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Déclaration du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie sur l'accord céréalier

1697-06-09-2023

Sur fond d’attention accrue accordée à l’Initiative de la mer Noire sur l’exportation de produits alimentaires ukrainiens (arrêtée le 17 juillet), conclue à Istanbul le 22 juillet 2022 dans un "paquet" avec le mémorandum Russie-ONU sur la normalisation des exportations agricoles nationales (valables jusqu’en 2025) (ces accords sont appelés "accord sur les céréales"), nous estimons qu'il serait justifié de réitérer en détail la position russe.

Après la suspension de l'Initiative de la mer Noire qui, comme vous le savez, n’a pas réalisé l'objectif humanitaire déclaré (sur 32,8 millions de tonnes de marchandises, moins de 3% ont été envoyées vers des pays dans le besoin) et a été utilisée par les Ukrainiens pour commettre des attaques contre des sites russes, aucune catastrophe ne s’est produite. Contrairement aux déclarations alarmistes des Occidentaux et du Secrétariat de l'ONU sur la hausse des prix alimentaires et l'aggravation des menaces de faim, le coût des céréales sur les marchés mondiaux est en baisse constante (en août, la réduction était d'environ 4 à 5%, et par rapport aux valeurs maximales ​​en mars 2022, la baisse était déjà de 25 à 40%).

Globalement, il n’y a pas de pénurie physique mondiale de nourriture: il y a des problèmes de distribution, mais pas de production. En d’autres termes, à cause de l’arrêt des exportations maritimes de céréales ukrainiennes personne n’est mort de faim et la crise alimentaire n’a pas eu lieu, comme le prédisaient les capitales occidentales et l’ONU. Ce qui n’est pas surprenant, car il est difficile de nourrir l’humanité avec 32,8 millions de tonnes de maïs fourrager et de céréales fourragères.

Le rôle de l'Ukraine en tant que grenier mondial est fortement exagéré par les Occidentaux et l'ONU. La part de ce pays dans les exportations communes de blé était déjà faible (5%), et maintenant elle diminue objectivement encore plus, en tenant compte, entre autres, de la réduction des superficies à cause de la contamination radiologique et chimique suite à l'utilisation de munitions à l'uranium appauvri fournies par l'Occident. Dans le même temps, les Ukrainiens ont d'autres possibilités (outre la mer Noire) d'exporter leurs marchandises - par voie terrestre et maritime vers l'UE, le long des soi-disant "couloirs de solidarité".

Ce n'est un secret pour personne que ce transport coûte plus cher et les Européens ne se pressent pas d'afficher leur solidarité déclarée avec Kiev. En mai, la Commission européenne a interdit l'importation de blé, de maïs, de colza et de tournesol ukrainiens en Pologne, en Slovaquie, en Hongrie, en Roumanie et en Bulgarie (seul le transit est autorisé). Le 15 septembre, à l'expiration du prochain moratoire, Bruxelles aura une belle opportunité de revenir sur sa propre décision et de lever l'interdiction d'importer des céréales ukrainiennes, qui risquent d'inonder complètement les marchés des pays d'Europe de l'Est. Il sera également possible d'envoyer gratuitement des céréales d'Ukraine vers les pays dans le besoin d'Afrique et d'Amérique latine, tant Washington et certaines capitales européennes s'en inquiètent. Pour une raison quelconque, je n'y crois tout simplement pas.

Dans ces conditions, comme la partie russe l'a souligné à plusieurs reprises et en détail, si les Occidentaux et Kiev ont réellement besoin du corridor de la mer Noire, il est alors temps de prendre des mesures concrètes pour lever les sanctions unilatérales illégales contre les entités nationales engagées dans la production et l'exportation de produits agricoles et engrais. Il s’agit de la normalisation des activités des banques et des entreprises, de la mise en place d'une logistique de transport et d'assurances, de la reprise de l'approvisionnement en pièces détachées. Le règlement de ces objectifs "systémiques" est non seulement prévu par le mémorandum Russie-ONU, mais serait également pleinement conforme aux déclarations hautaines des Américains et des Européens selon lesquelles leurs sanctions n'empêchent pas l'accès des engrais et des céréales russes aux marchés mondiaux.

Cependant, au lieu de véritables exemptions de sanctions, la Russie ne reçoit qu’une nouvelle série de promesses de la part du Secrétariat de l’ONU. Cette fois, le secrétaire général de l'ONU et ses experts ont avancé quatre propositions prétendument "révolutionnaires": connexion au Swift pour une filiale de la Rosselkhozbank; la création d'une plateforme d'assurance; le déblocage des avoirs étrangers des sociétés russes producteurs des engrais et la mise au point de l’accès de nos navires aux ports européens. En échange, la partie russe est tenue de donner des garanties pour le rétablissement immédiat et complet de l'Initiative de la mer Noire.

Cependant, en réalité les propositions actuelles, comme les idées précédentes de l'ONU, ne contiennent aucun élément nouveau et ne peuvent pas devenir la base pour réaliser des progrès qualitatifs dans la normalisation de nos exportations agricoles.

Comme cela a été évoqué à plusieurs reprises, y compris dans les commentaires publics, il n'existe pas d'alternative efficace à la reconnexion de la banque spécialisée Rosselkhozbank au Swift, ni par l'intermédiaire de succursales et de filiales, ni par un canal marginal avec JP Morgan, qui, soit dit en passant, a été fermé après la fin de l'Initiative de la mer Noire. Et quelques jours avant le sommet russo-turc à Sotchi, Rosselkhozbank a reçu une notification de la Commerzbank de Francfort concernant la fermeture d'un compte correspondant en euros.

On nous avait promis depuis août 2022 la création d’une plateforme d’assurance spéciale pour les produits agricoles russes, mais pour des raisons qu’on ignore, cela n’a pas encore été fait.

Il en va de même pour l'accès des navires et des marchandises russes aux ports étrangers. L'ONU n'a pas été en mesure de faire face aux obstacles des sanctions qui en découlaient (sous la forme de la déclaration de l'ensemble du territoire de la Russie comme zone de risques militaires, ainsi qu’inscrivant les structures russes de transport spécialisé et d'assurance et les entreprises elles-mêmes sur la liste des sanctions).

Afin de débloquer leurs avoirs à l'étranger, les producteurs d'engrais sont directement invités à reconnaître leur statut sanctionné, pour ensuite demander des concessions "à leurs risques et périls".

Il est évident que toutes ces mesures palliatives et ces contournements visent uniquement à créer une apparence de travail, mais ne conduisent pas à une véritable solution au problème - la levée des sanctions imposées aux opérateurs économiques russes spécialisés. Pour la même raison - l'interdiction directe des sanctions sur l'importation de pièces détachées en Russie en tant que produits "à double usage" - l'ONU ne mentionne même pas l’objectif "systémique" correspondant.

Le secrétaire général de l'ONU continue de garder le silence sur le pipeline d'ammoniac Togliatti-Odessa, malgré sa visite spéciale à Kiev le 8 mars et une proposition le 26 avril. Après que les Ukrainiens ont fait exploser le 5 juin sur le territoire sous leur contrôle, un pipeline qui fournissait chaque année des matières premières pour les engrais nécessaires à la production alimentaire de 45 millions de personnes, le Secrétariat de l'ONU préfère ne pas rappeler du tout cet élément central de deux accords d'Istanbul.

La question des projets ultérieurs de l'ONU pour assurer la mise en œuvre du mémorandum Russie-ONU reste ouverte, puisque Antonio Guterres a déclaré qu'il n'y avait aucune intention de se retirer de l'accord. Cependant, à l'heure actuelle, les activités concernées sont en fait suspendues: la secrétaire générale de la Cnuced, Rebeca Grynspan qui supervise l’accord, depuis juillet 2023 a une invitation à venir à Moscou pour le prochain cycle de consultations, mais à l'heure actuelle, même les rapports réguliers sur les progrès ont été interrompus. Cependant, les représentants de l'ONU se trouvent toujours sans mandat au Centre commun de coordination à Istanbul en raison de la fin de l'Initiative de la mer Noire.

À cet égard, la Russie réitère sa position de principe, clairement exprimée le 4 septembre par le président Vladimir Poutine, selon laquelle nous serons prêts à examiner la possibilité de relancer l'Initiative de la mer Noire, mais seulement après la levée des sanctions des entreprises russes dans le domaine des produits agricoles et des engrais. Il est évident que même si les perspectives de mesures appropriées de la part des pays occidentaux ne sont pas visibles et qu'on déclare à Kiev qu'ils continueront à œuvrer pour des sanctions plus sévères contre la Russie, sans se soucier des besoins des pays du Sud global en matière de céréales et d'engrais, ainsi que de sécurité alimentaire en général.

Pour sa part, la Russie continuera d’exporter des produits alimentaires et des engrais nationaux, ce qui contribuera à stabiliser les prix mondiaux et à améliorer leur accessibilité globale. Nous poursuivons également nos efforts pour faire don de nos produits à ceux qui en ont besoin.

Des engrais russes ont notamment déjà été expédiés au Malawi (20.000 tonnes) et au Kenya (34.000 tonnes). Dans la période à venir, il est prévu d'envoyer de tels engrais au Zimbabwe (23.000 tonnes), au Nigeria (34.000 tonnes) et au Sri Lanka (55.000 tonnes). Par ailleurs, des livraisons gratuites de 200.000 tonnes de blé russe vers la Somalie, la République centrafricaine, le Burkina Faso, le Zimbabwe, le Mali et l'Érythrée sont prévues avant la fin de l'année.

Le projet commun de la Russie, de la Turquie et du Qatar visant à fournir 1 million de tonnes de céréales russes pour transformation en Turquie, avec ensuite leur transport gratuit vers les pays les plus pauvres, est également très sollicité. De plus, il s’agit de la même quantité de nourriture qui a été envoyée aux pays dans le besoin dans le cadre de l'Initiative de la mer Noire en un an.

 

 

 

 

 


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