Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 23 avril 2020
Point de situation sur le coronavirus
Commençons notre conférence de presse régulière par une problématique réellement d'actualité aujourd'hui pour le monde entier: la situation de la pandémie. Aucun tournant majeur n'a eu lieu dans le monde dans la lutte contre la pandémie de coronavirus depuis une semaine. La dynamique de propagation de la maladie reste élevée. 181 États sont touchés par la pandémie actuellement. Hormis le nombre grandissant de personnes infectées et de victimes dans le monde entier, la pandémie affecte de manière extrêmement négative l'économie mondiale.
Malgré tout, dans cette situation difficile, certaines capitales entreprennent aujourd'hui des tentatives complètement déplacées, engagées et infondées de rejeter toute la responsabilité de la crise épidémiologique sur certains pays et organisations internationales. C'est le moment de chercher des solutions communes et d'unir les efforts.
La Russie soutient les mesures prises par l'OMS et sa direction pour faire face au coronavirus, et prône le renforcement du rôle de coordination de cette organisation dans la lutte contre la pandémie. Nous partons également de la nécessité d'annuler immédiatement toutes les sanctions unilatérales illégales qui aggravent dans plusieurs pays la situation humanitaire à cause de l'épidémie.
La crise actuelle est devenue une sérieuse épreuve pour toute la communauté internationale, pour tous les pays, une sérieuse mise à l'épreuve non seulement en termes de survie, mais également de capacité à adopter de nouvelles approches dans les relations internationales pour résoudre les problèmes cruciaux de l'agenda collectif. Nous avons une possibilité unique aujourd'hui, en prenant conscience de la situation et de notre interconnexion, interdépendance et communauté de destins face à une véritable menace planétaire, de confirmer l'absence d'alternatives aux initiatives et aux efforts constructifs solidaires dans le règlement des tâches communes, que ce soit pour surmonter les conséquences de la pandémie ou le redressement des déséquilibres survenus dans l'économie mondiale. Les propositions russes, exprimées par le Président russe Vladimir Poutine, sont bien connues. Notre avenir commun dépend des leçons que nous tirerons de la crise et de la manière dont nous en sortirons.
Maintenant, parlons de ce que fait principalement le Ministère des Affaires étrangères aujourd'hui, avant tout nos établissements diplomatiques à l'étranger: aider les citoyens russes.
Dans le cadre de la mise en œuvre des décisions du Centre opérationnel du gouvernement de la Fédération de Russie se poursuit le travail visant à apporter une aide matérielle et financière aux citoyens russes en attente de rapatriement, qui se sont retrouvés dans une situation difficile à cause de la pandémie de coronavirus. Une commission travaille à ces fins au sein du Ministère. Elle examine les requêtes et prend des décisions sur le versement d'allocations aux personnes dans le besoin conformément au décret 433 du gouvernement russe du 3 avril 2020.
En même temps, conformément au calendrier élaboré par l'agence fédérale du transport aérien Rosaviatsia, se déroule le rapatriement des Russes "coincés" à l'étranger. Ces dernières semaines ont été organisés des vols depuis Antalya, Goa, Katmandou, Rangoun, Denpasar, Bangkok, Phuket et d'autres points de départ. Nos citoyens ont été transportés de manière "ciblée" vers les villes et régions où ils ont leur résidence permanente sur le territoire de la Fédération de Russie. Il ne s'agit plus seulement de Moscou et de Saint-Pétersbourg, mais également de Kazan, d'Oufa, d'Ekaterinbourg, d'Irkoutsk, de Novossibirsk, de Krasnoïarsk, de Tioumen, de Vladivostok et d'autres.
En parlant des régions je voudrais souligner en particulier leur participation au travail pour contribuer au rapatriement des citoyens russes, des habitants de leurs villes. Cette chaîne de coopération complexe mais efficace a été construite ces derniers jours. Vous avez pu noter que les vols sont à destination de grands centres régionaux, mais qu'à l'embarquement sont invités non seulement les habitants des régions destinataires, mais également des régions voisines. De cette manière nous nous rapprochons de l'objectif visant à rapatrier tous nos citoyens de l'étranger.
C'est un travail de précision avec la participation aussi bien des ministères et des départements fédéraux du gouvernement russe que des autorités régionales locales, des associations, des représentants d'assemblées législatives, des députés en charge des droits de l'homme et des journalistes, bien sûr. Les médias nous aident aussi activement.
Les exemples de cette interaction efficace sont de plus en plus nombreux. Novossibirsk assume une grande responsabilité pour accueillir les vols des habitants du District fédéral sibérien. Dans la même situation travaille Vladivostok pour le District fédéral de l'Extrême-Orient. Ekaterinbourg, Kazan, Irkoutsk, Krasnoïarsk, Ioujno-Sakhalinsk participent activement. Sotchi et Rostov-sur-le-Don se sont jointes à ce travail. Nous comptons sur les régions des districts fédéraux du Nord-Ouest et de la Volga.
Un récent vol à destination de Makhatchkala a rapatrié 230 Russes. La plupart d'entre eux ont été placés dans les observatoires de la région car ils ne vivent pas au Daghestan, mais ce cas concret montre la grande responsabilité sociale de la région, de ses habitants, de son administration, des ONG, etc. C'est un travail qui nous unit. Le vol arrivé à Makhatchkala n'était pas simple. Bien qu'il n'existe pas en principe de vols simples en l'occurrence, celui-ci était extraordinaire de par sa logistique et son organisation. C'est pourquoi je voudrais souligner le travail extrêmement bien coordonné des représentants de tous les services impliqués: le Ministère russe des Transports, Rosaviatsia, le Ministère russe des Communications, nos représentations diplomatiques en Arabie saoudite qui ont réglé des questions difficiles littéralement "sur le tas". Je voudrais exprimer une reconnaissance particulière à la patience de l'équipage de la compagnie UTair. Cette compagnie a effectué ce vol de manière remarquable malgré plusieurs heures de retard parce qu'il a fallu tout faire pour que l'avion parte entièrement rempli. Tous ceux qui voulaient rentrer en Russie ont reçu une telle possibilité. Nous l'avons fait ensemble.
Je voudrais souligner que ce travail nécessite un immense niveau de coordination de tous les services impliqués, notamment en ce qui concerne le respect des exigences visant à empêcher une nouvelle pénétration de l'infection et sa propagation. Nous espérons que prochainement le programme régional sera élargi avec de nouvelles destinations de retour. Il y a l'excellente expérience des autres régions dont nous avons parlé.
Je répète que toutes les démarches pour le rapatriement des Russes pourront être mises en œuvre avec succès à condition de coopérer étroitement dans l'entente mutuelle. En l'occurrence, je veux également parler des gouvernements étrangers. La Russie apporte son soutien à d'autres pays à leur demande, notamment pour contribuer au rapatriement de leurs citoyens. Nous attendons la même interaction et entente, et nous les constatons dans bien des cas, dans la pratique, de la part de nombreux pays. Nous sommes ouverts à un dialogue constructif avec tous les partenaires sans exception pour organiser le rapatriement des citoyens et le retour des étrangers présents en Russie vers leur pays de résidence. Nous comptons sur la réciprocité. Je souligne une nouvelle fois qu'il est très important pour nous de débloquer la situation de nos compatriotes en Asie du Sud-Est. Nous envoyons des documents nécessaires, des notes diplomatiques et nous sommes en contact avec les Fidji. Nous comptons vraiment sur une coopération opérationnelle.
Sur le changement des modalités de versement des retraites aux personnes qui résident en permanence en dehors de la Fédération de Russie
Compte tenu des mesures urgentes décrétées dans la plupart des pays pour lutter contre la prolifération du coronavirus, et de l'incapacité des personnes qui vivent en permanence à l'étranger d'obtenir les documents nécessaires à la prolongation du versement de leur retraite, le gouvernement russe a adopté le décret 530 du 17 avril 2020 sur les particularités du versement des retraites et autres allocations sociales aux personnes qui résident en permanence en dehors de la Fédération de Russie (entré en vigueur ce 20 avril).
Ce décret est temporaire et prévoit un prolongement du versement des retraites et d'autres allocations sociales aux citoyens qui résident à l'étranger et dont les documents nécessaires à la prolongation des allocations (délivrés notamment par des représentations diplomatiques et les établissements consulaires) expirent entre le 1er mars et le 31 mai inclus.
Ces personnes recevront leurs retraite ou allocations sociales sans fournir les documents nécessaires à la prolongation pour la période d'avril à juin 2020 inclus.
Sur la situation des enfants russes suivant des programmes éducatifs aux États-Unis
La direction du Ministère russe des Affaires étrangères suit ce thème de près. L'Ambassade de Russie à Washington poursuit ses efforts actifs pour retrouver les enfants russes suivant des programmes éducatifs aux États-Unis, où la situation du coronavirus est grave. Il s'agit d'élèves qui étaient partis dans le cadre de différents programmes éducatifs américains dont la réalisation n'avait pas été convenue avec les autorités de notre pays.
Malheureusement, même les organisateurs, les représentants des structures qui devaient assumer la responsabilité de ces enfants, ne peuvent dire clairement combien d'enfants sont partis de Russie et dans quel but. Comme nous l'avons déjà dit, le Département d’État américain a annoncé que dans le cadre du programme auquel invite son propre site (Secondary School Student Program) "environ 80" élèves russes se trouvaient aux États-Unis depuis l'automne dernier. En deux semaines ils n'en ont toujours pas fourni la liste et les coordonnées, c'est regrettable. Ils ont seulement fourni les adresses électroniques de sept ONG américaines qui accueillaient les élèves dans différents États, mais toutes n'ont malheureusement pas répondu aux messages urgents de l'Ambassade de Russie.
A ce que l'on sache, ces programmes réalisés à l'insu des autorités russes sont nombreux aux États-Unis. En conséquence, nos adolescents pourraient être bien plus que 80.
Pour l'instant, l'Ambassade a réussi à identifier un peu plus de 40 enfants. Nous connaissons 42 noms. Huit d'entre eux sont déjà rentrés en Russie, et 34 restent aux États-Unis éparpillés à travers le pays. La plupart d'entre eux veulent rentrer au plus vite. Certains pensent être en sécurité et, avec le soutien de leurs parents, comptent rester jusqu'à la date de départ initialement prévue, c'est-à-dire mai-juin.
Nous ignorons à ce jour où se trouvent encore au moins 38 enfants russes. Les autorités américaines n'aident pas à les retrouver et à les rapatrier, de plus nous avons l'impression qu'elles se distancent de ce problème ne réagissant pas aux requêtes de l'Ambassade. Les diplomates russes à Washington et sur le territoire américain doivent donc s'occuper de ce problème par leurs propres moyens.
Bien évidemment, nous tirons des conclusions de ce comportement des représentants américains. Nous espérons que nos écoles et les familles d'élèves, quand ils verront la publicité de tels programmes américains, le prendront plus sérieusement et avec responsabilité, en ayant conscience des risques éventuels. Nous pensons vraiment que l'envoi à l'étranger de mineurs russes sans être accompagnés par leurs parents ou représentants légaux, sans en informer les autorités russes compétentes, est inadmissible.
Nous voudrions une nouvelle fois demander à nos établissements scolaires et aux familles qui envoient des élèves aux États-Unis, s'ils ne sont pas encore rentrés, de transmettre leurs informations au Ministère des Affaires étrangères, notamment les numéros de portable.
Sur la Journée mondiale du livre et du droit d'auteur
Aujourd'hui, jeudi 23 avril, marque la Journée mondiale du livre et du droit d'auteur. Elle a été instaurée en 1995 par une organisation de l'Onu: l'Unesco. Cela revêt probablement aujourd'hui un certain sens symbolique également.
La plupart des écoles du monde sont fermées, les enfants suivent les cours à distance ou sont en vacances. Les gens passent beaucoup de temps à la maison, il est possible de passer son temps de différentes manières en confinement, en respectant rigoureusement les mesures de quarantaine décrétées. Mais la lecture est probablement l'un des meilleurs moyens. Enfin, il est possible de lire ce pour quoi vous ne trouviez pas encore de temps. La Journée mondiale du livre est une excellente occasion.
Sur la Journée internationale du multilatéralisme et de la diplomatie au service de la paix
Vendredi 24 avril, pour la deuxième fois, sera célébrée la Journée internationale du multilatéralisme et de la diplomatie au service de la paix. Cette fête a été instaurée le 12 décembre 2018 par la résolution 127 de l'Assemblée générale des Nations unies, préparée par le Venezuela en tant que président du Mouvement des non-alignés.
Les tâches liées à la mise en place d'un ordre mondial vraiment polycentrique tenant compte des intérêts et des approches de tous les membres de la coopération internationale et du règlement politique et diplomatique des conflits armés sont plus que jamais d'actualité, notamment dans le contexte de la pandémie de coronavirus. La signification de l'Onu se renforce, qui reste un mécanisme sans alternative pour une coopération interétatique juste et équitable à la légitimité universelle. Le respect rigoureux des principes de la Charte de l'Onu - l'égalité souveraine des États, la non-ingérence dans les affaires intérieures, le refus de menacer par la force ou d'en faire usage - est le gage de la paix et de la sécurité internationales, du développement socioéconomique progressif et de la protection des droits de l'homme.
En même temps, certains pays, notamment occidentaux, ne cessent pas leurs tentatives d'affaiblir le rôle de coordination central de l'Onu sur la scène internationale et de récupérer leur domination perdue. A ces fins ils cherchent à changer le cadre convenu de la coopération interétatique et à le remplacer par le fameux "ordre basé sur des règles" impliquant notamment la création d'instruments concurrents afin de promouvoir des idées douteuses. La pratique destructive de l'application des sanctions unilatérales est maintenue. Tout cela ne fait qu'accentuer le potentiel conflictuel, mène au retour à l'époque de confrontation et ne correspond pas du tout à l'esprit du multilatéralisme.
Sur cette toile de fond, il paraît très important d'intensifier les démarches visant à renforcer les initiatives polycentriques dans les affaires mondiales et à consolider les efforts pour le règlement pacifique des litiges, surmonter les défis et risques communs en s'appuyant sur la Charte de l'Onu et d'autres normes du droit international. En tant que cofondateur de l'Onu, membre permanent du Conseil de sécurité et un membre responsable de la communauté internationale, la Russie poursuivra le travail en ce sens avec tous les partenaires intéressés.
Sur l'aide russe à la Moldavie
Je voudrais parler de ce que nous avions promis d'aborder plus en détail: l'aide accordée par la Russie aux pays de l'espace postsoviétique. Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov en a parlé en promettant que nous partagerions plus généreusement ces informations.
La semaine qui vient de s'écouler a été marquée par des événements notables dans les relations russo-moldaves.
Le 17 avril à Moscou a été signé un accord intergouvernemental pour accorder à Chisinau un crédit public russe. Dans les conditions de la pandémie cette signature a eu lieu à distance entre le vice-Ministre russe des Finances Timour Maximov et l'Ambassadeur de Moldavie à Moscou Andrei Neguta.
Le soutien russe à la Moldavie en ces temps difficiles est très demandé et opportun.
Le 19 avril a été menée à bien l'opération russo-chinoise conjointe pour apporter une aide humanitaire à la Moldavie. Un avion de transport militaire An-124 Rouslan de l'aviation russe a livré de Shanghai à Chisinau plus de 50 tonnes de produits médicaux chinois pour combattre le coronavirus. Il s'agit de kits de diagnostic, d'appareils de désinfection, de moyens de protection, de respirateurs et bien d'autres.
Nous espérons que cette contribution aidera la Moldavie à faire face à la nouvelle infection de coronavirus et à surmonter toutes ses conséquences.
Sur les résultats de la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine au sujet de l'impact du nouveau coronavirus sur la paix et la sécurité en Afrique
Le 14 avril s'est tenue en visioconférence une réunion du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine avec la participation de la direction de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de la Commission économique de l'Onu pour l'Afrique, au sujet de l'impact du nouveau coronavirus sur la paix et la sécurité sur le continent africain.
Au cours de la réunion, il a été noté que les conséquences de la pandémie non seulement affectaient profondément le secteur politique et socioéconomique, mais représentaient également une sérieuse menace pour la sécurité sur le continent africain. Les participants ont prédit une hausse de la criminalité et de la violence sexuelle, ainsi qu'une détérioration de la situation des réfugiés et des déplacés internes.
Reconnaissant l'élan de xénophobie envers les citoyens infectés comme un problème, il a été suggéré d'intensifier le travail explicatif et de renforcer les mesures nationales de cybersécurité afin de lutter contre la désinformation qui sape la confiance de la société envers les institutions publiques, ainsi que l'utilisation du thème du coronavirus par des groupes extrémistes.
Parmi d'autres décisions concernant la consolidation des mesures collectives pour combattre la pandémie, on retiendra également l'appel aux pays membres de l'Union africaine, au secteur privé africain, aux établissements financiers internationaux et aux partenaires internationaux à contribuer activement à l'alimentation du Fonds africain pour la lutte contre le Covid-19. De plus, le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine a demandé aux partenaires internationaux d'alléger la dette des pays africains et de prendre des mesures de stimulation, ainsi qu'à annuler immédiatement et inconditionnellement les sanctions et d'autres restrictions en vigueur.
Les interlocuteurs ont également souligné l'importance de la mise en œuvre de programmes nationaux de protection sociale de la population, avant tout pour les catégories les plus vulnérables, les réfugiés et les déplacés internes, ainsi que du renforcement de la coopération transfrontalière afin de lutter contre l'activité terroriste accrue et des réseaux criminels. Le Conseil a exigé des belligérants libyens et de tous les groupes armés sur le continent de cesser immédiatement les activités militaires. De plus, les pays africains ont été appelés à apporter une aide active aux structures spécialisées de l'Union africaine dans l'exercice de leurs fonctions humanitaires.
Ayant confirmé le soutien aux efforts de l'OMS dans la fourniture d'informations actualisées, de recommandations techniques et d'une aide matérielle, le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine a appelé la communauté internationale à continuer d'apporter un plein soutien et sa contribution aux efforts de cette organisation panafricaine dans la lutte contre la propagation du coronavirus.
Sur la situation actuelle en Syrie
Le travail se poursuit pour stabiliser la situation en Syrie, avant tout sur la base des accords entre les pays garants au format d'Astana. La situation sur le terrain, ainsi que l'objectif de fournir l'aide humanitaire nécessaire aux Syriens et la progression du processus de paix, ont été évoqués en détail hier par les ministres des Affaires étrangères de la Russie, de l'Iran et de la Turquie lors d'un entretien téléphonique. Un communiqué de presse détaillé a été publié sur le site officiel du Ministère russe des Affaires étrangères.
A Idleb, les militaires russes et turcs prennent des mesures pour appliquer le Protocole additionnel russo-turc du 5 mars sur la mise en place d'un "corridor de sécurité" le long de l'autoroute M-4 et de patrouilles communes régulières. Cependant, ce travail est confronté à une opposition active des groupes radicaux qui restent dans la zone de désescalade. Nous notons à ce sujet les efforts d'Ankara pour expulser les terroristes de la zone de l'autoroute M-4 et espérons que la séparation entre les "modérés" et les terroristes sera réalisée, avec la neutralisation de ces derniers.
La préoccupation grandit concernant la situation au Nord-Est de la Syrie, où se trouvent des foyers de rassemblement tels que les prisons de Daech et les camps de déplacés internes, auxquels il n'y a pratiquement aucun accès. La pénétration du coronavirus dans ces endroits risque de provoquer une véritable catastrophe et de rendre insupportables les conditions de vie des gens, déjà difficiles.
Sur cette toile de fond inquiétante, nous avons remarqué plusieurs publications qui évoquent les nombreuses questions suscitées par l'aide américaine au profit de l'administration kurde au Nord-Est de la Syrie. Cette aide est effectivement étrange. On indique que les Américains ont transmis aux Kurdes non seulement des biens médicaux de désinfection, mais également des moyens pour réprimer les troubles parmi les détenus, ce qu'il est difficile d'inscrire dans la catégorie "aide humanitaire". De plus, on rapporte une propagation exorbitante du coronavirus parmi les militaires américains, et que ces faits seraient dissimulés.
Conformément au droit humanitaire international, la présence militaire américaine en Syrie est une occupation - et est qualifiée comme telle. Par conséquent, c'est Washington qui est entièrement responsable de la population civile et de la garantie de ses besoins humanitaires sur les territoires contrôlés à l'Est de l'Euphrate et au Sud, dans la région d'Al-Tanf, où se trouve le tristement célèbre camp de réfugiés de Roukban. Nous avons exprimé plusieurs fois notre position intransigeante concernant Roukban et je voudrais la réitérer. Le problème de Roukban ne peut pas être réglé par des convois humanitaires, il faut régler le problème à l'origine: supprimer la "zone de sécurité" de 55 km arbitrairement établie par les États-Unis autour d'Al-Tanf. De plus, comme l'a montré la pratique, l'aide humanitaire ne parvient pas jusqu'aux personnes dans le besoin et reste entre les mains des terroristes qui détiennent les réfugiés en otage.
La priorité absolue, dans les conditions actuelles de pandémie, consiste à apporter une contribution humanitaire globale à tous les Syriens dans le besoin sans discrimination ni conditions préalables. A cet égard, nous soutenons l'appel du Secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres à lever ou à suspendre les sanctions unilatérales qui sapent la capacité de nombreux pays, Syrie y compris, à combattre efficacement la propagation du coronavirus, bloquent les fournitures de médicaments vitaux et d'équipements médicaux. Nous espérons que les agents humanitaires spécialisées de l'Onu intensifieront et augmenteront leurs programmes pour apporter une aide urgente sur tout le territoire de la Syrie sans exception, sans préférence pour les territoires incontrôlés par Damas.
Sur la situation en Libye
Les événements qui se sont déroulés ces derniers jours sur le territoire libyen nous inquiètent sérieusement. L'intensification des activités militaires opposant les forces qui soutiennent le Gouvernement d'entente nationale aux unités de l'Armée nationale libyenne indique, selon nous, que le cessez-le-feu annoncé en janvier dernier n'est plus respecté par les belligérants.
Cette évolution de la situation est particulièrement dangereuse dans le contexte de la propagation de l'épidémie de coronavirus en Libye. L’État n'est manifestement pas en mesure de lutter contre l'infection avec la guerre civile qui se poursuit.
Dans ces circonstances, les efforts de la communauté internationale pour contribuer au règlement politique de la crise libyenne qui perdure sont plus d'actualité que jamais. Cependant, leur coordination se complique parce que depuis la démission de Ghassan Salamé du poste de représentant spécial de l'Onu pour la Libye en mars, ce dernier reste vacant.
Il est primordial à nos yeux que le Secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres se décide au plus vite sur l'identité du candidat qui conviendra le mieux pour ce poste. Sans avancer de noms concrets, nous pensons que compte tenu de la situation géographique et de l'appartenance arabe de la Libye, l'option la plus optimale serait de choisir un représentant d'un pays d'Afrique du Nord faisant autorité. Cela garantirait une plus dense implication dans le processus de paix libyen de l'Union africaine et de la Ligue arabe dont le potentiel de médiation, selon nous, n'a pas été dûment exploité lors des étapes précédentes.
Sur la situation au Venezuela et autour
Nous sommes contraints de revenir à la situation dans ce pays. Je rappelle que le 31 mars, le Département d’État américain a annoncé son "plan de transition démocratique" élaboré pour ce pays. Lors des conférences de presse précédentes, nous avons expliqué en détail pourquoi nous ne pouvions pas réagir positivement à cette nouveauté diplomatique de Washington, qui n'est d'ailleurs pas une nouveauté pour la simple raison que l'objectif reste le même: écarter du pouvoir le Président légitime Nicolas Maduro. Nous avions ajouté que cette "constructivité" surjouée des propositions de Washington ne concordait pas du tout avec la décision des autorités américaines de "mettre à prix la tête" de Nicolas Maduro, déjà accusé de tous les péchés capitaux, ainsi que de lancer dans les eaux des Caraïbes des exercices militaires afin d'instaurer le blocus maritime factuel d'un pays souverain.
Notre réponse pesée, équilibrée, calme, objective et basée sur les faits, nous l'avons vu, a provoqué une réaction nerveuse et irritée de l'autre côté de l'océan. En lisant leurs nombreuses déclarations, nous avons constaté une nouvelle fois ce qu'était une guerre médiatique. Nous avons commencé à être "interprétés".
Ils ont commencé à prétendre que "la Russie tournait le dos à Nicolas Maduro". Comme quoi la Russie serait prête à soutenir le dirigeant vénézuélien seulement à la tribune de l'Onu, mais que son intérêt pour Caracas s'appuyait uniquement sur des notions géopolitiques.
Tout cela (et bien d'autres choses) est affirmé directement, sans citation directe. L'objectif est apparemment le même: persuader les chavistes de la position précaire du Président Nicolas Maduro, les inciter à agir contre lui. Saper et désorganiser le pouvoir, surtout quand il est nécessaire de mobiliser au maximum le potentiel de réaction de l’État et de la société aux défis de la pandémie, et montrer l'absence de soutien extérieur du gouvernement.
Nous avons une requête pour les collègues américains: s'il vous plaît, écoutez ce que nous disons, il est inutile d'inventer ce que nous ne disons pas. Utilisez des citations directes. Nous publions rapidement tout ce que nous disons sur le site officiel du Ministère russe des Affaires étrangères, sur les pages et les réseaux sociaux et nous le traduisons en anglais pour vous.
Je répète que ce ne sont pas les États-Unis mais seulement les Vénézuéliens eux-mêmes qui peuvent et doivent décider de leur sort dans un dialogue direct entre eux. Sans ingérence extérieure, conditions préalables et ultimatums. Dans l'histoire, le diktat n'a jamais contribué à la confiance. D'ailleurs, que le "plan de transition démocratique" soit annoncé par le Secrétaire d’État américain Mike Pompeo, et non par le "président par intérim" du Venezuela Juan Guaido indique que les Américains ne font pas confiance à leur protégé et, manifestement, abandonnent ce dernier.
Dans le contexte des commentaires américains ressort le thème des complications causées par l'Occident pour les investissements étrangers dans l'économie vénézuélienne, et des conditions pour la levée des sanctions américaines contre le Venezuela. C'est sinistre dans l'ensemble, et en particulier dans le contexte du coronavirus. Est-ce que la joie non dissimulée des complications causées, de la privation du pays d'accès aux marchés mondiaux de produits et de services en période de pandémie (ce qui affecte avant tout les intérêts des citoyens) est une approche de politiciens responsables et tout simplement humains? La réponse est évidente. Tout le monde sait déjà que cette approche n'a rien à voir avec l'humanisme ou la protection des droits de l'homme. Car la satisfaction éprouvée par les problèmes que l'on a soi-même créés est un indicateur de basses normes morales.
Nous avons une proposition: que la Russie parle pour la Russie. Pas la peine de nous "interpréter" à son profit ou pour d'autres. Nous sommes cohérents, nous ne cachons pas notre position, nous sommes prêts à la défendre et nous le ferons.
Je trouve que nos collègues américains devraient comprendre une règle: il faut parler pour soi-même. S'il y a des choses à dire, allez-y. Pas la peine de déformer nos propos ou de les interpréter. Par ailleurs, si vous parliez pour vous-mêmes avec une grande sincérité, on commencerait peut-être à vous croire. Je trouve que Washington devrait commencer à être sincère avec le peuple vénézuélien. Ne pas inventer des campagnes mythiques pour protéger les intérêts nationaux du Venezuela, mais simplement montrer ses cartes et agir de manière directe.
Nous soutenons ceux qui, en cette période difficile, organisent le travail pour combattre la propagation de l'infection, devenue une menace globale pour le monde et pour la région latino-américaine en particulier. Nous l'avons déjà fait remarquer: la situation actuelle au Venezuela semble modérée, notamment si on la compare avec celle dans les pays voisins qui critiquent Caracas: le Brésil, le Pérou et l’Équateur. Ce sont les statistiques de l'Organisation panaméricaine de la santé. Cette réalité objective est d'ailleurs reflétée par le retour de migrants vénézuéliens de Colombie.
Pour conclure, je voudrais souligner de nouveau que nous ne sommes pas opposés à la discussion sur le dossier vénézuélien avec Washington. Mais aucun accord n'est possible au détriment de la santé et du bien-être des simples citoyens.
Sur le renvoi de notes de protestation du Ministère des Affaires étrangères ukrainien
Cette semaine, le Ministère russe des Affaires étrangères a renvoyé deux notes provenant du Ministère des Affaires étrangères ukrainien. Dans la première, Kiev exprimait sa protestation vis-à-vis des fouilles archéologiques et des travaux de terrassement en Crimée. Dans la seconde, il exigeait un rapport sur les mesures prises par la Russie pour combattre le coronavirus en Crimée et dans le Donbass.
Ces démarches de la diplomatie ukrainienne ne cessent d'étonner. Alors que la pandémie sévit dans le pays, que Tchernobyl est ravagée par les incendies, que les avions russes font revenir des citoyens ukrainiens d'autres pays et que les diplomates russes les aident à rentrer chez eux, pendant ce temps le Ministère des Affaires étrangères ukrainien utilise toutes ses forces pour "bombarder" un "État agresseur", comme ils nous appellent, de notes de protestation menaçantes.
Je m'adresse aux collègues ukrainiens, au Ministère des Affaires étrangères ukrainien: économisez du papier. On a l'impression que les autorités de Kiev vivent dans une réalité parallèle. Ils coupent d'abord l'eau et l'électricité à la Crimée, décrètent le blocus du Donbass, puis exigent des comptes rendus pour savoir comment la Russie protège les habitants de ces régions du coronavirus. Nous rappelons que Kiev a la possibilité de dialoguer directement avec Donetsk et Lougansk, si les autorités ukrainiennes étaient réellement préoccupées par le sort et la santé de leurs habitants. La Russie n'est pas un belligérant du conflit dans le Sud-Est de l'Ukraine et ne contrôle pas le territoire du Donbass.
Nous rappelons une nouvelle fois que la question de l'appartenance de la Crimée est close. La République de Crimée et Sébastopol se sont volontairement réunifiées avec la Russie en 2014. Toutes les notes de protestation concernant les actions des autorités russes liées à la souveraineté de la péninsule criméenne - que ce soit les visites de responsables officiels, la construction de sites d'infrastructure, y compris les fouilles archéologiques, l'organisation des élections, toutes les activités possibles - seront retournées aux autorités ukrainiennes faute de raisons de les examiner.
Sur la coopération militaire entre la Norvège et les États-Unis dirigée contre la Russie
La compagnie américaine Rand a publié un rapport sur les priorités de la politique de défense de la Norvège. Il n'a rien de remarquable en soi et constitue un autre document parmi d'autres où la Russie est désignée comme "la plus grande menace" contre laquelle il faut lutter, et pour cela renforcer la coordination militaire entre les États-Unis et la Norvège, en utilisant évidemment des armements américains.
C'est autre chose qui attire l'attention. Ces dernières années, la Norvège a solidement acquis, dans les plans de politique étrangère des stratèges américains et de l'Otan, la place de ligne avancée pour "contenir la Russie", selon leurs termes. Le pays renforce continuellement son potentiel militaire, modernise l'infrastructure correspondante, de nouveaux centres de formation pour les unités des alliés sont créés, les entrepôts d'armes et de matériel des Marines US s'élargissent, des manœuvres d'envergure se déroulent régulièrement. La Norvège participe activement au rapprochement avec l'Alliance des pays non membres, la Finlande et la Suède.
Il est regrettable que la Norvège joue dans tous ces scénarios américains antirusses un rôle très conséquent. Les traditions séculaires, y compris financières, de bon voisinage avec la Russie sont sacrifiées au détriment des intérêts étrangers. Alors que la coopération bilatérale se réduit de manière notable, le mécanisme des préparations militaires dirigées contre la Russie prend de l'ampleur.
Nous appelons Oslo à revoir ces approches destructives et à construire une coopération durable avec notre pays basée sur le respect mutuel et la prise en compte des intérêts réciproques.
Sur la coopération russo-irakienne dans le secteur archéologique
L'an dernier a été lancé un projet multisectoriel baptisé "Expédition scientifique russo-irakienne complexe". Ce projet englobe non seulement l'organisation et le déroulement de fouilles archéologiques au sud de l'Irak, mais également la coopération entre les musées de nos pays et la préparation de publications conjointes. De facto, il y a des raisons de parler de la reprise de la coopération archéologique entre la Russie et l'Irak, suspendue il y a 35 ans.
Entre le 17 mars et le 2 avril, l'expédition archéologique russe, conjointement avec des partenaires irakiens, a organisé une saison d'essai pour étudier un grand monument historique inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Il s'agit de la colonie ancestrale de Dehaila, située au Sud dans la province de Dhi Qar, qui se rapporte à la civilisation babylonienne - début-milieu du 2e millénaire av. J.-C.
Pendant les travaux a été réalisé un levé topographique par méthode géométrique, les chercheurs ont retrouvé des objets en différentes céramiques, ont confirmé la datation de la colonie, et ont retrouvé des préparations pour les tablettes cunéiformes. Un accord fondamental a été conclu pour qu'à l'issue de toutes les recherches et après la normalisation de la situation sanitaire et épidémiologique soit organisée une exposition temporaire des découvertes archéologiques sur le territoire de la Fédération de Russie. Nous l'attendrons tous.
A l'issue de la première étape du projet commun, le Ministère irakien de la Culture, du Tourisme et des Antiquités Abdel Amir al-Hamdani a envoyé une lettre officielle à la Ministre russe de la Culture Olga Lioubimova confirmant l'intérêt des autorités irakiennes à poursuivre une coopération mutuellement avantageuse.
Sur la situation concernant Paul Whelan, accusé d'espionnage
Les représentants officiels des États-Unis continuent de nous "inonder" de critiques concernant le procès pour espionnage de Paul Whelan à Moscou. On entend dire notamment qu'un "innocent est jugé", comme l'a déclaré l'Ambassadeur des États-Unis en Russie John Sullivan et le Comité des affaires étrangères du Sénat américain.
Je voudrais rappeler que quand, il y a un an, Maria Boutina avait été jugée à Washington et condamnée à une peine de prison uniquement à cause de sa citoyenneté russe, parce qu'elle n'avait commis aucun autre délit, les responsables américains se référaient à "l'indépendance de la justice". C'était la réponse donnée à toutes nos questions. Mais ils n'hésitent pas à exprimer leur avis sur la procédure judiciaire russe, tout comme à déformer la réalité, malheureusement.
Paul Whelan n'est pas un touriste, même si c'est ainsi qu'il est décrit par les représentants américains. Il s'est rendu en Russie à des fins de renseignement et a été arrêté en flagrant délit à Moscou le 29 décembre 2018 alors qu'il tentait d'obtenir des informations secrètes. Il est entré avec un passeport américain, mais possède également la citoyenneté de plusieurs autres pays: du Royaume-Uni, de l'Irlande et du Canada.
Depuis son arrestation, il est visité régulièrement, pratiquement chaque semaine, par des collaborateurs des ambassades des quatre pays mentionnés, y compris leurs ambassadeurs. Ils savent parfaitement que Paul Whelan se trouve en bonne forme physique, et qu'en cas de besoin il bénéficie immédiatement d'une aide médicale compétente dans le département dédié au sein du centre de détention provisoire où il se trouve. Un examen a même été organisé pour lui dans un hôpital municipal, qui n'a identifié aucune maladie sérieuse ou dangereuse. Nous sommes contraints d'évoquer ce thème parce que nous entendons des déclarations des représentants américains au sujet de sa santé et ses examens. Au vu des déclarations américaines, je voudrais noter également qu'une intervention chirurgicale lui a été proposée s'il le jugeait nécessaire. Il a refusé.
C'est pourquoi les déclarations selon lesquelles Paul Whelan serait privé d'aide médicale ne sont pas seulement infondées: elles sont fausses.
Le tribunal a également autorisé l'accusé à téléphoner à ses proches aux États-Unis. Nous partons du principe que de tels appels seront organisés prochainement.
En ce qui concerne les audiences à huis clos auxquels l'ambassadeur américain n'a pas été admis, cela n'a rien d'étonnant. Dans le système judiciaire russe, comme dans la plupart des pays, les restrictions d'accès aux audiences de procès pénaux sont une pratique courante si les dossiers d'accusation contiennent des informations relatives au secret d’État. C'est précisément le cas du procès de Paul Whelan qui est venu en Russie pour en retirer des informations secrètes.
D'ailleurs, le début du procès qui a commencé le 30 mars a été retardé par le détenteur de quatre passeports lui-même. L'accusation, dans sa rédaction définitive, lui a été présentée le 30 août 2019, mais il a pris connaissance des dossiers de l'affaire pendant plus de six mois, alors qu'il avait à sa disposition permanente un traducteur compétent. Nous pensons que, comprenant la pertinence des preuves, il n'était manifestement pas du tout pressé.
A présent, le calendrier des audiences est impacté par l'épidémie, sachant que les interruptions sont faites à la demande des avocats de Paul Whelan. L'examen de l'affaire se poursuit malgré tout. Les dernières audiences ont eu lieu les 20 et 21 avril. Selon nos informations, elles devraient reprendre la semaine prochaine. Ces décisions sont prises par le juge. Le procès se déroule en parfaite conformité avec les lois russes, en respectant toutes les normes et procédures.
Sur la préoccupation des États-Unis vis-à-vis de la situation des médias et des journalistes en Russie
Nous avons remarqué les fréquentes tentatives de nos partenaires occidentaux, et avant tout américains, de présenter sous un angle négatif la situation relative à la liberté de la presse en Russie dans les conditions difficiles de la pandémie de coronavirus. Le lien est fait d'une manière assez étrange. Nous pensons que cet avis est clairement politisé, qu'il ne s'appuie pas sur des faits mais sur une interprétation subjective des publications, des déclarations et des interviews.
A cet égard, nous suggérons aux partenaires américains de s'abstenir de toute action susceptible d'être qualifiée d'ingérence dans les affaires intérieures de la Russie. Au lieu de cela, ils pourraient se focaliser sur leurs propres problèmes en matière de liberté des médias aux États-Unis - qui sont nombreux et ne se limitent pas du tout à une rhétorique négative des responsables américains envers les journalistes. Par exemple, selon de nombreux témoignages d'organisations internationales spécialisées dans les droits de l'homme, notamment du Comité pour la protection des journalistes qui siège à New York, on constate toujours aux États-Unis des cas de violences physiques contre des journalistes, ou encore une pression sur la presse sous la forme de plaintes contre des rédactions pour leurs publications critiques. Les militants des droits de l'homme s'inquiètent également des fouilles particulières des journalistes quand ils traversent la frontière américaine, et du fait qu'ils sont forcés de dévoiler leurs sources d'informations confidentielles, ce qui porte atteinte à l'institution de l'investigation journalistique.
Je voudrais également rappeler que plusieurs médias aux États-Unis subissent une discrimination ouverte, notamment les médias étrangers. En ce qui concerne les médias russes, il s'agit de RT et de Sputnik autour desquels est activement créée une atmosphère d'hostilité et de méfiance. Mais cette attitude ne concerne pas seulement les médias russes: le monde entier sait déjà ce qui est fait, notamment avec les médias chinois. La loi américaine sur l'enregistrement des agents étrangers ne leur permet pas, ainsi qu'à leurs partenaires médiatiques aux États-Unis, d'exercer leur activité journalistique à part entière.
On assiste également à un renforcement de la censure et à une persécution des médias indésirables sur internet. Exemple récent: le blocage ce 17 avril par la compagnie américaine Google du compte de l'agence RIA FAN (riafan.ru) et de son compte sur le réseau social YouTube, ce qui a conduit à la suppression de dizaines de milliers de documentaires et de reportages de l'agence.
Paradoxalement ces "nettoyages" de l'espace médiatique passent à ce jour à côté du site extrémiste Mirotvorets, qui continue de fonctionner sur les serveurs américains et de représenter une menace directe pour toutes les journalistes inscrits dans sa base. C'est visiblement un thème spécial pour les États-Unis. Ils ne voient aucune menace à cet égard, du moins aucune action n'est entreprise.
Nous n'attendons pas des États-Unis une préoccupation ostentatoire pour la liberté d'expression dans le monde entier, mais des actions concrètes visant à redresser la situation des droits des médias et des journalistes, à commencer par leur propre pays.
Sur les accusations antirusses du Sénat américain
Il est surprenant que malgré la situation terrifiante de la pandémie de coronavirus aux États-Unis, au lieu d'apporter une aide à leurs électeurs les sénateurs qui siègent à Washington trouvent le temps d'inventer de nouveaux fakes antirusses. Vous avez probablement entendu que le 21 avril, le Comité du Sénat pour le renseignement a présenté la quatrième partie du rapport consacré à la prétendue "ingérence dans les élections américaines". Cette fois, les législateurs ont déclaré qu'ils avaient analysé, et dans l'ensemble approuvé, la méthodologie de travail de leurs services de renseignement pour identifier "les actions destructives de Moscou".
Impossible de comprendre quelle était cette "méthodologie" car 90% du rapport est confidentiel. Aucune preuve n'est présentée, évidemment. Comme toujours, tout est asséné par des clichés enrobés de belles phrases, déjà inculqués dans la conscience des électeurs américains. Seules les conclusions ont été dévoilées - les unes meilleures que les autres. Il et affirmé en particulier que pendant la présidentielle de 2016 les États-Unis auraient été confrontés à une influence "massive et agressive" de la Russie. Ou encore que "les Russes continueront forcément de déstabiliser la situation".
C'est à la fois triste et drôle de lire cela depuis quatre ans. Il est évident que les insinuations paranoïaques sans la moindre preuve résultent de la lutte politique entre les différentes forces aux États-Unis. Elles accusent obstinément la Russie de leurs propres échecs et tentent de marquer des points dans la nouvelle course électorale, une fois de plus grâce à la campagne antirusse.
Je doute vraiment que cela profite réellement à qui que ce soit. L'Amérique est aux prises avec d'autres problèmes aujourd'hui. Nous leur souhaitons sincèrement de surmonter cette période difficile. Nous leur souhaitons également de s'éveiller enfin et de comprendre que les problèmes actuels et passés ne sont pas causés par quelqu'un d'autre. Ils sont les premiers responsables de leurs problèmes économiques, politiques et autres. Nous espérons sincèrement que les politiques américains de tout camp et de tout parti n'oublieront pas que les citoyens américains sont préoccupés aujourd'hui par d'autres problèmes et qu'ils ne pensent pas à la Russie, mais à comment survivre à la pandémie.
Eu égard à ce nouvel élan d'hystérie, il est de plus en plus difficile de mener un dialogue productif, efficace et constructif avec les partenaires américains, notamment pour régler les problèmes mondiaux réels. Nous espérons que les sénateurs américains prendront tout de même conscience de l'inutilité et de la nuisance d'une telle activité.
Sur la situation autour de la statue du maréchal Ivan Konev à Prague
Une autre situation que nous continuerons d'aborder est celle qui entoure la statue du maréchal Ivan Konev à Prague. Le cynisme que nous constatons à ce sujet continue de nous frapper.
Nous analysons très attentivement la situation concernant le démantèlement, le 3 avril, du monument au maréchal de l'Union soviétique, Héros de la Tchécoslovaquie, et citoyen d'honneur de Prague Ivan Konev. Les forces du 1er Front ukrainien, qu'il commandait ont libéré Prague de l'occupation nazie en mai 1945.
Cet acte de vandalisme politique est une violation flagrante de l'Accord d'amitié et de coopération de 1993, fondamental dans nos relations bilatérales. Il prescrit aux parties de garantir la préservation et l'entretien des monuments de guerre, ainsi que d'y accorder un accès. En l'occurrence, on ne peut pas dire que les autorités tchèques respectent ces termes de l'accord.
L'obligation d'appliquer ce document ratifié par la République tchèque incombe au gouvernement du pays. Selon la Convention de Vienne sur le droit des accords internationaux, chaque accord est obligatoire pour ses membres et doit être dûment rempli. La référence aux termes du droit national et aux décisions des organes locaux pour justifier l'inaccomplissement de l'accord est inadmissible. Non seulement les autorités tchèques n'ont pris aucune mesure pour empêcher les actions illégales des autorités de la municipalité de Prague-6, mais elles ont également fait preuve de complaisance. La question de savoir à qui appartient le monument n'a pas d'importance dans le cas présent.
Il est évident que le démantèlement arbitraire de la statue d'Ivan Konev ne s'inscrit pas dans la mise en œuvre de bonne foi des engagements concernant l'entretien du monument et sa sauvegarde. Compte tenu de la nécessité de garantir un accès au monument, la question relative à son emplacement n'aurait pas due être réglée unilatéralement. L'article 5 de l'accord prévoit un vaste mécanisme de consultations à différents niveaux. Il était possible d'y recourir à cet égard.
Nous appelons les partenaires à revenir à la mise en œuvre des engagements prévus par l'accord en question à part entière.
Nous sommes prêts à un dialogue objectif avec les autorités tchèques sur ce problème qui porte atteinte aux relations bilatérales.
Le cynisme est débordant dans le contexte de ce problème également parce que, et nous le regrettons, plusieurs campagnes médiatiques se déroulent simultanément sur le territoire tchèque. Elles sont clairement antirusses, liées à la politique et portent sérieusement atteinte aux relations bilatérales. Cela donne l'impression que chaque élément des relations bilatérales est visé par plusieurs forces pour chercher à nuire aux contacts et aux liens bilatéraux. Même les sujets les moins problématiques et les questions techniques sont tout de même transformés en thèmes politiques et compliquent au maximum les relations bilatérales.
Sur la campagne médiatique antirusse concernant les cyberattaques sur le territoire tchèque
Plusieurs médias tchèques mènent une campagne antirusse absolument infondée, sans la moindre preuve - hormis les bien connues "fuites anonymes des renseignements" - visant à accuser notre pays d'organiser des cyberattaques contre des sites d'infrastructure énergétique et de santé de la Tchéquie.
Nous considérons ces publications mensongères comme une nouvelle étape du travail malsain mené en Occident pour diaboliser la Russie. Si vous avez des preuves: premièrement, présentez-les. Deuxièmement, pourquoi agir par le biais de fuites? Sortez et parlez-en. Nous avons des Ambassades, des Ambassadeurs et des diplomates, transmettez-leur les informations, convoquez des consultations, envoyez des notes diplomatiques. Quel est le problème? Pourquoi utiliser de nouveau l'instrument britannique de destruction des relations bilatérales dans les médias, par des fuites interminables? Les metteurs en scène de cette provocation ont traditionnellement lancé à pleine puissance le "générateur de fake news".
Il est particulièrement regrettable que certains représentants des autorités tchèques soutiennent cette initiative. Ils se sont empressés de rejoindre la rhétorique antirusse à ce sujet. Ils ont commencé à parler de prétendues cyberattaques de "pays étrangers".
Nous voudrions mettre en garde les auteurs de la campagne contre la propagation du thème des mythiques "hackers russes", qui paraît d'autant plus cynique dans le contexte de la propagation du coronavirus car il affaiblit le front commun créé par tous les États pour le combattre.
Nous jugeons utile de rappeler que, conformément aux termes du rapport du Groupe d'experts gouvernementaux de 2015 adopté par consensus et de la résolution 70/237 de l'Assemblée générale des Nations unies qui l'a validé, toutes les accusations avancées contre d'autres pays d'organiser et de commettre des crimes doivent être fondées.
La Fédération de Russie prône continuellement l'usage des technologies de l'information et des communications uniquement à des fins pacifiques et l'établissement d'un dialogue professionnel entre les experts pour garantir la sécurité de l'information internationale aussi bien au format bilatéral que multilatéral. Cette histoire confirme une fois de plus l'inconsistance du travail pour propager des campagnes médiatiques sans fournir de preuves et la nécessité d'élaborer au plus vite des règles universelles, des normes et des principes de comportement responsable des États dans l'espace de l'information.
Sur le 59e anniversaire de l'indépendance de la Sierra Leone
Lundi 27 avril, la République de Sierra Leone fêtera le 59e anniversaire de son indépendance. La population de ce pays, avec lequel nous entretenons des relations d'amitié et de coopération de longue date, a un riche passé historique, des traditions et des coutumes uniques. Le nom de la capitale de ce pays est également symbolique et se traduit comme "ville libre". Elle a été fondée par les Africains libérés de l'esclavage qui ont choisi la souveraineté, ont défendu leur droit à disposer d'eux-mêmes.
Depuis le début du XVIIe siècle, des navires portugais, anglais, néerlandais et français venaient régulièrement en Sierra Leone pour embarquer des habitants autochtones et les vendre ensuite comme esclaves dans les Indes occidentales, en Amérique du Nord et du Sud. La conquête du territoire de la Sierra Leone par des colonisateurs européens a commencé à la fin du XVIIIe siècle. Les Anglais ont profité de leur domination sur la Sierra Leone pour transformer le pays en annexe de manières premières de la métropole. Les peuples de la Sierra Leone menaient sans relâche une guerre de libération. La première grande révolte de la population locale a eu lieu deux ans après l'établissement du protectorat de la Grande-Bretagne sur la Sierra Leone en 1896. Cette lutte de libération nationale est devenue plus organisée après la Seconde Guerre mondiale. Des syndicats sont apparus pour défendre les intérêts des travailleurs, ainsi que des partis politiques qui ont dirigé la lutte contre le colonialisme. Tout cela a transformé la situation et a rapproché la Sierra Leone de l'indépendance en avril 1961.
Aujourd'hui, la Sierra Leone avance sûrement sur la voie du développement démocratique et du progrès, remplit avec succès des tâches difficiles dans le domaine socioéconomique. Nous soutenons immuablement la disposition de ce pays à élargir l'ensemble des liens productifs avec la Russie, et nous sommes prêts à poursuivre la coopération mutuellement avantageuse. Nous voudrions souhaiter à la population de la Sierra Leone une bonne fête nationale, de nouveaux succès, la paix, la prospérité et le bien-être.
Réponses aux questions:
Question: Récemment, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dit espérer une reprise au plus vite de la communication aérienne avec la Géorgie. A quel stade se trouvent actuellement les négociations à ce sujet? Y a-t-il des signaux de la part de Tbilissi?
Réponse: Je voudrais attirer votre attention sur le fait que le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a fourni un commentaire très détaillé en réponse à la question posée pendant la table ronde organisée par le Club Gortchakov de soutien à la diplomatique publique, où il a notamment parlé de l'atmosphère nécessaire pour régler les nombreux problèmes accumulés.
J'appelle tout le monde à prendre connaissance de la transcription écrite (disponible sur le site du Ministère russe des Affaires étrangères https://mid.ru/fr/foreign_policy/news/1430804/) et à s'appuyer sur sa réponse détaillée.
Question: Pouvez-vous commenter l'état de santé du pilote russe Konstantin Iarochenko emprisonné aux États-Unis? Il a été rapporté que son voisin de cellule était décédé du coronavirus.
Réponse: Nous continuons de surveiller de près la situation de Konstantin Iarochenko, condamné à 20 ans de prison aux États-Unis. Il rencontre de sérieux problèmes de santé, notamment suite aux tortures lors de son interpellation par des agents de l'Agence de lutte antidrogue du Liberia en 2010.
Après l'apparition de communiqués selon lesquels l'épidémie de coronavirus se serait propagée jusqu'à la prison où le Russe est détenu, l'Ambassade de Russie à Washington a immédiatement contacté le compatriote. Les autorités américaines n'ont pas encore confirmé la maladie de l'un des détenus qui se trouvaient enfermés avec Konstantin Iarochenko. Malgré cela, le risque de propagation de la maladie reste très élevé étant donné que le nombre de cas d'infection recensés aux États-Unis approche de la barre des 900.000.
Le niveau général des soins médicaux dans les prisons américaines n'est pas non plus rassurant. Des difficultés y surviennent même pour effectuer des examens de routine. Et il n'est pas question de bénéficier de médicaments spécifiques ou de soins complexes.
C'est pourquoi, le 24 mars 2020 déjà, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a envoyé au Secrétaire d’État américain Mike Pompeo un message oral appelant à libérer pour des raisons humanitaires non seulement Konstantin Iarochenko, mais également tous les citoyens de notre pays poursuivis ou condamnés à des peines de prison aux États-Unis. De plus, le 18 avril 2020, l'Ambassade des États-Unis à Moscou a transmis au Ministère des Affaires étrangères une note diplomatique attirant une nouvelle fois l'attention sur la nécessité de régler au plus vite le problème du rapatriement des compatriotes. Nous espérons que Washington répondra très prochainement à nos requêtes, ce qui permettrait de préserver la vie et la santé des Russes.
Encore un thème lié à la Tchéquie et propagé de manière très étrange dans l'espace médiatique tchèque.
Question: La mairie de Prague a récemment décidé de renommer la place Pod Kastany où se situe l'Ambassade de Russie en Tchéquie. L'Ambassade de Russie en Tchéquie a récemment publié un communiqué annonçant qu'elle utiliserait à titre d'adresse officielle de son service consulaire l'adresse rue Korunovacni 36. Pourquoi avoir pris cette décision? Et pourquoi, sur le site de l'Ambassade de Russie en Tchéquie, est indiquée l'ancienne adresse sur la place Pod Kastany?
Réponse: Je voudrais attirer votre attention sur le fait que l'Ambassade russe en Tchéquie commente régulièrement et en détail tout ce qui se passe dans les relations bilatérales et en ce qui concerne l'activité de l'établissement diplomatique. Des conférences de presse ont organisées, un travail actif est mené sur les réseaux sociaux. Je peux ajouter de mon côté que le changement d'adresse de l'Ambassade de Russie à Prague est purement technique. Les affirmations dans les médias concernant un prétendu "transfert" de la mission diplomatique dans le bâtiment de son service consulaire sont fausses.
Le fait est que, selon le cadastre de Prague, le bâtiment principal de l'Ambassade se trouve à deux adresses, ce dont nous avons été informés par le Département de l'entrepreneuriat et des questions de droit civil de la mairie après le changement de nom de la place Pod Kastany, qui était l'adresse officielle de la représentation diplomatique. Compte tenu de l'équité juridique des adresses, l'Ambassade a préféré s'abstenir de l'usage de la nouvelle appellation et, en hommage aux traditions, de préserver le nom de rue de son adresse à Prague qui est aujourd'hui rue Korunovacni 36.
Selon la pratique établie, la représentation diplomatique en a informé le Ministère des Affaires étrangères tchèque par une note, qui a pris en compte cette décision technique. Après la confirmation du Ministère des Affaires étrangères tchèque, ce qui ne devrait pas prendre beaucoup de temps, l'Ambassade publiera sur son site son adresse actuelle.
Il ne faut pas chercher de la politique où il n'y en a pas. Il faut la voir là où elle est.
Question: Le 19 mars, à ma question concernant une éventuelle aide à l'Afghanistan pour combattre le coronavirus, vous avez répondu qu'en cas de demande cette possibilité serait étudiée. Aujourd'hui que cette requête est parvenue dans le cadre d'un échange interparlementaire, peut-on compter sur une réponse positive?
Réponse: En effet, les autorités russes ont récemment reçu des députés afghans la demande d'aider l'Afghanistan à combattre le coronavirus.
La position fondamentale de notre pays est qu'aucune demande d'aide ne doit être ignorée et que toutes les possibilités pour apporter une contribution doivent être étudiées. Nous sommes certains que cette requête sera examinée dans le même esprit.
De notre côté, nous voudrions appeler encore une fois les belligérants afghans à empêcher la propagation du coronavirus sur les territoires contrôlés, et les États membres de la coalition internationale agissant sur le territoire afghan à ne pas autoriser la diminution de l'aide humanitaire à l'Afghanistan, notamment pour combattre la pandémie.
Question: Que pouvez-vous dire des freins mis par les États-Unis à l'acheminement de médicaments en Iran?
Réponse: Nous jugeons inadmissible la ligne de Washington visant à renforcer les sanctions illégitimes unilatérales contre l'Iran, pays sérieusement touché par la pandémie de Covid-19.
Dans cette situation, nous nous référons à la position formulée par le Président russe Vladimir Poutine le 26 mars 2020 lors du sommet du G20 en visioconférence, concernant la nécessité de créer des "corridors verts" par l'adoption d'un moratoire pour lever les restrictions à l'acheminement de médicaments et de produits de première nécessité, ainsi qu'aux transactions afin d'en acheter pour les pays touchés par la pandémie.
La Fédération de Russie pointe constamment la nature illégale des sanctions unilatérales américaines vis-à-vis de l'Iran et d'autres pays. Nous appelons résolument les États-Unis à annuler immédiatement les restrictions et à ne pas empêcher la lutte à part entière contre le coronavirus.
Avec les partisans des mêmes idées, nous menons une campagne contre les sanctions inhumaines qui sont devenues pour les États-Unis et certains de leurs alliés leur instrument principal en politique étrangère. Ce travail apporte un certain résultat. Dans sa note aux dirigeants du G20, le Secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres a appelé à lever les sanctions contre d'autres pays afin de faire face à la pandémie de Covid-19. Une lettre similaire a été envoyée par un groupe de sénateurs démocrates au Secrétaire d’État américain Mike Pompeo et au Secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin, et la Haute Commissaire de l'Onu aux droits de l'homme Michelle Bachelet a fait une déclaration critique à ce sujet du point de vue des droits de l'homme.
La situation mondiale, difficile, a révélé le vrai visage des pays occidentaux qui se réfèrent souvent au droit humanitaire. Il s'avère qu'en réalité la plupart d'entre eux adoptent une autre approche. C'est très regrettable.
Question: Que pouvez-vous dire de l'appel des États-Unis, adressé au Conseil de sécurité des Nations unies, à examiner le lancement du satellite militaire Noor par l'Iran concernant sa conformité à la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies? C'est ce qui a été annoncé mercredi lors d'une conférence de presse du Secrétaire d’État américain Mike Pompeo.
Réponse: Ce n'est pas la première fois qu'un État qui transgresse grossièrement les normes du droit international et la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies tente de se défiler de la condamnation internationale en accusant gratuitement l'Iran de ne pas respecter les exigences du Conseil de sécurité. De telles méthodes malhonnêtes se sont discréditées depuis longtemps et ont prouvé leur inconsistance totale, comme le confirment les résultats de nombreux débats au Conseil de sécurité des Nations unies concernant la mise en œuvre de la résolution 2231. Vous le savez, ni la résolution ni le Plan d'action global commun sur le nucléaire iranien ne restreignent d'aucune manière les droits et les capacités de Téhéran en matière de conquête pacifique de l'espace et de développement des programmes nationaux relatifs. Les tentatives infructueuses de certains analyses américains de présenter les choses comme si des fusées iraniennes étaient capables d'embarquer l'arme nucléaire sont une pure manipulation qui ne tient pas debout: l'Iran ne dispose pas, n'a jamais disposé et, nous l'espérons, ne disposera jamais, de l'arme nucléaire. Conformément à la résolution, l'Iran n'élabore pas, ne teste pas, ne possède pas et n'utilise pas de missiles capables d'embarquer l'arme nucléaire. Contrairement aux États-Unis, qui tous les jours surprennent le monde avec leurs projets pour développer leur potentiel balistique nucléaire - c'est à souligner. Rappelons que ces dernières années, depuis la signature du Plan d'action, l'Iran reste l’État le plus inspecté par l'AIEA et que l'agence n'y a découvert aucune arme nucléaire, alors que les inspecteurs y travaillent littéralement jour et nuit en dépit de la fatigue et des risques liés au coronavirus. Visiblement quelqu'un à Washington n'apprécie pas que malgré la pression sans précédent et les complications intentionnellement causées par les autorités américaines, Téhéran refuse obstinément de reculer devant ses engagements de non-prolifération. Car cela met en évidence les lacunes et les violations des États-Unis eux-mêmes, qui revendiquent leur exclusivité. En l'occurrence, ce qui est exclusif est l'impertinence avec laquelle les États-Unis manipulent les termes de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies et l'approche cynique du droit international qui, selon les États-Unis, doit être appliqué par tous les pays sauf eux. Cette logique biaisée s'est tout particulièrement manifestée dans le récent rapport publié par le Département d’État américain concernant l'existence d'accords dans le domaine de la maîtrise des armements, du désarmement et de la non-prolifération. Les collègues américains ont même manqué de mentionner le Plan d'action et la résolution 2231 (manifestement pour ne pas rappeler leurs violations des décisions concernées), en revanche, ils ont généreusement critiqué Téhéran qui - eux-mêmes le reconnaissent - n'a encore rien enfreint, mais en sous-entendant que s'il le faisaient Washington le condamnait d'avance. Malheureusement, les violations américaines de la résolution 2231 ne sont pas un pronostic, mais un diagnostic. Les déclarations mensongères prévues pour un public non averti faites par les hauts représentants de l'administration américaine ne peuvent pas ébranler notre détermination, avec les autres partenaires, à continuer de nous battre pour la préservation du Plan d'action et son accomplissement conformément aux objectifs fixés et dans les délais impartis.