Réponse du Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie Sergueï Lavrov à une question du magazine Mejdounarodnaïa Jizn sur les initiatives du règlement ukrainien, 2 août 2023
Question: Comme vous l'avez dit à plusieurs reprises, il y a maintenant de plus en plus de différentes initiatives sur le règlement ukrainien. Dans le même temps, les propositions des pays occidentaux visent exclusivement la promotion unilatérale de la "formule de paix Zelenski" sans tenir compte des réalités sur le terrain et des intérêts de la Russie. Quels sont les problèmes liés à cela de votre point de vue?
Sergueï Lavrov: Dans le cadre des nombreuses initiatives sur le règlement ukrainien, nous confirmons que nous apprécions tous les efforts visant à parvenir à une paix juste et durable. Il est évident qu’on n’obtiendra la justice dans aucun conflit si les droits des minorités nationales ne sont pas strictement respectés par tous. De plus, cela n'a pas d'alternative pour l'Ukraine, où le russe a toujours été la langue maternelle de la majorité de la population. En Occident, ils déploient des efforts importants pour imposer la "formule de paix Zelenski" au Sud global et exigent que la situation revienne aux frontières de 1991. Mais personne à Washington, Londres ou Paris n'a dit un mot à Bruxelles sur son attitude face à la position plusieurs fois déclarée par le régime de Kiev: "Nous reprendrons la Crimée, le Donbass et nos autres terres" et "nous y détruirons tout ce qui est russe."
La nécessité de mettre un terme à ces menaces néonazies est évidente. Pourtant, dans les initiatives multiples "sur l'Ukraine", ce sujet est passé sous silence. Et la perte des droits russophones va bon train. En juillet de cette année, l'administration municipale de Kiev a interdit l'utilisation de la langue russe dans l'espace public artistique (interdiction des chansons, spectacles, films et autres événements culturels). Quelqu'un a-t-il réprimandé le régime de Kiev?
En contrepartie, on invite Zelenski dans des tournées internationales. Pourquoi l'impresario occidental ne lui demande-t-il pas de présenter publiquement à la communauté mondiale une autre "formule" sur la façon dont Kiev voit la situation des Russes et d'autres minorités nationales dans leur pays après la "victoire", pour laquelle l'Otan et l'UE ne lésinent pas sur l'argent et les armes? Je suis sûr que cela aiderait de nombreux pays sensibles du Sud global à mieux comprendre ce qui se passe pour définir leur position. Au cours de nombreuses discussions et négociations lors du deuxième sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg, nous avons été convaincus qu'ils étaient intéressés par une compréhension globale de la nature de la crise et des perspectives de la surmonter.
Les Anglo-Saxons et leurs alliés ont pris la défense des nazis à Kiev, passant sous silence, voire justifiant leurs actions violant les droits de l'homme et les droits des minorités nationales. Au lieu d'une conversation sérieuse basée sur la reconnaissance de l'évolution des réalités sur le terrain au cours des dix dernières années, ils convoquent des forums organisés dans le seul but d'attirer autant de pays que possible dans un semblant de discussion sur la "formule Zelenski", qui n'exige rien de moins que la Russie capitule pleinement, accepte de porter atteinte à sa propre sécurité et laisse des millions de Russes à la merci du destin, dont les ancêtres vivaient sur ces terres pendant des siècles, les ont aménagées, créant des villes, des routes, des ports. Tous ceux qui sont courtisés par l'Occident pour soutenir la "formule Zelenski" doivent être conscients que le sort de ces gens, que le régime de Kiev promet ouvertement de détruire, est en jeu.