Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, Moscou, 31 août 2017
Sur la visite du Ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian en Fédération de Russie
Le 8 septembre, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov accueillera le Ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, présent à Moscou pour une brève visite de travail. La nouvelle rencontre entre les ministres, organisée à l'initiative de Paris, fera suite aux accords convenus entre le Président russe Vladimir Poutine et le Président français Emmanuel Macron le 29 mai à Versailles.
Dans le cadre de l'entretien à venir, il est prévu d'évoquer les questions centrales de l'agenda bilatéral ainsi que la situation en Syrie et d'autres problèmes internationaux importants pour le règlement desquels nos pays, en tant que membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, assument une responsabilité particulière.
Sur la visite de travail du vice-Ministre russe des Affaires étrangères Alexeï Mechkov en Slovénie
Les 4 et 5 septembre, le vice-Ministre russe des Affaires étrangères Alexeï Mechkov participera au Forum stratégique de Bled (Slovénie) à l'invitation des autorités slovènes. Alexeï Mechkov prononcera un discours pendant la réunion plénière "Une nouvelle vision pour une nouvelle réalité" consacrée au débat sur les possibilités de réaction conjointe des États aux défis et risques communs.
Concernant la problématique européenne, il est prévu d'accorder une attention particulière à la situation dans les Balkans, au retour le plus rapide possible de la région sur la voie de la stabilisation et de la coopération, de réaffirmer la disposition de la Russie à promouvoir de manière équilibrée les processus de règlement post-conflit.
En marge du Forum, il est prévu d'organiser des entretiens bilatéraux du vice-Ministre russe des Affaires étrangères Alexeï Mechkov avec des chefs de diplomatie des pays d'Europe du Sud-Est et de l'UE. Il s'entretiendra avec le vice-Premier ministre et Ministre slovène des Affaires étrangères Karl Erjavec, et des consultations seront organisées avec le Secrétaire d’État du Ministère slovène des Affaires étrangères Andrej Logar.
Sur la situation actuelle en Syrie
La dynamique positive de l'évolution de la situation en Syrie se maintient. La situation dans les zones de désescalade est jugée stable. Le gouvernement syrien continue d'entreprendre des démarches pour normaliser la situation dans le pays et améliorer la situation humanitaire de la population qui a souffert de ce conflit.
Avec le soutien du Centre russe pour la réconciliation des belligérants, il a été possible d'organiser plusieurs visioconférences avec la participation de gouverneurs de plusieurs provinces du sud de la Syrie et de représentants des territoires contrôlés par des groupes armés non extrémistes. Dans le cadre d'un dialogue constructif sont évoquées des questions concrètes relatives au rétablissement de la vie pacifique, à la mise en route des sites d'infrastructure, y compris d'approvisionnement en électricité et en eau, au règlement d'autres problèmes, notamment la préparation de la nouvelle année scolaire. Les autorités syriennes ont réaffirmé leurs engagements sociaux envers les citoyens indépendamment de leur lieu de résidence. Il a été convenu que toutes les écoles, y compris celles qui se situaient dans les quartiers contrôlés par l'opposition armée, seraient livrées en manuels scolaires, et que les enseignants continueraient de recevoir un salaire.
On constate également un certain progrès dans la Ghouta orientale, où un échange de prisonniers et d'otages a eu lieu. Le groupe Jaych al-Islam a libéré 11 militaires syriens en échange de 40 combattants. Damas compte sur la libération, pendant ou immédiatement après la fête d'Aïd al-Adha, de tous les otages capturés par les djihadistes pendant l'attaque contre la banlieue Adra de la capitale en 2013.
Après les accords conclus entre les militaires russes et les représentants du groupe Jaych al-Tawhid sur le déblocage de la route Damas-Homs et le déploiement dans la commune de Telbis des unités de police militaire russe, une scission s'est produite dans les rangs de groupes armés illégaux de cette localité. Le conseil du "QG de coordination du nord de la province de Homs", qui comprend formellement sept bandes mais que le Front al-Nosra tente de contrôler, a décidé d'exclure Jaych al-Tawhid de ses rangs à cause des différends concernant l'accord sur le fonctionnement de la zone de désescalade. Toutefois, de nombreux combattants ont reconnu cette décision comme illégitime et ont préférer s'en distancer.
Hachem al-Cheikh (Abou Jaber), l'"émir" de guerre de Hayat Tahrir al-Sham, groupe contrôlé par Nosra, s'est dit prêt à dissoudre la formation à condition que les autres groupes agissant à Idleb et dans les provinces voisines suivent son exemple et fusionnent pour former une structure militaire commune sous un commandement commun. On a l'impression que Nosra a cru en la "force salvatrice" d'un nouveau changement de nom - déjà habituel - et pense qu'un nouveau changement de forme et d'appellation permettra de les exclure de la liste des organisations terroristes. Cependant, toutes ces tentatives d'échapper à leur responsabilité pour les crimes qu'ils ont commis et de "se légaliser" sont vouées à l'échec – le Conseil de sécurité des Nations unies a clairement qualifié le Front al-Nosra et d'autres structures affiliées à Al-Qaïda de terroristes, avec toutes les conséquences que cela implique.
Conservant l'initiative stratégique sur tous les axes principaux, l'armée syrienne continue de repousser les combattants de Daech et du Front al-Nosra.
Dans la province de Homs, les forces gouvernementales éliminent successivement un grand groupe de combattants de Daech encerclés près de la ville d'Aqerbat. L'offensive en direction de Deir ez-Zor se poursuit avec succès.
Dans le même temps, des informations alarmantes nous parviennent. Selon les informations russes, le groupe armé Shabab al-Sunna a accès à l'arme chimique. Actuellement, dans les entrepôts de ce groupe à Bosra al-Cham dans la province de Deraa, se trouvent plusieurs missiles chargés de substances toxiques. Les combattants comptent utiliser cette arme dans une commune de la province de Deraa, très probablement à Hiran, Nawa, Inkhil, Jamila, Tafas ou Deira, pour accuser, comme toujours, les forces gouvernementales d'"attaque chimique" contre la population civile.
Des combats de position ont lieu à Raqqa. Les Forces démocrates syriennes n'ont pas réussi à avancer significativement dans les quartiers centraux de la ville. L'aviation de la "coalition internationale anti-Daech" menée par les USA soutient activement les troupes kurdes dans les airs. Dans le même temps, il est très regrettable que leurs frappes tuent non seulement des terroristes, mais également des civils. Un hôpital civil a été une nouvelle fois touché récemment.
Sur la situation à la frontière libano-syrienne
Moscou salue l'opération antiterroriste récemment organisée par les forces libanaises et syriennes avec le soutien du Hezbollah pour expulser les terroristes de Daech, du Front al-Nosra et d'autres groupes affiliés des régions difficiles d'accès à la frontière libano-syrienne. Nous pensons que son succès a sérieusement mis à mal les capacités des terroristes internationaux à réaliser leurs plans d'expansion massive, et a contribué au renforcement de la souveraineté nationale des deux pays voisins que sont le Liban et la Syrie. Les terroristes ont essuyé une grande défaite militaire, ils ont été battus et, surtout, démoralisés.
En ce qui concerne les paramètres concrets de l'opération mentionnée, il faut demander les explications appropriées directement à ses responsables directs.
La Russie prône de manière immuable et cohérente une lutte sans compromis contre le terrorisme sous toutes ses formes et part toujours de la nécessité absolue de consolider largement les efforts de toutes les parties intéressées pour éradiquer cette menace globale.
Sur la situation financière de Daech
Je voudrais également dire quelques mots sur la situation financière de Daech, parce que nous avons plusieurs fois abordé ce sujet en disant que le soutien matériel significatif apporté à cette organisation terroriste a malheureusement été en grande partie, et pendant des années, un gage de sa progression.
Les pertes subies par le groupe terroriste Daech en Syrie et en Irak ont considérablement réduit ses capacités à générer du profit, notamment de la vente d'hydrocarbures. Ainsi, l'opération de l'aviation russe en Syrie depuis septembre 2015 a permis de détruire plus de 15.000 sites de Daech et du Front al-Nosra, y compris plus de 200 sites d'exploitation de pétrole et de gaz, 176 raffineries, 112 stations de pompage de carburant et près de 4.000 camions citernes. En 2016, le "budget" de Daech a reçu 200-250 millions de dollars grâce à la vente de pétrole et de produits pétroliers. Ce chiffre est largement inférieur à celui de l'an dernier – il s'agissait alors de plus d'un milliard de dollars. Dans les conditions d'une lutte déterminée de la communauté internationale en Syrie et en Irak, l’État islamique s'adapte: il augmente ses revenus grâce aux "taxes" sur les territoires contrôlés et aux extorsions, aux kidnappings afin de réclamer une rançon, il élargit le trafic d'objets anciens, d'organes, il reçoit des revenus des investissements directs dans les compagnies de pêche en Irak et en jouant sur le marché boursier. Pendant le plénum du Service fédéral russe pour le suivi financier (FATF) à Paris en octobre 2016 ont été rendues publiques les tentatives de Daech d'investir de l'argent dans le bâtiment en Allemagne, ainsi que dans l'immobilier en Europe, aux USA, notamment à New York, et en Turquie. Je voudrais le souligner à nouveau pour que nous ne soyons pas accusés d'ingérence. Il est question du plénum international du FATF en octobre 2016.
Dans ces conditions, la Russie prône la coordination des démarches pour lutter contre ce groupe terroriste. En juin, nous avons soumis aux membres du Conseil de sécurité des Nations unies un projet de résolution sur le décret d'un embargo commercial et économique contre les territoires contrôlés par Daech. Nous proposons également d'établir une coopération pratique multilatérale étroite entre les renseignements pour identifier les États concrets, les personnes physiques et morales ayant des liens économiques avec Daech pour empêcher leur activité criminelle.
Sur le reportage d'un groupe de correspondants de VGTRK sous la direction de Evgueni Poddoubny concernant les actions de la coalition américaine en Syrie
Nous avons vu le reportage des correspondants de VGTRK sous la direction du correspondant russe Evgueni Poddoubny, qui travaille actuellement en Syrie. Ces images ont été diffusés aujourd'hui à la télévision par la chaîne Rossiya 24, ainsi que sur internet.
Bien sûr, ces informations doivent être minutieusement vérifiées par les autorités compétentes, y compris internationales. Dans ces reportages, il apparaît que la coalition américaine ne fait pas du tout ce qu'elle a annoncé - c'est-à-dire combattre les terroristes dans le sud de la Syrie - mais poursuit ses propres objectifs. L'un d'eux est la création de sa propre zone d'influence dans ce pays saigné à blanc par la lutte contre le terrorisme. Pour cela, d'après les témoins, on utilise différents instruments allant jusqu'à admettre directement la transmission d'armes étrangères aux combattants, comme cela s'est produit à la base d'al-Tanf dans le sud du pays.
J'appelle à nouveau tout le monde à prendre connaissance de l'investigation de VGTRK. Il est question de données et d'informations fournies par des témoins. Il est possible d'en prendre connaissance. Nous appelons une nouvelle fois toutes les structures internationales à étudier de près ces informations et à en donner une appréciation appropriée.
Sur l'évolution de la situation au Yémen
La situation au Yémen reste extrêmement difficile. Le conflit civil sanglant perdure dans ce pays depuis plus de deux ans. La géographie des activités militaires s'élargit. Les affrontements les plus actifs se déroulent actuellement dans le centre et le sud-ouest du Yémen (les provinces de Marib et de Ta'izz respectivement), ainsi que dans les régions du nord, dont Hajjah, Saada et el-Jawf. Cela se reflète très négativement sur la situation socio-économique, déjà très grave dans le pays.
Nous sommes préoccupés par l'intensité des frappes aériennes de la coalition arabe contre les villes et les villages du Yémen, sachant qu'elles touchent souvent des civils. Ainsi le 25 août, suite à une nouvelle erreur technique, un site civil a été bombardé dans le sud de la capitale yéménite Sanaa, ce qui a entraîné, selon l'Onu, plus de 30 morts parmi les civils. Nous espérons que l'enquête ouverte sur cet incident sera la plus objective et efficace possible et permettra d'éviter de nouvelles victimes parmi la population civile du Yémen.
Moscou considère toujours qu'il n'y a pas d'alternative à la cessation la plus rapide possible de la violence dans ce pays, au règlement de tous les problèmes accumulés dans l'agenda yéménite derrière la table des négociations sous l'égide de l'Onu, dans le cadre d'un large dialogue national en tentant compte des intérêts de tous les Yéménites sans exception. Nous jugeons également nécessaire de respecter rigoureusement, au Yémen, les normes du droit international humanitaire, le soulagement des souffrances des habitants de ce pays, la garantie d'un accès humanitaire sans obstacle à toutes les régions du pays. De son côté, la Russie continuera de contribuer par tous les moyens à ces efforts.
Sur l'évolution de la situation en Irak
Moscou salue les succès des forces armées irakiennes dans la lutte contre Daech. Dans le même temps, la récente libération de Tal Afar, l'un des derniers bastions terroristes en Irak, ne signifie pas que ce "mal est éradiqué avec la racine". Encore beaucoup d'efforts seront nécessaires. Des affrontements ont lieu au nord-ouest de Tal Afar dans la localité d'al-Ayadia, la ville de Hawija reste sous le contrôle de Daech. Dans le même temps, la situation humanitaire est alarmante. Plus de 900.000 habitants de Mossoul ont dû fuir dans des régions plus sûres après le début des opérations militaires. Selon les estimations, après la libération de Mossoul près d'un quart sont revenus dans leur maison. Ils ont tous besoin d'aide.
La guerre a mis à nu un autre problème important: les enfants de la guerre. Selon le département irakien de l'Unicef, pendant l'opération de libération de Mossoul près de 3 800 enfants ont été séparés de leurs parents. La Russie tente de découvrir actuellement combien d'entre eux pourraient être russes ou d'origine russe. Au fur et à mesure de leur arrivée dans les orphelinats d'Irak se pose la question de l'identification et de la confirmation des liens de ces enfants avec les parents qui les recherchent. Le Ministère russe des Affaires étrangères travaille en ce sens en sollicitant les efforts de notre Ambassade à Bagdad, du Consulat général d'Erbil, du Conseiller du Président russe et Président du Conseil auprès du Président russe pour le développement de la société civile et des droits de l'homme Mikhaïl Fedotov, de la Déléguée auprès du Président russe aux droits de l'enfant Anna Kouznetsova, et, évidemment, toutes ces actions sont entreprises en coordination étroite avec les autorités irakiennes.
Nous soutenons les démarches du gouvernement irakien pour rétablir la souveraineté et l'intégrité territoriale du pays. La réconciliation nationale et l'entente inter-irakienne doit être un gage de stabilité et de développement constructif.
Nous sommes également convaincus que cet objectif doit être atteint dans le cadre d'un dialogue inclusif dans l'intérêt de tous les Irakiens en s'appuyant sur le respect des principes constitutionnels. Nous partons du fait que les élections législatives qui, nous l'espérons, se dérouleront dans les délais établis par la loi, marqueront une étape importante sur cette voie.
Sur l'évolution de la situation sur la péninsule coréenne
Nous constatons avec regret une nouvelle violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies par la Corée du Nord, qui a effectué le 28 août un lancement de missile dont la trajectoire de vol est passée au-dessus du territoire japonais.
Nous appelons les belligérants à la retenue, à un comportement responsable, à renoncer à la rhétorique et aux actions belliqueuses. La démonstration de force actuelle ne fera que pousser la région vers un conflit armé. Ne vaut-il pas mieux concourir dans un autre domaine? Par exemple chercher le meilleur plan de processus de paix?
Nous notons également qu'à ce jour, seules la Russie et la Chine ont avancé une initiative réaliste pour un règlement politique et diplomatique global des problèmes de la péninsule coréenne, y compris le problème nucléaire. Nous appelons de nouveau les parties impliquées à entamer sans attendre l'établissement d'un dialogue sans conditions préalables sur la base des propositions de la "feuille de route" russo-chinoise.
Sur la reconsidération, par les autorités polonaises, de leur décision concernant la participation de la Russie à la création d'un nouveau Musée-Mémorial de Sobibor
Le fait que la Pologne a finalement invité la Russie à participer aux activités liées au 75e anniversaire de la révolte dans l'ancien camp de concentration nazi de Sobibor est indéniablement une bonne nouvelle. Cette date est infiniment importante pour notre pays, fait partie intégrante de l'histoire de notre peuple, et est associée aussi bien à la douleur des pertes qu'à la fierté pour la victoire sur le fascisme.
Cependant, les commentaires qui accompagnent l'invitation de Varsovie sont consternants. Ils indiquent que les autorités polonaises continuent obstinément de se justifier de leur refus de permettre à la Russie de participer à part entière au projet de rénovation du musée de Sobibor. Et tout cela a lieu alors même que d'autres pays membres du Comité international de pilotage du projet de Sobibor, notamment Israël, ont soutenu notre participation. Aujourd'hui que tous les pays se sont publiquement prononcés en faveur de la participation de la Russie à ce projet, on voit clairement qui s'y oppose. Les affirmations de Varsovie selon lesquelles la décision de rejet n'était pas négative envers la Russie paraît simplement absurde.
Il ne faut pas induire en erreur le public en affirmant que la Russie aurait demandé de l'inclure parmi les participants au projet relativement récemment. Ce sont des déclarations très étranges. On imagine difficilement que ç'ait été fait intentionnellement car les faits et les documents sont là.
Un bref retour sur la question: en 2013, le Ministère polonais de la Culture a invité la Russie à participer à la rénovation du musée et notre pays a immédiatement fait part de sa disposition à y participer, qui plus est à apporter une contribution financière. Depuis, la Pologne freinait artificiellement le règlement définitif de la question et déclare aujourd'hui que beaucoup de temps s'est écoulé, que le projet touche à sa fin.
La Russie ne cherche pas à participer à la rénovation du musée uniquement, comme l'ont écrit certains médias, "à cause de la personnalité d'Alexandre Petcherski" – officier de l'Armée rouge qui était à la tête de la révolte fatidique dans le camp de concentration. Nous devons le faire pour immortaliser la mémoire de toutes les victimes de ces horribles événements et des prisonniers des camps de concentration nazis.
Nous avons pris connaissance récemment de la déclaration du vice-Ministre polonais de la Culture et du Patrimoine national Jaroslaw Sellin publiée par l'Agence de presse polonaise le 30 août, qui a semé la confusion chez nous. Il dit notamment que la Russie aurait prétendument tardé à répondre. Je répète que certains, y compris les représentants officiels polonais, disaient que la Russie n'avait pas du tout été invitée et qu'au dernier moment la Russie aurait voulu participer elle-même, cassant ainsi tous les plans. Ce n'est pas le cas.
Nous comprenons la nécessité de fournir des faits pour confirmer mes propos, nous vous présentons la copie de la lettre du premier vice-ministre polonais de la Culture et du Patrimoine Piotr Zuchowski et du secrétaire d’État de la chancellerie du Président du Conseil des ministres Władysław Bartoszewski adressée à l'Ambassadeur de Russie en Pologne Alexandre Alexeev, datée du 21 mars 2014. La partie polonaise y invite très explicitement la Russie à participer à ce projet. Cette lettre sera publiée sur les pages officielles du Ministère russe des Affaires étrangères sur les réseaux sociaux.
Je pense que ce document se passe de commentaires. Je souligne à nouveau que ce n'est pas un communiqué de presse russe, mais un document officiel authentique qui a été transmis à l'Ambassade de Russie. Et ce n'est qu'une partie de notre correspondance.
Pour finir, je voudrais dire qu'en juin 2015 nous avons reçu une requête standard des autorités polonaises proposant d'expliquer les modalités de la participation russe au projet. En 2015 également, de concert avec le Ministère russe de la Culture, a été envoyée une réponse à la Pologne pour expliquer en détail les informations concrètes sur la contribution financière approximative de la Russie, ainsi que la liste des organisations et des établissements russes intéressés, dont le Ministère russe de la Culture, le Ministère russe de la Défense, le Ministère russe des Affaires étrangères, les Archives russes, la Société militaire historique russe et le Musée central de la Grande Guerre patriotique de 1941-1945.
Je répète que ces informations ont été transmises par la Pologne en 2015. Vous comprenez que quand il est question de grandes sommes d'argent et de la participation de structures publiques, tout cela nécessite notre concertation publique interne. Tout cela a été fait. En 2015, tous les aspects de la participation russe, en réponse à l'invitation polonaise, ont été transmis à Varsovie.
Sur l'interprétation spécifique de la liberté d'expression par les autorités ukrainiennes
Nous avons été choqués hier par les agissements du régime de Kiev envers les journalistes russes et nous avons rapidement commenté la situation. Il est difficile de qualifier ces faits autrement que comme un nouveau kidnapping de journaliste russe, en l'occurrence de la correspondante de Pervy Kanal Anna Kourbatova. Comment qualifier une situation où, en plein jour, arrivent des hommes qui ne se présentent pas, prennent les portables et les documents, empêchent de téléphoner que ce soit à l'ambassade, à la famille, aux proches ou à l'employeur? Puis la personne disparaît pendant plusieurs heures du champ informationnel, et seulement sous une pression colossale du public, des collègues des médias, des journalistes, y compris des représentants des institutions du pouvoir exécutif russe, on donne des informations modestes sur le fait que la correspondante a été arrêtée par les forces de l'ordre ukrainiennes - et ce n'est pas la première fois. Nous avons également été choqués de n'avoir entendu aucun haut responsable international ou représentant d'un autre pays donner une appréciation à ces actions de Kiev.
Nous voyons avec quel zèle ils suivent ce qui se passe avec les représentants de la société civile dans différents cas et pays. Alors pourquoi n'y a-t-il aucune réaction concernant les journalistes russes? Nous avons également entendu hier que le Service de sécurité ukrainien (SBU) avait motivé ses actions en disant qu'il n'avait pas apprécié le contenu des reportages sur Pervy Kanal. N'est-ce pas de la censure? Le fait qu'une correspondante travaille ouvertement dans la capitale ukrainienne, devant tout le monde, pas dans la clandestinité, ne diffuse pas de contenu illégal mais travaille ouvertement, est qualifié de "menace à la sécurité du pays" – vous savez que c'est un nouveau terme dans le domaine de la liberté des médias et la liberté d'expression. Je répète: cela ne peut que choquer. Nous avons noté les commentaires du représentant compétent de l'OSCE à ce sujet. Mais je voudrais souligner que c'est loin d'être le premier incident touchant les journalistes russes en Ukraine.
Selon nous, il faut tirer des conclusions systémiques au lieu de faire des commentaires avec des pincettes, très généraux, tels que nous les voyons sur les réseaux sociaux.
L'une des explications données à la Russie concernant la situation relative à nos journalistes, notamment en Ukraine, mais également dans les pays membres de l'UE, est que les autorités des pays concernés considèrent les journalistes russes comme des "propagandistes".
Sur l'activité de propagande des utilisateurs lituaniens sur les réseaux sociaux
Je vais citer un exemple pour montrer comment travaillent les propagandistes lituaniens, et pour une raison qu'on ignore personne ne les prive d'accréditation ni, comme ce fut le cas de la correspondante de Pervy Kanal hier en Ukraine, ne les place dans une salle d'interrogatoire, ne confisque les portables et ne fait même aucune déclaration.
Nous avons déjà attiré l'attention sur le spam d'utilisateurs internet lituaniens. Ils continuent de publier massivement des commentaires identiques et complètement inconsistants sur les réseaux sociaux, notamment sur les pages du Ministère russe des Affaires étrangères. Pourquoi je le rappelle dans ce contexte? Cette activité n'est pas du tout une initiative, elle a été suscitée et provoquée, entre autres, par des journalistes, des représentants officiels des médias, qui ont appelé leur population à agir contre la Russie dans le cyberespace.
Ces derniers temps de tels commentaires sont faits avec une idée fixe – soi-disant la responsabilité égale de l'Allemagne nazie et de l'Union soviétique dans le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Nous savons parfaitement que cette activité est provoquée, ce ne sont pas des utilisateurs réels qui expriment leur avis mais des gens qui ont été incités par des propagandistes (difficile de les appeler autrement). Bien sûr, nous suivrons ce thème et nous écrirons des commentaires très détaillés qui ne seront pas accessibles uniquement à vous (nous ne les cacherons pas). Avant tout nous les enverrons dans les organisations internationales compétentes chargées des questions de propagande, de protection du droit d'expression, notamment l'OSCE, car c'est un exemple concret de la manière dont travaillent les propagandistes et comment des actions commencent dans le cyberespace à l'appel d'un journaliste propagandiste.
A-t-on vu quelque chose du genre, par exemple qu'un présentateur d'une émission de nouvelles ou analytique de Pervy Kanal appelle les utilisateurs aux actions non civiles, non pas à une activité pour défendre un sujet mais précisément à des cyberattaques ciblées contre des sites officiels? Je pense que non. Et nos journalistes sont qualifiés de propagandistes alors que personne ne veut se rappeler des cas que je viens de mentionner.
Sur l'utilisation de la dette du Mozambique envers la Russie pour réaliser des projets de développement dans le cadre du Programme alimentaire mondial de l'Onu
Dans le cadre de la mise en œuvre d'un accord intergouvernemental bilatéral sur l'utilisation de la dette du Mozambique envers la Russie pour financer des projets de développement sur le territoire du Mozambique, les autorités de ce dernier en coopération avec le Programme alimentaire mondial (PAM) ont lancé la réalisation du Programme national diversifié de nutrition scolaire. La mise en œuvre de ce programme prévoit la conversion d'une partie de la dette mozambicaine pendant cinq ans à hauteur de 40 millions de dollars en différentes activités ayant pour objectif non seulement de régler les problèmes de famine chronique parme les enfants mozambicains, mais également de faire participer à l'enseignement primaire de plus en plus d'enfants en âge scolaire. Il est prévu d'utiliser des produits alimentaires fabriqués par les paysans locaux, ce qui devrait contribuer au développement de la production agricole et, en fin de compte, à la création des conditions pour renforcer la sécurité alimentaire dans le pays.
Pour le PAM, avec lequel la Russie coopère efficacement depuis longtemps, la participation à un programme de conversion "la dette en échange du développement" aussi vaste est de facto la première expérience de ce genre au succès de laquelle on accorde une attention significative. Notre pays, l'un des donateurs de cette plus grande organisation humanitaire au sein de l'Onu, travaille continuellement sur la diversification des formes de contribution aux pays dans le besoin. En plus de l'aide alimentaire traditionnelle se renforce le potentiel de transport et de logistique du PAM, s'élargit l'éventail des instruments pour financer notre activité humanitaire internationale. Compte tenu de tels accords intergouvernementaux signés par la Russie avec la Tanzanie et le Madagascar, qui prévoient également l'utilisation de leur dette pour financer des projets de développement, nous comptons sur une implémentation des accords en question pour renforcer les positions de la Russie en tant que donateur international.
Sur les Journées de Moscou à Astana
Les Journées de Moscou se sont déroulées avec beaucoup de succès du 23 au 25 août à Astana pour devenir un événement marquant dans le dialogue culturel entre les deux capitales.
La délégation de Moscou était représentée par plus de 200 personnes. A sa tête – le Ministre du gouvernement de Moscou Sergueï Tcheremine. Les membres de la délégation ont été reçus par le maire d'Astana Asset Issekechev, ainsi que par le Métropolite Alexandre d'Astana et du Kazakhstan.
Dans le cadre des Journées de Moscou s'est tenu le forum d'affaires intitulé "Les technologies modernes pour les villes intelligentes". Les participants ont évoqué les questions de construction urbaine, la modernisation de l'infrastructure de transport, l'intégration des technologies numériques dans la gestion urbaine et le développement de la sphère sociale.
Nous sommes satisfaits par la hausse continue des échanges entre les compagnies de Moscou avec les partenaires du Kazakhstan qui ont atteint au premier semestre 2017 800 millions de dollars.
Les Journées de Moscou comprenaient le déroulement de la conférence sur l'amélioration des compétences des enseignants du russe au Kazakhstan avec la participation des représentants du corps enseignant des plus grandes universités de Moscou.
Sans oublier le programme culturel. Une nouvelle fois se sont distingués le Chœur Touretski et d'autres collectifs russes.
Les Journées de Moscou étaient une nouvelle étape marquante pour le 25e anniversaire des relations diplomatiques entre la Fédération de Russie et la République du Kazakhstan.
Sur le sort de la citoyenne russe Maria Dopirka arrêtée au Vietnam soupçonnée de trafic de drogue
La citoyenne russe Maria Dopirka a été arrêtée le 23 août 2014 à l'aéroport international de Tân Sơn Nhất (Hô-Chi-Minh-Ville).
Conformément à la Charte consulaire et à la législation en vigueur les établissements diplomatiques russes au Vietnam (l'Ambassade de Hanoï et le Consulat général de Hô-Chi-Minh-Ville) apportaient durant toute cette période à la citoyenne russe toute la contribution nécessaire pour défendre ses droits civils. Les responsables consulaires rendent régulièrement visite à la détenue en cellule d'isolement et entretiennent un contact avec ses proches. Les intérêts de Maria Dopirka sont défendus au tribunal par un avocat local.
Le procès, initialement prévu pour le 30 août, a été reporté. A la requête de l'avocat l'affaire fera l'objet d'une enquête supplémentaire compte tenu de l'absence dans les dossiers du Parquet d'informations confirmées sur la quantité de substances illicites importées et que Maria Dopirka était au courant du contenu du sac où se trouvait la drogue.
Le Ministère russe des Affaires étrangères et, évidemment, nos établissements diplomatiques suivent de près cette affaire.
Sur le lancement du site du Ministère russe des Affaires étrangères en chinois
Nous lançons aujourd'hui une page du site officiel du Ministère russe des Affaires étrangères en chinois. Notre page sera disponible dans une langue supplémentaire. Elle ne sera pas aussi complète que la page en russe. Mais pour les utilisateurs chinois et pour ceux qui parlent le chinois nous sélectionnerons les nouvelles qui représenteront pour eux un intérêt prioritaire. La version en chinois contiendra également des photos, l'actualité et différentes rubriques.
C'est une autre partie de notre travail pour la popularisation et l'élargissement de l'accès à l'information diffusée sur le site officiel du Ministère russe des Affaires étrangères.
Je pense que cette démarche est dans l'intérêt du développement des relations bilatérales de la coopération et du partenariat stratégique global qui ont déjà atteint un niveau sans précédent.
Je voudrais noter encore une fois que la version du site en chinois est disponible à partir d'aujourd'hui, mais elle sera accessible en mode test. Nous attendons de la part des utilisateurs des remarques et des propositions, qui seront certainement faits. Nous sommes prêts à y réagir rapidement.
J'invite nos amis chinois sur le site. Huānyíng! (Bienvenue!)
Réponses aux questions:
Question: Récemment l'ex-coprésident américain du Groupe de Minsk de l'OSCE Richard Hoagland a exprimé, a-t-il noté, les principes du processus de paix du Haut Karabagh. Je suis certaine que vous les connaissez. Comment faut-il prendre la déclaration de Richard Hoagland – comme un avis uniquement des USA en termes de processus de paix du Haut Karabagh ou est-ce une position commune des coprésidents? Pouvez-vous également commenter la nomination du nouveau coprésident américain?
Réponse: Les déclarations que vous avez citées ne sont pas nouvelles. Les présidents de la Russie et des USA et de la France s'y référaient plusieurs fois dans leurs déclarations sur le processus de paix du Haut Karabagh en 2009-2013. Vous pouvez en prendre connaissance et trouver les citations appropriées.
En ce qui concerne la nomination du nouveau coprésident américain, nous la saluons. Nous partons du fait que dans la nouvelle composition les coprésidents poursuivront leurs efforts visant à apporter une contribution aux belligérants dans le règlement du conflit du Haut Karabagh. Nous espérons que l'approche d'équipe qui était toujours inhérent au "trio" sera maintenue.
Question: Ce matin pendant l'observation de la frontière azerbaïdjano-arménienne un groupe d'officier du représentant personnel du Président de l'OSCE a été attaqué. Il n'y a pas de victimes selon les informations préliminaires. Selon une information, les tirs provenaient du côté azerbaïdjanais. La Russie a-t-elle l'intention d'initier une rencontre des ministres des Affaires étrangères des belligérants pour accélérer l'organisation d'un nouveau sommet des présidents pour évoquer cette question également? L'attaque contre un officier de l'OSCE est un incident sans précédent.
Réponse: Toujours et traditionnellement en période de conflit, d'aggravation et de complications nous appelions les parties à adopter une approche pesée qui aurait pour objectif de ne pas attiser la situation mais d'avancer vers un règlement politique. Vous connaissez notre appréciation traditionnelle.
En ce qui concerne l'incident mentionné, c'est aux experts de dire leur mot après avoir étudié les circonstances sur place.
Je n'ai pas d'informations sur les plans de réunir les ministres des Affaires étrangères. Vous le savez, le dialogue est entretenu par toutes les parties au niveau d'experts, dans le cadre du groupe de contact. Si une telle réunion était nécessaire, vous en serez informés. A l'heure actuelle, je ne dispose pas de telles informations.
Question: Bakou soulève constamment la question concernant la nécessité d'entamer des négociations substantielles. En tant que coprésident du Groupe de Minsk de l'OSCE n'est-il pas temps pour la Russie d'initier le retour du Haut Karabagh de facto dans le processus des négociations? Sinon il est impossible de parvenir à la substantialité.
Réponse: Vous connaissez notre position traditionnelle à ce sujet. Je vous renvoie à nos commentaires antérieurs.
Question: Après le lancement de missiles le 28 août la tension dans les relations entre la Corée du Nord et les USA a significativement augmenté. Y a-t-il une probabilité que la Russie joue le rôle d'intermédiaire entre la Corée du Nord et d'autres pays intéressés et organise des négociations bilatérales avec la Corée du Nord ou une activité similaire?
Réponse: Vous savez que nous sommes en contact avec les USA et la Corée du Sud, la Corée du Nord, la Chine et tous les pays impliqués dans le processus de paix. Nous avons des contacts au niveau bilatéral. En ce qui concerne les services de médiation, pourquoi ne pas considérer l'initiative sino-russe comme une médiation pour faire revenir la situation sur la voie de la paix pour qu'elle ne s'aggrave plus? L'initiative est posée sur la table. Elle est accessible, claire et parfaitement réalisable, selon nous.
Vous êtes au courant de la série d'entretiens du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à Manille avec ses homologues. Bien sûr, ce sujet a été évoqué via les canaux bilatéraux. Il est important pour tous les pays de la région. Sur la plateforme du Conseil de sécurité des Nations unies nous avons réaffirmé la pertinence de l'initiative sino-russe. Nous le faisons publiquement. Les hauts représentants du Ministère russe des Affaires étrangères en ont parlé. Nos efforts en ce sens peuvent être qualifiés d'"actifs".
Vous avez parfaitement raison, ce qui se passe dans la région ne peut pas ne pas nous préoccuper. Nous en avons parlé aujourd'hui. Le Représentant permanent de la Russie auprès de l'Onu Vassili Nebenzia en a parlé aussi. La rhétorique de plusieurs capitales exprimée par les représentants officiels et les milieux politologiques est préoccupante. Tous les efforts doivent être dirigés sur le règlement politique et diplomatique de la situation, et non une discussion sur la version de force, même théorique.
Je le répète, tout cela est présent sur la "table" des négociations. Il faut simplement une volonté politique pour mettre en œuvre ces propositions.
Question: Comme la Russie réagirait si les USA admettaient l'usage de la force militaire contre la Corée du Nord?
Réponse: Je propose de ne pas l'admettre ni hypothétiquement ni théoriquement ni pratiquement.
Question: A l'initiative du Centre russe pour la réconciliation en Syrie, dans la ville kurde d'Afrin a été récemment créé le Comité pour la réconciliation nationale. Est-ce que cela signifie que la partie kurde participera au processus de paix syrien? Ce n'était pas le cas jusqu'à présent.
Réponse: Nous avons toujours prôné la participation politique des Kurdes au processus de paix, car en principe nous les considérons comme faisant partie intégrante du processus de paix. Nous avons fait et faisons part à nos collègues et partenaires de cette position officiellement et lors des contacts. Nous ne voyons pas en l'occurrence les possibilités d'un profond règlement sans la participation des forces kurdes mentionnées.
Question: Vous avez dit que suite aux accords conclus entre le Liban, le Hezbollah et le gouvernement syrien, les combattants de Daech et du Front al-Nosra ont été repoussés vers la frontière irakienne. Le gouvernement irakien et l'autonomie kurde ont exprimé leurs préoccupations. D'après vous, pourrait-ce conduire à un nouveau cycle de tension sur ces territoires?
Réponse: Cette question ne s'adresse pas à moi car elle concerne les pronostics des experts militaires et des politologues.
Question: Pouvez-vous commenter un autre aspect du problème de la péninsule coréenne? Nous savons que la Russie a fermement condamné les récents lancements de missiles de la Corée du Nord, mais durant son entretien avec le Secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a souligné que la Russie trouvait contreproductif et dangereux de continuer de durcir les sanctions. Pouvez-vous expliquer cette position russe car il pourrait sembler qu'il existe une contradiction?
Réponse: Il n'y a aucune contradiction. Plusieurs sanctions ont été décrétées contre la Corée du Nord. Cet outil fonctionne mais, malheureusement, n'apporte pas le résultat voulu car il ne faut pas "serrer les vis des sanctions" (qui plus est unilatérales en menant sa propre ligne en plus des décisions du Conseil de sécurité des Nations unies). Il faut suivre une voie de règlement politique et diplomatique claire. Cela suppose non seulement la politique de sanctions, mais également des négociations, des entretiens, des dialogues, des formats bilatéraux et multilatéraux qui sont un début pour avancer sur cette voie. Le fait est qu'il est pratiquement impossible de faire avancer la situation uniquement avec la pression par les sanctions. Nous le voyons dans la pratique. C'est précisément ce que dit la Russie. Il existe l'outil de la pression internationale de sanctions (quand elle est légitimée par le Conseil de sécurité des Nations unies). Nous avons signé les décisions élaborées avec notre participation. Nous y sommes attachés. Mais sans entamer une voie politique et diplomatique et le processus de négociations cette pression ne conduira pas au résultat voulu et que nous avons signé. Voilà ce dont il est question. Il n'y a pas de double jeu ou de deux poids deux mesures. D'après notre position, les sanctions sont un outil, une addition à la ligne fondamentale qui est le règlement politique et diplomatique.
Question: Le vice-Ministre russe des Affaires étrangères Igor Morgoulov s'est entretenu il y a deux jours avec l'Ambassadeur des USA à Moscou John Tefft sur la nouvelle stratégie des USA en Afghanistan. De ce fait comment voyez-vous la perspective de la coopération internationale visant à établir la paix en Afghanistan?
Réponse: Pendant la dernière conférence de presse nous avons parlé en détail de la stratégie américaine en Afghanistan. Cette appréciation est disponible sur le site du Ministère russe des Affaires étrangères. En ce qui concerne la coopération internationale, elle est diversifiée. Elle comprend le rôle de l'Onu. Certains ont déjà oublié que le Conseil de sécurité des Nations unies a prescrit un mandat pour la présence des USA en Afghanistan qui sous-entend un compte-rendu devant les membres du Conseil de sécurité et la communauté internationale sur le travail accompli et sur les démarches prévues. Il devait également être question de la participation d'organisations et d'acteurs régionaux, comme l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) avec ses départements antiterroristes. Ils devaient rejoindre et être impliqués dans le règlement de la situation – la lutte contre le terrorisme en Afghanistan. Ce sont les quelques exemples de la manière dont une coopération internationale peut et doit être menée en ce sens.
Malheureusement, dans ce domaine nous constatons une politique unilatérale de Washington. Les USA y jouent depuis longtemps le "premier violon". Les résultats sont flagrants. Ils ne sont pas rassurants ni réjouissants. La nouvelle stratégie vient d'être annoncée. Nous voyons une sorte de "balançoire" dans l'élaboration de la stratégie de Washington par rapport à l'Afghanistan. Elle change constamment. Alors que ces changements, malheureusement, ne sont pas appuyés par les résultats positifs sur le terrain. Si vous le souhaitez, pour la prochaine fois je peux préparer un commentaire plus détaillé sur la question.
Question: Dans une interview à la chaîne Dojd vous avez dit que la Russie n'avait pas pris la décision de réduire le corps diplomatique des USA mais avait seulement proposé de le faire. Peut-on dire que dans le langage diplomatique cette "proposition" est une forme polie d'exigence?
Réponse: La diplomatie sert précisément à trouver différentes solutions pour régler la situation. Depuis plus de six mois nous proposions aux USA différentes issues de la situation. Vous vous souvenez parfaitement de l'évolution de la situation, vous connaissez la pression par les sanctions, les décisions de durcir les sanctions contre la Russie prises par les USA. Nous nous souvenons du dernier "geste de mauvaise volonté" de l'administration de Barack Obama qui a proclamé persona non grata et a expulsé des diplomates russes. Malgré cela, vous vous souvenez, les mesures symétriques n'ont pas été prises. Pendant six mois nous n'avons pas silencieusement attendu, mais nous avons tenté en permanence d'inviter les USA au dialogue, plusieurs consultations ont eu lieu au niveau d'experts pour essayer de sortir de cette situation. Durant ces pourparlers nous disions entre autres que si la situation n'était pas réglée, cela entraînerait des contremesures. C'est ce qui est arrivé. Par conséquent, à la partie américaine a été proposé ce qui a été proposé. Le communiqué a été diffusé en russe et en anglais et je ne pense pas qu'il est difficile à traduire. C'était une suggestion. Vous comprenez que la Russie a "fermé la porte" mais n'a pas "mis le cadenas". Le "cadenas a été mis" par les USA.
Question: Si la partie américaine avait décliné cette suggestion, quelles auraient été les actions suivantes?
Réponse: Pourquoi vous ne posez pas cette question à la partie américaine? Ou l'avez-vous déjà fait?
Question: Nous avons écrit à l'Ambassade des USA.
Réponse: Qu'ont-ils répondu?
Question: Rien pour l'instant.
Réponse: Voici la réponse à votre question. Nous avons également demandé ce que nous allons faire, mais nous n'avons reçu aucune réponse pendant des mois.
Nous n'avons pas décidé à la place des Américains ce qu'ils doivent faire avec leurs effectifs. C'est ce qu'a fait la partie américaine en proclamant les diplomates russes non grata. De plus, vous le savez, dans la pratique diplomatique la proclamation persona non grata est, malheureusement, une routine. De nombreuses choses ne sont pas de notoriété publique, c'est fait en coulisse. Certaines choses fuitent dans la presse. Quand des diplomates sont expulsés ils sont remplacés par d'autres car le pays d'accueil avait des reproches concrets par rapport au travail de tels ou tels collaborateurs. Savez-vous que la partie américaine n'a pas délivré le visa aux diplomates russes censés remplacer les 35 collaborateurs non grata? Des demandes de visa ont été déposées pour que les collaborateurs puissent entamer leur travail en venant remplacer ceux qui ont été expulsés, mais la partie américaine n'a pas délivré les visas.
Comme quand vous dites que l'Ambassade des USA n'a pas répondu à votre demande, c'est dans un tel régime que nous vivons ces derniers mois. Souvent nous ne recevons aucune explication claire d'une stratégie ou des événements. C'est pourquoi la Russie a pris la décision formulée sous la forme de suggestion. Cette déclaration est publiée sur le site du Ministère russe des Affaires étrangères. La réaction des USA a été telle qu'elle était.
Je répète, nous avons tout fait uniquement pour ne pas "fermer cette porte à clef", c'est Washington qui a "tourné la clef dans la serrure".
Question: Dans une interview au quotidien Kommersant le nouvel Ambassadeur de Russie aux USA Anatoli Antonov a déclaré qu'il cherchera à faire comprendre aux Américains que nous ne sommes pas ennemis. On peut dire que cela sonnait positivement. Trouvez-vous que c'est un signe positif et que quelque chose s'améliorera? En quoi sa représentation sera différente de celle de son prédécesseur?
Réponse: Beaucoup de choses sonnent positivement chez nous avant que CNN ne déforme tout.
Je suis ravie que vous ayez noté l'interview d'Anatoli Antonov au Kommersant mais, malheureusement, CNN ne remarque pas de nombreuses choses qui sont diffusées sur le site du Ministère russe des Affaires étrangères et pendant les conférences de presse.
Avec votre excellente maîtrise du russe et connaissance de la Russie vous savez parfaitement que nous n'avons pas utilisé la rhétorique agressive à l'égard des USA. Même en réponse aux sanctions, à la pression par les sanctions, aux tentatives d'isolement, nous avons toujours accueilli toutes les attaques médiatiques visant notre pays par une "porte ouverte". On pourrait la fermer et dire que l'heure de la réponse viendra, mais nous avons toujours parlé de la disposition pour la positivité et que notre souhait initial, qui n'a pas changé, consiste à développer les relations normales avec les USA. Nous n'avons jamais dit que ces relations seraient imperturbables parce que nous sommes parfaitement conscients de la réalité, où nous avons des points de convergence et où les différends sont très sérieux. En même temps nous disions qu'il est possible de laisser les différends de côté pour travailler sur les points de convergence. D'interview en interview, de conférence de presse en conférence de presse cela a été dit par le Président russe, par le Ministre des Affaires étrangères et les ambassadeurs. Vous ne trouverez pas de rhétorique agressive où les USA sont qualifiés d'agresseur envers la Russie ou que nous considérons les USA comme un ennemi. C'est exactement l'inverse. Mais malgré ce que nous entendions de la part de Washington, tout ce qui a été dit par le nouvel Ambassadeur de Russie partant en Russie pour remplir ses fonctions reste d'actualité.
Une question pour vous: allez-vous transmettre cette information et cette position à vos auditeurs américains? Je ne pense pas qu'un spectateur ou un lecteur américain moyen suivra spécialement le site du Ministère russe des Affaires étrangères. Il est attaché aux médias américains, et la perception du public américain dépend en grande partie de la manière dont CNN présente la position de Moscou.
Question: Je veux une réponse sincère à une question simple. Y aura-t-il une différence quand Anatoli Antonov arrivera aux USA?
Réponse: Différence par rapport à quoi? Vous avez raison en posant une question claire. Alors soyons très clairs dans ses formulations. Vous demandez, y aura-t-il une différence. Par rapport à quoi?
Question: Par rapport à ce qui s'est passé auparavant avec l'Ambassadeur Sergueï Kisliak?
Réponse: Et que s'est-il passé?
Question: Il a été critiqué. Avez-vous un espoir pour une amélioration ou des changements?
Réponse: Je veux être très claire dans la réponse à votre question très simple. Vous avez dit que quelque chose est arrivé à l'Ambassadeur Sergueï Kisliak. J'ai demandé ce qui s'est passé. Vous avez répondu qu'il était critiqué. Je pose la question: qui le critiquait?
Question: Vous avez une réponse.
Réponse: Bien sûr, il était critiqué par les médias américains, pas les représentants du Parti démocrate (si on peut appeler ça une critique) qui ont perdu les élections.
Les représentants du Parti démocrate et des médias américains demeurent à Washington. Le nouvel Ambassadeur de Russie arrive aux USA, et une question pour vous: êtes-vous disposés à relayer objectivement ce que dira et fera l'Ambassadeur ou comptez-vous continuer de mener la politique qui était menée à l'égard de la Russie?
Question: Vous pensez donc que les médias sont bien plus puissants que le gouvernement américain?
Réponse: C'est une bonne question, et je réfléchirai à la réponse, qui est plus fort aux USA: le gouvernement ou les médias.
Question: Les USA et la Russie doivent travailler ensemble.
Réponse: Je n'arrive pas à croire que je l'entends de la part de CNN! Tout n'est pas vain. Le 31 août à la conférence de presse de la porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères nous entendons que la Russie et les USA doivent travailler ensemble. C'est le cas. Qui s'y oppose? Qui a fermé le travail de la Commission présidentielle? La Fédération de Russie? Qui a bloqué toute forme de contact entre les renseignements et les structures de force? Nous? Non, les USA.
Peut-être qu'il y avait une réticence de travailler dans les domaines énumérés compliqués, mais il y a le thème actuel du terrorisme qui nécessite notre coopération. Voyons-nous un développement de dialogue de la part des USA? Il n'y en a pas, il y a seulement un bloc – tout est bloqué. Si vous avez compris qu'il faut le débloquer, nous l'avons compris depuis longtemps et en parlons chaque fois. Citez-moi des exemples de déclarations qui ont été approuvés par le public américain via les médias américains, par exemple pour soutenir cette approche. Il me semble, malheureusement, que CNN a œuvré plus que les autres dans ce sens pour montrer que la coopération avec la Russie est impossible et ne doit pas se développer.
Je me souviens parfaitement de l'interview accordée par le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à votre correspondant. C'était juste avant les élections quand nous étions accusés d'être un monstre en citant le sort d'un garçon syrien qui a été touché et tué lors d'une attaque de l'aviation russe. Votre correspondant politique a sorti une photo et l'a montrée à Sergueï Lavrov en disant que la Russie en est responsable et en demandant au Ministre des Affaires étrangères ce qu'il pouvait en dire. Soi-disant l'aviation russe tue les civils en Syrie. C'était une déclaration de CNN. Plusieurs mois plus tard il s'est avéré que le garçon est en vie. Il s'avère qu'il ne s'agissait pas d'une frappe aérienne et que l'aviation russe n'y a rien à voir. Par la suite le père du garçon a accusé ceux qui ont attisé l'histoire autour de l'enfant d'engagement et a dit qu'il ne soutenait pas du tout ce qui se passe du côté de l'opposition, qu'il était pratiquement un partisan de Bachar al-Assad.
Savez-vous combien de lettres nous avons écrit à CNN pour que cette histoire connaisse enfin une suite et pour que quelqu'un de CNN puisse le démentir? Nous n'avons rien vu. Si vous pensez que nous devons travailler ensemble comme deux Etats, nous ne demandons pas mieux. Commençons par des démarches pratiques concrètes.
Question: Vous n'avez donc aucun espoir que les relations entre les USA et la Russie s'amélioreront?
Réponse: Au contraire. Nous avons un immense espoir pour cela. L'interview de l'Ambassadeur de Russie aux USA Anatoli Antonov est imprégnée de la compréhension de la manière dont le travail doit être mené. C'est une interview très détaillée et elle n'est pas remplie de visions théoriques ou politologiques, mais de statistiques concrètes et d'exemples de la manière dont nous pourrions construire des relations fructueuses, normales et mutuellement bénéfiques. Nous ne demandons pas mieux. Il existe un espoir et la volonté. La question s'adresse aux USA car tout ce que nous faisons, malheureusement, rencontre une rhétorique belliqueuse agressive: la prolongation interminable des sanctions, des reportages étranges dans les médias, l'histoire interminable de la prétendue ingérence de la Russie dans les élections américaines. Où sont les preuves? Il n'y en a pas du tout. Au contraire, on comprend que quelque chose s'est produit pendant les élections américaines sans aucune présence théorique ou pratique de la Fédération de Russie. Mais le point de vue contraire est propagé tous les jours.
Il y a un espoir, c'est précisément ce qu'a dit le nouvel Ambassadeur de Russie à Washington Anatoli Antonov dans l'interview à Kommersant. Je pense qu'il en parlera également avec plaisir dans les interviews avec les médias américains dès qu'il prendra ses fonctions.
Question: Aux Etats-Unis l'histoire des "attaques acoustiques" contre des diplomates américains à Cuba a fait énormément de bruit, on parle également de victimes canadiennes. Certains services américains n'excluent pas que cette attaque ait pu être organisée "par un pays tiers intéressé" (parmi lesquels la Russie est également mentionnée) pour semer la discorde dans les relations entre l'Amérique et Cuba. Comment réagit la Russie à ces suspicions? Y a-t-il des victimes de telles attaques parmi les citoyens russes?
Réponse: Vous savez, c'est un sujet très étrange pour le commenter. Nous avons vu les communiqués des médias, les liens renvoyant vers les sources que soi-disant un groupe de collaborateurs de l'Ambassade des USA à Cuba a été rapatrié à cause de leur état de santé pour y suivre un examen médical. Mais surtout nous n'avons toujours pas vu (même si ce thème ne nous concerne pas en principe, mais, comme vous l'avez noté, qui a fait beaucoup de bruit) de commentaires officiels clairs de la partie américaine sur ce qui s'est finalement produit. Autrement dit, il y a de nombreuses publications – des fuites, des hoax, mais nous n'avons vu aucune conclusion officielle sur les causes et la nature des affections des diplomates américains. Du moins celles qui contiendraient des accusations officielles réelles.
Même en l'absence de déclarations officielles à ce sujet, or vous avez posé la question et il y a de nombreuses publications, on voudrait souhaiter à nos collègues du Département d'Etat américain d'être en bonne santé quoi qu'il arrive.
Quel est l'objectif d'une telle "attaque" – nous l'ignorons également. On ne peut certainement pas tracer des parallèles avec la santé des collaborateurs russes à Cuba car, je le répète, on ignore de quoi il s'agit. Selon l'Ambassade de Russie à Cuba, les diplomates et les citoyens russes se sentent bien et nous n'avons aucune information qu'ils auraient subi des attaques.
En ce qui concerne les tentatives de voir l'"intérêt" de la Russie, la participation directe ou indirecte dans cet incident (il n'y a aucune information officielle sur ce thème, difficile de parler d'"incident"). C'est complètement absurde, des insinuations étranges. Evidemment, du côté russe personne n'était impliqué aux attaques "sonores", "acoustique" et j'ai même lu "musicales" contre des diplomates américaines à La Havane. Tout cela devient grotesque. Malheureusement, ce grotesque est ridicule, d'un côté, de l'autre – c'est un nouveau prétexte pour parler de la Russie et des USA dans un sens de confrontation. C'est pourquoi il ne peut y avoir aucun "point de vue officiel" à ce sujet.
Nous avons noté les déclarations des autorités cubaines qu'elles n'avaient pas et n'ont pas l'intention d'agir illégalement contre les diplomates étrangers et se disent prêts à coopérer avec les Américains dans le cadre d'une enquête sur les informations disponibles. Je pense qu'il y a toutes les raisons pour que les USA acceptent la proposition de La Havane et éclaircissent toutes les questions.
Je voudrais répéter que c'est un nouvel élan absurde de campagne médiatique pour former une certaine opinion publique et tout cela n'est certainement pas favorable à la normalisation des relations américano-cubaines.
Question: Pour revenir au thème du corps diplomatique américain en Russie et ses effectifs. La partie américaine a-t-elle rempli la suggestion russe? Si oui, combien de collaborateurs ont été renvoyés et combien de collaborateurs sont rentrés aux USA?
Réponse: Si vous vous souvenez, la suggestion publiée sur le site du Ministère russe des Affaires étrangères avait des délais concrets, ils ne sont pas encore écoulés. En ce qui concerne les effectifs et le nombre des personnes licenciées ou renvoyées dans leur pays – cette question s'adresse évidemment à la partie américaine. Si l'Ambassade ou le Département d'Etat américain le jugeaient nécessaire, ils fourniraient ces informations. Je voudrais rappeler que, malheureusement, nous n'avons pas vu de réponse officielle à la question concernant les effectifs de l'Ambassade américaine et de leurs établissements diplomatiques sur le territoire russe en principe. C'est pourquoi cette question devrait être adressée aux Américains.
Question: Il y a deux jours, le Ministère polonais des Affaires étrangères a convoqué l'Ambassadeur de Russie à Varsovie pour lui remettre une note contenant deux questions: l'inquiétude du Ministère polonais des Affaires étrangères par rapport à la complication liée à l'accès à la zone de la catastrophe du président polonais, et il a été suggéré de poursuivre le dialogue concernant l'installation d'un monument à l'endroit de la catastrophe. Pouvez-vous commenter le fond de ces questions et la forme de poursuite du dialogue sous la forme de convocation de l'ambassadeur et la remise d'une note?
Réponse: Le choix de la forme de communication est le droit souverain absolu du pays concerné. Nous avons toujours prôné un dialogue de travail normal à ce sujet. Puisqu'un tel document a été envoyé, il sera évidemment examiné Je demanderai des précisions à nos experts et je pense que je répondrai sans attendre la prochaine conférence de presse comment nous avons reçu ce document et quelle est notre réaction.
Je voudrais également attirer votre attention sur le fait que l'Ambassadeur de Russie à Varsovie a fait un commentaire pour la presse concernant cette situation.
Question: L'Islande n'est pas membre de l'UE, or elle participe aux sanctions contre la Russie au même titre que les USA et d'autres pays. Cela affecte sérieusement l'industrie de pêche islandaise, l'industrie agricole, etc. Les sanctions ont été décrétées par le gouvernement islandais, mais le peuple, l'industrie de pêche et l'industrie agricole s'y opposent. Si l'Islande renonçait unilatéralement à ces sanctions contre la Russie, pourrait-on envisager la reprise des échanges entre nos pays à part entière?
Réponse: Vous venez de tout dire vous-même. Vous comprenez vous-même que toutes les mesures prises par la Russie en la matière étaient une réponse à l'adoption de sanctions. Sans y participer, sans adopter de sanctions, il n'y aura pas de réponse à cela. C'est une logique très simple que nous avons exprimée à plusieurs reprises.
Des sanctions – une réponse, pas de sanctions – pas de réponse, par conséquent il existe une possibilité pour développer des relations à part entière dans ce domaine qui, malheureusement, a été bloqué en grande partie sur une initiative qui n'est pas la nôtre. Si vous avez des questions concrètes et détaillées, vous pouvez nous les envoyer et nous demanderons des précisions aux experts compétents. Mais globalement nous avons apporté une réponse à tous les niveaux, et elle n'a pas changé.
Vous avez absolument raison – ces "guerres de sanctions" frappent directement les producteurs qui pour la plupart sont éloignés de la politique en principe et en l'occurrence ne comprennent pas pourquoi ils souffrent et pourquoi ils sont punis. Plusieurs années se sont écoulées, les faits permettant de voir toute la situation d'un point de vue historique sont plus nombreux. C'est toujours difficile à faire quand de nombreuses décisions sont prises soit émotionnellement, soit sous l'influence de fausses informations. Aujourd'hui, nous avons une perspective historique quand nous pouvons nous retourner pour voir qui a joué un rôle dans les événements qui ont provoqué ces "guerres de sanctions", ainsi que de tirer les conclusions appropriées sur ceux qui ont initié ces sanctions et qui en souffre.
Question: Le sénateur américain Ron Johnson a appelé hier à Belgrade les autorités serbes à ne pas accorder au centre humanitaire russo-serbe de Nis le statut diplomatique montrant ainsi au monde entier que la Serbie, je cite, "s'oppose à l'agression affichée par le Président russe Vladimir Poutine, sinon toute cette affaire pourrait se refléter sur l'affluence du capital occidental en Serbie". Que pensez-vous de cette proposition qui ressemble à un ultimatum des Américains? Qu'attendez-vous des autorités serbes?
Réponse: Je pense qu'il faut regarder sur la carte où se trouvent les USA et où se trouve la Serbie. Pourquoi les Etats-Unis ont le droit de dicter aux Serbes comment ils doivent mener leur politique étrangère et nationale?
Quelque chose me dit, en connaissant les Serbes, qu'ils décideront eux-mêmes comment ils doivent vivre. En l'occurrence, en ce qui concerne directement ce Centre, ils ont toutes les possibilités pour prendre une décision souveraine, sans les "indices" des sénateurs américains. Nous avons entièrement exprimé notre vision de cette situation, nous avons rendu le travail de ce centre "transparent". Nous avons répondu à toutes les préoccupations émises par nos collègues américains en les y invitant pour prendre connaissance de la situation.
Ce n'est pas pour répondre à la déclaration du sénateur, mais je veux dire simplement que ce Centre remplit des missions qui ne représentent aucune menace ni pour les USA ni pour les Etats européens. Il remplit certaines fonctions qui sont directement liées à la vie de la population serbe. Vous savez ce qui est écrit dans les documents qui réglementent le travail de ce Centre. Je répète qu'il est possible de le visiter tranquillement. Son activité est absolument transparente.
Je pense que les Serbes sauront ce qu'ils doivent faire sans les Américains.
Question: Pouvez-vous donner une précision. Si le Centre d'aide civile n'est pas une organisation d'espionnage, comme le disent certains médias occidentaux, alors pourquoi lui faut-il un statut officiel, une immunité pour le personnel du Centre? Pourquoi n'est-il pas possible de continuer d'apporter une aide avec le statut actuel?
Réponse: Parce que de tels centres ont des statuts appropriés, c'est la pratique existante. Je voudrais reposer la question: pourquoi cela préoccupe autant les sénateurs américains? Est-ce que cela représente une menace à Washington ou à l'Etat du sénateur? Qu'est-ce que les USA y ont-ils à voir? En quoi cela les concerne-t-il? C'est notre coopération avec la Serbie, avec le peuple serbe. Je pense que c'est la Serbie qui doit attribuer une note au travail de ce Centre, et c'est ce qu'elle fait.
Question: Que pouvez-vous dire au sujet des récentes déclarations de l'Ambassadeur des USA John Tefft qui a déclaré notamment que les sanctions américaines contre la Russie étaient un "salut contre une guerre avec elle"? Je rappelle qu'il s'agissait de son interview sur la radio Echo de Moscou le 28 août.
Réponse: Nous avons effectivement noté cette déclaration que l'ancienne administration américaine de Barack Obama songeait même à l'époque à une solution de force pour régler les problèmes avec la Russie. Du moins, il a été dit qu'un tel choix se posait. Mais ensuite il a été décidé soi-disant d'utiliser les sanctions.
Je voudrais simplement rappeler qu'aujourd'hui nous pouvons objectivement, avec les faits en main et sans émotivité, la tête froide, nous retourner pour voir ce qui s'est passé à l'époque. Je pense que plus personne ne doute que c'est Washington sous l'administration de Barack Obama qui a aidé à commettre le coup d'Etat à Kiev, puis, entre autres en utilisant les médias, a été inventée l'histoire de l'"agression russe", ce à quoi s'est ensuite ajoutée l'histoire sur l'"ingérence dans les élections américaines".
En ce qui concerne le scénario de force, même s'il était étudié, comme le dit l'Ambassadeur John Tefft, ils ont changé d'avis à temps. La logique qu'on ne peut pas jouer à ces jeux a probablement pris le dessus. Même si nous voyons des tentatives en permanence. Le scénario de force a été réalisé en Irak, une intervention directe a eu lieu sans aucun droit international, la même chose a été faite en Libye, avant cela une telle expérience a été faite à Belgrade, ils ont également mis la main sur la Syrie. Le tableau est clair. L'histoire des sanctions, comme nous a dit aujourd'hui le représentant d'un média étranger, a entraîné d'importantes pertes économiques aux USA, les sanctions ont durement frappé les pays européens. Elles n'ont aucun sens en tant que facteur de pression. John Tefft lui-même l'a dit dans son interview – la politique de sanctions est un "instrument contondant" ("blunt instrument").
Question: Les vétérans du renseignement américain ont adressé un message au Président américain Donald Trump en remettant en question la thèse largement évoquée aujourd'hui concernant une prétendue ingérence russe dans les élections américaines. Peut-on parler de lueurs de bon sens au sein de la société américaine?
Réponse: Je ne ferai pas de conclusions globales sur la présence ou non de lueurs. Nous travaillons pour que ces lueurs aient lieu. Et leur présence ou absence est une autre question.
Nous avons beaucoup commenté ce sujet. Vous vous souvenez parfaitement que l'ingérence dans les élections a été inventée sous l'ancienne administration par les représentants du Parti démocrate, par les candidats et les partisans. Cette désinformation a été relayée par tous les média mondiaux non pas comme un prétexte de scandale, mais comme une opportunité de marquer des points supplémentaires pour ce qui ont fait de la russophobie leur cheval de bataille professionnel, ceux qui ont perdu mais refusent de le reconnaître, qui cherchaient une explication, une justification aux yeux du public.
Je répète qu'à ce jour toutes ces déclarations n'ont été appuyées par aucune preuve. Nous n'avons reçu aucune preuve ni officiellement ni par la voie diplomatique qui expliquerait comme cette ingérence aurait pu avoir lieu.
Nous réaffirmons notre position à ce sujet. Elle reste inchangée. La Russie ne s'est aucunement ingérée et ne s'ingère pas dans les affaires d'autres Etats souverains, elle n'a rien à voir avec l'issue des élections américaines.
Je rappelle que quand WikiLeaks a menacé de publié la correspondance de Hillary Clinton, il était claire qu'une nouvelle fuite d'information confidentielle s'est produite. Mais si avant cela il était très difficile de trouver des informateurs, à cette période le Comité national du Parti démocrate a annoncé par un miracle (et cela a été fait très rapidement) avoir des preuves des services anonymes (à nouveau aucune preuve, aucun nom) que cette fois la fuite avait clairement une trace russe. Sur ces prétendues "preuves" s'appuyaient les autres accusations.
Je voudrais noter que c'est une histoire mainstream. Elle est ressassée continuellement. Mais il existe d'autres points de vue. En particulier, fin juillet les vétérans du renseignement américains de l'organisation Les vétérans professionnels du renseignement pour le bon sens (Veteran Intelligence Professionals for Sanity) ont publié un mémorandum adressé au Président américain Donald Trump qui concerne leur investigation sur le prétendu "piratage russe" – ils ont mené leur propre enquête indépendante. Pour le mainstream ses résultats étaient choquants puisqu'il a été annoncé que la Russie n'a rien à voir dans cet événement. Leur enquête criminalistique a apporté des preuves irréfutables de leur point de vue que la Russie n'a rien à voir dans ce piratage, mais aussi que ces données ont été copiées, et non piratées. Par conséquent, cette "fuite de données" ne pouvait pas résulter d'une attaque de hackers. Quelqu'un a précisément copié ces informations à partir du serveur du Parti démocrate. Visiblement quelqu'un ayant un accès direct aux ordinateurs. Or on sait qui dispose d'un accès direct aux ordinateurs du Parti démocrate au siège ou là où il se situe. Ce n'est certainement pas l'ambassadeur Sergueï Kisliak. Par conséquent, s'il est question d'une copie de données, cela a été forcément fait depuis le territoire américain. Comme l'écrivent les vétérans du renseignement, "les Russes sont devenus une couverture parfaite".
Nous espérons que ces informations aideront, qu'elles permettront de voir la situation de manière alternative. Nous ne disons pas que c'est le cas, nous n'avons pas de telles informations. Mais du moins une dilution du mainstream comme un regard sur l'existence de points de vue alternatifs doit être prise en compte.
Question: Le vice-Ministre polonais de la Culture Jaroslaw Sellin a déclaré que "la Pologne a subi les plus grandes pertes pendant la Seconde Guerre mondiale en termes du nombre de victimes humaines". Il a également déclaré qu'il fallait rappeler au monde que la Pologne a été la plus grande victime de la Seconde Guerre mondiale déclenchée par les Allemands et l'URSS. Que pouvez-vous dire à ce sujet?
Réponse: Bien sûr, de telles déclarations nécessitent aujourd'hui des commentaires politiques car elles sont manifestement faites pour des raisons et motivations politiques, avec un sous-entendu politique. Il me semble qu'il faut avant tout s'appuyer sur les documents, sur les faits historiques. Or nous savons parfaitement pourquoi des monuments sont démantelés en Pologne. Quand on nous dit qu'ils se trouvent simplement en mauvais état ou que les gens ne veulent pas les y voir, c'est faux, c'est une commande politique. Est-elle formée en Pologne même par certaines forces politiques ou est-elle importée de l'extérieur? Il s'agit peut-être d'une commande hybride qui est en partie élaborée en Pologne et en partie soumise de l'extérieur. On l'ignore mais l'histoire nous le dira. Nous savons parfaitement que tout cela ce sont les maillons d'une seule chaîne. Des monuments démantelés ont été en grande partie installés avec la participation et par la volonté entre autres des citoyens polonais. Personne ne dit que de tous, mais tous ces monuments ont été érigés et des citoyens polonais y déposaient des fleurs.
Pourquoi toute cette campagne a-t-elle commencé maintenant? Nous n'avons jamais affirmé qu'il existe en Pologne une attitude commune, une compréhension commune des causes et des conséquences, de ce qui s'est produit à l'époque immédiatement après la Seconde Guerre mondiale. Mais pourquoi ce processus avec les monuments, avec Sobibor, avec les déclarations que vous avez citées et les déclarations encore plus abominables que ni l'Armée rouge ni les troupes soviétiques n'ont libéré Auschwitz, mais que c'était des "Ukrainiens" (c'est répugnant quand on sépare les gens en fonction de la nationalité), a été initié aujourd'hui? Pourquoi pas il y a 10 ou 20 ans? Ce n'est pas une question de système, du camp auquel appartenait ou appartient la Pologne. Malheureusement, la vie est telle que les derniers témoins de ces événements quittent ce monde. Auparavant il était dangereux de faire de telles déclarations, qui auraient pu provoquer une réaction des vétérans polonais qui ont combattu avec des soldats soviétiques pour libérer leur pays, qui déposaient les fleurs devant ces monuments. Il n'en reste plus, il en reste quelques-uns dans tous les pays. Par conséquent, de nouvelles générations arrivent qui sont prêtes à réécrire l'histoire comme bon leur semble au profit de leurs intérêts politiques.
Il y a les décisions du procès de Nuremberg – des documents qui ne peuvent pas être contestés. Tout y est dit concernant l'agresseur, les victimes et l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Je pense qu'il faut régulièrement relire ces documents.
Et la question de savoir qui a subi les plus grandes pertes, elle ne doit pas être soulevée en principe. On peut dire que tout le monde a subi des pertes colossales. Ce sera juste. Et il faut dire également qu'on ne doit pas jouer et manipuler l'histoire pour éviter de telles victimes à terme.