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Extrait de la conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 9 mars 2023

441-09-03-2023

 

Sur la crise ukrainienne

 

Le 5 mars, l'Ukraine a célébré l'anniversaire de l'élimination du collaborationniste nazi Roman Choukhevitch. À cette occasion, le village de Belogorchtcha, près de Lvov, où il a été tué par les forces de sécurité russes, a organisée une fête de nationalistes qui chantaient sous les drapeaux de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) et même priaient.

Ainsi, les adeptes ukrainiens actuels des organisations fascistes ont montré de nouveau leur volonté de poursuivre la cause de leurs "héros", qui ont jusqu'au coude du sang de milliers d'Ukrainiens, de Russes, de Juifs, de Polonais et d'autres nationalités. De toute évidence, ils sont entièrement d'accord avec les méthodes punitives de Roman Choukhevitch qui appelait aux massacres et déclarait cyniquement: "Il ne faut pas avoir peur que les gens nous maudiront pour la brutalité. Qu'il reste la moitié de la population ukrainienne de 40 millions d'habitants - il n'y a rien de terrible à cela." C'est par ce "commandement" cannibale que le régime Zelenski est manifestement guidé aujourd'hui en continuant de sacrifier les vies de dizaines de milliers d'Ukrainiens au profit de ses propres intérêts mercantiles.

Nous avons appris que certains proches de prisonniers de guerre russes avaient commencé à recevoir des appels d'inconnus depuis l'Ukraine exigeant d'eux de commettre des sabotages et des attentats sur le territoire russe. Sinon ils menacent d'exécuter nos militaires en détention.

Comment le qualifier? C'est évidemment un crime. Nous condamnons fermement ces méthodes criminelles scandaleuses de Kiev. Nous appelons les organisations internationales compétentes à y prêter attention et à s'exprimer à ce sujet. Nous entendons qu'ils recueillent des informations sur les crimes en nous attribuant constamment quelque chose. Maintenant nous partageons des faits que les structures internationales compétentes peuvent prendre en compte puisqu'elles tiennent maintenant un tel registre.

Nous notons la conquête rampante du territoire ukrainien par la Pologne. Cela se déroule sur plusieurs axes. D'après les médias ukrainiens, la compagnie polonaise Lubawa spécialisée dans la production de hangars construira dans la région de Volhynie un centre de formation militaire soi-disant prévu pour 600 militaires ukrainiens. Le territoire pour la construction de ce site sera transféré à l'ambassade de Pologne en Ukraine avec toutes les conséquences juridiques que cela implique. Tout cela est fait au su du régime de Kiev.

Il est évident qu'en réalité il s'agit de l'intention de Varsovie de déployer son infrastructure pour augmenter les effectifs du groupement polonais, annoncé auparavant comme "légion polonaise volontaire", qui sera stationné à la base de ce centre. Si un jour vous entendez que Vladimir Zelenski "tient tout sous contrôle", "il n'est pas opposé" ou c'est "approuvé" - cela fait longtemps qu'il ne représente plus les intérêts de l'Ukraine, il agit dans le sens opposé. Ce qui est bénéfique, utile et nécessaire à ce pays a été sacrifié au profit de ses ambitions personnelles malades ou des directives de l'Occident. C'est la même chose dans le cas présent. En fait, la légion est mise en place pour former des unités de commandement afin de contrôler l'activité des organes du pouvoir et maintenir l'ordre sur les territoires de l'Ukraine occidentale. Varsovie et qui plus est Kiev ne sont pas inquiets que cela risque d'entraîner la Pologne directement dans le conflit ukrainien. Rappelons que les sites militaires en Ukraine sont une cible légitime pour nos forces armées.

Mais la Pologne ne se calme pas pour autant. Des images ont été diffusées sur internet où les "alliés" polonais du régime de Kiev expédient par camions le sol noir ukrainien. Cela ne rappelle rien? Sauf qu'à l'époque la Pologne était de l'autre côté de l'histoire, et le sol noir était expédié pendant la Seconde Guerre mondiale et la Grande Guerre patriotique par les fascistes et les criminels nazis. C'est exactement ce que faisaient les hitlériens. Je ne sais pas comment, mais nous voyons que les évènements de cette époque se répètent non seulement au niveau des symboles nationalistes, de la littérature et des gestes rituels, mais également d'un maraudage à l'échelle étatique. C'est incroyable. Je suis convaincue qu'il y encore un an on aurait dit que c'est de la "propagande russe", que c'est impossible. Mais si. L'objectif consiste à tirer un maximum de profit du conflit. C'est également ce que cherche à faire Vladimir Zelenski avec ses dirigeants occidentaux qui utilisent les habitants du pays comme de la chair à canon et qui ont organisé la liquidation totale de l'Ukraine. Ce n'est même plus une liquidation, il va falloir compenser quelque chose à quelqu'un. C'est du maraudage et du pillage.

Les chiffres témoignent clairement de la volonté des pays occidentaux de gagner un maximum d'argent sur le conflit ukrainien. Cette semaine, le Premier ministre ukrainien Denis Chmygal a reconnu que son pays recevait la majeure partie de l'aide sous forme de crédits. L'an dernier, sa dette publique a augmenté de 13 milliards de dollars, pour atteindre 111 milliards de dollars. C'est indécent. Pendant tout ce temps on disait aux Ukrainiens que l'Occident les aide et défend leur structure étatique. On a tant parlé d'aide gratuite étant un "signe d'amour et de préoccupation" concernant leur avenir, la démocratie en Ukraine, la liberté. Quelle liberté? C'est un véritable asservissement sans issue.

111 milliards de dollars est une somme insurmontable pour le pays le plus développé avec une économie et une industrie fleurissantes et une grande croissance. Pour l'Ukraine actuelle cette somme est un prétexte pour prendre entièrement ce qui restera de l'époque de la présidence de Vladimir Zelenski. On prendra tout. Cette année, l'Ukraine droit rembourser 18 milliards de dollars de prêts. Qu'arrivera-t-il, d'après vous? La réponse est évidente. Ce n'est que dans les pièges à souris que le fromage est gratuit. Et ce piège était préparé depuis longtemps. Il est magnifique, comme une peinture murale avec la mer, le soleil et la montagne. Beaucoup de citoyens ukrainiens menés par Vladimir Zelenski sont tombés dans le piège. Mais il s'avère à présent que c'est une mur en béton que tout le monde a percuté. Les citoyens de ce pays devront payer pour la politique de l'Occident et des autorités ukrainiennes.

les Anglo-Américains continuent d'exiger de l'Ukraine des actions offensives de plus en plus actives pour que, malgré les pertes monstrueuses, le régime de Kiev puisse prétendre aux armes occidentales (également à crédit). Dans ce contexte, nous avons remarqué une récente conférence de presse de Vladimir Zelenski, qui a déclaré que les États-Unis devraient envoyer "leurs fils et filles" dans la zone des hostilités. Ces propos ont suscité une grande indignation au sein de la société américaine. Ils ont fait surface seulement maintenant. Ce qu'ils disaient auparavant était minutieusement préparé pour l'establishment et la société américains afin de se présenter le mieux possible sans provoquer une forte irritation par sa logique monstrueuse. Nous voyons quels filtres sont mis en place dans les médias américains pour leurs propres citoyens. Aucun mot ne peut parvenir jusqu'au citoyen américain sans subir une censure interne intransigeante (auto-censure) dans les médias américains.

Qu'indiquent les propos de Vladimir Zelenski? Le régime de Kiev est passé de la mendicité au chantage direct. Ce ne sont plus l'argent ou les armes, mais les vies humaines qui sont en jeu. C'est intéressant ce qu'il a dit sur la zone des hostilités. C'était bien présenté du point de vue de la logique du régime de Kiev. Vladimir Zelenski n'a pas précisé où se trouve cette "zone" et où, selon lui, mourront les "fils et les filles" des citoyens américains. J'explique pourquoi: c'est une logique terroriste. Les combattants, les terroristes et les extrémistes lancent des hostilités là où ils le jugent nécessaire, là où c'est bénéfique et rapportera le plus de dividendes sanglants possible, et non là où se déroulent des combats entre des forces armées. C'est bien une logique terroriste.

Les groupes d'influence pro-ukrainiens en Occident s'efforcent de maintenir l'intérêt pour les évènements en Ukraine. À noter dans ce sens un récent article du journal britannique The Guardian rapportant que des sociétés de lobbying américaines ont gagné des millions de dollars sur les commissions des fabricants d'armement pour la promotion de leurs intérêts au sein du gouvernement américain. Les entreprises d'armement américains comptent également sur leur grande part du gâteau dans le conflit ukrainien.

De plus, sous prétexte de remplir des missions humanitaires, les Occidentaux continuent d'envoyer en Ukraine leurs mercenaires qui participent aux hostilités avec les unités ukrainiennes et se distinguent en commettant des crimes contre des civils. À noter que dans plusieurs pays fournisseurs de "soldats de la fortune" le mercenariat est un crime pénalement poursuivi. Mais cela n'intéresse personne. Beaucoup d'argent est en jeu, un jackpot géopolitique. Visiblement, quand il est question de conquête militaire du territoire ukrainien, on peut fermer les yeux sur la violation de ses propres lois. Ils y arrivent le mieux quand ils se ferment les yeux avec des billets.

À noter que sur fond d'affirmations des autorités militaro-politiques ukrainiennes concernant l'inévitabilité d'une fin victorieuse de la guerre en 2023 déjà, les maîtres occidentaux de Vladimir Zelenski ne sont pas de cet avis. Le sous-secrétaire américain à la politique de défense Colin Kahl a récemment reconnu que le confit en Ukraine pourrait durer encore deux ou trois ans. 

Tous ces faits montrent qui est réellement responsable de la poursuite des hostilités en Ukraine et qui est le véritable maître. Il n'y a aucune contradiction dans ce que nous déclarons sur la façon dont le régime de Kiev est passé au chantage direct. Aux États-Unis et dans d'autres pays occidentaux centrés sur l'Otan, un grand nombre de forces politiques, de personnes et de civils ne soutiennent pas leurs régimes dans cette aventure. Pour eux, ces faits sont évidents. Regardez les manifestations qui ont lieu dans toute l'Europe, la façon dont les experts qui ont un point de vue différent sont éliminés de l'espace d'information. Leurs articles n'apparaissent pas sur les pages des publications et sont bloqués sur l'internet. Cela montre que la communauté de ceux qui voient le caractère nuisible de l'aventure occidentale dans le contexte de l'Ukraine à l'échelle mondiale est en train de prendre de l'ampleur. Il n'y a aucune contradiction dans le fait que Zelenski subit une forte pression de la part de certaines forces, y compris pour qu'il fasse chanter leurs propres concitoyens afin de maintenir la tragédie.

Les représentants du régime ukrainien continuent de faire des déclarations barbares et de tenir une rhétorique agressive. L'autre jour, le chef du Conseil national de sécurité et de défense de l'Ukraine, Alexeï Danilov, a déclaré sur l'antenne de la chaîne ukrainienne Kanal 24 que l'Ukraine n'envisageait la "restitution" de la Crimée que par des moyens militaires, et a également reconnu que Kiev avait commencé à se préparer à la guerre avec la Russie dès le mois de décembre 2019. Permettez-moi de vous rappeler qu'à cette époque-là s'est tenu le format Normandie à Paris, avec toutes les déclarations, promesses et assurances en faveur de la mise en œuvre des Accords de Minsk et d'une solution politique à la crise ukrainienne.

Il s'avère aujourd'hui que les préparatifs militaires avaient commencé bien avant ce sommet. Il s'avère que les parties occidentales chargées de la mise en œuvre des Accords de Minsk étaient parfaitement informées de la voie qu'elles allaient emprunter. Cette voie impliquait non seulement la non-application des accords, mais aussi un conflit armé. Les autorités ukrainiennes ont une fois de plus confirmé qu'elles avaient frauduleusement désorienté la communauté mondiale et qu'elles n'allaient pas réellement remplir leurs obligations au titre des Accords de Minsk approuvés par la résolution 2022 du Conseil de sécurité des Nations unies.

Une photo représentant un "mémo" d'un "défenseur" de l'Ukraine, rédigé par l'église schismatique, a circulé sur Internet. Elle contient notamment des appels à combattre le monde russe et affirme que "tuer des Russes n'est pas un péché". De tels appels lancés par les schismatiques ukrainiens, qui bénéficient du patronage du régime de Kiev et des surpeviseurs occidentaux, prouvent une fois de plus qu'ils constituent un projet politique qui n'a rien à voir avec la religion et qui professe non pas des valeurs chrétiennes, mais des attitudes misanthropiques nazies. De tels exemples sont nombreux dans l'histoire: des représentants de l'une des religions du monde ont collaboré avec les hitlériens, les nazis et les fascistes au cours de la Seconde Guerre mondiale. Tout le monde l'a vu. On peut consulter et lire les documents pertinents. Il n'est donc pas possible de dire qu'il s'agit d'une sorte de vraie vie religieuse et spirituelle. Cela ne fait que partie d'un plan et d'un projet politiques visant à transformer l'Ukraine en une "anti-Russie".

Comme les dirigeants de la Fédération de Russie l'ont répété à maintes reprises, malgré tous les efforts déployés par l'Occident collectif pour nuire à tout prix à notre pays, personne n'a l'intention de se détourner du chemin tracé. Il est question de choses d’une importance vitale.

 

Sur les doubles standards de l'Occident à l'égard de l'Ukraine et du Kosovo 

 

Nous entendons de nombreuses accusations comme quoi nous ne respectons pas le droit international, que nous sommes du mauvais côté de l'histoire, alors que l'Occident est du bon côté.

L'hypocrisie et la duplicité se sont imposées comme une marque de fabrique de la diplomatie occidentale. Nous nous souvenons bien de la déclaration unilatérale d'"indépendance" du Kosovo en 2008, lorsque les États-Unis et l'UE ont déclaré à l'unanimité que la création de la "République du Kosovo" sans le consentement de Belgrade n'était pas contraire au droit international. Permettez-moi de vous rappeler que personne n'a demandé l'opinion de la Serbie. Belgrade a clairement exprimé sa position: la Serbie est contre ce projet et ne peut pas le soutenir. À l'époque, en 2008, il n'y a eu aucun référendum, même formel. À l'époque, grâce aux efforts de l'Occident, une argumentation douteuse a été formulée. Ils ont insisté sur ce point.

Aujourd'hui, 15 ans après, les pays occidentaux refusent de suivre leurs propres "normes" par rapport à la situation en Ukraine. Ils rejettent les résultats des référendums organisés en Crimée et à Sébastopol, dans les régions de la RPD, de la RPL, de Zaporojié et de Kherson sur la question du rattachement des territoires à la Russie, en les qualifiant d'"illégaux". Alors, en 2008, il n'y a pas eu de référendum sur le Kosovo. Les pays occidentaux – les États-Unis et l'UE (la Grande-Bretagne faisait alors partie de l'UE) – ont déclaré que c'était normal. Qu'est-ce qui a donc changé? Pourquoi à l'époque c'était normal sans référendum et aujourd'hui il s'avère ne pas l'être avec un référendum?

Permettez-moi de vous le rappeler encore une fois, car cela fait partie des spéculations dans les médias – les "députés" autoproclamés de Pristina ont simplement déclaré le 17 février 2008 comme journée d'indépendance de la province par défaut, contrairement à la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui constitue l'élément juridique international fondamental du règlement du problème du Kosovo. Il s'agit ici de volonté, de droit international, de légalité, etc.

Aujourd'hui, l'Occident utilise à nouveau sa méthode favorite. Le dialogue entre Belgrade et Pristina sous les auspices de l'UE a toutes les chances de connaître le même sort que le format Normandie. J'invite tous les experts, les politologues, les journalistes et le public à réfléchir au rôle que joueront les accords avec l'Occident. Après tout, ils ont été signés par des personnes "d'importance mondiale". Il ne s'agissait pas seulement de personnes représentant certaines forces politiques, mais de personnes ayant le pouvoir absolu de vérifier de tels documents. Il s'agit des pays occidentaux. Je tiens à dire que les Accords de Minsk ont été légalisés par le Conseil de sécurité de l'ONU. Qu'en a fait l'Occident? Ils ne les ont même pas rompus. Ils n'ont même pas entamé la moindre discussion sur la révision des Accords de Minsk, sur les amendements à y apporter, mais ont admis un beau jour qu'ils n'avaient pas la moindre intention de les mettre en œuvre. N'est-ce pas là la leçon parfaite que les pays centrés sur l'Otan ont donnée à tout le monde? Surtout à la Serbie. 

Les accords de 2013 et 2015, qui ont tracé la trajectoire vers un compromis, ont également été bénis par des garanties européennes. Vous souvenez-vous de 2013, 2014 ou 2015? Tout s'est déroulé selon les mêmes scénarios, devant la "caméra" avec les représentants de la politique étrangère de l'UE, avec l'approbation d'un certain nombre de présidents de l'Otan, sous les applaudissements. Toutes les images, comme ils l'avaient promis, sont là. Vous pouvez les voir aujourd'hui. Tout a été bafoué en un jour. Le problème est différent: au moment où ils ont signé toutes ces choses, déjà à l'époque, ils n'avaient aucune intention de les mettre en œuvre.

Par exemple, la signature du Haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité remonte à dix ans, dans le cadre de l'engagement de former une communauté de municipalités serbes au Kosovo. Cette structure est destinée à assurer la survie de la population serbe dans la province. Cependant, les autorités kosovares tentent par tous les moyens de saboter sa création, avec la connivence de Bruxelles et de Washington. Le papier est signé. Les documents sont en vigueur. Des années plus tard, les États-Unis et l'UE ont décidé d'imposer à Belgrade un plan révisé de règlement, dans lequel ces mécanismes de protection des intérêts de la population serbe du Kosovo ne sont pas mentionnés du tout.

Auparavant, nous interrogions nos (comme il s'avère aujourd'hui) "non-partenaires" étrangers, à quel moment ils étaient sincères. Lorsqu'ils signaient le document? Ou après, lorsqu'ils se rétractaient? Il est inutile de poser cette question maintenant, car tout le monde a la réponse depuis longtemps: ni à ce moment-là ni après. Cela ne prouve qu'une chose: il n'y a plus de confiance et il n'y en aura plus tant qu'ils pratiqueront une telle approche.

Bien entendu, ce genre d'"évolution" n'inspire pas confiance, car elle émascule l'idée même qui est vitale pour les Serbes et Belgrade. En ce qui concerne la crédibilité des "casques bleus" occidentaux, ce sujet a été abordé au début de ce commentaire.

 

Sur les nouvelles sanctions de l'UE pour les violations des droits des femmes

 

Pour la première fois, l'UE s'est mise d'accord sur une liste de sanctions en cas de violation des droits des femmes. Cette liste a inclus les citoyens de notre pays qui n'est pas membre de l'UE.

Cela concerne la question des prochaines sanctions. Il y a eu pas mal de questions qui nous ont été envoyées par les médias. En récapitulant toutes ces demandes, je peux dire que c'est vraiment la première fois que cela se produit. Ce n'est pas la première fois que nous voyons une telle approche occidentale, en particulier de la part de l'Union européenne. Mais cette fois-ci, une nouvelle raison a été inventée.

En adoptant d'autres restrictions unilatérales qui sapent les prérogatives juridiques internationales du Conseil de sécurité des Nations unies, l'Union européenne fait une fois de plus preuve d'une politique de double standard, ignore le principe de la présomption d'innocence et n'apporte aucune preuve de culpabilité. Dans le même temps, elle passe hypocritement sous silence les infractions évidentes commises par les combattants ukrainiens dans les régions du Donbass, de Zaporojié et de Kherson de la Fédération de Russie.

Les décisions sont souvent prises sur la base d'informations obtenues directement auprès du régime de Kiev. Nous connaissons tous très bien leur façon de falsifier et de déformer les événements. Par conséquent, le prix de ces verdicts illégaux, tout comme l'ensemble de la politique de l'UE en matière de droits de l'homme, est sans valeur.

Il est à noter que les fonctionnaires de l'UE ont décidé de célébrer la Journée internationale de la femme en adoptant des sanctions à l'encontre des hommes plutôt qu'en apportant un véritable soutien aux femmes. Soit dit en passant, elles sont beaucoup mieux protégées en Russie que dans les États membres de l'UE. Je peux vous citer un exemple que peu de gens dans l'UE connaissent. En Russie, les femmes peuvent bénéficier d'un congé de maternité payé de trois ans.

L'UE ferait mieux d'étudier notre expérience positive des droits de la femme plutôt que de faire ce qu'elle fait, à savoir détruire le droit international, se moquer des normes juridiques et inventer des certificats, des listes d'exclusion ou des restrictions de toutes sortes. Ils ont du pain sur la planche pour se rapprocher de ces normes. De telles décisions sont absolument illégitime. 

 

Sur le "Consensus national" promu par le gouvernement intérimaire haïtien d'Ariel Henry

 

Je voudrais attirer l'attention sur l'évolution de la situation politique intérieur à Haïti. Nous considérons la signature de l'Accord de Consensus national le 21 décembre 2022 et la formation du Haut Conseil de Transition comme un pas limité dans la bonne direction, qui, avec une approche appropriée de Port-au-Prince et de la communauté internationale, pourrait contribuer à normaliser la situation dans le pays.

Il est alarmant de constater qu'une grande partie des forces politiques locales a refusé de conclure les accords en question. Entre-temps, au lieu de chercher un terrain d'entente avec l'opposition, le gouvernement écarte effectivement tout dissident du processus politique sous prétexte de sanctions unilatérales adoptées par les pays occidentaux.

Compte tenu de l'histoire peu glorieuse de l'ingérence extérieure dans les affaires intérieures du pays, qui a pris la forme à la fois d'une intervention directe et d'une ingénierie politique, il semble que la série actuelle de mesures restrictives unilatérales adoptées par plusieurs pays pour contourner le Comité des sanctions 2653, ainsi qu'une éventuelle opération militaire dans le pays à laquelle travaillent les États-Unis et leurs alliés, ne visent pas tant la stabilisation déclarée de la situation sur le plan de la sécurité à Haïti que le dégagement du paysage politique en faveur de certains dirigeants, qui ont bénéficié d'une "indulgence pour tout" et d'un "droit au pouvoir" de la part de leurs protecteurs occidentaux.

La Russie ne favorise aucun parti et ne provoque pas de conflit extérieur dans les relations entre le gouvernement en place et l'opposition. Selon nous, il est incontestable qu'en l'absence d'un consensus véritablement large permettant de définir une issue de la crise, aucune des tâches visant à rétablir la paix et la stabilité, à redresser la situation socio-économique et, d'une manière générale, à ramener le pays sur la voie du développement institutionnalisé ne pourra être réalisée.

Le rejet d'un dialogue constructif et inclusif au profit de scénarios de confrontation sous de nobles prétextes n'est qu'une autre manifestation criminelle de la politique de "double standard", qui risque de provoquer encore plus de violence et de souffrances pour les citoyens de la région. 

 

Sur la stratégie américaine de cybersécurité

 

Nous avons prêté attention à la stratégie nationale de cybersécurité publiée par la Maison Blanche la semaine dernière. Un document odieux. Il contient toute une série d'accusations bien connues et infondées contre la Russie. Nous n'étions pas les seuls à tomber sous la main. Un certain nombre d'autres pays ont également été accusés d'utiliser les technologies de l'information et de la communication, prétendument dans le but de s'ingérer dans les affaires intérieures d'États "démocratiques". Bien sûr, ces États "démocratiques" nt s’ingèrent nulle part. Il n'y a pas un seul exemple de la façon dont les États-Unis et les pays de l'Otan s'ingéreraient dans les affaires d'autres États, n'est-ce pas? Seulement la Russie et quelques pays "non démocratiques", comme on les appelle dans tous les documents de la diplomatie américaine. 

Nous avons à plusieurs reprises commenté de telles accusations (non seulement dans le domaine de la cybersécurité, mais aussi dans d'autres). Des preuves concrètes sont nécessaires pour attribuer la responsabilité à un pays en particulier pour les activités malveillantes dans l'espace de l'information. De quoi je parle? Quand, ces dernières années, quelqu'un aux États-Unis s'est-il inquiété du besoin de preuves, de faits? Une fois, ils ont envoyé Colin Powell avec une éprouvette au Conseil de sécurité de l'ONU, ont fait tout un cinéma sur le fait qu'ils avaient des "preuves". Personne n'a même pris la peine de s'excuser auprès de la communauté internationale (sans parler de l'Irak) pour la falsification qu'ils ont organisée.

Apparemment après cela on a décidé d'oublier les tentatives de présenter une certaine base de preuves comme quelque chose d'absolument inutile et inefficace. Je pense dans le but de ne pas se retrouver une fois de plus dans des histoires "ridicules". Autrement dit, il n'existe aucune preuve. Cela s'applique également à ce rapport.

Des preuves concrètes sont nécessaires en cas d'allégations de violation de la loi dans le cyberespace. Tout cela malgré le fait que nous ayons suggéré à plusieurs reprises que les États-Unis utilisent les canaux de communication bilatéraux appropriés créés spécialement à cet effet pour clarifier toutes les questions, préoccupations et échanger des informations sur d'éventuelles menaces. C'est-à-dire que des canaux bilatéraux spéciaux ont été créés pour l’efficacité et pas seulement pour évoquer ces questions sur les plateformes internationales (ce qui nécessite plus de temps). Mais pourquoi les utiliser quand on peut prendre le micro sans présenter des preuves à qui que ce soit, accuser et tirer les conclusions appropriées?

Mais ce n'est pas le plus intéressant. C'est le fait que les États-Unis dans la nouvelle cyberstratégie tentent de s'attribuer la mise au pointe dans le cadre de l'ONU des règles de comportement responsable des États dans le domaine de la sécurité internationale de l'information (IIS). De plus, ils déclarent leur intention de punir les pays qui, de l'avis de Washington, violent ces règles. Il s'avère que la Maison Blanche ne revendique rien de moins que le rôle de "juge" et de "gendarme" dans l’espace numérique, consignant cela dans le document pertinent.

A cet égard, je voudrais rappeler aux "non-partenaires" que la discussion à l'ONU des règles de comportement responsable n'a pas été initiée par les Etats-Unis. Elle a été lancée par la Fédération de Russie. C'est à notre suggestion que des formats de négociation clés ont été lancés au sein de l'Organisation mondiale, y compris l'actuel Groupe de travail à composition non limitée sur l'IIS, et que les résolutions pertinentes de l'Assemblée générale sont en cours d'adoption. Permettez-moi de souligner qu'il n'a jamais été question d'un État, en particulier des États-Unis, exerçant des fonctions de police dans l'espace numérique. De manière générale, je voudrais conseiller à Washington de modérer ses ambitions, en particulier dans ce sens aussi, et de vérifier avec les faits ce que vous écrivez pour votre espace intérieur américain, pour vos citoyens. Ils existent toujours.

Les réflexions rituelles des auteurs de la stratégie des droits de l'homme ont attiré mon attention à la lumière des efforts de l'administration de Joe Biden de prolonger l'article 702 du Foreign Intelligence Surveillance Act. Je voudrais préciser: ce nom cache un instrument juridique notoire qui donne aux agences de renseignement américaines des pouvoirs pratiquement illimités dans le domaine de la surveillance électronique dans le monde, y compris sur le territoire des États-Unis lui-même, c'est-à-dire contre leurs propres citoyens.

Il est révélateur que les responsables de la Maison Blanche déclarent ouvertement que Washington a besoin de cette loi non pas tant pour lutter contre le terrorisme que pour faire face aux adversaires géopolitiques. Apparemment, la collecte de renseignements sur la Russie, la Corée du Nord, l'Iran et la Chine permet, entre autres, d'empêcher les attaques informatiques contre les infrastructures des États-Unis et de ses alliés.

Permettez-moi de vous rappeler une fois de plus: nous avons un canal de communication bilatéral avec les États-Unis sur les cas qui soulèvent des questions dans le cyberenvironnement. Et les États-Unis ne l'utilisent pas. Mais en même temps, ils ont besoin d'une loi de surveillance afin de prévenir les problèmes dans le cyberenvironnement. Illogique, stupide et myope.

En fait, les autorités américaines continuent (et n'en ont absolument pas honte) la pratique vicieuse de la surveillance totale et de l'interception des données des utilisateurs ordinaires d'appareils électroniques. Cela a été révélé au monde en détail par Edward Snowden. En fait il s'agit d'une violation flagrante des droits de l'homme fondamentaux. Dans ce contexte, les moralisations des droits de l'homme des représentants de Washington et leurs slogans sur la liberté d'Internet semblent encore plus hypocrites. 

 

Sur l'anniversaire du bombardement de Tokyo 

 

Lors d'une récente conférence de presse nous avons parlé de la stratégie de longue date des Anglo-Américains visant à réprimer l'ennemi à l'aide de tapis de bombes. Il s'agissait de l'anniversaire de la destruction totale de Dresde et du bombardement de Prague en 1945. Aujourd'hui, nous nous souvenons du raid le plus dévastateur de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.

Il y a 78 ans, dans la nuit du 9 au 10 mars 1945, 325 bombardiers lourds américains B-29 ont décolle des bases aériennes des Mariannes et se sont dirigés vers Tokyo.

Comme il est noté dans la section Documents historiques de notre site web, l'US Air Force a largué 1.665 tonnes de bombes et de napalm sur la capitale japonaise, tuant 83.000 habitants et en blessant 41.000 personnes. Selon d'autres sources, le nombre de morts a dépassé 100.000 personnes. En conséquence, 16,5 milles carrés de la ville, soit plus de 40% du parc immobilier, ont été incendiés et 180.000 familles se sont retrouvées sans abri. La nécessité de bombarder Tokyo d'un point de vue militaire est ambiguë. C'était un acte d'intimidation et de vengeance. L'utilisation du napalm a conduit à la destruction de la ville faite en grande partie de bois, à l'émergence d'une "tornade de feu".

Le correspondant soviétique Nikolaï Bogdanov arrivé à la capitulation du Japon le 31 août 1945 a partagé de tels souvenirs: "À quoi ressemble Tokyo après la guerre? Il s'avère que nous avions déjà traversé la ville pendant plusieurs kilomètres, sans remarquer la ville. L'asphalte coulait sous les roues de la voiture, des rails de tramway rouillés étaient visibles, il n'y avait aucun autre signe d'une rue de la ville. À gauche et à droite s'étendaient des friches brunes, parsemées de cendres. Ici dans le champ sauvage est apparue une vaste place asphaltée. Il y avait un policier dessus qui régulait la circulation. La place et la circulation sont là, mais il n'y a même pas une trace de maisons. C'était comme si nous roulions au fond d'une ville invisible emportée par une inondation fantastique.

... il ne reste plus que 15% des maisons à Tokyo. La plupart des bâtiments de style européen ont survécu - ministères, ambassades, banques... Les Américains lançaient des bombes incendiaires selon un système spécial, créant des cercles de feu. Partout où les Japonais se précipitaient, partout ils se heurtaient à un mur de feu. Fuyant le feu les habitants se jetaient dans l'eau. Il existe ici de nombreux canaux et même des étangs de baignade domestiques. Mais la chaleur était si forte que l'eau bouillait dans de petits réservoirs, et dans les grands les gens mouraient d’étouffement. On rappelait aux Japonais leurs bombardements barbares des villes chinoises sans défense."

Les atrocités de l'armée japonaise en Chine et dans d'autres pays asiatiques, ainsi que ses crimes militaro-biologiques, également dirigés contre notre pays, sont bien connus. Il ne fait aucun doute que le régime japonais a alors versé des rivières de sang, sinon des mers. Mais là il s’agit d'autre chose. Ces crimes doivent être punis conformément à la loi. Pendant ces années, il n'y avait pas de personnes plus terribles que celles qui étaient assises sur le banc des accusés à Nuremberg. Ces personnes étaient l'incarnation du mal absolu pour la planète Terre, mais elles étaient jugées selon les lois. Ces monstres ont été traités de la manière requise par la loi pour les prisonniers. Ce que j'ai décrit en citant un journaliste soviétique qui a vu Tokyo après les bombardements américains concernait principalement la population civile. Était-ce conforme au droit international? Les personnes et les forces impliquées dans les crimes doivent être condamnées. Plus tard, cela s'est produit lors des procès de Tokyo et de Khabarovsk, les vrais coupables parmi les dirigeants japonais y étaient présents. Mais avant cela, c'était justement la population civile qui était visée. N'est-ce pas blasphématoire?

Dans le même temps, le journaliste soviétique constatait avec étonnement "qu'à la périphérie, les usines d'avions Mitsui et les usines de canons Mitsubishi étaient intactes, non touchées par les bombardements".

Sur les 206 villes japonaises, 98 ont été bombardées et pilonnées par l'artillerie navale. À la suite des raids, 2.210.000 maisons ont été détruites et incendiées, environ un quart du parc immobilier japonais. Les pertes de la population civile à la suite des bombardements aériens et des tirs d'artillerie se sont élevées, selon diverses sources, à entre 500.000 à 900.000 personnes.

Cependant, comme en témoignent les faits historiques, les destructions inhumaines du "tapis de bombes" et les aventures atomiques américaines à Hiroshima et Nagasaki n'ont pas poussé le gouvernement japonais à capituler. La décision de mettre fin à la résistance n'a été prise qu'après l'entrée en guerre de l'Armée rouge.

Les bombardements de Tokyo, de Dresde et d'autres villes pacifiques s'inscrivent dans les traditions historiques américaines de la guerre. Le massacre de la population civile du pays ennemi est considéré comme acceptable s'il apporte un effet militaire rapide et intimide l'ennemi. Ensuite on a appelé tout cela "des pertes de la guerre". Ils ont un tel terme spécial. De la même manière les Allemands ne considéraient pas comme leurs atrocités et notamment le génocide de la population soviétique comme un crime de guerre.

En ce qui concerne le Japon, malheureusement Tokyo n'a pas encore pleinement réalisé et n'a pas reconnu sa culpabilité dans le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, qui, comme vous le savez, n'a pas commencé le 1er septembre 1939, mais le 7 juillet 1937 avec l’Agression japonaise en Mandchourie. Dans le même temps, comme dans le cas d'Hiroshima et de Nagasaki, les autorités actuelles du Japon ont peur d'"offenser" une fois de plus leur allié américain pour le bombardement de Tokyo en mars 1945. Le communiqué officiel du Conseil des ministres du 7 mai 2013 précise timidement qu'il "n'a certes pas respecté le principe d'humanisme, mais n'a pas contredit les normes du droit international de l'époque". Comment?! Que voulez-vous. Ce pays est également occupé par les États-Unis. Le personnel militaire américain et leurs bases s'y trouvent. Il n'est pas nécessaire de parler de la manipulation au sein de l'establishment politique du Japon par les Américains. Contrôle manuel. Je pense que cela se passe de commentaires.

 

Sur "l'annulation" de la culture russe 

 

Malgré les "ruses" en cours dans un certain nombre de pays occidentaux contre notre culture et ses artistes éminents, l'annulation d'expositions et de concerts, la proclamation arbitraire d'artistes et de poètes russes de renommée mondiale comme Ukrainiens, le désir ardent pour la culture de la Russie dans sa dimension moderne et historique dans le monde ne faiblit pas.

Les anniversaires de Fiodor Chaliapine, Sergueï Rachmaninov, Alexandre Ostrovski, annoncés cette année par le ministère de la Culture de Russie, inscrits au calendrier des dates mémorables de l'Unesco, ainsi que le 125e anniversaire de la fondation du Théâtre d'art public de Moscou et du 250e anniversaire de l'Académie de chorégraphie d'État de Moscou, ne passent pas inaperçus à l'étranger.

Le 150e anniversaire de la naissance du "fils brillant de la terre russe" Fiodor Chaliapine est largement célébré non seulement dans notre pays, mais aussi à l'étranger, où des événements sont organisés avec l'aide du ministère russe de la Culture, du ministère russe des Affaires étrangères, et des missions diplomatiques russes.

Le 16 février 2023, une série d'événements jubilaire en Italie a été consacrée à Fiodor Chaliapine - un concert d'artistes des théâtres Bolchoï et Mariinski et une table ronde "Le chemin de vie et l’œuvre de Fiodor Chaliapine en Russie et en Italie". L'exposition du Musée national russe de la musique "Bravo, Chaliapine!" à Rome était extrêmement intéressante. Elle a été réalisée avec beaucoup d'enthousiasme par les employés de l'Opéra de Rome et du théâtre La Scala de Milan, qui ont non seulement fourni les documents photographiques les plus rares et les publications d'archives consacrées à la participation de Chaliapine aux spectacles, mais ont également noté la contribution unique et intemporelle du génie russe au développement de l'art lyrique italien et européen, au patrimoine musical mondial.

 

 

Des réponses aux questions :

Question : Joyeuses fêtes !

Réponse : Merci ! J'accepte vos félicitations. Mais je voudrais les partager avec toutes les employées du ministère des Affaires étrangères et de nos missions à l’étranger.

J'ai lu des mensonges flagrants dans le Spiegel, ce qui m'a mis mal à l'aise pour eux. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'éprouver des sentiments particuliers à l'égard des médias allemands. Avec beaucoup d'entre eux, tout est clair, mais il y a tout de même une limite.

L'article qualifiait le ministère russe des Affaires étrangères d'organisation la plus sexiste qui n'emploie pas de femmes aux postes supérieurs. Je ne sais pas de quelles données ils disposent, ni ce qu'ils ont utilisé. Au sein de notre personnel, 47 pour cent sont des femmes. C'est pratiquement la moitié. Si nous ne prenons en compte que le personnel diplomatique, environ 35 pour cent de ses membres sont des femmes. Il faut savoir que, jusqu'au milieu des années 1980, les établissements d'enseignement spécialisé n'admettaient pratiquement pas de filles. Quarante ans plus tard, 35 pour cent de notre personnel est composé de femmes.

Si les Occidentaux pensent que nous allons chercher à atteindre des quotas artificiels, ne vous inquiétez pas, nous ne le ferons pas. Nous comprenons les qualités professionnelles.

Hier, Komsomolskaya Pravda a publié un article basé sur un discours direct de femmes membres du personnel du ministère, des cadres supérieurs (consules générales, directrices adjointes de départements, chefs de services). Répondant aux questions des journalistes, les femmes diplomates ont avant tout mis l'accent sur le professionnalisme comme principal critère d'avancement de carrière. Pas un mot sur le genre, les quotas et autres nouvelles tendances. Il ne fait aucun doute que nous, en tant que femmes travaillant au ministère, avons le droit d'avoir notre opinion et que nous le pensons vraiment.

Il ne s'agit pas d'une histoire imposée, ni d'une tendance inventée. C'est quelque chose que nous ressentons sincèrement, après avoir travaillé dans notre ministère pendant de nombreuses années. Aucun quota, aucun sexe ne fera un professionnel d'un non-professionnel et ne pourra former une attitude respectueuse à l'égard des employés. Il n'y a que le travail, le professionnalisme et l'amélioration constante de soi.

Question : Le 27 février dernier, Belgrade n'a pas signé le plan franco-allemand pour le Kosovo. Les médias annoncent maintenant qu'un nouveau cycle de négociations aura lieu le 18 mars prochain. Combien de fois la Serbie doit-elle dire non à l'Occident, et l'Occident a-t-il les limites nécessaires pour finalement laisser de côté la question de l'intégrité territoriale de la Serbie ?

Réponse : Cette question devrait être adressée à la partie serbe et à ses structures officielles. On a beaucoup parlé aujourd'hui de l'étymologie de la crise et de toutes les atrocités commises par l'Occident à l'encontre de la Serbie dans le dossier du Kosovo.

Par leurs manœuvres déshonorantes autour de la question du Kosovo, les États-Unis et l'UE tentent de se laver de la honte de l'agression de l'OTAN contre la Yougoslavie en 1999 et des crimes de guerre commis à l'époque, pour lesquels personne n'a jamais été tenu responsable. Ils tentent d'y parvenir en forçant la Serbie à accepter, d'une manière ou d'une autre, le fameux "statut d'État" du Kosovo. L'Occident n'a plus de limites, y compris morales, dans ce contexte ou ailleurs.

Nous plaidons inébranlablement en faveur d'un règlement pacifique du problème du Kosovo sur la base du droit international et de la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui est fondamentale. Nous continuerons à aider nos partenaires serbes à défendre leurs intérêts légitimes, leur souveraineté et leur intégrité territoriale en ce qui concerne le Kosovo.

Quant à savoir combien de fois il faut refuser, la question n'est pas de savoir combien de fois il faut dire non, mais s'il existe une volonté de défendre sa propre souveraineté et ses intérêts nationaux et d'œuvrer pour l'avenir de son État.

Question : Dans quelle mesure la Russie est-elle prête à aider la Serbie et la Republika Srpska à lutter contre les pressions occidentales les forçant à imposer des sanctions et à se joindre à l'hystérie antirusse ?

Réponse : Je l'ai déjà dit en partie. Nous sommes conscients de la pression sans précédent exercée par les centres de décision occidentaux sur nos partenaires dans les Balkans (cela s'applique non seulement à la Serbie, mais aussi à d'autres pays) pour les forcer à aller à l'encontre des intérêts de leurs propres peuples. Il ne s'agit pas seulement d'une histoire en rapport avec la Russie, ni d'une tentative de démontrer que ces pays sont pris d'une frénésie antirusse à l'encontre de notre pays. Il s'agit également d'une tentative pour les forcer à aller à l'encontre de leur propre peuple (parce que les intérêts nationaux des États sont violés), à l'encontre de leur conscience et de la vérité historique, à se joindre à la bacchanale russophobe, à réécrire l'histoire dans les manuels scolaires, à permettre aux vandales de détruire les monuments là-bas aussi, à raconter dans les médias des mensonges, sans sourciller, sur la Russie, l'Union soviétique, notre peuple soviétique, l'Armée rouge, disant qu'ils n'ont pas été des libérateurs pendant la Seconde Guerre mondiale (pour nous pendant la Grande Guerre patriotique), que notre rôle a été complètement différent. C'est tout ce qu'ils veulent leur faire. Jusqu'à présent, certains pays résistent, la Serbie en particulier. Nous constatons qu'ils ont jusqu'à présent suffisamment de force et de patience (ce qui est important) pour s’y opposer.

Nous construisons nos relations avec la Serbie sur le fondement séculaire de l'amitié et des affinités spirituelles des peuples des deux pays, ainsi que sur les avantages économiques. Personne n’y renonce. À mon avis, cela va de soi. Etrangement, nombreux sont ceux qui pensent qu'il s'agit d'une coopération purement idéologique ou d'une proximité politiquement motivée. Il n'en est rien. C'est ainsi que les choses se sont passées historiquement. Et aujourd'hui, l’économie serbe en profite également.

Nous travaillons honnêtement et ouvertement. En Serbie, ils savent qu'ils peuvent toujours compter sur notre soutien. Nous continuons à mettre en œuvre des projets communs de grande envergure dans les secteurs de l'économie, de l'énergie, des infrastructures et de la haute technologie. Nous sommes convaincus qu'il en va de l'intérêt national de la Russie et de la Serbie. Nous ne nous contentons pas de promettre de faire quelque chose et d'avancer des idées mythiques, ni d'accorder des prêts mirifiques avec des paramètres de remboursement irréalistes, etc. Nous avons mis en œuvre un grand nombre de projets de grande envergure au profit de la Serbie.

Nous apprécions grandement le choix de principe de la Republika Srpska en faveur du développement tous azimuts d'une coopération mutuellement bénéfique avec la Russie. Nous ne doutons pas que les glorieuses traditions nous permettront, cette fois encore, de relever les défis communs. Pour notre part, nous sommes systématiquement impliqués dans la mise en œuvre de toutes les initiatives et de tous les accords existants visant à améliorer le partenariat bilatéral. Nous sommes convaincus qu'une amitié solide est la garantie d'une interaction égale, qui ne peut être perturbée par aucune menace extérieure.

La coopération avec nos partenaires serbes n'est pas dirigée contre des pays tiers. Elle renforce la sécurité et sert l'objectif du développement.

Question : La société publique polonaise d'énergie, Orlen, a annoncé son intention de poursuivre Moscou pour avoir interrompu les livraisons de pétrole de la Russie à la Pologne via l'oléoduc Druzhba. Dans le même temps, certains hommes politiques européens affirment que l'Europe a réussi à se débarrasser des hydrocarbures russes. Y a-t-il une logique dans les actions des Européens et comment Moscou parvient-il à concilier des positions aussi contradictoires avec ses homologues européens ?

Réponse : Cette situation relève de la médecine. Vous avez tout à fait le droit de comparer deux déclarations, deux citations. Il ne s'agit pas simplement de phrases distinctes, sorties de leur contexte. Il s'agit d'une idéologie clairement articulée. Son fondement n'est pas né dans les profondeurs de la Pologne. C'est une idéologie imposée à la Pologne par les manipulateurs occidentaux de la région qui ont tenté de la dominer d'année en année, de siècle en siècle. Elle se résume au fait que les ressources de notre pays ne doivent pas être gérées par nous, mais par ceux qui, selon eux, y ont droit en vertu de leur "exceptionnalisme". Il y a eu diverses tentatives pour nous enlever ces ressources : conquête, destruction de la population, gestion de l'intérieur, contrôle de ces ressources, etc. Il y a eu des tentatives pour construire des relations normales. Nous avons vendu nos ressources à des conditions mutuellement avantageuses, en réalisant des bénéfices en retour. En même temps, pendant des décennies, en fournissant des biens de qualité, nous avons également démontré nos capacités en tant que fournisseurs égaux. Mais cela ne leur convenait pas. Pourquoi ? Premièrement, nous faisions des bénéfices, deuxièmement, cela indiquait l'égalité, et troisièmement, cela éliminait les questions relatives à l'utilisation mutuellement bénéfique des ressources russes en tant que marchandise. Après tout, elles n’ont jamais représenté qu’une cible à saisir et l’objet du désir d’accaparer et de partager non pas entre tous mais au sein d’un groupe de privilégiés autoproclamés.

En l’occurrence, on peut le "traduire" comme suit : notre pays devrait donner tout ce dont on a besoin pour développer les régimes occidentaux, assurer leur sécurité, leur bien-être économique, leurs taux de croissance. En retour, nous ne devrions pas recevoir d'argent, ni de fonds, ni même de garanties, mais une déstabilisation du périmètre de nos propres frontières et une escalade des conflits. Tel est le nouveau concept que l'Occident pousse aujourd'hui dans différentes directions.

L'UE a pris une décision purement politique et non autonome de se débarrasser des hydrocarbures russes. Cela ne correspond pas aux besoins de l'Union européenne. Elle avait besoin de tout autre chose, que nous lui avions fournie : des ressources. Ils ont payé un prix absolument proportionnel et mutuellement bénéfique pour cela. Nous avons fourni un produit de qualité, hautement compétitif. Il ne s'agissait pas seulement d'un commerce primitif de ressources, mais d'un formidable développement de la science, de la technologie, de l'économie et de la finance, autant de sphères qui encadraient cette coopération énergétique. Sans oublier l'éducation, y compris les stages, les échanges mutuels de scientifiques, etc. Tout cela fait certainement partie de cette image globale de la coopération énergétique entre la Russie et le continent européen dans son ensemble.

Lorsque l'on a commencé à parler de "devoir" renoncer aux hydrocarbures russes, il était clair que les États-Unis tiraient les ficelles. Ils ne l'ont pas caché. Au contraire, ils ont souligné qu'ils estimaient qu'un programme énergétique commun n'était pas nécessaire pour le continent européen et que l'Europe ne devait pas être un espace énergétique unique. Ils ont déclaré qu'il ne devait pas être "dilué" par les ressources américaines. Et que seules les ressources américaines ont le droit de dominer la région. Rappelons que l'Amérique ne fait pas partie du continent européen. Personne ne s'est opposé à la participation concurrentielle des États-Unis au marché de l'énergie de l'UE ou de l'Europe. Non. Proposez un prix plus intéressant, négociez, passez à un autre niveau de qualité qui intéressera les acheteurs. Mais non. Une fois de plus, les choses se sont passées ainsi : matraquage, barbarie et tout le reste.

L'Union européenne a résisté jusqu'au bout, ce qui a conduit à un attentat terroriste dont personne ne connaît l'auteur, avant que les dirigeants politiques de l'UE ne soient suffisamment mûrs pour prendre des décisions suicidaires concernant l'abandon des ressources russes. Vous voyez toutes ces théories absurdes qui sont lancées.

L'Union européenne est confrontée à de graves problèmes économiques : hausse de l'inflation, baisse du PIB, menace de désindustrialisation. Les choses ne se passent pas comme Bruxelles l'avait espéré. Aujourd'hui, Varsovie, sur fond de tonalité moqueuse des "communiqués de victoire" prononcés récemment, y compris en ce qui concerne nos ressources énergétiques, décide en fait d'exiger la poursuite de l'approvisionnement en pétrole russe par l'oléoduc Druzhba.

Question : Lors d'une conférence de presse à Bakou, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que l'établissement d'un poste de contrôle sur la route de Lachin n'était pas prévu dans la déclaration trilatérale des dirigeants, "mais il est possible de lever par des moyens techniques les soupçons qui existent quant à son utilisation aux fins prévues". La semaine dernière, un conflit armé a opposé des soldats azerbaïdjanais et arméniens sur fond de soupçons similaires. A quels moyens techniques le chef de la diplomatie russe fait-il référence, et leur utilisation est-elle prévue dans un avenir proche ? D'une manière générale, quel type d'assistance Moscou entend-il apporter pour prévenir de tels incidents ?

Réponse : Je n'ai rien à ajouter à ce qu'a dit M. Lavrov. Je peux dire que des contacts appropriés ont lieu avec les parties, avec la participation du commandement du contingent russe de maintien de la paix, en collaboration avec notre agence. La recherche des moyens de résoudre la situation autour du corridor de Lachin et du Haut-Karabakh en général se poursuit. Il n'y a pas lieu d'entrer dans les détails publiquement en raison de la sensibilité de la question.

Question : L'agence Reuters cite une source haut placée au sein des autorités ukrainiennes, qui affirme que Kiev a entamé des négociations avec ses partenaires pour prolonger l’"accord alimentaire", et que la Russie n'y participe pas. Cette information correspond-elle à la réalité ? Quelle est la position de Moscou sur la prolongation de l'accord alimentaire à l'heure actuelle ?

Réponse : Je ne peux pas dire quels sont les contacts dans lesquels nous sommes impliqués ou non, car ils sont très nombreux. Je peux dire qu'une autre série de consultations est prévue pour le 13 mars à Genève, en présence d'une délégation interministérielle russe et de hauts fonctionnaires des Nations unies, Martin Griffiths, Secrétaire général adjoint des Nations unies aux affaires humanitaires, et Rebeca Grynspan, Secrétaire générale de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). L'accord que vous avez mentionné sera discuté à cette occasion.

Question : David Beasley, directeur exécutif du Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM), a déclaré que l'"accord sur les céréales" de la mer Noire devait être prolongé "à tout prix". S'il n'est pas prolongé, le monde sera au bord d'une déstabilisation massive et d'une famine, a-t-il déclaré. Comment évaluez-vous les perspectives d'extension de l'"accord sur les céréales" alors que le ministère russe des Affaires étrangères est connu pour dire que les engagements de débloquer les exportations de céréales et d'engrais russes dans le cadre de l'accord n'ont jamais été respectés ?

Réponse : Il ne s'agit pas d'une prévision météorologique, qui ne dépend pas de ceux qui la font. Il s'agit d'un processus de négociation impliquant des délégations. Nous avons déclaré à plusieurs reprises qu'il s'agissait d'un accord "global". Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, l'a dit à plusieurs reprises. Nous ne l'avons pas inventé nous-mêmes. Ce format d'accord avait été proposé par le Secrétaire général des Nations unies, M. Guterres. En l’occurrence, un accord global implique deux volets. Les deux doivent être mis en œuvre.

Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour garantir la mise en œuvre des deux volets, des deux orientations de cet accord. Dans ce cas, la prévision est optimiste. Si l’on "tombe à l'eau" à chaque fois et que la deuxième partie de l'accord n'est pas respectée indéfiniment, la prévision pour la mise en œuvre est pessimiste. Il n'y a rien de nouveau à dire. Je ne fais que répéter ce qui a été expliqué à plusieurs reprises par la partie russe à tout le monde : aux participants à l'accord, aux fonctionnaires de l'ONU et au Secrétaire général de l'ONU, à la fois publiquement et en coulisses, à la fois en détail et brièvement.

Question : Jason Crow et Adam Smith, membres du Congrès américain, ont déclaré à Reuters le 6 mars dernier que l'Ukraine avait demandé aux États-Unis de lui fournir des armes à sous-munitions afin de les utiliser pour attaquer les forces armées russes à partir de drones. Comment Moscou peut-il commenter cette initiative ? Et comment évaluer les perspectives de fourniture de telles munitions ?

Réponse : L'initiative du régime de Kiev ou des sénateurs ?

Question : L'initiative est venue de l'Ukraine. Comment pouvez-vous évaluer la perspective de fournir de telles munitions ?

Réponse : Je ne peux ni ne dois commenter la qualité de votre question. Vous avez le droit de poser n'importe quelle question. Je ne peux m'empêcher de noter que, pour savoir si nous pouvons commenter cette initiative, il faut obtenir la confirmation de la partie qui est à l'origine de cette proposition, de cette demande, de cette exigence. Kiev, le régime de Kiev et ses représentants devraient y répondre. Si c'est ainsi ou autrement, à qui ils ont adressé leur demande, etc.

Récemment, des représentants de haut rang du régime de Kiev ont déclaré dans la sphère publique qu'ils n'avaient pas l'intention d'utiliser les armes fournies pour frapper le territoire de la Fédération de Russie. Nous comprenons parfaitement que le régime de Kiev ne mérite aucune confiance. Tout le monde en est déjà convaincu.

Il n'y a pas de preuves factuelles pour étayer ce point de vue à l'heure actuelle. Mais je pense que vous avez la possibilité d'interroger les représentants ukrainiens à ce sujet. Si l'information est confirmée, nous devrons réagir en conséquence. Il n'est pas difficile de prédire quelle sera cette réaction. Nous avons déclaré à plusieurs reprises que toute fourniture d'armes sur le territoire du régime de Kiev est notre cible légitime.

Quant à la fourniture d'armes destinées à être utilisées sur le territoire russe, nous l'avons également commentée à maintes reprises. Cela rend ces pays complices de tout ce qui se passe et les rapproche d'une confrontation avec notre pays.

Si vous avez l'occasion de recevoir un discours ou une réaction directe (même sans citation précise) des structures officielles représentant le régime de Kiev, nous serons heureux de les commenter.

Question : Les explosions des pipelines Nord Stream ne feront pas l'objet d'une enquête par le Centre international de La Haye, a déclaré le porte-parole de la Commission européenne, Gunnar Wiegand, lors d'une réunion d'information à Bruxelles. Il a déclaré que l'incident des gazoducs ne relevait pas de la compétence de l'agence responsable. L'Occident offre-t-il à la Russie d'autres plateformes pour une enquête conjointe, y compris les points soulignés dans les documents du journaliste américain Seymour Hersh ? Par ailleurs, comment évaluez-vous les informations relatives à l'implication d'un groupe pro-ukrainien dans les dynamitages ?

Réponse : Vous posez une "question à un million". Je veux dire qu’elle implique un million de réponses. Beaucoup de choses sont complexes. Voyons ce qu'il en est.

Nous pouvons constater (nous en avons parlé aujourd'hui) l'impuissance totale de l'Union européenne et des pays du continent européen qui ont souffert de cette attaque terroriste. Il s'agit de dommages à l'économie, aux finances, aux infrastructures, à la sécurité, à l'écologie. Beaucoup de choses ont été perturbées. Il n'y a pas que la sécurité énergétique. De nombreux aspects sont touchés par cet attaque terroriste. Les pays directement impliqués dans cette histoire, dans les eaux territoriales desquels l'incident s'est produit, les pays voisins, les bénéficiaires des ressources énergétiques, les participants au projet (Nord Stream 1, Nord Stream 2) n'ont pas le droit, étant donné qu'ils sont intégrés dans un modèle centré sur l'OTAN, de s'exprimer, de faire des suppositions ou de répondre aux questions qui sont apparues après l'intervention du journaliste américain M. Hersh. Les Européens ne nous impliquent pas dans l'enquête, ils essaient de nous accuser. Ils trouvent toutes sortes d'excuses. Ils en sont arrivés à un point où ils ne sont pas autorisés à commenter quoi que ce soit tant que l'enquête n'est pas terminée. En même temps, tout au long de leur vie (je parle de l'histoire récente), ils ont été les premiers à se précipiter vers le microphone non seulement pour commenter, mais aussi pour accuser et condamner en rapport avec ce qu'ils ont eux-mêmes fabriqué de nombreuses manières provocatrices. Par exemple, Salisbury, Amesbury, tous les autres empoisonnements à l’agent Novitchok. Et maintenant, ils disent qu'ils n'ont pas le droit. Ils trouvent de plus en plus d'excuses pour ne pas s'intéresser au sort de leurs propres pays, à leur économie, à leurs finances, à leur sécurité énergétique. Ces éléments sont actuellement liés entre eux.

Si vous vous souvenez de la première réaction des dirigeants de la Commission européenne à ce qui s'est passé, ils n'ont pas parlé d’action subversive, mais de sabotage, craignant le mot "attentat terroriste". Comme vous vous en souvenez, tout camion qui s'écrasait contre quelque chose dans les pays européens (parfois sans même faire de victimes) était immédiatement présenté comme une attaque terroriste. Je vous rappelle qu'un pipeline a été dynamité. Pas un seul, mais plusieurs. Cela a été fait de manière professionnelle, technique et évidemment avec l'implication des services spéciaux, car vous comprenez que des chasseurs ou chercheurs de perles n'auraient pas pu le faire. Il est clair qu'il s'agissait d'une opération planifiée utilisant des moyens militaires appropriés. Et soudain, c'est l'impuissance absolue dans les commentaires. Ils n'ont même pas parlé d'attentat terroriste, l'ont éludé, ont parlé de sabotage, etc.

Au début, vous vous en souvenez peut-être, la Commission européenne avait l'air plus audacieuse. Elle se disait déterminée à protéger les infrastructures critiques de l'UE. Ensuite des "allusions" ont commencé pour indiquer qu'il s'agissait peut-être de la Russie, car qui d'autre que la Russie aurait pu le faire. C'est alors que l’"atrophie" s’est mise en place. Apparemment, les faits sont apparus après une première inspection de la scène. C'est alors que les journalistes ont commencé leur propre enquête. Et tout a été fini. Il est toutefois fort probable que leur "grand frère", le manipulateur de tout ce qui se passe sous le "parapluie" de l'OTAN, ait interdit toute enquête alternative, plaçant tout sous son contrôle.

À en juger par les actions ultérieures de Bruxelles, ils sont prêts à protéger leur sécurité et toute infrastructure énergétique, à l'exception de celle dans laquelle la Fédération de Russie est impliquée. D'après ce que je vois, la détermination a diminué de façon considérable.

En Occident, les enquêtes des journalistes qui fournissent des faits sont totalement ignorées. Le journaliste lauréat du prix Pulitzer que vous avez mentionné, Seymour Hersh, a présenté une enquête qui contient des données. Elle doit être commentée. Mais nous assistons à un silence total. C'est une situation étrange. Peut-il s'agir d'un processus actif ? En l’occurrence, oui. Les sons, les lumières, les retransmissions sont éteints pour éviter que l'enquête ne tombe dans le domaine public et faire en sorte qu'elle reste hors du champ de l'information. Comment y parvient-on ? Par un contrôle total des médias. Quelle est la réaction de l'Union européenne ? Une apathie totale sur le sujet. Apparemment, pour éviter d'ennuyer Washington, ils ignorent complètement toute idée d'enquête. Ce n'est pas leur genre.

En revanche les schémas de la gestion de l'information sont bien familiers. Ce sont les réactions de l'UE et de l'OTAN aux événements qui les concernent qui ne sont pas les mêmes. Et, si vous vous souvenez bien, lorsqu'il s'est agi de la situation à Salisbury, à Amesbury, de toute cette histoire de l’agent Novitchok, il n'y avait aucune preuve. Les questions de savoir si tout cela s’est réellement produit, ce qui est arrivé aux Skripal, où ils sont, dans quel état ils sont, n’ont jamais été éclaircies... Il n'y a eu aucun discours direct. Une fois, un enregistrement vidéo a été montré, clairement pas fait par des journalistes, montrant la fille de Sergueï Skripal, qui a lu son texte préparé à l'avance sur le prompteur, et c'est tout. Aucune communication avec eux. Personne ne sait ce qui s'est passé. Il en a été de même pour l'"empoisonnement" d'Anatoli Navalni. Aucune information provenant de sources primaires, aucun fait.

En l’occurrence, les faits sont là. Il y a un corpus delicti, de la subversion, des données, des enregistrements vidéos. Il y a une énorme quantité de matériel qui a enregistré tout cela : ce qui s'est passé, ce qui s’était trouvé dans la région quelque temps auparavant. Tout est là. Il faut l'étudier et l’exposer. Mais le silence est total.

Rappelez-vous qu'à l'époque, quelque part, des canards morts auraient mis mal à l'aise le président américain Donald Trump (sa fille les lui avait montrés) et l'auraient incité à expulser les diplomates russes. Une telle histoire a été racontée à propos des canards. Quels canards ? Dans ce cas, il s'agit de pipelines dynamités au fond de la mer Baltique. Cela a entraîné d'énormes émissions de diverses substances dans l'atmosphère. Les scientifiques considèrent qu'il s'agit d'une véritable catastrophe écologique. Aucune émotion. Peut-être parce que les canards ont quelque chose à dire et que les poissons restent silencieux. Difficile à imaginer, mais cela ressemble à une histoire drôle. Mais nous sommes tous en train d'en faire l'expérience.

Les demandes antérieures de la partie russe aux gouvernements de l'Allemagne, de la Suède et du Danemark pour une enquête indépendante et complète, avec sa participation, ont été ignorées. L'Occident évite totalement tout contact avec la Russie à ce sujet. La question d'autres plateformes possibles pour une enquête conjointe n'a même jamais été soulevée.

Nous sommes certainement en faveur d'une enquête à grande échelle sur la base des normes juridiques pertinentes. Je le répète, il ne s'agit pas d'une menace mythique, d'une histoire inventée ou d'un acte douteux qui pourrait ou non avoir été commis. Il s'agit d'un acte de terrorisme qui présente toutes les caractéristiques d'une catastrophe environnementale, énergétique, etc. à grande échelle qui a affecté la vie d'un grand nombre de personnes, de pays et d'écosystèmes, et qui a été commis à l'aide de moyens spécialisés auxquels les gens ordinaires et les citoyens ordinaires n'ont pas accès. Ces moyens appartiennent exclusivement et uniquement aux services spéciaux des États.

Question : Lors de l'ouverture de la 52e session du Conseil des droits de l'homme à Genève le 27 février dernier, le Secrétaire général des Nations unies, M. Guterres, a appelé les participants à la session : "Le temps est venu de se placer du bon côté de l'histoire, de défendre les droits de chacun, partout dans le monde. Face aux difficultés d'aujourd'hui et de demain, nous devons revenir à la Déclaration universelle et veiller à sa pleine mise en œuvre". De quel "bon" côté pensez-vous qu’il est question ?

Réponse : Nous avons lu le discours du Secrétaire général des Nations unies lors du segment de haut niveau de la 52e session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies qui se tient actuellement à Genève.

Le Secrétaire général a souligné à juste titre que la communauté internationale célébrait cette année le 75e anniversaire de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme qui est l'instrument international clé en matière de droits de l'homme, dans lequel les États ont affirmé leur détermination à "proclamer leur foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité des droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites".

Dans le même temps, M. Guterres a déclaré que les dispositions et les idéaux de la Déclaration sont aujourd'hui menacés de toutes parts, et l'une de ces menaces, selon le Secrétaire général des Nations unies, est l'opération militaire spéciale russe. Il s'agit d'une approche superficielle et, surtout, irresponsable, alors que les violations des droits et libertés de la population russophone et l'agression contre les habitants du Donbass par le régime de Kiev sont complètement ignorées. Permettez-moi de vous rappeler que la composante juridique de cette question est ignorée, qu’il n’est pas tenu compte des référendums, etc.

Selon nous, un retour à la mise en œuvre des instruments fondamentaux des droits de l'homme par tous les gouvernements, y compris la Déclaration universelle des droits de l'homme, le respect du droit international, le rejet des pressions et du chantage, et la garantie de l'égalité de tous les États, peuvent restaurer la paix et la prospérité sur notre planète. Du moins, pas en tant qu'absolu, mais en tant qu'objectifs déclarés et possibilité de les réaliser. C'est alors que nous serons probablement tous du "bon côté de l'histoire". Si nous cherchons à déterminer le "bon" et le "mauvais" côté de l'histoire, nous devons nous rappeler que l'histoire n'est pas un jour, une semaine ou une année. C'est un processus, un état dans lequel nous nous trouvons. Il serait opportun d'aborder alors d'autres défis pour les droits de l'homme et d'analyser qui et quand a été de tel ou tel côté de l'histoire au cours de l'histoire récente. Pourquoi sommes-nous les seuls à avoir reçu un honneur aussi douteux ? Pourquoi le Secrétaire général des Nations unies reste-t-il silencieux au sujet de ceux qui sont "exceptionnel" ? Qu'en est-il des États-Unis et de la Grande-Bretagne et de leurs aventures en Irak ? Qu'en est-il de l'ingérence dans les affaires intérieures de dizaines de pays dans le monde ? Qu'en est-il du printemps arabe provoqué de l'extérieur, qui a eu des conséquences désastreuses pour la région ? Qu'en est-il de la Libye, de la Syrie ? La Yougoslavie serait un cas d'espèce, étant donné que les conséquences de cette tragédie se font encore sentir aujourd'hui.

Nous recommandons au Secrétaire général de l'ONU de ne pas se contenter de rappeler l'histoire, mais de l'étudier à nouveau attentivement. S'il le faisait, nombre des événements qui se déroulent actuellement en Ukraine, ainsi que ceux qui les ont précédés, lui apparaîtraient clairement.

Nous n'aurions alors pas entendu d'arguments du type "il n'y a pas et il ne peut pas y avoir de manifestations de nazisme et de néonazisme en Ukraine". Pourquoi donc "il n'y en a pas et il ne peut pas y en avoir" ? Quelle sorte d'indulgence a-t-on achetée sur ce sujet ? Je comprends qu'il est dans le style de l'idéologie occidentale d'acheter le droit à la supériorité morale. C'est dans leur sang, dans leur culture. Si nous parlons de la Déclaration universelle des droits de l'homme, elle fait évoluer l'humanité dans une direction différente. Le droit à la supériorité morale ne s'achète pas. Il ne peut être gagné que par les actes et l'état de sa propre idéologie, de sa propre philosophie mise en pratique. C'est la seule voie possible.

Question : Lors de la 52e session de l'ONU, pendant le discours du ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian, des dizaines de personnes ont tout simplement quitté le Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Que pensez-vous d'un tel comportement de la part des diplomates occidentaux ? Selon vous, s'agit-il d'un manque de compétences diplomatiques ou d'une tentative de plaire à leurs maîtres à Washington ?

Réponse : Il s'agit d'une provocation. Ce comportement de la part des diplomates occidentaux tue certainement la diplomatie en tant que profession, et il est déplorable et déprimant. L'état de la diplomatie aujourd'hui en Occident est déjà déplorable. Tout ceci est une preuve supplémentaire de l'incapacité à accepter d'autres points de vue. Comme vous le savez, cela a déjà conduit à une politisation et à une confrontation accrues lors des discussions sur les questions d'actualité relatives à la promotion et à la protection des droits de l'homme.

Les pays de "l'Occident collectif" sont depuis longtemps incapables d'entendre les points de vue alternatifs exprimés par des États souverains.

Des sanctions coercitives unilatérales et d'autres pénalités pour des politiques indépendantes ont été largement utilisées pour faire pression sur des gouvernements légitimes.

Malgré cela, notre pays continue d'appeler au dialogue et reste guidé par le caractère inacceptable de l'imposition de normes néolibérales sous le couvert des droits de l'homme mondiaux et du refus de prendre en compte les diverses cultures, traditions et spécificités des voies de développement civilisationnelles, historiques et socio-économiques.

En ce qui concerne l'Iran. Depuis de nombreuses années, ce sont les États occidentaux qui s'ingèrent dans les affaires intérieures de ce pays souverain et démocratique. Pour une raison quelconque, l'Occident s'est arrogé le droit de délivrer des "labels" à tout le monde concernant le degré de "démocratie". Ils ne connaissent tout simplement pas l'histoire de l'Iran. C'est un État démocratique, avec une liberté d'opinion, un pluralisme, des traditions et une culture propre. Cela exige le respect, car c'est inscrit dans le droit international. C'est peut-être pour cela qu'ils sont sortis, car ils avaient honte de regarder le haut représentant iranien dans les yeux. Après tout, les Occidentaux savaient ce qu'ils infligeaient à ce pays.

Question : Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a parlé dans son discours d’"agression militaire" et a cité l'invasion de l'Ukraine par la Russie à titre d’exemple. Pourquoi l'ONU ferme-t-elle les yeux sur toutes les violations des droits de l'homme commises par le régime de Kiev ? Tous ces gens qui condamnent aujourd'hui la Russie, où ont-ils été pendant huit ans lorsque des civils dans le Donbass se faisaient tuer ?

Réponse : Le fait est qu'ils n'expriment qu'un seul point de vue qui leur a été imposé. Nous venons d’en parler. Malheureusement, nous ne sommes pas surpris, mais scandalisés par de telles déclarations. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme et son bureau abusent constamment de leur mandat. Le commissaire lui-même et les autres représentants de la haute bureaucratie des droits de l'homme des Nations unies devraient adhérer à ce mandat, le protéger et le mettre en œuvre conformément à toutes les règles et à toutes les normes. Nous constatons qu'ils ne peuvent pas, ou plutôt ne veulent pas, aller au-delà de la perception occidentale de ce qui se passe dans le monde. Qui et pourquoi ? La question reste ouverte : pressions, chantage, menaces ou allégeance au souverain. Ils diffusent les attitudes dominantes dans leur milieu, dans lequel il n'y a pas d'ordre pour une couverture objective de la situation des droits de l'homme en Ukraine et des crimes commis par les autorités de l'après-Maïdan.

Une fois de plus, cette position discrédite à la fois Volker Türk lui-même et les approches auxquelles il adhère.

Question : Une nouvelle vague d'attentats terroristes perpétrés par le régime de Kiev – l'odieux attentat dans la région de Briansk, la récente tentative (heureusement infructueuse) d'assassinat de Konstantin Malofeev… Du point de vue de notre pays, quel est le degré d’autonomie de ces actions ? Ou bien le patronage occidental est-il derrière elles, comme cela a souvent été le cas dans le passé ?

Réponse : Il ne s'agit pas seulement d'un patronage occidental, mais d'un coup de pouce – silencieux en termes de publicité, mais clairement lisible en raison de l'absence de réaction négative aux agissements extrémistes et terroristes du régime de Kiev, d'appel à sa punition, à une enquête, etc. C'est comme vous le dites.

En ce qui concerne l'autonomie. Si, pendant des décennies, des personnes à la logique extrémiste sont élevées, installées au cas par cas (je veux dire par l'Occident) en Ukraine en tant que prétendument des hommes politiques, mais en fait des saboteurs politiques qui professent l'extrémisme comme une norme (nous l'avons vu : la Maison des syndicats à Odessa, le "Maïdan", des tirs sur ses citoyens, brûlage de pneus, destruction d’infrastructures civiles, pose de mines sous des lignes électriques en Crimée), cela conduit au fait que cette "créature" se développera et vivra sa propre vie. Un "moteur" y a été mis en place dès le départ. De plus, il y a une supervision externe. Ils ont ainsi créé un "monstre". L'Occident, avec les États-Unis en tête, en a créé une multitude ! Vous le savez très bien. Osama bin Laden, qui avait été l'incarnation de leur pensée, dont la presse occidentale faisait l'éloge et à qui l’Occident fournissait de l'argent, des armes et un soutien politique, est devenu du jour au lendemain un ennemi de la démocratie et susceptible d'être anéanti. Un autre "monstre" a été créé. Le destin de ce dernier et de toute la provocation est clair.

Question : L'Occident continue de faire pression sur le sport russe. L'un des exemples les plus récents est la suspension flagrante d'Irina Viner. Comment la Russie compte-t-elle répondre à ces provocations ? Est-il utile de se battre pour participer à des fédérations internationales qui poursuivent des objectifs antisportifs ?

Réponse : Nous voyons deux tendances. La première est un balayage total par les Occidentaux de tout ce qui les empêche de dominer en exclusivité les affaires internationales, en particulier dans le domaine du sport. Tout ce qu'ils considèrent comme une concurrence intenable, qu'ils ne peuvent pas remporter à la patinoire, au Tatami, à la bourse, etc. est, de leur point de vue, à détruire. C'est tout à fait exact. Ils détruisent tout. Que ce soit moralement ou physiquement, de différentes manières. Les pipelines Nord Stream ont été une histoire de compétition, n'est-ce pas ? Deux gazoducs ont été détruits parce que dans le domaine de l'énergie, sur le continent européen, les Américains avaient perdu la concurrence au profit de notre pays. La même chose se produit dans le domaine du sport.

La deuxième tendance est la "réinvention" complète du sport mondial. Il y a plusieurs aspects et nuances. Ils essaient d’organiser le sport mondial pour qu’il réponde à leurs propres besoins, de détruire tous les principes qui sous-tendent le mouvement olympique, ils veulent privatiser complètement le sport mondial (sans rien payer, c’est cela qui est le plus surprenant), pour qu'il soit à leur service étant donnée leur exclusivité. Nous voyons ces tendances. Elles sont évidentes.

C'est dans cette veine que s'inscrit la récente décision de la Fédération internationale de gymnastique d'exclure la présidente de la Fédération panrusse de gymnastique rythmique et entraîneuse en chef de l'équipe nationale russe, la légende mondiale Irina Viner, de toute participation à des compétitions internationales.

Nous considérons cette mesure de la Fédération internationale comme un nouvel exemple de discrimination de nos sportifs nationaux et d'empiètement des fonctionnaires politiques occidentaux sur l'indépendance du sport. C'est un élément de la destruction du sport mondial. Cela ne concerne pas seulement la gymnastique rythmique, mais l'ensemble du sport mondial. Cela concerne tout : la gymnastique, l'arbitrage, les institutions internationales qui réglementent le sport et bien plus encore.

Je n'ai pas dit par hasard que Mme Viner était une légende. Elle n'est pas seulement une entraîneuse, mais une personne qui, à bien des égards, a créé la gymnastique rythmique mondiale actuelle, en commençant par la manière dont les éléments sont présentés, la difficulté, la technique, et même la présentation du sport, et en l'introduisant dans l'esprit d'un grand nombre de personnes, comme un moyen de donner de l'espoir aux enfants, comme un moyen de développement personnel. Quand on lui porte un coup, on porte aussi un coup au sport mondial. Ni plus ni moins.

Cette "punition" est d’autant plus cynique qu’elle entrera en vigueur le lendemain de la levée des mesures dites "de protection" à l'encontre de l'équipe nationale russe que les Occidentaux mettent en lien avec le conflit ukrainien.

En même temps, comme vous le savez, toutes les fédérations sportives internationales ne suivent pas aveuglément les directives russophobes et tendancieuses de l'Occident. Elles tentent d'analyser et d'évaluer la situation du sport. D'autre part, une pression sans précédent s'exerce sur la partie sensée de la communauté sportive internationale pour tout appel au retour des Russes dans la vie sportive internationale et au rétablissement de la normalité en général. C'est très important. Il ne s'agit pas seulement de la Russie, mais de tous ceux qui créent des obstacles à la domination, non pas sur la base d'un avantage concurrentiel, mais simplement parce que certains veulent posséder le monde entier dans tous les aspects imaginables.

Nous comprenons que seul le développement d'une coopération sportive équitable, exempte de politisation et de parti pris, seule une compétition juste et honnête, et la garantie que tous les pays sans exception aient un accès égal à une pleine participation aux mouvements olympiques et paralympiques peuvent répondre aux véritables principes de l'Olympisme et de l'indépendance du sport. Nous avons l'intention de défendre cette approche avec tous les représentants sensés de la communauté sportive internationale.

Question : Les relations de la Russie avec l'Afrique connaissent actuellement un développement rapide. Il existe des exemples d'initiatives privées locales, proches de la réalité : une grande chaîne de restaurants russes a ouvert un établissement au Nigeria. Les affaires semblent bien marcher. Comment l'État envisage-t-il de soutenir une telle initiative ? Quels autres projets économiques sont en cours de préparation avec des partenaires africains ?

Réponse : Nous nous efforçons de développer systématiquement les relations russo-africaines dans divers domaines. Outre le dialogue politique, une attention particulière est accordée aujourd'hui à la coopération économique, humanitaire, culturelle et scientifique.

En ce qui concerne la composante économique proprement dite, il est important qu'en plus des domaines traditionnels de coopération – exploration géologique, industrie pétrolière, gazière et chimique, extraction de minerais, agriculture et pêche – il y ait eu récemment un mouvement vers la haute technologie. Des usines d'assemblage nationales sont créées dans plusieurs pays africains et la coopération se développe positivement dans les domaines de l'espace, des technologies de l'information et de la communication et de l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Les entreprises de services nationales se sont également tournées vers ce marché prometteur.

Nous sommes convaincus que notre coopération avec la région africaine offre de bonnes opportunités, ce qui a été largement facilité par le premier sommet Russie-Afrique qui s'est tenu à Sotchi en 2019 et par le forum économique qui s'est tenu en parallèle.

Le deuxième sommet Russie-Afrique et le Forum économique et humanitaire prévus en juillet 2023 à Saint-Pétersbourg devraient contribuer pleinement à ce processus. Nous espérons que cet événement d'envergure rassemblera toutes les personnes intéressées par le développement d'un dialogue inclusif, prêtes à contribuer à la promotion d'initiatives visant à l'avancement dynamique du développement socio-économique de notre pays et des États de la région africaine, ainsi qu'à l'accroissement du bien-être de leurs citoyens.

Question : Quelle est la position de la Russie sur l'extension de l'"accord" ?

Réponse : La position de la Russie est que l'accord est un accord global à deux volets. Les deux parties doivent être mises en œuvre. Nous en parlons à chaque fois. On ne peut pas dire les choses plus simplement. C'est clair et concret. Les deux volets doivent être respectés. Nous constatons que les dispositions de la deuxième partie ne sont pas respectées. Nous devons y remédier et veiller à ce que l'ensemble de l'accord soit mis en œuvre.

Question : Le président français Emmanuel Macron a récemment achevé une tournée en Afrique, au cours de laquelle il a mené des pourparlers dans la République démocratique du Congo, dans la République du Congo, en Angola et au Gabon. Sa visite sur le continent est perçue, notamment par les médias français, comme une réaction aux inquiétudes concernant l'influence croissante de la Russie et de la Chine en Afrique, bien qu'au cours de sa visite, il ait personnellement déclaré que l'ère de la "Françafrique" était révolue. Comment Moscou évalue-t-il le commentaire de M. Macron sur la fin de la "Françafrique" ?

Réponse : Nous avons entendu tout ce que vous dites. Cependant, en réalité, nous constatons que derrière toutes ces déclarations fracassantes se cache un désir banal de dissimuler l'ancienne approche consumériste de la région et de reformater le travail sur le terrain de telle sorte qu'il soit possible d'obtenir les mêmes résultats par des méthodes de "persuasion" plus parfaites.

Les rêves de maintenir une "attention exclusive" en Afrique et d'exclure d'autres "acteurs", en particulier la Russie et la Chine, sont toujours d'actualité. Paris définit toujours ses pays africains de prédilection où la France est prête à fermer les yeux sur les coups d'État et les nombreuses violations des droits de l'homme, pour autant qu'ils suivent aveuglément les politiques de la France officielle. Les Etats qui mènent des politiques indépendantes sans suivre les ordres de l'Elysée, qui défendent leurs propres intérêts, qui veulent diversifier leurs partenaires dans la coopération économique, sécuritaire et même culturelle et qui, en général, veulent se débarrasser de l'honneur douteux de faire partie du club africain de la France, de l'"arrière-cour" de la Cinquième République, se retrouvent les principaux violateurs de la démocratie libre et du fameux "ordre fondé sur des règles" et subissent d'énormes pressions.

Mais l'opinion publique africaine, la jeunesse d'aujourd'hui et les élites politiques de la plupart des pays africains sont de plus en plus conscients de l'attitude contradictoire et arrogante de Paris à l'égard du continent. Il est difficile pour les néocolonialistes de comprendre que les peuples d'Afrique, à travers leur histoire et leur lutte pour l'indépendance, ont depuis longtemps mérité le droit d'être amis avec les nations et les civilisations qu'ils souhaitent, de défendre leurs intérêts nationaux comme ils l'entendent, de développer et de moderniser leurs sociétés sans être guidés de l'extérieur. Leur désir de souveraineté réelle a été clairement démontré à l'actuel président français, Emmanuel Macron, lorsque les Africains se sont rassemblés en masse pour manifester contre la France lors de sa tournée africaine. C'est une indication.

Question : Hier, sur votre chaîne Telegram, vous avez brièvement commenté l'enquête sur les pipelines Nord Stream. Pourriez-vous faire un commentaire plus détaillé ?

Réponse : J'ai déjà commenté cette question. Si vous avez une question spécifique, envoyez-la, j'y répondrai.

Question : Dans son bulletin, le ministère russe de la Défense a directement accusé l'Azerbaïdjan de l'attaque contre les policiers de l'Artsakh et de l'escalade du 5 mars dernier. Contrairement au ministère de la Défense, le ministère russe des Affaires étrangères s'est abstenu d'indiquer directement celui qui est à l'origine de l'escalade. Il semblerait que le refus de critiquer ouvertement l'Azerbaïdjan pour les violations régulières des dispositions de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020 soit perçu à Bakou comme une acceptation du fait qu’il peut tout se permettre. Et cela conduit à de nouvelles violations flagrantes des déclarations trilatérales, comme le blocus ininterrompu de l'Artsakh ou le sabotage azerbaïdjanais du 5 mars dernier. Qu'en pensez-vous ? Que pouvez-vous dire des déclarations de la partie azerbaïdjanaise, en particulier du ministère azerbaïdjanais de la Défense, critiquant le ministère russe de la Défense et les forces russes de maintien de la paix ?

Réponse : Le bulletin du ministère russe de la Défense contient des informations détaillées sur cet incident, en tenant compte de la présence du contingent russe de maintien de la paix "sur le terrain".

Le commentaire du ministère russe des Affaires étrangères fournit une évaluation politique de ce qui s'est passé. Le point essentiel est qu'il appelle les parties à faire preuve de retenue et à prendre des mesures pour désamorcer la situation, et à reprendre les négociations dans le cadre des accords tripartites des dirigeants de la Russie, de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie.

Je peux formuler notre position comme étant absolument claire et compréhensible. Quant à la position des autres parties, elle leur appartient.

Question : Lors d'une rencontre avec le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré, à propos des efforts de médiation déployés par d'autres pays, que "comme l'a répété le président russe Vladimir Poutine, nous saluons tous les efforts visant à stabiliser la situation et à créer les conditions permettant à tous les pays situés ici de coopérer normalement, sur la base du respect mutuel et du bénéfice mutuel, dans l'intérêt de leurs États et au-delà". Mais ensuite, toujours à Bakou, M. Lavrov, et vous-même dans un entretien accordé à Radio Sputnik, avez réagi plutôt négativement aux efforts de médiation de l'Occident. Quelle est donc la position de la Russie sur les efforts de médiation des autres acteurs de la région, en particulier des Etats-Unis et de l'Union européenne ?

Réponse : Qu'est-ce qui n'est pas clair ?

Question : Lors de la réunion avec vos collègues, il y a eu quelque chose de différent.

Réponse : Où est la différence ? Nous insistons toujours pour que l'on s'appuie sur les accords trilatéraux conclus par les dirigeants de la Russie, de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie (le 9 novembre 2020, le 11 janvier et le 26 novembre 2021 et le 31 octobre 2022), qui définissent une feuille de route pour le règlement des relations entre Bakou et Erevan. Une telle médiation apporte une valeur ajoutée et assure une coopération mutuellement bénéfique et mutuellement respectueuse entre tous les pays de la région. Nous estimons que les objectifs poursuivis par les États-Unis et l'UE ne visent pas à instaurer la paix et la sécurité dans le Caucase du Sud, mais à "s'insérer" dans le processus de paix et, en s'appropriant notre savoir-faire, à jouer un rôle de présence (c'est le mieux que nous puissions y voir) plutôt qu'un rôle constructif. Peut-être même un rôle destructeur.

Pourquoi pensez-vous que nous n'ayons pas formulé cela et ne l'ayons pas dit ? Nous l'avons formulé clairement et nous l'avons dit très distinctement. Nous avons jugé nécessaire d'expliquer que loin d’y voir une valeur ajoutée, nous y voyons plutôt une menace supplémentaire pour le processus de paix. Qu'est-ce que vous considérez comme vague et peu clair ? Je ne suis pas d'accord avec vous.

Question : Le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré précédemment qu'il était prêt à prolonger l'"accord sur les céréales" à des conditions favorables à la Russie. Quels sont les avantages de cet "accord" pour la Russie ? La situation reste-t-elle inchangée, comme l'a dit précédemment le président russe Vladimir Poutine, à savoir que la plupart des céréales exportées ne sont pas destinées aux pays les plus pauvres, mais à l'Union européenne ?

Réponse : Oui. La situation reste inchangée. J'ai déjà commenté notre approche de l'"accord" aujourd'hui. Je voudrais à nouveau attirer l'attention sur le commentaire détaillé et circonstancié du ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Question : Il y a quelques jours, un incident s'est produit dans le Haut-Karabakh, au cours duquel des soldats arméniens ont été fusillés. Comment se déroule l'enquête sur cet incident, les parties coopèrent-elles ? Comme vous le savez, l'Arménie et l'Azerbaïdjan ont des interprétations très différentes de ce qui s'est passé.

Réponse : Toutes les évaluations concernant l'incident du 5 mars dernier dans la zone de conflit du Haut-Karabakh sont contenues dans le commentaire correspondant du ministère russe des Affaires étrangères daté du 6 mars 2023. Je voudrais souligner une fois de plus la nécessité d'une désescalade de la tension et d'un retour rapide des parties à la table des négociations.

 

 


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