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Sténogramme de l'intervention de S.V.Lavrov, Ministre des affaires étrangères de la Russie, à l'IERIM (Ou) du MAE de la Russie, 1er septembre 2010

1164-01-09-2010

Chers Anatoly Vassiliévitch et Alexandre Nikolayévitch,

Chers collègues, amis,

Je me joins aux félicitations que nous avons entendues ici à l'occasion de la rentrée des classes. Je félicite ceux qui sont entrés à l'Université cette année et qui sont présents dans cette salle.

L'université a donné à beaucoup d'entre nous la "feuille de route" de la vie, nous a armés de connaissances inestimables. Nous avons plusieurs exemples du succès, obtenu par beaucoup de promus de notre Université. Vous avez des gens à vous aligner dessus et à vous servir de leur expérience.

Le collectif des scientifiques et des professeurs de l'Université a toujours répondu et répond aux plus hautes exigences envers l'enseignement supérieur actuel. Les programmes d'études reflètent les processus importantissimes, qui se passent dans la vie sociopolitique et économique du pays, dans le monde en général. C'est cet alliage – professeurs hautement qualifiés, administration créatrice, discipline et visée permanente des formes innovationnelles de l'enseignement – qui permet à l'IERIM de former les effectifs prometteurs pour les organismes d'état, les structures scientifiques et d'affaires et pour beaucoup d'autres domaines, où une personne peut faire preuve de ses capacités.

Cela dit, l'IERIM est loin de l'idée de dormir sur ses deux oreilles serein. Elle continue d'évoluer activement, occupe fermement sa place dans la cohorte des écoles supérieures leaders du pays, jouit d'un sérieux prestige international et s'adapte efficacement aux changements dans la situation socioéconomique, comme c'était le cas dans les années, où nous ressentions les conséquences de la crise économique globale.

Ce ne serait pas dévoiler un secret que de dire, que l'Institut reste toujours le principal fournisseur des effectifs pour le Ministère des affaires étrangères. Presque deux tiers de personnes reçues cette année au service diplomatique sont les promus de l'IERIM.

Septembre inaugure l'année non seulement d'études, mais aussi politique. Pour nous, cette année politique signifie, avant tout, la réalisation au maximum précise et efficace des tâches, posées par D.A.Medvédev, Président de la Fédération de Russie, à la réunion de juillet des ambassadeurs et des représentants permanents russes. La réunion s'est transformée en une conversation concrète, qui est en rapport direct, entre autres, avec le processus d'études et les recherches menées par l'IERIM et l'Académie diplomatique. Il s'y est agi des affaires pratiques à la lumière des changements dans la situation internationale, et surtout – à la lumière des exigences de la vie envers notre développement intérieur.

Sur mission du Président a commencé le travail d'utilisation des sources extérieures de la modernisation. Cette tâche gère actuellement toute notre activité de politique étrangère. Nous avons élaboré les critères, sur la base desquels on peut juger en toute conscience des résultats des mesures prises dans notre travail diplomatique. On prépare les décisions de consolidation ultérieure du rôle coordinateur du MAE.

L'analyse du développement de la situation internationale, énoncée par le Président à la réunion des ambassadeurs, sert de puissant signal de la visée positive de la modernisation de la politique étrangère de la Russie. Cela étaie les positions de nos partenaires, de nos compagnons d'idées, qui sont aussi intéressés au rapide dépassement de l'héritage de «la guerre froide» – tant au niveau des idées que dans les affaires pratiques.

Quand nous parlons de la réorientation en modernisation de notre diplomatie, nous n'abandonnons point les principes de base de notre philosophie de politique étrangère : pragmatisme, caractère ouvert, multivecteur, promotion non confrontationnelle des intérêts nationaux. Au contraire, il s'agit bien de l'utilisation au maximum de ces principes appliqués aux impératifs d'aujourd'hui du développement du pays. Le Président a surtout mis l'accent dessus.

Aujourd'hui, le monde entier se trouve à l'étape charnière de son évolution. Le capitalisme libéral a fait le tour complet en ces 300 dernières années pour se heurter aux mêmes butées, avant tout morales et motivantes, qui ont fait partie intégrante de ses «douleurs de l'enfantement». Ce qui nivelle grandement tous face au défi commun de modernisation. Les nouvelles réalités dictent l'ordre du jour unificateur dans les rapports internationaux, car on ne peut s'opposer aux défis communs que par les efforts conjoints, dans l'esprit de la responsabilité solidaire.

La crise a radicalement modifié les conditions des débats sur les problèmes clé du développement international, projetés sur ceux qui «commande la musique» dans l'architecture des finances internationales, sur ce que sont les «valeurs communes», qu'il faut, si tant est qu'ils soient «communes», formuler en commun, quels doivent être les modèles optima du développement socioéconomique.

Ce sont, par exemple, les discussions à propos de la soi-disant fin du progrès, qui parlent de l'ordre du jour réel en Euro-Atlantique, c'est-à-dire à propos des problèmes comme la recherche des voies de maintien en Europe du niveau de vie, de la mise de l'humanité en conformité avec les capacités des ressources de la planète, la jonction des stratégies du développement national avec le besoin de garantir le développement à l'échelle globale. On est en fait en présence de la réévaluation de la notion même de progrès.

C'est directement lié avec le sujet des débats internationaux comme le «reformatage» du rôle de l'état dans l'économie nationale et globale. L'ensemble de ces problèmes est posé à l'ordre du jour du Forum politique de Iaroslavl, dont la deuxième séance aura lieu la semaine prochaine avec la participation du Président de la Russie, des leaders de plusieurs autres états, d'hommes politiques éminents, de savants, de praticiens.

A la lumière de la vaste expérience historique et de l'illumination, provoquée par la crise, vient aussi la compréhension de ce que la toute première obligation de chaque membre de la communauté internationale est de mettre de l'ordre dans sa propre maison. Cela s'accorde avec la vérité chrétienne profonde sur le pain quotidien. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas faire de projets pour l'avenir, mais qu'ils doivent constituer un projet conjoint.

Le statut de la Russie, comme de tout, dépendra dans le monde moderne de la capacité à la modernisation d'ensemble. De la modernisation, qui englobera non seulement la politique socioéconomique, y compris la stabilisation du secteur financier et la refonte de la structure de l'économie, mais toutes les autres parties de la vie de la société, y compris l'enseignement, le mode de vie, la conscience sociale, dont la philosophie des élites politiques. Cela suppose aussi le besoin de mener la politique étrangère sur la base des intérêts nationaux nettement définis, de manière pragmatique, créatrice, en rejetant le parti pris idéologique et autre.

La situation de qualité nouvelle pose la tâche de l'harmonisation de nos relations avec tous les partenaires, qui peuvent devenir les sources extérieures de notre modernisation. Eux, à leur tour, ont besoin des capacités de la Russie, de son potentiel du développement et de la croissance économique, de son marché, de ses ressources financières et intellectuelles. Cet intérêt réciproque dicte la logique de l'interpénétration des économies et des cultures, y compris la pratique corporative politique et l'éthique.

Cela dit, il ne s'agit pas de l'abandon de notre histoire, de nos valeurs morales et spirituelles, de tout le meilleur qu'ont donné à nous et au monde plusieurs siècles de développement historique du pays. Il s'agit ce cette même nationalisation de la politique étrangère, si l'on reprend le langage du chancelier A.M.Gortchakov, qui suit toujours la nouvelle période de troubles, qu'ont été pour la Russie les années 90 du siècle dernier.

Tous les critiques des réformes de Pierre Ier évitent soigneusement la question de l'avenir la Russie, si elle n'avait pas suivi la voie qu'il a tracée. Et la question était posée très crûment – ou la modernisation et la participation aux affaires européennes d'égal à égal, ou la transformation du pays en matière première pour la refonte territorial et politique de la partie Est de l'Europe. Je ne craindrai pas de dire, que toutes les différences étant entre notre époque et celle-là, aujourd'hui la question est non moins actuelle.

La Russie a besoin d'alliances de modernisation avec les états leaders comme l'Allemagne, la France, l'Italie, avec l'Union Européenne en général. Si avant l'intercomplémentarité de nos économies était comprise comme l'échange des matières premières contre les marchandises industrielles, aujourd'hui on a besoin d'approche de toute autre qualité, visant la création de l'espace commun commercial économique, d'investissements, technologique. L'importance de la transformation pour toute la politique européenne et euratlantique reviendrait aussi à l'abandon réciproque du régime de visas pour les voyages entre la Russie et l'Union Européenne. Son maintien peut créer des problèmes pour la mise en pratique de nos projets communs. Au sommet à Rostov d'il y a trois mois nous avons remis aux partenaires le projet de l'accord approprié, et nous attendons leur réaction constructive.

Au sommet Russie-UE de Rostov le cap a été mis sur le «partenariat pour la modernisation». Il suppose l'élaboration conjointe de gros projets, qui permettent d'utiliser au maximum les avantages comparés des parties et de garantir la stabilité de nos économies face aux éventuelles nouvelles «vagues» de la crise globale.

La récente visite aux USA du Président D.A.Medvédev a montré, que la coopération innovationnelle crée un ordre du jour positif dans nos rapports avec l'Amérique aussi. Les plus importantes puissances mondiales ne seront jamais d'accord sur tout. Mais l'aspiration à entendre le partenaire et à aboutir à la compréhension commune de l'étape actuelle du développement international, c'est-à-dire quel est le monde où nous visons et dans quel sens il évolue, crée les conditions pour une plus grande complicité au niveau de la politique pratique, des approches aux problèmes internationaux concrets.

Nous ne pouvons pas être d'accord avec tout, par exemple avec le contenu de la Stratégie de la sécurité nationale des USA, publiée en mai. Elle contient pas mal d'éléments traditionnels de la philosophie de politique étrangère, qui sont tout simplement périmés. Mais une autre chose est aussi importante, et c'est ce qui nous unit : la compréhension du fait, que la base de la sécurité nationale est faite de l'avancement du développement intérieur stable. L'approche américaine d'ensemble à la garantie de la sécurité, qui part de la reconnaissance des limites de ce qui peut être fait, appui pris sur la force militaire, coïncide également avec le nôtre. Nous saluons aussi le tournant vers la diplomatie multipartite et les efforts conjoints dans l'intérêt de régler des problèmes communs pour tous les états. Tout cela, je le répète, figure dans la Stratégie de la sécurité nationale des USA.

A ce propos, je noterai le livre de P.Beinart «Le Syndrome d'Icare», qui a paru sous l'égide du Conseil de New York pour les relations internationales et contient une analyse assez critique de la philosophie de politique étrangère des USA, qui avait défini le rôle de l'Amérique dans l'histoire mondiale du siècle dernier, dans ses triomphes et tragédies. La position de l'auteur, sa sincérité ne peuvent pas laisser indifférent. Je crois que c'est la haute norme de l'honnêteté intellectuelle. Cela confirme que sous l'Administration actuelle, les changements en Amérique peuvent devenir réalité tout en consolidant les fondations pour le dénominateur pragmatique commun en politique étrangère entre la Russie, les USA et l'Europe, pour la mise au point de la culture du leadership commun dans les affaires internationales avec les autres grandes puissances.

Le XXe siècle s'est caractérisé par la suridéologisation, qui a eu des conséquences catastrophiques pour l'Europe et le monde entier, y compris deux guerres mondiales et la «guerre froide». Maintenant, nous comprenons, à quel prix insensé des vies humaines et des ressources matérielles avait été payée la lutte des idéologies en conflit, qui promulguaient la confrontation, des projets parfois utopiques. Cette lutte distrayait des problèmes réels, vraiment existentiels, de l'humanité, y compris la pauvreté globale, la dégradation de l'environnement, les changements climatiques, les catastrophes naturelles et technogènes.

Les menaces actuelles à la sécurité ne peuvent pas avoir de solutions simples dans l'esprit de la ligne Maginot ou de projets globaux unilatéraux de la NMD. Elles ne peuvent pas servir d'alternative à la recherche des solutions des problèmes existants par les pourparlers. La hausse des mises ne laisse pas de place à l'analyse rationnelle et aux décisions réfléchies, réalistes. Cette approche étroite devra céder la place à la vision des choses vraiment large, basée sur les faits réels tout en restant terre à terre. Ceci est aussi actuel pour résoudre la tâche comme la modernisation du régime de contrôle des armes conventionnelles, le renforcement de la confiance et de la sécurité dans le domaine militaire.

Actuellement on a toutes les raisons de parler de la prédominance de la tendance à la convergence au niveau des idées et de la politique. Et pas dans le sens de l'unification, comme on le disait au milieu du siècle dernier, mais sur le plan de la garantie de la compatibilité culturo-civilisationnelle du monde. Tout cela dicte, comme l'a dit le Président D.A.Medvédev à la réunion des ambassadeurs, le changement du paradigme des relations internationales sur la base de l'équilibre des intérêts au lieu de l'équilibre des forces.

Notre initiative de conclure le Traité de sécurité européenne vise à terminer le passage de l'ancien ordre du jour au nouveau en politique euro-atlantique, à construire les solides fondations de droit sur le principe de sécurité égale pour tous en Euro-Atlantique, déclaré dans les années 90. Si les intérêts actuels d'importance vitale des pays de la région de l'OSCE ne rompent pas avec le passé, ils resteront encore longtemps l'otage des instincts et des préjugés d'antan, de l'inertie intellectuelle et politique des temps de «la guerre froide». C'est pourquoi le succès du sommet de l'OSCE à la fin de cette année dépendra de la présence chez tous les états de la volonté politique d'effectuer ensemble cette percée vers l'avenir, tirant un trait sous l'incertitude des vingt dernières années.

Tous les peuples de la famille euro-atlantique méritent la clarté dans nos affaires communes. La possibilité pour ce «brainstorming» collectif est offerte par différents terrains de discussion, y compris la séance sur site de la Conférence de Munich sur la sécurité, tenue en octobre à Moscou.

Nous attendons une plus grande clarté de nos partenaires à l'OTAN. L'existence ambiguë de l'alliance – entre le passé et l'avenir – a trop duré. Malheureusement, les discussions autour de la préparation du nouveau concept stratégique de l'OTAN en sont le témoignage. Je ne peux que rejoindre l'avis de W.Ischinger et d'U.Weisser, qui croient que le rapport du «groupe des sages», préparé sur le plan de l'apport au nouveau concept stratégique de l'OTAN, peut à peine servir de réponse stratégique à l'initiative russe sur la sécurité européenne, et que l'architecture stable de la sécurité en Europe n'apparaîtra que si l'OTAN peut correctement construire ses rapports avec la Russie.

On aimerait que l'alliance termine sa transformation politique en une organisation moderne dans le domaine de la garantie de la sécurité et soit prête à participer à la coopération égale avec les autres acteurs, y compris la Russie et l'OTSC, tout en respectant sûrement les normes du droit international, avant tout la Charte de l'ONU.

Un autre moment importantissime dans nos rapports pratiques avec l'OTAN – le besoin d'obtenir un réel progrès dans la lutte contre le trafic de drogue afghan, qui est directement lié au financement de l'extrémisme et du terrorisme et crée la menace à la paix internationale, qui se fait déjà réellement sentir en Russie et dans beaucoup d'autres pays.

Il y a 18 mois, nous avons fait la conclusion de la tendance au renforcement en politique mondiale du niveau régional de la gestion dans les conditions de «la démondialisation» temporaire, liée non seulement à la crise financière, mais à celle de tout le système international. Il s'agit de l'intensification des processus de coopération et d'intégration régionale et sous-régionale. Les structures régionales cherchent à se charger de plus de responsabilité pour l'état des choses dans leurs régions, comme prévu par la Charte de l'ONU. Cette décentralisation doit jeter les fondations solides pour une nouvelle spirale de la mondialisation, dont les avantages seraient répartis plus équitablement par pays et par régions.

La régionalisation de la politique globale est en rapport direct avec l'espace de la CEI. Le développement des processus d'intégration dans la région ne s'appuie pas que sur notre ressource historique commune, qui est immense, mais aussi sur la communauté des impératifs du développement. Les tâches de la modernisation sont actuelles pour tous. Une importance particulière revient à la création des conditions pour le fonctionnement dans le cadre de la CEI de l'espace interétatique innovationnel, compatible avec l'espace scientifique et technologique paneuropéen. C'est ce que vise le Programme interétatique ciblé de coopération d'innovations des états membres de la CEI pour la période jusqu'à l'an 2020, en cours d'élaboration.

Cela dit, il est important – tant pour les pays de la Communauté que pour les autres états qui manifestent de l'intérêt à notre région – de se concentrer précisément sur les tâches pressantes du développement au lieu des tentatives de recevoir des avantages géopolitiques dans l'esprit des «matches nuls blancs». Nous avons tous vu en août 2008 le résultat de ces «matches».

Tout comme dans les affaires internationales, la stabilité à l'intérieur des états reste la valeur absolue, la base obligatoire du règlement des problèmes existants. Les événements des dernières années dans l'espace de la CEI montrent de façon convainquante, qu'aucun processus positif – ni sociopolitique, ni socioéconomique – ne peut évoluer dans les conditions de la déstabilisation. Un exemple probant en est la Kirghizie, qui a vécu sa deuxième «révolution» en cinq dernières années. Nous essayons d'aider à calmer la situation tant sur la ligne bilatérale que sur celle de l'OTSC et de l'OCS. Nous sommes prêts aux efforts conjoints supplémentaires avec les autres partenaires pour aider à normaliser la situation.

En politique et en économie mondiale, le rôle de l'Asie-Pacifique continue d'augmenter. Aujourd'hui commence à se former là-bas une architecture nouvelle, plus perfectionnée, de la sécurité et de la coopération. La Russie fait son apport à ce processus. A la réunion à Khabarovsk en juin dernier le Président a posé la tâche d'obtenir une intégration à part entière en AP des régions Est de la Russie. Nous y voyons une ressource importante dans le travail de garantie du développement innovationnel et, en général, socioéconomique, de la Sibérie et de l'Extrême-Orient. Nous avons un grand travail à faire de la mise en pratique des projets de coopération, que nous avons avec nos partenaires clé en AP – la Chine et l'Inde, mais aussi avec le Japon, la République de Corée, le Vietnam, le Singapour et d'autres pays de l'ASEAN.

Nous avons pas mal de bons débuts sur la piste latino-américaine. Ces dernières années, les relations politiques de la Russie avec les pays de cette région, qui prend rapidement du poids, se sont élevées au niveau de qualité nouvelle. Aujourd'hui il faut transformer de capital politique en projets conjoints mutuellement avantageux dans les domaines de pointe.

Nos liens avec l'Afrique se sont sensiblement ravivés. A mesure de règlement de lourds problèmes de ce continent, son énorme potentiel en ressources deviendra un des facteurs clé du développement international. Nous sommes prêts à aider nos partenaires africains en développant et en consolidant la solidarité de longue date de notre pays avec leurs aspirations justes.

La diplomatie multivecteur de réseau constitue la réponse à la réalité nouvelle, y compris la «dispersion de la force globale» – militaro-politique, économique, financière, «douce» et toute autre. Cette réalité suppose les formes souples de la coopération de divers groupes d'états afin de garantir les intérêts coïncidants – comme le font le G20, le G8, le BRIC. Il est important de calculer les éventuelles variantes du développement de ces processus, de définir la configuration optimale pour résoudre telle ou telle tâche.

J'aimerais m'arrêter spécialement à la situation autour de l'Iran. Pas simplement parce que son programme nucléaire suscite la préoccupation dans le monde, pas parce que ce sujet dépasse même les cadres du problème de non-prolifération des AEM, mais aussi parce qu'il prend l'importance d'un des problèmes les plus aigus de la politique globale.

Certes, la partie iranienne, et nous l'avons plusieurs fois directement dit à nos partenaires iraniens, doit garantir le niveau requis de l'ouverture et de la coopération avec l'AIEA, qui agit au nom de la communauté internationale et avec le soutien du Conseil de Sécurité de l'ONU. La clarté apportée dans toutes les questions qui restent est non seulement requise, mais répondrait avant tout aux intérêts de l'Iran même.

Cependant, une plus grande responsabilité incombe aussi à tous ceux dont dépend la recherche de l'issue universellement acceptable. Je parle avant tout des participants du soi-disant groupe des six, appelé encore parfois «cinq + un» ou «trois + trois». Y travaillent la Russie, les USA, la Chine et l'Union Européenne. Ce groupe est assez représentatif, et sur ses recommandations est basée toute la politique de la communauté internationale dans le problème iranien. Ici, nous partons, avant tout, de la vérité fondamentale, qu'aucun problème du monde actuel n'a de solutions de force.

A la réunion des ambassadeurs, le Président a énoncé notre vision du règlement d'ensemble dans le contexte régional comme le seul objectivement possible, c'est-à-dire compte tenu de tous les facteurs de cette grande région troublée. Le problème du programme nucléaire iranien a le caractère systémique, qui concerne entre autres, ne le cachons pas, l'imperfection du régime de la non-prolifération des armes nucléaires en vigueur. Donc, l'approche à son règlement doit être systémique et obligatoirement basée sur le droit international. Tout comme au tribunal, la justice doit être non seulement rendue, mais il doit être évident pour tous, que c'est bien la justice qui est rendue, dans le plein sens du terme.

Nous avons plusieurs fois souligné, que les sanctions ne donnent normalement pas de résultat escompté. Leur rôle est d'envoyer le signal, de stimuler le processus des négociations. Sans dire déjà qu'il est impossible d'isoler un pays comme l'Iran sans graves conséquences pour la région et le monde en général.

Il faut analyser de manière saine et honnête toutes les stratégies possibles de la communauté internationale avant de passer aux actions, qui nous transformeront en otages du développement incontrôlé des événements. Quelques difficultés qui se rencontrent sur notre chemin, et elles seront nombreuses, nous devrons nous entendre dans tous les cas, et plus vite nous passerons aux négociations sérieuses, mieux cela vaudra.

A ce propos, je ne peux que saluer la récente confirmation par B.Obama, Président des Etats-Unis, de sa ligne sur la normalisation des relations avec l'Iran. Washington semble comprendre, que les pas concertés pour impliquer l'Iran aux pourparlers, y compris pour régler les problèmes régionaux, permettront d'influer positivement sur les calculs et les intentions de la partie iranienne.

On pourrait commencer par la réalisation des mesures de confiance – comme la livraison du combustible pour le réacteur de recherche de Téhéran (nous avons apprécié à leur juste valeur les initiatives appropriées du Brésil et de la Turquie), par l'établissement de la coopération pour stabiliser l'Afghanistan. L'Iran peut y jouer réellement un rôle très positif.

Un point de principe : les actions de tous les membres de la communauté internationale doivent être solidaires, c'est-à-dire faites sur la base de la responsabilité réciproque. Nous ne pouvons pas accepter les décisions unilatérales à propos des sanctions, y compris exterritoriales, prises par les partenaires parallèlement aux efforts communs au CS de l'ONU, qui sapent la base même des actions conjointes ultérieures.

La région du Proche et du Moyen Orient est surchargée de crises. Il suffit de parler du conflit arabo-israélien. Il ne peut plus y avoir de raisons de ne pas le régler, d'autant plus maintenant, où l'opposition de blocs est du passé. Les parties doivent abandonner les représentations réciproques médiévales, voire préhistoriques, et commencer à s'entendre. La chance y est offerte par la reprise dès demain, je l'espère, des négociations palestino-israéliennes directes. La base pour l'accord existe aussi dans les résolutions de l'ONU, dans l'initiative de paix arabe, dans les documents du Quatuor.

Sur un plan plus large, nous avons besoin de la stratégie d'ensemble de règlement de tous les problèmes clé liés entre eux du Proche et du Moyen Orient, ce qui suppose pas en dernier lieu la prévention là-bas de la course aux armements nucléaires. Il ne faut pas que l'histoire se répète. Les armes nucléaires ne garantissent pas la sécurité. C'est pourquoi nous avons activement contribué lors de la Conférence d'examen des états membres du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) au printemps dernier à la prise de la décision sur la tenue en 2012 de la conférence internationale de création au Proche-Orient de la zone libre des armes nucléaires et des autres types de l'AEM et des moyens de leur acheminement.

Cette région a déjà été le sujet de la déstabilisation de l'extérieur afin de la «refaire» pour servir les intérêts d'autrui, d'après les partons d'autrui. Personne ne gagnera au déclenchement là-bas d'une nouvelle confrontation à large échelle. Tous ne feront qu'y perdre.

Comme on sait, la politique est, avant tout, le savoir de choisir. On aimerait que tous fassent le choix en faveur de la stratégie collective responsable, qui offre le règlement des problèmes au lieu d'en créer de nouveaux.

Demain – le 2 septembre, aura lieu le 65e anniversaire de la Victoire à l'Extrême-Orient, le jour de la fin de la Seconde guerre mondiale. Je suis persuadé, que la mémoire de la Victoire des peuples de l'URSS dans la Grande Guerre patriotique sera toujours la source de notre foi en nous, de notre foi en l'avenir de la Russie. L'Union Soviétique a cassé l'échine des hordes du «troisième Reich», ceci dit, malgré le stalinisme, malgré ses crimes, qui n'ont fait qu'alourdir le poids de la croix de nos ancêtres, de toute la génération de guerre. La capacité du peuple au sacrifice de soi-même a servi de principal facteur de la Victoire. Ce n'est pas par hasard que ce sujet est entièrement tu par ceux qui falsifient l'histoire de cette guerre, par ceux qui ne voient pas de place pour la morale dans les relations internationales. Le défile à Moscou le 9 mai dernier est devenu la réponse idoine à ces falsificateurs, où sur la place Rouge ont solennellement défilé les unités des forces armées de tous les pays de la CEI, de la Grande-Bretagne, de la Pologne, de la France et des USA.

A toutes les étapes du chemin historique très dur de notre pays – riche en événements tragiques et en réalisations sans égal – il a été impossible de se représenter la Russie en isolement, en-dehors du contexte environnant. Il est tout aussi impossible de se représenter l'histoire européenne et mondiale – avec toutes ses catastrophes et triomphes de l'intelligence humaine, de l'esprit humain – sans la Russie, sans son apport : économique, financier, culturo-civilisationnel, sans l'apport fait en sang et en sueur, en victimes et en destructions.

Maintenant, à l'issue d'une nouvelle spirale de la mondialisation, il est difficile de se représenter l'avenir de la Russie coupé du monde environnant, tout comme l'avenir du reste monde coupé de celui de notre pays.

Le cap sur la modernisation donne à notre diplomatie les buts clairs, compréhensibles dans le pays et à l'étranger. Il nous mène vers le large espace stratégique dans les affaires internationales, ouvrant l'horizon de politique étrangère tous azimuts, aide à étayer par les affaires notre ligne sur l'avancement de l'ordre du jour international positif.

La modernisation suppose le développement ultérieur des institutions démocratiques, de la société civile, l'établissement des mécanismes constructifs modernes avec elles, l'interaction entre les cultures et les religions. Le rôle du MAE à ce processus doit comprendre, d'une part, l'échange d'expérience avec les partenaires, l'aide à la mise en oeuvre, conformément à nos projets, d'idées et d'élaborations de pointe, de l'autre – la défense des droits et des intérêts de la Russie à l'étranger, une participation active au perfectionnement des normes internationales dans le domaine humanitaire et, certes, au contrôle de leur respect.

Une ressource substantielle vient d'une plus large implication au processus de politique étrangère de la diplomatie parlementaire, des partis politiques russes, des organisations non gouvernementales, de la communauté des experts, des milieux d'affaires. A ces fins sont crées le Conseil russe des affaires internationales et le Fonds de soutien de la diplomatie publique A.M.Gortchakov. La coopération avec les organisations religieuses que nous menons est importante pour le dialogue intercivilisationnel et interconfessionnel, pour l'assistance au renforcement de l'entente interethnique, l'avancement des processus de pacification.

Il faut également utiliser plus pleinement le potentiel intellectuel et professionnel de nos compatriotes étrangers, leurs idées et initiatives, qui tiennent compte de leur connaissance de la Russie, de leur expérience dans le pays de leur résidence.

Comme l'a souligné à la réunion des ambassadeurs le Président D.A.Medvédev, la diplomatie moderne doit être flexible, souple, réactive, capable de solutionner toute la gamme des tâches posées devant la Russie en tant que partie intégrante du monde global. Il est extrêmement actuel de consolider et de mettre constamment à jour les outils de la politique étrangère.

Aujourd'hui la diplomatie est, comme on dit, partie «sur le site», dans les «points chauds», coopère avec les experts militaires et civils, le business. L'institution de l'observation internationale des élections est devenue l'outil de pointe de la politique étrangère.

Tout cela exige la maîtrise sans faille des méthodes modernes du travail de politique étrangère, la capacité de la rapide concentration des ressources sur les pistes stratégiques. L'importance du travail avec les médias, dont je salue chaleureusement les représentants ici présents, augmente comme jamais. Il fait expliquer avec rapidité et précision, en un langage clair et «frais» les pas que l'on fait, la position du pays dans les problèmes internationaux.

Ceux parmi vous, qui choisiront la carrière diplomatique, auront à maîtriser cet art au MAE, dans nos établissements étrangers, appui pris sur les connaissances et savoir-faire reçus à l'IERIM, à l'Académie diplomatique.

A propos, il ne sera pas exagéré de dire, que l'IERIM est en lui-même un des outils réels de notre diplomatie. C'est un grand centre d'enseignement et de recherche d'importance internationale. Aujourd'hui plus de 700 étudiants de plus de 50 états y font leurs études. Plusieurs promus de l'IERIM des années passées ont obtenu dans leur pays le succès dans la grande politique, dans la diplomatie, sur les autres pistes du service public, dans le journalisme, le secteur corporatif, beaucoup travaillent aux organisations internationales. Le réseau des contacts amicaux, que maintiennent entre eux les promus de l'IERIM partout au monde, consolide le facteur humain, si nécessaire aujourd'hui dans les relations internationales.

Au fait, c'est ce qu'on appelle «la force douce». Ce rôle de l'IERIM contribue réellement au développement du potentiel international intellectuel, scientifique, culturel, contribue à la perception objective de la Russie à l'étranger.

Je vous félicite tous encore une fois et souhaite de nouveaux succès à l'administration, aux professeurs et aux étudiants.

Le 1er septembre 2010


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