qui veulent déposer les armes et rejoindre le processus politique.   

De nouvelles informations nous parviennent sur les préparatifs de mises en scène, par les terroristes, d’attaques chimiques des forces gouvernementales. A ces fins, ils ont déjà envoyé dans la région des substances toxiques et des équipements vidéo professionnels. Ils ont même organisé des répétitions, dont des images ont déjà été publiées dans les médias. On craint également que les civils kidnappés par les extrémistes, notamment les femmes et les enfants, soient victimes de ces opérations.

La Russie envisage de continuer sa lutte sans compromis contre le terrorisme jusqu’à son élimination complète sur le sol syrien.

Sur les territoires libérés des terroristes, le Gouvernement syrien lance la reconstruction de l’infrastructure économique et sociale, et fournit une aide humanitaire complète à la population.

On constate également la poursuite du retour des réfugiés syriens et des personnes déplacées vers leur lieu de résidence permanent en Syrie. Selon les autorités syriennes, environ 50 000 personnes sont revenues dans le pays depuis le début de l’année.

Nous avons repéré des informations sur une frappe de missiles lancée le 1er octobre par l’Iran à l’est de l’Euphrate contre les sites des auteurs de l’attentat organisé fin septembre dans la ville iranienne d’Ahvaz. Dans ce contexte, nous voudrions souligner que les militaires iraniens offrent en Syrie leur aide dans la lutte contre le terrorisme international de manière légitime et à l’invitation des autorités syriennes.

 

Sur la situation actuelle en Afghanistan

 

La situation en Afghanistan reste assez tendue. Les Talibans attisent les hostilités pratiquement dans toutes les régions du pays. Cette année, les forces de sécurité afghanes subissent des pertes inédites - on a dénombré 513 morts, 718 blessés et 43 prisonniers en septembre seulement.

La branche afghane de Daech maintient un niveau élevé d’activité terroriste. Ainsi, un attentat-suicide a été enregistré le 2 octobre dans le district de Kama (province de Nangarhâr) au cours d’une rencontre d’un député avec ses électeurs, faisant au moins 13 morts et plusieurs dizaines de blessés. Selon les dernières informations, cette attaque a été organisée par Daech.

Parallèlement, les États-Unis et les pays membres de la coalition afghane continuent de miser sur une résolution militaire du conflit. Cette approche se solde tout d’abord par une hausse du nombre de victimes civiles. Selon certaines estimations, les hostilités se sont soldées en septembre par 262 morts et 524 blessés au sein de la population pacifique. Qui plus est, la moitié de ces pertes s’explique par les frappes aériennes de la coalition occidentale. Un autre exemple de frappes aériennes non-sélectives des États-Unis est le bombardement par erreur des policiers afghans dans le district de Nad-Ali (province d’Helmand), qui a fait un mort et 29 blessés.

L’évolution actuelle de la situation en Afghanistan illustre de nouveau que le conflit dans ce pays n’a pas de solution militaire, et que la seule voie de règlement réside dans la réconciliation afghane par des moyens politiques et diplomatiques.

 

Sur la déclaration du Directeur général de l'AIEA Yukiya Amano concernant l'activité d'inspection en Iran

 

On nous a demandé de commenter les récentes déclarations du Directeur général de l'AIEA Yukiya Amano concernant l'activité d'inspection en Iran. Nous voudrions donc préciser ce qui suit.

Le Directeur général de l'AIEA a parfaitement le droit de faire des déclarations sur les questions relatives à l'activité statutaire de l'Agence. Nous partageons entièrement les approches de Yukiya Amano vis-à-vis du travail d'inspection en Iran, qui sont reflétées dans sa déclaration officielle du 2 octobre. Nous pensons qu'elles correspondent au mandat de l'Agence dans le cadre du Plan d'action global commun sur le programme nucléaire iranien, à la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité des Nations unies, à la résolution du Conseil des gouverneurs de l'AIEA du 15 décembre 2015, ainsi qu'à la pratique d'application du Protocole additionnel à l'Accord sur les garanties.

Nous faisons confiance à l'Agence qui mène professionnellement et objectivement depuis plusieurs années son activité pour vérifier que Téhéran remplit ses engagements dans le cadre du Plan d'action et du Protocole additionnel. A l'heure actuelle, l'Iran est le pays le plus inspecté par l'AIEA. L'ensemble des outils à disposition de l'Agence, ainsi que le niveau élevé de coopération dont fait preuve l'Iran, offrent à l'AIEA toutes les possibilités nécessaires pour lever tout soupçon, notamment concernant de prétendus "dépôts nucléaires secrets".

Nous partageons également la position de Yukiya Amano au sujet du fait que l'information sur la tenue des engagements des États vis-à-vis de l'AIEA, notamment fournie par des pays tiers, ne doit pas être pris pour argent comptant mais être minutieusement vérifiée. Nous espérons que cette approche sera maintenue dans le travail de l'Agence.

 

Sur la situation en Macédoine

 

Nous avons déjà exposé notre position, qui a été publiée sur le site officiel du Ministère russe des Affaires étrangères. Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'est également exprimé à ce sujet. Néanmoins, de nombreuses questions se font jour concernant la réaction que nous constatons au référendum qui a eu lieu en Macédoine.

Je rappelle que le 30 septembre en République de Macédoine a été organisé un référendum concernant l'acceptabilité de l'accord de Prespa sur le changement de nom de l’État en "Macédoine du Nord", qui a été reconnu non valide à cause d'un taux de participation insuffisant (36,9% au lieu des 50% + 1 voix nécessaires). Les dirigeants de l'UE et de l'Otan avaient pourtant incité ouvertement les citoyens macédoniens à voter pour. Selon nous, c'est une pratique inadmissible compte tenu de la préoccupation de ces États précis vis-à-vis de l'ingérence dans tous les processus électoraux et nationaux. Qu'y a-t-il de plus important et révélateur qu'un référendum national? Malgré leurs incitations, une ingérence absolument sans gêne dans les affaires intérieures de l’État et la tentative d'influencer le vote des citoyens, tout a échoué. Puis, sans l'ombre d'un doute, ils ont salué les résultats du vote en les décrivant comme un "large soutien" à l'accord de Prespa. Le Secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a même promis de faire adhérer Skopje à l'Alliance début 2019, sans même douter que les parlements de la Macédoine et de la Grèce prendront les décisions nécessaires. Je voudrais répéter que tout s'est mélangé dans la tête des politiciens, non seulement des politiciens qui travaillent pour leur propre image mais également des politiciens qui s'occupent directement de la formation de l'agenda paneuropéen et nord-atlantique.

Si nous parlons de non-ingérence dans les affaires intérieures, alors on ne peut pas inciter à voter pour ou contre s'il est question de référendums. Si nous parlons de non-ingérence dans les affaires intérieures et de respect du droit, y compris international, alors on ne peut pas - qui plus est le responsable d'une alliance militaire - parler au nom des parlements d'autres pays concernant les décisions qui seront prises. C'est absolument inadmissible. Ou alors il faut reconnaître une fois qu'on peut le faire, et dans ce cas un nouvel ordre mondial serait probablement instauré. Dans ce cas, il faut s'exprimer honnêtement et ouvertement sur ce thème.

Il s'agit manifestement de la poursuite d'une grossière ingérence extérieure dans les affaires macédoniennes avec pour objectif d'entraîner à tout prix Skopje au sein de l'Alliance. Selon la logique de ceux qui suivent cette ligne, il est possible d'ignorer l'avis de 63,1% de la population, dont le Président Gjorge Ivanov qui a refusé de soutenir cet accord. Les approches occidentales de la démocratie, dans la pratique, sont cyniques et hypocrites. C'est particulièrement visible dans les Balkans.

Nous sommes surpris par la conclusion engagée du BIDDH de l'OSCE à l'issue de l'observation du référendum. La campagne propagandiste massive de l'Occident est présentée de manière positive. Mais si Moscou avait appelé les Macédoniens à voter d'une certaine façon, il aurait été immédiatement accusé d'ingérence dans les affaires intérieures. Ce n'est plus du deux poids deux mesures, c'est un outrage aux normes et aux règles universelles.

La position de principe de la Russie reste inchangée: une solution à long terme ne pourra être trouvée que par les parties concernées, sans pression ni formules imposées de l'extérieur - qui ne fonctionnent pas. Je pense que les politiciens occidentaux l'ont compris. Cette solution doit être trouvée dans le champ juridique et s'appuyer sur un large soutien social.

 

Sur le séisme en Indonésie

 

Ce 28 septembre, un séisme de magnitude 7,4 accompagné d'un tsunami avec des vagues jusqu'à 3 mètres a frappé la province indonésienne de Sulawesi central. Les dégâts les plus importants ont été provoqués près des villes de Donggala et de Palu.

Au 3 octobre, le bilan de cette grande catastrophe naturelle était de plus de 1.300 morts, et près de 17.000 Indonésiens étaient sans foyer.

Suite à cette tragédie, le Président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre russe Dmitri Medvedev ont envoyé des télégrammes de condoléances au Président indonésien Joko Widodo.

Il n'y a pas de citoyens russes parmi les victimes ou les blessés. Le site et les pages de l'Ambassade de Russie à Jakarta ont publié les numéros joignables 24h/24 mis à disposition des citoyens russes.

Actuellement, nous étudions la possibilité d'envoyer une aide humanitaire russe (des centrales électriques mobiles, des tentes, des couvertures et de la nourriture) dans les régions indonésiennes touchées par le séisme.

 

Sur l'évolution de la situation autour de l'"affaire Skripal"

 

Nous avons déjà commenté récemment la décision du Ministère britannique de l'Intérieur de refuser au Parquet russe une aide juridique dans l'enquête pénale ouverte par le Comité d'enquête russe sur la tentative d'homicide visant la citoyenne russe Ioulia Skripal. Je rappelle que ce refus a été motivé par le fait que satisfaire la requête russe porterait prétendument atteinte à la souveraineté, à la sécurité et à l'ordre public ou d'autres intérêts majeurs du Royaume-Uni. Que dire, si les autorités britanniques reconnaissent qu'une enquête conjointe sur l'"affaire Skripal" menace leurs intérêts? Quels sont, alors, ces intérêts?

L'impression que nous avons assisté à une grande mise en scène ne nous quitte pas.

Pour maintenir le sujet dans toute sa simplicité et son intensité, Londres a recours à ses méthodes favorites de désinformation, qu'il désavoue souvent lui-même par la suite. Par exemple le tweet de Ministre britannique de la Défense qui a disparu quelques minutes après son apparition sans aucune explication (une erreur technique? Ou la "main de Moscou" a-t-elle écrit quelque chose à la place du Ministre de la Défense?). Ce tweet a simplement disparu. Il disait que "l'un des suspects dans l'affaire de Salisbury s'avérait être un colonel russe. Je voudrais remercier tous ceux qui travaillent sans relâche sur cette affaire". Le plus intéressant est que tout a été publié de manière synchronisée avec une nouvelle intox de Bellingcat relayée, malheureusement, par de nombreux médias sérieux. C'est cette liaison fantastique qu'entretiennent les autorités britanniques avec les pseudo-médias, ainsi qu'avec les vrais médias à l'histoire solide. Voilà ce que nous voyons.

La manière synchronisée avec laquelle apparaissent, dans l'espace médiatique, des titres avec les déclarations des politiciens britanniques et les fausses informations antirusses des pseudo-médias, ainsi que le passage sous silence systématique ou la désinformation autour de l'argumentaire russe, le tout en soulignant les accusations - infondées - de Londres, indiquent que le Royaume-Uni a oublié la liberté d'expression et l'inadmissibilité de la censure en s'impliquant trop dans les jeux géopolitiques et les querelles politiques intérieures.

D'ailleurs, si l'on parle des querelles politiques au Royaume-Uni, ce qui s'est passé hier ne laisse aucun doute. Les affaires Salisbury, Amesbury et Skripal sont organisées notamment dans les intérêts de la lutte politique intérieure. Certains veulent améliorer leur popularité, d'autres cherchent à porter atteinte à leurs rivaux politiques. On a l'impression que les accusateurs (les représentants officiels britanniques) sont fanatiquement convaincus d'avoir raison, ils n'ont pas besoin d'arguments raisonnables ni de preuves. Le fameux "highly likely" suffit. Je suis certaine qu'à terme les historiens et les avocats britanniques s'en souviendront avec honte.

Malgré l'attisement de la situation par ces méthodes, on ne peut pas échapper à la vérité. Tôt ou tard, elle fera surface. Sachant cela, il serait positif que les représentants britanniques, au lieu de leurs ruses habituelles, répondent simplement aux questions de base sur cette affaire. Où et dans quel état se trouvent les citoyens russes blessés Sergueï Skripal et Ioulia Skripal? Pourquoi ne peut-on pas prendre contact avec eux depuis plus de six mois?

Il existe de nombreuses autres questions sérieuses sur l'"affaire Skripal" que nous avons posées et transmises à plusieurs reprises aux autorités britanniques. Nous en avons parlé à nos partenaires étrangers. Et surtout, on ignore encore ce qui s'est vraiment passé à Salisbury. S'il y a de prétendus suspects, cela veut dire que les autorités britanniques ont une description détaillée, minute par minute, de ce qui est arrivé. Nous voudrions savoir.

Nous appelons encore une fois les autorités britanniques à une discussion ouverte et honnête à la place de leur insolence péremptoire et infructueuse.

 

Sur le scandale de dopage au sein de la communauté sportive des États-Unis

 

Comme on le sait, les États-Unis sont l'un des principaux instigateurs des accusations antirusses concernant l'existence d'un prétendu "système étatique de dopage". Qui plus est, les fonctionnaires sportifs américains refusent de facto de reconnaître la décision du comité exécutif de l'Agence mondiale antidopage (AMA) sur le rétablissement du statut de l'Agence antidopage  russe.

L'acteur principal de cette campagne est le chef de l'Agence antidopage américaine (USADA) Travis Tygart, dont l'organisation est actuellement au cœur d'un scandale sérieux. Le fait est que l'agence de Travis Tygart a été accusée d'avoir allégé la peine du pratiquant américain d'arts martiaux mixtes Jon Jones, "attrapé" pour la deuxième fois pour dopage en 2017. Sa disqualification de 4 ans avait d'abord été réduite à 30 mois grâce à sa "coopération avec l'USADA et l'octroi d'informations sur l'utilisation de substances interdites par d'autres athlètes". Ensuite, on a encore réduit ce délai - à 15 mois - en raison de l'"opinion d'expert" du canadien Richard McLaren, auteur des rapports sur le "dopage en Russie". Il s'agit d'une escroquerie pure des fonctionnaires sportifs des USA, du Canada et d'autres pays. Leur décision se base sur l'affirmation que Jon Jones a utilisé les anabolisants de manière "non-préméditée" et que ces substances "n'ont pas influé sur les résultats de ses combats". La punition n'est donc convenable que dans le cas où le dopage influe sur les résultats? Si l'athlète utilisait le dopage sans monter sur le podium, cela serait donc parfaitement normal… Et il ne serait même pas nécessaire de le punir. C'est en tout cas la logique des décisions adoptées aux États-Unis avec le soutien d'autres fonctionnaires sportifs internationaux.    

Malgré les tentatives d'étouffer le scandale, la décision concernant cet athlète a suscité une vive réaction de la communauté sportive américaine. Qui plus est, d'autres pratiquants d'arts martiaux mixtes ont renoncé à coopérer avec l'USADA.

On peut citer un autre exemple de ce "deux poids, deux mesures": le refus d'accuser l'athlète Will Claye, testé positif au clenbutérol (une substance interdite) en août dernier. Selon l'USADA, cette substance "s'est probablement retrouvée dans son organisme à cause de la consommation de la viande du Mexique".  

On a l'impression que les prétentions américaines au leadership dans la lutte pour la "pureté du sport" ne sont qu'une concurrence malhonnête, ce que prouvent les exemples susmentionnés.

 

Sur la réaction britannique à la réintégration de la Russie à l'Agence mondiale antidopage (AMA)

 

Les Américains ne sont pas les seuls à s'être "réjouis" de la réintégration de la Russie à l'AMA. Nous constatons le lancement d'une nouvelle campagne antirusse. Immédiatement après la restitution du statut de la Russie au sein de cette organisation sportive internationale, les Américains, qui avaient tenté de l'empêcher par tous les moyens, ont reçu le soutien de leurs fidèles alliés britanniques. Ces derniers ont lancé un flot de fake news, d'accusations et de déclarations à différents niveaux. 

Ainsi, le Ministère britannique des Affaires étrangères - il s'avère donc qu'il s'occupe également de la sécurité des technologies de l'information et de la communication - a tenu hier plusieurs propos faramineux du type "highly likely" sur l'implication présumée du GRU dans des cyberattaques dans le monde entier, notamment contre les serveurs de l'AMA. Comme les Britanniques profèrent déjà depuis quelques semaines des accusations contre le GRU dans le cadre de l'affaire Skripal, des incidents de Salisbury et d'Amesbury, ils peuvent désormais lier facilement cette histoire médiatisée à la situation de l'AMA.

On y retrouve pêle-mêle le GRU, le cyber-espionnage, les hackers du Kremlin et l'AMA. Un cocktail infernal.

La fantaisie de nos collègues britannique n'a donc visiblement aucune limite! Je voudrais bien voir ceux qui imaginent tout cela. Ils jugent probablement par eux-mêmes, et décrivent ce qu'ils font. Un tel comportement est indigne d'un État qui prétend être l'un des leaders mondiaux.

 

Sur la 6e conférence internationale sur la cybersécurité "CyberCrimeCon 2018"

 

Dans plusieurs pays occidentaux, il est aujourd'hui de bon ton d'accuser systématiquement la Russie de tous les péchés, notamment dans le domaine de la cybersécurité.

Cependant, dans la réalité - qui diffère fortement de la vision des stratèges politiques occidentaux - notre pays fait partie des acteurs les plus dynamiques de la coopération internationale, notamment dans le domaine des technologies de l'information et de la communication. C'est la Russie qui cherche à réanimer l'activité du groupe de travail bilatéral sur la cybersécurité, par exemple avec les USA. Malheureusement les Américains, pour des raisons qu'ils sont les seuls à connaître, évitent constamment ces contacts mutuellement utiles. Nous en avons parlé à plusieurs reprises.

L'un des exemples de la disposition de notre pays au développement  de la coopération sur la cybersécurité est la conférence internationale annuelle "CyberCrimeCon" qui se tiendra à Moscou les 9 et 10 octobre 2018. Elle devrait réunir plus de 1.000 experts d'Europe, du Moyen-Orient et d'Asie pour évoquer les tendances de la cybercriminalité internationale, analyser les nouveaux instruments et tactiques des groupes de hackers les plus dangereux et échanger des données stratégiques dans le domaine du cyber-renseignement.

Comme si nos partenaires occidentaux ne voyaient pas et ne remarquaient pas tout cela. Venez, participez, parlez à vos confrères russes. Si vous ne voulez pas le faire au niveau officiel, il y a la communauté d'experts.

L'un des thèmes centraux de la conférence à venir est la lutte contre le cyberterrorisme et la protection de l'infrastructure critique, ainsi que les résultats des investigations sur les cybercrimes les plus retentissants de l'année. La participation de représentants d'Interpol, d'Europol, de cyberpolices de différents pays, de compagnies de télécommunication, de banques, et d'organisations spécialisées dans les technologies de cybersécurité est attendue.

Pour plus d'informations sur l'événement et ses participants, ainsi que la procédure d'accréditation des médias, veuillez consulter le site de CyberCrimeCon 2018: https://2018.group-ib.ru/

 

Sur la création de cyberforces et d'un nouveau régulateur internet au Royaume-Uni

 

Notre attention a été retenue par le fait qu'au Royaume-Uni, le Ministère de la Défense et le Government Communications Headquarters ont entamé la création de cyberforces offensives dont l'objectif annoncé, hormis la lutte contre le contenu terroriste et les groupes criminels, est de combattre les menaces émanant des "pays hostiles" sur internet. On devine que l'expression "pays hostiles" désigne la Russie, la Chine (qui a également été accusée par les USA d'ingérence dans les élections américaines, bien plus que la Russie - c'est nouveau), ainsi que l'Iran et la Corée du Nord qui, selon les services britanniques, auraient commis le plus grand nombre d'attaques contre l'infrastructure britannique. Mais aucune preuve factuelle n'est apportée.

De plus, outre cette initiative, le gouvernement compte créer un régulateur internet à l'instar du régulateur médiatique Ofcom, qui surveillera les réseaux sociaux et exigera des sites de supprimer rapidement le contenu interdit. Il s'agira non seulement des déclarations extrémistes et des appels à la violence, mais également de la désinformation.

De cette manière, Londres mobilise toutes les forces pour renforcer le contrôle du segment de l'internet de son espace médiatique en faisant appel aux militaires. Il est évident que l'objectif annoncé de lutte contre le contenu illicite et les menaces de prétendue ingérence sert seulement de prétexte pour créer des leviers supplémentaires afin d'éradiquer le point de vue alternatif en ligne, qui sera certainement classé sans appel comme une désinformation. Il est évident que l'internet qui par nature n'admet pas la censure et, contrairement à la presse libérale britannique, refuse de croire sur parole les versions officielles de Downing Street dans l'esprit du "highly likely", se transforme pour les autorités britanniques en problème dans le contexte de leurs tentatives d'obtenir le monopole sur la vérité.

Le projet de loi sur la lutte antiterroriste et la sécurité des frontières qui, selon le représentant de l'OSCE pour la liberté des médias Harlem Désir, pourrait porter atteinte à la liberté de la presse et criminaliser différentes activités liés à l'utilisation et à la diffusion de l'information dans le cadre de l'activité des médias et des investigations journalistiques, est très symptomatique. Nous voudrions avoir l'avis de la communauté d'experts sur toutes ces initiatives de Londres. Et étant donné que nous donnons une appréciation politique, nous voudrions connaître l'avis des journalistes à ce sujet, voir leur réaction, car à nos yeux tous ces efforts visent à renforcer la censure dans l'espace médiatique.

 

Sur le "deux poids, deux mesures" des États-Unis dans la protection des données personnelles

 

Nous voudrions attirer encore une fois l'attention sur des faits illustrant de manière évidente le "deux poids, deux mesures" des États-Unis dans la protection des données personnelles.

Il y a quelques jours, des inconnus ont publié les adresses personnelles, les numéros de téléphone et les adresses mail des sénateurs américains Lindsey Graham, Mike Lee et Orrin Hatch sur leur page de l'encyclopédie en ligne Wikipédia. Suite à cet acte scandaleux, Wikipédia a rapidement supprimé ces données. La Maison blanche a qualifié cette fuite de "scandaleuse". L'establishment de Washington a exprimé son indignation, car cet incident a mis en danger les familles des politiciens.

En même temps, l'Administration américaine continue d'ignorer et refuse de commenter l'activité criminelle du site extrémiste ukrainien Mirotvorets qui s'appuie sur l'infrastructure américaine. Ce site publie les données personnelles des personnes indésirables aux yeux du régime de Kiev. Il s'agit de citoyens ukrainiens et étrangers. Je voudrais souligner encore une fois que ce site publie des informations personnelles. Qui s'est retrouvé sur Mirotvorets? Par exemple Oles Bouzina et Oleg Kalachnikov, tués ensuite par les radicaux. Les propriétaires du site n'ont subi aucune répercussion après la publication des données personnelles des journalistes (y compris occidentaux) qui s'étaient rendus dans les républiques autoproclamées du Donbass. 

La base de données de Mirotvorets a récemment été complétée par les données personnelles du métropolite de Kiev et de toute l'Ukraine Onuphre, du patriarche serbe Irénée, de la compositrice Alexandra Pakhmoutova, du réalisateur du film Sobibor (proposé pour l'Oscar) Kostantin Khabenski, de l'ancien leader du groupe Pink Floyd Roger Waters, de plusieurs activistes antifascistes, des habitants de Transcarpatie qui avaient obtenu des passeports hongrois et même du Ministre hongrois des Affaires étrangères Péter Szijjártó. Le service américain Cloudflare offre à Mirotvorets un soutien technique actif. Washington préfère ignorer tout cela. Nous voudrions bien savoir s'il s'agit en effet d'une approche "deux poids, deux mesures" ou si Washington peut justifier ses actions, dans la mesure où la publication des données personnelles des politiciens américains a provoqué une telle indignation et un tel retentissement aux USA.

Qui plus est, dans le contexte de la fuite des coordonnées bancaires de diplomates russes en poste aux États-Unis sur le site Buzzfeed, ce que nous avons déjà évoqué à plusieurs reprises, les services secrets américains ont lancé une provocation préméditée. Le Département d'État américain ne nous a toujours présenté aucune explication claire concernant les raisons de cet incident et la punition des coupables éventuels.

Tout cela indique clairement que les propos de Washington sur la protection des données personnelles des utilisateurs concernent uniquement les Américains, voire l'élite politique du pays. Les USA ne protègent donc que les données personnelles des élites, et sont tout à fait prêts à mettre en danger celles des autres, voire à le faire sciemment. 

 

Sur les propos de la Première ministre britannique Theresa May

 

Je ne peux pas ignorer les propos tenus hier par la Première ministre britannique Theresa May sur l'admissibilité des opérations militaires sans l'approbation du Conseil de sécurité de l'Onu, où la Russie peut utiliser son droit de veto contre les propositions de ce genre. Elle a fait cette déclaration lors du congrès de son parti, le Parti conservateur, actuellement au pouvoir. Tout le monde a vu les images de cette réunion.

Je voudrais souligner qu'il n'existe en réalité rien de réellement nouveau dans les propos de Theresa May. Du point de vue de Londres, il est évidemment tout à fait acceptable d'organiser des opérations militaires sans l'approbation du Conseil de sécurité de l'Onu. Il existe pourtant un autre problème. Le fait est que les prédécesseurs de Theresa May ont été top souvent obligés de rougir, de se justifier et de demander pardon à la communauté internationale pour leurs opérations militaires non approuvées par le Conseil de sécurité de l'Onu, qu'ils avaient considérées comme possibles et acceptables.

Je voudrais rappeler que l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair s'est justifié et s'est excusé pour la participation du Royaume-Uni à la campagne anti-irakienne illégale. Je voudrais également rappeler à Theresa May et aux élites politiques britanniques qui sont du même avis que leurs anciens collègues de l'UE - compte tenu du Brexit -, les Italiens, ne savent pas quoi faire avec les répercussions d'une autre opération illégale qui a violé le mandat octroyé par le Conseil de sécurité de l'Onu. Il s'agit de la Libye. Comme le Président russe Vladimir Poutine l'a indiqué hier, l'État libyen a été détruit, et les conséquences ont frappé directement l'Europe. Beaucoup d'Occidentaux considèrent en effet ces actions comme acceptables. Mais ils doivent ensuite présenter leurs excuses, tandis que le monde entier tente de pallier leurs conséquences désastreuses. Il y a beaucoup d'autres exemples.

 

Sur les propos du Ministre américain de l'Intérieur Ryan Zinke

 

Le week-end dernier, les propos tenus par le Ministre américain de l'Intérieur Ryan Zinke ont eu une certaine résonance. Ce fonctionnaire, responsable de l'utilisation des ressources naturelles américaines, a soudainement voulu évoquer les affaires internationales. Au cours d'une conférence consacrée au développement du secteur énergétique, il a indiqué que la marine américaine pourrait bloquer les livraisons maritimes de pétrole russe sur les marchés extérieurs, notamment au Moyen-Orient - dont on sait parfaitement qu'il a bien assez d'or noir. Selon lui, les USA pourraient faire de même avec les exportations de pétrole iranien.

Premièrement, imaginez qu'un représentant de l'élite politique russe - un politicien, un député ou un sénateur, sans parler d'un membre du gouvernement - ait tenu les mêmes propos. Une telle déclaration aurait immédiatement été considérée comme une ingérence russe, une pression énergétique ou un chantage.

Deuxièmement, le Ministre américain de l'Intérieur Ryan Zinke a visiblement oublié qu'il ne faisait plus partie de l'infanterie de marine - forces au sein desquelles il a servi pendant plus de 20 ans - mais occupait un poste politique important qui l'obligeait à ménager ses propos. Rappelons aussi qu'après sa nomination en 2017, il s'était rendu à son bureau à cheval et en tenue de cow-boy pour sa première journée de travail. Ce qui en dit long.

Les propos de Ryan Zinke sont très symptomatiques. Ils reflètent clairement la pensée d'une partie de l'establishment politique américain, qui s'explique par une connaissance superficielle de la situation mondiale et une prétention démesurée. Un tel cocktail est toujours explosif, y compris pour les États-Unis. Les responsables qui sont si certains de leur "caractère exceptionnel" et de celui de leur État pour évoquer un blocus maritime de la Russie, non seulement se ridiculisent mais pourraient aussi attirer beaucoup d'ennuis réels à leur pays.      

 

Sur les propos d'Hillary Clinton, qui a comparé l'"ingérence" russe dans les élections américaines aux attentats du 11 septembre 2001

 

Au cours de son intervention lors d'une conférence à Washington, Hillary Clinton a comparé l'ingérence prétendue de la Russie dans les élections américaines de 2016 aux attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.

Ces propos sont particulièrement scandaleux quand on sait que le Président russe Vladimir Poutine a été le premier chef d'État à téléphoner à son homologue américain George W. Bush après les attentats du 11 septembre pour exprimer sa solidarité avec le peuple américain. Ensuite, afin de soutenir la Force internationale d'assistance et de sécurité en Afghanistan, la Russie a permis aux États-Unis et à l'Otan le transit terrestre et combiné (ferroviaire, routier et aérien) d'armes, de matériels et d'équipements militaires via son territoire. La Russie a fourni aux États-Unis tout le soutien politique et logistique nécessaire dans la lutte contre le terrorisme qui les avait agressés. La Déclaration commune des présidents russe et américain du 24 juin 2010 a constaté la mise en œuvre efficace de ces accords.

Par quoi étaient donc motivés ces propos d'Hillary Clinton? Est-il tellement difficile pour elle d'accepter sa défaite et ses erreurs qu'elle tient des propos si étranges, ridicules et scandaleux? Nous ne pouvons que le regretter.

 

Sur les propos d'un responsable de l'Ambassade américaine à Moscou

 

Le conseiller en chef de l'Ambassade américaine à Moscou, Michael Yoder, a proposé d'organiser une "compétition amicale" concernant le nombre de visas octroyé par les deux parties et a promis de doubler le volume de ces documents délivrés par la Russie.

Nous acceptons ce défi. Nous avons déjà publié hier un communiqué en ce sens. Nous proposons de commencer ces compétitions par le délai d'attente des entrevues pour l'obtention des visas et la rapidité d'examen des demandes de nos citoyens. La compétition doit être honnête. Comme nous l'avons déjà indiqué à plusieurs reprises, le délai d'attente pour cette entrevue obligatoire pour la plupart des catégories de citoyens russes a été porté à 300 jours en avril dernier. Comme il est pratiquement impossible d'obtenir cet entretien, il est tout simplement inutile de demander un visa.

Ce n'est qu'en réponse à cette initiative que la Russie a augmenté en mai dernier la durée d'examen des demandes des visas à court et à long terme à 15 jours et à 30 jours respectivement.

Nous estimons que les États-Unis créent de manière préméditée un blocus de visas. Nous avons déjà évoqué les cas des sportifs russes invités à des compétitions aux USA et des personnalités culturelles qui n'avaient pas pu obtenir à temps un visa américain. Ces difficultés créées de manière artificielle par les autorités américaines dans le domaine de l'octroi des visas, compliquent le maintien des liens d'affaires, culturels, sportifs, voire familiaux. C'est pourquoi nous acceptons ce défi. Fixons-en les règles communes. Nous y sommes prêts et attendons des propositions.  

 

Sur le projet lituanien d'immortaliser la mémoire du chef des "Frères de la forêt" Adolfas Ramanauskas-Vanagas

 

Vilnius poursuit sa politique de révision de l'histoire récente et tente de présenter  comme des héros et des martyrs nationaux les membres des bandes des "Frères de la forêt" qui ont agi sur le territoire lituanien après la guerre et ont énormément de sang sur les mains.

Dans ce contexte, nous sommes naturellement indignés par la décision des autorités lituaniennes de proclamer cette année comme celle de la mémoire d'Adolfas Ramanauskas-Vanagas, l'un des chefs des "Frères de la forêt". Une réinhumation solennelle de son corps devrait avoir lieu le 6 octobre au cimetière d'Antakalnis de la capitale lituanienne. L'aspect le plus cynique de la situation réside dans le fait que le tombeau d'Adolfas Ramanauskas-Vanagas, responsable de la mort d'un grand nombre de civils, se retrouvera près de ceux de plus de 5 000 soldats soviétiques morts pendant la libération de Vilnius des occupants fascistes.

Je voudrais rappeler que personne n'a annulé la décision de justice condamnant ses crimes de guerre contre les civils non-armés. Ce jugement n'a pas de délai de prescription.

 

Sur les événements organisés dans le sud de l'Italie avec la participation de la Fondation Saint-André à l'occasion des 110 ans du séisme de Messine 

 

Une délégation de la Fondation Saint-André, menée par le président du Conseil de surveillance de la Fondation Vladimir Iakounine, a organisé du 24 au 25 septembre une série d'événements consacrés aux exploits des marins russes venus au secours des victimes du séisme de Messine (Sicile) en 1908.

Une réception a notamment été organisée à bord de la frégate Amiral Essen de la Flotte russe de la mer Noire venue en Sicile pour cette occasion, à laquelle ont participé des représentants des autorités locales. Des commémorations solennelles ont été organisées à Messine, à Reggio de Calabre et à Taormine. L'événement central a été la table ronde "La Russie et l'Italie dans le dialogue culturel: les 110 ans de la tragédie de Messine", suivie d'une exposition thématique de photos, d'une conférence de presse et d'un concert de collectifs musicaux russes.

La visite de la délégation de la Fondation Saint-André en Italie a montré l'importance du rôle des associations sociales dans l'élargissement des contacts bilatéraux de la Russie avec d'autres pays.

 

Sur les propos du Sous-Secrétaire d'État américain Christopher Ford concernant le rôle prétendument destructeur de la Russie dans la base de données de l'AIEA sur les incidents et le trafic de substances nucléaires et radioactives

 

Le Sous-Secrétaire d'État américain Christopher Ford a annoncé le 29 septembre au cours d'un séminaire au Centre de conférences Wye River (Queenstown, Maryland) que la Russie "pourrait créer des obstacles" sur la voie de la base de données de l'AIEA sur les incidents et le trafic de substances nucléaires et radioactives. Selon Christopher Ford, cela s'expliquerait par l'introduction dans cette base par les Britanniques des données relatives à l'"utilisation par le Kremlin de polonium radioactif pour le meurtre d'Alexandre Litvinenko".

Nous regrettons que Christopher Ford ait révélé des informations de cette base de données, qui sont confidentielles et ne sont destinées qu'à une utilisation interne par les États membres de l'Agence.

La Russie travaille avec cette base de données. En même temps, nous sommes parfaitement au courant des limites de cet outil. Le problème réside dans le fait que le Secrétariat de l'AIEA n'assume aucune responsabilité pour les informations introduites à l'initiative des États membres. Ainsi, cette base constitue malheureusement un bon outil de fake news irresponsables et de règlements de comptes politiques, ce dont témoigne l'introduction par les Britanniques de désinformations sur l'affaire Litvinenko dans la base de données.  

Notre position sur cette base de données réside dans le fait que les États membres de l'AIEA peuvent y transmettre des informations de manière absolument volontaire (les statuts de l'Agence et les normes internationales ne prévoient aucune obligation en ce sens). Ces données ne peuvent pas servir à rédiger des analyses car cette base n'est en aucune façon complète et n'est pas protégée face aux initiatives politiques. Les informations de la base de données de l'AIEA ne doivent pas être transmises à des tiers.

Comme nous l'avons déjà établi, tout le monde ne veut pas respecter ces règles. Il faut souligner la position des Américains, qui ne présentent les données relatives à leurs propres incidents que très rarement et sous une lumière avantageuse pour eux-mêmes, exigeant en même temps que tous les autres États divulguent les informations les concernant. Encore un exemple de leur "exclusivité".

 

Réponses aux questions:

Question: Un certain progrès se profile à l'horizon dans les négociations sur le processus de paix dans le Haut-Karabakh: le Ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères Elmar Mamediarov a rencontré le Ministre arménien des Affaires étrangères Zohrab Mnatsakanian, et le Président azerbaïdjanais Ilhan Aliev a parlé au Premier ministre arménien Nikol Pachinian. Beaucoup observent la situation avec un optimisme prudent. Les experts estiment que c'est Moscou qui a préparé le terrain pour que ces entretiens aient lieu. Que pouvez-vous en dire? D'après vous, y a-t-il réellement un progrès et est-il possible de passer au niveau supérieur dans les négociations?

Réponse: Nous saluons les tendances positives qui se profilent à l'horizon. Il est important de les développer et ne pas les gâcher par une rhétorique imprudente qui, malheureusement, se fait aussi entendre ces derniers temps. De notre côté, nous apporterons à ces tendances positives toute la contribution nécessaire.

Question: Est-il prévu de soulever la question du Haut-Karabakh dans le cadre de l'entretien du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec Enzo Moavero Milanesi, Président en exercice de l'OSCE et Ministre italien des Affaires étrangères?

Réponse: Je vais me renseigner. Il se pourrait que ce thème soit abordé. Je demanderai si ce sera le cas ou non. Je vous invite à venir à la conférence de presse qui se tiendra à l'issue de la rencontre et à prendre connaissance des résultats de l'entretien.

Question: Pouvez-vous expliquer plus en détail ce qui sera évoqué concernant le dossier libyen pendant la visite du Ministre italien des Affaires étrangères Enzo Moavero Milanesi? Je pense que vous savez que la Libye est un thème très délicat pour nous.

Réponse: L'échange de points de vue sur le dossier libyen entre la Russie et l'Italie se déroule régulièrement à différents niveaux. Chaque rencontre porte indéniablement sur ce thème délicat, comme vous l'avez justement noté. Je dirais que ce thème est important. Et selon les représentants italiens, il est fatidique pour l'Italie. De notre côté, nous avons avancé à de nombreuses reprises des propositions globales adressées à nos collègues italiens, aux représentants d'autres pays, à l'organisation internationale chargée de ce problème. Le Président russe Vladimir Poutine en a parlé hier, notamment en ce qui concerne le travail avec le flux de migrants, de réfugiés. Il existe aujourd'hui une opportunité unique de leur permettre de retrouver leur foyer, notamment en Syrie. Nous avons toujours dit que la normalisation de la situation dans la région devait jouer un rôle exclusif, mais pas unique, dans ce dossier très complexe.

La stabilisation est nécessaire pour que le processus de retour des réfugiés et leur réintégration active à la vie normale sur le territoire de leur pays devienne le gage de l'inadmissibilité qu'une telle chose se reproduise à l'avenir, et du règlement global de cette situation. Il est pratiquement impossible de régler ce problème sans normaliser la situation dans la région. Le nombre de réfugiés augmente, leurs problèmes deviennent plus globaux, les gens ne viennent pas simplement sur le territoire des pays de l'UE: ils entraînent forcément derrière eux de nouveaux flux, ce qui crée des complications supplémentaires. C'est pourquoi il est impossible de régler ce problème localement: il faut revenir dans la région et y remettre de l'ordre. Du moins, il faut tout faire pour que la situation ne s'y aggrave pas. Je pense que sur l'exemple de la Syrie, la communauté internationale voit que c'est possible. S'il y a encore deux ans nous avions imaginé avec vous que les réfugiés syriens, les déplacés internes et les migrants voudraient revenir chez eux, je pense que nous n'y aurions pas cru. Aujourd'hui, c'est la réalité. Les opérations actives pour éliminer les combattants et les terroristes, les efforts politiques pour unir et non séparer les opposants politiques, les actions pour initier leur dialogue, la contribution au début des discussions sur la réforme constitutionnelle et l'avenir politique de la Syrie, l'aide humanitaire, le dialogue multilatéral régulier entre les principaux acteurs – tout cela est devenu une base globale pour que la vie en Syrie se normalise et pour que les gens veuillent et puissent y revenir. C'est précisément le gage de la normalisation de la situation en Syrie, dans la région et en Europe.

Des schémas et des approches similaires, mais pas identiques, doivent être utilisés dans d'autres pays, notamment en Libye. Les pays impliqués dans le règlement du problème libyen ne doivent pas déchirer le pays, créer des forces opposées les unes aux autres, miser sur les uns ou sur les autres, mais conduire la situation vers l'unification, le consensus national, la construction d'une nouvelle structure étatique libyenne, bien évidemment en respectant le droit international. Il faut vraiment aider, car c'est la communauté internationale qui a plongé la Libye dans l'abîme des malheurs et des souffrances actuelles. Les approches de base et les principes qui ont été appliqués vis-à-vis de la Syrie (le dialogue multilatéral des acteurs, l'aspiration au consensus politique, la capacité des puissances régionales et mondiales à voir l'essentiel derrière leurs intérêts privés, qui ont aussi leur importance) peuvent être appliqués à d'autres pays de la région où, malheureusement, les problèmes persistent. Tout cela est évoqué et sera évoqué régulièrement. C'est seulement après les pourparlers que nous saurons quelles thèses de discussion concrètes seront trouvées. Mais je vous assure que les chefs de diplomatie de nos pays partageront leurs positions avec vous.

Question: La question de la conférence de Palerme, prévue mi-novembre, sera-t-elle soulevée? La Russie y participera-t-elle?

Réponse: La participation de la Russie à la conférence de novembre de haut niveau sur la Libye est prévue. Le niveau de représentation et d'autres paramètres concrets doivent encore être déterminés. Nous vous en informerons. C'est un événement important non seulement pour l'Italie, mais également pour l'Europe. Il est en cours de préparation.

Question: Le vice-Ministre afghan des Affaires étrangères Hekmat Karzaï a déclaré que les différends entre la Russie et les USA sur la politique internationale pourraient affecter négativement la situation en Afghanistan. Que pouvez-vous dire à ce sujet?

Réponse: Nous entreprenons des efforts et des démarches efficaces pour normaliser la situation en Afghanistan. En effet, nous ne sommes pas d'accord avec de nombreuses actions des USA vis-à-vis de ce pays parce que, malheureusement, elles n'améliorent pas la situation sur le terrain mais la détériorent, comme le prouvent les faits depuis plusieurs années. Nous sommes ouverts au dialogue avec les USA à ce sujet, mais Washington ne semble pas disposé à entretenir la discussion.

Nous pensons que s'il y a des différends (et ils existent, je viens d'en parler), ils doivent être réglés à la table des négociations. Nous y sommes disposés et nous y avons appelé les USA à plusieurs reprises. A une certaine étape (il n'y a pas si longtemps) ils ont exprimé une telle disposition. Mais dès qu'on en est venus à l'aspect pratique, à un échange entre les représentants, au début des négociations, tout est revenu dans l'ombre pour des raisons qu'on ignore. Le dialogue et l'échange de points de vue sont tout simplement bloqués.

Nous sommes d'accord sur le fait qu'unir les efforts des pays qui ont des choses à dire sur la situation en Afghanistan ne serait que bénéfique pour ce pays. Nous sommes prêts à un tel travail.

Question: La visite du Président russe Vladimir Poutine en Inde a commencé aujourd'hui. Que pensez-vous de la signification de ce voyage au regard de la situation internationale? Quelles sont les perspectives des relations bilatérales entre la Russie et l'Inde?

Réponse: Nous avons pour règle de ne pas commenter l'agenda présidentiel. C'est la prérogative du service de presse du Président de la Fédération de Russie.

En ce qui concerne les relations bilatérales, beaucoup d'informations officielles ont été publiées à ce sujet. Nous avons une coopération intégrale avec l'Inde dans tous les domaines. Je pense que bien des choses seront encore dites à ce sujet pendant la visite.

Question: Aujourd'hui, l'Ukraine a proclamé persona non grata le consul hongrois à Beregovo. Que peut dire la Russie à ce sujet?

Réponse: Le Ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto s'est exprimé très clairement à ce sujet à l'issue de l'entretien avec son homologue russe.

Nous parlons régulièrement, y compris aujourd'hui, de la violation des droits des minorités et des droits de l'homme en Ukraine. Ce qui se passe dans ce pays est sans précédent pour l'Europe contemporaine.

Pour dissidence, pour leur volonté de développer ou simplement de maintenir et de préserver (sans parler de développement) leur identité culturelle, des personnes sont persécutées en Ukraine. Malheureusement, il ne s'agit pas de manifestations isolées de forces destructives, mais de l'ordre du jour de l’État. On peut débattre longtemps pour savoir si c'est intentionnel ou si c'est dû à l'impossibilité de faire face aux casseurs et aux nationalistes agressifs qui contrôlent de facto l’État. Mais cette question relève du domaine de compétence des experts.

Bien sûr, la voix des structures européennes et internationales doit être bien plus forte, voire énervée, parce que la situation se dégrade sérieusement.

Question: Le Premier ministre japonais Shinzo Abe vient d'être réélu. La Russie continuera-t-elle d'insister sur la signature d'un traité de paix sans conditions préalables avec le Japon?

Réponse: Notre position à ce sujet reste inchangée, et le gouvernement russe en a parlé récemment.

Question: Le conseiller du Président américain John Bolton a déclaré hier que les USA se soustrayaient à la juridiction de la Cour internationale de justice. Est-ce qu'à présent, les décisions et les résolutions de l'Onu auront uniquement valeur de recommandation pour Washington? Comment, selon la Russie, cette évolution influencera-t-elle les pouvoirs et l'autorité de l'Onu? Je voudrais également rappeler le cas de la Cour pénale internationale (CPI). Les USA se retirent continuellement de la juridiction des organisations juridiques internationales. Que pouvez-vous dire à ce sujet?

Réponse: Je vais devoir me renseigner concernant les déclarations de John Bolton.

Quant à la CPI, la situation est bien plus complexe. Les Américains ne sont pas simplement sortis de sa juridiction, ils ont même lancé une campagne de persécution des juges. C'est un nouveau pas dans leur interprétation du droit international, de leur propre "exclusivité".

La question est de savoir (comme cela a été dit pendant la discussion politique dans le cadre de la 73e session de l'Assemblée générale des Nations unies) dans quel paradigme nous vivons: soit dans le paradigme du droit international en tant que milieu commun d'existence, mis au point à la fin de la Seconde Guerre mondiale et initié par la création de l'Onu quand le monde a été horrifié en voyant quel résultat pouvait provoquer le concept d'exclusivité d'un pays; soit dans le paradigme promu par plusieurs pays occidentaux de l'"ordre basé sur des règles", qui sont créées par ces mêmes pays "exclusifs" à leur entendement en fonction de la conjoncture – tout le monde doit vivre comme ils l'ont décidé. Actuellement, nous assistons précisément à la concurrence entre ces deux paradigmes. Lequel prendra le dessus? On préférerait que ce soit le premier, parce que malgré toutes ses lacunes il fonctionne et apporte des résultats. Le second, dans la perspective historique, a également fonctionné, sauf qu'il a donné des résultats négatifs. Les approches des USA s'inscrivent dans le second idéologème, et il est très dangereux.

Question: Le Président russe Vladimir Poutine a qualifié hier Sergueï Skripal de "traître" et de "pourriture". Je voudrais savoir si Sergueï Skripal avait déjà été privé de sa citoyenneté russe. De telles déclarations n'empêchent-elles pas le consul russe d'obtenir un accès aux Skripal?

Réponse: Premièrement, je ne vois aucun lien entre ces déclarations et le travail de nos consuls, parce que la déclaration que vous citez a été faite hier, alors que nos consuls tentent depuis six mois d'avoir un accès aux Skripal. Quel est le lien? Il n'y en a pas.

Deuxièmement, c'est le tribunal qui a reconnu que Sergueï Skripal était un traître. Le Président russe Vladimir Poutine n'a fait que citer le verdict du tribunal. De plus, ce verdict a été mis en application:Sergueï Skripal a été condamné et a purgé une peine de prison.

En quoi consiste la nouvelle? Il était un traître, son activité a été percée à jour, une enquête a été menée, un procès s'est tenu, il a été placé en détention, il y a passé plusieurs années, puis il a été échangé. Ce qui ne change rien au fait qu'il soit un traître. C'est ainsi que le tribunal en parlait, c'est ainsi qu'il entrera (et est déjà entré) dans l'histoire. Que faire.

Nous avons tous le droit de donner notre avis. La notion de "traître" a été fixée par le tribunal. Chacun de nous l'interprète également avec des nuances émotionnelles – comme chacun l'entend.

En ce qui concerne le statut de la citoyenneté de Sergueï Skripal et de Ioulia Skripal, nous partons du principe qu'il s'agit de citoyens russes. C'est en cette qualité que nous demandons un accès à eux. Je voudrais rappeler que cela nous a été refusé. En fait, cet accès n'a été accordé à personne.

Vous avez formulé votre question de manière intéressante: la déclaration du Président russe Vladimir Poutine du 3 octobre empêcherait les consuls russes d'avoir accès aux Skripal. Vous savez parfois si bien tourner les phrases!

Pendant six mois, notre Ambassade a proposé aux autorités britanniques de mettre en œuvre tout scénario basé sur des accords bilatéraux, et maintenant la déclaration de notre Président pourrait compliquer l'accès aux Skripal? Vous pensez vraiment que des déclarations, que ce soit du président ou des experts, puissent influencer la décision du Royaume-Uni concernant l'accès consulaire à nos citoyens? C'est la position de principe, la position politique, de Londres. Elle ne s'appuie pas sur le droit. Si elle était basée sur le droit, les Anglais auraient été obligés d'accorder un accès. Ils ont renoncé à l'application de ce droit en l'occurrence. Des accusations politiques ont été faites immédiatement. L'accès à nos citoyens a été bloqué précisément pour des raisons politiques.

Les déclarations émotionnelles ou contenant des citations ne changeront rien à la position de Londres, précisément dans le sens où ils ont entièrement renoncé aux procédures juridiques. Comme le prouve leur refus, depuis six mois, d'accorder un accès aux citoyens russes, de coopérer avec le Comité d'enquête russe ainsi que d'autres organes policiers et de mener une enquête conjointe. Il est donc étrange de dire que quelque chose pourrait influencer cela. Leur position fondamentale consiste à renoncer complètement à l'usage de mécanismes juridiques au profit de déclarations et de provocations politiques. C'est précisément ce qu'ils font depuis six mois.

Si nous constations des procédures juridiques ou une enquête transparente et ouverte, alors toutes les déclarations russes pourraient être perçues comme un facteur de pression, d'ingérence ou pourraient nuire.

Mais tout cela a commencé par une déclaration politique de la Première ministre britannique, par une agression vis-à-vis la Russie. Tout a commencé comme un spectacle politique, comme nous l'avions immédiatement dit. D'ailleurs, nos propos de l'époque nous ont valu beaucoup de critiques, pour savoir pourquoi la Russie avait qualifié la situation de "spectacle politique". Six mois se sont écoulés. Avez-vous d'autres définitions du processus en cours? Il n'a certainement rien à voir avec le droit. C'est un véritable spectacle politique qui se joue. En fait, aucune déclaration et aucun argument politique ou juridique n'aura d'effet sur Londres parce qu'il agit d'un engagement politique grossier et étrange qui porte atteinte à l'image de Londres.

Je voudrais citer un exemple. Quand la délégation russe menée par le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'est rendue à l'Onu pour la 73e session de l'Assemblée générale, le thème de Salisbury a été soulevé plusieurs fois par la partie britannique pendant les discussions politiques (vous vous souvenez des déclarations faites à la tribune, dans les salles de réunion et pendant les conférences de presse). Ce thème était dominant pour la partie britannique pendant leur travail à New York. Vendredi, après un séjour de presque cinq jours à l'Onu, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a tenu une conférence de presse. Les représentants de tous les médias étaient dans la salle: la télévision, les agences de presse, les journaux et les sites du monde entier. La conférence de presse a duré plus d'une heure, et plus de seize questions ont été posées. Nous ne l'avons pas modérée ni organisée, nous avons laissé la possibilité à tous les journalistes de poser toutes les questions qu'ils voulaient. D'après vous, est-ce que quelqu'un a posé des questions sur la situation autour des Skripal, de Salisbury et d'Amesbury? Aucun journaliste ne s'est intéressé à ce sujet. Alors qu'il s'agissait d'une excellente opportunité – la délégation britannique venait de mentionner tant de fois Salisbury pendant les activités officielles.

Voilà le chef de la délégation russe devant vous, à qui vous pouvez poser n'importe quelle question, mais pour une raison qu'on ignore le corps journalistique international n'a posé aucune question, alors que des gens très expérimentés travaillent à l'Onu, certains depuis 20 ou 30 ans. Ils savent simplement très bien que c'est un spectacle politique sans la moindre preuve. C'est effectivement le cas, mais il n'a pas encore été présenté. Du côté de Londres, il n'y a que des fuites et des intox, et les journalistes internationaux, qui connaissent le prix des tragédies et des crimes internationaux, le savent parfaitement. Aucune question.

Je voudrais souligner à nouveau que nous avons donné la parole à tous les journalistes qui voulaient s'exprimer. Certains criaient les questions de leur siège, les transmettaient ou se désignaient. Aucune n'a été posée sur les Skripal.

Question: Le Ministère russe des Affaires étrangères, par votre intermédiaire, avait dit qu'il demanderait aux USA des informations pour savoir ce qui se passait au Centre de recherche sur la santé publique Lugar. Je rappelle qu'on y organise probablement des expériences sur des humains avec une issue létale. Récemment, après l'entretien à Prague du Représentant spécial du Premier ministre géorgien Zourab Abachidze avec le Secrétaire d’État et vice-Ministre russe des Affaires étrangères Grigori Karassine, la Géorgie a invité les experts russes à visiter ce laboratoire et participer à une conférence internationale. Les experts russes vont-ils accepter cette invitation et quand se rendront-ils dans ce laboratoire?

Réponse: Nous demanderons des précisions concernant la visite et l'obtention d'une réponse des USA.

Question: Le processus de rédaction de la nouvelle Constitution syrienne a été évoqué à l'Onu. Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov en a parlé plusieurs fois. Les USA menaçaient que si le Président syrien Bachar al-Assad n'entamait pas rapidement ce processus, il serait sanctionné. Je voudrais connaître votre avis pour savoir à quel stade se trouve actuellement le processus constitutionnel. Des négociations ont eu lieu entre Damas et les Kurdes. Il a récemment été annoncé qu'elles avaient été suspendues. Comment la Russie motive-t-elle Damas et les Kurdes à négocier?

On rapporte que le Front al-Nosra a annoncé sa dissolution à Idleb, mais par le passé cette organisation avait déjà changé de nom et continué d'agir. Y a-t-il des informations concrètes à ce sujet? Si la mise en place de la zone démilitarisée à Idleb n'était pas annoncée d'ici le 15 octobre 2018, comment évoluerait la situation? L'opération militaire resterait-elle à l'ordre du jour?

Réponse: En ce qui concerne l'opération militaire – cette question s'adresse au Ministère russe de la Défense. Je pense qu'il fera prochainement un commentaire à ce sujet. En ce qui concerne le Comité constitutionnel, le travail avance de manière très compliquée. Malheureusement, tout le monde n'adopte pas une position constructive, mais nous essayons de changer la situation et de faire en sorte que le travail avance dans un sens constructif.

Au sujet des négociations entre Damas et les Kurdes – vous savez que la Russie non seulement les salue, mais aussi qu'elle fait tout pour qu'elles soient multiformes parce que la consolidation nécessaire pour que la Syrie vive et renaisse comme neuve, comme un État renouvelé, est tout simplement impossible sans la participation des Kurdes. Et nous en avons parlé non seulement avec les représentants syriens, mais également avec nos partenaires étrangers.

Question: Je voudrais revenir au thème de la Chine, car le vice-Président américain Mike Pence a déclaré que l'ingérence de la Russie dans l'élection présidentielle américaine, qui aurait eu lieu en 2016 selon les USA, s'estompait face aux actions actuelles de Pékin. Selon lui, les autorités chinoises s'ingèrent activement dans les élections de mi-mandat au Congrès. Pourquoi le pays qui revendique être le "berceau de la démocratie" a-t-il constamment besoin de trouver des coupables d'ingérence dans ses élections?

Réponse: Je pense que c'est précisément le problème et que la réponse se trouve dans votre question: parce qu'ils ont constamment besoin de coupables. Si, jusqu'à récemment, ils se limitaient à leur espace intérieur et trouvaient des coupables chez eux (nous avons assisté à tellement d'histoires lors des courses électorales, pendant lesquelles tout le monde est accusé à tort et à travers), à présent ils ont décidé de se tourner vers la communauté internationale, manifestement pour une question d'ampleur ou parce qu'ils ont pris conscience du fait que le marché intérieur s'était épuisé ou ne répondait pas à leurs exigences. Il faut tout simplement trouver des coupables pour leur faire porter le chapeau de leurs échecs ou à des fins d'intimidation. Pour consolider ses partisans grâce aux prétendus "ennemis extérieurs". C'est un instrument très pratique qui ne nécessite aucune preuve, car même si je ne suis pas certaine que les USA, comme vous l'avez dit, soient le "berceau de la démocratie" (je crois que ce "berceau" se trouve ailleurs), c'est un pays qui a effectivement beaucoup fait en ce sens, et de telles déclarations destinées au public intérieur nécessitent toujours une confirmation. Si quelqu'un aux USA s'adressait avec de telles revendications aux Américains - à une compagnie américaine, aux politiciens américains, aux personnalités américaines - dès le lendemain serait déposée une plainte suivie d'un procès sérieux et coûteux. Or quand on accuse un État, c'est une forme non personnifiée d'accusation, c'est difficile, voire impossible de rédiger une plainte. Sachant que l'effet est grandiose. C'est tout. Ce qui se passe actuellement dans nos relations, et au-delà - ce que fait Washington vis-à-vis de la Chine - est affligeant. Honnêtement, un tel comportement n'est pas digne d'une grande puissance dont les USA  revendiquent le statut. Cela vaut pour la guerre commerciale déclenchée par les USA contre la Chine, les déclarations d'aujourd'hui au sujet des cyberattaques, et ainsi de suite. C'est un comportement indigne.

Question: Varsovie va envoyer à Moscou un diplomate spécialisé dans la vente de produits agricoles - c'est ce qu'a déclaré le Ministre polonais de l'Agriculture et du Développement rural Jan Krzysztof Ardanowski. Il a expliqué que de tels spécialistes - des conseillers - allaient des marchés d'écoulement des produits agricoles à l'étranger.

Réponse: Peut-être qu'ils vendront nos produits agricoles?

Question: Savez-vous quoi que ce soit à ce sujet? Peut-être que Varsovie se prépare à ce que les sanctions soient levées et, par conséquent, que l'embargo alimentaire soit levé. Peut-être que les Polonais prennent les devants pour promouvoir les pommes polonaises?

Réponse: J'ignore tout à ce sujet. Je trouve cette affirmation illogique. Pourquoi? Pour la bonne et simple raison que les sanctions sont prolongées notamment avec la participation de la Pologne. Si Varsovie n'est pas d'accord avec les sanctions et les trouve nocives, alors nous accueillons tous les diplomates qui viennent chez nous à des fins pacifiques, qui plus est avec des plans de coopération – ils sont toujours les bienvenus.

Question: Peut-être qu'il est question de la levée des sanctions?

Réponse: Pour cela, il suffit simplement à la Pologne de ne pas se prononcer pour les sanctions, de ne pas les soutenir – c'est tout. Vous comprenez, quand viennent des experts, des diplomates et, d'ailleurs, des journalistes de l'UE pour nous demander ce qu'ils doivent faire avec les sanctions, c'est à eux qu'il faut poser cette question. Vos pays, vos politiciens, vos chefs d’État soutiennent ces sanctions à chaque fois. La solution réside uniquement dans la position ne serait-ce que d'un seul pays. Même un seul pays est capable de changer cette situation.

Question: Si le thème des fournitures de gaz en Europe restait d'actualité, y a-t-il un espoir de rétablissement de la coopération énergétique entre la Bulgarie et la Russie compte tenu de la résolution du Parlement européen du 17 avril 2014?

Réponse: Votre question est la même que la précédente. Il ne s'agit pas de la Russie. Nous sommes ouverts à la coopération. Il s'agit ici des pays membres de l'UE, qui doivent comprendre ce qu'ils veulent: coopérer (nous y sommes toujours disposés) ou participer, malheureusement, à des intrigues politiques qui influencent les intérêts nationaux des pays. Cette question s'adresse à eux.

Quant à la coopération à ce sujet, le Président russe Vladimir Poutine en a parlé en détail hier.

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Je voudrais terminer par une annonce: la prochaine conférence de presse se tiendra mercredi 10 octobre à 15 heures dans la ville de Koktebel.

Nous avons mentionné aujourd'hui Maximilian Volochine, j'ai toujours voulu visiter cette ville et à présent cette opportunité s'offre à moi. La conférence de presse aura lieu à l'adresse rue Aïvazovski 19a, dans la maison du journaliste Dmitri Kisselev. Vous l'avez vu: les médias ont accordé beaucoup d'attention à sa maison, en disant qu'elle était secrète. Des investigations ont eu lieu, alors que cette maison était mentionnée dans plusieurs magazines et que des reportages avaient été réalisés il y a 7-8 ans. Nous ouvrirons prochainement l'accréditation pour les journalistes.

Je voudrais attirer l'attention des journalistes qui ont le plus écrit à ce sujet. Ne voulez-vous pas profiter de cette opportunité pour lier l'agréable à quelque chose d'encore plus agréable: vous familiariser avec ce que vous avez décrit dans vos articles et assister à notre conférence de presse? Nous voudrions inviter notamment certains journalistes étrangers qui ont accordé une attention particulière à la maison du journaliste. Il s'agit des correspondants américains, par exemple la directrice de Radio Liberty à Moscou Elena Nazarets, le correspondant en chef de National Public Radio Lucian Kim, ou encore des représentants de Meduza, qui se trouve en Lettonie et a également publié des articles. Je pense que c'est une excellente occasion de voir de leurs propres yeux ce qu'ils ont décrit de manière si pittoresque. Nous attendons tout le monde, notamment les médias étrangers qui ont accordé beaucoup de forces et d'énergie à cette question palpitante.

Koktebel est un endroit magnifique. Je n'ai, pour l'instant, que lu sur cette ville. Elle a été décrite et glorifiée par nos poètes de l'Âge d'argent, les peintres et les écrivains. Merci à Dmitri Kisselev pour la mise à disposition de ce lieu.

A bientôt à Koktebel.

 

 

 

 


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