Extrait de la conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 2 novembre 2022
Sur la crise en Ukraine
Avant de parler de la crise en Ukraine, nous voudrions attirer l'attention sur deux dates historiques importantes. Le 28 octobre a marqué les 78 ans de la libération totale du territoire de la République socialiste soviétique d'Ukraine des occupants fascistes allemands en 1944, et le 6 novembre nous célébrerons les 79 ans de la libération de Kiev des occupants hitlériens en 1943.
À l'époque, nos grands-parents et arrière-grands-parents n'auraient jamais imaginé qu'un jour leurs descendants devraient une nouvelle fois, arme à la main, lutter contre des partisans de l'idéologie de la haine, des adeptes idéologiques des collaborateurs nazis Bandera et Choukhevitch, sur la conscience desquels il y a la vie des milliers d'innocents. Personne n'aurait imaginé que des gens se promèneraient à Kiev avec des croix gammées tatouées en étant fier de cela, en l'affichant. Et surtout, défendre son point de vue avec des arguments pseudo-historiques. Je pense que personne n'aurait pu le croire à cette époque.
Le régime de Kiev actuel utilise des méthodes de combat fascistes inadmissibles, utilise des méthodes terroristes en s'assimilant de plus en plus aux groupes extrémistes tels que l'État islamique et Al-Qaïda. Ce qui n'est pas étonnant, car à l'origine de ces groupes se trouvaient les mêmes instigateurs, des instructeurs de communautés anglo-saxonnes.
Comme le confirment les frappes aériennes et navales portées par l'armée ukrainienne le 29 octobre 2022 en utilisant des drones contre des navires et l'infrastructure de la flotte de la mer Noire russe à Sébastopol. Ces actions de Kiev étaient menées sous la direction de spécialistes britanniques, comme l'a annoncé le Ministère russe de la Défense et ce dont la Fédération de Russie a informé la communauté internationale lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies. L'ambassadeur britannique sera prochainement convoqué au Ministère russe des Affaires étrangères à ce sujet.
Comme le Ministère russe de la Défense l'a déjà indiqué, après cette attaque nous ne pouvons pas garantir la sécurité des cargos civils avec des denrées ukrainiennes, c'est pourquoi nous avons suspendu notre participation à l'accord céréalier. La discussion sur les questions afférentes n'est possible qu'après des garanties claires de Kiev qu'il n'utilisera pas le couloir humanitaire et les ports ukrainiens pour mener des actions militaires contre la Russie. Il ne s'agit pas seulement de la notion classique d'actions militaires, il est question de l'activité terroriste et extrémiste menée par le régime de Kiev. Les frappes ont été portées dans le cadre d'une action humanitaire en cours. C'est cette qualification qu'a reçue l'action humanitaire après la conclusion de l'accord. L'ONU et son Secrétaire général Antonio Guterres s'étaient initialement portés garants de cet accord.
Le régime de Zelenski continue d'essayer de déstabiliser la situation dans les régions frontalières de la Russie, notamment dans les nouvelles entités de la Fédération de Russie. Des sabotages commis par des néonazis ukrainiens contre la population civile et des bombardements par des néonazis d'habitations et de sites d'infrastructure civile sont rapportés tous les jours, or il s'agit de crimes de guerre.
Kiev continue d'appeler les États-Unis et leurs alliés à fournir à l'armée ukrainienne des armements plus puissants et de plus longue portée. Malheureusement, nos appels aux pays occidentaux à cesser de financer le régime ukrainien et à songer aux conséquences de la militarisation effrénée de l'Ukraine sont ignorés.
Washington a récemment annoncé un nouveau paquet d'aide militaire à Kiev de 275 millions de dollars. Il inclura des munitions pour lance-roquettes multiples (LRM) Himars, des véhicules blindés et d'autres équipements militaires. Le 31 octobre 2022, le Pentagone a annoncé l'octroi à l'armée ukrainienne de huit systèmes antiaériens Nasams promis depuis longtemps, dont deux seront livrés prochainement.
Le même jour, 31 octobre, l'UE a rendu compte de sa contribution à l'aide militaire pour l'Ukraine. Nabila Massrali, porte-parole de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a rapporté que l'UE avait alloué depuis la Facilité européenne pour la paix 3,1 milliards d'euros pour payer les livraisons d'armes à Kiev. C'est à hauteur de cette somme que l'UE évalue la paix. Cet argent sert à militariser le régime de Kiev.
Les autorités et les milieux d'affaires des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada et des pays de l'UE, faisant l'impasse sur les intérêts de leurs propres citoyens, financent et arment le régime nazi de Kiev, tout en tirant profit des contrats de production d'armement pour des milliards de dollars. Cela prolonge le conflit et aggrave la situation économique dans les pays occidentaux. Les régimes libéraux-démocratiques locaux proposent à leurs citoyens de "se serrer la ceinture" non seulement pour survivre aux conséquences des sanctions contre la Russie (qu'ils ont eux-mêmes inventées et décrétées), mais également pour payer la militarisation de Kiev et soutenir l'économie ukrainienne. C'est au début qu'on leur proposait de "se serrer la ceinture", et maintenant "l'écharpe". Il commence à faire froid. Je rappelle que contrairement à "se serrer la ceinture", "se serrer l'écharpe" peut avoir des conséquences imprévisibles.
L'envoi de mercenaires étrangers pour participer aux hostilités est une autre forme de soutien occidental à l'Ukraine. Des "soldats de la fortune" sont recrutés par des structures américaines et britanniques, des sociétés militaires privées françaises, des organisations d'extrême-droite allemandes, espagnoles, tchèques, italiennes et d'autres pays. Selon les informations rapportées, elles ont recruté en huit mois plus de 8.000 mercenaires de plus de 60 pays. Les groupes les plus nombreux sont venus de Pologne, des États-Unis, du Canada, de Roumanie et du Royaume-Uni. Et ce, bien que le mercenariat soit interdit par la loi et poursuivi pénalement dans plusieurs pays. Plus de 3.000 combattants étrangers ont été éliminés, autant sont rentrés chez eux.
Une telle contribution des pays occidentaux incluant d'importantes livraisons d'armements et l'envoi de mercenaires, la formation de combattants nazis et le financement du régime de Kiev prolongent les hostilités et augmentent leur niveau d'implication dans les évènements en Ukraine, confirmant leur statut de partie au conflit.
De nombreux faits de méthodes de combat inadmissibles de l'armée ukrainienne, de crimes de guerre des unités ukrainiennes et de soutien occidental au régime de Kiev confirment la nécessité de remplir les objectifs fixés pour éliminer les menaces qui émanent du territoire de l'Ukraine. Ils seront tous remplis.
Sur les déclarations des États-Unis concernant la fin de la coopération avec la Russie dans le secteur du nucléaire civil
Lors d'une conférence ministérielle de l'AIEA intitulée "Énergie nucléaire au XXIe siècle", la secrétaire américaine à l'Énergie Jennifer Granholm a appelé à renoncer à la coopération avec les entreprises russes qui fournissent des technologies et du combustible nucléaires aux centrales nucléaires.
Nous attirions l'attention sur ce qui se passe autour de la centrale nucléaire de Zaporojié, mais on nous expliquait dans une logique absurde que nous nous bombardions nous-mêmes. Quand nous appelons toute la communauté internationale à utiliser des instruments d'organisations internationales et son propre potentiel pour prendre conscience et prévenir une catastrophe qui pourrait se produire à cause du chantage nucléaire du régime de Kiev, personne ne l'écoute en Occident. Alors que cette conférence aurait pu servir pour évoquer les appels russes à ce sujet. Mais c'est l'inverse qui est fait au lieu de cela: les États-Unis disent à tout le monde qu'on ne peut pas interagir avec la Russie dans le cadre du nucléaire civil. Ce n'est pas une argumentation scientifique et technique, c'est un appel politique.
Ce n'est pas la première fois que des hauts représentants américains font de telles déclarations. Ce n'est pas quelque chose de nouveau en 2022. Les Américains ont commencé à faire de telles déclarations bien avant.
La stratégie américaine pour rétablir le leadership dans le nucléaire civil annoncée en avril 2020 évoquait l'évincement des produits nucléaires russes et chinois du marché par des méthodes politiques. À présent, Jennifer Granholm se cache derrière l'opération spéciale pour cet objectif précis désigné et fixé il y a deux ans. Nous comprenons qu'il était élaboré depuis des mois, puisqu'il a été formulé dans la doctrine américaine encore en 2020. C'est une manipulation du temps et de l'espace.
Les raisons de telles actions sont évidentes. À une époque, Washington était un leader incontestable dans le secteur de l'énergie nucléaire. Comme en témoigne notamment le nombre de réacteurs nucléaires construits aux États-Unis que le nombre de centrales nucléaires érigées dans le monde entier selon les technologies américaines. Mais c'est du passé. Actuellement, les États-Unis sont plutôt un outsider dans ce domaine avec la perte de la production et de l'école d'ingénierie.
La Maison Blanche a décidé de rétablir le secteur nucléaire dans le cadre de l'objectif de décarbonisation de l'énergie. Ce qui nécessite évidemment des injections financières conséquences, mais aussi du temps, lors d'une concurrence de marché normale, pour que ces investissements soient amortis. D'autant qu'il n'y a pas de garanties fermes de retour sur l'investissement alors que de nombreux rivaux ont pris beaucoup d'avance. Cependant, la concurrence économique honnête n'est pas faite pour les États-Unis. C'est contraire à l'esprit de l'exclusivité américaine.
J'ai un conseil pour ceux qui veulent et voudraient développer le nucléaire civil aux États-Unis mais n'arrivent pas à trouver l'argent pour cela. Prenez une calculatrice et calculez combien d'argent du contribuable américain a servi à soutenir le régime néonazi de Kiev. Ce ne sont pas des millions, mais des dizaines de milliards de dollars. Ajoutez à cette somme (plus qu'impressionnante) tous les milliards dont la Maison Blanche et le département d'État américain parlaient officiellement et dépensés pour renverser le régime en Ukraine, ce qui a entraîné une phase active de guerre civile en débouchant sur la situation actuelle. Cela représentera une somme exorbitante. Cet argent aurait largement suffi aux États-Unis pour que leur secteur du nucléaire civil se remette sur pied pour devenir avancé.
Mais ils ont choisi une autre voie. Ils ont eu l'idée d'éliminer des concurrents sur le marché. C'est logique, quelqu'un se fera de l'argent sur des contrats d'armement pour déstabiliser la situation dans le monde, et quelqu'un utilisera des instruments politiques pour régler les comptes avec les concurrents en faisant du chantage et en exerçant des pressions, conformément aux approches de l'hégémonie américaine. Mais dans ce cas le consommateur n'aurait plus d'autre choix que d'utiliser les technologies américaines pas encore au point (tout le monde se souvient de l'histoire de la construction de la centrale nucléaire de Fukushima avec de grossières violations selon un proche américain). Nous nous souvenons comment tout cela s'est terminé. Même en cas d'un échec, comme ce fut déjà le cas avec la campagne américaine précédente de renaissance de l'énergie nucléaire annoncée par George W. Bush en 2003, on peut longtemps parler de nouvelles technologies, de grandes perspectives, sans rien faire sur le plan pratique, en freinant le développement de l'énergie nucléaire mondiale tout en menaçant les concurrents par des méthodes politiques. Et pour que personne n'empêche ces discussions vides, il est possible (selon l'administration américaine) de "fermer l'entrée" à toutes les activités menées aux États-Unis consacrées aux technologies nucléaires aux pays qui produisent réellement des équipements de pointe et construisent des centrales nucléaires. Et à tous ceux qui voudraient rencontrer des spécialistes russes en dehors des États-Unis reçoivent la recommandation de ne pas avoir affaire à nous. D'après vous, qu'ont fait les États-Unis avec la délégation russe qui s'apprêtait à se rendre à ce forum international? Ils ont refusé de délivrer des visas aux spécialistes russes.
Tout cela est devenu une norme de conduite des États-Unis, qui utilisent sans gêne tout prétexte et moyen pour maintenir le contrôle économique partout où c'est possible.
La Russie plaide immuablement pour un accès égal de tous les pays au nucléaire civil. Nous sommes extrêmement préoccupés par la politisation de ce secteur par l'Occident collectif. Nous sommes le plus grand fournisseur de technologies nucléaires commerciales sur les marchés mondiaux. Nous avons l'intention de poursuivre le développement de la coopération internationale dans le secteur du combustible et des technologies nucléaires en mettant l'accent sur la coopération avec des États guidés par le bon sens et leurs intérêts nationaux. Nous sommes prêts pour une coopération équitable et nous ne reconnaissons pas l'hégémonie des États-Unis. Sachant que nous n'avons pas l'intention d'utiliser des campagnes de diabolisation contre nos concurrents, comme le fait Washington. Nos produits sont très compétitifs dans ce secteur et sont bien connus dans le monde entier.
À l'occasion de la Journée internationale de la fin de l'impunité pour les crimes contre les journalistes
Le 2 novembre marque la Journée internationale de la fin de l'impunité pour les crimes contre les journalistes, instituée en 2013 par décision de l'Assemblée générale des Nations unies après l'enlèvement et l'assassinat de deux journalistes français couvrant le conflit armé au Mali. Cette date visait à rappeler à la communauté mondiale les obligations d'assurer la sécurité des journalistes et autres spécialistes des médias, dont beaucoup, en raison de la nature de leur travail, sont constamment confrontés à des risques et des menaces pour leur santé et leur vie.
Dix ans après l'instauration de la Journée internationale, force est de constater que la situation mondiale en matière d'assurance de la sécurité des journalistes est loin d'être normale et déprimante dans un certain nombre de domaines. Le système d'obligations des États de protéger les journalistes, construit au fil des ans, et l'architecture des institutions multilatérales conçues pour faciliter leur mise en œuvre pratique, n'ont pas passé le test d'universalité et d'impartialité.
La logique erronée consistant à séparer les journalistes en "bons" et "mauvais", ceux qui méritent d'être protégés et ceux qui ne le sont pas, professée par les "vraies" démocraties, a pénétré dans les activités de nombreuses structures formellement indépendantes, ce qui a conduit à leur discrédit, et dans certains cas au dysfonctionnement total. Sinon, nous aurions entendu des condamnations contre ceux qui imposent des sanctions contre les médias et encouragent la pression sur les correspondants, qui dirigent le site criminel Mirotvorets depuis de nombreuses années, contre les organisateurs et les auteurs du meurtre brutal de Daria Douguina, contre ceux qui ont tiré des missiles de haute précision de fabrication américaine sur un groupe de journalistes de la société de télévision et de radio Tavria, à la suite de quoi le journaliste Oleg Klokov est décédé. On a entendu beaucoup de choses, mais on n'a pas entendu cela parce qu'on ne considère pas les gens qui représentent certains médias non seulement comme des journalistes, mais comme des personnes. Toute personne qui consacre sa vie à une profession visant à informer, couvrir la situation au nom d'autrui (société, divers groupes sociaux) doit compter sur la compassion et la réprimande verbale (au moins) de ceux qui ont menacé leur vie, ce qui conduit finalement à la mort. Mais on n'en entend pas parler d'un grand nombre de journalistes de pays "civilisés" et de leurs représentants des structures internationales. Nous n'avons pas entendu un seul mot des structures spécialisées des droits de l'homme au sujet de nombreuses autres atrocités délibérées visant des journalistes. La raison est simple. Leur point de vue ne coïncide pas avec celui approuvé par l’Occident collectif . Il est également regrettable qu'une telle sélectivité dans les évaluations de leur part soit perçue par le même régime de Kiev comme une approbation tacite de ses atrocités et de ses crimes, le poussant à commettre de nouveaux crimes encore plus cyniques et inhumains.
Je me souviens bien lorsque d'horribles violences sur notre territoire ont provoqué une tempête d'émotions au sein de l'OSCE. Immédiatement ont suivi des demandes d'informations. Nous avons été obligés de rapporter pourquoi tel ou tel journaliste a été victime d'un crime dans notre pays. Nos engagements ont été remplis de manière approfondie, inconditionnelle et professionnelle.
Dites-moi, combien de journalistes, de représentants de divers médias traditionnels et nouveaux ont été tués ou blessés sur le territoire contrôlé par le régime de Kiev? Ils n'ont pas besoin de l'OSCE ou du Conseil de l'Europe, qui se soucient de nous après que nous ayons quitté cette Organisation. Toutes ces structures ne veulent-elles rien dire? De plus, ils disposent d'institutions spécialisées qui doivent s'occuper précisément de ces questions.
Pour nous, cette journée est avant tout une occasion de commémorer une fois de plus de tous les journalistes décédés dans l'exercice de leur devoir professionnel. Il est de notre devoir de tout faire pour que les responsables de leur mort subissent le châtiment mérité.
J'aimerais croire que le sens originel de la Journée internationale renaîtra un jour et que les obligations de l'ensemble de la communauté mondiale de protéger les journalistes des attentats criminels, quelle que soit la politique éditoriale de leurs médias et la création de conditions de travail sûres pour eux cessera d'être un vain mot et deviendra un plan d'action.
Réponses aux questions:
Question: Ces derniers temps, dans la presse occidentale on entend des exigences de forcer Kiev à négocier. Quelle est à votre avis la probabilité que Vladimir Zelenski soit contraint de les accepter?
Réponse: Une telle attitude spéculative à ce qui pourrait arriver n'est pas applicable à cette situation. Nous nous appuyons sur les faits, sur la situation sur le terrain, sur la mise en œuvre de nos exigences, et non sur des simulations possibles de ce qui peut arriver.
En revanche, nous constatons des moments liés à l'incohérence d'une telle approche des pays occidentaux. Il s’agit du manque d'unité et de cohésion dans les rangs. On voit comment le ton de l'Occident collectif change de jour en jour. Maintenant, ils sont pour les négociations, puis ils sont pour le règlement de tous les problèmes sur le "champ de bataille", puis ils sont pour la "victoire" finale et inconditionnelle, puis ils sont à nouveau pour les négociations, puis ils sont pour la paix, puis ils sont à nouveau contre.
Nous allons partir des buts et des objectifs que les dirigeants russes ont fixés et des faits. Nous sommes toujours ouverts à tout type de négociations et contacts. Nous ne fermons jamais la porte.
Nos experts entretiennent un dialogue même dans les situations les plus difficiles et les plus controversées avec tous ceux qui expriment le désir et l'intention convenables. En même temps, nous nous appuyons sur la situation sur le terrain, sur nos buts et objectifs, sur les intérêts nationaux.
Question: Les autorités de la Serbie, y compris son président et son ministre des Affaires étrangères, affirment que la Russie, en reconnaissant l'indépendance de la RPD et du RPL, était guidée par le "précédent du Kosovo", ce qui a conduit à une pression croissante de l'Occident sur Belgrade. Désormais, selon les représentants des autorités serbes, les États-Unis et l'UE cherchent à convaincre la Serbie de reconnaître le Kosovo dès que possible - prétendument dans le but de priver la Russie de cet argument. La Russie était-elle vraiment guidée par le "précédent du Kosovo" lors de la réunification avec les régions de la RPD, de la RPL, de Kherson et de Zaporojié? Le concept de ce précédent est-il utilisé dans la pratique diplomatique russe? Et y a-t-il vraiment quelque chose de commun entre la situation autour du Kosovo et autour des nouvelles régions russes?
Réponse: En ce qui concerne les référendums et leurs résultats, le rapport entre le principe de l'intégrité territoriale des États et le droit des peuples à l'autodétermination revêt une grande importance.
Le droit à l'autodétermination, ainsi que d'autres principes fondamentaux du droit international, est inscrit dans l'article 1 de la Charte des Nations Unies et réaffirmé dans l'article 1 du Pacte de 1966 relatif aux droits civils et politiques et dans l'article 1 du Pacte de 1966 relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.
La Déclaration des principes du droit international concernant les relations amicales et la coopération entre les États conformément à la Charte des Nations Unies, adoptée en 1970, met l'accent sur le principe de l'égalité souveraine des États, qui comprend l'inviolabilité de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique, ainsi que l’égalité et l'autodétermination des peuples. En même temps, la Déclaration souligne que l'interprétation et l'application des principes fondamentaux du droit international doivent être fondées sur le fait qu'ils sont interdépendants, et que chaque principe doit être considéré au vu d'autres principes. En termes simples, ce n'est pas un analogue d'un "buffet", lorsqu'une personne ne choisit que ce qu'elle aime ou veut. Et ce qui ne suscite pas son intérêt ou ne représente pour lui aucune valeur, il ne le prend pas. Cela doit être considéré à travers le prisme d’interdépendance.
Le rapport entre le principe de l'intégrité territoriale et le droit à l'autodétermination a été formulé dans la Déclaration de 1970 de la manière suivante.
On confirme l'inviolabilité de "l'intégrité territoriale ou de l'unité politique des États souverains et indépendants, respectant dans leurs actions le principe de l'égalité des droits et de l'autodétermination des peuples" "et, par conséquent, ayant des gouvernements représentant sans distinction de race, de religion ou couleur de peau, toutes les personnes vivant sur un territoire donné".
Cette logique est confirmée dans la Déclaration de Vienne de la Conférence mondiale des Nations unies sur les droits de l'homme de 1993. Quand on nous parle du processus de décolonisation dans les années 1960 et 1970, n’y prenez pas les documents qui vous plaisent. En 1993, à la suite d'évènements modifiant les frontières du continent européen, ce qui n'était certainement pas lié au processus de décolonisation, une décision a été prise: la Déclaration de Vienne de la Conférence mondiale des Nations Unies sur les droits de l'homme.
Il y était souligné qu'un État prétendant protéger le principe de l'intégrité territoriale et de l'unité politique doit avoir "un gouvernement représentant les intérêts de tous les peuples de son territoire sans aucune distinction".
De toute évidence, les autorités de Kiev ne peuvent pas être considérées comme un tel "gouvernement". Qui y représente le peuple sans division, sans aucune distinction? Toutes ces années, ils soulignaient les différences entre les gens selon des principes différents et les séparaient. Qui en Ukraine peut être considéré comme un gouvernement national représentant le peuple entier? Cela devrait être décidé lors des élections, si nous parlons d'un système démocratique. Notamment un tel système est déclaré dans les documents de l'Ukraine. Mais les gouvernements y ont été amenés au pouvoir par des coups d'État anticonstitutionnels avec de l'argent et avec un soutien politique et de force de l'étranger. Ces gouvernements ne représentaient pas le peuple ukrainien dans toute sa diversité, mais les intérêts de pays, d'entreprises et d’organisations étrangers. Cela n'était pas conforme aux principes formulés dans le droit international. De plus, au lieu de représenter les intérêts du peuple, depuis 2014, ces autorités menaient la guerre contre leur propre population, mettant en œuvre la pression économique et de force.
Dans la Déclaration de 1970 il est souligné que "la création d'un État souverain et indépendant, la libre adhésion à un État indépendant ou son association avec lui, ou l'établissement de tout autre statut politique librement déterminé par un peuple, sont des formes d'exercice par ce peuple du droit à l'autodétermination".
La question de la qualification des référendums conformément à la Constitution et à la législation ukrainiennes n'affecte pas leur qualification en vertu du droit international.
La pratique nous montre que la réalisation du droit des peuples à l'autodétermination par la sécession, ainsi que l'unification ultérieure avec un autre État, pour des raisons objectives, ne peuvent pas être réalisées conformément à la législation nationale. Cela a notamment été confirmé dans l'avis consultatif de la Cour internationale de Justice de 2008 "Sur la conformité avec le droit international de la déclaration unilatérale d'indépendance du Kosovo", selon lequel "le droit international commun ne contient pas d'interdiction applicable aux déclarations de l’indépendance". Dans le contexte du Kosovo, nous nous référons aux décisions judiciaires internationales prises par les autorités compétentes. Le précédent du Kosovo a donné lieu à un certain nombre de définitions juridiques internationales auxquelles nous nous référons. Elles donnent une définition générale qui s'applique également à d'autres cas.
En même temps, les États-Unis, dans un mémorandum soumis à la Cour dans le cadre de cette affaire, ont déclaré que "les déclarations d'indépendance peuvent et souvent violent le droit national, mais cela ne signifie pas qu'il y a eu violation du droit international". La Grande-Bretagne dans son mémorandum a souligné que "dans son ensemble [le droit international] n'interdit pas la sortie ou la sécession et ne garantit pas l'intégrité de l'État antécédent contre les mouvements internes conduisant à la division ou à l'indépendance soutenus par les peuples concernés". Il ne s'agit pas d'une opinion privée d'hommes politiques britanniques ou américains, mais de la position de l'État dans le cadre du processus juridique international.
Ce faisant, dans le cas du Kosovo, contrairement aux anciens territoires ukrainiens, il s'agissait d'une loi adoptée par le parlement de la république (à l'époque l'une des institutions provisoires d'autonomie de la région), en février 2008, qui a déclaré unilatéralement l'indépendance du Kosovo. Il n'y avait pas de référendum au Kosovo. Comment peut-il y avoir un précédent pour quelque chose qui n'existait pas en réalité. Quant à la Crimée, Donetsk, Lougansk, il y en a eu. Il existe une évaluation juridique internationale présentée par les institutions compétentes et les participants directs à ce processus. Cela peut et doit être mentionné.
La RPD et la RPL étaient des États souverains et indépendants. La Russie les a reconnus comme tels conformément aux décrets du président de la Fédération de Russie du 21 février 2022. Parallèlement, les RPD et la RPL ont été reconnues par la Syrie (29 juin 2022), la Corée du Nord (13 juillet 2022), ainsi que par l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud. Les républiques avaient des traités internationaux, par exemple avec la Fédération de Russie, sur l'amitié, la coopération et l'assistance mutuelle.
Il est important de noter que la RPD et la RPL aient organisé des référendums sur l'indépendance pour la première fois en 2014. Je me souviens de l'attention de la presse internationale: si les résultats de ces référendums seront acceptés comme plan d’action. Ils ont eu lieu lorsqu'un coup d'État a eu lieu en Ukraine avec recours à la force, entraînant une série de mesures répressives de la part des nouvelles autorités contre leurs habitants et les autorités actuelles, qui avaient été élues conformément à la loi, à la Constitution. Dans ce contexte, la violation des droits et libertés des minorités nationales s'intensifiait dans toute l'Ukraine, l’évincement de la langue russe de toutes les sphères de la vie, la persécution des militants de la société civile, les atteintes à la liberté religieuse, les saisies des églises et l'élimination des opposants politiques au pouvoir. Exactement le contraire de ce que stipule le droit international en faveur de l'intégrité territoriale de la souveraineté de l'État. À savoir, la représentation égale des peuples d'un même pays.
Depuis huit ans, la question de la reconnaissance internationale de l'indépendance des républiques ne se posait pas, étant donné que les Accords de Minsk, approuvés par la résolution 2202 (2015) du Conseil de sécurité de l'ONU, prévoyaient une "réforme constitutionnelle en Ukraine avec l'entrée en vigueur d'ici fin 2015 d'une nouvelle constitution, assumant la décentralisation comme élément clé", ainsi que "l'adoption d'une législation permanente sur le statut spécial de certaines parties des régions de Donetsk et de Lougansk", devrait prévoir, notamment, l'autodétermination linguistique, la participation des autorités locales à la nomination des chefs du Parquet et des tribunaux de ces régions, l'assistance des autorités centrales à la coopération transfrontalière avec la Russie. C'est ce que souhaitent les habitants de la région depuis de nombreuses années.
Si l'Ukraine avait rempli ses engagements dans le cadre des Accords de Minsk on aurait pu dire que les RPD et RPL avaient les conditions pour exercer le droit à l'autodétermination dans le cadre de l'État dans lequel elles se trouvaient à l'époque. Cependant, cela ne s'est pas produit en raison du sabotage par Kiev des Accords de Minsk et de la décision prise par le régime de supprimer par la force les droits des habitants du Donbass.
Les dirigeants de l'Ukraine ne cachaient pas l'absence même d'intention d'adhérer aux Accords de Minsk. L'ancien président du pays, Piotr Porochenko, a déclaré à plusieurs reprises qu'il avait autorisé la signature des Accords de Minsk dans un seul but: gagner du temps pour renforcer l'armée du pays (interview de Porochenko à l'édition polonaise Gazeta Wyborcza, publiée sur le site du Parti européen de la solidarité le 15 février 2020). C'est l’homme qui a signé les Accords de Minsk.
Un autre contexte tragique est le fait que le régime de Kiev, avec l'approbation de l'Occident, a établi un blocus du Donbass, cessé de payer les retraites et les prestations sociales, rendu impossible une activité économique normale, entravé l'acheminement de l'aide humanitaire, ce qui a créé des conditions de vie insupportables pour la population, incompatible avec la réalisation du droit à l'autodétermination au sein d'un même pays avec Kiev.
De même, en 2022, la population de Zaporojié et de Kherson, en raison des mesures de force continues prises par Kiev, y compris les tirs de roquettes, la destruction d'infrastructures civiles, et l'impossibilité d'exercer leurs droits fondamentaux, notamment le droit à la vie, était également privée de toute perspective d'autodétermination au sein de l'Ukraine.
Comme vous le savez, les questions posées lors des référendums dans les régions de Zaporojié et de Kherson étaient formulées comme suit: "Êtes-vous pour la sécession de la région de Zaporojié/Kherson de l'Ukraine, la formation d'un État indépendant par la région de Zaporojié/Kherson et à son entrée dans la Fédération de Russie en tant qu'entité de la Fédération de Russie?"
Ainsi, sur la base du référendum et de l'exercice du droit à l'autodétermination, le sujet concerné reçoit la personnalité juridique internationale et en faisant usage de ses droits souverains, prend l'initiative d'être admis dans la Fédération de Russie.
Ne tombez pas dans la simplicité du libellé. L'Occident aime ces mèmes, clichés, thèses simplifiées au maximum pour ses propres manipulations. C'est la partie juridique internationale. Si nous parlons de la logique des tweets, des mèmes, des images drôles, alors, probablement, tout peut être réduit à une telle absurdité. Ensuite, il ne faudra pas s'étonner que cela entraîne des problèmes.
Question: Je ne peux pas m'empêcher de demander. Après le début du briefing, il y a moins d'une heure, on a annoncé la reprise de "l'accord sur les céréales". Cela a été déclaré par le président turc Recep Tayyip Erdogan. Par la suite, cela a été confirmé par le Ministère russe de la Défense. Je voudrais savoir si le Ministère des Affaires étrangères avait des commentaires à ce sujet.
Réponse: Nous faisons entièrement confiance au Ministère russe de la Défense et à ses commentaires qui sont faits par mon collègue Ivan Konachenkov.
Toutes les informations sur ce sujet ont été fournies par le Ministère russe de la Défense. Si vous avez d'autres questions, veuillez les envoyer. De notre côté, nous y répondrons s'il y a des informations supplémentaires.
Question: Vous avez commencé le briefing en disant que vous envisagez de convoquer l'ambassadrice britannique au Ministère russe des Affaires étrangères. Ma question porte sur les accusations des Britanniques d'avoir attaqué Sébastopol et Nord Stream. Je voudrais demander est-ce que la Russie prépare des mesures contre la Grande-Bretagne? Si ces mesures sont déjà en préparation, en quoi peuvent-elles potentiellement s'exprimer? Je me demande si le Ministère russe des Affaires étrangères a des preuves de l'implication de la Grande-Bretagne dans ces accidents (ou attaques terroristes, comme on les appelle en Russie), et si ces preuves seront présentées au public.
Réponse: Il ne fait aucun doute que l'implication des services de renseignement britanniques dans l'attaque terroriste contre la base de la flotte de la mer Noire à Sébastopol le 29 octobre de cette année et le sabotage de Nord Stream ne resteront pas sans réaction. Nous en avons parlé au Conseil de sécurité de l'ONU et nous l'avons déclaré publiquement. Comme je l'ai déjà dit, l'ambassadeur britannique sera convoqué et recevra les documents pertinents. Ces documents seront remis comme preuves à la partie britannique et seront également portés à la connaissance du grand public. Respectons dans ce cas certaines procédures. Dès que la rencontre (sous la forme de la convocation de l'ambassadrice) aura lieu, nous partagerons cette information. Elle sera publiée sur le site internet du Ministère des Affaires étrangères et sur les comptes des réseaux sociaux du Ministère.
La réaction immédiate du ministère britannique de la Défense n'est pas passée inaperçue. Ils ont essayé de se dégager de leur responsabilité dans l'attaque - ils ont dit qu'ils n'étaient même pas au courant de quoi il s’agissait. Une réaction étrange. Ils ont des contacts (comme ils en ont toujours eu) avec le ministère russe de la Défense. Ils pourraient clarifier (ou ils connaissent la réponse à toutes les questions a priori, ce qui est étrange). Il ne fait aucun doute que cette attaque a eu lieu. C'est un fait confirmé, enregistré, compte tenu du nombre d'équipements technologiques américains et britanniques dans cette région. Ce sont des drones, des satellites et d'autres équipements. Ils savent très bien tout. Le fait même de l'attentat n'est ni rejeté ni réfuté. Les Britanniques ont dit que, pour ainsi dire, ils n'avaient rien à voir avec cela. Pour ce faire, il fallait peut-être se demander de quels faits nous disposions. Mais puisqu'ils se sont compromis avec une déclaration aussi zélée sur leur propre innocence, je pense que cela peut être attribué au "trésor" des preuves d'auto-divulgation de la partie britannique.
Nous sommes des "gens polis". Par conséquent, les documents indiquant directement l'implication de spécialistes britanniques dans la préparation et la mise en œuvre de cette attaque terroriste seront remis à la partie britannique. Vous en prendrez aussi connaissance.
Le point important est que beaucoup de gens parlent de cette situation comme vous, la qualifiant de "soi-disant attentat terroriste". En fait, il s'agit d'une zone de mise en œuvre d'une opération humanitaire. Même s'il ne s'agissait que d'un programme commercial, ou d'une infrastructure civile, alors dans ce cas, cette attaque avec l’utilisation de tels moyens serait qualifiée ainsi. Ici, la situation est encore pire. Il s'agit d'une zone d'opération humanitaire, sur laquelle l'attention du monde entier est rivée et dont l'ONU est le garant.
Nous étions extrêmement indignés (notre représentant permanent auprès de l'ONU Vassili Nebenzia en a parlé) de l'absence de réaction de la direction de l'ONU suite à cette attaque. Il est important de se rappeler qu'il ne s'agit pas seulement d'infrastructures civiles, il ne s'agit pas seulement de fret commercial, il s'agit d'une mission humanitaire, une opération sur laquelle l'Occident, y compris Londres, avait insisté. De notre côté, nous avons donné nos garanties pour sécuriser cet accord et nous assurions son respect. Et les forces armées ukrainiennes, par une attaque avec l'équipement mentionné par les dirigeants russes, ont tout fait pour détruire (ce qu'elles n'ont pas réussi, mais il y a eu une tentative) toute la chaîne infrastructurelle de la mise en œuvre de ce projet humanitaire.
Question: À la demande de Kiev, les inspecteurs de l'AIEA ont commencé la vérification de deux sites en Ukraine et vont bientôt la terminer. Le directeur général de l'organisation, Rafael Grossi, a l'intention de présenter les résultats de l'inspection plus tard cette semaine. Moscou acceptera-t-il les conclusions de ces inspecteurs internationaux ou non?
Réponse: Nous attendons avec impatience les résultats de la visite des inspecteurs de l'AIEA sur les sites ukrainiens. D'abord il faut les étudier. Nous analyserons le rapport après sa publication. Ensuite, nous ferons nos évaluations et exprimerons notre opinion à ce sujet.
Nous sommes habitués à travailler avec des faits, des documents, et seulement ensuite les commenter. Je voudrais souligner une fois de plus que la menace de terrorisme nucléaire émanant du régime de Kiev est réelle et extrêmement dangereuse.
Question: Suite à la rencontre avec le président russe Vladimir Poutine le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a déclaré qu'Erevan était prêt à établir des relations interétatiques avec Bakou selon les principes proposés par la Russie. De quelles propositions de la Russie s’agit-il?
Séparément des dirigeants des pays, les ministres des Affaires étrangères de la Russie, de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie se sont également réunis à Sotchi. Quelles questions ont été évoquées par les ministres des trois pays? Existe-t-il des ententes entre eux?
Réponse: Concernant la première question, j'attirerais votre attention sur les propos du président russe Vladimir Poutine selon lesquels la discussion se poursuivra. Nous estimons qu'il est incorrect de soumettre certaines questions sensibles au débat public, car cela peut entraver le processus de négociation.
Quant à la rencontre des trois ministres des Affaires étrangères en marge de la réunion des chefs d'Etat de la Russie, de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie à Sotchi, il s'agissait d'un face-à-face. La rencontre se déroulait dans le cadre des négociations entre les dirigeants de nos pays.
Question: Le Ministère russe de la Défense a confirmé que les garanties écrites du régime de Kiev sont suffisantes pour la reprise de notre participation à l'accord sur les céréales, mais néanmoins, la question de sa prolongation devient maintenant opportune. Les accords actuels expirent le 19 novembre. Pourriez-vous préciser dans quelles conditions la Russie pourrait accepter une telle prolongation et y a-t-il actuellement un travail en cours?
Réponse: Maintenant, il y avait une crise liée à une attaque terroriste mettant en péril la mise en œuvre du projet humanitaire. Nous avons exigé de la part de l'Ukraine des garanties de sécurité clairement formulées, qui sont nécessaires pour poursuivre la mise en œuvre de l'accord. Le Ministère russe de la Défense a publié aujourd'hui une déclaration selon laquelle ces garanties ont été reçues. En conséquence, sa reprise a été annoncée.
Quant à la prolongation des accords à l'issue de cet accord, nous l'avons déjà commenté lors du briefing précédent. Nous avons dit que nous analyserions la situation en profondeur.
Nous continuerons à suivre ce sujet. Je pense qu'il n'est pas tout à fait approprié de mélanger ces deux sujets, sinon il y aura beaucoup de confusion dans l'espace d'information.
Question: Les autorités russes, y compris le président Vladimir Poutine, restent disposées à des pourparlers sur l'Ukraine. C'est ce qu'a déclaré le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. "Nous sommes prêts à parler avec l'Occident pour réduire les tensions, mais seulement s’il y avait des propositions réalistes basées sur des approches équitables", a déclaré le ministre. Cela signifie-t-il que la Russie n'est prête à négocier qu'avec les pays de l'UE et les États-Unis, et non avec l'Ukraine? De quelles propositions peut-il être question et qu'est-ce qui contribuera à la reprise du dialogue?
Réponse: Vous ne pouvez pas manquer les déclarations faites par le régime de Kiev et Zelenski. Ils ont déjà légalisé sous la forme d'un acte législatif l'impossibilité de mener des négociations avec l'actuel président de la Fédération de Russie. Ce sujet est bloqué par le régime. Ils s'interdisent par la loi de négocier. C’est à eux qu’il faut poser la question comment ils vont sortir de cette situation.
Je voudrais vous rappeler que la crise actuelle dans le domaine de la sécurité européenne est une conséquence directe de l'incapacité totale à négocier de l'Occident collectif, ce à quoi nous sommes confrontés depuis de nombreuses années. Après la fin de la guerre froide, les compétences de la diplomatie traditionnelle et la recherche de compromis ont été remplacées par la force, la pression, le chantage, les menaces, les sanctions. Ils se sont "armés" d'une attitude dédaigneuse envers le point de vue des autres, d'une conviction immuable de leur propre exclusivité et infaillibilité. Pour une raison quelconque, ils se sont donné le droit de décider pour tout le monde du sort du monde. Cette ligne destructrice a culminé par le refus arrogant des Occidentaux de discuter de nos propositions de garanties de sécurité, exprimées par la partie russe fin 2021.
Nous comprenons qu'il existe d'autres lois du genre. La diplomatie n'aime pas un vide prolongé. Dans un avenir prévisible, le monde en arrivera encore aux négociations, aux méthodes traditionnelles d'élaboration de nouvelles règles de coexistence fondées sur les principes de respect mutuel et d'égalité conformément aux objectifs et principes de la Charte des Nations unies.
Nous avons dit à plusieurs reprises: si tout le monde veut la même chose, à savoir éviter une catastrophe mondiale, une grande guerre (la Russie, tout en protégeant son espace vital, essaie d'éviter les mesures extrêmes. Nous avons confirmé à plusieurs reprises notre volonté de dialoguer, tout en protégeant les intérêts nationaux), si tout le monde (comme on l'entend) est solidaire, pour la paix mondiale, pour la coexistence pacifique - alors il faut réapprendre à entendre, comprendre, prendre en compte les intérêts de chacune des parties, même si on ne s'apprécie pas.
Le 31 octobre, le conseiller du chef de cabinet du président de l'Ukraine, M. Podoliak, s'est exprimé sur le thème du dialogue russo-ukrainien, déclarant sans équivoque que "la Russie a manqué l'occasion de négociations de paix avec le "monde civilisé", elle n'a aucune possibilité de revenir à janvier 2022. La seule chose qui l'attend, c'est le tribunal.
De quel monde "civilisé" il parle? Encore une fois à propos du "jardin fleuri" et de la "jungle sauvage"? Qui considèrent-ils comme non civilisés? Chine, Inde, Afrique, Asie? Leurs voisins de la CEI, autrefois représentants d'un seul peuple? Avec tous, nous avons de bons contacts stables dans tous les domaines, partenariat, alliance.
Qui ont-ils appelé "civilisé"? Des gens qui ne respectent pas ce qu'ils ont signé hier? Qui divisent le monde en "bien" et en "mal"? Pervertissent les meilleurs concepts et principes que l'humanité a développés au cours des siècles? Des personnes commettant des actes terroristes pour saboter des infrastructures civiles, comme cela s'est produit avec Nord Stream et l'opération humanitaire dans la région de la mer Noire?
Appellent-ils "civilisés" des pays et des régimes qui ont détruit plusieurs États au Moyen-Orient, dans la région de l'Afrique du Nord? S'agit-il des États qu'ils considèrent comme "civilisés" qui frappaient l'État européen de Yougoslavie avec des bombes à l'uranium appauvri? Ceux qui coulaient des navires avec des migrants naviguant vers des États européens uniquement parce que ces mêmes pays ont détruit leur ordre mondial et leur mode de vie traditionnel?
Ils considèrent comme "civilisés" ceux qui pendant des décennies "changeaient" les chefs d'État, les tuaient dans leur propre intérêt politique ou commercial, empoisonnés, bombardés. Ceux qui parrainaient le terrorisme dans le Caucase du Nord pendant de nombreuses années? Les mêmes personnes (extrémistes et terroristes) qui tuaient des enfants dans des écoles, des théâtres, des citoyens chez eux? Les considèrent-ils comme "civilisés"?
Nous ne les considérons pas comme tels. Nous considérons comme civilisées les gens qui respectent les normes juridiques internationales. Les normes de la vie commune basées sur le respect mutuel des intérêts. C'est la civilisation. Des gens qui ne se trahissent pas ni ceux à qui ils ont fait des promesses et qui ont été "apprivoisés".
Le plus grand exploit des "civilisés" est, à mon avis, la situation en Afghanistan. Depuis 20 ans, l'Otan, dirigée par les Américains, détruisait le pays, multipliait les récoltes de drogue et accumulait un capital colossal en empoisonnant et en tuant des gens avec de la drogue. Puis un jour (abandonnant tout et tous ceux qui les ont servis et les ont servis fidèlement), se sont rassemblés et sont partis de là, faisant tomber leurs fidèles serviteurs des ailes des avions. Ensuite ils ont volé l'argent du peuple afghan. Et maintenant, ils allouent cet argent à la création de "fonds pour soutenir l'Afghanistan". C'est l'apogée de l'anti-civilisation.
Pour discuter de ces sujets, vous devez connaître le contexte historique. Pour commencer, vous n'avez pas besoin d'en savoir beaucoup: au moins quelques décennies, quelques siècles.
En février 2022, l'Ukraine a lancé le processus de négociation et s'est déclarée prête à des compromis. Mais les Anglo-Saxons l'ont arrêtée et lui ont ordonné de se retirer des négociations avec la Russie. Ou alors c'était une tactique spécialement coordonnée.
Nous attendons de Kiev des signaux clairs et sans ambiguïté quant à sa volonté de reprendre les négociations, en tenant compte de nouvelles réalités territoriales et de la situation sur le terrain. S'ils adhèrent encore à cette logique, qu'eux-mêmes avaient bloquée. Nous pensons qu'il serait erroné de parler de certaines positions des partis. Laissons-les décider par eux-mêmes: s'interdisent-ils les négociations ou non? Qu'ils coordonnent leur position avec Bruxelles, Washington et Londres.
Il est impossible d'entendre les lamentations sans fin du département d'État américain selon lesquelles la Russie n'est prétendument pas prête pour les négociations. C'est comme s'ils ne voyaient pas que le régime de Kiev a législativement bloqué les négociations avec la Russie pour lui-même.
Quant à l'interaction avec les États-Unis ou l'UE. Leurs méthodes sont bien connues - ce sont les doubles standards, la tromperie, l'hypocrisie, la contrefaçon, le chantage, le non-respect de leurs engagements. À un moment donné, les promesses de ne pas élargir l'Otan, l'obligation de ne pas renforcer sa sécurité au détriment de la sécurité des autres ont été grossièrement violées. Les propositions de la Russie concernant les garanties de sécurité ont été rejetées.
Aujourd'hui, les États-Unis soumettent des pays d'Asie, d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Amérique latine à un chantage grossier, les forçant à se joindre aux sanctions illégales contre notre pays. Washington et ses alliés de l'Otan continuent de fournir des armes en Ukraine, dépensant des dizaines de milliards de dollars, prolongeant le conflit et le rendant aussi sanglant que possible. Qu'est-ce que c'est - le désir de négociations? Bien sûr que non.
Je souligne une fois de plus que les dirigeants russes ont toujours été attachés aux méthodes diplomatiques de règlement des conflits. Et aujourd'hui, nous sommes également prêts pour cela. Mais nous ne pouvons pas nous empêcher de voir la réalité et d'y réagir.