Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 9 avril 2021
Pendant la précédente conférence de presse, nous avions annoncé les visites du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov en Égypte et en Iran. Aujourd'hui, j'ai des informations supplémentaires concernant son calendrier.
Sur les pourparlers de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, avec Nikola Selakovic, Ministre des Affaires étrangères de la Serbie
Vendredi 16 avril à Moscou se dérouleront des pourparlers entre le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue serbe Nikola Selakovic.
Ils évoqueront les questions d'actualité de la coopération bilatérale et échangeront leurs avis sur les problèmes régionaux et internationaux d'actualité. Des informations supplémentaires sur les pourparlers seront publiées sur les pages du Ministère russe des Affaires étrangères - le site officiel et les réseaux sociaux.
Sur le soutien mutuel entre la Russie et le Turkménistan dans le domaine de la lutte contre les maladies infectieuses
Nous continuons de vous tenir informés des actions et des démarches engagées par la Russie pour aider différents pays en cette période historique difficile liée à la lutte contre la pandémie.
Le 1er avril, dans le cadre de la coopération russo-turkmène basée sur les principes de partenariat stratégique, un avion du Ministère russe des Situations d'urgence a acheminé au Turkménistan une cargaison contenant des produits médicaux afin de contribuer à la prévention des maladies infectieuses sur le territoire de cet État ami. La Russie a envoyé des médicaments, des tenues de protection, des masques et des équipements médicaux (des appareils à ultrason, pour les soins intensifs, et d'autres).
De son côté, à titre de soutien mutuel, le Turkménistan a remis gratuitement à la Russie de nouveaux produits turkmènes de grande qualité, arrivés à Astrakhan le 5 avril 2021. Les produits reçus seront envoyés aux établissements médicaux de la région d'Astrakhan. Nous exprimons une profonde gratitude au gouvernement du Turkménistan pour ce geste de bonne volonté dans l'esprit d'amitié et de bon voisinage, qui a une valeur particulière dans les conditions difficiles de la pandémie mondiale.
Sur l'ouverture de la 211e session du Conseil exécutif de l'Unesco
La 211e session du Conseil exécutif de l'Unesco s'est ouverte à Paris le 7 avril 2021. Compte tenu de la pandémie de coronavirus qui perdure, elle se déroulera au format virtuel, à l'exception de la procédure de suivi des droits de l'homme du Comité sur les conventions et les recommandations.
Pendant cette activité, il est prévu d'évoquer plus de 30 points de l'ordre du jour portant sur la mise en œuvre des décisions et des résolutions prises par le Conseil exécutif et la Conférence générale lors des sessions précédentes, ainsi que les questions financières, administratives et de ressources humaines.
Une attention centrale sera accordée aux projets de stratégie à moyen terme 2022-2029, ainsi que programmatiques et budgétaires pour 2022-2025, à l'entretien avec la Directrice générale Audrey Azoulay en tant que candidate à la réélection à ce poste, ainsi qu'à la préparation de la 41e session de la Conférence générale de l'Unesco prévue en novembre.
Y seront entendus des rapports sur la mise en œuvre de l'initiative "Les Futurs de l'éducation", sur le progrès dans le règlement des problèmes relatifs à l'impact des changements climatiques sur le patrimoine culturel et naturel, sur les résultats de la réunion des ministres de la Culture en novembre 2020 dans le cadre du G20, sur la réforme du programme "Mémoire de la paix", sur la mise en œuvre du Plan d'action pour les petits États insulaires en développement (PEID) et du Plan d'action des Nations unies sur la sécurité des journalistes et la question de l'impunité, sur les résultats de l'évaluation de l'activité de l'Unesco pour la renaissance et la popularisation des langues autochtones dans le cadre de l'Année internationale des langues autochtones (2019), ainsi que sur l'approbation de nouvelles demandes d'attribution du statut de Géoparc mondial de l'Unesco.
L'adoption de plusieurs décisions sur le travail de l'Organisation en Afrique est attendue: sur le développement du projet "La Route de l'esclave", sur l'évaluation de la stratégie opérationnelle sur la Priorité Afrique (2014-2021) et sur la réalisation de cette Priorité.
Il est prévu de valider la liste des dates de commémoration célébrées par l'Unesco en 2022-2023 afin d'être soumise à la Conférence générale. Elle inclut trois anniversaires proposés par la Russie: le 200e anniversaire de la naissance du dramaturge Alexandre Ostrovski (1823-1886), le 150e anniversaire de la naissance du pianiste et compositeur Sergueï Rachmaninov (1873-1943) et le 150e anniversaire de la naissance du chanteur d'opéra Fedor Chaliapine (1873-1938).
Le Conseil exécutif évoquera également les projets de décisions proposés par les États membres, notamment concernant la proclamation de journées internationales de réserves biosphériques et de géodiversité, dont la Fédération de Russie est coauteur.
La session s'achèvera le 21 avril.
Sur le discours d'Alexandre Grouchko, vice-Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, au 12e forum de la Dimension septentrionale
Jeudi 8 avril, le vice-Ministre russe des Affaires étrangères Alexandre Grouchko a prononcé un discours pendant le 12e forum de la Dimension septentrionale, l'un des événements annuels centraux de cette politique conjointe mise en œuvre depuis 2007 par la Russie, l'UE, l'Islande et la Norvège.
Cet événement était coorganisé par le Conseil des entreprises de la Dimension septentrionale, l'Association des entreprises européennes, l’École supérieure de gestion de l'Université d’État de Saint-Pétersbourg et de l’École de gestion Skolkovo de Moscou.
Son thème était "L'interaction aujourd'hui: une puissante impulsion pour la circulation des personnes, de l'information, des hydrocarbures, des marchandises et des services". Plus de 400 représentants des milieux d'affaires russes et étrangers, de structures publiques, d'organisations scientifiques, éducatives et non-gouvernementales y ont participé.
Pendant la réunion plénière et les sessions parallèles des groupes de travail du forum, les meilleurs experts des pays membres des partenariats de la Dimension septentrionale, de son Institut et de l'Association des entreprises européennes ont évoqué les objectifs actuels et les possibilités d'approfondir la coopération en matière de protection de l'environnement, d'économie circulaire, d'efficacité énergétique, de transport et de logistique, de numérisation des soins de santé, de lutte contre les conséquences de la pandémie de coronavirus, et dans le domaine des industries créatives.
Les participants ont réaffirmé leur disposition à élargir la coopération internationale multidimensionnelle et mutuellement avantageuse au profit d'un développement durable de la région européenne.
Sur le déroulement du 6e Forum économique oriental
Du 2 au 4 septembre, Vladivostok accueillera le 6e Forum économique oriental (FEO) créé par le Président russe Vladimir Poutine afin de contribuer à l'ascension économique accélérée de l'Extrême-Orient russe et d'élargir la coopération internationale dans la région Asie-Pacifique.
Les précédentes rencontres dans ce format, auxquelles avaient participé des dirigeants de l'Inde, de la Chine, de la Corée du Sud, de la Malaisie, de la Mongolie et du Japon, témoignent clairement de la transformation du forum en plateforme centrale de dialogue sur les questions d'actualité concernant le développement socioéconomique de la région. Nous constatons un intérêt réel des partenaires à approfondir la coopération pratique avec l'Extrême-Orient russe. Ainsi, en 2019, plus de 8.500 représentants officiels importants, experts et entrepreneurs de 65 pays de l'Asie-Pacifique et d'autres régions du monde ont participé au travail du forum. A son issue avaient été signés 270 accords d'un montant total de 3.470 milliards de roubles (37,63 milliards d'euros) dans des secteurs tels que la pétrogazochimie, l'extraction minière, l'industrie forestière et de la pêche, l'agriculture, le transport, la logistique, la construction aéronautique et navale, et le tourisme.
Compte tenu des réalités actuelles, l'ordre du jour du Forum économique oriental sera orienté sur la recherche de nouvelles solutions dans le cadre des objectifs de reprise économique post-Covid. Il est également prévu de mettre l'accent sur le potentiel de développement d'un large contour d'intégration en Grande Eurasie. A l'heure actuelle est élaboré le programme du forum, habituellement nourri, prévoyant l'organisation de sessions plénières et thématiques, de dialogues d'affaires, d'expositions et d'activités socioculturelles.
Nous espérons que le forum marquera un nouveau grand pas dans la mise en œuvre de notre ligne stratégique visant à affirmer cette partie de la Russie comme un centre de croissance économique dans la région Asie-Pacifique.
Sur l'ouverture d'un compte du Ministère russe des Affaires étrangères sur Rutube
Nous continuons d'étendre les frontières de notre présence sur internet. Vous le savez, les conférences de presse sont diffusées sur le site du Ministère russe des Affaires étrangères, nos comptes officiels sur les réseaux sociaux, les plateformes en ligne.
Plusieurs monopoles géants d'internet se comportent de manière malhonnête, indigne, envers les sources d'information. Il est question des médias, des pages officiels des organes publics. Nous avons entendu des déclarations sur la réticence de plusieurs compagnies occidentales à travailler avec des représentants russes. Beaucoup de choses ont été faites et dites par des représentants de la communauté occidentale "progressiste". Nous l'avons entendu, en avons pris note, et maintenant nous diffuserons sur le site Rutube.
Le 7 avril 2021, le segment russe de l'internet a célébré son 27e anniversaire. Le Département de l'information et de la presse du Ministère russe des Affaires étrangères a apporté sa contribution au développement du segment russe de l'internet.
En 1998, nous avons été parmi les premières institutions fédérales à enregistrer notre site. Nous avons fait partie des premiers à travailler activement dans le secteur de la diplomatie numérique. Nous étions également parmi les premiers à diffuser en ligne des activités sur les réseaux sociaux.
Nous essayons de soutenir et de développer cette tradition. Nous nous sommes enregistrés sur le site d'hébergement Rutube. C'est un projet pilote. La conférence de presse d'aujourd'hui est également diffusée sur Rutube.
Rutube a récemment entièrement mis à jour son interface, a ajouté de nouvelles possibilités fonctionnelles et a fait un immense pas en avant pour devenir une alternative aux sites d'hébergement occidentaux. Mais contrairement aux célèbres plateformes américaines, il reste libre de la censure des monopolistes d'internet, de la manipulation des requêtes de recherche et d'algorithmes opaques.
J'espère que notre décision, notre démarche concrète en ce sens, soutiendra le développement du segment russe de l'internet, contribuera à la création d'une nouvelle génération de sites et de plateformes russes. C'est effectivement important pour nous.
Nous sommes fatigués de la censure que se permettent ceux qui sont devenus des monopolistes sur internet. Il faut y faire face non seulement avec des déclarations et des exigences, mais également avec des actions concrètes. Nous l'avons fait.
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Sur la situation dans le Donbass
Nous suivons attentivement la situation dans le Donbass. Malheureusement, le climat y reste difficile et a tendance à s'aggraver.
Cela est dû à la disposition belliqueuse de Kiev, qui continue de se faire des illusions sur la possibilité d'une solution de force au conflit dans le Sud-Est du pays. Des forces et du matériel sont accumulés dans la région. Les plans de mobilisation des réservistes sont mis à jour. Les médias ukrainiens attisent l'hystérie concernant une "menace" russe mythique, des "plans" de Moscou d'attaquer l'Ukraine - pratiquement demain, à les entendre. Tout cela se déroule en grande partie à l'initiative des superviseurs occidentaux de Kiev, avec un soutien public ouvert.
Nous avons également noté les déclarations du Président ukrainien Vladimir Zelenski, qui s'est rendu hier dans le Donbass, selon qui l'adhésion du pays à l'Otan mettrait un terme au conflit dans la région. L'adhésion hypothétique du pays à l'Alliance, contrairement aux attentes de Kiev, non seulement n'apportera pas la paix en Ukraine mais, au contraire, conduira à une grande escalade de la situation dans le Sud-Est qui pourrait entraîner des conséquences irréversibles pour la structure étatique ukrainienne.
Une nouvelle fois, nous appelons Kiev à faire preuve d'une approche responsable et à tenir ses engagements dans le cadre des Accords de Minsk. C'est précisément le programme approuvé par la communauté internationale appelé à instaurer la paix dans l'ensemble de l'Ukraine et dans sa région du Donbass. Pas besoin d'illusions, de fantaisies et de provocations. Si le régime de Kiev déclare sa volonté et son aspiration à instaurer la paix, il faut le faire. Le plan est sur la table et depuis longtemps. Au lieu de courir autour de cette "table", de faire des déclarations qui conduisent seulement à des provocations, au lieu de s'adonner à tout cela il faut simplement remplir les Accords de Minsk.
Sur le début de la vaccination des collaborateurs du Groupe d'observateurs de l'OSCE aux postes de contrôle russes de Goukovo et de Donetsk à la frontière russo-ukrainienne
La semaine dernière a commencé la vaccination contre la Covid-19 - avec le vaccin Sputnik V - des collaborateurs du Groupe d'observateurs de l'OSCE aux postes de contrôle de Goukovo et de Donetsk à la frontière russo-ukrainienne. Cette requête nous a été adressée par la direction de l'OSCE, et elle a été approuvée. Près de 20 collaborateurs de l'OSCE de 15 pays, qui travaillent dans la région de Rostov, seront vaccinés avec le vaccin russe.
C'est l'un des premiers cas de vaccination organisée contre la Covid-19 des collaborateurs de cette organisation internationale présente sur le terrain dans 16 pays membres de l'OSCE.
Je rappelle que le Groupe de l'OSCE travaille en Russie depuis juillet 2014. Il surveille et rédige des rapports concernant la situation sur les deux postes de contrôle à la frontière russo-ukrainienne, qui n'est pas contrôlée par Kiev.
Contrairement aux désinformations régulières des autorités ukrainiennes, depuis le début du travail du Groupe n'a été constaté aucun fait de projection d'unités russes ou de matériel militaire en Ukraine. C'est le "truc" préféré du régime de Kiev et de plusieurs médias et représentants politiques occidentaux. Une situation paradoxale est apparue depuis toutes ces années: les observateurs qui s'y trouvent officiellement, dans le cadre d'un mandat officiel, ne constatent rien de tel, alors que Kiev mène sa campagne de propagande dans le sens opposé. Pas étonnant que le travail des observateurs ne soit pas souvent couvert dans l'espace médiatique. Kiev n'avait simplement pas de prétexte médiatique pour parler de son activité.
Je voudrais rappeler que la création de ce Groupe pendant l'été 2014, avant la signature des Accords de Minsk, a été un geste de "bonne volonté" des autorités russes. Il visait à contribuer au processus de paix en Ukraine, à inciter les autorités de Kiev à cesser l'opération punitive dans le Sud-Est de l'Ukraine, à entamer un dialogue direct avec Donetsk et Lougansk. Malheureusement, cette décision n'a pas suscité la réaction attendue de la part de Kiev. Au contraire, ce dernier s'est engagé sur le chemin de l'escalade armée, qui a provoqué de nombreuses victimes et destructions.
A ce jour, les autorités ukrainiennes refusent d'engager des démarches concrètes pour instaurer la paix dans le Donbass. Elles continuent d'ignorer la lettre et l'esprit des Accords de Minsk, qui contiennent des directives claires concernant la nécessité d'une mise au point des différents aspects du processus de paix entre les représentants de l'Ukraine et ceux des territoires des régions de Donetsk et de Lougansk dans le cadre d'un dialogue direct au sein du Groupe de contact. De plus en plus souvent, Kiev profère des slogans sur "la menace russe", alors que ce sont les forces ukrainiennes qui renforcent leur présence sur la ligne de contact et mènent des attaques affectant les civils du Donbass.
Dans ces conditions, il convient de se demander si les gestes de bonne volonté de la part de la Russie - tels que le travail des observateurs de l'OSCE à la frontière russo-ukrainienne - apportent un effet positif pour un règlement pacifique de la crise.
Sur les actions hostiles des autorités ukrainiennes
Dans une nouvelle crise de russophobie, l'Ukraine a décidé récemment d'adopter des sanctions contre plusieurs organisations, dont l'Agence fédérale pour la CEI, les compatriotes vivant à l'étranger et la coopération humanitaire internationale (Rossotroudnitchestvo). Il est interdit à l'Agence de mener quelque activité que ce soit en Ukraine, même celles qu'elle n'a jamais menées en principe. Cette démarche franchement hostile conduit à l'impossibilité d'un fonctionnement normal de la Représentation de Rossotroudnitchestvo en Ukraine et du Centre culturel et scientifique russe à Kiev.
Les sanctions prises vont directement à l'encontre de l'Accord en vigueur entre le gouvernement de la Fédération de Russie et le Cabinet des ministres de l'Ukraine sur la mise en place et les conditions de l'activité des centres d'information culturels du 27 février 1998. Nous avons envoyé à ce sujet une note au Ministère des Affaires étrangères ukrainien pour exiger d'expliquer la position des autorités de Kiev à ce sujet et préciser si les autorités ukrainiennes ont l'intention de respecter leurs engagements juridiques internationaux qui découlent de cet Accord.
Nous n'avons pas encore reçu de réponse, mais nous voudrions noter que les autorités ukrainiennes disposent à Moscou de leur Conseil culturel national dont l'activité est régie par l'Accord en question. Nous attendons une réponse pour comprendre la position ukrainienne.
Sur l'activité militaire biologique des États-Unis
Avant la conférence de presse nous avons reçu de nombreuses questions de la part de médias russes et étrangers concernant l'activité militaire biologique des États-Unis, notamment à proximité des frontières russes.
Nikolaï Patrouchev, Secrétaire du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, s'est exprimé en détail à ce sujet sur les pages des médias russes.
En complément et afin de répondre aux questions reçues pour la conférence de presse, je voudrais noter que la Russie exprime (pas pour la première fois et depuis des années) une sérieuse préoccupation concernant l'activité militaire biologique des États-Unis aussi bien sur leur propre territoire qu'en dehors. Je voudrais souligner que quand nous parlons de "préoccupation", ce terme englobe également les nombreuses démarches pratiques que nous engageons. C'est l'interaction avec nos voisins, les pourparlers à ce sujet, l'évocation de ce thème au sein des organisations internationales spécialisées en la matière, et bien d'autres. Ne pensez pas que le terme "préoccupation" recouvre seulement un ensemble de lettres et de sons. Ce n'est pas le cas. C'est un ensemble de mesures systémiques prises par notre pays sur cet axe.
Des questions fondées se posent, notamment: à quel point l'activité des biolaboratoires américains sont-ils cohérents avec les termes de la Convention sur l'interdiction des armes biologiques (CABT)? En l'absence d'un mécanisme de vérification dans le cadre de la CABT, dont l'élaboration est bloquée par Washington depuis 2001, il n'existe pas de possibilité juridique de forcer les autorités américaines à partager les informations sur les recherches menées sur ces sites biologiques.
Les cas où des laboratoires américains se sont retrouvés au centre de grands scandales internationaux sont révélateurs dans ce contexte. Par exemple, lors d'une investigation sur les attentats liés à l'envoi d'anthrax aux États-Unis en 2001, il s'est avéré que le chercheur qui avait envoyé les enveloppes avec du poison travaillait au biolaboratoire de Fort Detrick, qui est un site de pointe du Pentagone dans le domaine de la protection biologique.
De plus, la Russie a exprimé plusieurs fois sa position concernant l'activité militaire biologique des États-Unis dans l'espace postsoviétique. De nombreuses questions sont également suscitées par l'activité du Centre de recherche en santé publique Lugar construit en Géorgie aux frais du Pentagone, où travaille la Direction des recherches médicales de l'armée de terre États-Unis-Géorgie. Nous accordé beaucoup d'attention à ce sujet, y compris publiquement.
Afin de répondre aux revendications concernant la mise en œuvre des termes de la CABT, nous prônons continuellement l'intensification des efforts pour renforcer le régime de la Convention, notamment en adoptant un Protocole juridiquement contraignant à la CABT avec un mécanisme de vérification efficace. A cela contribuerait la mise en œuvre de l'initiative russe de renforcer les mesures de confiance dans le cadre de la CABT en fournissant aux États parties des informations sur l'activité militaire biologique en dehors du territoire national. Nous jugeons également utile d'appliquer l'article V de la Convention, qui stipule que les États parties doivent se consulter entre eux pour régler toutes les questions relatives à la CABT.
Sur la décision de la cour d'appel de La Haye réaffirmant la légitimité du refus du retour de citoyens des Pays-Bas depuis la Syrie
La Russie subit un véritable "bombardement" médiatique de la part des partenaires occidentaux sur la thématique des droits de l'homme. Tout leur déplaît, tout est mal. Ils expriment des préoccupations fleurant l'hystérie quant au sort de gens "chers à leur cœur" qu'ils considèrent comme des "victimes innocentes".
Nous avons déclaré plusieurs fois à nos partenaires occidentaux que nous étions des participants responsables à tous les mécanismes chargés des droits de l'homme dans le cadre des organisations internationales dont nous faisons partie. Nous tenons rigoureusement et efficacement tous nos engagements. Nous répétons que le nombre de problèmes à ce sujet dans leurs propres pays ne leur laisse aucune possibilité de formuler des reproches envers qui que ce soit tant qu'ils ne régleront pas ces problèmes chez eux.
Il s'agit notamment des Pays-Bas où à tous les niveaux (il est question des structures gouvernementales et des ONG soutenues notamment au niveau gouvernemental, des médias) on entend régulièrement que la situation des droits de l'homme en Russie est mauvaise. C'est devenu une tendance aux Pays-Bas. Voyons s'il existe quelque chose aux Pays-Bas dont ces messieurs pourraient s'occuper.
La semaine dernière, la cour d'appel de La Haye a statué que les autorités néerlandaises refusaient de manière tout à fait légitime de rapatrier une citoyenne du Royaume se trouvant dans un camp de réfugiés au Nord de la Syrie. La cour reconnaît que cette femme, qui souffre d'une maladie grave et a été sérieusement mutilée, vit dans des conditions inhumaines, notamment sans nourriture ni eau potable en quantité suffisante. Mais la justice néerlandaise ne voit pas, ou plutôt ne veut pas voir, "l'utilité politique et pratique" de l'aider.
C'est une citoyenne néerlandaise. Et les autorités de ce pays lui refusent ce qu'elle demande. C'est un problème directement lié aux droits de l'homme.
On entend que pour le retour de la citoyenne il faudrait, entre autres, envoyer en Syrie des spécialistes néerlandais, ce qui est "exclu au vu des risques pour leur vie et sécurité". D'autant que La Haye n'a aucun lien formel ni avec Damas ni avec les groupes qui contrôlent le Nord de la Syrie. Une approche vraiment "démocratique"! Il s'avère que La Haye n'entretient pas de relations diplomatiques et n'a pas de questions concernant les droits de l'homme dans tel ou tel pays, même quand il s'agit d'un citoyen de son propre État.
C'est loin d'être le premier cas du genre. Plus tôt, la justice néerlandaise avait prononcé le même verdict concernant "l'absence de nécessité" de faire revenir un groupe de femmes et d'enfants ayant la citoyenneté néerlandaise d'un camp de réfugiés syrien.
Encore une fois: ces gens ont la citoyenneté néerlandaise, ils se trouvent sur le territoire d'un autre pays. Ils ont besoin d'aide. Non seulement ils n'ont pas ce qu'ils voudraient avoir en principe, mais ils n'ont pas non plus le nécessaire pour vivre. Le gouvernement néerlandais ne voit aucun problème du point de vue des droits de l'homme, parle de "l'absence de nécessité" de leur apporter la moindre aide. D'où vient un tel cynisme les conduisant à ne pas aider leurs propres citoyens et à se préoccuper sans cesse des citoyens d'autres pays?
Le problème du rapatriement de tels citoyens est indéniablement un "mal de tête" pour plusieurs pays occidentaux. Cependant, l'approche des Pays-Bas est différente même dans ce domaine. Les principaux propagandistes des "valeurs démocratiques" non seulement ferment les yeux sur les violations scandaleuses des droits de l'homme envers leurs compatriotes et refusent de les aider, mais cherchent également à les priver de la citoyenneté néerlandaise à la moindre occasion. De plus, la pratique judiciaire du Royaume est venue légaliser cette ligne de La Haye. Voici les traditions de jurisprudence dans l'un des États centraux de l'Occident.
Sur le traitement brutal des prisonniers aux États-Unis
Littéralement chaque jour, à différents niveaux, les politiciens, les représentants des ministères et des institutions, et l'administration des États-Unis se disent préoccupés par les droits de l'homme dans le monde entier. C'est une noble cause, mais il faut d'abord régler vos propres problèmes, qui nécessitent de l'attention.
Le traitement inhumain des prisonniers par le personnel pénitentiaire dans les prisons américaines suscite des questions. La violence est devenue une banalité, qui a transformé les prisons - dont certaines sont dirigées par des sociétés privées - pratiquement en centres de torture où règnent l'arbitraire et l'impunité. Il ne s'agit pas de Guantánamo ou des prisons volantes de la CIA, mais de prisons ordinaires.
Voici un exemple qui montre à quel point les gens sont impuissants dans les prisons américaines face aux sadiques qui y travaillent. Le 20 mars 2021, dans l'établissement pénitentiaire central du district de Columbia, le détenu Ryan Samsel, interpellé en tant que suspect et menotté, a été brutalement battu par deux gardiens. Son visage a été mutilé, son nez cassé, sa mâchoire cassée, un œil endommagé - jusqu'à provoquer des troubles psychiques. Après ce passage à tabac il a passé la nuit en cellule, inconscient et sans aide médicale.
L'avocat du détenu exige de l'administration de la prison, en vain pour l'instant, qu'elle fournisse la carte médicale de son client et de mener une enquête minutieuse sur l'incident qui, comme d'ailleurs dans la majorité des autres prisons américaines, est loin d'être isolé. Des milliers d'autres détenus se plaignent constamment des conditions de détention et des menaces des surveillants, qui intimident les prisonniers.
Où est le Département d’État américain? Où est l'administration présidentielle américaine? Des conférences de presse ont lieu chaque jour. Pourquoi ne dit-on rien sur les conditions inhumaines dans lesquelles sont détenus les citoyens des États-Unis et d'autres pays dans les prisons américaines?
Rappelons Viktor Bout et Konstantin Iarochenko, condamnés sur la base d'accusations montées de toutes pièces et détenus de facto comme des prisonniers politiques.
Viktor Bout, kidnappé par les services secrets américains en Thaïlande et condamné à 25 ans de prison après avoir refusé de reconnaître sa culpabilité de trafic d'armes, subit tous les jours des humiliations et une pression psychologique. Konstantin Iarochenko, illégalement arrêté en 2010 au Liberia, a été brutalement interrogé, après quoi il a perdu ses dents et subi de graves lésions des organes internes. Il a ensuite été envoyé aux États-Unis et condamné à 20 ans de prison dans une affaire complètement fabriquée à partir de dépositions d'agents sous couverture.
Il n'est possible d'obtenir une aide médicale minimale pour les Russes, dont la santé a été sérieusement endommagée, qu'après de multiples requêtes de nos diplomates, alors que la plupart des demandes d'organiser un examen médical complet restent sans réponse.
Nous soulevons constamment avec les autorités américaines, à différents niveaux, la question de la libération des citoyens russes injustement condamnés ou interpellés, et de leur rapatriement pour des motifs humanitaires. Cependant Washington, préoccupé en permanence par les droits de l'homme dans le monde entier sauf chez lui, ignore nos arguments. Au lieu de cela, il invente des fables sur les conditions de détention des condamnés en Russie, notamment d'Alexeï Navalny à qui, d'ailleurs, les militants des droits de l'homme rendent visite sans obstacles (Washington fait semblant de ne pas le savoir), et qui mène une activité médiatique active. Il est impossible de s'imaginer une telle chose aux États-Unis.
Nous appelons les autorités américaines à mener une enquête dans les plus brefs délais et dans la plus grande transparence sur tous les cas de violation des droits de l'homme des détenus. Ce qui se passe est contraire non seulement à la Constitution américaine et à la législation pénale, mais également aux normes humanitaires et juridiques internationales fondamentales. Nous espérons entendre une réponse publique des représentants américains officiels concernant les mesures prises afin d'empêcher un tel arbitraire à terme, ainsi que soit garantie la sécurité et l'accès à l'aide médicale nécessaire en prison.
Sur la coopération entre la Russie et l'ANASE dans la lutte contre la drogue
La lutte contre la criminalité liée à la drogue est un axe important des efforts communs menés avec l'ANASE pour combattre les nouveaux défis et menaces. Sur les plateformes compétentes de l'Onu nous défendons, en coordination avec l'Association, l'immuabilité du régime international en vigueur pour le contrôle des stupéfiants. Des réunions de hauts responsables de notre pays et de l'ANASE sont organisées régulièrement autour de la problématique des drogues.
Depuis 2012, nous contribuons à former des cadres pour les forces de l'ordre de l'ANASE. L'an dernier, nous avons focalisé les stages spéciaux au niveau du Ministère de l'Intérieur sur la résolution et l'enquête sur les crimes liés au trafic de stupéfiants. Malgré la pandémie de coronavirus, compte tenu de l'intérêt des membres de l'ANASE nous avons réussi à doubler le nombre de participants au stage de formation.
C'est une contribution réelle de l'Association pour atteindre l'objectif fixé d'une "ANASE exempte de drogues". De plus, la Russie a déjà soumis à la mise en œuvre cette année plusieurs propositions concrètes pour élargir la coopération avec les dix membres de l'ANASE dans la lutte contre les stupéfiants, notamment pour échanger des informations opérationnelles, organiser des opérations et des enquêtes conjointes, ainsi que pour lutter contre le financement du trafic de stupéfiants.
Sur les nouvelles exigences pour les manuels scolaires japonais
Nous avons remarqué la nouvelle exigence du Ministre japonais de l’Éducation, de la Science, de la Technologie et de la Culture concernant les manuels scolaires de géographie, d'histoire et de société pour le lycée, qui prescrit de désigner obligatoirement les Kouriles du Sud comme des "territoires japonais séculaires".
Il est regrettable que le gouvernement japonais inculque à la jeune génération de faux stéréotypes en contradiction avec la vérité historique et les résultats de la Seconde Guerre mondiale, attisant ainsi une campagne de revendications territoriales infondées envers notre pays. La souveraineté de la Fédération de Russie sur les Kouriles du Sud est incontestable.
Ces actions des autorités japonaises suscitent une profonde indignation au sein de la société russe et pourraient affecter de manière négative l'atmosphère des relations bilatérales.
Sur le 60e anniversaire du premier vol spatial habité
Le 12 avril, toute l'humanité célèbre le 60e anniversaire du premier vol spatial habité. C'est un événement véritablement historique, qui a déterminé en grande partie l'image du monde dans lequel nous vivons aujourd'hui. Il est entré dans l'histoire non seulement comme un grand exploit scientifique et technique, mais également comme une preuve de la bonne volonté et de l'aspiration à une coopération pacifique du côté d'une grande puissance. Cette fête n'a pas de frontières, elle unit toutes les générations, tous les peuples et tous les continents.
Le 7 avril 2011, l'Assemblée générale des Nations unies a proclamé le 12 avril "Journée international du vol spatial habité". Chaque année, cette date commémore "l'ère spatiale de l'humanité".
A la veille de la Journée de la cosmonautique, le Ministère des Affaires étrangères rappelle cet événement historique grandiose et travaille activement pour que cette date soit couverte médiatiquement. Une allocution vidéo se Sergueï Lavrov est prévue à l'occasion de l'anniversaire du premier vol spatial habité.
Le 5 avril, le Ministère des Affaires étrangères a inauguré une exposition de l'agence de presse TASS intitulée "Messager de la paix". Vous pouvez vous familiariser avec cette exposition sur le site du Ministère russe des Affaires étrangères.
Nous couvrons très activement l'anniversaire à venir sur les sites du Ministère et, évidemment, sur les réseaux sociaux. Nous avons lancé une série de publications consacrées à la Mission de la paix, où nous parlons en détail de la célèbre tournée internationale de Iouri Gagarine, des épisodes les plus intéressants de ses voyages dans différents pays où il était accompagné, notamment, par des diplomates soviétiques.
Pour le 12 avril nous préparons plusieurs projets intéressants tels que des présentations interactives et des informations uniques sur les endroits mémorables liés au nom de Iouri Gagarine dans différents pays.
Il convient de souligner que la mémoire de notre grand compatriote vit à ce jour. Iouri Gagarine est admiré aux quatre coins du monde, il continue de vivre dans le cœur des gens.
En témoigne l'immense intérêt pour cet anniversaire à l'étranger. Là où la situation épidémiologique le permet, nos diplomates organisent des expositions photo et des diffusions de films avec des discours de cosmonautes russes actuels, dans d'autres pays se déroulent des visioconférences et des tables rondes. Sur les réseaux sociaux de toutes les représentations diplomatiques sont publiées des notes historiques sur la vie du premier cosmonaute de la planète. Les fils d'actualité de certaines représentations diplomatiques présentent même des discours vidéo de cosmonautes étrangers qui expliquent ce que signifie pour eux l'anniversaire de cet événement historique.
L'intéressant projet thématique "Le premier dans l'espace" a été lancé par la Représentation permanente de la Russie auprès de l'Onu à New York et par la Représentation permanente de la Russie auprès des organisations internationales à Vienne conjointement avec le Service russe des actualités et la page russophone de l'Onu. Il se déroulera du 8 au 12 avril. Dans le cadre de cette initiative il sera possible d'accéder à des informations sur la conférence de presse de Iouri Gagarine et de Valentina Terechkova au siège de l'Onu en octobre 1963, de voir des photos et des enregistrements uniques, notamment des archives de l'Onu, réalisés pendant leur visite à New York, ou encore des fragments de souvenirs de diplomates émérites tels qu'Andreï Gromyko, qui accompagnait les cosmonautes soviétiques pendant ce voyage.
Beaucoup de rêves sont devenus réalité en 60 ans: la première sortie extravéhiculaire, le premier homme sur la Lune, les longs vols spatiaux et le lancement de sondes vers d'autres planètes.
La Russie détient solidement les premières positions dans le secteur spatial - notamment de par le nombre de lancements -, développe activement son groupe orbital de satellites, et travaille sur de nouveaux produits high-tech.
Nous sommes disposés à poursuivre notre coopération avec nos partenaires et, comme l'a déclaré le Président russe Vladimir Poutine, nous "choisirons les secteurs qui nous aideront à rapprocher les positions et, peut-être, à travers l'espace, à mieux s'entendre sur Terre".
Sur la table ronde de la Représentation permanente de la Fédération de Russie auprès du Conseil de l'Europe à l'occasion du 60e anniversaire du vol de Iouri Gagarine dans l'espace
Ce jeudi 15 avril à 16h30, heure de Moscou, la Représentation permanente de la Fédération de Russie auprès du Conseil de l'Europe organisera une table ronde à l'occasion du 60e anniversaire du premier vol spatial habité et de la Journée internationale de la cosmonautique.
A cet événement participeront la Secrétaire générale du Conseil de l'Europe Marija Pejčinović Burić, le cosmonaute Sergueï Krikalev, Directeur exécutif de la compagnie publique Roskosmos pour les programmes spatiaux habités, ainsi que des ambassadeurs de plusieurs pays membres du Conseil de l'Europe ayant participé à la conquête de l'espace.
L’événement tournera autour de plusieurs thèmes centraux, parmi lesquels le rôle éminent des pionniers soviétiques de l'espace dans le développement de la civilisation humaine, le développement de la cosmonautique dans les pays membres du Conseil de l'Europe, et l'histoire et les perspectives de la coopération internationale dans le secteur spatial, notamment avec l'usage des capacités du Conseil de l'Europe.
L'événement sera diffusé sur les pages de la Représentation permanente et du Ministère russe des Affaires étrangères sur les réseaux sociaux.
Nous vous invitons à visionner cet événement. Ce sera intéressant!
Sur la présence de la Russie en Arctique
Nous avons reçu de nombreuses questions, notamment de CNN, d'Euronews, de la revue Mejdounarodnaya Jizn et d'autres médias sur la présence de la Russie en Arctique. Compte tenu du fait que ce thème est important, intéressant, et d'actualité, je voudrais parler au grand public de l'activité russe dans cette région.
Question (CNN): Des représentants officiels américains, lors d'un entretien avec CNN, ont exprimé leur inquiétude concernant le renforcement des bases militaires et des ressources par la Russie au-delà du cercle polaire arctique. Même s'il s'agit d'un territoire russe, comme l'indique souvent la Russie elle-même, les États-Unis craignent que ce renforcement des capacités soit destiné à imposer des règles russes à la Route maritime du Nord et le pouvoir de Moscou à cette région, qui dégèle de plus en plus. Des représentants officiels norvégiens sont également préoccupés par le préjudice écologique potentiel des futurs essais du Poseidon 2M39. Avez-vous un commentaire au sujet de ces craintes?
Réponse: En Arctique, la Russie ne fait rien qui serait contraire au droit international ou menacerait d'autres pays. Si l'on parle des sources éventuelles de tension dans la région, il serait logique d'évoquer l'activité militaire des États-Unis et de leurs alliés en Arctique, qui s'accompagne d'une rhétorique belliqueuse. C'est l'Otan et d'autres membres de l'Alliance, notamment des pays non arctiques, qui y organisent des actions provocatrices - et ce de plus en plus régulièrement. Pour prendre la période récente, ils ont organisé plusieurs opérations de ce genre dans les eaux frontalières de la Russie de l'océan Arctique. Cette aspiration à militariser l'Arctique et à utiliser la région afin d'appliquer la fameuse ligne de "contention de la Russie" nous alarme à juste titre. Malheureusement, la participation des États membres du Conseil de l'Arctique à de telles actions militaires s'intensifie. Nous estimons qu'une telle ligne de conduite ne contribue pas au maintien d'une atmosphère de confiance et de coopération entre les pays de l'Arctique.
Nous vous informons également que nous n'avons pas connaissance du fait que les autorités norvégiennes aient exprimé des préoccupations concernant un éventuel préjudice écologique lié aux essais d'une nouvelle arme russe.
Si nous recevions une requête norvégienne officielle, nous serions prêts à utiliser les canaux de liaison disponibles au niveau des ministères de la Défense pour fournir les explications nécessaires.
Question (Mejdounarodnaya Jizn): Dans un reportage récent, la chaîne CNN a déclaré que depuis plusieurs années, la Russie, cherchant à renforcer le contrôle de la région dans l'ensemble et de la Route maritime du Nord en particulier, renforçait à une vitesse sans précédent sa présence militaire en Arctique et y testait de nouvelles armes. Que pouvez-vous dire à ce sujet?
Réponse: En ce qui concerne la Route maritime du nord (RMN), c'est une communication de transport nationale unifiée historique de la Fédération de Russie, qui joue un rôle central dans la navigation militaire arctique au large de son territoire. Elle traverse des espaces maritimes de statuts juridiques différents (eaux intérieures, mer territoriale, zone économique exclusive). La RMN relie l'Extrême-Orient russe et les régions occidentales du pays, et possède un grand potentiel pour le développement du transport maritime international.
Les règles de navigation via la RMN sont établies depuis longtemps. Elles ont été élaborées et adoptées conformément aux normes de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982. En régulant la navigation maritime dans ces eaux, la Russie agit dans le cadre du droit international. Ces règles claires, et non contraignantes pour les propriétaires des navires, permettent de garantir une navigation efficace et sûre sur la Route maritime du Nord, qui se caractérise par des conditions climatiques austères et la présence de glaces, ou encore de prévenir des incidents qui risqueraient d'infliger un grave préjudice à long terme à l'environnement particulièrement vulnérable de l'Arctique. La Route maritime du Nord est utilisée par plusieurs centaines de navires par an, notamment sous le pavillon d'autres pays - de 45 États au cours de ces dernières années. Le volume des cargaisons transportées s'élève à des dizaines de millions de tonnes par an et augmente constamment. Dans ces conditions, il n'y a pas de raisons réelles d'alimenter des "craintes" à ce sujet.
Vous le savez, la Russie et les États-Unis adoptent des positions différentes vis-à-vis du statut juridique et du régime de plusieurs golfes arctiques russes. Ces divergences ne sont pas une nouveauté: elles existaient déjà à l'époque de l'URSS et au cours des dernières décennies. Heureusement, elles n'ont débouché sur aucun incident. Nous appelons à continuer de s'abstenir d'une manipulation dangereuse de ce sujet à des fins provocatrices.
A ce que l'on sache, à différentes époques Washington a exprimé des dizaines de protestations concernant le régime des espaces maritimes sous la juridiction d'autres États, y compris des alliés des États-Unis tels que le Canada. Cependant, des thèses sur une prétendue menace émanant précisément de l'Arctique sont lancées dans l'espace public de manière persistante et tendancieuse. Ce qui suscite forcément des préoccupations. On perçoit clairement une certaine tendance.
Dans l'ensemble, les États-Unis, qui ne sont pas membres de la Convention sur le droit de la mer, se positionnent comme un combattant constant pour la liberté des eaux internationales, qui peuvent être utilisées par tous les pays. Cela leur ressemble beaucoup: ne pas être membre d'un processus tout en appelant tout le monde à appliquer leur propre vision de prétendues "règles". Parmi de telles libertés figurent non seulement la liberté de navigation maritime, mais également et notamment la liberté de construire des gazoducs. Ce serait bien que les États-Unis montrent l'exemple en matière de respect des normes du droit international en vigueur et cessent enfin de créer des obstacles illégaux à cette liberté dans le cadre du projet Nord Stream 2.
Réponses aux questions:
Question: Dans une récente interview, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dit que le format de Moscou sur l'Afghanistan pourrait être relancé à condition que le processus de paix avance, c'est-à-dire que l'entente entre les États-Unis et les talibans soit mise en œuvre. Peut-on dire aujourd'hui dans quels délais le mécanisme pourrait reprendre son travail sachant que ni les États-Unis ni les talibans ne remplissent à part entière les conditions de l'entente, et que récemment des représentants des talibans ont même déclaré être prêts à l'annuler?
Réponse: Les plans d'organiser de nouvelles consultations au "format de Moscou" sur l'Afghanistan sont d'actualité. Nous vous préciserons ultérieurement dans quels délais elles pourraient se tenir.
En ce qui concerne l'entente signée entre les États-Unis et les talibans en février 2020 à Doha, à ce que l'on sache, aucune partie n'a encore évoqué sa rupture. De plus, malgré les complications actuelles dans sa mise en œuvre, nous constatons l'intérêt des signataires de l'accord à préserver ce document qui a permis de faire avancer le processus de paix en Afghanistan.
Question: Ma question concerne les déclarations des autorités ukrainiennes concernant un éventuel déplacement du lieu des réunions du Groupe de contact trilatéral de Minsk en Suède. Est-ce que l'Ukraine a notifié la Russie de cette idée? L'a-t-on évoquée dans le cadre du Groupe de contact? Où ces réunions pourraient-elles être hypothétiquement déplacées?
Réponse: C'est, passez-moi l'expression, une bêtise "hypothétique" que nous entendons régulièrement de la part des représentants de Kiev dans différents domaines - par exemple la déclaration du porte-parole du Président ukrainien Iouri Mendel concernant la prétendue "langue russe ukrainienne". C'est du même genre.
Nous n'avons rien entendu de nouveau dans la déclaration du vice-Premier ministre ukrainien Alexeï Reznikov. C'est une vieille idée portée par les représentants de l'establishment politique ukrainien. Elle a été également exprimée par le chef de la délégation ukrainienne Leonid Kravtchouk. Ils proposent non seulement la Suède, mais également la Pologne. Ils ont peut-être décidé d'élargir la "géographie" du tourisme. C'est difficile à dire.
Réfléchissons à ce sujet d'un point de vue pratique, voyons ce qui dicte ces déclarations. Je voudrais souligner que dans le cadre du Groupe de contact ce thème n'est pas évoqué sur un plan pratique, et que la perspective même du passage aux réunions en présentiel semble très floue, avant tout à cause des restrictions en vigueur à cause de la pandémie de Covid-19. Cette question n'a pas non plus été soulevée par la Biélorussie, qui reste fondamentalement prête à garantir le déroulement des réunions du Groupe de contact avec tous les participants conformément aux plus hautes normes internationales, comme elle l'a fait depuis six ans.
Pourquoi faire ces déclarations? Pourquoi tout cela est diffusé dans l'espace public? La réponse est évidente. Et il ne s'agit pas d'une perte de "confiance en la Biélorussie qui se trouve sous l'influence de la Russie" (on a tenté de nous "vendre" cette version), mais d'une ligne intentionnelle de Kiev visant à piétiner la mise en œuvre de ses engagements dans le cadre des Accords de Minsk dont l'objectif est de régler le conflit en Ukraine dans le cadre d'un dialogue direct avec Donetsk et Lougansk. Cette ligne consiste à exprimer un mécontentement constant par rapport aux événements, à organiser en permanence des provocations médiatiques, à accuser tout le temps les autres de saboter les accords et leur mise en œuvre uniquement pour esquiver les questions au sujet de savoir ce que fait Kiev pour remplir les Accords de Minsk. C'est un sabotage flagrant des accords conclus plus tôt et c'est cette politique qui a conduit les négociations dans l'impasse.
Il y a également des facteurs supplémentaires. Il est impossible de ne pas voir dans de telles déclarations l'aspiration de Kiev, notamment au profit de ceux qui dirigent le pays de l'extérieur, à afficher son prétendu attachement à la démocratie à travers la diabolisation, la diffamation, les mythes et la désinformation concernant la Biélorussie. Nous savons parfaitement ce qu'est la "démocratie" en Ukraine. C'est un phénomène à part. Les événements récents ont clairement montré de quoi il s'agissait: d'un nettoyage extrajudiciaire du champ médiatique ukrainien, d'une persécution des dissidents, d'exactions commises par les nationalistes ultraradicaux, d'une impunité totale par rapport à des personnes dont ils ont fait des parias dans leur propre État.
Nous espérons que la classe politique ukrainienne dirigeante prendra enfin conscience de la nécessité de s'orienter, dans sa politique sur les intérêts fondamentaux à long terme de son pays, qui résident dans le rétablissement de la paix et du calme dans le Donbass en mettant en œuvre les Accords de Minsk, en revenant aux bonnes relations amicales. Elles résident avant tout dans une attitude normale et bonne envers ses propres citoyens et non dans les profits à court terme obtenus par le régime de Kiev pour avoir servi des ambitions géopolitiques étrangères.
Question: Pourriez-vous commenter la situation en Birmanie? Est-ce que la Russie compte optimiser l'effectif de l'Ambassade de Russie en Birmanie compte tenu de la situation dans ce pays? Prend-on des mesures de sécurité supplémentaires?
Réponse: Nous suivons attentivement l'évolution des événements en Birmanie suite au décret de l'état d'urgence le 1er février, notamment en ce qui concerne la sécurité de notre Ambassade et de son personnel.
Compte tenu de la montée des tensions, notamment suite aux affrontements entre les forces de l'ordre birmanes et l'opposition irréconciliable qui est passée du mouvement de désobéissance civile à des formes plus radicales de protestation, des mesures supplémentaires ont été prises pour renforcer la sécurité de l'établissement diplomatique russe. En particulier, en accord avec les autorités locales, les effectifs policiers qui assurent la sécurité du périmètre du territoire de l'ambassade ont été renforcés et des barrières provisoires ont été installées sur les voies d'entrée - parmi d'autres mesures.
Dans le même temps, l'évaluation de la situation actuelle dans les grandes villes de la Birmanie, y compris Yangon où se situe l'Ambassade russe, montre que la situation tend vers la normalisation. La représentation diplomatique russe fonctionne donc en régime normal.
Nous partons du principe qu'à l'étape actuelle, la question de la réduction du personnel de l'Ambassade ou de l'évacuation de citoyens russes en Birmanie ne se pose pas. En même temps, nous suivons en permanence la situation, surveillons régulièrement et évaluons les menaces éventuelles pour notre établissement diplomatique et nos compatriotes. Les mesures nécessaires seraient prises en cas de besoin.
Question: Un communiqué curieux a été diffusé il y a quelques jours, sur la "rencontre" accidentelle de Sergueï Lavrov et John Kerry, envoyé spécial des États-Unis pour le climat, dans un hôtel. On les s'imagine déjà tomber l'un sur l'autre au petit-déjeuner. L'expérience suggère tout de même que de telles rencontres ne sont pas dues au hasard. Le service de sécurité du Ministre a certainement vérifié qui étaient les autres résidents de l'hôtel. Est-ce réellement un heureux hasard?
Réponse: Existe-t-il des hasards débouchant sur des rencontres? Bien sûr que oui. C'est ainsi que cela se passe lors des grands forums, quand il y a un ordre du jour préalablement fixé.
Des rencontres sont également organisées en marge des activités simplement parce qu'une telle nécessité survient, ou quand les parties apprennent qu'elles se trouvent au même endroit. C'est aussi une norme dans la pratique diplomatique. Cela arrive très souvent. Au cours de l'Assemblée générale des Nations unies par exemple, il y a un très grand nombre de délégations, le calendrier du Ministre russe, vous le savez, compte 50-60 rencontres en quelques jours. Certaines rencontres sont annulées pour des circonstances inattendues - une divergence ou un changement dans l'emploi du temps, la situation, la logistique. D'autres rencontres s'ajoutent. Pour ces mêmes raisons "accidentelles", comme vous l'avez dit, quand des personnes se rencontrent dans le cadre de pourparlers généraux ou dans les couloirs. Ils peuvent s'entretenir debout, faire passer l'entretien dans un format plus substantiel. La réponse est affirmative: dans la pratique diplomatique, cela fait également partie du travail.
Nous avons tout commenté à ce sujet. Cela s'est passé comme ça. Il n'était pas prévu que deux délégations se retrouvent sur le territoire d'un autre pays (Inde) en même temps et dans le même hôtel. Ce contact a eu lieu.
Question: Plusieurs experts russes s'inquiètent du fait que la nouvelle administration américaine utilise l'agenda climatique et la nécessité de protéger la planète contre l'activité humaine pour promouvoir la mondialisation selon ses propres règles, pour imposer un agenda sans alternative. La Russie fait-elle la différence entre l'agenda climatique et le thème de la protection de l'environnement? Où voyez-vous des points de divergence/convergence entre les positions de la Russie et des États-Unis?
Réponse: Les questions relatives à la protection de l'environnement et aux changements climatiques sont étroitement liées et se sont ancrées au cours des dernières décennies en tant qu'objectifs prioritaires de l'ordre du jour mondial. Ce n'est pas l'agenda d'un État, c'est un agenda international. A l'heure actuelle, nous sommes confrontés à des défis sans précédent en matière d'écologie, qui, s'ils sont surmontés, ouvriront aussi bien des possibilités de développement national harmonieux que des perspectives de coopération équitable entre les États.
La protection de l'environnement est l'un des domaines dans lesquels la Russie et les États-Unis ont des intérêts communs. En effet, la nouvelle administration américaine fait passer la politique socioéconomique sur des rails écologiques. Nous pouvons en juger à partir de leurs déclarations dans l'espace public. Pour l'instant, il est plutôt question de la formation de cette ligne que de sa réalisation. Et l'une des premières décisions de la nouvelle administration américaine a été le retour au sein de l'Accord de Paris sur le climat.
La Russie a exprimé plusieurs fois sa disposition au dialogue en la matière. Nous sommes toujours partis du principe - et continuerons de le faire - que le règlement des problèmes environnementaux et de changement climatique doivent être exempts de toute politisation. C'est notre position fondamentale. Nous nous sommes tenus à cette approche indépendamment de l'administration en fonction à la Maison blanche. Nous pensons que des efforts communs doivent être entrepris sur les plateformes internationales compétentes.
Nous sommes entièrement attachés au respect des engagements dans le cadre des accords écologiques. La responsabilité pour la préservation de la diversité de l'écosystème de la planète repose sur nous tous, et pas seulement sur les États-Unis. Et nous pensons que non seulement les gouvernements, mais également le secteur privé et la société civile, assument la responsabilité de la réalisation de l'agenda environnemental. A l'heure actuelle fonctionnent déjà des mécanismes d'implication des entreprises dans des projets environnementaux, notamment par le biais des partenariats public-privé.
Plus brièvement: faut-il éviter la politisation du problème écologique? Absolument. Non seulement l'éviter, mais également l'éradiquer. Est-il possible d'empêcher tout lien entre le thème écologique et la politique? Probablement pas. Les représentants politiques sont des "brise-glaces" pour faire avancer tel ou tel agenda. L'écologie est prise en charge par les organisations internationales, par l'Onu avec ses organes, des personnalités politiques, des politiques, des organisations sociopolitiques. Dans ce contexte, c'est normal. Mais la politisation, quand sous prétexte d'une préoccupation pour l'écologie sont réglés des problèmes conjoncturels sortant parfois du cadre légal, est inadmissible.
Question: Il y a littéralement quelques heures, l'agence de presse Reuters a annoncé que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international avaient l'intention d'associer la mise en œuvre de l'agenda climatique à l'allègement de la dette. En particulier, cette même agence Reuters, se référant à une source anonyme, rapporte qu'il serait question d'un changement systématique d'économies entières sous l'égide de la Banque mondiale et du FMI avec l'aide d'experts - essentiellement occidentaux, je suppose. Du point de vue de la vision climatique de la nouvelle administration américaine, nous voudrions comprendre quand l'agenda climatique est entièrement international et convenu avec tous, et quand il commence à être, comme vous dites, purement conjoncturel, qu'il exprime les intérêts non seulement d'un État concret, mais également de multinationales. En particulier, l'envoyé du Président américain pour le climat John Kerry, qui a rencontré récemment le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, affirme que cet objectif n'est pas à la portée des États et que c'est principalement aux sociétés privées et aux multinationales de s'en occuper.
Réponse: Ici la réponse est très simple en théorie, mais difficile à réaliser. Vous demandez où se trouve cette limite, où passe cette frontière entre la coopération normale, notamment dans le secteur politique, et la politisation. C'est très simple: dans le champ juridique. S'il est question d'une coopération basée sur les accords juridiques et les ententes, alors nous parlons de conditions mutuellement avantageuses et équitables de partenariat, d'interaction, de règlement des problèmes. S'il est question de la domination d'un État, de l'utilisation d'instruments hors de cette limite "juridique", alors il y a de très grandes chances que de tels actes puissent être évalués comme politisés.
Jusqu'à récemment, sur plusieurs thèmes comme la santé, les droits de l'homme, la science et la technologie, on nous inculquait l'idée que le monde occidental et plusieurs États phares de cet Occident collectif possédaient les réponses à toutes les questions de notre époque. Ils menaient leur "communauté du monde occidental" et tous les autres vers un avenir radieux parce qu'ils savaient comment y parvenir et comment rendre la vie merveilleuse. Aujourd'hui, nous avons compris que c'était un mythe, une illusion. Il existe effectivement des avancées importantes et nécessaires dans cette direction, mais ils ne sont absolument pas une panacée non seulement en termes d'application mondiale, mais également pour régler les problèmes difficiles à l'intérieur de ces États "phares".
C'est pourquoi la domination, le règlement, ou l'imposition de ses propres visions des questions climatiques par un État à d'autres États, aux organisations internationales ou aux multinationales, sont un exemple d'une telle voie qui mène ou pourrait conduire à une politisation conjoncturelle du problème. A ce jour, il n'existe aucun État qui serait capable d'assumer la responsabilité des destinées du monde en matière d'écologie. Les régions, États, économies, objectifs, problèmes et tâches ont leurs différences. La domination d'un seul point de vue est un indicateur de présence de perspectives ou de possibilités de politisation. Il serait préférable de l'éviter.
Sans la participation de la politique, sans la participation d'hommes politiques et sans une interaction étroite de la vie politique avec des thèmes d'actualité comme le climat et la santé, le progrès sur les différentes questions ou le règlement de nombreux problèmes serait également assez difficile.
Encore une fois, la pandémie de coronavirus est un problème mondial, planétaire. Malheureusement, il n'existe aucune région du monde qui ne soit pas touchée. Bien évidemment, il faut régler ce problème à un niveau politique élevé. Mais régler, avancer sur cette voie au profit des intérêts des peuples est une chose; "mettre des bâtons dans les roues", clamer sa propre exclusivité et de prétendues qualités de leader dans tel ou tel domaine sans aucun fondement en est une autre.
Question: Dans plusieurs pays de la région et en Turquie même, on débat activement de l'idée du gouvernement turc de revoir la Convention de Montreux. Dans quelle mesure une telle décision concerne la Russie? Quelle est la position de la Russie par rapport à ces plans, notamment celui de construire un canal alternatif reliant la mer Noire et la Méditerranée?
Des communiqués rapportent (le dernier venant de l'Observatoire syrien des droits de l'homme) que les djihadistes en Syrie auraient reçu des ordres et seraient envoyés à l'Est de l'Ukraine. Quelles informations la Russie possède-t-elle à ce sujet? Est-ce que des djihadistes combattent dans l'Est de l'Ukraine?
Réponse: Vous le savez, la Fédération de Russie est membre de la Convention concernant le régime des détroits de 1936 (Convention de Montreux). Bien sûr, toutes les tentatives de la modifier affecteraient les intérêts de notre pays.
Nous considérons cette Convention comme un facteur clé de la stabilité et de la sécurité en mer Noire, notamment en ce qui concerne la navigation militaire.
La Convention de Montreux prévoit, pour les navires de guerre présents en mer Noire sous le pavillon de pays ne faisant pas partie de la région, des restrictions de tonnage total, de délai de présence et de type d'armement pour certaines catégories de navires. Elle détermine également la procédure d'envoi des notifications d'entrée. Le mécanisme créé dans son cadre a prouvé son efficacité du point de vue du maintien de la stabilité et de la garantie de la sécurité dans la région, il passé l'épreuve du temps. Nous ne voyons pas d'alternative au régime du droit international établi sur la base de la Convention de Montreux. Nous espérons que tous les États concernés adopteront une approche responsable de son respect. Un rôle particulier incombe à la Turquie à ce sujet.
En ce qui concerne votre seconde question. L'Observatoire syrien des droits de l'homme s'est discrédité depuis longtemps. Les Casques blancs et l'Observatoire syrien des droits de l'homme se trouvent, comme bien d'autres instruments de l'arsenal de désinformation de l'Otan, sur le territoire britannique. Ce sont des structures qui se sont discréditées complètement. Cet "observatoire" a publié à une époque tellement de fakes et était si impliqué dans l'agression médiatique contre le droit international et directement la Syrie, que je ne vois aucune raison de s'y référer.
Question: Dimanche dernier, la Russie et l'Azerbaïdjan ont fêté le 29e anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques bilatérales, qui auront donc 30 ans l'an prochain. Certes, nous prenons un peu les devants, mais le Ministère des Affaires étrangères a-t-il déjà des plans pour célébrer cette date anniversaire? Organisera-t-on quelque chose de particulier à l'occasion de l'anniversaire des relations diplomatiques avec l'Azerbaïdjan?
Réponse: Je voudrais encore une fois attirer votre attention sur les interviews détaillées du vice-Ministre russe des Affaires étrangères Andreï Roudenko accordées le 2 avril à l'occasion du 29e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques avec l'Azerbaïdjan et avec l'Arménie. Ces interviews expriment un avis détaillé sur l'état de nos relations bilatérales.
En ce qui concerne le 30e anniversaire, ne prenons pas autant les devants. Il reste encore beaucoup de temps. La seule chose que je puisse dire, c'est que cette question est à l'étude. Cet événement important sera célébré dignement avec différentes activités intéressantes.
Question: La situation concernant le vaccin russe envoyé en Slovaquie évolue rapidement mais, malheureusement, selon le pire scénario prévisible. Les médias mondiaux et les réseaux sociaux relaient les informations les plus contradictoires, des affirmations diamétralement opposées. Des médias russes, par exemple, commettent également des erreurs en affirmant que le vaccin Sputnik V est enregistré en Slovaquie. Le fait est, justement, qu'il n'y est pas enregistré. Et sa vente, alors que l'UE exigeait son enregistrement, était probablement une démarche irréfléchie de la part de la Russie. Au final, la bonne volonté de la Russie est interprétée comme une aspiration de Moscou à gagner de l'argent sans se préoccuper de la qualité - et certains vont encore plus loin dans leurs déclarations. On assiste à une situation assez paradoxale. D'un côté: une immense demande de vaccins et des commandes que le fabricant n'arrive pas à honorer assez vite. De l'autre: 200.000 doses pour 100.000 personnes se sont envolées "là où il ne fallait pas". Sans entrer dans les détails, le fait est que les vaccins livrés en Slovaquie ne sont pas encore utilisés pour vacciner des humains, mais des souris et des cochons d'Inde, c'est-à-dire de facto pour créer une sérieuse base documentaire afin de discréditer le vaccin russe Sputnik V. Est-ce un simple concours de circonstances, une bêtise, ou derrière tout cela se trouve une tentative intentionnelle de discréditer le vaccin russe, mission pour laquelle la Slovaquie a été spécialement choisie?
Réponse: Pourquoi séparez-vous le concours de circonstances, la bêtise, les actions planifiées, le discrédit et la désinformation? Parfois ce sont juste différentes facettes d'une même chose: une politique destructive. Si nous parlons de politique autodestructive, d'une politique qui n'est pas orientée sur les intérêts nationaux, qui est dictée de l'extérieur. Beaucoup de choses que vous avez mentionnées en font partie intégrante.
Vous le savez, le RFPI a fait une déclaration à ce sujet. J'ai lu et suivi tout ce qui se déroulait autour du vaccin russe en Slovaquie. Je n'ai qu'une seule question. Je pense ne pas être la seule à vouloir la poser. Que veulent la Slovaquie, l'establishment politique et les représentants officiels en principe? Quel est leur objectif? Nous pensions qu'ils voulaient aider leurs propres citoyens à surmonter les conséquences de la pandémie, tout faire pour protéger la santé de leur propre population et participer aux efforts mondiaux en ce sens. Nous le voyions ainsi. C'est logique, normal, juste. C'est ce que font les dirigeants et les politiques de tous les pays. Ce que nous voyons nous pousse à nous demander ce qu'ils veulent vraiment. Avant de tirer des conclusions politiques, nous voudrions entendre une réponse à cette question. Quand elle sera donnée, nous pourrons faire d'autres commentaires. Il sera difficile d'évaluer de tels actes sans réponse à cette question fondamentale.
Du côté russe, tout a été fait comme cela devait l'être en sachant précisément que les objectifs du gouvernement slovaque étaient la protection de la population, la nécessité de pallier les conséquences de la pandémie, la protection de la santé, etc. De notre côté, nous avons fait tout le nécessaire pour une coopération civilisée, normale, mutuellement avantageuse et équitable.
Question: Une question concernant le meurtre monstrueux de Vladik, 5 ans, dans le village d'Alexandrovskoe dans le Donbass, tué dans une attaque de drone des forces armées ukrainiennes. Il a été rapporté que le Comité d'enquête de la Fédération de Russie avait ouvert une enquête pénale à ce sujet. En République populaire de Donetsk, le parquet a classé ce crime comme une attaque terroriste. Conformément au droit international et aux lois humaines, qui doit assumer la responsabilité de la mort d'un enfant innocent? Ce crime est-il considéré comme un crime de guerre?
Réponse: C'est aux juristes de répondre à la partie juridique de votre question. Comme vous l'avez noté, le Comité d'enquête de la Fédération de Russie a ouvert une enquête pénale. Toutes les questions juridiques auront une suite. Les réponses seront données lors des actions appropriées entreprises par nos autorités.
En ce qui concerne votre remarque sur le fait qu'il s'agit d'un crime monstrueux, je voudrais un peu élargir le "cadre". Ce n'est pas seulement la mort d'un enfant qui est monstrueuse, mais celle de centaines d'enfants tués par des combattants au centre de l'Europe au cours des vingt premières années du XXIe siècle avec le soutien médiatique et moral de "superviseurs" occidentaux, notamment de l'UE, de Bruxelles directement et de bien d'autres structures internationales parce qu'ils ne voient pas, et ne veulent pas voir, les tragédies humanitaires qui se déroulent dans cette région de l'Europe. Puisqu'ils parlent tous les jours de leur attachement aux droits de l'homme, s'intéressent au sort d'adultes qui ne subissent pas de violences ni d'autres traitements inhumains, alors pourquoi personne ne voit ce qui arrive aux enfants dans le Donbass, à Donetsk et à Lougansk? Combien d'enfants ont été tués? Combien ont été mutilés? Combien souffrent de maladies chroniques à cause de la guerre?
Est-ce que le traumatisme subi par une génération entière d'enfants n'est pas considéré comme un problème important du point de vue de la mentalité occidentale, qui parle constamment de tolérance, des droits de l'homme, de la préoccupation pour tous, etc.? N'est-ce pas un problème? Nous l'avons compris sur l'exemple de la Syrie, des enfants syriens, quand le sort d'un enfant a pu devenir un symbole de lutte contre un régime prétendument "sanguinaire", mais que celui de dizaines de milliers d'enfants - et d'adultes aussi, d'ailleurs - syriens n'ont pas constitué une raison suffisante pour que la communauté internationale ne serait-ce que lève les sanctions contre ce pays en période de pandémie. Mensonge et hypocrisie.
Nous voyons la même chose dans le Donbass (certes, dans d'autres conditions et avec d'autres nuances). Le sort des enfants ne préoccupe personne parmi ceux qui parlent tous les jours en Occident et dans les organisations internationales, en utilisant ces plateformes à des fins conjoncturelles, des destinées de l'humanité ou du sort d'une personne concrète. Cela ne les intéresse pas. Nous le voyons, le savons, et faisons face. Comment? Vous le savez parfaitement: en fournissant une aide humanitaire. Pas de manière isolée, par de manière ostentatoire, mais volontairement, de manière systémique et régulière. Il y a tout le nécessaire pour que ces enfants puissent vivre, apprendre et être soignés. Pour qu'ils puissent simplement survivre dans ces conditions. C'est, notamment, la protection de la population du Donbass dans tous les sens du terme: politique, humanitaire, etc.
Tout ce que nous faisons n'a pas permis de faire oublier la situation dans le Donbass. Cela aurait satisfait tout le monde en Occident, avant tout le régime de Kiev. Personne n'en parlerait et il n'y aurait pas de problème. Par la suite ils l'auraient réglé "en douce". Nous savons parfaitement comment ils "savent'" régler les choses. Cela s'ensuit d'un bain de sang. Le fait est qu'il ne s'agit pas d'un seul crime monstrueux mais d'une succession de crimes monstrueux. Nous parlons seulement des enfants mais les jeunes, les personnes âgées, les femmes avec des maladies graves, ne devons-nous pas y penser aussi dans ce contexte?
Question: Une question concernant la déclaration conjointe de la France et de l'Allemagne sur le Donbass. Je cite: " La France et l'Allemagne sont préoccupées par la multiplication des violations du cessez-le-feu, alors que la situation s'était stabilisée depuis juillet 2020 dans l'Est de l'Ukraine. Nous suivons avec une grande vigilance la situation, en particulier les mouvements de forces russes, et appelons les parties à la retenue et à la désescalade immédiate des tensions. Nous réaffirmons notre soutien à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues."
Que pense le Ministère russe des Affaires étrangères de cette déclaration concernant la préoccupation de l'Allemagne et de la France, qui suivent les mouvements des forces russes mais ne remarquent pas l'assassinat d'enfants dans le Donbass par les forces armées ukrainiennes?
Réponse: Nous avons déjà exprimé notre avis sur de telles approches, une telle atmosphère conflictuelle imposée aujourd'hui à cette région. Nous considérons que la position de Berlin et Paris est stérile. Cela ne donne même pas envie de donner un avis négatif ou de formuler un point de vue émotionnel. Il convient de constater que de telles déclarations reflètent l'incapacité de ceux qui les font à influencer Kiev, qui est obligé (pas "doit" ou "peut", mais qui est obligé) de faire ce qu'il a signé et ce qui a été approuvé par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies.
Il est devenu évident ces dernières années, quand toutes les tentatives d'influencer Kiev (j'ignore si cela était fait à pleine puissance ou partiellement) n'ont pas apporté le résultat escompté. Les Accords de Minsk n'ont pas été remplis. Le suivi des mouvements des forces russes sur le territoire russe n'a aucun sens. Dans le monde entier, les forces armées nationales sont présentes sur le territoire de leur pays. Elles se déplacent en fonction des plans et des stratégies de leur État. C'est pourquoi Paris et Berlin ne doivent pas se concentrer sur les mouvements des forces russes sur le territoire russe, mais sur le fait que Kiev ne remplit pas ses engagements. Bien des problèmes auraient été évités.
Je viens de commenter en détail la situation relative aux enfants. On parle d'une tragédie qui a frappé plus d'un enfant. Il est impossible de combler, de niveler ou d'alléger la tragédie d'un seul enfant, mais il s'agit d'une tragédie globale frappant toute une génération d'enfants. Il ne s'agit pas d'une région du monde, mais de plusieurs: le Donbass, la Syrie, la Libye. Plusieurs pays, se trouvant dans une situation humanitaire gravissime à cause des "expériences" du monde occidental, n'agissent pas. Avant tout, ce sont les civils et les enfants qui souffrent. Malheureusement, plusieurs pays, avant tout occidentaux, font tout pour aggraver leurs souffrances et influencer ainsi les gouvernements des pays visés. On peut parler d'approche illégale et inadmissible. Le plus important est qu'à l'heure actuelle il existe un grand nombre d'organisations internationales: des organisations de l'Onu comme l'Unicef, des organisations sociopolitiques supranationales unissant le public, les gens qui ne sont pas insensibles à travers le monde. Bien évidemment, ils ne peuvent pas dominer sur les décisions juridiquement prises par un État, mais exercent certainement une influence informationnelle. Ils ont une importance publique dans leur travail. Comment se fait-il que la communauté internationale non seulement ne règle pas, mais ne se préoccupe même pas du sort des enfants dans les conflits énumérés aujourd'hui? Que faut-il faire pour que cette préoccupation passe des discours aux actions pratiques? Je ne peux pas répondre à cette question. C'est une hypocrisie générale, qui se manifeste très souvent, et pas seulement sur ces sujets.
Nous voyons comment à travers la diplomatie numérique, les réseaux sociaux et l'usage de différentes plateformes, le mainstream occidental - des chefs d’État aux médias - peut dérouler des campagnes médiatiques pour le soutien à un adulte sans remarquer pour autant le sort des enfants qui ont besoin d'aide médicale. Des enfants tués parce qu'ils n'avaient aucun moyen (ni eux ni leurs parents) de se protéger.
Ce n'est pas un thème, c'est une tragédie.