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STÉNOGRAMME DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE D'I.S.IVANOV, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA RUSSIE, AU CLUB DE PRESSE NATIONAL DES USA À WASHINGTON LE 20 SEPTEMBRE 2002

1882-21-09-2002

Traduction non-officielle du russe

Monsieur le président,

Mesdames, Messieurs !

Je voudrais vous faire part des impressions des négociations qu'on a tenues et des résultats du travail de notre délégation à l'Assemblée Générale de l'ONU.

Comme vous le savez, aujourd'hui, G.Bush, Président des Etats-Unis, a reçu S. Ivanov, Ministre de la Défense de la Russie, et moi-même. Aujourd'hui aussi a eu lieu la conversation téléphonique entre nos présidents. Un dialogue politique aussi actif entre nos états, y compris au sommet, caractérise de manière probante le nouveau niveau des relations qui est fixé dans la Déclaration conjointe sur le nouveau partenariat stratégique entre la Russie et les USA, signée au cours de la visite de Monsieur G.Bush, Président des USA, à Moscou en mai dernier.

La Russie suit les principes fixés dans ce document. La Russie est intéressée au développement de la coopération constructive, des relations prévisibles avec les Etats-Unis d'Amérique. Le développement de ces relations précises répond aux intérêts de nos deux peuples, répond aux intérêts de la communauté internationale. Nous sommes persuadés qu'en s'appuyant sur ces principes, la Russie et les USA sont à même de trouver en commun les réponses aux nouveaux menaces et défis, aux problèmes régionaux qui persistent encore dans le monde. Il nous a été important d'entendre de la part de G.Bush, Président des Etats-Unis, que les Etats-Unis ont aussi l'intention de suivre fermement ces principes dans leurs rapports avec la Russie, et que l'administration américaine considère en tant que priorité stratégique à long terme. C'est pourquoi, malheureusement, je devrai faire déchanter ceux qui, ces derniers jours, ont commencé à spéculer à propos du refroidissement des relations russo-américaines. Ce n'est tout simplement pas vrai.

La conversation téléphonique d'aujourd'hui de nos présidents, les pourparlers avec le Président des Etats-Unis, le secrétaire d'Etat, le ministre de la défense des USA nous en persuadent encore une fois. Nous attachons une importance particulière à la coopération entre nos deux états dans la lutte contre le terrorisme international. En fait, après la Seconde guerre mondiale, la Russie et les USA sont de nouveau devenus alliés dans la lutte contre ce défi des plus dangereux à la communauté internationale. Nous prônons de manière consécutive le maintien et le renforcement de la large coalition antiterroriste, formée après les événements tragiques du 11 septembre à New York et à Washington. La force majeure de cette coalition réside dans l'unité des actions de tous ces membres et un ferme appui sur les Statuts de l'ONU, sur le droit international. De la coopération constructive entre la Russie et les USA, qui sont les plus importantes puissances nucléaires, dépend pour beaucoup l'avenir de la stabilité stratégique dans le monde. C'est pourquoi les présidents de nos pays ont pris, en mai dernier lors du sommet de Moscou, la décision de créer le Groupe consultatif russo-américain pour les problèmes de la sécurité stratégique, composé des ministres des affaires étrangères et des ministres de la défense.

Aujourd'hui, a eu lieu la première séance de ce groupe. Nous avons discuté en détail les voies de la mise en pratique du Traité sur la réduction des arsenaux stratégiques offensifs, signé à Moscou. Nous avons examiné les problèmes de la transparence de la coopération pour la défense antimissile, tout l'ensemble des problèmes de la non-prolifération, y compris le sujet du partenariat global contre la prolifération des armes et matériaux de destruction massive, qui avait été examiné au sommet de Kananaskis (Canada). Je veux souligner d'emblée que S.B.Ivanov, ministre de la défense de la Russie, et moi-même sommes satisfaits du caractère franc et ciblé de notre dialogue et sommes prêts pour notre part à poursuivre ce travail constructif. C'est dans la même clé constructive que nous allons chercher les voies de la solution des différends qui persistent encore. Dans tous les cas, je suis persuadé, et cet avis est partagé par nos partenaires américains, qu'après les rencontres d'aujourd'hui, plusieurs approches, les positions réciproques sont devenues plus claires, et c'est très important. Nous avons commencé à mieux nous comprendre, à comprendre nos positions réciproques.

Parmi les problèmes internationaux, certes, on a prêté l'attention principale à la situation autour de l'Irak. Je veux souligner d'emblée, Moscou se prononce résolument non seulement pour le maintien, mais pour le renforcement global du régime de la non-prolifération des armes d'extermination massive. Nous allons obtenir ce but, tant dans le cadre des mécanismes multipartites existants qu'au niveau bilatéral. En nous guidant sur cette position précise, nous avons њuvré de manière consécutive pour obtenir le déploiement en Irak de l'activité des inspecteurs internationaux en stricte conformité avec les résolutions existantes du Conseil de Sécurité de l'ONU. Les efforts conjoints de la communauté internationale, dans lesquels la Russie et les USA, et, en particulier, l'intervention du Président G.Bush de la tribune de l'Assemblée Générale de l'ONU, ont joué le rôle clé, nous ont permis d'obtenir le consentement des autorités irakiennes au retour des inspecteurs internationaux dans le pays sans aucune condition préalable. Maintenant, les inspecteurs internationaux peuvent entamer leur travail et nous donner une réponse objective et globale à la question qui nous préoccupe tous. Est-ce que l'Irak possède ou non un programme de la création des armes d'extermination massive ?

Il est dans l'intérêt de la Russie et des USA, dans l'intérêt de toute la communauté internationale que les inspecteurs reviennent en Irak au plus vite et reprennent leur activité. Le Conseil de Sécurité de l'ONU doit veiller attentivement à ce que cette activité soit effectuée en entière conformité avec les procédures approuvées, et que les inspecteurs ne subissent aucun empêchement. Nous croyons que, si la communauté internationale va continuer d'agir de manière concertée, nous allons obtenir l'application par l'Irak de ces résolutions et de toutes les autres adoptées auparavant par le Conseil de Sécurité de l'ONU.

Un important problème dans le contexte de la lutte contre le terrorisme international reste la situation à la frontière russo-géorgienne. Nous avons aussi examiné en détail ce problème tant dans le cadre de la commission quadripartite que dans le cadre des entretiens qu'a tenu le Ministre de la défense de la Russie au Pentagone, dans d'autres structures de force des Etats-Unis d'Amérique. L'établissement de la lutte antiterroriste efficace est sans conteste l'obligation de tout état en conformité avec la résolution 1373, adoptée par le Conseil de Sécurité de l'ONU. Je répète, c'est l'obligation de tout état. Comme on sait, les Etats-Unis aident actuellement la Géorgie à la formation des unités antiterroristes appropriées. C'est pourquoi il a été important d'entendre l'évaluation des collègues américains de la motivation de la position des autorités géorgiennes : ou c'est l'incapacité de s'opposer seul à seul aux terroristes, ou c'est l'incapacité des structures de force, ou c'est un cap pertinent sur la complicité de fait avec les terroristes pour atteindre leurs objectifs politiques. C'est à l'aide des faits, des documents concrets que nous avons démontré à nos interlocuteurs la menace à la Russie qui part des terroristes internationaux, terrés dans les gorges de Pankissi.

Malheureusement, il extste des faits irréfutables, prouvant que les représentants officiels des autorités de la Géorgie maintiennent des contacts avec ces terroristes. Je veux souligner encore une fois, la Russie a respecté et respecte toujours la souverainété et l'intégrité territoriale de la Géorgie. Personne n'avait prévu ni ne prévoit atteindre à sa souveraineté. Nous sommes intéressés au développement des relations amicales de bon voisinage, qui, pendant longtemps, avaient été le propre des rapports entre nos peuples. Le seul problème qui ternit nos rapports est celui du terrorisme international. Si les autorités de la Géorgie coopèrent avec nous ou éliminent efficacement elles-mêmes sur leur territoire les terroristes qui menacent la sécurité nationale de la Russie, nous n'aurons pas à avoir recours à l'Article 51 des Statuts de l'ONU sur le droit de tout état à l'autodéfense.

Concernant les autres problèmes internationaux, le Secrétaire d'état des USA et moi-même avons informé nos collègues du travail du "quatuor" pour le Proche-Orient. Malheureusement, après la séance de notre "quatuor" à New York, après laquelle sont apparus certains éléments pour l'optimisme en ce qui concerne le règlement politique du problème, ont suivi de nouveaux attentats et victimes parmi les civils. Il est très important que nous puissions retenir le processus des négociations dans le lit politique sans laisser les terroristes faire échec à l'énorme travail qui a été fait dans l'intérêt de la paix au Proche-Orient, dans l'intérêt de la stabilité dans cette région. La Russie et les USA vont continuer à coopérer activement au Proche-Orient, exactement comme nous le faisons, par exemple, en Afghanistan. Nous nous sommes entendus de tenir la prochaine séance du Groupe consultatif à Moscou l'an prochain. Parallèlement, nous allons créer des mécanismes des consultations de travail pour la réalisation pratique des décisions que va adopter notre Groupe consultatif.

Maintenant, quelques mots sur l'actuelle session de l'Assemblée Générale de l'ONU. J'ai participé à plusieurs sessions de l'Assemblée Générale de l'ONU. Mais la session actuelle est la plus fournie. Nous avons vraiment réussi dans de brefs délais à discuter les problèmes mondiaux les plus aigus et à élaborer pour plusieurs d'entre eux des décisions concrètes. Dans le cadre de la "semaine ministérielle", ont été tenues les séances du Conseil de Sécurité de l'ONU consacrées aux problèmes de la lutte contre le terrorisme pour les conflits africains. Une séance plénière spéciale de l'AG ONU a été consacrée à l'initiative "Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique". On a tenu la rencontre des ministères pour l'Afghanistan. On peut dire que nos partenaires ont positivement accueilli les initiatives avancées par la Russie sur la création du système global de l'opposition aux menaces modernes. Nous allons ensemble avec nos partenaires faire activement avancer cette initiative. Bref, après le travail à New York et à Washington, nous rentrons à Moscou ayant dans nos bagages des accords concernant les solutions pratiques tant dans le domaine des relations russo-américaines que celles élaborées au cours de l'Assemblée Générale de l'ONU. Il est surtout important que ces accords visent la consolidation de la stabilité stratégique et de la sécurité globale. L'important maintenant est d'obtenir de manière consécutive leur mise en pratique. Et nous, pour notre part, nous allons њuvrer activement dans ce sens. Merci.

Question : Monsieur le Ministre, d'après le Secrétaire d'Etat des USA, les résolutions existantes concernant les inspections en Irak présentent de sérieux défauts, et pour les surmonter, on aura besoin d'adopter de nouvelles résolutions. Quel est votre avis à ce propos ?

Réponse : Compte tenu du fait que vous auriez, peut-être, d'autres questions sur l'Irak, je voudrais répondre plus en détail à celle-ci et aborder certains autres aspects de ce problème.

Avant tout, je veux souligner que la Russie et les Etats-Unis ensemble avec les autres états prônent l'entière application par l'Irak de toutes les résolutions du Conseil de Sécurité de l'ONU concernant le règlement irakien. Nous avons ensemble travaillé de manière consécutive pour obtenir le retour en Irak des inspecteurs internationaux, qui avaient quitté ce pays en décembre 1998. Nous sommes ensemble intéressés à avoir une information fiable et complète sur la problématique des armes d'extermination massive en Irak. Nous croyons que la meilleure voie pour avoir cette information est le retour des inspecteurs internationaux dans le but de la reprise de leur activité. Notre expérience du travail des inspecteurs en Irak montre que, malgré les difficultés qui ont surgi, on a réussi grâce au travail des inspecteurs pendant 8 ans à obtenir beaucoup de choses dans le domaine de la liquidation des armes d'extermination massive. On a effectué plus de 7 mille inspections, le travail des inspecteurs a permis de clarifier la situation sur le dossier de missiles, sur le dossier nucléaire, dans une grande mesure sur le dossier chimique, ce sont les problèmes liés principalement aux armes biologiques qui restaient ouverts. C'est pourquoi nous avons accumulé une grande expérience des inspecteurs et des procédures appropriées pour qu'ils atteignent leurs objectifs. A présent, on a formé une équipe d'inspecteurs, présidée par Monsieur H.Blix. Il existe l'accord que le 30 septembre, M.Blix tiendra des consultations avec les représentants des autorités irakiennes pour concerter les problèmes techniques nécessaires au déploiement de l'activité des inspecteurs. Puis, M. Blix devra informer le Conseil de Sécurité de l'ONU, dont il dépend directement, qu'on est prêt à déployer la mission des inspecteurs. Compte tenu de la discussion de cette question au Conseil de Sécurité, il deviendra clair si des mandats supplémentaires ou des décisions supplémentaires seraient nécessaires pour la reprise de l'activité des inspecteurs. Nous comprenons la préoccupation de l'administration américaine et l'intérêt de l'administration américaine au travail efficace des inspecteurs, à ce qu'ils ne subissent aucun empêchement. Et nous partageons ces approches. Nous sommes aussi intéressés à ce que les inspecteurs travaillent efficacement et donnent la réponse aux questions que nous avons posées.

Nous nous sommes entendus avec C.Powell, Secrétaire d'Etat des USA, de continuer les consultations à ce problème. Nous allons analyser attentivement les initiatives de la partie américaine visant la garantie du travail efficace des inspecteurs. Je veux souligner d'emblée, puisque dans la presse ces derniers jours sont parues différentes idées ou dissertations disant que la Russie n'aurait pas admis au Conseil de Sécurité une résolution américaine. Aucune résolution, ni américaine, ni française, ni russe à ce problème n'existe ni n'a existé. Nous avons tenu et continuons de tenir des consultations.

Question : En développant ce même sujet, voici la question. Hier, le Secrétaire d'Etat C.Powell a dit que si une nouvelle résolution stricte ne suit pas, les USA vont bloquer le retour des inspecteurs. A-t-on discuté cela dans le groupe, et comment cela peut-il être fait, et que pourrons-nous faire à ce propos ? C'est la question technique, la seconde question sera non diplomatique : y aura-t-il une nouvelle guerre en Irak ou non ?

Réponse : Pour la première question. Je vous ai parlé en détail du cours de la discussion de ce problème. Et le Président, et le Secrétaire d'état des USA ont senti qu'ils ne voudraient pas admettre une situation où le retour des inspecteurs soit inefficace et que leur travail ne permette pas de lever la préoccupation concernant les armes d'extermination massive. J'ai dйjà dit, nous sommes aussi intéressés à ce que le travail des inspecteurs soit efficace au maximum. Comment l'obtenir - on en discute actuellement au Conseil de Sécurité de l'ONU.

Concernant la seconde question, la Russie a plusieurs fois souligné le besoin d'utiliser toutes les mesures politico-diplomatiques pour résoudre ce problème. Et nous ne faisons pas qu'en parler, nous le faisons en pratique. La guerre est toujours une mesure extrême, qui apporte toujours victimes et conséquences graves. C'est pourquoi je suis persuadé que la communauté internationale est intéressée à utiliser au maximum les possibilités politiques pour le règlement de la situation.

Question : Aujourd'hui, a été publiée la nouvelle doctrine stratégique de la sécurité nationale, avancée par l'administration du président G.Bush, qui sous-entend la possibilité des frappes préventives contre les pays représentant un danger pour les USA. Comment appéciez-vous ce document?

Réponse : Je ne connais pas encore ce document et je pourrai à peine vous faire part des conclusions définitives à propos de ce document. Mais, en principe, je peux vous dire que la Russie s'est prononcée et se prononce pour que tout usage de la force contre tout état souverain se fasse uniquement avec la sanction du CS de l'ONU. C'est clairement inscrit dans les Statuts ONU, et tous les états de l'ONU doivent le respecter.

Question : Si les inspecteurs reviennent en Irak et que leur travail ressemble de nouveau au jeu dйjà connu du chat et de la souris avec les autorités irakiennes officielles. En ce cas, la Russie soutiendra-t-elle les actions militaires des USA contre l'Irak ?

Réponse : Comme je l'ai dit, nous avons une grande expérience du travail des inspecteurs internationaux, et par le passé, ils ont connu des problèmes, et nous avons trouvé la solution à ces problèmes. C'est pourquoi, si les problèmes dont vous parlez surgissent, nous pourrons toujours revenir au Conseil de Sécurité de l'ONU et prendre des mesures qui garantiraient l'exécution par l'Irak de ses obligations. Les Statuts de l'ONU offrent une large gamme de mesures pour obtenir le respect de ses résolutions.

Question : Vous avez mentionné que les officiels géorgiens ont des contacts avec les terroristes. Selon vous, est-ce que le Président E.Chévardnadzé est au courant de ces contacts et se prononce contre eux ou ne soutient pas ces contacts ? Et une seconde question concernant l'Irak. Pourriez-vous commenter le degré, selon vous, de la résolution des autorités américaines à destituer S. Hussein ? Comme vous le savez certainement, M. Graham, président de la commission du renseignement des USA, est récemment intervenu contre les actions militaires contre l'Irak, déclarant qu'il faudrait concentrer les efforts contre les terroristes concrets, y compris Al-Qaida.

Réponse : Nous avons transmis à la partie américaine les documents confirmant les contacts de certains représentants officiels de la Géorgie avec les terroristes. Je veux souligner, ces documents ont un caractère confidentiel, et je ne voudrais pas détailler ici leur contenu. En ce qui concerne E.A.Chévardnadzé, s'il les connaît ou les ignore, je ne ferais pas non plus de conclusions, puisque je ne le sais pas. Concernant la seconde partie de votre question, nous ne pouvons qu'en juger d'après les déclarations officielles des représentants de l'administration américaine, qui ont plusieurs fois souligné que la solution du problème serait, pour eux, de changer le régime en Irak. Concernant la Russie, je voudrais encore une fois souligner - nous croyons que la solution du problème devra strictement se conformer aux résolutions existantes du Conseil de Sécurité de l'ONU. Ce n'est que sur cette base que nous pourrons réunir tous les états, l'opinion internationale, pour atteindre ces objectifs. Si chacun va agir à sa guise, il n'y aura pas d'inspection, et nous avons de grands doutes sur la grande efficacité de ce travail.

Question : Pendant votre rencontre d'aujourd'hui avec le Président G.Bush, est-ce que le Président des Etats-Unis a demandé à la Russie de ne pas apposer son veto à la future résolution que les USA allaient apporter sur l'Irak ? Et une seconde question. Comme vous le savez, l'administration des USA élabore à présent une nouvelle doctrine des frappes préventives, qui permette à un état d'effectuer une frappe préventive contre ses adversaires en puissance dans le but de l'autodéfense. Est-ce que cette doctrine est applicable à la situation dans les gorges de Pankissi, autrement dit, est-ce que la Russie pourra utiliser les stipulations similaires à cette doctrine pour résoudre le problème à la frontière russo-géorgienne ?

Réponse : Concernant la première question, le Président des Etats-Unis a très en détail et franchement énoncé la vision de l'administration américaine concernant les menaces qui pourraient partir depuis le territoire de l'Irak, et sa vision de la solution de ce problème. Il a souligné qu'il est intéressé à résoudre ce problème conjointement avec la communauté internationale, conjointement avec la Russie, comme il l'a déclaré de la tribune de l'Assemblée Générale de l'ONU à New York. Cependant, le Président des Etats-Unis estime que si la solution n'est pas trouvée via le Conseil de Sécurité de l'ONU, il faudra utiliser des méthodes qui permettent d'éliminer cette menace. Concernant la résolution, j'ai dйjà dit que le projet de cette résolution n'existe pas encore et que ce problème n'avait été discuté qu'en gros. En ce qui concerne les gorges de Pankissi, vous savez que V.V.Poutine, Président de la Russie, a déclaré que si les agissements des terroristes contre la Russie depuis le territoire de la Géorgie continuent, la Russie se réservera le droit, en s'appuyant sur l'Article 51 des Statuts de l'ONU, de déployer des mesures visant l'élimination de l'activité de ces terroristes.

Question : A propos de la doctrine des frappes préventives en élaboration. Est-ce que la Russie pourra utiliser ses stipulations pour régler la situation dans les gorges de Pankissi, et est-ce que les USA reconnaîtront le droit de la Russie à ces mesures ?

Réponse : Encore une fois, je veux souligner que ce problème n'a pas été discuté au cours de nos consultations, et qu'il serait prématuré de se prononcer là-dessus. Mais dans tous les cas, les doctrines de ce genre ont un caractère unilatéral, et nous nous guidons sur les stipulations du droit international, y compris les Statuts de l'ONU.

Question : Quel a été le contenu de la conversation téléphonique des présidents V.V.Poutine et G.Bush ? De qui est venue l'initiative de cette conversation et, compte tenu du fait qu'elle a eu lieu avant votre rencontre avec le Président, y a-t-on discuté des problèmes concernant votre rencontre avec G.Bush ?

Réponse : Au cours de la précédente conversation téléphonique le 11 septembre, les présidents se sont entendus de reprendre la discussion du problème irakien et de certaines autres questions représentant pour eux de l'intérêt. C'est pourquoi je ne vais pas associer cette conversation à notre rencontre. Le fait qu'elle ait eu lieu n'est que pure coïncidence. Les événements évoluent très rapidement, et il est important que les dirigeants de nos pays aient le besoin de discuter, de coordonner les efforts pour agir dans la direction commune. Vous avez vu le communiqué de presse du service de presse du Président de la Russie et savez qu'on y a discuté le problème irakien, le problème des gorges de Pankissi, le problème concernant la mise en pratique de l'accord dans le domaine de la stabilité stratégique. Les présidents se sont aussi entendus de continuer le dialogue sur tous ces problèmes au cours de leur prochaine rencontre qui aura lieu au Mexique pendant le sommet de la CEAP en octobre prochain.

Question : Monsieur le Ministre, vous avez mentionné que le régime actuel des inspections connaissait certains problèmes. Selon vous, que pourrait-on modifier, dans quels domaines le régime pourrait-il être aggravé, et pourrait-on définir en même temps les domaines où l'Irak serait inaccessible au régime des inspections ?

Réponse : Au cours du travail des précédentes inspections, on a mis au point plusieurs documents définissant les procédures du travail des inspecteurs. Ces documents conserveront leur vigueur et supposent la visite de tout objet en tout temps. De notre point de vue, les dirigeants des groupes d'inspecteurs devront informer le CS de l'ONU si ces procédures sont suffisantes pour leur travail, ou si l'on a besoin de quelque chose encore, et après cela, les inspecteurs devront discuter ce dont on a concrètement besoin. Le Conseil de Sécurité de l'ONU pourrait avoir ses initiatives à ce propos. Pour l'instant, les consultations ne font que commencer. C'est pourquoi je ne peux y ajouter rien de plus.

Question : Monsieur le Ministre, d'après l'opinion établie en Europe, c'est le Président G.Bush qui est le principal initiateur des actions éventuelles contre l'Irak. D'après les résultats de votre rencontre d'aujourd'hui avec le Président, pourriez-vous calmer un peu les Européens à ce propos ?

Réponse : Nous avons discuté ce problème au Conseil de Sécurité de l'ONU et avons été unis dans l'opinion qu'on a besoin d'obtenir un retour urgent des inspecteurs. C'était notre position commune, et nous avons travaillé ensemble pour l'obtenir. Ici, nous n'avons de différends ni entre la Russie et les USA, ni avec nos partenaires européens, ou arabes, ou autres. C'était la position commune. Je suis persuadé que c'est précisément parce que nous n'avons pas connu de différends que Bagdad a été obligé de donner son accord au retour des inspecteurs sans condition aucune. Et actuellement, nous n'avons non plus de différends concernant le début le plus rapide du travail des inspecteurs et le fait qu'ils s'en acquittent entièrement sans empêchements. Il est très important que le président G.Bush ait confirmé qu'à l'étape actuelle, il préférait les efforts collectifs avec l'utilisation du mécanisme de l'ONU.

Question : Au cours de cette dernière décennie qui a suivi «la guerre froide», il a été affirmé plusieurs fois qu'il existe des mécanismes garantissant la non-prolifération des armes biologiques, nucléaires et chimiques. Ces mécanismes sont-ils toujours efficaces et agissent à l'égard d'éventuels contacts de la Russie avec l'Iran et avec d'autres pays ?

Réponse : Comme je l'ai dйjà dit, la Russie se prononce fermement pour le développement et la consolidation de tous les régimes de la non-prolifération. Tous les régimes établis auparavant agissent sans conteste. Je ne saurai parler au nom du monde entier, mais en ce qui concerne la Russie, je peux vous assurer que nous appliquons fermement toutes nos obligations de l'observation de ces régimes. Cependant, nous comprenons aussi qu'on peut faire des tentatives de la création d'armes d'extermination massive en violant ces régimes. C'est surtout dangereux maintenant, où le terrorisme international, différents groupes extrémistes s'intensifient. Les armes d'extermination massive tombées entre leurs mains constitueraient une menace pour l'humanité tout entière. C'est pourquoi nous prônons non seulement le maintien, mais aussi la consolidation du régime de non-prolifération. Ce sujet figure parmi les priorités des relations russo-américaines, des contacts entre la Russie et l'OTAN, de beaucoup d'autres forum multipartites.

Question : Igor Serguéiévitch, conformément aux informations des médias, votre homologue géorgien M.Ménagarichvili a proposé de créer une commission tripartite pour la solution du problème du terrorisme dans les gorges de Pankissi. Est-ce que les Etats-Unis vous ont adressé cette proposition, et que pensez-vous de cette idée ?

Réponse : Nous n'avons reçu aucune proposition à ce propos. D'autre part, partant de l'expérience de l'Union Soviétique, je voudrais dire que quand on proposait de créer différentes commissions et comités pour résoudre un problème, en règle générale cela visait à éviter la solution du problème. Ce n'est pas de comités ou commission qu'on a besoin, il faut avoir la volonté politique. S'il y a la volonté politique, ce problème pourra être résolu sans commissions supplémentaires.

Le 21 septembre 2002

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