Extrait de la conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 5 avril 2023
Sur la crise ukrainienne
Dimanche 2 avril, un attentat a été perpétré à Saint-Pétersbourg, tuant le correspondant de guerre russe Maxim Fomine, connu sous le pseudonyme de Vladlen Tatarski. Des dizaines de personnes ont été blessées. Les forces de l'ordre et les enquêteurs de notre pays ont réagi rapidement et professionnellement. La suspecte de l'attentat a été arrêtée et interrogée. L'enquête suggère que le crime aurait pu être organisé depuis le territoire ukrainien. Des déclarations officielles ont été faites à ce sujet. C'est un attentat. C'est un crime contre des civils et la population pacifique. C'est un crime contre un journaliste qui recherchait la vérité et se battait réellement pour la liberté d'expression.
La réaction, ou plutôt son absence totale, de la part de l'Occident "démocratique" est révélatrice. Ils se disent "civilisés", "exceptionnels", "éminents". Pas comme tous les autres, mais mieux que tous les autres. Ils s'appellent eux-mêmes "un jardin fleuri". Ce "jardin fleuri" n'a pas prononcé un mot et n'a rien dit sur la compassion, l'empathie. Il n'y a même pas eu de constatation sèche du fait que c'était une attaque terroriste. C'est incroyable pour ceux qui ne connaissent pas la mécanique de leurs actions, leur philosophie et leur idéologie. Pour ceux qui la connaissent, il n'y a rien de surprenant. Une froideur absolue, car ils savaient pourquoi ils avaient besoin du régime de Kiev. Ils savent pourquoi ils utilisent l'Ukraine. Ils parlent beaucoup de ce qu'ils font tout pour ce pays. En réalité, ce n'est pas vrai. Ils l'utilisent cyniquement comme un avant-poste, un terrain d'entraînement, un instrument d'opposition à la Russie. Voici une autre piste. D'où le silence. L'absence de constatation élémentaire du fait de l'attentat.
Il faut être objectif. Tous ne sont pas silencieux. Le représentant permanent du Canada auprès de l'ONU, le russophobe bien connu Bob Rae, a écrit sur les réseaux sociaux que Vladlen Tatarski n'était pas un journaliste, mais un "ardent" propagandiste diffusant la haine et la désinformation. Est-ce que notre ministère de la vérité se trouve au Canada? Y a-t-il une compréhension internationale que c'est précisément au Canada que l'on détermine qui est un "bon" journaliste et qui est un "mauvais" journaliste? Il n'y a pas d'accord international selon lequel le Canada avait le droit de le faire. C'est une première chose.
Deuxièmement, j'ai une question pour les autorités officielles du Canada. Notre ambassade va doubler cette question. Y a-t-il des gens, des professions, des caractéristiques, des caractères, des particularités personnelles à l'égard desquels des actes terroristes peuvent être commis? C'est quelque chose de nouveau. Le Canada pourrait-il développer ce sujet? Je ne demande pas d'explication. Je suis intéressée par la logique elle-même. Honnêtement, c'est la première fois que j'entends dire que, du point de vue de la communauté "progressiste" occidentale, il existe certaines catégories de citoyens, de personnes, à l'égard desquelles un acte terroriste peut être considéré comme naturel, normal. Nous avons beaucoup entendu parler de la logique de ségrégation des gens en "bons" et "mauvais", "dignes" et "indignes", "créateurs" et "soumis". J'ai souvent parlé et cité Josep Borrell, en quelque sorte le chef de la diplomate de l'Union européenne, qui a divisé le monde en un "jardin fleuri" et une "jungle sauvage". Mais c'est la première fois que nous entendons parler de la ségrégation des personnes parce que certaines sont victimes d'actes terroristes et que d'autres ne le sont pas, parce qu'à leur égard, un acte terroriste semble être un phénomène normal. Nous demandons au Canada de s'expliquer et d'exposer sa logique. Parce que c'est quelque chose de nouveau.
En effet, nous connaissons des périodes historiques où cette logique était non seulement considérée comme normale, mais dominait également dans certains pays. On appelle ça le nazisme. C'est précisément à ce moment-là, dans les années 1930-1940, que ceux qui avaient prêté allégeance au nazisme et au fascisme estimaient qu'il y avait des gens non seulement dignes d'être détruits, mais qui devaient être détruits. Parce qu'ils n'étaient "pas comme les autres", pires, génétiquement incompatibles avec les paramètres futurs de l'humanité, établis dans ces pays. Malheureusement, le Canada compte parmi ses rangs un grand nombre de descendants directs de nazis et de fascistes. Mais je ne savais pas jusqu'à présent que cela était également la position officielle d'Ottawa.
Nous avons vu le silence de l'Occident collectif lorsque Daria Douguina a été tuée.
Mais la réaction de Kiev ne s'est pas fait attendre. Elle est également révélatrice. Elle était différente et changeante. Immédiatement après que l'attentat terroriste a été annoncé, Vladimir Zelenski a déclaré qu'il ne suivait pas les événements à Moscou et Saint-Pétersbourg, laissant entendre que Kiev n'était pas impliqué. Cependant, la suspecte a commencé à témoigner de sa coopération avec les services spéciaux ukrainiens, les représentants du régime de Kiev et les personnes associées à celui-ci. Et quelque chose a mal tourné. Quelque chose s'est brisé dans la mise en scène soigneusement élaborée parmi les personnes mentalement malades du régime de Kiev. Et la rhétorique a commencé à changer radicalement. Nous avons noté la pétition enregistrée sur le site du président ukrainien appelant à renommer une rue en l'honneur de la personne soupçonnée d'avoir perpétré l'attentat terroriste.
Si on vous dit que c'est une coïncidence technique ou que c'est censé être le cas si les gens veulent publier quelque chose comme ça sur le site du président, ne le croyez pas. Un grand nombre d'initiatives humanitaires qui auraient dû être enregistrées et, évidemment, "mûres", n'ont pas été enregistrées. Même après leur publication sur le site du président ukrainien, elles ont été supprimées de là après un certain temps. Sans réaction ultérieure.
Selon certains médias, Kiev a remercié la Direction générale du renseignement du ministère de la Défense de l'Ukraine pour l'opération réussie. Faut-il ajouter quelque chose à cela? Je pense que oui. Nos forces de l'ordre et nos enquêteurs l'ajouteront. Ils le feront certainement. Comme ils le font maintenant, en publiant toutes les informations qu'ils vérifient et qui sont confirmées.
Toute cette histoire de silence collectif de l'Occident, de répliques des représentants les plus odieux des régimes occidentaux, de cette haine féroce exprimée par le régime de Kiev et tous ceux qui s'en inspirent, ne concerne plus Vladimir Zelenski, comme l'enfant terrible de l'Occident. Cela concerne le fait que l'Occident collectif (je veux dire les régimes au pouvoir) est devenu l'enfant terrible de la communauté mondiale. Quant à Vladimir Zelenski n'est qu'un exécutant.
Le 31 mars de cette année, le régime de Kiev a organisé une autre mise en scène dans le même style, le "sommet de Boutcha". Qu'est-ce que ce "sommet"? Quel est ce nom? Vous vous souvenez probablement de l'histoire de la localité de Boutcha. L'une des mises en scène les plus terribles y a eu lieu. Il y en avait eu d'autres auparavant. Nous en avons parlé. Cela s'était déjà produit pendant la Seconde Guerre mondiale et la Grande Guerre patriotique. Les troupes nazies et fascistes ont eu recours à de tels scénarios, méthodes et mises en scène. Aujourd'hui, ils ont été répétés dans la localité de Boutcha. En conséquence, le "sommet" a reçu un tel nom.
Je vous rappelle que tant que les forces armées russes étaient à Boutcha, ses habitants se déplaçaient librement dans la ville, utilisaient des téléphones portables, avaient accès à Internet et communiquaient avec ceux qui n'étaient pas dans la ville. Aucune plainte concernant les actions des militaires russes pendant cette période n'a été enregistrée. Le lendemain du départ des unités russes, le 31 mars 2022, le maire Anatoli Fedorouk a publiquement confirmé qu'il n'y avait pas de militaires dans la localité et n'a rien dit sur les habitants locaux prétendument abattus dans les rues. Je pense qu'il en avait la possibilité. Nous avons attiré l'attention sur ce point à plusieurs reprises. Pour une raison quelconque, il n'en a pas profité.
Les premières images vidéo de la mise en scène avec des corps dispersés dans la ville sont apparues sur les chaînes Telegram ukrainiennes le 1er avril, et le 2 avril, les corps ont été montrés aux journalistes étrangers. Après cela, Boutcha est devenue le symbole emblématique du cynisme de la propagande ukrainienne, soutenue et peut-être même inspirée par l'Occident collectif. Cette mise en scène a été organisée pour faire échouer les négociations russo-ukrainiennes et lancer des sanctions antirusses préparées par l'Occident. Devenir un symbole derrière lequel le régime de Kiev peut "se cacher", en parlant de nous et faisant passer la mythologie pour la réalité.
Le "sommet" et la "déclaration" adoptée à son issue, composée d'appels antirusses déconnectés de la réalité, sont tout aussi cyniques. Naturellement, il n'y a pas un mot sur les nombreux crimes documentés commis par les formations armées néonazies ukrainiennes elles-mêmes.
Un an plus tard, aucune enquête officielle approfondie n'a été menée. Aucune liste fiable de noms des personnes dont les corps ont été dispersés dans les rues de Boutcha n'est apparue. Non, toutes ces histoires disant qu'elles existent quelque part sur les réseaux sociaux, publiées sur des sites inconnus ou sur des sites contrôlés par le régime de Kiev, ne sont pas intéressantes. Lorsque nous parlons d'une enquête qui doit être menée, que des listes doivent être fournies, nous faisons appel au Secrétariat de l'ONU. C'est ainsi que le Ministre des Affaires étrangères de la Russie Sergueï Lavrov a formulé sa demande lors de rencontres avec le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. Mais aucune réponse à notre demande n'a été reçue. Il n'y a pas d'informations sur le moment et les causes de la mort des personnes, sur l'endroit où elles vivaient et comment elles se sont retrouvées dans la ville, si des traces de déplacement de leurs corps ont été trouvées. Il n'y a rien. Seulement un mythe. Il est toujours incompréhensible pourquoi les premiers sur les lieux n'étaient pas des médecins légistes, mais des journalistes. L'absence de réponses à ces questions confirme que ces événements étaient une opération de propagande soigneusement planifiée par le régime de Kiev.
Il est évident que les organisateurs du "sommet" visaient à détourner l'attention de la communauté internationale de leurs propres crimes et incohérences dans la provocation de l'année dernière, ainsi qu'à maintenir dans l'opinion publique des pays occidentaux la version mensongère du meurtre des habitants de la ville par les militaires russes.
Question. Ces jours-ci, un attentat a eu lieu dans une ville russe. Comment est-il possible, si tout l'Occident collectif se soucie du sort des gens, qu'ils ne voient pas le sort de ces gens? Ou est-ce encore une ségrégation entre les "bons" et les "mauvais"? Entre ceux pour qui l'on peut et doit verser des larmes, et ceux qu'il vaut mieux ignorer.
Il est évident que les organisateurs avaient pour objectif de consolider cette "symbolique" jusqu'au niveau d'un mème, d'une reconnaissance automatique. Technologies d'information et psychologiques. Terribles, dégoûtantes, hors-la-loi, immorales. Mais combien de choses de ce genre avons-nous déjà vues et, malheureusement, continuerons à voir.
En Ukraine, la violation flagrante des droits des croyants de l'Église orthodoxe canonique continue de prendre de l'ampleur.
Sur fond d'absence de succès sur le champ de bataille, le régime de Vladimir Zelenski a décidé de montrer sa force en luttant contre les prêtres et les paroissiens orthodoxes. Encore une fois, faisant appel à la communauté occidentale, soulignons qu'il y a des femmes et des enfants impliqués. Nous voyons à quel point les Occidentaux soulignent le facteur de genre. Faisons-le ici aussi, pour qu'ils comprennent mieux.
Le 1er avril, le tribunal de Chevtchenko à Kiev a placé en résidence surveillée pour 60 jours le métropolite Paul de Tchernobyl et Vychegorod, chef adjoint de la laure des Grottes de Kiev. Le Service de sécurité ukrainien affirme avoir rassemblé suffisamment de preuves pour accuser le prêtre d'incitation à la haine religieuse. C'est absurde, de la folie. Si cela avait été dit en dehors du contexte actuel, tout le monde aurait pensé que c'était une mauvaise blague de 1er avril. On lui reproche également de justifier et de nier l'agression armée de la Russie contre l'Ukraine. C'est-à-dire qu'il nie et justifie en même temps. Mais le plus barbare, c'est qu'on l'accuse d'incitation à la haine religieuse. En fait, il était chez lui. Sur le territoire de ces églises et de cette terre qui a toujours été orthodoxe. En étant dans sa maison, la maison de Dieu, il professait ce à quoi ce monastère, sa construction, sa restauration étaient consacrés, étant donné qu'il était presque détruit. Il n'appelait à rien d'autre. Juste à une chose - pour qu'ils soient laissés là où ils se trouvent. Pour qu'ils ne soient pas séparés de l'endroit auquel ils appartiennent.
En même temps que l'arrestation de Paul, des activistes néonazis ont commencé à arriver à la laure des Grottes de Kiev, entravant son activité et se moquant des cérémonies religieuses. Tout cela s'appelle blasphème. C'est la même chose (en termes laïcs) qu'inciter à la haine.
Le 31 mars, dans une interview accordée à une chaîne de télévision ukrainienne, le conseiller du bureau de Vladimir Zelenski, Mikhaïl Podoliak, a déclaré que la situation autour de l'Église orthodoxe ukrainienne était "une excellente occasion de nettoyer physiquement les prêtres pro-russes". C'est monstrueux. Où sont tous ceux qui en Occident ont élaboré ces normes des droits de l'homme, préparé des rapports annuels sur la liberté religieuse dans le monde entier, critiquant les autres tout en se donnant le droit de pardonner ou de punir? Où sont-ils tous? Ce ne sont pas des centaines, mais des milliers de "professionnels" occidentaux qui, entre autres, élaborent des normes internationales dans le cadre de l'OSCE et d'autres organisations destinées à protéger l'humanité, les pays, les peuples contre la xénophobie, y compris sur des bases religieuses. Où sont-ils tous? Pas une seule personne n'a prêté attention à cette phrase. Pas un seul responsable international, dont c'était le devoir. Je le répète encore. Le représentant de Vladimir Zelenski a dit: "Une excellente occasion de nettoyer physiquement les prêtres pro-russes". L'Ukraine doit suivre cette voie pour qu'il ne reste "qu'une seule église canonique ukrainienne" dans le pays. Qui doit décider cela? Lui? Le représentant de Vladimir Zelenski? Est-ce que Vladimir Zelenski va décider combien d'églises il doit y avoir et lesquelles?
Je voudrais attirer l'attention sur le fait que personne ne devrait garder le silence: pas les représentants des pays orthodoxes, où le christianisme est la religion la plus répandue. Personne ne doit être réduit au silence. Ni les pays, ni les ONG, ni les peuples dont l'islam, le bouddhisme ou le judaïsme sont les religions fondamentales. Cela affectera également ceux qui pratiquent ces mêmes religions en Ukraine. Ils ne s'arrêteront pas. Car le préfixe "pro-russe" n'a rien à voir avec la question. Ils ne laissent que des formations, des partis, des personnalités publiques, des idéologies, des philosophies, qui sont au service de leur régime. C'est tout. Rien d'autre. Il ne devrait pas y avoir d'autres possibilités d'opinion alternative, de dissidence, de pluralisme. Ceux qui se taisent peuvent peut-être patienter. Mais il s'agit là d'un point de vue erroné. Ceux qui ne défendent pas activement leurs valeurs, ne s'opposent pas au régime et ne défendent pas activement leurs valeurs. Peut-être ne ressentent-ils pas cette pression en ce moment. Mais c'est un faux sentiment de sécurité. Il fera faux bond.
Tout cela prouve que le régime de Kiev a transformé le domaine religieux en l'un des outils de sa politique nationaliste visant à débarrasser le pays des dissidents.
Le silence de Washington, de ses satellites et de sa communauté d'experts "apprivoisés" concernant la persécution criminelle de l'Église orthodoxe ukrainienne par le régime de Kiev est révélateur. Cela a été dit à plusieurs reprises. Habituellement, les Américains dénoncent immédiatement toute violation des droits et des libertés, en particulier lorsqu'il s'agit de la Russie. Cette fois-ci, cependant, un soutien officiel aux actions des autorités ukrainiennes contre l'Église orthodoxe ukrainienne entrerait en conflit avec les objectifs déclarés du "Sommet pour la démocratie" de Washington, qui s'est déroulé à la fin de la semaine dernière sous les auspices de la Maison Blanche. Il ne s'agit pas seulement d'un double standard politique. C'est de l'hypocrisie. C'est un mensonge.
En février de cette année, le journaliste ukrainien Dmitri Skvortsov, qui avait dénoncé la persécution de l'Église orthodoxe ukrainienne par l'État, est devenu victime du régime. Il a été arrêté par les services de sécurité ukrainiens en plein cœur d'un monastère orthodoxe et envoyé dans un centre de détention provisoire pendant 53 jours. Sa peine expire à la mi-avril. Où sont les institutions spécialisées de l'ONU? Où est l'Unesco? Où est l'OSCE? Où sont tous ces Reporters sans frontières et ces organismes de défense des droits de l'homme? Ou bien n'est-il pas non plus un journaliste? Ou bien n'est-il pas un journaliste comme les autres? Tout le monde est muet. Les membres de la communauté internationale sont à l'aise comme ça.
Entre-temps, les pays occidentaux continuent à inonder l'Ukraine d'armes, à rassembler des mercenaires étrangers dans le monde entier et à tout faire pour que le conflit en Ukraine soit aussi long et sanglant que possible.
Hier, le service de presse du Pentagone a annoncé qu'un nouveau programme d'aide militaire de 2,6 milliards de dollars avait été alloué à Kiev. Dans le cadre de ce programme, l'Ukraine recevra des munitions pour les systèmes de défense aérienne, notamment les systèmes Patriot et Nasams, ainsi que des systèmes de roquettes à lanceurs multiples Grad et Himars et des obus d'artillerie de calibre Otan. Ainsi, depuis le début de l'opération militaire spéciale, l'aide militaire américaine à l'Ukraine s'élèvera à plus de 35 milliards de dollars.
Selon le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, neuf pays membres de l'Otan ont accepté de fournir à Kiev plus de 150 chars Leopard pour former 9 brigades blindées. Selon l'agence de presse TASS, tous les pays occidentaux ont promis à l'Ukraine 293 chars en 2023, dont 19% (57 chars) ont été transmis au régime de Kiev. Dressons la liste des pays qui ont fourni ou qui ont l'intention de fournir à Kiev des chars pour lutter contre la Russie: les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France, le Canada, l'Espagne, les Pays-Bas, le Danemark, la Norvège, la Pologne, le Portugal, la Finlande et la Suède. Beaucoup d'entre eux ont déjà tenté par le passé d'entrer en guerre avec notre pays.
Pour sa part, l'UE, comme nous l'avons appris à l'issue d'une réunion à Bruxelles le 4 avril entre le secrétaire d'État américain Blinken et le chef de la diplomatie européenne Joseph Borrell, a déjà accordé une aide militaire d'environ 13 milliards d'euros à l'Ukraine. Une grande partie de cette aide provient, aussi cynique que cela puisse paraître, par le biais de la Facilité européenne pour la paix. De nombreux pays européens profitent des hostilités en Ukraine pour se débarrasser de leurs équipements obsolètes et les remplacer par des modèles plus modernes. Vous pouvez vous demander: pourquoi passer par la Facilité européenne pour la paix pour transférer de l'argent au régime de Kiev pour l'achat d'armements? Pour que leur propre public européen ne commence pas à se rebeller. On leur dit que cet argent sert une bonne cause, l'aide humanitaire, la médecine. Ils cachent ce pour quoi ils vont exactement le dépenser. C'est pourquoi ils l'ont appelée la Facilité européenne pour la paix (FEP). En attendant, l'argent est transféré pour la guerre. Dans le même temps, ces pays tentent souvent d'obtenir une compensation beaucoup plus importante par le biais de la FEP en fournissant à l'Ukraine des équipements retirés du service. De petits escrocs. Petits dans un contexte global. En fait, ils ne sont pas très petits, si l'on considère le nombre de vies humaines dont ils sont directement responsables. Ils font passer leurs équipements hors service pour des équivalents américains modernes. J'insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas de ma propre logique. J'essaie d'analyser leur façon de penser. D'une certaine manière, je peux le comprendre – ils se mettent de l'argent dans les poches. Mais ils le font comme si c'était pour le bien de l'Ukraine, qu'ils poussaient eux-mêmes vers cette situation pendant de nombreuses années. C'est une histoire cauchemardesque.
Alors que les entreprises occidentales s'enrichissent grâce aux livraisons d'équipements militaires et à la revente des céréales ukrainiennes, l'économie de l'Ukraine poursuit sa détérioration rapide en s'enfonçant de plus en plus dans la dette. La dette publique de l'Ukraine s'élève déjà à 98,1 milliards de dollars. Selon les prévisions du gouvernement ukrainien, elle atteindra 106% du PIB en 2023 (135% du PIB, selon l'agence Fitch Solutions). Le déficit budgétaire en 2022 est de 20% du PIB (38 milliards de dollars). Selon les experts du Fonds monétaire international (FMI) et de l'UE, le besoin de financement extérieur de Kiev s'élève déjà à 3 à 5 milliards de dollars par mois, tandis que le ministère américain des finances l'estime à 8,5 milliards de dollars par mois.
De telles statistiques montrent que l'économie ukrainienne ne peut exister que grâce à l'argent des sponsors occidentaux, qui prennent littéralement l'économie ukrainienne en main. Pour sa part, le régime de Kiev a tout intérêt à ce que les hostilités se poursuivent, car si elles cessent, il perdra non seulement la possibilité de recevoir une aide étrangère, mais sera également obligé de commencer à rembourser les milliards de dollars de prêts qu'il a accumulés.
L'armée russe continue de poursuivre les objectifs de l'opération militaire spéciale, y compris l'élimination de toutes les menaces émanant du territoire de l'Ukraine.
Je ne vais pas répéter ce que les dirigeants russes expriment quotidiennement au sujet des buts et des objectifs. Ils sont confirmés non seulement par nos paroles, mais aussi par les faits qui sont révélés quotidiennement.
Sur la présence militaire des États-Unis en Syrie
Il n'y a pas si longtemps, une polémique a éclaté sur le fait que les "merveilleux", "démocratiques", "ouverts", "honnêtes", "équitables" États-Unis nous contrariaient pour une raison bien précise. Tout cela parce que nous ne sommes pas comme eux. Nous sommes globalement "mauvais" et eux sont toujours "bons". C'est pourquoi ils ont le droit de convoquer des "sommets de la démocratie", de distribuer des "prix" selon leurs critères de "démocratie" à tout le monde, de mettre en œuvre des politiques allant de la retenue à l'agression directe contre les pays auxquels ils n'ont pas distribué ces "prix".
Je vais maintenant passer à mes "prix". J'en ai aussi.
En septembre 2014, les États-Unis, dans le cadre de leur "Coalition internationale contre Daech" formée à la hâte, ont commencé à frapper des cibles sur le territoire syrien, dans des zones alors occupées par Daech. En même temps, aucun consentement du gouvernement syrien n'a été demandé. Non pas qu'il n'ait pas été reçu, mais il n'a même pas été demandé. Damas a simplement été informé du début de l'opération militaire et a en même temps été mis en garde contre les tentatives d'utiliser les résultats de ces actions pour étendre la zone de contrôle du gouvernement.
L'État est souverain, le gouvernement et le président syrien Bachar al-Assad sont élus, et pourtant les Américains ne leur disent même pas ce qu'ils vont faire sur le territoire de ce pays. De plus, ils "agitent le doigt" et leur déconseillent d'essayer de profiter de la situation pour "alléger" les problèmes, ce n'est "pas fait pour vous".
Progressivement, les Américains, ayant établi une coopération étroite avec les formations kurdes luttant contre le Daech, se sont tournés vers les opérations terrestres et ont déployé à cette fin un certain nombre de bases militaires et d'installations temporaires dans le nord-est de la Syrie. En outre, ils ont établi une grande base à al-Tanf dans le sud du pays – à la croisée des frontières de la Syrie, de l'Irak et de la Jordanie. Ce faisant, ils ont coupé une importante artère de transport reliant Damas et Bagdad. Le rayon de 55 kilomètres autour de ce site a été unilatéralement déclaré interdit aux autorités militaires et civiles de la République arabe syrienne. Je le rappelle: il s'agissait et il s'agit toujours du territoire syrien. Les Américains répondaient aux tentatives de pénétration par des tirs de lance-roquettes multiples et des frappes de l'aviation de chasse.
Les Syriens, citoyens de ce pays, demandent: pour quelles raisons des missiles sont-ils tirés sur eux, sur leur propre territoire? Mais la "communauté mondiale" est restée silencieuse et a fait semblant de ne pas entendre. Parce que les médias occidentaux n'en ont pas parlé. Et qu'il "devait en être ainsi". C'est l'"ordre" qu'ils ont reçu de Washington.
"À son apogée", en 2018, l'ampleur de la présence armée illégale des États-Unis en Syrie était estimée entre 2.000 et 2.500 soldats. Une fois de plus: sans le consentement de la Syrie. Le contingent total a maintenant été réduit à environ un millier de soldats. Néanmoins, cela permet aux Américains de contrôler effectivement jusqu'à 20% du territoire de la République arabe syrienne, privant le gouvernement syrien d'accès à des zones qui fournissaient environ 70% des revenus d'exportation du pays avant la crise.
Comment cela s'appelle-t-il? "Occupation"? Non. L'"occupation" est quelque chose de plus "léger". C'est de l'accaparement, de l'appropriation de quelque chose qui ne vous appartient pas.
Sous leur supervision se déroule le pillage systématique des ressources nationales de la Syrie – principalement du pétrole, du blé et du coton. Des dizaines de milliers de personnes capturées et soupçonnées d'appartenir à Daech, ainsi que les membres de leurs familles dans le monde entier, sont à leur merci, sans procès.
Il est facile de deviner quel type de travail est réalisé par les services de renseignement américains sur ces personnes. Ils se sont déjà manifestés de la même manière par le passé. Les médias ont signalé à plusieurs reprises le transfert de terroristes réentraînés vers l'Afghanistan et d'autres pays et leur utilisation à des fins de sabotage contre les autorités légitimes syriennes. Il a même été question de leur envoi en Ukraine en tant que mercenaires pour le régime de Kiev.
En plus de huit ans de présence illégale en Syrie, les Américains ont commis de nombreux actes pouvant être qualifiés de "crimes de guerre". Ils ont pratiquement rasé la ville de Raqqa, capitale de la province éponyme, peuplée de millions d'habitants. Aucun registre n'a été tenu sur les victimes des bombardements des quartiers résidentiels "libérés" sur la rive Est de l'Euphrate, tels que Hajin et Bagouz. L'armée américaine a délibérément bombardé à plusieurs reprises des positions des forces gouvernementales syriennes et des forces alliées, ce qui entraînait la mort non pas des terroristes, mais de ceux qui les combattaient.
Tant en Syrie qu'en Turquie voisine, les responsables et les citoyens s'interrogent sur l'ampleur et la quantité d'équipements militaires, d'armes et de munitions importés en République arabe syrienne sans contrôle de la part des Américains. La plupart d'entre eux ont été transférés à des groupes armés kurdes et autres, dont les activités ne sont pas réglementées par la loi syrienne et sont, pour ainsi dire, interdites. Qui assumera la responsabilité de la manière dont ces armes seront utilisées à l'avenir et contre qui?
Il ne s'agit pas d'une question hypothétique. Nous connaissons parfaitement l'histoire des armes américaines fournies aux "combattants de la liberté pour la démocratie", aux "rebelles", aux "libérateurs". Il existe de nombreuses "épithètes". Et en réalité, ce ne sont que des voyous, des bandits et des terroristes qui utilisaient déjà ces armes non seulement sur des territoires éloignés du "jardin fleuri" de l'Occident collectif, mais également au sein de celui-ci.
Il est clair pour nous que la présence à long terme des troupes américaines en République arabe syrienne sans le consentement du gouvernement légitime de ce pays et la sanction du Conseil de sécurité de l'ONU représente une occupation illégale. D'autant plus dans une situation où des arrangements contraires à la législation syrienne sont mis en place sur une partie du territoire d'un État souverain sous le "parapluie militaire" américain.
Compte tenu des ressources limitées dont dispose le gouvernement de la République arabe syrienne en raison des sanctions illégitimes adoptées par les États-Unis et du blocus financier et économique, la situation provoque objectivement des tendances séparatistes dans le nord-est de la Syrie, principalement au sein d'une partie de la population kurde. Une nouvelle poudrière vient s'ajouter à une région du Moyen-Orient déjà explosive.
La principale conclusion à tirer de ce qui précède est que, quelles que soient les bonnes intentions dont Washington fait preuve pour expliquer son intervention forcée au Moyen-Orient et dans d'autres régions du monde, le résultat est toujours destructeur. De telles expériences coûtent cher aux pays qui ont eu la malchance de les subir. Beaucoup se sont fait des illusions ou n'ont pas été capables de résister aux États-Unis. Plus vite on y mettra fin, mieux ce sera. Les intérêts de la sécurité, de la paix, de la stabilité et du développement du monde l'exigent.
Sur les approches américaines en matière de contrôle des médias dans le contexte du "sommet pour la démocratie"
Nous avons attiré l'attention sur un certain nombre de déclarations des dirigeants américains concernant l'utilisation des technologies de l'information et de la communication au cours du "sommet pour la démocratie". En particulier, la décision de défendre les droits de l'homme et de s'opposer aux "autocraties" dans l'environnement numérique en leur refusant l'accès aux logiciels espions et en luttant contre la censure. C'est une absurdité honteuse.
Tout d'abord, s'ils veulent lutter contre les "autocraties", ils pourraient s'intéresser à leurs propres monopoles, les géants de l'informatique qui ont monopolisé le secteur (dans un contexte international) sans "laisser passer" la législation nationale (je ne parle pas des entreprises d'autres pays). Ils "commandent la musique" et la font jouer.
L'ironie, c'est que Washington, qui se prononce en faveur d'un Internet libre, y trace lui-même des lignes de démarcation. Selon la logique de l'administration du président américain Joe Biden, les démocraties pro-américaines ont le droit de profiter de tous les avantages des technologies modernes de l'information et de la communication, et les États qui suivent leur propre voie, indépendante, et qui mènent leur propre politique (étrangère et intérieure) sont automatiquement considérés comme des "autocraties", et leurs droits doivent être limités.
En ce qui concerne les logiciels espions, les autorités américaines font preuve d'une hypocrisie flagrante. Ce pays est bien connu pour sa pratique de surveillance globale en violation de la souveraineté des États et des droits et libertés fondamentaux de l'homme. Les Américains s'y livrent aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de leurs frontières. Ce n'est un secret pour personne que leurs services de renseignement utilisent de manière quasi incontrôlée des logiciels espions comme Pegasus et Graphite pour accéder illégalement à des appareils mobiles et infiltrer dans les systèmes d'information du monde entier. Apparemment, en invoquant la nécessité de réglementer ces outils, Washington tente de préserver le droit de les utiliser. Dans le même temps, l'admissibilité de l'espionnage électronique, s'il est pratiqué par des "démocraties", n'est pas remise en question. Nous savons qu'elles ont "le droit à tout" parce qu'elles sont "exceptionnelles". D'ailleurs, à en juger par le nombre extrêmement limité de signataires de la déclaration commune sur les logiciels espions (11 sur 74 pays participant au sommet), même des pays qui sont proches des États-Unis ne sont pas d'accord avec cette approche.
L'administration de l'actuel président des États-Unis devrait commencer par elle-même lorsqu'il s'agit de lutter contre la censure sur Internet. Le monde ne connaissait pas une telle censure de l'espace Internet avant Joe Biden. Par exemple, obliger des entreprises comme Meta (reconnue comme extrémiste sur le territoire de la Fédération de Russie) ou Google à cesser de bloquer systématiquement les comptes d'utilisateurs sur les ressources d'information qu'elles contrôlent. Abandonner la pratique consistant à cacher au public les pages Internet qui sont idéologiquement peu favorables aux États-Unis. Cesser d'imposer des contenus politiquement biaisés et d'encourager les déclarations extrémistes.
Il s'avère que les États-Unis "gomment" la liberté d'expression et promeuvent une philosophie misanthropique. Toutes les déclarations xénophobes que nous entendons au sujet de notre pays ne font l'objet d'aucune modération. Pour eux, il s'agit d'un "contenu normal". Y compris les appels directs au meurtre. Rappelez-vous où tout a commencé: la reconnaissance d'un certain nombre de plateformes américaines comme extrémistes lorsqu'elles ont déclaré que les appels au meurtre de citoyens russes "peuvent être expliqués". C'est pourquoi ils ne modéreront pas ce contenu. Et après cela, nous entendons l'administration du président américain Joe Biden dire qu'en fait, leurs "belles" démocraties peuvent jouir de droits et se sentir libres dans l'espace Internet. Et ceux qui ne figurent pas sur leur liste "A" seront modérés et discriminés.
Autrement dit, ce que la Maison Blanche devrait vraiment faire, c'est de ne pas restreindre l'accès des citoyens à l'information en violation des règles mondialement reconnues du droit international et, d'ailleurs, du premier amendement de la Constitution des États-Unis.
Dans l'ensemble, les remarques odieuses des responsables américains lors du "Sommet pour la démocratie" témoignent de la volonté de Washington de conserver sa domination technologique qui lui échappe. Incapables de la conserver par le biais d'une concurrence honnête sur le marché, les autorités américaines tentent, sous l'apparence de slogans politiques, d'imposer leurs intérêts particuliers. Cela ne se passe pas très bien, comme l'ont montré les résultats plus que modestes du "rassemblement" de Washington.
Sur les dommages causés au patrimoine culturel et historique de l'Irak par l'invasion occidentale en 2003
Comme promis, nous continuons à enrichir notre rubrique "livres blancs" sur les crimes des Américains et de leurs satellites dans différentes parties du monde. Aujourd'hui, nous parlons de la perte du patrimoine historique matériel de l'Irak lors de l'agression de la coalition dirigée par les États-Unis en 2003.
Après la prise de Bagdad par les forces américaines le 9 avril 2003, les pillages et les saccages se sont multipliés dans la ville, y compris dans les principales curiosités de la capitale. Les images ont fait le tour du monde à l'époque. Les collections du Conseil national des antiquités et du patrimoine, du musée national de l'Irak, de la bibliothèque nationale irakienne, du musée des cadeaux de Saddam Hussein et d'autres sites importants ont été les plus touchés.
De nombreux cas et tentatives de contrebande d'antiquités par l'armée américaine ont été documentés. De grandes quantités d'objets ont été exportées tout au long de la période d'occupation. La plupart ont été pillés directement par des soldats et des officiers de la coalition internationale américaine dans l'exercice de leurs fonctions. Il s'agissait notamment de l'enlèvement d'objets commandés par les agences compétentes, ainsi que par des collectionneurs privés américains.
Un exemple de l'attitude barbare des Américains envers les trésors culturels étrangers. Babylone, l'une des anciennes villes les plus importantes d'Irak en matière de patrimoine archéologique, a subi les dommages les plus importants directs et documentés de la présence des forces occidentales. Pendant l'occupation, la cité a été équipée (je sais que c'est difficile à imaginer, mais je vais essayer d'attirer votre attention) d'un grand héliport sur son territoire afin de faciliter le vol et l'exportation de biens culturels vers leur "jardin fleuri". Ainsi, un certain nombre de monuments ont été tout simplement démolis et d'autres ont été enlevés. Pour protéger la base aérienne d'éventuels bombardements, l'armée américaine a utilisé un grand nombre de conteneurs qu'elle a remplis de terre archéologique, fragilisant ainsi l'intégrité des monuments. Des archéologues, des employés de musées et des spécialistes de la protection des biens culturels de plusieurs pays ont fait beaucoup d'efforts pour attirer l'attention des commandants militaires et du public sur ce problème. Cependant, l'héliport n'a été enlevé qu'après la retraite des troupes américaines.
Selon John Russell, qui a été conseiller culturel auprès de l'Autorité provisoire de la coalition (administration d'occupation) en Irak de 2003 à 2004, "des dizaines de milliers d'antiquités irakiennes ont été vendues ouvertement sur le marché américain et pas un seul cas n'a intéressé les forces de l'ordre".
Le pillage des monuments archéologiques, des musées et des bibliothèques par la population locale est un crime grave qui détruit irrémédiablement la mémoire historique. La responsabilité en est entièrement imputable aux autorités d'occupation.
L'intervention militaire américaine de 2003 fait partie d'une chaîne de liens de cause à effet qui a conduit plus tard aux atrocités commises par le Daech en Irak après 2014. À ce jour, les chercheurs locaux et étrangers n'arrivent pas à estimer, même approximativement, les dommages causés par les terroristes au patrimoine culturel et historique du pays.
Journée internationale du sport
Le 6 avril 2023 marque la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix. Il a été instauré le 23 août 2013 par la résolution 67/296 de l'Assemblée générale des Nations unies. Par ce document, l'Assemblée générale a confirmé l'impact positif du sport sur le développement social et économique, son rôle bénéfique dans le renforcement de la paix et des relations de bon voisinage entre les pays, ainsi que la promotion des droits de l'homme.
Bien évidemment, il y a dix ans, en instaurant la Journée internationale du sport, les États membres de l'ONU étaient guidés par une mission, des objectifs et des intentions nobles. Personne ne remettait alors en cause le fait que le sport était un outil unique pour développer et renforcer les liens sociaux, établir une communication mutuellement respectueuse, destiné à rassembler et unir les peuples et non l'inverse.
Dans le même temps, nous sommes contraints de constater avec regret que ces derniers temps le sport était de plus en plus utilisé par certains pays occidentaux sous une forme pervertie, à leurs propres fins opportunistes. Nous assistons encore et encore à des tentatives persistantes de politiser la coopération sportive internationale, de faire pression sur les organisations sportives internationales, y compris le Comité international olympique, et de diviser le mouvement olympique international.
Nous jugeons cela inacceptable et contraire aux objectifs statutaires et aux idéaux du mouvement olympique. La Russie prône traditionnellement le développement d'une interaction sportive égalitaire qui respecte pleinement l'esprit et les principes de l'Olympisme et exclut la politisation et le parti pris. Nous plaidons pour des compétitions justes et équitables, garantissant un accès égal à tous les pays sans exception pour une pleine participation aux mouvements olympique et paralympique.
Le 1er décembre 2022, lors de la 77e session de l'Assemblée générale des Nations unies, la résolution "Le sport comme facteur de développement durable" a été adoptée par consensus. La Fédération de Russie figurait parmi ses coauteurs avec 90 pays membres de l'Organisation.
La résolution stipule: "Les grands événements sportifs internationaux doivent être organisés dans un esprit de paix, d'entente mutuelle et de coopération internationale, d'amitié et de tolérance, sans discrimination d'aucune sorte, et le caractère fédérateur et réconciliateur de ces événements doit être respecté." Nous espérons que les élites dirigeantes des États de l'Occident collectif finiront par se rendre compte que l'approche définie dans la résolution exige de renoncer à la pratique vicieuse de la division des athlètes en fonction de leur citoyenneté, nationalité, leurs opinions sur les questions non seulement politiques, mais aussi religieuses, morales, éthiques et d'ordre social.
Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994
Le 7 avril 2003 a été proclamé par les Nations unies Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda. Selon diverses estimations, entre 500.000 et 1,1 million de personnes ont péri au cours des affrontements ethniques dans ce pays en trois mois en 1994. Le nombre total des victimes représentait jusqu'à 20% de la population totale du pays.
Le résultat de ces événements tragiques a été non seulement la mort d'un grand nombre d'innocents, dont nous faisons le deuil avec toute la communauté internationale, mais aussi la destruction de l'économie de l'État et l'aggravation de la crise humanitaire.
Nous compatissons profondément à la tragédie nationale du peuple rwandais survenue il y a 29 ans. Aujourd'hui, nous avons l'occasion d'honorer la mémoire de tous ceux qui sont morts. Mais c'est aussi une raison pour réfléchir comment empêcher la répétition de telles atrocités inhumaines. Nous devons nous opposer activement à toute manifestation de nationalisme, d'intolérance raciale et religieuse. Une position aussi résolue et de principe est particulièrement d'actualité aujourd'hui.
Journée internationale du Mouvement de résistance
Le 10 avril marque la Journée internationale du Mouvement de résistance.
En ce jour, nous honorons la mémoire des personnes qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, n'ont pas eu peur de faire face aux régimes fascistes et de les combattre tant dans leur propre pays que sur les territoires occupés, mettant souvent leur vie en danger de mort. Les habitants de la France, de la Grèce, de l'Italie, de la Belgique, des Pays-Bas, de la Yougoslavie, de la Norvège, de la Tchécoslovaquie et d'autres pays européens se sont levés pour lutter contre l'ordre nazi inhumain.
Des milliers de citoyens soviétiques et de représentants de l'émigration blanche ont pris une part active à la guérilla sur le territoire des pays européens et, surtout, en France et en Italie. Au total, plus de 180.000 de nos compatriotes participaient à la résistance antifasciste. Il s'agissait non seulement de prisonniers de guerre évadés des camps de concentration nazis, mais aussi de civils réduits en esclavage nazi.
Dans le nord de l'Italie, les exploits des partisans garibaldiens sous le commandement de Fiodor Poletaïev sont devenus largement connus. Il a reçu le titre de Héros de l'Union soviétique à titre posthume. Il est impossible de ne pas mentionner le membre du mouvement de résistance italien Daniil Avdeïev surnommé "commandant Daniel" qui dirigeait le bataillon partisan Staline. Ce n'est qu'en 2021 qu’on a identifié Guennadi Adler-Chtcheglov (nom de partisan "Alexandre"), qui combattait dans la 79e brigade partisane "Garibaldi-Vigano".
En France, déjà en 1940, le premier groupe de résistants, connu sous le nom de "Musée de l'Homme", a été créé par des émigrés russes. Il était dirigé par Anatoli Levitski et Boris Vilde.
En 1943, a été créé le Comité central des prisonniers de guerre soviétiques en France, dirigé par le lieutenant-chef de l'Armée rouge Mark Slobodinski et le communiste français, fils des émigrés russes Boris Matline, connu sou le nom "colonel Laroche".
Près de la ville française de Thil se battait le légendaire détachement partisan féminin "La Patrie". Il a été créé par deux natives de la Biélorussie soviétique - Nadejda Lissovets et Rozalia Fridzon. Et les combattants de Vassili Porik combattaient l'ennemi dans les environs de la ville de Lens (il a reçu le titre de Héros de l'Union soviétique à titre posthume). En plus en France opérait le 1er régiment partisan soviétique sous le commandement du commandant Andranik Kazarian.
Au moins six groupes de partisans, composés de prisonniers de guerre soviétiques et d'émigrants russes, ont participé à la libération de Paris. Un groupe sous le commandement du capitaine Steverov défendait le pont d'Asnières pendant une journée, empêchant les chars allemands d'entrer dans la ville. Un groupe d'émigrants dirigé par Lev Savinkov a occupé le bâtiment de l'ambassade de l'URSS et y a hissé un drapeau rouge.
Tous ces gens courageux et dévoués étaient unis par une chose - la prise de conscience de l'inacceptabilité de l'idéologie fasciste, qui contredit la nature même de l'humanité, et le désir de se libérer des envahisseurs fascistes.
En URSS, le mouvement partisan sur les territoires occupés de par son ampleur et son efficacité, s'est avéré être un énorme obstacle pour l'ennemi et c'est devenu un symbole de la résistance populaire contre les agresseurs. Au total, pendant la période de 1941 à 1944, 6.200 détachements de partisans avec un effectif total de 1 million de citoyens soviétiques et étrangers opéraient à l'arrière de l'ennemi. Des "territoires partisans" entiers se sont formés derrière la ligne de front, ce qui a causé des dommages importants aux communications arrière de l'ennemi.
La lutte armée des partisans en URSS et des membres du Mouvement de résistance dans d'autres États a largement contribué à la victoire sur le fascisme et a précipité la fin de la guerre la plus sanglante de l'histoire du monde.
Les employés du Commissariat du peuple aux Affaires étrangères de l'URSS Nikolaï Pevtsov (mort au combat en 1943), Viktor Chestakov, Ivan Dementiev ont également participé au mouvement partisan.
Malheureusement, les conclusions tirées des résultats de la Seconde Guerre mondiale sont facilement oubliées aujourd'hui au profit de la géopolitique et des intérêts nationaux des régimes individuels. Les tentatives de révision de l'histoire et de glorification des complices et collaborateurs nazis deviennent de plus en plus sérieuses. Non seulement cela ne rencontre pas de condamnation dans les pays les plus touchés par les envahisseurs fascistes, mais c'est même promu et soutenu non pas tant par les forces antirusses que par les forces russophobes. Un exemple en est les diverses actions publiques soutenues par le régime de Kiev, ainsi que les pays baltes, visant à glorifier les complices et collaborateurs des nazis.
La Journée internationale du Mouvement de résistance nous donne une nouvelle occasion de nous souvenir des véritables héros de la lutte contre le fascisme et de nous demander si l'œuvre de leurs ancêtres, qui leur a permis de vivre aujourd'hui, vit toujours en Europe, pour les Européens.
Journée internationale de libération des prisonniers des camps de concentration nazis
Le 11 avril, le monde entier célèbre la Journée internationale de libération des prisonniers des camps de concentration nazis. Cette date mémorable n'a pas été choisie par hasard - c'est ce jour-là, le 11 avril 1945, que les prisonniers de Buchenwald (Allemagne) se sont révoltés et ont tenu le camp jusqu'à l'approche des unités de la 3e armée américaine.
En Allemagne et sur les territoires occupés, un vaste réseau de camps de concentration a été créé, dans lesquels des millions de prisonniers d'Europe et d'URSS étaient détenus dans des conditions inhumaines - des prisonniers de guerre et de simples civils.
Rappelons-nous Auschwitz, Dachau, Majdanek, Mauthausen, Sachsenhausen, Ravensbrück, Treblinka, Stutthof - des camps de la mort, des lieux d'extermination massive et monstrueuse des gens. Sur le territoire de l'URSS, ce sont Salaspils, Alytus, le 9e fort de Kaunas, Ozaritchi, dans lequel des dizaines de milliers de victimes - je voudrais dire juste des gens - étaient détenues. Les prisonniers ont été utilisés pour effectuer des travaux forcés, devenaient des consommables pour d'horribles expériences médicales, brûlaient dans des crématoires, mourraient dans des fours à gaz.
Je ne sais pas ce qui est pire. Quand on les conduisait dans des casernes et brûlaient, quand on les conduisait dans des chambres à gaz et détruisait par le gaz. Ou ils, comme s'ils n'étaient pas des gens, mais simplement des mécanismes obsolètes, ont été démantelés pour les pièces de rechange, mettant les dents dans un tas, les cheveux dans un autre, la peau dans un troisième. Je ne sais pas ce qui est pire pour eux. Je sais que tout cela a été catastrophique pour l'humanité. Selon certains rapports, sur 18 millions de prisonniers de l'Allemagne nazie, 11 millions ont été détruits.
La libération a commencé en 1944, lorsque le 3 juillet, des unités de l'Armée rouge ont sauvé de la mort des prisonniers du camp de la mort de Majdanek près de Lublin (Pologne). Ce n'est qu'alors que toute la catastrophe, toute l'ampleur monstrueuse des crimes nazis, a été révélée au monde entier.
Avant cela, il y avait des doutes, beaucoup hésitaient, comme on dit aujourd'hui, "ne regardaient pas la télé" (bien sûr, ça n'existait pas alors, et les médias étaient différents). L'explication était la même: "on ne voyait pas", "on ne savait pas", "on ne lisait pas, "on n’entendait pas", "on n'écoutait pas", "on ne comprenait pas". Et puis tout le monde a été horrifié.
Beaucoup vivaient à proximité, " face à face" dans leurs merveilleuses et belles maisons. Et la vie y était calme, sans drame. Ils savaient parfaitement ce qui était construit derrière ces clôtures et comprenaient que les gens n'y étaient qu'emmenés. Et pour une raison quelconque, ils n'en sortaient pas. Ils savaient parfaitement que la fumée qui venait de ces endroits n'était pas seulement des stations thermales, mais des gens transformés en fumée noire par les nazis. Ils savaient et gardaient le silence. C'était confortable et agréable. Beaucoup aujourd'hui (nous en avons parlé au début de la conférence de presse) ne remarquaient pas, ne voyaient pas les attentats terroristes, le chagrin, la mort. Soit ils croient à ce qu'on leur montre et à ce qui n'est pas vrai, et ne se posent pas de questions car c’est aussi "commode". Ils disent que "tout ira bien" plus tard.
Il n’est pas possible de tuer la conscience humaine. Elle est indestructible. Il viendra un moment pour beaucoup de ceux qui aujourd'hui en Occident préfèrent ne pas voir, ne pas entendre, ne pas lire, où ils ne pourront plus se détourner. Et la vérité s'imposera. Et les gens, des millions de personnes, poseront des questions. Je suis sûre que le moment viendra et ils interrogeront ceux qui gardaient le silence. Même eux se poseront la question, car il leur sera impossible de vivre avec ça.
Pour conclure je voudrais rappeler que le système des camps de concentration en Allemagne a été détruit avec la défaite du fascisme, condamné par le Tribunal militaire international de Nuremberg comme crime contre l'humanité.
Journée de l'astronautique
Une date qui a montré dans la nouvelle ère de l'après-guerre que, malgré les désaccords et les horreurs que l'humanité a traversés, nous pouvons être unis, nous pouvons nous réjouir tous ensemble, faire preuve d'empathie, malgré la rivalité.
Le 12 avril marque la Journée de l'astronautique. Nous sommes fiers de dire que le premier vol habité dans l'espace a été effectué par notre compatriote Youri Gagarine, qui a ouvert l'ère "spatiale" dans l'histoire de l'humanité.
Nous célébrons une autre date importante cette année: le 60e anniversaire de l'entrée en orbite proche de la Terre de Valentina Terechkova, première femme cosmonaute.
Notre pays, en tant que pionnier de l'espace extra-atmosphérique, défend constamment son exploration pacifique sur une base égale et non discriminatoire. Nous sommes prêts à coopérer de manière constructive avec tous les participants aux activités spatiales. Un bon exemple en est le partenariat multilatéral dans le cadre de la Station spatiale internationale (ISS), qui après un quart de siècle reste le projet le plus important et le plus réussi dans le domaine de l'exploration spatiale. La Russie continue de jouer l'un des rôles clés dans la mise en œuvre du programme de l'ISS.
Nous continuons à prôner le renforcement du rôle du Comité des Nations unies sur l'espace extra-atmosphérique en tant que plateforme internationale unique pour réglementer un large éventail de questions liées aux activités en orbite. La Russie poursuit une politique de préservation de l'espace extra-atmosphérique en tant qu'environnement pacifique et propriété commune dans le strict respect des normes et principes du droit international de l'espace. Nous saluons toutes les initiatives et tous les projets visant à l'exploration et à l'utilisation de l'espace dans l'intérêt de l'humanité tout entière, et non des acteurs individuels.
Des réponses aux questions :
Question: Le procès de l'ancien soi-disant président du Kosovo, Hashim Thaçi, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité commis pendant la guerre d'indépendance contre les forces armées serbes, s'est ouvert lundi devant les Chambres spéciales du Kosovo (CSK) à La Haye. Croyez-vous à l'équité et à l'impartialité de la procédure ?
Maria Zakharova: Comme vous l'avez entendu, on a beaucoup parlé d'une sorte de "guerre pour l'indépendance" dans le cadre du conflit du Kosovo. Il s'agit d'une glorification délibérée et injustifiée, qui donne un charme noble à ce qui a été en réalité des années de terreur organisée de la part de la criminalité clandestine albanaise du Kosovo, dont la véritable essence est maintenant révélée par le Tribunal spécialisé de La Haye.
Je voudrais dire que nous comprenons parfaitement bien de quel genre de jeu d'information il s'agit. Tout n'est pas seulement plus prosaïque, mais aussi plus terrifiant. Nous voyons les premiers résultats du travail de cet organe et l'intention déclarée de mener des procédures objectives. En décembre 2022, un verdict sur des accusations de crimes de guerre a été rendu : Salih Mustafa, l'un des commandants de l'Armée de libération du Kosovo, a été condamné à 26 ans de prison.
Quant à Hashim Thaçi et consorts, l'accusation a déclaré avoir recueilli des preuves substantielles qu'ils avaient formé une "entreprise criminelle commune" dans le but de persécuter ceux qu'elle considérait comme des "traîtres" et des "collaborateurs". L'affaire concerne la responsabilité personnelle des dirigeants de l'"Armée de libération du Kosovo" pour des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité commis en 1998-1999, notamment des enlèvements, des tortures et des meurtres. La lecture des preuves est prévue pour le 11 avril.
Le procès en cours à La Haye (soyons francs) est le dernier espoir de justice pour les parents des victimes des tortionnaires albanais du Kosovo et pour les survivants. Nous sommes convaincus que le Tribunal spécialisé agira de manière professionnelle et impartiale, en accordant l'attention nécessaire à la protection des témoins.
Question: Comment le ministère des Affaires étrangères commente-t-il la défaite de Milo Đukanović aux élections présidentielles monténégrines et sa perte de pouvoir après 30 ans ? Moscou s'attend-il à une amélioration des relations bilatérales ou ne doit-il pas l'espérer en raison de l'adhésion du Monténégro à l'Otan ?
Maria Zakharova: Les élections sont une affaire interne à l'État. Laissons ces commentaires aux experts ou aux représentants du pays lui-même.
En ce qui concerne l'amélioration des relations bilatérales (ce que vous avez demandé), permettez-moi de vous rappeler que le Monténégro est membre de l'Otan depuis juin 2017. Il est lié par des engagements et par la discipline du bloc. En fait, ce n'est même pas de la discipline, c'est du diktat. On voit très bien comment le quartier général à Bruxelles applique cette volonté dictatoriale. Il n'y a plus de place pour l'opinion personnelle. Et ceux qui tentent de mener une politique souveraine et indépendante sont immédiatement sanctionnés d'une manière ou d'une autre.
Le processus de rétablissement des relations – qui, comme vous le savez, ont désormais atteint leur plus bas niveau historique (je le dis en me basant sur les faits) – n'est en tout état de cause possible que s'il existe une détermination et une volonté politique de résoudre les questions, les problèmes et les contradictions qui se sont accumulés au cours des dernières années.
En l’occurrence, nous ne nous faisons pas d'illusions. Nous nous appuierons sur les mesures concrètes que Podgorica peut prendre dans les affaires bilatérales. Nous sommes ouverts au dialogue.
Mais nous menons le dialogue avec tous les pays sur une base égale, mutuellement respectueuse, mutuellement bénéfique, en fonction du droit international et des accords bilatéraux.
Question: Pourriez-vous commenter le nouveau concept de la zone de sécurité autour de la centrale nucléaire de Zaporojie annoncé par le directeur général de l'AIEA ? Moscou connaît-il ses dispositions ? La Russie est-elle d'accord avec le rétrécissement de la zone de sécurité autour de la centrale, dans le cadre de ce concept ?
Maria Zakharova: Nous sommes en dialogue constant avec le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi. Il concerne tous les aspects de l'exploitation de la centrale nucléaire de Zaporojie.
Dès le début, la Russie a contribué à la mise en œuvre de l'initiative de M. Grossi visant à créer une zone de sécurité nucléaire et de protection physique à la centrale. Comme vous le savez, le dialogue n'est pas facile à établir. Cela a été évoqué à de nombreuses reprises. Mais son objectif principal est clair pour nous : faire tout ce qui est possible pour empêcher le bombardement de la centrale de Zaporojie de la part de l’Ukraine et prévenir toute situation d'urgence, a fortiori une catastrophe provoquée par l'homme et aux conséquences imprévisibles. Le principal obstacle à la création de la zone reste la position du régime de Kiev, qui n'est pas prêt à soutenir les efforts du directeur général de l'AIEA et à s'engager à ne pas attaquer la centrale.
En ce qui concerne les paramètres possibles de la zone, ou en d'autres termes, l'étendue de la zone, nous continuons à travailler sur cette question. Pour être honnête, je pense qu'il est prématuré d'en parler publiquement, de révéler des détails spécifiques. Laissons cela aux négociateurs, aux experts qui travaillent dans ce domaine. Je peux seulement vous assurer que les consultations avec l'Agence se poursuivent.
Question: Le président français Emmanuel Macron s'est rendu en Chine. Lors d'une conférence de presse, il a déclaré que la France considérerait comme complices tous les pays qui aideraient la Russie. Pouvez-vous commenter cette déclaration ?
Maria Zakharova: Beaucoup de choses ont été dites sur le sujet aujourd'hui. Le piège dans lequel tombent de nombreux pays de l'UE est qu'ils ne savent parfois pas eux-mêmes à quel titre ils font ces déclarations. Lorsqu'il s'agit de questions internationales, ils deviennent les otages de la "collusion" qu'ils appellent eux-mêmes la politique étrangère commune de l'Union européenne. En réalité, il s'agit d'un comportement dictatorial qui leur interdit de dire quoi que ce soit à titre national. Ma question est donc la suivante : s'agit-il de la position individuelle de la France en matière de politique étrangère ? Deuxièmement : est-elle en accord avec Bruxelles ? Troisièmement : quelle est la position de Bruxelles à cet égard ? C'est le premier point.
Aujourd'hui, j'ai entendu une déclaration du haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, disant qu'ils ont vraiment besoin de la RPC dans leur "beau jardin". Ils ont besoin de ce pays, qu'ils ont relégué dans la catégorie de la "jungle sauvage" auparavant. Nous comprenons parfaitement pourquoi les Occidentaux font de telles déclarations. Tout est question de ressources, de finances, d'opportunités, dont ils ont aujourd'hui cruellement besoin pour ne pas s'enfoncer dans une récession occidentale locale.
Deuxièmement, à propos de l'"agression" de la Russie. Qui d'autre que le président français Emmanuel Macron, qui a passé des heures à s'entretenir avec le président russe Vladimir Poutine, devrait connaître non seulement la position russe, mais aussi les faits relatifs à la situation en Ukraine et tout ce qui s’y rattache. Qui d'autre que Macron, en tant que membre du "format Normandie" (qui n'incluait pas seulement la France, mais aussi lui-même en personne ; certes, il n'est pas à l'origine de ces accords, mais il était censé les mettre en œuvre pendant de nombreuses années), devrait savoir comment l'Occident, en particulier son pays et lui-même, ont manqué aux engagements qu'ils avaient pris de mettre en œuvre les accords de Minsk ? Qui d'autre que Macron, en tant que dirigeant d'un État membre de l'Otan, devrait savoir combien d'efforts les États-Unis et l'Alliance de l'Atlantique Nord elle-même ont déployés pour déstabiliser la situation en Ukraine et autour de l'Ukraine ?
S'il ne sait pas tout cela, il peut se renseigner auprès de l'Otan, de ses alliés américains, de ses partenaires, de ses grands frères (je ne sais pas qui ils sont pour lui) et ensuite seulement tirer les conclusions qui s'imposent. Or, s’il a fait sa conclusion sur la base des faits (qui ont été fournis à la partie française à maintes reprises au plus haut niveau, au niveau du ministère des Affaires étrangères, de la Défense, de divers représentants spéciaux, de nos diplomates, de nos ambassadeurs et ainsi de suite), il s'agit simplement d'une substitution de notions, d'hypocrisie et de la diffusion de contre-vérités.
Quant au troisième aspect que vous évoquez. À mon avis, il est tout aussi important. Menacer les pays qui ont l'intention d'aider notre pays, d'interagir et de coopérer avec lui, c'est faire ouvertement du chantage. Pour être honnête, il est impossible de comprendre sur quelles bases et de quel droit on parle ainsi à des pays souverains. Personne n'a ce droit.
Tout pays, s'il est souverain (ce qui, à mon avis, ne peut être dit des États membres de l'Otan et de l'UE), comme notre pays en particulier, ou la Chine par exemple, ne permet pas de tels ultimatums, menaces, chantages à son égard. Nous ne sommes pas tenus par les obligations qui lient les membres de l'Otan, ces derniers étant obligés de mettre en œuvre des politiques qui ne sont souvent même pas coordonnées avec eux (cela se produit de plus en plus ces derniers temps avec les membres de l'Alliance de l'Atlantique Nord). Personne n'a le droit d'agir de la sorte à notre égard ou à l'égard d'autres pays souverains.
Laissons-les d'abord apprendre à mettre en œuvre leur politique souveraine et indépendante, à défendre leurs intérêts nationaux, et au moins à comprendre qui se cache derrière la destruction des gazoducs, qui leur ont apporté les ressources si nécessaires à leur développement dans leur "beau jardin". Lorsqu'ils auront trouvé la force de poser cette question "dans son intégralité" dans leur propre intérêt, il leur sera alors possible d'être pris au sérieux en tant que pays véritablement souverain et indépendant, pouvant prétendre à donner des leçons à d’autres.
Tant qu'ils n'auront même pas la possibilité de se demander mutuellement ce qui s'est passé sur leur territoire, dans la zone de responsabilité de l'Otan, avec cette infrastructure civile qui assurait leur bien-être, tous ces discours, menaces et chantages ne peuvent vraiment pas être qualifiés autrement. Il n'y a pas la moindre trace de conversation sérieuse ici.
Question: Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a annoncé l'adhésion de la Finlande à l'Alliance, ce qui aura pour effet d'accroître la frontière de l'Otan avec la Russie. Quelle sera la réaction de Moscou ? Des mesures de sécurité seront-elles prises et comment la Russie évalue-t-elle les dernières nouvelles à ce sujet ?
Maria Zakharova: Je voudrais attirer votre attention sur le fait qu'hier (4 avril), la Déclaration du ministère russe des Affaires étrangères relative à l’achèvement du processus d'adhésion de la Finlande à l'Otan a été publiée sur le site officiel de notre ministère.
En ce qui concerne les mesures concrètes, la même déclaration indiquait que "les mesures concrètes de construction de la défense aux frontières nord-ouest de la Russie dépendront des conditions spécifiques de l'intégration de ce pays dans l'Alliance de l'Atlantique Nord, y compris le déploiement de l'infrastructure militaire de l'Otan et des systèmes d'armes de choc sur son territoire". Ce commentaire est toujours d'actualité.
S'il y a du nouveau de l'autre côté, nous ne manquerons pas de le commenter. Vous savez que nous ne sommes pas timides.
Question: Le président Alexandre Loukachenko a déclaré qu'outre les armes nucléaires tactiques, Minsk pourrait également demander à Moscou de lui fournir des armes nucléaires stratégiques. Quelle est la position de la Russie sur cette question ?
Maria Zakharova: Les paramètres du développement de la coopération entre la Russie et le Belarus dans la sphère nucléaire militaire ont été récemment décrits en détail par le président russe Vladimir Poutine.
Nous partons du principe que la Russie et le Belarus construisent un espace de défense commun dans le cadre de l'État de l'Union. Nous avons le droit de résoudre toute question de sécurité nationale liée à l'exacerbation des menaces extérieures de la manière la plus conforme à nos intérêts. La doctrine militaire actualisée de notre alliance d'intégration avec Minsk est en vigueur depuis novembre 2021, et notre coopération militaire et militaro-technique est régulièrement approfondie conformément à cette doctrine.
Les futures mesures possibles seront strictement alignées sur l'évolution de l'environnement stratégique militaire, qui continue malheureusement de se détériorer à ce stade, principalement en raison des politiques et des actions spécifiques des États-Unis et de leurs alliés de l'Otan.
Nous insistons une fois de plus sur le fait que notre coopération militaire avec le Belarus, y compris dans le domaine nucléaire, est pleinement conforme à toutes les obligations juridiques internationales actuelles de la Russie.
Question: L'attaque terroriste dans un café du centre de Saint-Pétersbourg, qui a entraîné la mort d'un correspondant de guerre russe, n'a fait l'objet d'aucun commentaire de la part des pays occidentaux. L'année dernière, les pays occidentaux sont également restés silencieux sur le meurtre de Daria Douguina. Que pensez-vous de la réaction des pays occidentaux ?
Maria Zakharova: Aujourd'hui, j'ai déjà souvent évoqué ce sujet. Il a également été abordé le jour de cette attaque terroriste, de la mort de notre correspondante de guerre.
Ce silence est déjà à la limite de la complicité. Je vais vous expliquer pourquoi : c'est un signal pour tous ceux qui s'engagent dans de telles activités extrémistes et terroristes qu'ils font probablement ce qu'il faut puisque personne ne les condamne en Occident. C'est un encouragement, une incitation à d'autres malfaisances. Il ne s'agit pas seulement d'un conformisme, mais pratiquement d'une véritable complicité.
Question: La Finlande a adhéré à l'Otan hier (4 avril). Le secrétaire général de l'organisation militaire déclare que le soutien militaire et économique à l'Ukraine doit être maintenu et renforcé. De son côté, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a déclaré qu'en plus des projets de soutien militaire promis, Berlin ne remettrait plus d'armes de son stock à Kiev. Comment évaluez-vous les désaccords croissants au sein de l'alliance ?
Maria Zakharova: En ce qui concerne la Finlande. Je répète que toutes les évaluations figurent dans la Déclaration du ministère russe des Affaires étrangères relative à l’achèvement du processus d'adhésion de la Finlande à l'Otan. Je n'ai rien à y ajouter.
Quant aux désaccords au sein de l'Otan. Il ne s'agit pas tant de divergences au sein du bloc que de controverses systémiques. La vie même et les résultats de leurs activités montrent aux pays membres de l'Otan et de l'UE (que nous considérons désormais comme un conglomérat unique, pas encore une structure institutionnalisée, mais déjà unis par une philosophie et une "programmation" communes pour l'avenir) toute la contre-productivité et le danger de ce qu'ils sont en train de faire.
Dans chaque pays, des "processus" prennent de l'ampleur. Leurs dirigeants se demandent ce qu'ils vont faire ensuite, s'ils vont répéter ce qu'ils ont fait et poursuivre dans la même voie ou commencer à réévaluer leur contribution à la destruction de la stabilité et de la sécurité mondiales, y compris de la sécurité alimentaire.
Il ne s'agit pas seulement de rhétorique idéologique. Il s'agit plutôt des résultats auxquels ils sont confrontés aujourd'hui en raison de leurs propres démarches et actions.
Question: À la suite de l'arrestation d'Evan Gershkovich, plus de 35 journalistes et rédacteurs en chef de médias du monde entier ont envoyé une lettre à l'ambassadeur de Russie aux États-Unis, Anatoli Antonov, par l'intermédiaire du Comité pour la protection des journalistes, pour défendre le journaliste. Le ministère russe des Affaires étrangères réagira-t-il à cet appel ?
Maria Zakharova: Pourquoi devrions-nous réagir à la lettre si nous voyons leur hypocrisie totale ? Si ces gens étaient vraiment soucieux de soutenir le journalisme libre et indépendant et la profession elle-même, ils prêteraient probablement attention au fait qu'un journaliste vient d’être tué. Appelez-le comme vous voulez : un correspondant de guerre, une personne couvrant la situation dans la région, mais c'était un journaliste. Tout le monde le connaissait comme tel. Je n'ai pas vu de réaction collective ou individuelle de la part des signataires de la lettre. Donc, franchement, pour moi, cet appel a perdu toute signification.
Avant le 2 avril dernier, je prêtais encore attention à ce que ces gens disaient sous prétexte qu'ils se souciaient de la liberté d'expression et du journalisme. Aujourd'hui, cela ne m'intéresse plus du tout. On ne peut pas aborder des sujets élevés si l’on ne remarque pas l'évidence et que l’on refuse de voir la tragédie et d'exprimer sa sympathie.
Lorsque des attaques terroristes ont eu lieu à Paris et dans d'autres pays de l'Otan et de l'UE, des manifestations de solidarité ont été organisées : changement d'avatar sur les réseaux sociaux, photographie de bougies, peinture d'ouvrages emblématiques dans les villes aux couleurs du drapeau du pays dont les citoyens ont été tués. Nous y avons également participé. Nous l'avons fait sincèrement, pas "sur injonction" ou parce que quelqu'un dans une directive de l'Otan nous l’avait ordonné. C'est ce que nous ressentons. Nous avons exprimé nos condoléances, commenté la situation et condamné les attaques terroristes contre les journalistes.
Par exemple, après ce qui s'était passé à Charlie Hebdo, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a participé à la Marche de la solidarité. Or, que voit-on de la part de la "communauté des journalistes" que vous avez mentionnée (certes, pas toute la communauté, mais une certaine partie) ? Aucune réaction et une absence de volonté d'en discuter ou même de le remarquer. Cela suggère qu'une ségrégation entre les gens est en cours. Il y a les "bons", les "justes" et les "nécessaires", et puis il y a les "médiocres", quoi qu'ils fassent. Ils ne sont pas dignes d'attention.
Si nous sommes traités de la sorte, leurs exigences, leurs demandes et leurs remarques n'ont pas besoin de notre réponse non plus. Cela ne veut pas dire que je ne partage pas leur douleur, que je ne compatis pas, et que si, Dieu nous en préserve, des tragédies similaires se reproduisent, nous ne compatirons pas. Nous ferons preuve de sympathie comme nous l'avons toujours fait. Mais cela signifie que nous ne répondrons pas non plus à de tels appels.
Nous répondrons toujours aux questions car c'est notre métier. Mais lorsque quelque chose nous est demandé en sus de cela, nous devrions voir dans quelle mesure ils font preuve de la même réaction, dans quelle mesure ils sont sincères dans leur conviction de défendre la liberté d'expression et le journalisme.
Question: À la suite du dernier point de presse, le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que M. Gershkovich bénéficierait d'un soutien consulaire.
Maria Zakharova: Le soutien consulaire doit être garanti par le pays dont une personne est citoyenne. Nous pouvons fournir un accès consulaire. Il s'agit de choses différentes.
Question: Un diplomate américain a-t-il rendu visite à Evan Gershkovich ? (D'après les dernières informations, pas encore.) Sait-on quand cela pourrait avoir lieu ?
Maria Zakharova: La question de l'accès consulaire est en cours d'examen et elle sera résolue à la lumière des pratiques consulaires actuelles et de la législation russe.
Vous ou vos collègues écrirez probablement à ce sujet. Comparez les faits concernant la manière dont les autorités américaines se sont comportées dans de tels cas à l'égard des ressortissants russes et d'autres pays. Elles se sont comportées de diverses manières.
J'insiste encore une fois sur ce point. Cette question est en cours d'examen et elle sera résolue à la lumière des pratiques consulaires actuelles et de notre législation.
Question: Le président de l'Assemblée nationale arménienne, Alen Simonyan, a déclaré qu'Erevan était informé et se félicitait de l'intention de Varsovie d'étendre sa participation à la mission de l'UE déployée à la frontière de la République en milieu d'année. Lors de ses entretiens à Moscou, le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, a déclaré qu'Erevan n'avait jamais rejeté le déploiement de la mission de l'OTSC et qu'il était prêt à accueillir des observateurs. Des discussions sont-elles en cours avec la partie arménienne sur cette question ? Dans quel délai la mission de l'OTSC pourra-t-elle être réellement envoyée en Arménie ?
Maria Zakharova: Comme l'a indiqué le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à l'issue des entretiens bilatéraux susmentionnés, la Russie est satisfaite de voir que l'Arménie reste intéressée par l'envoi de soldats de la paix de l'OTSC. Nous sommes convaincus que cette mesure contribuera à stabiliser la situation dans la région. La Russie et les autres alliés sont prêts à la mettre en œuvre.
Ces décisions sont convenues et approuvées au plus haut niveau au sein de l'OTSC, par décision du Conseil de sécurité collective. Quant au calendrier, tout dépend de nos collègues arméniens. Dès qu'ils seront prêts, nous pourrons reprendre le travail de fond sur la définition des modalités spécifiques de la mission d'observation de l'Organisation. La balle est donc dans le camp d'Erevan.
Question: Le Concept de politique étrangère de la Russie aborde la question de la prévention des dommages environnementaux transfrontaliers, en premier lieu l'introduction de contaminants (y compris de substances radioactives) sur son territoire. Comment est-il prévu d'empêcher l'importation et l'utilisation de munitions à l'uranium appauvri dans le Donbass et en Ukraine ?
Maria Zakharova: Le sujet est d'actualité. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour attirer l'attention de la communauté internationale, que ce soit par le biais de canaux bilatéraux ou d'organisations internationales, sur les dommages qui seront causés si ces obus à l'uranium appauvri sont utilisés. C'est effrayant si ce genre de logique prévaut. Vous connaissez les exemples historiques. Nous en avons parlé à maintes reprises.
Si nos adversaires décident malgré tout de prendre cette mesure irresponsable, nous trouverons des moyens pour y répondre. Le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, a lancé un avertissement sans équivoque lors d'un entretien accordé à Rossiya-24 le 25 mars.
Nous faisons toujours tout ce qui est en notre pouvoir en nous engageant dans le processus de négociation, en déployant des efforts politiques et diplomatiques pour empêcher un scénario négatif de se développer. Toutefois, si une logique irresponsable et criminelle prévaut "là-bas", nous passerons au plan B.
Question: Le Concept de politique étrangère de la Russie parle de la sécurité internationale de l'information et du renforcement de la souveraineté russe dans l'espace mondial de l'information. Comment ces deux domaines (sécurité, souveraineté) s'appliquent-ils à votre travail et à celui du ministère russe des Affaires étrangères en général ?
Maria Zakharova: Garantir la sécurité internationale de l'information et renforcer la souveraineté dans l'espace mondial de l'information sont les orientations stratégiques fondamentales de la Fédération de Russie.
Nous partons du principe que chaque État a la souveraineté sur son espace d'information, y compris l'Internet, qui est régi par la législation nationale. Cependant, nous nous voyons contraints de défendre même ce droit tout à fait naturel sur la scène internationale et dans le domaine diplomatique et politique, en droit et en pratique.
Les États-Unis et leurs alliés de l'Otan ont pris l'habitude de violer la souveraineté d'autres pays et de s'ingérer dans leurs affaires intérieures, en utilisant de plus en plus les technologies de l'information et de la communication. En outre, cette pratique est principalement le fait de sociétés transnationales. Les entreprises informatiques occidentales telles que l'extrémiste Meta, ainsi que Google et Microsoft, dont les produits et les services sont utilisés dans le monde entier, poursuivent sans relâche l'agenda idéologique de Washington, en ignorant les exigences des législations nationales. Il est difficile de savoir s'ils opèrent en vertu de la loi américaine. J'essaie de comprendre dans quelle mesure ils se conforment à leurs propres lois en ce qui concerne le blocage, la promotion, le marquage des comptes, etc. Je pense que personne n'a encore vraiment analysé la question. Nous pouvons voir à quel point la lutte est acharnée, y compris le facteur économique de la pression, la panoplie de mécanismes politiques. Il est difficile de déterminer qui est de quel côté, qui veut quoi. Dans le feu de la lutte politique, tout le monde a oublié le droit et la législation, et l’"empoignade" se poursuit même sans tenir compte des obligations envers la législation nationale des États-Unis.
Le renforcement de la souveraineté numérique est inextricablement lié à la tâche d'assurer la sécurité des ressources nationales d'information, y compris et surtout les infrastructures d'information critiques. Il s'agit d'une question urgente compte tenu de l'ampleur sans précédent des attaques informatiques menées à partir du territoire ukrainien avec le soutien logistique de commanditaires occidentaux.
Dans ses contacts avec ses partenaires étrangers et dans les forums multilatéraux, la Russie a toujours plaidé en faveur de la création d'un système équitable de sécurité internationale de l'information. Ce système devrait reposer sur un traité universel qui réglementerait les activités des États dans l'utilisation des technologies de l'information et de la communication, en garantissant leur égalité et le respect de la souveraineté de chaque pays. Les développements pertinents se reflètent dans le concept d'une convention sur la garantie de la sécurité de l'information internationale présenté par la Russie à l'ONU.
Je voudrais vous assurer (ce n'est pas tant le sujet du ministère des Affaires étrangères que celui de nos autres agences) que nous avons des moyens pratiques pour nous protéger.
Question: En mars dernier, le président du Conseil européen, Charles Michel, a déclaré que le Conseil européen devrait prendre une décision sur l'ouverture des négociations pour l’adhésion de l'Ukraine et la Moldavie d'ici la fin de l'année 2023. Parallèlement, lors d'une récente conférence de presse à Bruxelles avant la réunion ministérielle de l'Otan, le chef de l'alliance, Jens Stoltenberg, a déclaré que la question de l'adhésion de l'Ukraine n'aurait pas d'importance si l'Ukraine ne remportait pas le conflit militaire. Il a notamment souligné que les conseillers étaient loin d'avoir atteint l'objectif de 65 milliards d'euros d'aide militaire. Selon le Financial Times, une lettre d'adhésion et la demande elle-même sont déjà sur la table. Mais l'alliance n'en tient pas compte. Comment le ministère russe des Affaires étrangères évalue-t-il la possibilité pour l'Ukraine d'adhérer dans les conditions annoncées ?
Maria Zakharova: Ces questions ne nous concernent pas. Elles devraient être adressées à toutes ces structures.
Croyez-vous sérieusement que quelqu'un dans l'UE soit disposé à voir l'Ukraine "dans leurs rangs" ? Quelqu'un pense-t-il vraiment aux intérêts des citoyens de ce pays ou au respect de leurs droits et de ses propres obligations envers les personnes qui ont été attirées et séduites pendant tant d'années ? Non, bien sûr.
La seule chose à laquelle ils pensent, c'est que le régime de Kiev fonctionne selon le "plan". Et ce plan, c'est l'opposition à la Russie, l'agression contre notre pays. Vous avez vu toute la liste des demandes pour que "nous disparaissions", que "nous soyons annulés" et que "nous soyons détruits et balayés". C'est ce que l'on attend du régime de Kiev. Rien d'autre.
D'où la censure totale en Ukraine. Aujourd'hui, même les journalistes occidentaux "poussent des lamentations". Ils ont appris que s'ils viennent en Ukraine avec l'intention de faire un reportage, ils seront chaperonnés par à un officier du Service de sécurité d’Ukraine (SBU) qui vérifiera si leur matériel est "bon" ou "mauvais". Pourquoi cela ? Pour que la voix de la raison (je ne parle pas de la conscience) et de l'instinct de conservation ne puisse pas se faire entendre. Il ne doit y avoir qu'une seule voix qui "prône", celle de Zelenski. Vous comprenez ? C'est un petit homme maladif, dépendant, inadéquat et destructeur qui doit mettre en œuvre un plan "prévu". Certes, lorsque le plan a été "esquissé", personne n'a été interrogé : ni les citoyens ukrainiens, ni les hommes politiques ukrainiens. Et ils ne sont pas là. Il n'y a que ceux qui ont été fournis par Washington, Londres et Ottawa et recrutés dans les pays baltes et post-soviétiques sur une liste approuvée par la Maison Blanche. On n'a pas interrogé les gens sur leurs désirs. Les gens ont été zombifiés par des promesses selon lesquelles "maintenant", ou "bientôt", ou "incessamment", l'Ukraine serait un membre à part entière de l'UE, et que tous les avantages en découleraient. Ils leur ont même donné la possibilité de visiter l'Europe sans visa. Il est vrai que tout le monde a été horrifié là-bas. Nous comprenons que cela a été fait pour "appâter" le public.
Dès que le plan mondial visant à transformer le conflit en une véritable confrontation avait été mis en œuvre, toute l'histoire de l'adhésion et de la participation de l'Ukraine a basculé dans une catégorie complètement différente. L'aide n'est pas destinée à la reconstruction, ni à l'économie, ni aux objectifs civiques. Elle ne sert qu'à faire durer l'effusion de sang et la confrontation aussi longtemps que l'Occident en a besoin. De sorte que nous cessions d’exister. C'est un rêve de longue date. Partons de l'évaluation réaliste de ce qui se passe.
Si vous voulez comparer ce qu'ils disaient avant et ce qu'ils disent maintenant, demandez-leur de commenter leurs propres déclarations. Aujourd'hui, les Occidentaux refusent même de fournir les armes déjà promises. Ils disent que c'est "trop cher" et qu'ils "ne peuvent pas se le permettre", et que la restauration ou tout projet de restauration n'est certainement pas la responsabilité de la seule Union européenne ou des seuls pays occidentaux, ils disent qu'ils ont besoin de collecter de l'argent dans le monde entier.
Les dirigeants actuels de l'Union européenne poursuivent leurs tentatives d'exploration géopolitique de l'espace post-soviétique et cherchent à tout prix (même au détriment de la stabilité de l'UE) à "attirer" davantage de pays dans leur sphère d'influence. Cela ne signifie pas du tout qu'il s’agit de les rendre prospères. Ces deux aspects ne vont pas de pair.
La propagande de l'UE s'efforce activement de créer des sentiments antirusses militants dans les États membres de l'UE. D'autant plus que les citoyens des États européens n'ont pratiquement aucun accès à des points de vue alternatifs et à des médias indépendants.
En ce qui concerne les pays qui "s'efforcent" d'adhérer à l'UE, nous aimerions attirer l'attention sur ce que les dirigeants actuels ont fait de l'Union européenne. Le projet autrefois réussi, véritablement prospère, non militarisé et intrinsèquement intégrateur a dégénéré en une association politico-militaire, pas même indépendante, mais subordonnée aux objectifs antirusses des États-Unis et de l'Otan.
L'UE poursuit une politique de confrontation et essentiellement néocoloniale à l'échelle mondiale, ignorant l'un des principes fondamentaux de la Charte des Nations unies sur l'égalité souveraine des États. Elle utilise son poids économique (ou plutôt ce qu'il en reste) comme une arme dans une guerre hybride pour assurer l'hégémonie occidentale.
Bien entendu, l'approche d'une structure politico-militaire aussi agressive aux frontières de la Russie n'apporte rien de bon à la sécurité européenne et mondiale, mais ne fait que provoquer des tensions supplémentaires sur le continent et dans le monde entier.
On ne sait pas non plus comment le processus de rapprochement de la Moldavie avec l'Union européenne s'articule avec les "critères de Copenhague" de 1993 pour l'adhésion à l'UE, qui donnent la priorité au respect des principes démocratiques par les pays candidats. Où sont ces principes démocratiques ?
La Moldavie est dirigée par une personne possédant un passeport roumain, qui a "reconverti" la langue moldave en roumain et qui fait tout ce qui est contraire aux intérêts nationaux de ce pays. Où est la démocratie en l’espèce ? Dans le même temps, les médias sont fermés et les opinions alternatives sont bloquées. Le même document de 1993 parle du respect des droits et des libertés, du renforcement de l'économie et de la sphère sociale. Qui respectent ces dispositions ? La Moldavie, l'Ukraine ? Qui, où et dans quelle mesure ? L'affectation d'un agent du SBU lorsqu'un correspondant étranger arrive sur le territoire ukrainien est un exemple. Est-ce une façon de se rapprocher du respect de ces critères ?
Le gouvernement officiel de Chisinau poursuit une politique opposée, nettoyant l'espace politique interne du pays de toute expression de dissidence, les hommes politiques et les médias d'opposition sont persécutés. La situation socio-économique s'effondre.
Observez comment la Moldavie "se dirige" vers l'UE. Elle ne suit pas la voie du renforcement de l'économie, de la consolidation de la démocratie et du développement de la sphère sociale, mais celle de la centralisation du pouvoir, de la censure, du contrôle total de l'ensemble de l'espace social et politique, de l'application de diverses méthodes d'intimidation et de pression sur l'opposition. Tout le contraire des critères qui étaient en place.
C'est encore pire avec l'Ukraine. Mais la Moldavie suit la "voie" de Zelenski. Je suppose qu'ils font ce qui leur faut.